there's depth where there's distance too -r.

Comme à chaque fois que j’allais au restaurant, peu importe le restaurant, peu importe le style de nourriture, mon degré de fréquentation, sitôt que j’eus le menu entre les mains, je ne sus pas quoi prendre. Je n’y pouvais rien, j’étais comme ça. Pire encore, bien souvent, même si je regardais un petit moment, indécise, à la fin, je prenais un plat que je prenais habituellement, sans trop changer de la normale, à moins qu’un nouvel item au menu me fasse terriblement envie. C’était le genre de chose qui arrivait un peu plus lors de mes grossesses mais maintenant, puisque j’avais mis mon dernier enfant au monde il y a plus d’un an, cela m’était passé depuis le temps. Alors, tandis que je consultais toujours le menu, je me retrouvai devant Maxence et Analeigh qui, clairement, n’hésitaient pas une seconde. Ne pouvant que me montrer encore une fois amusée de voir qu’ils se comportaient comme des gamins, je reportai ensuite mon attention sur le menu, me résignant à choisir un plat similaire à mes habitudes. Je fis mon choix à la va-vite, je ne le cacherai pas, mais c’était essentiellement parce que je n’avais pas qu’à moi à songer… Il fallait que je consulte aussi le menu pour enfants afin de trouver ce que Dillan allait manger aussi. Heureusement, puisque le choix était pas mal plus restreint, je ne fis pas attendre qui que ce soit lorsque le serveur vint prendre les commandes. Je demandai mon plat de même que celui de mon fils, laissant Analeigh commander comme une grande, puis Maxence aussi… Comme un grand aussi. Le serveur prit le tout en note et nous laissa discuter un petit moment, le temps que les plats soient servis à notre table. Ravie de voir que le tout semblait plutôt appétissant, je ne pus que m’exclamer avec enthousiasme:  « Bon appétit à vous aussi ! » Cependant, je n’attaquai pas le mien tout de suite, m’assurant que les morceaux dans le plat de mon fils soient convenables pour lui, compte tenu que mon petit bonhomme commençait à manger seul de plus en plus régulièrement et que je le savais limite fier de le faire. Par contre, ce à quoi je ne m’attendis pas, c’est qu’au bout de quelques minutes, Dillan prenne une poignée de purée de pomme de terres et choisisse de la balancer devant lui, directement au visage de Maxence. Je savais bien qu’à ce moment, j’aurais dû peut-être gronder mon fils, mais je ne sus pas faire autrement que de placer ma main devant ma bouche pour ne pas trahir le fait que j’avais envie de rire, même si je savais bien que mon regard amusé avait déjà fait le boulot pour le coup.

Sa relation avec Kaliska était si pure, si simple, si agréable. Tout était tellement facile entre eux. Ils parlaient de tout et de rien. Ils n’avaient pas peur d’être francs l’un envers l’autre. Ils se comprenaient, s’écoutaient, se respectaient. Elle n’était pas sa meilleure amie pour rien. Cela dit, cela mettait la barre extrêmement haute pour le genre de relation que Maxence désirait avoir, romantiquement, avec une autre femme. C’était exactement ça qu’il recherchait, en fait. La simplicité de sa relation avec Kaliska était tout ce qu’il désirait, en fait. Seulement avec une autre femme, puisque sa meilleure amie était déjà prise par un autre. Ce qu’il respectait tout à fait. En étant entouré d’elle et de ses enfants, encore une fois, Maxence réalisait que si avoir une famille était quelque chose d’aussi beau, alors lui aussi désirait le vivre. Lui qui n’avait jamais voulu d’enfants, lui qui se serait toujours contenté d’un mariage heureux, là, le juge se disait que peut-être qu’à la fin de sa vie, une pièce du casse-tête lui manquerait. Il pensa alors à Eleanor, et il songea que justement, la situation de la jeune femme était bien trop complexe pour leur permettre d’avoir cette vie normale et rangée. Pas pour rien que dès qu’elle faisait un pas vers l’avant, Maxence reculait de deux. Bref, pendant que le trentenaire mangeait et réfléchissait à tout cela, Dillan eut sans doute le besoin de sortir son faux-oncle de la lune puisqu’il lui envoya une poignée de purée de pommes de terre directement dans le visage. Maxence écarquilla les yeux, haussa les sourcils et ouvrit grandement la bouche, fixant le petit bonhomme avec surprise. « Comment oses-tu. » Le petit gamin riait, avec son joli rire de bébé, et Maxence ne put se retenir d’éclater de rire aussi, déclenchant le fou rire général à la table puisque Kaliska se retenait depuis le début. Analeigh avait rapidement suivi en rigolant joyeusement et, surtout, moqueusement. Maxence s’essuya le visage en secouant la tête, continuant quand même à afficher un grand sourire. C’était le chaos, avoir des enfants. Un magnifique chaos. Ils terminèrent le repas en parlant parfois entre adultes pendant qu’Analeigh dessinait sur son napperon, parfois avec la jeune fille lorsqu’elle nous racontait ses anecdotes adorables. À la fin, Maxence s’occupa de régler la facture et il reconduit tout le monde à la maison de Kaliska. Il sortit de sa voiture pour l’aider à rentrer le siège de Dillan pendant qu’elle le tenait lui dans les mains. Suivis d’Analeigh, ils rentrèrent de nouveau dans la maison de Kaliska et d’Alexis. « Ça a été vraiment une belle journée, comme d’habitude. Prochaine fois, on oblige Alexis à venir, pas le choix. Avec un peu de chance j’aurai moi aussi quelqu’un à amener à cette sortie. » Il sourit, faisant la bise à Kaliska avant de saluer ses enfants et de rentrer chez lui, le cœur léger.