la débauche | arté & vera

e week-end sonnait à nos portes et franchement, celui-là me fichait la trouille comme jamais. Normalement, je les passais tranquillo en PJ's dans le salon de mon appartement à feuilleter un bouquin, à étudier ou à dormir devant la télévision. Toutefois, je ne pourrais rien faire de tout ça et jouer à la paresse, puisque Artémis m'arrachait à ma déprimante vie de solitaire timide pour m'attirer dans les bas fonds de la débauche dans une boîte de nuit réputée - que je n'avais même jamais visitée encore depuis mon arrivée ici. Malgré mes longues et pénibles protestations, cette vilaine fille n'a pas bronché une seconde et est demeurée sur sa décision de me sortir dans ce qu'elle appelle le «vrai monde». C'est vendredi, aussi surnommé l'apéro du week-end. Et aussi calme peut-il être à mon habitude, cette époque de tranquillité absolue me semble bien lointaine, ce soir...

J'envoie un SMS à Artémis, le dépêchant de me rejoindre chez moi, ressentant le besoin urgent de lui demander conseil sur le type de tenue appropriée pour une sortie en boîte de nuit. J'ai la nette impression de ressembler à une gamine de quatorze ans qui ressemble à une femme de dix-huit et qui se serait fabriqué une fausse carte d'identité pour entrer illégalement dans un bar. Même moi, c'est pas tout à fait légal, mais à ce qu'il paraît, le doorman n'est pas attentif aux détails dans le genre. Tant que le décolleté des demoiselles l'interpelle, il n'a pas mot à dire. Bref, si d'usuel je m'habille excessivement bien et que je sais comment agencer tout et n'importe quoi pour avoir l'air présentable et jolie, les fois où je sors vraiment sont si rares que j'ai peur de me tromper et de ne pas correspondre du tout, ou même de faire tâche à côté d'Arté. Tellement extravertie, sans aucune peur de l'inconnu, fonceuse et jolie par-dessus tout, je l'envie un peu sur ce point. Je la presse un peu encore par sms, espérant qu'elle arrive sur le champ. Si je sors parfois, je n'ai pourtant vraiment pas l'habitude des tenues trop provocatrices et extravagantes. Mais à c'qu'il paraît, de nos jours, semblerait qu'il faut s'habiller à moitié, pour attirer l'oeil d'un mâle en surplus de testostérones. Tout juste comme je ressors mon téléphone pour envoyer un énième SMS dissimulant mal ma panique à Artémis, j'entends frapper à la porte. ENTRE!!

e perdais absolument tous mes repères en matière de mode, dès l'instant où je sortis de mon placard une première tenue. Puis une deuxième. Je paniquais à la dixième. Je devenais complètement folle à la vingtième. Comment elles faisaient, les filles comme Arté qui sortaient tous les vendredi, et ce sans exception? Malade ou en parfaite santé, fatiguée ou sur l'adrénaline, cours ou pas le lundi suivant... Rien ne les arrêtait, alors que moi, à la simple idée de sortir une unique fois, je me perdais complètement sur une route méconnue jusqu'alors. Je n'aime pas spécialement que les projecteurs soient sur moi, ça me met particulièrement mal à l'aise. Je m'imagine toujours les pires scénarios, m'imaginant dans la tête de ceux et celles qui me regardent sévèrement de haut en bas, interprétant de fausses (parfois vraies) arrières-pensées que je ne saurais comprendre.

Artémis arrive enfin et pénètre dans mon appartement. Je suis littéralement en mode panique, courant de tous bords, tous côtés dans ma chambre jusqu'à la salle de bain et inversement. Si je fais ici et là mon maquillage, tantôt je me regarde dans la glace pour déterminer quelle tenue m'irait sans qu'elle ne soit trop provocatrice, et d'un autre côté, pas trop fade, non plus. Je ne veux surtout pas avoir l'air de Mère Thérésa en réunion dans une boîte de nuit. Bon déjà tu respires un grand coup. On va pas à un défilé ! Et dans tous les cas, tu seras la plus jolie. Je prends une bonne respiration, comme elle me dicte de le faire. Et elle se permet de se moquer de moi ; avec raison, mais tout de même.. J’acquiesce en hochant la tête de haut en bas. Mais... je ne sais pas quoi enfiler! Et c'est plutôt toi, la plus jolie. Ils te remarquent tous, en boîte! J'y étais allée une fois avec elle, mais c'était autre chose et j'étais demeurée excessivement discrète, cette fois-là. Et j'avais bien remarqué que tous se retournaient sur son passage, inévitablement. Tu sais ça va bien se passer ! Elle dit ça en attrapant une robe et me la collant sur le corps. Ouaouh. Je savais même pas que j'avais cette robe ! Elle est magnifique, mais... j'peux pas porter ça, quand même ! Ça m'irait pas, j'crois. Je la prends tout de même en ajoutant : Je vais quand même l'essayer... Je me sauve vers la salle de bain en me débarrassant de mon PJ pour ensuite enfiler la moulante et jolie robe noire. Je m'admire dans la glace, douteuse, mais... Elle avait raison, Arté. Elle a toujours raison, celle-là, ça m'fait presque chier! Je sors alors des toilettes en lui demandant : Alors? Comment c'est?