I kept running for a soft place to fall (artémis)

« Au revoir Opale ! À bientôt ! » Lança-t-il pour la troisième fois au moins à sa filleule, après lui avoir fait d’innombrables câlins. Kol le salua aussi une dernière fois avant de disparaître dans la foule avec Opale. Maxence sourit, content de sa journée parrain-filleule, passée avec Kol en plus, qui devenait de plus en plus attachant. Le juge était assez exténué après cette journée haute en couleurs – il avait même participé au spectacle de danse qui venait de se terminer. Opale l’avait obligé à apprendre la chorégraphie par cœur avec elle pour qu’ils puissent la présenter à tout le monde. Heureusement que beaucoup d’autres familles avaient décidé de participer, comme ça Maxence avait pu se fondre dans la foule de danseurs et peut-être avait-il réussi à passer inaperçu. Bref, pour le moment, ce dont il avait besoin c’était de boire une bonne bière froide avant de décider s’il rentrait chez lui ou non. Les activités familiales étaient terminées et sans doute que le festival entier deviendrait une énorme piste de danse vue la thématique de la journée. Il n’avait pas forcément envie de danser, par contre socialiser, pourquoi pas. Le festival s’avérait plutôt divertissant jusqu’à maintenant, malgré les quelques bémols de la veille. Maxence se rendit donc vers un stand qui vendait nourriture et alcool, et il commanda une bière rousse avant d’aller s’adosser à une installation afin de regarder un peu comment se déroulait la suite des choses. Du coin de l’œil, une crinière brune attira son attention et, après l’avoir détaillée, il confirma qu’il s’agissait bien d’Artémis. Son cœur fit un petit bond dans sa poitrine … jusqu’à ce qu’il devine qu’elle avait plus qu’une bière dans le sang. Bien plus qu’une. Alors il soupira, secouant la tête en signe d’exaspération face à l’attitude la brunette, et se promit de terminer sa bière et de partir avant que ça ne dégénère.

Je faisais partie de ces gens qui ne rataient pas une seule minute du festival, en même temps j'avais tout mon temps libre vu mon année sabbatique. Je m'étais pavanée dans tout le festival et j'avais même plus besoin de plan pour savoir où se trouvaient les activités et plus particulièrement les bars. Aujourd'hui c'était le meilleur des jours, parce que c'était Grease à l'affiche, et en tant que fan, j'avais joué le jeu en enfilant un body noir moulant ainsi qu'un pantalon en cuire. J'avais passé l'après midi au stand karaoké à chanter sur les tubes de la comédie musicale, et depuis je m'étais rendue au bar avalant les verres de bières comme de l'eau. J'avais pas forcément prévue de me bourrer la gueule mais j'avais rapidement enchaîné les verres et étais arrivée à un stade où toute les personnes autour de moi étaient des potes. D'ailleurs je m'étais trouvé un petit groupe de jeune avec qui nous délirions en imitant sur les chansons les chorégraphies de Grease. C'est alors que mon regard tomba dans le regard azur d'un homme que je connaissais malheureusement. Je n'eu aucune envie de sourire, pourquoi était-il toujours dans mes pattes à venir gâcher les moments où je m'éclatais le plus ? Je décidais alors de foncer vers le bar, pour commander un énième cocktails et fonçai vers Max. - Si..si.. tu pouvais éviter d'empiéter sur mon terrain de bonheur, ce serait gentil... Je parlais fort, oui parce que mon cerveau n'avait plus aucune notion des décibels. Mon regard était froid, et si j'avais été un mec je lui aurait déglingué la mâchoire. - Je pense.. que .. que tu pourrais au moins respecter ça ! J'apportai mon verre pour boire plusieurs gorgées d'affilé.

Pour partir en douce sans s’attirer d’ennuis – parce que oui, Artémis était synonyme d’ennuis ces temps-ci -, c’était raté. La jeune femme venait de croiser le regard de Maxence. Et avec le body noir moulant et son pantalon en cuir serré, digne d’Olivia Newton-John, il était impossible pour lui de détourner le regard. Elle dégageait un truc sexuel de fou, elle était si sensuelle dans cet accoutrement. Maxence essaya de contrôler un peu ses pulsions et de faire dominer sa colère et son exaspération de la voir dans un tel état, afin de ne pas se laisser emporter par la vague qui ferait bien trop de ravages. Artémis ne lui sourit pas une seule seconde. Son regard dur soutint celui de l’homme pendant un bref instant, avant qu’elle ne s’avance vers le bar pour commander une autre boisson. Maxence leva les yeux au ciel tout en buvant cul-sec ce qui lui restait de la sienne, et jetant son gobelet dans la poubelle non loin de lui. Comme ça, il pouvait partir n’importe quand. Mais pour le moment, Artémis était en direction de l’endroit où il se trouvait, et il ne pourrait pas tout de suite se défier. Pas quand il s’agissait d’Artémis. Elle avait trop de contrôle sur lui, même si elle n’en était même pas vraiment consciente. Complètement bourrée et avec des capacités d’élocution d’un enfant de trois ans, Artémis lui reprocha d’être là, ici, maintenant. Au festival. Il eut un léger soupir d’exaspération accompagné d’une sorte ton de moquerie, en secouant la tête de gauche à droite en la regardant. « Je ne savais pas que tout le festival était ton terrain de bonheur et qu’il m’était donc interdit. » Puis il plongea son regard dans le sien en haussant légèrement les sourcils, inclinant juste un peu la tête. « Et surtout, j’ignorais que j’empiétais sur ton bonheur. » Et comme on dit, l’alcool désinhibe et fait ressortir la vérité. Maxence était attristé de constater qu’il était le nuage qui faisait de l’ombre sur la vie d’Artémis. Vraiment. Il en était désolé.

J'avais toujours été franche peut être même des fois un peu trop. Alors je lui balançais toutes ces choses, en le pensant bien évidement. Il empiétait sur mon bonheur, me rappelant que je n'étais pas heureuse, me rappelant qu'il me faisait mal et qu'il avait trop d'importance à mes yeux. Je lui en voulais de m'avoir ignoré hier, et d'avoir passé sa soirée avec la vieille à ses côtés. Je savais pertinemment qu'entre nous rien ne pouvait évolué, mais je ne pensais pas qu'il tournerait la page aussi vite. J'étais affreusement jalouse. Et ce soir là alors que je m'amusais comme une folle et que l'alcool avait chassé son souvenir, il avait suffit d'un seul regard pour que je retombe de haut à nouveau. -Et surtout, j’ignorais que j’empiétais sur ton bonheur! Il était si stupide ou quoi ? Il pensait que j'aurais été heureuse de le voir ici alors que la veille il avait passé la soirée avec l'autre gourde. - je te pensais pas si naïf. T'as vraiment cru que ça allait me.. Me.. Plaire ton petit jeu d'hier. D'ailleurs elle est où ta brune ridée ? m'exclamai-je sèchement en buvant à nouveau. - mais au moins c'est clair. J'ai bien saisis le message. je me retenais de lâcher un sanglot, pleurer aurait sembler ridicule et enfantin. J'étais une guerrière, Max c'était pas le premier à me faire du mal, j'étais rodée.

Certes, Maxence n’était ni aveugle, ni naïf. Il savait bien que sa relation avec Artémis n’était pas des plus faciles ou des plus roses. C’était compliqué, ils se faisaient du mal et ça ne se terminait que très rarement sur une note joyeuse. Par contre, de là à dire qu’il ternissait son tableau tout en couleur, Maxence le prenait comme un grand coup. Il ne s’était pas imaginé qu’il n’attirait que du mauvais dans la vie d’Artémis. Si cela était vraiment le cas, alors pourquoi s’obstinaient-ils à continuer d’essayer ? Dans le cas de Maxence, c’était parce que même si Artémis était pour lui source d’ennuis, de colère et d’exaspération, elle était aussi sa mine d’or, de fraîcheur et de libération face au sérieux de sa vie. S’il n’était pas l’équivalent aux yeux d’Artémis, alors il ne comprenait pas pourquoi elle était toujours là. Seulement, dans la réponse de la jeune femme, Maxence comprit que tout ce petit numéro était en lien avec la situation d’hier. La présence d’Eleanor à ses côtés. Le trentenaire eut à la fois un rire jaune et un regard offusqué quand Artémis parla de sa brune ridée. « T’exagères pas un peu, là, Artémis, sérieux ? » Avait-il dit entre les deux gorgées de la brunette. Elle souligna avoir saisi quel message. « Et c’est quoi, ce message, exactement ? » Non parce que Maxence ne comprenait pas trop d’où cette crise de jalousie provenait. Si ça se trouve, Eleanor n’était qu’une amie. Certes, ce n’était pas du tout le cas, mais ça Artémis ne pouvait le savoir. Maxence avait eu la délicatesse de ne rien laisser paraître de sa relation spécial avec Eleanor. Par respect pour ce qu’Artémis et lui avaient.

Alors que la musique "You're the only one that I want" retentissait et que nos coeurs étaient censés se réchauffer, je me disais que je n'aurais pas du venir lui parler, et faire comme ci de rien était. L'ignorer aurait été la meilleure des options, celle qu'il avait choisi la veille. « T’exagères pas un peu, là, Artémis, sérieux ? » Je fronçai les sourcils, il se prenait pour qui pour me parler comme ci j'étais une gamine ? C'est pas parce qu'il avait de nombreux diplôme en tant que juge, qu'il pouvait se permettre de venir me faire la morale. - Exagérer ? Je crois même que je n'en fais pas assez. j'aurais pu lui faire tout un scandale, et je pense que j'étais bien partie pour d'ailleurs. « Et c’est quoi, ce message, exactement ? » Je soupirai en finissant mon verre d'alcool. - T.. tu veux que je...te .. te fasse un dessin ou quoi ? Il m'avait chauffé, et en moi le volcan était en train d'explosé. Combien de fois nous allions encore nous voiler la face. - Les meufs de ton âge c'est ta came... enfin je sais pas si c'est ta came mais... Je posai un instant mon regard dans ses yeux, laissant un zeste de douceur m'envahir, c'était l'alcool qui m'empêchait de me concentrer et non ses yeux azurs. - C'est pas ta came. Mais le moraliste que tu es, as besoin de se sentir marcher dans le droit chemin. Je sais pas qui te dicte ta vie, surement qu'elle est écrite dans un de tes nombreux livre de droit, ou je ne sais quoi. Mais ce qui est sure c'est que t'as pas de couilles. Ouais... déballais alors tout en lui souriant faussement. - T'as peur. Et il était pas le seul. Moi j'étais morte de trouille, j'avais une grande gueule pour parler, mais je redoutais déjà sa réaction.

Elle n’en faisait pas assez ? Celle-là, c’était définitivement la meilleure. Insulter Eleanor en mentionnant des rides inexistantes alors qu’elle était seulement de trois ans l’aînée d’Artémis ? C’était immature. Exactement à l’image d’Artémis, en fait, alors honnêtement il ne comprenait pas pourquoi il était parfois encore surpris de son attitude enfantine. Le juge ne répondit plus rien à cela parce qu’il voyait que ça ne les mènerait nulle part, surtout parce qu’elle était bourrée et encore plus têtue qu’à l’habitude à cause de ça. Il préféra lui demander quel état le message qu’il lui avait supposément envoyé, hier, de par ses actes. « Bien, oui, fais-moi un dessin, parce que visiblement, avoir recours à des méthodes d’enfants pour communiquer, c’est ton fort. » Avait-il rétorqué avec impatience et frustration. Évidemment, il avait bien compris le côté métaphorique du dessin, c’était une expression largement utilisée, mais c’était sa façon de faire réaliser à la brunette à quel point elle agissait de façon immature.

Artémis me déballa alors le fondement du problème : elle s’imaginait sans doute qu’Eleanor et moi étions ensemble, ou presque du moins, et que je l’avais choisie elle plutôt qu’Artémis parce qu’elle avait mon âge, tout simplement. Jalousie pure. Elle avait raison de dire qu’en moraliste affirmé, j’avais le besoin d’être sur le droit chemin, oui. Ce n’était franchement une révélation pour personne. Et j’avais peur, oui. J’avais peur d’Artémis. J’avais peur d’Eleanor tout autant. Parce que toutes les deux ne représentaient pas du tout l’idée du droit chemin que j’avais en tête. Une femme de plus de dix ans plus jeune que moi et immature en plus, ou une femme presque autant jeune malgré sa maturité désarmante, mais qui cachait l’énorme secret d’être une princesse mariée dans un autre pays. Dans les deux situations, j’étais mal barré, et c’est pourquoi je ne pouvais en réalité être avec ni l’une ni l’autre. « T’as raison, Artémis. J’ai peur. J’ai peur parce que je m’attache toujours aux mauvaises personnes et ça me fait du mal à chaque fois, mais c’est plus fort que moi. » Maxence soupira en regardant Artémis qui venait de terminer son énième verre en moins de trois minutes. Il soupira. « On devrait peut-être mettre un terme à cette folie, puisque visiblement, tu n’en retires rien de bien. » Et lui non plus, en fait. Ou de moins en moins, en tout cas.