meditate in my direction, feel your way (free)

Il avait lu en toi, comme s'il pouvait lire dans les pensées. Ou c'était ta manière de faire qui lui mettait la puce à l'oreille. Tu ne saurais pas trop dire la raison de tout ça. Tu souriais en l'entendant parler. Oui, tu te demandais, ça te brûlait tant les lèvres, mais tu avais des manières et tu ne voulais pas les oublier. « J'admets qu'elle m'intrigue, mais j'voulais le demander avec tact, ne pas paraître un peu trop sauvage. Je suis toute ouïe, si vous acceptez de tout me dévoiler ! » Tu prenais une gorgée de ta Tequila sunrise, avant d'hocher la tête en souriant. Effectivement, il avait de la chance de ne pas être allé à l'hôpital, et une fois que tu avais avalé ce que tu avais en bouche, tu repris toujours aussi enjouée. « Heureusement pour vous, j'aurais été capable de vous esquinter un peu plus si j'avais du vous conduire à l'hôpital ! » Tu riais de bon coeur, mais tu savais que c'était vrai. Tu étais trop maladroite pour ne pas passer un jour sans te couper, te blesser, te cogner quelque part. Tu avais des bleus partout, d'autant plus que tu marquais vite et bien. Tu pourrais être considérée comme une femme battue, mais en te battant toi-même.

Tu le sais, parfois, les gens ont beaucoup de mal à te comprendre. Ou même à te cerner. La seule qui a jamais été capable de le faire, c'était ta femme. Et plus récemment, Vera. Mais c'est pas étonnant quand on sait à quel point elles se ressemblent Isobel & Vera. Bref, tu peux comprendre que Lily se pose des questions quant à cette réponse on ne peut plus mystérieuse. Et encore une fois, de par sa réponse, elle te prouve qu'elle est incroyablement gentille, au plus profond d'elle-même. « J'admets qu'elle m'intrigue, mais j'voulais le demander avec tact, ne pas paraître un peu trop sauvage. Je suis toute ouïe, si vous acceptez de tout me dévoiler ! » Tu souris, hochant légèrement la tête en signe d'approbation. Oui, tu acceptes de lui en parler. Oui, tu acceptes de te dévoiler à cette inconnue, toi, Elijah. Si on t'avait dit ça quelques heures plus tôt, tu ne l'aurais jamais cru. « En fait, j'ai été blessé au front il y a quelques années. Une blessure assez grave pour m'empêcher d'y retourner. Depuis, je travaille dans les bureaux de l'armée mais je n'y vais que très peu. J'ai un peu l'impression d'être déjà à la retraite, vous voyez. » Dis-tu en plantant ton regard sur ton verre. Ce sont des souvenirs peu réjouissants, dont tu n'aimes pas parler en général. Et pourtant, là, tu te livres à Lily sans même réfléchir. « Heureusement pour vous, j'aurais été capable de vous esquinter un peu plus si j'avais du vous conduire à l'hôpital ! » Tu ris à ton tour, amusé par cette nouvelle plaisanterie. Une chose est sûre, Lily a beaucoup d'autodérision et semble se connaître elle-même par cœur. Ce qui est, encore une fois, tout le contraire de toi. Vous semblez être bien différents et pourtant, ça ne vous empêche pas de rire ensemble et ce, de bon cœur. « Comment est-ce possible d'être si maladroite ? » Demandes-tu pour taquiner la jeune femme.

Il avait accepté de te dévoiler son secret, enfin, si seulement on pouvait vraiment appeler ça un secret. C'était juste lever le voile sur le mystère qu'il mettait sur sa profession. Ce n'était peut-être pas un très gros secret, mais ça te rendait toute chose qu'il accepte de se confier comme ça. Tu n'avais pas l'habitude d'avoir de longue conversation avec des hommes rencontrés quelques instants avant, surtout quand tu les estropes. « Oh, vous étiez militaire ! A vous voir comme ça, je n'aurais jamais imaginé que vous aviez pu être blessé ou même que vous étiez dans ce secteur là. » ajoutais-tu, un fin sourire aux lèvres. Tu n'étais pas très observatrice, tu manquais toujours les petis détails. Et pourtant, tu savais que c'était les petits détails qui faisaient les choses. Que c'était dans ces petites détails qu'on trouvait ce qu'on cherchait, qu'on pouvait deviner les secrets, les histoires cachées. Tu esquissais un grand sourire en écoutant sa question. Comment c'était possible ? Il suffisait de s'appeler Lily-Anaëlle. Même toi des fois, tu te demandais comment les choses pouvaient en arriver là, et puis tu te disais que tu étais née ainsi, que tu avais beau faire des efforts, tu n'y arriverait pas. Comme une malédiction. « Vous savez, ça ne se contrôle pas. J'avance, j'me retourne et hop, j'fais tomber un rayon entier de conserves, comme si mon corps avait triplé de volume pour avoir un tel effet dévastateur alors qu'en fait, j'suis juste maladroite ! » Ça tu pouvais le dire. Tu ne t'ennuyais jamais, il t'arrivait toujours un truc. Que ce soit toi, ou quelqu'un d'autre d'ailleurs qui en paie les frais.

« Oh, vous étiez militaire ! A vous voir comme ça, je n'aurais jamais imaginé que vous aviez pu être blessé ou même que vous étiez dans ce secteur là. » Tu fronces les sourcils, un instant. Tu as toujours pensé avoir le profil type du militaire. Alors, cette réflexion t'interpelle, c'est vrai. Peut-être qu'à force de bosser dans un bureau - du moins les rares fois que tu y vas - tu t'es ramolli. Il faut dire que le sport est devenu assez rare dans ta vie pour l'instant. Tu devrais t'y remettre, tu le sais, mais tu n'as pas vraiment la tête à tout ça en ce moment. « C'est marrant que vous disiez ça, j'ai toujours cru avoir la gueule du militaire. » Rétorques-tu, un sourire narquois et légèrement ironique au coin des lèvres. Vous abordez finalement la question de la maladresse de Lily. Tu ne pensais pas qu'il était possible d'être aussi maladroit mais visiblement tu te trompais. Lily est l'exemple type de la maladresse. Mais par chance pour elle, ça la rend plutôt mignonne. Contrairement à certaines personnes. « Vous savez, ça ne se contrôle pas. J'avance, j'me retourne et hop, j'fais tomber un rayon entier de conserves, comme si mon corps avait triplé de volume pour avoir un tel effet dévastateur alors qu'en fait, j'suis juste maladroite ! » Tu ne peux t'empêcher de rire de bon cœur, imaginant la scène des conserves. Tu la vois parfaitement dans ce rôle, en effet. En sa présence, tu es persuadé que tu rigolerais sans doute pas mal. Même si, parfois, sa maladresse t'agacerait. « Vous finissez pas trop souvent à l'hôpital ? » Demandes-tu, amusé, avant d'ajouter : « En tout cas, on ne doit pas s'ennuyer avec vous. »

Il avait fronçait les sourcils au moment même où tu lui disais qu'il n'avait pas une tête de militaire. Il ne semblait pas d'accord et n'hésitais pas à te le dire. Comme si ça le dérangeait dans le fond que tu ne vois pas en lui ce qu'il était censé être. Le problème dans tout ça était que tu ne savais pas ce dont il avait l'air. Peut-être que militaire ça lui allait bien finalement. « Ah oui ? Alors c'est peut-être moi qui ai toujours été mauvaise pour cerner les autres ! » Il n'y avait que sur toi que tu étais à peu près sûre d'avoir une allure de libraire. Ou de bibliothécaire, mais il te manquait les petites lunettes que tu remontait sur ton nez quand tu levais les yeux d'un livre pour aider un client. A vrai dire tu était vraiment nulle pour dire ce que pouvait faire untel ou untel. A croire que tu ne prenais pas le temps de bien les regarder. Ou alors il se passait quelque chose dans ta tête au moment de vouloir dire le métier que tu pensais, pour en dire un autre qui pouvait être à l'opposé. « Non, étonnamment j'y vais moins d'une dizaine de fois par an, donc un peu moins d'une fois par mois. » Il aurait très bien pu faire le calcul par lui même, ça ne semblait pas être une tâche difficile, pourtant tu l'avais fait. Tu lui avais dit ça avec un grand sourire, comme si c'était un exploit. En soi, ça en était pour toi. Avec tous les petits tracas que tu pouvais avoir, c'était souvent très minime. Un petit bleu, une douleur mais jamais rien de casser, ou d'abîmer. Tu ne savais pas comment tu réussis à toujours t'en sortir indemne, mais tu allais prier pour que ça reste ainsi. « Oui,  on me le dit souvent. » Tu t'étais mise à rire. Le pire ce n'était pas tant pour toi, mais pour les autres. C'était plus souvent eux qui subissaient les répercutions de tes gestes.

Tu es légèrement vexé lorsque Lily imagine que tu fais un tout autre métier que militaire. Tu as toujours pensé avoir le profil type et c'est un profil qui te plaît, au fond. Sans doute car tu ne peux plus l'exercer pleinement à présent, à cause de ta blessure. « Ah oui ? Alors c'est peut-être moi qui ai toujours été mauvaise pour cerner les autres ! » Tu souris, ironiquement. Tu n'en veux pas à la jeune femme, au fond. De toute façon, tu as l'impression qu'il est impossible d'en vouloir à Lily. Même après qu'elle t'ait écrasé les pieds, tu ne peux pas être méchant avec elle, pas avec cet air naïf et ce sourire ravageur. « Et vous, qu'est-ce que vous préférez entre la décoration d'intérieur et la librairie ? » Demandes-tu, légèrement curieux. Vous enchaînez finalement sur sa maladresse qui vous fait sourire voir même rire. Il est vrai que c'est une caractéristique assez présente chez la jeune femme. « Non, étonnamment j'y vais moins d'une dizaine de fois par an, donc un peu moins d'une fois par mois. » Pour toi, ce nombre semble énorme et pourtant, Lily semble trouver cela naturel. Voir même peu. Ce qui a le don de te faire sourire. « Je suis à peu près sûr que ce nombre est conséquent pour la plupart des gens. Avec vous, par contre, ça semble naturel. » Réponds-tu en souriant, taquin. « Oui, on me le dit souvent. » Tu portes à nouveau ton verre à tes lèvres, le terminant d'une traite. Il ne restait pas grand chose de toute façon. « J'espère que vous n'aviez rien de prévu, je ne voudrais pas vous monopoliser. » Ajoutes-tu, fixant la jolie brune.

La question est difficile, tu pèses le pour et le contre des deux. Après tout, si tu pratiques les deux c'est que tu les aimes, mais tu avais ta préférence. Tu l'avais toujours eu au fond de toi. « Sans hésiter, la librairie. La décoration c'est sympa, mais les clients sont parfois imbuvables, pensant que tout est permis parce que je suis à leur botte. Alors que les livres c'est moi qui aide les clients, c'est moi qui leur propose une sélection en fonction de leur goût et souvent, ils reviennent vers moi pour en avoir plus ! » Tu esquisses un sourire, tu étais née dans les livres, bercée dedans depuis ton plus jeune âge, dévorant tout et n'importe quoi. Lisant des essais alors que tu n'avais que 12 ans. Les pages ça ne te faisaient pas peur, les mots compliqués non plus. C'était ton domaine maintenant. « C'est possible. » ajoutais-tu en haussant les épaules. Pour toi ça ne semblait pas être un nombre impressionnant, après tout une dizaine de fois ça allait encore, mais pour les personnes qui n'y allaient pas ou une fois par an, ça devait être impressionnant. Pourtant tu avais l'habitude des petits tracas, souvent tu y allais parce qu'on t'y amenais, plus de peur que de mal au final. « Aucun risque, j'étais seule et je le suis toujours. C'est plutôt vous qui pourriez trouver meilleure compagnie qu'une maladroite ambulante ! » Tu rigolais de bon coeur, même si une fois de plus, tu ne pouvais pas t'empêcher d'être négative sur toi-même.