(18+) hold me darling, just a little while, then you'll be the sun in somebody else's life (lou)

Penser au si l’effrayait aussi, ça le faisait trembler au plus profond de lui-même. Sauf qu’il ne pouvait se résoudre à ne pas s’imaginer ces situations hypothétiques dans lesquelles Lou se ferait du mal. Il ne voulait courir aucun risque de la perdre. Sa vie à lui ne valait pas grand-chose, mais sa vie à elle valait tout l’or du monde. Justement parce qu’elle vivait comme personne, et ce malgré son handicap. Lou était vivante, vibrante, et si elle en venait à disparaître de ce monde, ce serait une perte pour tous, pas que pour lui. « Ça m’effraie aussi, Lou, mais ça m’effraie encore plus de penser à ma vie sans que tu y sois … » Il exagérait, sans doute. Il réagissait trop fortement. Sans doute parce qu’il l’aimait trop. Trop pour son propre bien. Il allait se perdre en elle. Il voulait se perdre en elle. S’oublier. Et si Lou n’existait pas, il ne pourrait plus exister non plus. Les yeux de sa douce s’embuaient de larmes, et Lennox passa sa main dans les cheveux puis sur la joue de la jeune femme, tentant tant bien que mal de la réconforter, même si ses inquiétudes étaient justement la source du chagrin de Lou.

Ce chagrin explosa. Quand elle parla de tout ce qu’elle croyait lui faire manquer, mais surtout quand elle parla de la fierté qu’elle ne pourrait pas voir dans ses yeux lorsqu’il tiendrait leur enfant, Lennox éclata en sanglots à son tour. Parce qu’il n’avait jamais réalisé jusqu’alors à quel point Lou ne vivait pas leur relation comme lui la vivait. Et elle ne le ferait jamais. Quand son sourire s’agrandirait à la vue de Lou dans sa robe de mariée, celle-ci ne pourrait jamais voir ce regard conquis et heureux de s’unir à la plus femme du monde. Quand elle aurait leur enfant dans ses bras, après lui avoir donné vie, Lou ne verrait pas tout l’amour que Lennox portait à sa nouvelle famille. Elle ne verrait jamais ses petits-enfants. Elle ne verrait jamais la maison au bord de l’eau que Lennox lui construirait de ses propres mains. Elle ne verrait jamais leurs visages vieillir, les rides creuser leur peau fatiguée, mais l’amour qui ne se fane jamais. Les larmes roulèrent le long des joues du trentenaire quand la jeune femme lui avoua avoir peur du noir. Il attrapa le visage de Lou et le guida jusqu’au sien, où il déposa son front sur le sien, ses yeux clos. « Je suis désolé, Lou. » Il essuya de ses pouces les larmes sous les yeux de Lou, et l’embrassa au coin de l’œil avant de la libérer. « Je m’excuse. Je m’inquiète, mais je ne devrais pas parler de ce que je ne connais pas, de ce que je ne comprends pas … » Il avait gardé une main sur le côté de son cou, et la caressait doucement, tentant de la calmer et de se faire pardonner. « Ne parlons plus de cet incident. Souhaitons seulement que ça ne se reproduise plus. » Il esquissa un faible sourire, même si ça ne servait à rien. Il demanda tout de même à la jeune femme où elle restait, en attendant. Il fallait au moins qu’il s’assure qu’elle avait un toit sur sa tête. « D’accord. » Dit-il quand elle lui apprit qu’Isaiah et Ezekielle l’hébergeaient. C’était généreux de leur part – il n’en était pas surpris, du peu qu’il connaissait d’eux. « Lou, j’aimerais que tu viennes vivre avec moi. » Déclara-t-il. « Pas pour te surveiller, j’t’assure … » Parce qu’avec tout ce qu’il avait dit un peu plus tôt, peut-être que Lou l’interprèterait ainsi. « Mais parce que Ted ne semble jamais être très présent pour toi … et je sais que tu sais te débrouiller, mais si jamais tu avais besoin d’aide … je serais là. » Il ne savait pas comment aborder la chose sans la froisser. Sans la diminuer. « Et puis … t’avoir avec moi à tous les jours … ça ne pourrait que m’aider à aller mieux. Parce que dès que je suis avec toi, je vais mieux. » Avoua-t-il, sincère.

Elle disait qu’il n’avait pas à s’excuser, mais après cette prise de conscience par rapport au handicap de Lou, Lennox avait l’impression de devoir s’excuser pour toutes ces fois où il n’avait pas compris. Et toutes les fois futures, aussi, parce que Lennox n’était parfait, Lennox ne pouvait pas toujours se mettre à sa place et comprendre. Lennox avait déjà du mal à trouver sa propre place, il n’allait pas se mettre à valser entre celle des autres. Comme dernière demande par rapport à l’incident, Lennox demanda à Lou de venir vivre avec lui. Certes, il profitait de cette situation pour enfin mettre en œuvre ce à quoi il songeait depuis un moment. Il utilisait l’incendie comme un prétexte, c’était vrai. Mais en même temps, cette discussion lui avait confirmé que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, pour tous les deux. Lou lui avoua alors qu’elle ne savait pas. Et avant de pouvoir élaborer sur sa pensée, avant de pouvoir donner une conclusion à cette phrase laissée en suspens, une infirmière pénétra dans la chambre de Lennox pour demander à Madame Nowakowski de quitter. Lennox esquissa un sourire, surtout parce qu’il avait aussi vu une ébauche de sourire se dessiner sur les lèvres de Lou. Rien que pour avoir entendu ce nom. Alors imaginez si elle devenait cette personne, cette Madame Nowakowski. Les lèvres de la demoiselle se posèrent finalement sur celle de Lennox, et elle lui avoua, avanr de partir, qu’elle serait comblée de vivre avec lui. « On reparlera de tout cela à mon retour. » Et dans la tête de Lennox, ce retour serait dans les jours rapprochés, demain même, si possible. Il en fut tout autrement, car son médecin ne tarda pas à arriver pour lui parler d’une éventuelle cure de désintoxication dont il aurait certainement besoin, d’une thérapie étalée sur plusieurs mois, et des années si nécessaires à ses yeux. L’engrenage que fuyait Lennox depuis toujours s’était finalement enclenché.

THE END.