#20. Disclosed desire + Nelligan, Naxa & Maisy

En deux ans, la vie de Nelligan s’était mise en place pour se déconstruire du jour au lendemain, avant de se réorganiser seulement pour mieux se désorganiser. Là, le jeune homme était de nouveau dans une phase de reconstruction, essayant de remettre certains piliers en place, question d’au moins tenir debout. Suite à une proposition d’Anna, la sœur de cette dernière et Nelligan avaient décidé d’emménager ensemble. Et comme Ayda était plus ou moins à l’aise avec l’idée de vivre avec un autre homme, rien que tous les deux, ils avaient décidé ensemble de poster une annonce sur les réseaux sociaux, afin de trouver d’autres colocataires. Deux femmes avaient répondu à l’appel, mais les deux se faisaient plutôt fantômes, dans cet appartement. Nelligan avait quand même l’impression de ne vivre qu’avec Ayda. Bon, en même temps, tout cela était très récent et ils devaient tous se laisser le temps de s’apprivoiser, mais quand même. Nelligan avait toujours eu une vision autre d’une colocation à quatre. Plus vivant. Plus chaotique. Là, c’était le silence complet, la plupart du temps. D’ailleurs, le jeune homme s’attendait à revenir du travail et retrouver un endroit encore vide, comme à son habitude dans les derniers jours. Ayda s’était trouvé un petit boulot et elle terminait plus tard que lui. Et les deux autres femmes, et bien, Nelligan ne connaissait rien d’elles si ce n’était que la décoration qu’il pouvait entrevoir dans leurs chambres quand les portes étaient ouvertes : donc très rarement. Toutefois, en voulant insérer les clés dans la serrure, le jeune homme se rendit bien vite compte que l’appartement était déverrouillé. Soit quelqu’un avait oublié de barrer, soit il ne serait pas seul, pour une fois. Nelligan rentra donc, posant son sac à dos sur le sol dans le portique, enleva ses chaussures, et s’avança vers le salon, où une tête blonde dépasse du sofa. Il s’avança de façon à pouvoir aller à sa rencontre. « Oh, bonjour ! C’est la première fois qu’on arrive à se croiser. Tu es Maisy, ou Jordan ? Moi c’est Ne … » Il s’arrêta net, parce qu’il était maintenant arrivé devant le sofa, et avait posé son regard sur la jeune femme … ou plutôt sur sa main sous sa robe. Il se tourna tout de suite, gêné par cette vue sur un moment si intime. « Oh. Mon. Dieu. Je suis tellement désolé. » Même s’il était de dos, il avait en plus mis sa main devant ses yeux, comme pour une double-protection. « Je … euh … je te laisse euh … terminer … enfin je … fais ce que tu veux je … Je vais dans ma chambre. » Et sans plus se retourner, il fonça tête baissée jusqu’à sa chambre et ferma la porte. Mais putain. Elle pouvait pas faire ça dans sa chambre, devant son ordinateur, comme tout le monde ?

Il fixait encore le mur opposé de sa chambre, incapable de savoir comment réagir, même une fois protégé par les quatre murs de sa chambre. Il était adossé à sa porte, repassant le moment dans sa tête, encore et encore. Il n’arrivait pas à croire que la première rencontre avec l’une de ses colocataires s’était déroulée pendant que celle-ci se masturbait. Lui, entre toutes personnes sur Terre, venait de surprendre une femme en train de s’adonner à des plaisirs solitaires. Il devait encore être rouge comme une tomate, même si elle n’était plus dans son champ de vision, et lui pas dans le sien non plus. Après un moment, Nelligan fit quelques pas pour entrer davantage dans l’espace de sa chambre, s’installant à sa chaise d’ordinateur sans toucher à quoi que ce soit, ni à son clavier ni à sa tour. Il fixait l’écran noir, cherchant à comprendre la situation mais, surtout, à planifier comment il ferait pour la croiser de nouveau. Malheureusement, ce moment fut bien trop rapproché puisqu’il entendit cogner à sa porte. Et comme la porte d’entrée ne s’était pas ouverte entre-temps, ou alors il ne l’avait pas entendue, ce devait être Maisy. Le jeune homme hésita un moment mais, comme elle savait pertinemment qu’il était ici, ce serait stupide de se cacher. Il alla donc ouvrir la porte, et fut encore plus gêné lorsqu’elle lui demanda s’il aurait voulu se joindre. « N... Quoi ? Non … Je … » Elle éclata de rire avant que sa pensée ne se formule davantage. Tant mieux, parce qu’il n’aurait sans doute pas trouvé quoi dire. Elle s’excusa de l’avoir troublé, se présentant finalement sous le nom de Maisy. Nelligan hocha la tête. « Ça va … on ne connaît pas encore les horaires des uns et des autres … » Comme si ça pouvait l’excuser de se toucher n’importe où dans l’appartement. Non. Mais Nelligan n’en ferait pas tout un plan. C’était arrivé, une fois, voilà tout. Maisy était alors retournée sur le sofa, et le jeune homme la suivit, puisque la conversation avait été engagée. Il s’assit à l’autre extrémité, là où elle ne se trouvait pas quelques minutes plus tôt. « Une télé-réalité ? » Nelligan n’était pas très au courant de tout cela, en fait. Il ignorait carrément qui était cette femme. Quand elle lui proposa une cigarette, il déclina l’offre. « Non merci, je ne fume pas. » Il sourit. À côté d’elle, il avait l’air d’un Saint. Saint Nelligan.

Déstabilisante. Il n’y avait pas vraiment d’autres mots pour décrire cette femme, du moins pour le moment. Maisy, commentaire après commentaire, prenait encore et encore Nelligan par surprise. Après tout, elle venait bel et bien de lui demander, comme ça, tout bonnement, s’il avait déjà couché avec une femme, un homme, et autres. Le jeune homme avait l’impression de revenir quinze ans en arrière, quand il avait parlé à une fille pour la première fois. Bon, pas pour la première fois, il avait quinze ans quand même. Mais pour la première fois en ayant un but autre que de lui demander jouer avec lui, ou de quoi du genre. « Euh … ben … Oui … J’-j’ai déjà couché avec une femme. » Il secoua la tête, n’arrivant pas vraiment à croire qu’il était en train de parler de ça avec sa nouvelle colocataire, qu’il venait à peine de rencontrer. « Pourquoi cette question ? » Demanda-t-il, à la fois perturbé, à la fois sur la défensive. Habituellement, Nelligan renvoyait souvent les questions à l’autre, question d’apprendre à se connaître également. Sauf que là, le jeune homme n’avait pas envie de lui demander si c’était son cas. Disons qu’il avait peur de la réponse. Surtout si elle lui avait proposé les options de la chèvre et du robot. Il la suivit quand même jusqu’au salon, pour continuer une conversation qu’il espérait moins intrusive à présent. Ce fut à elle de parler un peu d’elle, et de sa participation à une télé-réalité. « Oh, je vois. Et … c’était comment, comme expérience ? » Cette fois, il était réellement intéressé. Ce n’était pas tous les gens qu’on rencontrait une vedette de la télévision – enfin, il ignorait si elle en était vraiment une, pusiqu’il ne s’y connaissait pas trop, mais quand même. Elle éteignit sa cigarette après que Nelligan ait mentionné ne pas fumer. Au moins, elle avait un certain respect. Quand elle lui demanda ce que lui faisait dans la vie, tout en se penchant très près de lui, Nelligan haussa les épaules, gêné. « C’est beaucoup moins glamour. Je vends des jeux vidéo. » Il baissa les yeux un moment, intimidé par la proximité, avant de les relever vers elle. « Cela dit je retourne aux études en septembre. » C’était toujours ça qui semblait le rattraper. Ce mince espoir de se construire une vie qui aurait enfin un sens. « Comment ça se fait que je te croise jamais ici ? » Demanda-t-il. Lui, il était souvent ici. C’était elle qui disparaissait.

Bien. C’était bien qu’il ait déjà couché avec une femme. Bon, oui, c’était vrai, lui aussi voyait cela d’un œil assez positif, mais il ignorait si c’était vraiment des affaires de Maisy. Pourquoi elle, elle devrait s’en réjouir ? Nelligan n’osait même pas imaginer ce qu’elle avait en tête. Cette femme dégageait déjà un truc qu’il n’arrivait pas trop à saisir. Pourtant, elle n’était pas méchante, bien au contraire. Elle était juste différente de toutes les femmes qu’il avait pu rencontrer. Elle lui parla vaguement de son émission de télé-réalité. Nelligan fronça les sourcils en l’écoutant. « Ce n’est pas très gratifiant, en fait. Et tu ne le dépeints pas d’une façon très positive non plus. Pourquoi l’avoir fait, Maisy ? » Lui aussi pouvait démontrer un peu d’intérêt envers elle. Elle semblait si désintéressée par rapport à cette réalisation, qu’il se posait des questions sur ses motifs. L’argent ? La popularité ? La reconnaissance ? Il ne put l’interroger bien plus longtemps, puisque sa colocataire le questionna sur son emploi à lui. À son tour, le jeune homme en parla peu glorieusement. « Oui, ça me passionne. Enfin … les vendre, non. C’est plutôt ennuyant. Mais les jeux vidéo en tant que tel, c’est le milieu dans lequel j’aime travailler. Alors je me dis que c’est mieux que rien. » Expliqua-t-il en posant sa tête dans sa main, contre le dossier du fauteuil. Il apprit alors à la jeune femme qu’il retournait aux études en septembre, question de s’offrir la vie qu’il désirait réellement. Maisy se leva alors, sans prévenir, et alla chercher une bouteille de champagne et deux coupes. Nelligan fut assez surpris de cette soudaine célébration, mais c’était plutôt gentil et généreux de la part de la blonde. Il sourit en prenant la coupe et en trinquant avec elle. « C’est gentil, Maisy. » Il cogna sa coupe contre la sienne. « Cheers. » Répondit-il tout simplement avant de prendre une gorgée de l’alcool. Nelligan lui demanda alors comment cela se faisait qu’ils ne s’étaient jamais croisés ici. « Ouais, j’imagine que de mon côté, je m’enferme trop souvent ici, en fait. C’est peut-être pour ça que j’ai souvent l’impression d’habiter seul. » Avait-il répondu avec un léger rire timide. Jordan et Maisy étaient sans doute bien plus portées à sortir que lui, tout simplement. Encore une fois, la blonde se rapprocha physiquement de Nelligan, cette fois d’une façon qui ne laissait plus aucun doute. Elle le faisait exprès. Nelligan racla sa gorge, gêné, tentant de reculer sans trop qu’elle se rende compte de sa gêne. Si son but était de l’intimider, c’était réussi. Ils pouvaient passer à autre chose. « Euh … en conception de jeux vidéo … » Avait-il répondu en détournant le visage, puisque sinon le visage de Maisy était très rapproché du sien. « Et toi tu … tu fais quoi depuis que tu ne participes plus à la télé-réalité … ? » Demanda-t-il, tentant d’entretenir une conversation des plus normales, malgré leur proximité qui ne l’était pas.

« J’avoue. Depuis jamais. » Répondit Nelligan avec un petit sourire gênant. Il ne vivait pas du tout dans le même monde que Maisy. Pour lui, les télé-réalités, c’était tellement loin. Il n’en avait jamais regardé, à tel point qu’il ne connaissait pas vraiment bien le concept. Sauf qu’il avait évidemment son opinion sur la chose et il ne voyait pas trop de positif au concept. Visiblement, la blonde non plus, ce qui le poussa à lui demander pourquoi elle avait décidé d’y participer, dans ce cas. Elle s’approcha encore de lui, ce qui le gêna. Mais que cherchait-elle à faire ? Lui embarquer dessus ? Et elle ramena encore le sujet de la sexualité de Nelligan, alors qu’elle aurait pu utiliser n’importe quelle autre comparaison ou bien encore y aller droit au but. Le jeune homme eut un rire gêné. « En fait, non, je ne m’attendais à rien de magique et merveilleux … c’était pas mal à l’image que je me faisais de ce que j’aurais l’air dans un lit … » Il rigola nerveusement. Il avait essayé de blaguer, mais en même temps sa réponse était trop proche de la vérité pour que ce soit vraiment de l’humour. Nelligan se souvenait très bien avoir été bien trop nerveux lors de sa première fois avec Lily-Anaëlle. Il s’imaginait les pires scénarios catastrophes, car il n’avait aucune confiance en lui et savait pertinemment qu’il n’arriverait pas à se gérer devant la beauté du corps de sa copine. De repenser à ça, ça lui faisait mal. Parce que ce temps-là était si loin et pourtant il aurait tellement voulu que ce soit hier. « Mais je comprends très bien où tu veux en venir. » Avait-il ajouté. Ce que Maisy essayait de lui faire comprendre était tout à fait compréhensible. Bref, après avoir parlé des études de Nelligan, ce dernier demanda à Maisy ce qu’elle, elle faisait, dorénavant. Il hocha la tête à sa réponse. « Ton champ d’expertise ? De quoi s’agit-il ? » La questionna-t-il. En tout cas, il la voyait très bien devenir égérie d’une marque de vêtements. Elle était belle, elle avait confiance en elle, elle avait du caractère. Un peu trop de tout ça, d’ailleurs, et la proximité entre eux mettait Nelligan mal à l’aise au plus haut point. Sans plus tarder, Maisy enleva toute distance entre leurs visages et vint déposer un baiser sur les lèvres du jeune homme. Son visage vira au rouge vif. Honnêtement, il ne comprenait aucunement ce qui était en train de se passer. « Euh … » Avait-il dit, incapable de formuler sa pensée. Parce que même sa pensée était confuse. Et sa question ne fit que continuer à le déstabiliser. « Juste sur un clavier, hein … » Répondit-il, terriblement gêné. « Enfin, j’dis pas que je suis pas doué non plus hein … enfin je … j’le sais juste pas … » Il aurait dû se la fermer. Maintenant, elle voudrait lui donner son opinion. Nelligan commençait à la cerner, Maisy, et ça lui faisait peur.

« L’image de ce que tu aurais l’air dans ton lit? » Nelligan secoua la tête en riant. Il avait espéré que Maisy ne bloque pas trop sur cette intervention, mais évidemment, la blonde étant celle qu’elle semblait être, elle fit exprès de le relever. « Laisse. » Répondit Nelligan avec un rire gêné qui s’évanouit bien vite, voulant passer à un autre appel. Il l’avait alors questionnée sur son champ d’expertise, se disant qu’il n’y avait pas vraiment de façon de rendre ce sujet de conversation sexualisé. Maisy balança la réponse avec bien peu d’intérêt, brisant tous ses espoirs d’entretenir une conversation dans laquelle il serait à l’aise. « Qu’est-ce qui te rend si mal à l’aise, Nelligan? » Nelligan la regarda, marquant un moment d’hésitation, jouant avec ses propres mains nerveusement. « Je ne suis pas très habitué d’être aussi proche d’une femme, que je ne connais pas vraiment. » Nelligan et les coups d’un soir, c’était plutôt inhabituel. Quand il avait des relations sexuelles sans être en couple, c’était avec des femmes qu’il connaissait. Pourtant, Maisy ne semblait pas comprendre qu’il ne désirait pas aller plus loin pour le moment. D’ailleurs, elle embarqua à califourchon sur lui, sans trop lui laisser le temps de réagir. « Et si on testait ensemble? Détends-toi... » Ça avait eu tout l’effet contraire, en fait. Tout le corps de Nelligan se crispa. « Me détendre, ha-ha, euh … » Il balbutiait, et la porte s’ouvrit. Pitié, que ce soit Ayda qui lui vienne en aide. Mais non, Maisy se recula et parla à une certaine Naxa. Nelligan fronça les sourcils, tournant la tête derrière lui, où il vit une jeune femme aux cheveux châtains. « Hey Naxa... J’allais vérifier comment Nelligan s’en sortait avec les femmes, tu veux venir m’aider? » Nelligan, confus, regarda de nouveau Maisy. « Naxa, hein ? C’est une amie à toi ? » Demanda-t-il nerveusement. Pour couronner le tout, la nouvelle arrivante ferma la porte derrière elle et s’approcha du duo, se posant derrière Maisy, regardant Nelligan. « Et si on vérifiait comment il s'en sort avec deux femmes à la fois? » Nelligan secoua la tête, essayant de se dégager de l’emprise de Maisy, mais c’est qu’elle s montrait insistante, celle-là. Le jeune homme arrêta de bouger en voyant Naxa embrasser langoureusement le cou de Maisy. Comme si c’était tout à fait normal. Comme si elles le faisaient à tous les jours. « Euh, les filles je … je crois qu’il y a un malentendu je … » Il secouait la tête de gauche à droite, les sourcils froncés. « Je suis pas vraiment à la recherche de ce genre de relations … » Mais Naxa avait déjà sa main sur la cuisse de Nelligan, et honnêtement, même si sa nervosité était dans le tapis, sa libido l’était aussi devant deux aussi belles femmes. Mais il n’allait pas assurer. Il savait qu’il n’allait pas assurer.