Who said that ? | Joe

Grace ne parcourrait pas les bars tous les soirs, surtout pas en compagnie d'une de ses seules amies, elle serait sûrement trop choquée de la voir avec un verre dans la main bien que ce ne soit pas un péché en soit. C'est juste que Grace a toujours tout fait pour s'éloigner du mal, et être ivre, c'est mal. Après avoir passé sa soirée chez son amie, elle sortit de son appartement pour aller rejoindre à pieds, son propre appartement. La route n'était pas vraiment très longue, mais il fallait quand même marcher, ce qui ne dérangeait pas la blonde, après tout, elle a toujours fait ses trajets en vélo ou en marche.

En mi-chemin, elle fut arrêtée par un appel d'une autre personne, après quelques minutes de conversation, celle-ci lui envoyait une photo pour que Grace puisse juger l'allure d'une des robes et donner son avis franc ; ce qu'elle n'allait pas se priver de faire. La franchise ça la connaît, elle ne sait pas mentir, ou alors très mal, sauf il s'agit de parler de son ancien boulot aux autres. Dire qu'elle est ancienne sœur, ça bloque certaines personnes, mais elle peut comprendre, après tout, elle ne dépassait pas vraiment ses limites. Une fois son sms reçue, Grace ne pût s'empêcher de rire en ajoutant. « Tu ne pouvais pas porter plus court, encore ? » Ne faisant pas attention à la personne qu'il y avait à ses côtés, elle continuait ses arguments. « Tu es super vulgaire avec ça sur le dos, va donc te changer. » Une robe des plus moulantes, dévoilant une bonne partie des jambes et de la poitrine, ça offusquait presque l'ex-sœur.

Je me balade dans les rues de Bowen, en quête d'une petite soirée sympa. Je ne bosse pas ce soir, mais ça ne m'empêche pas de prendre du bon temps, right ? Du coup je porte une robe moulante noire lançant entrevoir ma poitrine et ne couvrant qu'à peine le haut de mes cuisses. J'ai des escarpins de la même couleur aux pieds, avec des talons que certains qualifieraient de très hauts, voire de vertigineux. Mais j'ai plutôt l'habitude alors bon ça ne me gêne absolument pas pour marcher. A un moment, je passe à côté d'une nana qui me lance des remarques à la limite de l'insulte. Je me retourne, furieuse :

Non mais tu peux pas te mêler de tes affaires grognasse ?

Moi je ne fais jamais "à la limite". J'insulte ou j'insulte pas. Eh ben là j'insulte. Non mais c'est vrai, pour qui elle se prend cette blondasse ? Je me rends finalement compte qu'elle est au téléphone, et du coup je me demande si je n'ai pas fait une bourde. Oh eh puis me*de hein, après tout, elle n'a pas à dire ça à qui que ce soit.

Son amie avait vraiment une robe trop courte et un décolleté trop plongeant pour que Grace reste sans rien dire puis ses paroles étaient parties comme une fusée, dès le mms reçu et vu, elle avait fait son commentaire tout en riant. Sa camarade valait bien plus que ça, elle méritait d'être jugée parce qu'elle avait dans la tête et non pas ce qu'elle montrait, des bouts de cuisses bien trop énorme et une poitrine qui débordait généreusement, c'était bien trop choquant pour la blonde qui avait quitté l'image instantanément. La trentenaire comptait reprendre une conversation normale, mais une jeune femme lui fit un commentaire qui la contrariait, elle en restait bouche bée. « Excusez-moi ? » Elle avait utilisé une insulte contre elle,et, ça, elle ne pouvait pas l'entendre ni même le répéter. Elle entendait son amie grognée à son oreille, lui demandant si tout allait bien, d'éviter celle qui venait de lui dire des mots pareils, mais Grace ne lui disait rien de plus qu'un : « Tout va bien. Je te rappelle. À plus tard. » Elle raccrochait alors, en jetant un regard à celle qui avait presque la même robe que portait son amie, ce qui lui arrachait un sourire, même si intérieurement, elle mourrait de trouille à l'idée de se faire agresser par cette femme. « Vous devriez parler mieux aux inconnus, je ne suis pas votre ... » Grace luttait mentalement, elle devait le dire, elle devait pouvoir le dire. « Que sais-je encore. » Elle n'y arrivait pas, Grace était un ange, elle n'avait jamais osé dire des insultes, même quand elle écrivait au lieu de parler, petite, elle n'écrivait que des mots doux pour dire comment elle allait à sa mère et pour participer à l'école. « En aucun cas, j'ai remis en doute votre style vestimentaire. »

Ceux qui me connaissent le savent, il ne faut pas me chauffer. Je sais parfaitement bien me défendre et s'il faut que je sorte les griffes je le ferai. Alors forcément quand je crois qu'une nana me juge ben je réplique, normal. Je l'insulte même, parce que franchement, qu'est-ce que ça peut bien lui faire que je porte des trucs courts mettant en valeur mes atouts ? Mais bon, le truc c'est qu'elle parlait au téléphone donc je n'ai aucun moyen de savoir si elle parlait de moi ou non. Enfin, dans tous les cas, je m'en balance. Elle n'a pas à juger qui que ce soit. Non mais pour qui elle se prend cette grognasse ? C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit, et la pauvre petite semble choquée. Enfin, ça c'était jusqu'à ce qu'elle raccroche et qu'elle affiche un petit sourire que j’interprète comme "satisfait". J'arque un sourcil quand j'entends sa réponse, dans laquelle elle n'arrive même pas à répéter ses paroles. Je me mets à rire ironiquement et dis :

"Que sais-je encore" ? T'as un balai dans le cul ou quoi ?

Ça m'amuse un peu de voir une nana se comporter comme une princesse alors que, visiblement, elle n'est pas vêtue comme telle. Même mon petit bout de tissu doit valoir plus cher que tout ce qu'elle porte. Du coup, je me mets à rire, limite en oubliant que je lui en voulais il y a deux minutes. La blonde me sort d'ailleurs qu'elle n'a, je cite, "en aucun cas remis en doute ma tenue vestimentaire". Plus coincé, tu meurs. J'affiche un sourire en coin et réponds :

T'inquiète princesse, c'est pas comme si ton avis était très important... Je détaille ses fringues et ajoute, amusée : Si tu veux j'ai un pote qui peut t'aider à l'enlever ce balai. Je pense à Hayden, le coureur le plus fun que j'connaisse. Sérieux, je suis sûre qu'il pourrait l'aider en plus...

Peut-être qu'elle était allée trop loin en disant à son amie de se changer, elle n'avait jamais voulu faire de quiproquo avec une femme qui se trouvait justement dans la rue au même moment et avec quasiment la même robe qui dévoilait de trop de chair. Raccrochant, la culpabilité lui ferait presque rongé les doigts, mais elle restait calme, elle s'excuserait de lui avoir fait douter. Du moins, c'est ce qu'elle pensait avant que cette femme se mette à l'insulter, ce qui blessait la trentenaire qui baissant à présent la tête pour montrer sa peine. Alors, inspirant et relevant la tête pour planter son regard dans celui de la jeune femme, elle se mise à parler, avec quelques difficultés parce qu'elle n'oserait jamais sortir d'insultes, puis elle se coupait quelques instants en écoutant son commentaire, qui était des moins respectueux. « Pardon ? »  Sa moue innocente reprenait le dessus, faut dire qu'elle n'y comprenait rien, mit à part peut-être qu'on venait de la traiter de coincée. Mais le fait que cette inconnue puisse se permettre de la juger, ça la dérangeait. « Et … je vous prie de changer de langage avec moi. »  Comme si ça pouvait la défendre, ça ne ferait rien, parce que ses paroles étaient faibles devant les francs de ce jour, qu'elle n'était qu'un insecte et qu'on l'éliminait facilement. Cette femme se mettait à rire facilement de la pauvre blonde qui essayait de se débattre comme elle pouvait, mais ça ne l'empêchait pas de la plonger un peu plus, d'appuyer sur sa tête pour qu'elle se noie totalement. « Et c'est pour ça que je ne vous le donne pas. »  Elle avait presque l'impression de manquer de respect à cette femme en lui disait ces paroles, mais elle ne pouvait rien dire de moins méchant, puisque même celle-ci ne semblait pas respecter Grace. « Ce ba … » Elle avait mis longtemps à comprendre, ne faisant pas le lien. « Qu’est-ce que je vous ais fais pour gagner votre méchanceté ? » Une parole de travers, mais elle ne l’avait pas fait exprès. « Je ne parlais pas à vous, je parlais à mon amie. »