take me out -r.

Tu avais enfilé une petite robe, mis un peu de rouge sur tes lèvres. Vous étiez rentrés depuis peu, mais tu voulais le surprendre un peu. Tu avais finis tôt, et tu avais passé le reste de l'après-midi dans la cuisine. Tu étais ravie qu'il ne soit pas rentré tôt parce qu'il aurait vu une petite brune couverte de farine et une cuisine digne d'un champ de bataille. Il le savait que t'étais nulle en cuisine, mais comme toujours tu voulais donner à l'autre, plaire et satisfaire pour lui donner une bonne raison de te garder. Tu avais préparé quelque chose de simple, du poulet avec une sauce curry-coco, et tu avais usé de ta recette de fondant au chocolat, que tu avais apprise le jour de la saint-valentin. Tu t'étais investie dans ta surprise et tu n'attendais plus qu l'invité d'honneur. Lorsque l'on sonna à la porte, tu eus un petit sourire en pensant que c'était vraiment une tête en l'air. Tu sautais du canapé, marchant doucement vers la porte, te préparant déjà à lui faire une petite remarque gentillette mais en découvrant la silhouette, tu t'en abstenais. « Hayden ? Bonsoir, entre ! » Tu te décalais doucement pour le laisser entrer, te demandant ce qu'il faisait là. Une boule se formait dans le creux de ton ventre, tu ne pensais pas devoir l'affronter aussi vite..

Le temps est passé à une vitesse folle depuis la dernière fois que j’ai vu Lily. La première fois, je m’en souviens comme si c’était hier. La soirée de la Saint Valentin m’avait tellement marqué… Puis, il y a eu ce baiser échangé à l’anniversaire de Zach. Le reste de cette nuit est encore étrangement floue dans mon esprit mais il m’arrive encore de sentir ses lèvres se poser sur les miennes. Sentiment étrange qui ne cesse de m’étonner et pourtant, sentir mon cœur capable de ressentir à nouveau quelque chose me fait un bien fou. Je repense à tout ceci alors que je prends le chemin en direction de chez la demoiselle. Depuis que j’ai commencé à travailler à la galerie d’Ally, je n’ai pas eu une minute pour moi mais ce soir, j’ai réussi à finir plus tôt parce qu’il y avait un événement privé avec le fameux Cochon du Bar. Du coup, j’ai sauté sur l’occasion.

Je longe le couloir qui mène jusqu’à chez la brunette et je sens alors une excellente odeur qui me fait saliver. Je toque, espérant tout de même ne pas déranger et lorsque la miss ouvre enfin la porte, c’est un sourire béat qui s’affiche sur mon visage. « Lily… Tu es magnifique ! » Sa petite robe lui va si bien que j’en reste bouche bée. Elle est tellement bien apprêtée pour quelqu’un qui est chez soi que je lui dis : « Je pourrais presque croire que tu m’attendais. » Je ne me fais pas prier plus longtemps pour entrer. « Je suis désolé de passer à l’improviste. J’avais vraiment envie de te voir. » Et avec un léger sourire tout en regardant autour de moi, j’ajoute : « Mais j’ai l’impression de ne pas avoir choisi le bon moment. »

Tu sentais que la soirée allait prendre un tournant inattendu et tu commençais à prier pour que Zach te dise qu'il sera retenu ce soir, qu'il ne rentrera pas de suite. Ou alors qu'Hayden soit parti avant qu'il ne rentre parce que la situation pourrait porter à confusion. Et tu n'avais pas besoin d'un nouveau drame dans ta vie. Elle était si parfaite et tu ne voulais pas une nouvelle tâche d'ombre. Mais tu avais des bonnes manières et tu n'allais pas lui claquer la porte au nez et faire comme s'il n'existait pas. Bowen n'était pas assez grand, tu pourrais le croiser un jour ou l'autre et tu n'étais pas certaine de pouvoir l'esquiver à vie. Et puis, ça ne se faisait pas. Tu n'avais jamais qu'on te traite ainsi, tu aurais aimé qu'on t'explique gentiment les choses et c'est ce que tu comptais faire. Tu n'avait pas pu t'empêcher de voir un sourire s'étirer sur tes lèvres et tes joues prendre un teint plus rosé. Bien sûr tu te sentais flattée, tu n'avais pas souvent l'occasion qu'un homme te dise une chose pareille alors ça te faisait craquer. « Non.. Je.. Ne t'inquiètes pas ! » Tu lui offris un petit sourire, levant la main pour lui faire signe de faire abstraction de ce qui se passait derrière. Tu aurais du mal à lui mentir, et tu ne comptais pas lui mentir non plus. Mais autant éviter le sujet. « Mais je suis contente de te voir, je comptais t'appeler justement ! » Enfin, si tu avais eu son numéro. Parce qu'après les événements de l'anniversaire, vous n'aviez pas eu l'occasion de beaucoup parlé. La fête s'était fini et tu t'étais occupée de ranger un peu et de boire plus avec Zach, jusqu'à ce que tu t'endormes pendant que lui continuait de danser. Mais bon, tu aurais pu faire des pieds et des mains pour trouver son numéro. Et l'appeler donc. Tu pensais juste avoir plus de temps pour mettre ça au clair dans ta tête.

Je suis tellement content de la revoir. Je sais que ma tête et mes pensées radotent et les mêmes reviennent encore et encore mais rien que sa vision et sa voix me laissent vriller sur mon petit nuage. « Mais pour cela, il aurait fallu que tu ais mon numéro. » C’est d’ailleurs la raison qui m’amène directement à son domicile, plutôt que d’avoir procéder comme tout le monde, par un simple coup de fil. Après la soirée de la Saint Valentin, nous avions décidé de laisser le mystère faire les choses, laissant au hasard le fait de se revoir. Puis, à la soirée d’anniversaire, c’est l’alcool qui avait eu raison de cet oubli, ainsi que tous les évènements extérieurs d’ailleurs. « Tu voulais me dire quelque chose de spécial ? » Je lui demande alors, un large sourire malicieux en coin, espérant que nos pensées aillent dans le même sens. Et j’enchaine presque aussitôt avec une autre phrase parce que je ressens le besoin qu’elle sache pour les sentiments que j’éprouve pour elle. « Parce que si tu voulais me dire que tu es folle de moi et que mon absence loin de toi est devenu insupportable, suffisait de demander mon num’ à Zach tu sais. » Puis un petit clin d’œil vient se caler dans la conversation alors que je m’approche doucement, tout en restant à une distance raisonnable.

Lui ne semblait pas avoir oublié que tu n'avais pas son numéro. Bon, au moins, il était réaliste. Et puis une visite en face à face, ça semblait plus correct qu'un coup de téléphone. Même si cette discussion commençait réellement à te stresser. « J'aurais fait mon investigation, figures-toi que j'ai pas mal de connexions dans cette ville ! » Tu t'étais mise à rire pour détendre un peu l'atmosphère, de toute façon, tu savais que tu n'aurais pas eu trop de mal à avoir son numéro. En passant par Zach ou par Matthew. Ou bien même en allant chez Aino et en sonnant chez les voisins de la jeune femme puisque tu avais appris pendant la soirée qu'ils étaient voisins. « Je.. » Tu avais été coupée par lui, tu avais tout écouté, en baissant un peu les yeux, gênée. Tu allais briser son cœur. C'est la première fois que tu brisais un cœur, première fois que tu repoussais un homme. Bon, uniquement parce que tu étais en couple, et que dans un couple, il n'est pas bon d'aller voir ailleurs. Tu n'avais pas envie de voir ailleurs. Mais ça restait le premier coeur que tu brisais, que tu allais saccager gentiment et le faire souffrir jusqu'à ce qu'il soit en mille morceaux. « C'est pas vraiment ce que j'avais à te dire, en fait.. » Tu avais la gorge qui se serrait. Tu commençais à avoir la tête qui te tournait, tu avais l'impression que ton coeur allait exploser dans ta poitrine.

« Mais tu ne l’as pas fait. » Je lui dis bientôt comme si j’évoquais un résultat de prise de sang qui serait revenu négatif. Sa phrase me laisse alors un compte rendu comme quoi elle ne souhaitait pas le faire, par l’emploi du conditionnel, et une sensation de déception totale s’empara de mon corps, laissant apparaitre une mine triste après ces déductions. Néanmoins, il n’y avait rien de clair et l’espoir me hantait toujours. Et le petit rire de la miss vient me conforter dans cette dernière idée qu’au final, tout va bien, avant que tous ces espoirs partent en fumée en un éclair quelques secondes plus tard. « Ah… » Je laisse planer quelques instants un silence, signe de mon hésitation à vouloir connaitre la vérité. « Tu avais quoi à me dire alors ? » Je finis par lui demander, vraiment pas certain de vouloir entendre la réponse. Je regarde une énième fois en direction de la cuisine, me demandant alors pourquoi elle se donne autant de mal. Puis, cela me frappe alors puisqu’elle s’est faite aussi jolie. Je ne dis pas qu’elle n’est pas ravissante en temps normal mais je sens bien qu’il y a quelque chose d’autre là-dessous. D’ailleurs, ce n’est pas moi qu’elle attendait… « Tu attendais quelqu’un d’autre en fait ? Un autre homme ? »

Il était réaliste, plus que toi en tout cas. Tu t'étais arrêtée au fait que tu aurais tout fait, et lui que tu ne l'avais pas fait. Tu ne l'avais pas fait, tu n'avais pas cherché à le prévenir, alors qu'il aurait dû être mis au courant bien avant. Tu avais laissé traîné les choses et ça te rendait d'autant plus mal à l'aise. « C'est vrai. » avais-tu avoué doucement, comme si tu venais d'être prise sur le fait. Ce n'était pas facile et ses questions n'étaient pas pour t'aider. « J'attendais Zach à vrai dire » Tout ça n'était qu'un pansement, un horrible et gros, douloureux que tu devais arracher au plus vite. Pour que la douleur dure moins longtemps, enfin c'est ce qu'on disait. Mais l'amour n'était pas un pansement, il n'y avait rien de très délicat dans ce que tu allais lui dire, en sachant que tu ne savais pas comment lui dire. « Pour être totalement honnête avec toi, même si tu me plais, j'aime Zach, et on est ensemble maintenant ! » Tu avais baissé les yeux, parce que tu avais beau avoir fait ça vite, ça n'en restait pas moins douloureux pour toi. Et pour lui, tu ne l'imaginais pas trop. Tu n'avais pas l'idée de ses sentiments, tu ne l'avais vu que deux fois. Pour toi, tu avais été amoureuse dès la première seconde, parce que tu tombais bien trop vite amoureuse. Et tu t'étais montrée assez intéressée, alors ça semblait étrange dans ta bouche à toi, de lui dire que ce n'était plus le cas.

La réponse ne se fit pas attendre mais ce n’est pas un nom que j’aurais imaginé sortir de la bouche de la jeune femme. « Zach, ton coloc ? » Je me pris alors à lui demander, très surpris. Je repensais à la nuit que j’avais passé avec l’homme, quelques semaines avant de rencontrer Lily. Nous avions consommé et bien comme il faut. Je n’avais jamais imaginé qu’il pourrait sortir avec une femme comme elle d’ailleurs mais pour le coup, là, ce n’est pas vraiment ce qui me traversait l’esprit. Je pris le parti de m’asseoir, sans en demander l’autorisation à la brune. Je m’étais imaginé tout autre chose en venant ici et en frappant à sa porte, surtout lorsque je l’avais vu avec sa jolie robe rouge et là, je tombais vraiment de haut. Tout ce que je ressentais pour elle malgré moi, ce mur que j’avais réussi peu à peu à laisser tomber, même sans l’avoir revu… Tout ceci n’avait servi absolument à rien, et aussitôt, je m’en voulais de m’être permis cette faiblesse. « N’en rajoute pas s’il te plait, je crois que j’en ai assez entendu… » Oui, je venais de me prendre une claque en pleine gueule, c’est le moins que je puisse dire, et même si je ne me laisserais jamais aller à pleurer devant une femme – qui n’en vaut pas la peine qui plus est – mon cœur était serré au plus haut point. « Je crois que je vais y aller… » Je me relevais, les jambes flagellant doucement et je me dirigeais vers la porte assez rapidement, ne souhaitant pas continuer cette scène de douleur. J’allais me mettre au lit et dormir afin d’oublier le plus rapidement possible. Avant d’ouvrir la porte, je me retournais tout de même vers la brune, afin de laisser sortir ce que j’avais sur le cœur. « Je n’avoue pas souvent ce que j’ai sur le cœur mais je crois que là il le faut… La soirée de la Saint Valentin était la meilleure chose qui m’était arrivée depuis bien longtemps et à l’anniversaire de… » Je n’arrivais même plus à prononcer le nom de celui que je considérais alors comme un ami. « Lorsque tu m’as embrassé… Tu n’imagines même pas tout ce qui a traversé mon corps. Je me suis pris à éprouver des sentiments, chose qui est quasiment impossible me concernant… Et aujourd’hui, je venais te l’avouer… J’espérais qu’on irait plus loin tout les deux mais c’est trop tard… » Je baissais la tête avant d’ajouter. « Adieu Lily. »

Tu hochais simplement la tête en guise de réponse. Il n'y avait pas grand chose à ajouter. Tu sortais avec Zach, tu l'aimais même. Et puis c'était tout. Il t'avait fallu du temps pour le réaliser, juste du temps pour comprendre que de tous les hommes qui traversaient ta vie dernièrement, tu finissais toujours aux côtés du même. C'était Zach que tu allais voir, c'était avec lui que tu discutais de tout et de rien, contre lui que tu te laissais glisser pendant les films, quand tu étais trop fatiguée. Lui qui te déposait dans ton lit. C'était une évidence pour toi maintenant, et tu n'allais pas le nier. Tu l'avais laissé s'installer et tu ne bougeais pas, tu ne faisais que tourner sur toi, pour ne pas le perdre des yeux. Il se relevait, s'apprêtant à partir. Et tu n'avais toujours pas de mot en bouche, comme si tu étais devenue muette. Peut-être que c'était le cas. Il avait ouvert la porte, déterminé à s'en aller, et lorsqu'il se retournait vers toi, tu avais un peu baissé le regard, n'osant pas soutenir le sien. Tu avais l'impression de l'avoir trahi, mais tu ne lui avais rien promis. Certes, il y avait eu cette délicieuse soirée, et un baiser. Mais ce n'était pas des promesses ? Pour toi, ça l'aurait été parce que tu es naïve. C'était étrange de se trouver dans la peau de l'autre, dans la peau de la personne qui brise les coeurs, qui fait comme si ce n'était rien. Ce ne l'était pas, tu avais brisé son coeur, réduis à néant ses espoirs. « Hay.. » avais-tu commencé sans pour autant finir. Son adieu t'avait coupé la parole, sans même te laisser le temps. Tu te sentais horrible. Tu étais une horrible personne. Tu savais que ta relation avec Zach en ferait souffrir, c'était évident, rien que Nelligan. Mais tu n'avais pas pensé à Hayden, tu n'avais pas pensé qu'il aurait pu développer des sentiments. Tu le regardais partir, sur le pas de ta porte, impuissante. Tes jambes tremblaient, ton corps entier pour être honnête et les larmes coulaient enfin. « Je suis sincèrement désolée.. » Tu le répétais en boucle, plus pour toi, que pour lui, de là, où il était, il ne pouvait plus entendre. Tu t'étais laissé glissé le long de la porte, en tirant tes genoux vers toi, pour y enfouir ta tête et continuer de pleurer en répétant inlassablement ces même mots.