long time no see (sunny)

Bowen. Après des jours de galères à devoir poser ses congés au dernier moment, à devoir négocier ses jours de repos avec ses collègues, et chercher un billet à la dernière minute pour l'Australie, il y était enfin arrivé. Ca le chagrinait un peu le décès de ses grand-parents, enfin à sa manière, mais bon, on ne peut pas dire qu'il était très proche d'eux, néanmoins par respect, il faisait le déplacement. C'était aussi l'occasion de rendre visite à sa soeur qu'il n'avait pas revu depuis... dix ans ! Ils avaient beaux gardé contact, s'envoyer des photos de temps en temps, rien ne valait des retrouvailles en cher et en os. Bon, il regrettait un peu qu'il ait fallu une histoire de décès et d'héritage pour se retrouver, et quelque part, il se disait qu'il fallait qu'il remédie à ça. Il paya le taxi qui l'avait déposer en face de chez sa soeur, puis tira sa valise pour aller sonner à la porte.

Tu tournais en rond dans la maison depuis une bonne heure. Tu passais le chiffon, encore et encore. Tu n'étais pas une maniaque de la propreté mais tu étais fatiguée. La mort de tes grands-parents n'avaient pas aidés. Tu leur rendais souvent visite, et que l'un meurt, tu trouvais ça normal, mais les deux en même temps. La belle mort, dans leur sommeil, tous les deux, l'un contre l'autre. On ne pouvait pas aspirer à mieux quand on pensait au prince charmant. Ce n'était pas ton cas, même si tu trouvais ça beau. Leur amour avait tenu le coup jusqu'à la fin. Qui pouvait avoir mieux ? Personne. En tout cas, pas dans ton entourage. Tu fus sorti de tes pensées par la sonnette de la porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Sans regarder dans le judas, tu ouvris la porte en grande volée, et la surprise, fut encore plus belle. « Wyatt ! Quelle surprise. » Tu lui sautais au cou. Il était ton frère et il t'avait manqué. Beaucoup trop pour être honnête. Dix ans sans se voir, même quand on reste en contact, ça faisait un bail. « Entres, je t'en prie ! » Tu reprenais doucement tes esprits, laissant le chemin libre devant la porte pour qu'il puisse entrer. Ça marchait mieux ainsi. Une fois entré, et la porte fermée, tu le détaillais de long, en large et en travers. Il n'avait pas changé d'un iota. Enfin si quand même, il avait vieilli, avait les traits un peu plus tirés. Tu l'avais suivi pour l'Australie, parce que ta carrière t'invitait à le suivre là-bas, mais les mots oraux n'ont jamais été votre fort, c'est bien pour ça que tu préférais lui envoyer des lettres, tu avais les mots qui te venaient naturellement et tout semblait plus joli, plus mélodieux.

Patientant sagement devant la porte tout en imaginant x scénario possible pour leur retrouvaille, la porte ne mit pas longtemps avant de s'ouvrir et il découvrit un Sunny explosante de joie. Il n'était pas du genre démonstratif, mais même comme ça, après dix longues année, serrer sa soeur dans ses bras lui fit le plus grand des biens. Sunny, c'était la valeur sûre, il savait qu'il pouvait compter sur elle, et c'est triste à dire, mais à l'heure actuelle c'était bien la seule personne sur qui il pouvait compter. « Moi aussi je suis content de te voir Sunny ! » il sourit, desserrant doucement ses bras autour d'elle pour avancer dans sa demeure. Il balaya la maison du regard, charmante maison, à l'image de sa soeur. « C'est joli chez toi. C'est très... propre. » ajoutait-il en distinguant les produits de ménage du coin de l'oeil sur la table. Finalement, il regardait sa soeur, profitant de ce moment pour se remémorer des traits de son visage. « C'est fou ce que tu ressembles à maman. » En parlant de sa mère d'ailleurs, cela lui rappelait qu'il n'avait pas non plus en contact avec ses parents depuis longtemps. Et d'un côté, le scénario terrible que ses parents finissent comme ses grand-parents sans qu'il ait eu le temps de les revoir le serrait la gorge. « Comment tu vas ? » Elle avait l'air fatiguée mais il se disait que ce devait être le ménage. Ou le travail. Ou bien sa fille, parce qu'on sait tous comment sont les enfants hein !

Tu te sentais euphorique. Tu avais même l'impression de voguer sur un petit nuage. Tu avais l'impression de rêver, ce n'était pas possible que ce soit ton frère qui se trouve devant toi. Et pourtant, c'était bien le cas, c'était bien lui. Ton coeur s'emballait dans ta cage thoracique. Tu posait ton chiffon sur ton épaule, tu n'allais pas le garder à la main, et encore moins donner un coup sur ton frère. Tu avais ri à sa remarque. « Ne dis pas de pareilles sottises, c'est à peine si j'ai plus que son regard. » Vos parents, un sujet bien trop délicats pour qu'il puisse être abordé, et encore, vous vous en sortiez bien. Tu avais toujours été là pour soutenir ses choix. Le supporter peu importe ce qu'il faisait. Il était devenu le mouton noir de la famille, le jour où il avait refusé de suivre la voie. De se plier aux règles. A 18 ans, ça ne vous avez pas empêchés de faire vos valises et de prendre le large jusqu'en Australie. Bowen pour toi, Sydney pour lui, vivant chacun vos vies. « Tu n'as même pas pris une ride ! » ajoutais-tu en souriant avant de hocher la tête et de reprendre sur un air aussi pétillant. « Je vais bien et toi ? » En de telles circonstances, ça devrait ne pas aller, mais tu t'étais faite à l'idée. Tu étais une personne rationnelle, tu savais qu'ils ne pouvaient pas vivre éternellement, et tu l'avais accepté. C'était les conversations familiales à venir, qui allaient être tendues. Mais ce n'était pas le moment d'y penser, vous aviez encore quelques heures, si ce n'est des jours avant que cela n'arrive.