Let's go on an adventure! + Nevaeh

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Nevaeh n'était pas vraiment le genre de fille qui parlait chiffon et serviette avec ses amies, elle n'était pas non plus du genre à se plaindre ou à se laisser tomber dans un gouffre déprimant et pourtant, depuis le retour du québécois c'était un peu plus compliqué que cela. Elle avait l'impression que tout lui tombait dessus en même temps. En soit, au cas par cas, ça pourrait être gérable. « Qu'est-ce qu'il a fait Alfie ? » Bon, ce n'était pas que son ami était un bisounours mais, quand même pour qu'il en vienne à ne pas l'apprécier, pour que CJ ait voulu le frapper. Cette histoire tourmentée Nevaeh, Alfie devait le savoir, elle n'était pas prête de lâcher l'affaire, elle était têtue. C'était une journaliste et elle savait tirer les vers du nez aux gens. De plus, la réponse qu'il lui donnait n'était pas vraiment celle qu'elle avait attendu, elle pensait avoir un peu plus de soutiens de sa part. Pourtant, elle comprenait qu'il essayait de la protéger, comme elle avait pu le faire quand CJ lui avait parlé de son bébé avec Lou. Elle reconnaissait la tendresse qu'il avait dans la voix, la même qu'elle avait dû avoir quelques jours plus tôt. « Et pourtant, c'est le cas Alfie, c'est ce que je faisais. Du moins les deux premières années, peut-être même trois. Puis j'ai rencontré Wyatt et ça a changé mais, il n'est plus là aujourd'hui et celui qui est près de moi c'est lui, c'est CJ. Alors, en tant qu'ami, je te le demande une nouvelle fois.. Qu'est-ce qui s'est passé ? » Elle jouait la carte de la sensibilité, une autre fille aurait pu essayer de le faire, ça n'aurait pas marché sur lui mais, Nevaeh connaissait son pouvoir de persuasion sur son ami. Elle connaissait l'affection qu'il avait pour elle sans pour autant que ce ne soit autre chose de que l'amitié. Elle n'avait plus qu'à attendre qu'il finisse par comprendre qu'elle avait réellement besoin de réponse. Elle ne s'attendait pas à ce que cette après-midi se termine ainsi mais, voilà, elle y était et il y avait peu de chance pour qu'elle le laisse s'en tirer ainsi. Pour ne pas dire absolument aucun. Nerveusement, elle balança ses pieds dans le vide comme le brun le faisait quelques minutes avant, elle piochait dans le paquet de chips alors que le silence de l'espagnol se faisait long. Un peu trop long à son goût.

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Évidemment qu'elle insiste pour savoir, c'était presque prévisible. Alfie pousse un long soupir et ouvre la bouteille d'eau. Au lieu de boire une gorgée, il se met à jouer avec le capuchon. Il a toujours fait quand il sait qu'il s'engage dans une conversation qui pourrait avoir de forte répercussion, chipoter à quelque chose pour calmer ses nerfs. Un bic, une bouteille d'alcool. Même si ses souvenirs sont flous, il se souvient encore parfaitement des mots que CJ lui a prononcé, de la façon dont il a sorti les griffes parce qu'Alfie se trouvait un peu trop près de Jordan. « J'étais à cette soirée, avec cette fille. » Il ne sait pas pourquoi il ne prononce pas son prénom. Peut-être parce que, au final, il n'est même pas certain de comment elle s'appelle vraiment. Ce n'est qu'une fois rentré chez lui qu'il s'est rappelé que le québécois l'avait appelée Naxa. C'est peut-être un surnom, ou un mot du vocabulaire de cette langue bizarre. Mais ces quatre lettres ont tournées dans l'esprit d'Alfie pendant plusieurs heures après. Il tourne la tête vers Nevaeh qui le fixe, attendant la suite de son histoire. D'un geste habile, Alfie rebouche la bouteille d'eau. « Elle a fait un malaise et ce type, CJ, a débarqué. Je m'occupais d'elle tu vois, j'allais l'emmener dehors, mais il a commencé à péter les plombs, à m'insulter, il me fusillait du regard et... » Alfie dévie fixe sa bouteille. Il essaie de se rappeler du mieux qu'il le peut, comme si il n'avait pas été totalement mort cette nuit-là. « Il l'a appelée ma belle. Donc j'en ai conclu qu'elle et lui étaient plus que des amis vu la façon dont il m'aboyait dessus, et je ne l'ai plus revue. Lui non plus d'ailleurs. » Bien qu'il ne voulait pas la lui raconter, parler de cette histoire lui enlève un poids des épaules. « Mais bon, ce n'est peut-être rien après tout. »

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Dès que ces deux lettres avaient été prononcés, Nevaeh l'avait su, ce qu'elle allait découvrir ne risquait pas de lui plaire. A force, elle se méfiait à chaque fois qu'on prononçait son nom. Même quand c'était lui qui parlait, elle se méfiait. Elle avait peur à chaque fois qu'il ne lui balance une nouvelle bombe. Après tout qu'en savait-elle. Il y avait peut-être d'autre Lou dans sa vie. Pourtant, depuis ce baiser, il ne s'était pas passé grand chose, elle ne l'avait pas vu et ne lui avait même pas parlé. A part quelques petits sms échangés ici et là ce n'était pas plus que ça, elle n'avait donc pas le droit de réagir comme elle le faisait. « Oui, tu as raison, c'est probablement rien. Tu sais, il a toujours été plus ou moins comme cela avec les gens.. C'est.. Sa façon d'être. » et c'est un draguer invétéré. elle avait baissé les yeux sur ses pieds qui avaient reprit le même mouvement que celui d'Alfie quelques minutes plus tôt. Elle essayait de ne pas paraître touchée parce qu'il venait de dire mais, le ton de sa voix la tarissait de façon assez flagrante. « Je... Je crois qu'il est temps de rentrer Alfie, il va bientôt faire nuit en plus. » Que pouvait-elle lui dire de plus ? Alfie, je veux rentrer parce que je sens que mon coeur va exploser ? A quoi s'attendait-elle, CJ avait toujours été ainsi et il n'était pas prêt de changer. Ce qui lui faisait le plus mal dans l'histoire c'était que Lou avait raison. Cette garce égoïste était sûrement la dernière personne qu'elle voulait écouter, cependant elle devait se rendre à l'évidence et lui donner raison, au moins intérieurement. Elle se laissa glisser de sa branche, et se rattrapa à celle-ci pour amortir le choc de sauter de tout en haut. Une fois ses pieds au sol, elle fléchit les jambes pour amortir le choc. Elle n'en voulait pas à son ami non, il avait bien fait de lui dire, elle avait juste besoin de se retrouver un peu seul pour comprendre les émotions qui la traversaient en cet instant.

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Et encore une fois, Alfie a réussi à mettre les pieds dans le plat. À coté de lui, il remarque bien que l'expression du visage de Nevaeh se transforme. Il ne sait cependant pas ce que cela signifie, décoder les émotions qu'on essaie de cacher n'a jamais été son fort. Elle prononce une phrase qui semble avoir plus pour but de la rassurer elle que lui, et il se contente de hausser les épaules sans vraiment savoir. Après tout, il ne le connait pas plus que ça. Il n'en a retenu que son coté sapeur-pompier, grand sauveur de ces dames, mais aussi son air arrogant qui ne lui avait pas particulièrement plu, à Alfie. « Si tu le dis, » se contente-t-il de répondre sans la regarder. Il n'a plus envie de parler de ça, de lui, ou même de Jordan. En fait, surtout pas d'elle. Quelques secondes s'écoulent entre sa réponse, et l'envie de rentrer de Nev. Suite à sa réflexion, il lève les yeux vers le ciel et remarque qu'effectivement, le soleil commence à disparaître derrière les arbres. Il suit son parcours histoire de ne pas s'écraser sur le sol et de se briser un os au passage, puis marche d'un pas lent en direction de sa voiture. Il tourne la tête vers elle, visiblement perdue dans ses pensées. « Désolé, Nev. » Il ne sait pas vraiment si il doit s'excuser ou pas, mais ça l'énerve que parler de CJ aie à ce point casser l'ambiance, et son moral. Une fois arrivé à la voiture, il ouvre la portière coté conducteur et attend Nevaeh avant d'entrer. « Tu veux que je te ramène direct ? » Il n'ose pas lui proposer un verre, craignant qu'elle ne le repousse à cause de tout ça.

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Elle avait filé à la voiture sans prendre le temps de regarder si Alfie l'avait suivi ou non, elle savait de toute manière, qu'il le ferait. Elle le connaissait suffisamment pour le savoir et même si parfois il avait des airs je m'en foutiste, elle savait qu'il tenait à elle, assez pour ne pas la laisser se perdre en pleine forêt. Tout le monde le savait, en plus de sa maladresse, elle n'avait aucun sens de l'orientation, ce qui parfois était assez compliqué. Heureusement, Alfie et ses grandes enjambés avaient vite fait de rattraper la jeune femme et ses toutes petites jambes même si du haut de son mètre cinquante-quatre elle marchait rapidement, il avait vite fait de la rattraper avec ses jambes gigantesques. Ses excuses sonnaient comme un brise coeur, encore une fois, comme si ce qu'il avait dit était fondé et qu'il s'en excusait. Elle secoua la tête plusieurs fois avant de répondre d'une petite voix. « Ce n'est pas à toi de t'excuser Alfie, tu es mon ami et ta réaction est logique. » cependant, elle aurait préféré ne rien savoir. Du moins pas tout de suite. Elle aurait juste voulu profier de son temps avec son ami, rien d'autre. « J'ai du vin à la maison si tu veux. » elle sentait dans sa question qu'il voulait rester encore avec elle, elle aussi d'ailleurs, ce n'était pas ça qui allait gâcher leur moment après tout. Elle entra finalement dans la voiture et boucla sa ceinture comme un signal de départ.

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Il y a deux choses dont Alfie est actuellement certain. La première, c'est que l'amour c'est vraiment de la merde. Il lui suffit de regarder Nev, de voir dans quel état ça la met, et le voilà convaincu de ne jamais se mettre officiellement en couple avec une fille. Non pas parce qu'il s'en lasserait, encore moins parce qu'il serait trop tenté d'aller voir ailleurs. Mais parce qu'Alfie ne voudrait pas être la cause d'un tel mal-être chez une personne. Parce qu'au fond, toutes les filles avec qui il a couché, jamais il n'a joué avec leur cœur. Elles n'étaient que des filles qui voulaient passer du bon temps, et qui l'avaient certainement déjà oublié, comme lui l'avait fait. La deuxième chose concerne Nevaeh. Pour la première fois, Alfie se rend compte que le malheur d'une personne affecte son propre bien-être. Il a toujours cru qu'il était immunisé pour ce genre de trucs, cette affection qui arrive presque à le répugner, qu'il lui suffisait de détourner le regard pour ne rien ressentir. Sauf que la voir dans cet état, ça le secoue. Il s'en veut, il aimerait revenir sur ses paroles et ne jamais les avoir dites. Il lui propose de la ramener, sauf qu'implicitement, Nev l'invite à passer chez elle boire un verre, peut-être cinq, ou dix. « Je ne dirais pas non, » dit-il avant d'entrer à son tour dans la voiture. Il démarre le contact et quitte la forêt dans un léger bruit de moteur. Vu qu'elle semble avoir besoin de calme, Alfie ne lui parle pas. Il la laisse se plonger dans ses pensées le temps du trajet, et se dit qu'il sera là pour elle plus tard, quand elle en aura besoin.

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