why i'm a jerk ? -r.

Cela faisait des jours que tu avais posé ton bagage. Il ne valait pas plus qu'un sac, un sac de sport avec quelques vêtements, de quoi te faire une semaine ou deux en général. Tu n'avais pas besoin de plus, tu était peu attaché aux choses matérielles. C'était une perte de temps, d'énergie et puis tu avais ta mémoire pour le moment. Peut-être que si tu avais Alzheimer, ça serait utile. Et encore, si tu te souviens à quoi ça rapporte, sinon ce serait pire. Quoiqu'il arrive, tu t'en foutais. Tu n'avais pas encore eu le temps de faire le tour du propriétaire et vu que tu t'ennuyais un peu, tu avais largement le temps de faire une visite. Tu avançais d'un pas lent, ouvrant toutes les portes, les unes après les autres. Une fois le bas fini, tu remontais à l'étage, en commençant par la première porte sur ta gauche. Qui ne s'ouvrait. Pour ton plus grand malheur, tu n'aimais pas ça, les portes fermés. Ça cachait des choses, et tu n'aimais pas les secrets. Tu essayais de forcer un peu dessus, pensant que c'était coincée parce que c'est une vieille maison et que parfois le bois vieilli mal. Mais rien y fait, alors tu commences doucement à t’énerver dessus. Si tu avais été une fille, tu aurais pu essayer d'y glisser une épingle et de forcer la serrure, mais ce n'était pas ton cas. Tu te contentais de taper dessus avec la paume de main. « Bordel, ouvres-toi ! » Tu continuais de taper dedans, à coup de pied cette fois. Tu allais finir par rameuter toute la maison si ça continuait. Mais bon, au pire, y aurait juste Lola, et Aino. Les deux seules femmes à vivre dans ce manoir avec toi. Parce que c'était une baraque immense. Elle te rappelait un peu ta maison de vacances à toi, mais en deux fois moins grande bien sûr.

Ma journée se termine plus tôt aujourd'hui, ce qui n'est pas plus mal, je bosse comme une tarée depuis quelques jours pour pouvoir payer mon loyer, mais maintenant que y'a deux personnes en plus dans la maison, j'me sens libre de travailler comme avant. Pas besoin de mourir dans mon lit uniquement que quatre heures par nuit, maintenant j'fais mes nuits normales et ça se porte mieux sur mon moral. J'n'pète pas d'assiette sur la face des clients ou j'les lacère pas les jambes avec des bouts de verre trempés d'alcool. J'espère qu'elle est morte, celle-là, d'ailleurs. J'sors de ma vieille bagnole, il faudrait que j'la fasse réparé ou que j'la change, mais j'aimais bien ma chevrolet impala, ça me donnait un côté classe, bien qu'elle était délabré, un peu comme ma vie en ce moment. Je jette un coup d'œil chez les voisins, pour voir si Matthew est dans le coin, puis finalement je pousse la porte de chez moi avant de jeter mes clés sur le meuble. Je soupire en penchant ma tête sur le côté. Un bruit m'interpelle, venant de l'étage. Putain. J'espère que c'est pas CJ ou Lola qui ont ramené des conquêtes ; c'était la seule chose à laquelle je n'avais pas pensé en prenant des colocs. Ca m'emmerderait vraiment, j'sers les dents et les poings puis j'monte à l'étage, les marches d'escaliers escalader deux par deux. « Putain d'merde ! Calmez-vous les chauds lapins ! » Quand j'vois CJ devant la porte de la chambre de ma grand-mère. J'ai une absence de quelques secondes avant d'hurler comme une furie. « J'peux savoir que ce que tu fous, pauv'con ! Touche encore une fois à cette porte et j'te l'incruste dans la face ! » Je sers encore plus les poings, les ongles me rentrent dans la peau, mais j'en ai rien à foutre, j'sors les canines. J'suis un chien fou.

Tu continuais de donner un coup dans la porte, elle finirait bien par céder à force non ? A moins qu'elle soit en béton armée. Mais tu en doutais vraiment. Tu n'avais pas entendu la porte d'entrée s'ouvrir et encore moins la personne monter les escaliers à tout vitesse. Tu était trop occupé à insulter cette crisse de porte. Osti que c'était de la marde. Elle te faisait chier et tu en avais marre. Tu allais t'épuiser à force de frapper dedans. Et tu levais ton pied pour en mettre un nouveau coup lorsqu'une voix te prit de court. Tu tournais la tête pour jeter un coup d'oeil à la personne en question. Même si à la voix, tu avais bien reconnu que ce n'était pas Lola. Elle était plus douce dans ses propos. Là tu avais à faire à la propriétaire. Elle était amusante, son nez avait l'air de gigoter dans tous les sens et si vous aviez été dans un dessin animé, tu pourrais voir de la fumée s'échapper de ses narines. Ce qui te fait sourire. T'es vraiment con des fois. Et ses propos ne sont pas du genre à t'aider. « Tu vas-tu me frapper pour une porte ? » Tu risquais quoi au fond ? Elle devait même pas peser cinquante kilos, c'était une fille. BOn c'était un peu sexiste comme propos, mais tu t'en foutais pas mal. Tu n'avais pas peur, et puis elle t'avait mis au défi ne plus y toucher. C'était mal te connaître ça. Tu poussais à nouveau ton pied contre la porte, ne la quittant pas du regard, limite un sourire en coin des lèvres, fier de toi. Tu ferais moins le malin une fois à l'hosto.

Une porte fermée est une porte fermée, pourquoi chercher à l'ouvrir ? Pourquoi il s'obstinait à voir ce qu'il y avait dedans ? Lola ne m'a même pas fait chier pour savoir. J'étais obligée d'accueillir des curieux chez moi, sérieusement. J'en soupirais voyant qu'il ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire, mais ça me foutait en rogne de voir que quelqu'un voulait voir les affaires de ma grand-mère, parce que pas une seconde je n'avais fait référence à elle. C'était ma maison, celle de personne d'autre. Puis, je n'avais pas parlé de cette pièce non plus, mais ça me semblait évident que personne ne devrait y rentrer. La maison était trop grande, ils avaient assez de pièce, d'espace pour ne pas étouffer. « Ouais. J'peux frapper pour moins que ça. » Il semblait totalement se foutre de ma gueule et, j'n'aimais pas ça. Merde, ce n'était pas parce que j'étais une femme plutôt frêle que j'avais pas de force et que j'étais capable de rien. J'regardais son pied se lever, et tout allait au ralenti dans ma tête. Il foutait des coups de pieds à cette porte ? « Connard ! » M'approche de lui avant d'lui foutre un coup d'pied dans son entrejambe, ça devait faire moins mal qu'une face dans la porte, je crois. Qu'il était con, ce type, j'y crois pas que c'est mon coloc. « Quand j'te dis d'pas toucher, tu n'touches pas ! » On dirait clairement que j'parlais à un clébard, mais même pour ces choses, j'avais moins de respect.

Tu avais le sourire du mec fier de lui et de sa connerie. Tu ne pensais pas qu'elle te frapperait vraiment. Enfin si mais pas aussi fort, et surtout pas là. Elle avait parlé de t'encastrer la tête dans la porte, alors tu attends prêt à recevoir ta sentence. Tu lui aurais presque tendu la joue pour qu'elle puisse te baffer. C'était pour dire que tu étais un con. Et pourtant, là où elle frappait, t'étonnait et tu ne comprenais pas pourquoi. C'était une fille et même si c'était sexiste, c'était le seul endroit où elles savent taper. Le seul qui fait mal parce que c'est douloureux de se prendre un coup dans les parties. Une baffe dans poitrine devrait lui faire le même effet, et encore, tu ne saurais pas dire. « Viarge ! Mais t'es fou braque ! » C'était sorti tout seul, avec une voix un peu dans les aiguë. C'était bien parce que tu n'étais pas du genre bagarreur sinon tu ne te serais pas privé de lui mettre une baffe pour lui remettre les idées en ordre. Fille ou pas fille, ça t'étais égal ça. Mais c'était un défi qu'elle te mettait là, si elle protégeait à tout prix cette pièce c'est que quelque chose de bien lourd. Ça attisait ta curiosité, qu'y pouvais-tu si tu étais du genre stupide et borné ? Rien. Tu ouvrais cette porte, quoiqu'il t'en coûte. Ta descendance pouvait bien passer à la trappe pour découvrir le secret, de toute façon elle était déjà assurée donc pour ce côté, tu n'avais pas grand chose à craindre. Tu te remettais en place pour y déposer un nouveau coup de pied. Un petit clac se fit entendre. Elle allait céder cette osti de porte et tu en étais bien content. Bientôt à toi les gros potins, les secrets les plus intimes sur cette blonde qui ne tardait pas à te foncer dessus. Mais cette fois, tu étais prêt, à encaisser, prêt à esquiver. Tu n'avais pas vraiment peur des coups.

Un coup de pied dans les parties, ça ne pouvait que le remettre en place, le faire comprendre que ce n'était qu'un locataire et que c'était moi qui gérais les lieux. Pour une fois, je pouvais me sentir comme Dieu avec ses larbins d'ange ─ ou comme le Diable avec un fouet, prête à défoncer des gueules. Du moins la gueule de CJ, ce pauvre abruti. Il m'avait sorti un truc qui m'avait fait grimacer. « Viagr… Viagra de braque ? Hein !? » J'espère avoir mal compris, car ça sonnait bien malsain dans mes oreilles et, ce qu'il avait derrière cette porte, ce n'était pas une salle de jeu d'SM, il pouvait tout de suite se sortir cette idée de la tête. J'n'suis pas une dominatrice ou quoi que ce soit ; bien que ça, j'avais un peu l'air du contraire, mais c'était pour des principes. Le pire dans tout ça, c'est que j'peux même pas le virer de chez moi, parce que sinon, j'étais pas sûre de retrouver un coloc et il ne fallait pas que j'perde cette maison, alors il fallait l'éduquer celui-là. Puis il tapait une dernière fois dans cette porte et, j'entendais la porte se déverrouiller. Je grognais. « Pète pas ma maison, ducon. » Je lui plaquais sa face contre la porte avant de le pousser, me mettant devant la porte, je ne bougerais pas d'un seul mouvement, je resterais là. « Ok alors, d'l'autre côté y'a possiblement la mort, alors j'te conseille pas d'y faire un tour. » Disais-je avec un ton froid, et les sourcils froncés. Décidément, lui n'allait jamais me voir sourire. Déjà que j'le fais pas beaucoup mais lui, n'aurait jamais l'occasion d'le voir. Dommage. « Va faire un tour ailleurs, prouve-moi qu't'as pas que ça à foutre, merde ! » Il va finir à l'hosto sinon et, c'est pas un parc d'attraction là-bas.

Tu étais presque fier de toi. Tu avais entendu le petit bruit qui signifiait que la porte allait pas tarder à céder, tu allais enfin découvrir ce que cachait cette porte en bois massif. Mais avant ça, il fallait encore que tu affrontes le dragon Aino. C'était un dragon, une dragonne même en l'occurrence. Mais elle ne se laissait vraiment pas faire. Tu n'avais pas imaginé une seule seconde qu'elle serait aussi violente. Mais ça t'amusait d'autant plus, tu étais prêt à voir jusqu'où elle serait capable d'aller. Tu avais même ri quand elle avait reprit tes mots, avec ton accent, elle n'avait pas compris grand chose et ça t'amusait encore plus. « J'pète pas la maison, juste cette crisse de porte ! » Sans que tu puisse anticiper, tu avais la tête écrasée contre la porte. Et tu riais, parce que t'étais sans doute un peu trop con pour comprendre que tu te mettais dans la merde. Mais c'était la curiosité qui était malsaine et le fait qu'elle ait décidé de la protéger. « J'ai rien à te prouver. » La mort qu'elle avait dit. Elle n'oserait pas te tuer? Il y avait des témoins, enfin tu l'espérais, à moins qu'elle butte tout le quartier. Tu savais que tu aurais du appeler la police avant de t'attaquer à cette porte. « T'as ue aré orce our e fil. Tu orte des oid ? T'es odyuildeuse ? » T'as une sacrée force pour une fille. Tu portes des poids ? T'es bodybuildeuse ? Enfin c'est ce que tu avais essayé de dire parce qu'avec une partie du visage écrasé sur la porte, ça devait pas donner quelque chose de très  compréhensible. Peut-être qu'un mot sur trois devait être bien articulé et encore tu n'en étais pas certain, tu n'étais pas sûr de ce que toi tu avais entendu.

Si j'avais un peu de cœur en ce moment, je m'en serais voulu de le frapper sans grande raison. Mais, s'il ouvrait cette porte, j'étais certaine de fondre en larme et, ce n'est pas ce que je veux, montrer que je suis faible devant mon nouveau colocataire, qu'il se moque de moi pour une chambre alors que lui ne comprendrait pas la souffrance que j'ai. J'arrive à m'y remettre un peu de la mort de grand-mère, mais ça reste difficile quand l'on s'approche de sa chambre. C'était un pas que j'accepte que je suis chez moi et pas chez ma grand-mère, finis de considérer cette maison comme la sienne, elle me l'avait léguée. Et moi j'étais en train d'y emmener des connards à l'intérieur, du moins, un. « Tu pètes rien du tout ou j'te pète la gueule, abruti. »  C'est ce que j'avais fini de faire, du moins à moitié, j'espérais pas le défigurer, il était très bien comme il était et, ne méritait sûrement pas de chirurgie pour le moment. Son foutu rire, j'en avais les oreilles qui sifflaient, je fermais les yeux pour me concentrer. Il était pire que le Joker après s'être fait défoncer la gueule par Batman, même si j'avais moins de force que lui ; et que ce n'était que du jeu à la télévision ce qu'ici ça n'était pas. CJ devait être un fou. « Parle ma langue, chéri. T'inventes pas un truc, j'suis pas polyglote. » J'essayais de paraître calme, mais cette porte me stressait, surtout maintenant qu'il avait défoncé ma pauvre porte qui n'avait rien demandé au peuple. « Dégage de là, fait moi d'l'air. Puis arrête de rire comme un psychopathe, tu me fais presque peur. »  Je ne sais pas ce que je devrais faire après, ouvrir la porte pour tomber sur ce que je refuse de voir depuis des mois ? Dans tous les cas, je devrais faire réparer cette porte, j’en ai pas spécialement les moyens pour le moment, mais avec le travail ça va venir. Puis au pire, il me payera la porte à ma place, c’est lui qui l’a pété. Ça me semble une bonne idée. « Oh et, donne moi direct l’argent pour m’payer une nouvelle serrure. » Quel champion, c’coloc.

Tu avais ressenti la pression se relâcher sur ta tête. Tu la poussais dans un petit mouvement, pour lui faire face, à nouveau, passant ta main sur ton visage et surtout, sur ta mâchoire. Tu l'écoutes t'appeler chéri, et tu aimes la manière dont résonnes les mots dans sa bouche. Tu secoues doucement la tête avant de reprendre, toujours aussi légèrement. Elle allait vraiment regretter de t'avoir choisi. « Essayes de parler avec le visage écrasé contre la porte, c'est pas facile. » Tu continuais de lui sourire, et le fait qu'elle te traite de psychopathe, t'amuse encore plus. Tu passais une main dans tes cheveux, la toisant. Elle était plutôt mignonne en plus, sauvage, certes, mais mignonne. Tu avais fait un pas en arrière, puis un autre, lui laissant croire que tu te cassais. Avant de foncer à nouveau en direction de la porte, assez vite pour la surprendre et l'empêcher de t'arrêter. « GERONIMO ! » Avec tout ce que tu avais déjà mis dans cette porte, elle cédait. Et tu manquait même de t'étaler comme une merde puisque tu avais pris un peu plus d'élan, pour être sûr que ça pète, alors que tourner la poignée aurait largement suffit. Tu te repris à la dernière minute, pour jeter un coup d'oeil à la ronde, presque déçu de voir qu'il s'agissait d'une simple chambre. D'une vieille chambre. Le genre de chambre qu'avaient tes grands-parents. Et seulement là, tu réalisais que tu avais peut-être poussé les choses trop loin. Que tu avais vraiment agis comme un gros con juste parce qu'il y avait un porte verrouillée.

Je me retiens de rire en l'écoutant parlé et se plaindre qu'il fallait que j'essaye de parler après mettre fait enfoncer la tête dans une porte, j'avoue que ça n'a pas l'air très agréable, mais au moins, ça ne m'arrive pas ce genre de choses. Je me suis déjà fait déplacer la mâchoire mais c'était après une bagarre. Hors, lui ne se défendait pas alors je ne pouvais pas dire que c'était vraiment une bataille puisque j'ai l'avantage ─ je suis certaine qu'il n'ira pas m'étouffer pendant mon sommeil s'il ose pas me gifler maintenant. « On n'a pas tous, la malchance d'être toi avec une foutu mâchoire de traviole. »  Malgré ma petite remarque son sourire restait intacte, ça me faisait grimacer, levant les yeux au ciel pour éviter de voir sa face qui commençait à m'insupporter. Surtout qu'il ne déguerpissait pas, bien au contraire, il était planté devant moi et alors, ça m'arrachait un sourire, peut-être bien le seul qu'il allait voir sur mon visage. Tentant de replacer mon attention sur lui, je m'écartais bien vite quand il fonçait sur la porte. « Enfoiré ! T'es qu'un gros con ! À quoi tu joues !? »  Il avait fait céder la porte puis quand voyant l'intérieur, les larmes et les souvenirs m'envahissaient. Je voulais fermer les yeux mais ceux-ci étaient rivés sur une photo, proche de sa commode et alors, je ne pouvais pas me retenir de pleurer comme une gamine. J'avançais d'un pas, jetant un regard noir à CJ, cet abruti. Je me ruais sur lui pour lui foutre deux poings au visage, les larmes coulaient toujours sur mon visage. « J'devrais te tuer, salaud ! » Pourtant, je m’éloignais flânant dans la chambre, droite devant ces objets, devant ces choses que je m’étais interdite de voir. Ses bijoux, ses vêtements, tout me rappelle combien j’ai été absente quand elle allait le plus mal, j’avais l’impression de l’avoir abandonné jusqu’à la dernière minute et, même si j’ai été à côté pour son dernier souffle, mon cœur restait rempli de honte, honte d’être une petite-fille indigne.

Tu étais encore un peu surpris de voir une chambre. Rangée, en ordre, enfin si on prenait pas en compte que la porte se retrouvait plus ou moins en morceaux dedans. Tu avais jeté un coup d'oeil circulaire pour voir ce qui s'y trouvait. Pas ce à quoi tu t'attendais au final. Tu te demandais bien pourquoi elle avait fermé cette porte à clés, il n'y avait rien à cacher. Rien du tout. C'était incompréhensible, et vu la force avec laquelle elle avait défendu cette porte, tu t'attendais vraiment à quelque chose de plus impressionnant, quelque chose de plus honteux. Tu portais ton regard sur elle, voyant les larmes couler sur ses joues. « J'voulais juste voir ce que tu cachais. » Elle s'était ruée sur toi, pour te coller son poing dans le visage. Les deux même, tu avais essayé de te protéger un peu parce que le visage, ça pouvait vite dégénérer. Tu sentais déjà le goût du sang dans ta bouche. Et tu avais entendu un 'crac'. Elle venait de te péter le nez, ça tu pouvais en être sûr, même si tu ne sentais pas grand chose pour le moment. La douleur arriverait bien assez vite, ainsi que le saignement. Tu la regardais entrer dans la chambre, et tu faisais deux pas vers elle. « C'était la chambre de ta grand-mère ? » C'était con, c'était trop tard. Tu ne pourrais pas revenir en arrière, mais tu sentais sa peine. Et tu la partageais. Tu n'avais même pas osé mettre un pied dans ta maison de famille, c'est d'ailleurs bien pour ça que tu étais là, chez elle, plutôt que chez toi. Parce que tu avais une maison où dormir, tu n'avais juste pas eu le courage d'y aller. La douleur commençait à te lancer, tu posais ta main sur ton nez, pour y regarder de plus près, et tu voyais le sang qui commençait à affluer. Tu retirais ton -shirt pour t'en servir comme compresse. Tu aurais pu attraper un bout de chiffon dans la pièce, mais tu sentais que tu avais assez souillé les choses comme ça, et tu ne voulais pas en rajouter une couche.

Il voulait juste voir ce que je cachais ? Je soufflais, tentant de garder un semblant de calme mais, c'était plus fort que moi et, mon calme s'envolait en même temps que mes poings s'écrasaient sur son visage. « Tu pensais que j'y cachais quoi ? Vraiment ! T'es vraiment trop con. » Je serrais les poings en regardant tout dans cette chambre, chaque détail passait sous mes yeux et les souvenirs ne faisaient que m'arriver en pleine face. Je voulais vraiment fermer cette porte, mais maintenant qu'elle était en miette, j'allais voir plus souvent cette chambre et, les larmes m'en viendront à chaque fois. Je lui lançais quand même un regard avant de voir du sang s'écouler de son nez, au lieu de m'inquiéter pour sa santé, je m'inquiétais encore pour la chambre ; à croire que le peu de cœur qui me restait s'était envolé. « Cradosse pas l'sol. » Un ton froid, de toute manière, je n'avais plus le cœur à parler à qui que ce soit, s'il pouvait disparaître, ça ne me ferait que des vacances. « C'était. » Elle n'était plus là, sinon, je ne serais pas dans cette ville et dans cette maison, lui encore moins. J'aimerais tellement qu'elle revienne pour foutre tout le monde à la porte, surtout ce type, pourtant c'est impossible. Je m'avançais encore, me postant devant la photo que j'avais repéré au loin, mais je ne la touchais pas, comme si tout ce qu'il y avait derrière cette porte était trop précieux, qu'il ne fallait pas le découvrir ou pire y toucher. « Dégage, CJ. » Je soufflais me tournant pour aller jusqu'à l'entrée de la porte, j'en avais trop vu pour aujourd'hui, la tristesse me rendait impalpable de faire quoi que ce soit, encore.

Ton petit sourire avait disparu et à mesure qu'elle s'enervait, tu te sentais de plus en plus mal. Pourquoi fallait-il que tu sois trop con pour réfléchir des fois ? Tu lui avais manqué de respect et tu étais encore même étonné qu'elle ne t'ait pas jeté hors de chez elle à coup de pieds dans le cul. Tu la regardais pleurer, sans dire un mot. Il lui fallait le temps de se calmer. Mais en la voyant aller dans la chambre, tu réalisais que c'était sûrement la première fois qu'elle mettait les pieds dans cette pièce depuis la mort de sa grand-mère. « Elle est morte y a longtemps ? » demandais-tu doucement, curieux. Tu te doutais bien qu'elle te réponde, elle allait t'envoyer bouler parce que c'était tout ce que tu méritais au fond. Pourquoi se confierait-elle au connard qui avait bousillé une porte ? Au connard a qui elle avait demandé expressément, de ne pas toucher cette porte une fois de plus. Au connard qui n'en avait fait qu'à sa tête, comme un gamin, puéril, manquant de respect à la jeune femme qui avait accepté de l'héberger. « Je ne savais pas. » avais-tu déclaré tout simplement. Tu ne savais pas, et tu n'avais pas fait d'effort pour essayer de comprendre. Pour respecter ses choix. Tu avais agit comme un gamin égoïste et prétentieux, tu ne devais pas t'attendre à ce qu'elle te tombe dans les bras pour partager sa peine. Quoique vous auriez pu partager la tienne aussi, si tu avais les mots pour l'exprimer. « Je suis désolé. » avais-tu dit tout doucement avant de prendre la direction de ta chambre. Histoire d'enfiler un nouveau chandail et d'aller à l'hôpital. Tu te rattraperais. Tu ferais ce qu'il fallait pour te faire pardonner.