i came to you -r.

Tu avançais doucement dans la nuit. Tu errais sans but précis. Une insomnie, à peine avais-tu fermé les yeux, que tu revoyais la scène. C'était le genre de nuit qui te rendait fou. Tu étais sorti pour marcher un peu, et tu avais craqué. Tu avais acheter une bouteille de scotch. Toi qui n'avais pas bu depuis trois ans, tu sentais l'envie te démanger. Tu avançais dans les rues résidentielles, la bouteille à la main. Jusqu'à passer devant la maison d'Adilyn, qui était assise sur son porche, elle semblait même être en boule et déprimer. Tu t'approchais doucement d'elle, faisait du bruit pour ne pas la surprendre. « Adilyn, tout va bien ? » C'était une question idiote. Mais en levant tes yeux vers sa porte, tu pouvais voir les lettres peintes former le mot "murderer". Tu ne comprenais pas trop pourquoi. Mais tu laissais glisser ta bouteille. Pas question de boire ce soir. Pas question de se laisser sombrer. « Oh ! Laissez-moi vous aider. » Sans plus attendre, tu attrapais la lavette pour frotter le mur avant que ça puisse sécher, avant que ça puisse être vu. Tu ne comprenais pas quel était ce jeu, mais ça te rendait fou. Peut-être parce que tu te sentais viser aussi. Tu te demandais même si ce message n'était pas destiné à toi. En voulant le marquer sur sa maison à elle, atteindre Abygaël. Cette idée te faisait trembler, tu te demandais qui pouvait savoir pour toi à part Léo. Qui pouvait connaître une histoire censurée. Tu frottais avec plus d’énergie.

La sonnette retentissait plusieurs fois d'affilés, ce qui n'aurait pas affolée l'infirmière si ce n'était pas au beau milieu de la nuit. Enfilant vite fait des vêtements sortables, elle se dirigeait vers la porte d'entrée, encore un peu sonnée de son réveil express. Ouvrant la porte, elle ne découvrit personne derrière celle-ci, le silence régnait en maître et elle ne savait pas vraiment en penser. Il n'y avait qu'un mot au sol, lui disait de mieux regarder aux alentours. La blonde se serait bien précipité vers la chambre de la petite, mais ses yeux étaient rivés sur un mot qui faisait perlés des larmes sur ses joues porcelaines. La porte se poussait et alors, elle se précipitait dans la chambre de l'enfant qui dormait encore, pour son plus grand soulagement. Son cœur battait la chamade, il tambourinait comme jamais, qui aurait bien pu écrire ça sur sa porte et, pourquoi ? Il n'y avait que très peu de gens qui connaissaient son secret, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Parce que plus les semaines avançaient, plus les gens se réveillaient connaître de trop sa vie. Peut-être qu'elle n'aurait jamais dû essayer de fuir, faire face à ce qu'elle avait vécue et assumer sa sombre période. Restant dans son couloir quelques secondes, qui semblaient ressembler à des minutes ou des heures, la jeune femme se précipitait vers son portable avant de se raviser, elle aurait pu appeler Maxence, mais ce n'était pas une heure raisonnable. Jetant son portable aux oubliettes, elle prenait plutôt de quoi laver ce mot, comme pour oublier son passé qui refaisait surface à l'instant où elle se sentait un peu repoussée des ailes, où elle se sentait le droit de redevenir elle-même. Pourtant, une fois dehors, rien ne faisait, elle n'arrivait pas à essuyer cette tâche, peut-être qu'elle devait être vue par tout le monde. Peut-être qu'elle était vraiment une meurtrière et qu'ils avaient touy fait trop confiance à sa tête d'innocente. Adilyn était des plus perdues, assise sur le porche, tête dans les mains. Son cœur était maintenant plus sombre que la nuit et ses pensées se perdaient. Une voix familière n'arrivait même pas à la faire sortir de son malaise, ses yeux ne se levaient même pas pour regarder Xavier. Comment elle avait pu le regarder dans les yeux pendant tous ce temps ? La personne qu'elle voulait voir le moins à l'heure actuelle. Parce qu'il pourrait prendre peur que sa fille puisse vivre au côté d'une meurtrière. « Xavier, ce … ce n'est rien ... »  Jetant ses yeux brillants vers lui. « Vous n'allez faire qu'étaler la peinture, de toute manière. »  Peut-être qu'il faisait bien les choses, mais son esprit était brouillé. « Ça ne doit être qu'une mauvaise blague … Ces temps-ci, j'en ai beaucoup du genre ... » Des lettres, reçues par dizaine, avec ce mot inscrite sur toutes. Rien de plus.  

Tu frottais le sol, et tu attendais. Tu voulais que cette peinture rouge - qui te rappelait un peu celle du sang - disparaisse. C'était voyant, trop même. Tu t'étais arrêté pour relever le regard vers Adilyn, un peu choqué. Tu ne savais pas comment elle pouvait dire une chose pareille. Tu secouais la tête avec force, serrant doucement les poings avant de prendre la parole. « Ce n'est pas rien, Adilyn. » Elle semblait vraiment bouleversée, comme si ça la touchait plus que tu ne pouvais l'imaginer. Tu te demandais aussi si c'était par peur qu'Aby se réveille et voit ce mot. Tu secouais à nouveau la tête en entendant ses mots. Tu n'étais toujours pas d'accord avec elle. Ça n'allait pas et ça ne pouvait pas passer. Elle ne devrait pas accepter. « Une mauvaise blague ? C'est de la vandalisation, de la diffamation. De.. » Tu t'arrêtais parce que tu remarquais que tu avais haussé le ton, comme si tu lui faisait la morale. Tu ne voulais pas lui parler comme ça, mais la peur te laisser t'emporter. Tu avais peur qu'elle découvre la vérité, qu'elle entrave ta relation avec Aby pour ce que tu avais fait dans le passé. Tu ne voulais pas que ça arrive, pas maintenant que tu t'attachais à cette petite. « Au moins, on ne pourra plus le lire » repris-tu doucement en continuant de frotter, toujours très énergiquement. Tu voyais les deux premières lettres disparaître. Mais ce n'était pas encore suffisant. Tu ne pourrais partir qu'une fois tout ça effacé, lorsque tout ça ferait parti du passé. Tu ne voulais pas voir ses mots, ni ici, ni ailleurs.

Elle essayait de se convaincre que ce n'était rien, que de toute façon, tout le monde allait penser que c'était une petite blague fait par des jeunes adolescents qui recherchaient de l'attention au milieu de la nuit, qu'ils étaient bien trop bourrés et qu'ils avaient tapé dans une maison au hasard. Pourtant, il semblerait que le hasard avait fait qu'ils étaient bien tombé pour tomber chez une femme qui doutait encore sur ce qu'elle avait fait et qui essayait de sortir un peu ce passage de sa tête. Xavier parlait comme s'il avait quelque chose à voir dedans, comme s'il prenait ça bien au sérieux, peut-être qu'il savait pour l'histoire, que lui aussi fait des recherches sur Adilyn, comme Maisy et ses sources. Il se trouve même que les deux se connaissaient et, c'est ça qui la stressait le plus sur l'instant. « Vu l'heure … Ce ne doit être que des … »  Elle soupirait, ne terminant pas sa phrase, parce qu'elle essayait de se dire que c'était qu'une troupe d'adolescent alors que ça pouvait être bien plus, une personne proche tout comme une personne qui était liée de près ou de loin … Ou bien, si elle n'avait rien fait, pour de vrai, un meurtrier. L'histoire de la mauvaise blague était mal passé chez Xavier, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, sa simple réponse était un haussement d'épaule et son regard se perdait de nouveau vers la bouteille qu'il avait laissé plus loin. Avait-il bu, pour lui parler comme ça ?  « Ce sera plus dur d'essuyer plus tard ... »  Ses yeux étaient toujours rivés sur la bouteille, ne sachant pas s'il avait déjà bu auparavant parce qu'elle ne semblait pas ouverte. Elle se levait en tournant ses yeux vers lui. La peinture rouge se faufilaient entre les doigts de Xavier et l’impression de meurtre la fit presque toujours de l’œil. La fatigue, ou le fait qu’elle ne doit pas se lever dans ces moments, toujours est-il qu’elle s’approchait de lui avant de lui prendre doucement le bras. « Xavier. » Elle cherchait son regard avant de reprendre. « Ne vous mettez pas dans cet état pour ça. » S’il savait ce qu’il y avait derrière, le cœur de la blonde se compressait à l’idée qu’un jour il le sache. Après, elle pouvait comprendre s’il voulait protéger sa fille de ce genre de mot, de problème, c’était un père après tout.

Tu l'écouter ne pas finir sa phrase. Tu n'aimais pas ça, tu aurais aimé savoir où la conduisais le fil de sa pensée. Tu continuais de frotter ce stupide tag sans dire un mot. Sans daigner la regarder. L'écoutant à nouveau, tu ralentissais presque tes gestes pour mettre en priorité ton ouïe. Tu tournais le regard vers elle. « Alors je vais l'effacer maintenant. » Tu détournais à nouveau le regard. Tu t'acharnais avec force sur la surface. Tu voulais à tout prix que ça disparaisse. Tu aurais aimé pouvoir noyer ce moment parmi tant d'autres et ne plus jamais y revenir, mais il te hantait. Tu allais finir par perdre le chiffon en route et finir par frotter à l'aide de tes poings. Ce ne serait probablement pas efficace et elle semblait avoir compris que tu allais dérailler. Que tu étais à deux doigts de péter les plomb. Elle s'était approché de toi pour te demander de laisser ça comme ça. Comme si ce n'était pas important. Tu lâchais prise, laissant ton bras retomber contre toi. Tu laissais passer quelques secondes, peut-être même des minutes avant de reprendre dans un murmure. « Je.. Je ne peux pas. » Tu sentais les larmes te monter aux yeux. Tu avais peur, tu ne voulais pas que cette histoire remonte à la surface. Tu ne pourrais pas y survivre. Tu allais sombrer, couler, et peut-être te noyer pour de bon. C'était difficile à admettre mais ce soir, tu étais à deux doigts de te laisser glisser dans les abîmes. Tu avais franchi la limite dès le moment où tu avais acheté la bouteille. Tu n'osais pas la regarder, parce que tu savais que tu allais chialer. Et pas que ta dignité te dérangeait, c'était bien la dernière chose qui te passionnait, c'était surtout de lui montrer une faiblesse. Ta plus grande faiblesse, l'alcool.

Il s’entêtait au plus grand désespoir de la blonde qui se disait presque qu’il allait falloir changer de porte et que son problème s’échappait quand elle y pensait. Peut-être que c’était mieux de penser à changer une porte plutôt qu’à son histoire de meurtre. Pourtant, la réalité revenait au galop quand elle jetait un regard sur le mot, peut-être qu’elle était une meurtrière, elle. Puis qu’elle était aveugle pour se rendre compte de la vérité, que c’était elle qui avait injecté une sorte de poison dans une perfusion. Qui sait ? Les juges étaient divisés pour se dire qu’elle était innocente ou non, alors son esprit se brouillait vite. Son regard se dirigeait alors vers une bouteille et, elle se demandait si le comportement de Xavier ce soit n’était pas dû à l’alcool, peut-être qu’au fond, il n’en avait rien à faire qu’on se moque d’Adilyn de cette manière, que demain il aurait oublié qu’il avait été de passage devant cette maison à se balader avec une bouteille à la main pour finir par astiquer la porte, les murs, le sol de celle qui gardait son enfant. Soupirant, elle finissait par se lever en voyant Xavier se tuer à la tâche, ça la faisait mal qu’il était tout aussi chambouler pour elle. Parce qu’elle ne voyait pas d’autres raisons du mal de l’homme, il s’arrêtait et alors, elle souriait rien qu’un peu avant d’entendre sa phrase qui la retournait totalement. « Je … ne vois pas pourquoi vous vous sentez autant concerné. C’est ma maison qui ait été touché … Et … Ce n’est que de ma faute, si c’est là. » Adilyn avait peur de lui dire qu’elle avait fait de la prison, quelle réaction il aurait ? Et elle ne voulait pas le faire bousculer dans la case des gens dont elle avait peur, parce que tous ceux qui s’approchaient de près ou de loin à son histoire. « Je n’ai aucune idée de ce que je représente pour vous, mais ne vous inquiétez pas de trop pour moi. » Ou pour son enfant, il était entre de bonne main, elle aimait beaucoup trop Abygaël pour lui faire le moindre mal.

Tu l'écoutais une nouvelle fois. Entendant que c'était chez elle, donc c'était elle qui était la victime de cette mascarade. Tu secouais la tête, refusant presque de l'écouter. Tu ne voulais pas entendre ses mots, parce que tu ne pouvais pas l'imaginer comme ça. Tu t'empressais de le lui faire comprendre d'ailleurs. « Ce ne peut pas être contre vous. Vous n'êtes pas une meurtrière. » Tu avais levé ton regard vers elle pour la regarder. Pour la détailler. Tu avais dit ça de manière si naturelle que tu ne comprenais pas pourquoi tu la scrutais à ce moment même. Comme si tu essayais de déceler quelque chose dans son regard, comme si elle se retenait de te dire quelque chose. Quelque chose qui pourtant pourrait changer la donne, tu n'aurais plus à t’inquiéter de ton secret. De te demander sans cesse qu'elle serait sa réaction si elle l'apprenait. Tu avais peur, et avant même que tu ne puisses ajouter quoique ce soit, elle te demandait de ne pas t'inquiéter pour elle. A vrai dire, tu t'en faisais pour toi, parce qu'elle avait vu la bouteille, mais elle n'avait peut-être pas remarqué qu'elle n'était pas ouverte. Que tu ne faisais que la transporter avec toi. Hésitant à craquer. Pétant les plombs parce que tu étais au bord du gouffre, sur la pointe des pieds au bord de la falaise. C'était dangereux comme jeu et tu devais alléger le poids. « Ce message, il est forcément pour moi. » avais-tu dis en murmurant. Tu n'étais pas sûr que ce soit pour toi. Mais tu ne voyais pas pour quoi ça pouvait être d'autre. Tu ne connaissais pas le passé d'Adilyn, certes, mais elle n'avait rien d'une meurtrière, tu ne décelais aucune méchanceté chez elle. Elle était adorable, gentille, et soucieuse. Rien de tout ça ne collait pourtant. Puisque tu étais le seul avec elle, et Katherine, à savoir que tu étais le père d'Aby. Donc si on voulait t'atteindre elle ou toi, la personne devait connaître cette vérité là. Et dans ton esprit ça ne présageait rien de bon.

Elle n’en était pas une, sans doute aux yeux des gens. Mais si ça arrivait aux oreilles de Xavier qu’elle avait fait de la prison, il la maudirait en disant que son enfant est en mauvaise compagnie. Même si elle se défendrait en disant que c’est une erreur judiciaire, il ne voudrait plus la voir, du moins, c’est ce qu’elle pensait. Parce que personne ne veut traîner avec des anciens prisonniers. « Ce mot était quand même sur ma porte, il m’est adressé, donc. » C’était son seul moyen de défense pour ne pas lui dire qu’elle avait fait partie de ceux qu’on jugeait comme meurtrier, bon à tuer, pire, des monstres. Adilyn n’en était pas un, elle était bien trop gentille avec certaines personnes et parfois ça lui faisait mal. Elle était heureuse qu’il s’arrête de frotter même si son humeur ne s’améliorait pas et qu’il semblait aller de plus en plus mal à force que la conversation avançait, ce que la blonde ne comprenait pas. Il se faisait trop de soucis, il n’avait rien à voir dans cette histoire. Adilyn aurait bien essayé de le rassurer, comme elle faisait avant pour chaque personne proche, mais cette fois-ci, elle ne pouvait que rester muette, car l’impression de se dévoiler était trop forte. À chaque mot, elle pouvait dire une bêtise et, il faudrait mieux que si un jour elle lui annonce, ce soit dans des bonnes conditions et pas dans la nuit, alors qu’elle doute de sa sobriété. « Pourquoi il serait pour vous ? Arrêtez de vous faire des idées, vous ne vivez pas avec moi et personne n’est au courant pour votre fille. » Sauf si la petite aurait raconter à tout le monde qu’elle avait retrouvé son père biologique, mais elle en doutait fortement. L’infirmière jetait un œil derrière elle avant de reprendre en voyant l’état de Xavier. « Avez-vous bu ? » C’était sans doute maladroit comme question, mais personne s’acharnerait en ayant les larmes aux yeux de cette manière pour une simple inconnue. Ce n’était pas l’image du Xavier qu’elle avait rencontré à la plage, il semblait trop perturbé, plus étrange et ça lui faisait de la peine, son pincement au cœur se faisait plus fort quand son regard se posait sur lui.

Elle persistait à dire qu'elle était forcément la cible. C'était sa maison. C'était un argument indéniable, mais tu ne comprenais pas qui pourrait s'acharner à écrire ça partout, alors qu'elle n'était pas une meurtrière. Lui en était un. Il aurait du être en prison pour ça. Le jury avait été trop clément, s'il avait pu, il l'aurait influencé pour finir en prison, parce qu'il méritait d'y être, en quelques sortes. « Je ne vois pas pourquoi on vous accuserait. » Elle te questionnait, curieuse de savoir pourquoi tu disais ça, mais tu ne pouvais pas lui dire. Tu ne pouvais pas te résoudre à lui avouer la vérité. Parce que tu avais peur. Peur qu'elle te claque la porte au nez, qu'elle demande à ce que tu te fasses enfermé, qu'elle t'empêche d'être un père pour Aby. Que tu la déçoives, que tu les déçoives. Tant de raisons qui te poussaient à être silencieux, lorsque tu sentais à nouveau la guillotine tomber. Pétrifié. Horrifié. Tu aurais du le savoir, cette question t'attendait. Elle devait arriver. Elle devait te la poser. Pour mieux espérer comprendre ton comportement, ton raison. Pourtant ça faisait trois ans. Tu n'allais pas tout gâcher en route, si ? Tu baissais les yeux, comme si tu te sentais coupable. Pourtant, tu n'avais pas encore eu le temps de céder à la tentation. Tu l'avais juste acheté, tu ne l'avais pas ouverte. Dans l'fond, c'était une bonne chose dans cette chute sans fond. « Non.. Je.. Non. » avais-tu dis doucement. Faiblement même, comme si tu ne voulais pas qu'elle entende la réponse. Qui pourtant était en ta faveur, puisqu'elle était négative. Mais tu te sentais toujours en faute. Peut-être, qu'après tout, elle ne savait rien de toi. De ton passé. Tu n'avais jamais été arrêté pour alcoolisme ou état d'ivresse. Donc il n'y avait aucune trace écrite de ça, elle ne pouvait pas le savoir. C'était tout bonnement impossible. « Je suis sobre depuis trois ans. C'est la première bouteille que j'ai acheté en trois ans. Et je n'ai pas trouvé le courage de l'ouvrir. » avouais-tu de manière audible cette fois-ci. Tu avais repris ton frottement, ça te détendait de gratter la peinture. De te concentrer sur autre chose que cette crise, ton envie de boire, ton crime.

Il ne voyait pas et, là était le problème, parce qu'elle préférait tout garder secret que annoncer haut et fort qu'elle avait été une victime de la justice. Et, parce qu'elle se perdait dedans alors qu'il était juste simple de ne pas garder cela secret, parce que ce n'est pas le sujet de conversation qui ressort souvent. La prison n'était rien pour elle, juste une mauvaise passe qui semblait lui ronger la vie jusqu'à ce qu'elle se prive de tout pour protéger les autres, alors voir la vie de la petite en danger à cause d'elle, ça la bouffait de l'intérieur. La trentenaire préférait ne rien dire, baissant la tête quelques secondes pour se canaliser et ne pas craquer devant lui, une fois de plus, mais elle ne put se retenir bien longtemps, parce qu'il y avait trop de sous-entendus dans les phrases de l'homme et, peut-être même qu'il s'en rendait pas compte, mais ça ébranlait son esprit. « Je ne vois pas pourquoi ce serait vous, Xavier, vous n'avez rien d'un meurtrier parce que le peu que je sais sur vous, je l'apprécie déjà. »  Il avait trop de qualité pour être qualifié comme d'un monstre. « Eux ne sont pas charmants, responsables et … comme vous, simplement. Je ne saurais l'expliquer, vous ne dégagez rien de négatif. »  Et, il pourrait largement Pour chercher une réponse au comportement de Xavier, elle accusait l'alcool parce qu'il n'y avait aucune explication logique qui viendrait dans son esprit, parce qu'il ne pouvait pas être un meurtrier, il ne peut pouvait pas avoir tué quelqu'un et ensuite venir demander la garde de la petite, parce que c'était son père biologique. Il ne parlait pas fort, mais le silence de la nuit n’empêchait rien et Adilyn pouvait entendre chaque mot et ceux-ci sonnaient comme s’il n’était pas sûr de lui. Elle voulait juste savoir si oui ou non, il avait bu, pas besoin d’explication parce qu’elle arriverait vite à des conclusions. Elle l’écoutait de nouveau parlé, peut-être que c’était des explications sorties de nulle part pour lui prouver qu’il n’avait pas bu, pour l’instant, elle avait envie de le croire bien qu’elle mettait ses hypothèses dans un coin de sa tête. « Enfin … Pourquoi boire ce soir ? » Là n’était pas vraiment la question, le but, parce qu’elle voulait penser qu’il n’avait aucun rapport entre lui et ces tags. Adilyn ne pouvait rien lui dire sur l’alcool, parce que quand elle s’y mettait, ce n’était pas que pour boire un verre. « Et, personne ne vous force à l’ouvrir, rester celui que vous êtes depuis trois ans. »

Elle continuait de dire que ça ne pouvait pas être toi. Ce qui te confortait sur le fait qu'elle ne connaissait rien de ton passé. Mais ce qui t'effrayait encore plus parce qu'elle finirait bien par le découvrir. Elle était sincère dans ses propos, pourtant, toi il y avait autre chose qui te venait en tête. Et ça te rendait un peu fou « C'est uniquement parce que vous ne me connaissez pas. Vous ne voyez que les bons côtés, mais rappelez vous que pour vous, j'ai été un jour, un manipulateur qui a fait exprès de vous tomber dessus pour vous prendre Aby, qui vous a fait du charme pour mieux faire passer la pilule. » avais-tu déclaré d'un ton las. Ce n'était pas un reproche, mais une simple vérité. Tu ne savais pas si ce regard était encore valable aujourd'hui, mais tu ne l'oublierais pas de sitôt toi. Tu ne voulais pas être méchant, mais tu ne pouvais pas la laisser dire que tu étais quelqu'un de bien, quand de toute évidence, ce n'était pas la cas. La preuve était, avec ton alcoolisme. Tu avais un problème, tu le savais, ça faisait trois ans que tu luttais, mais ce soir, tu avais était à deux doigts de te laisser tenter. Ça ne faisait pas de toi un homme bien, ça. « Parce que tout ça, ça me fait peur. Et que j'ai tendance à boire quand j'ai peur. » confiais-tu en baissant la tête. Et voilà, c'était dit. Tu avais peur d'être un père. Tu aimais ça, tu passais de bons moments avec la petite depuis qu'elle était entrée dans ta vie. Mais pour le moment, elle vivait encore avec Adilyn, tu n'avais pas vraiment à te soucier d'elle. Tu la voyais une fois de temps en temps pour apprendre à vous connaître et puis voilà. Tu avais peur que quand elle vive chez toi, les choses soient différents, parce qu'elles le seraient. Tu serais son père, son vrai père, tu devrais poser des règles et des limites, et agir en tant que son père. Et tu ne savais pas si tu en serais capable. Tout ça, c'était effrayant, au point de te faire sombrer à nouveau. Tu étirais un sourire mauvais sur tes lèvres en l'entendant te dire que personne ne te forçait à l'ouvrir, pourtant, il y avait bien quelqu'un. Toi. « Ce n'est pas facile, vous savez. J'ai l'impression d'être au bord d'un gouffre depuis des jours. Comme si tout le monde s'attendait à ce que je tombe, et quand je pense à Aby, ou même à vous, je ne veux pas tomber.. » Tu lui confiais tes plus grandes peurs, tes plus gros doutes. Tu ne voulais pas la décevoir, elle plaçait des espoirs en toi, en pensant que tu serais un père génial pour Aby. Tu ne voulais pas non plus faire de la peine à Aby. Mais parfois, tu ressentais que c'était trop de pression, et la pression te faisait peur. C'était un cercle un peu vicieux, tu le savais bien, mais tu n'avais pas encore craqué, pas vraiment.

C'est vrai qu'elle le considérait comme un manipulateur, mais c'est dans nature des gens de manipuler, peut-être que ça passait moins avant, mais le voir dans cet état, elle ne pouvait pas faire semblant qu'elle s'en fichait. « Et je devrais rester sur mon idée longtemps pour vous faire plaisir ? Je m'inquiète pour vous. »  Peut-être bien qu'elle devrait s'inquiéter pour elle, parce qu'il sous-entendait qu'il avait tué quelqu'un, ou alors c'est sa logique qui lui jouait des tours. Elle ne voulait pas savoir ça de Xavier, elle ne voulait pas croire qu'elle côtoyait un meurtrier. Elle en a déjà vu plusieurs, parce que la prison lui avait fait tisser des liens positif ou négatif parmi plusieurs, mais Xavier valait plus que ça. « Puis, vous ne me connaissez pas non plus, mais regardez-vous, vous êtes là à vouloir effacer des mots qui ne veulent rien dire. »  Au final, qui était le plus inquiet des deux ? Qui avait le plus de choses à se reprocher ? La femme qui avait possiblement tué quelqu'un mais que les Juges et elle-même pensaient innocente, ou alors l'homme qui se faisait un sang d'encre pour rien ? Mais lui, en remettait une couche et, la tristesse d'Adilyn semblait s'envoler pour laisser une place à l'énervement et l'incompréhension. « Tout ça quoi ? Pourquoi vous vous sentez si lié à ce mot ? »  La blonde se posait un tas de questions sur lui et, si elle devait changer ce qu'elle pensait de lui, de nouveau, elle qui recommençait à voir du positif chez lui, c'était une erreur. Elle ne faisait que ça ; des erreurs. « Vous me perdez, je ne comprends plus rien. »  Sa main passait dans ses cheveux puis elle soupirait en se tournant vers la bouteille. Elle voulait penser que c'était de la faute de l'alcool qu'il disait des bêtises, qu'il disait n'importe quoi, qu'il changeait de conversation pour qu'elle oublie autre chose et qu'elle arrête de se faire des idées. Adilyn posait ensuite ses yeux sur Xavier qui confiait ce qu’il ressentait. « Être au bord du gouffre ? À cause de qui ? Ce n’est pas en buvant que vous irez mieux, je ne veux pas vous voir trébucher, d’accord ? » Pourquoi ne pouvait-il pas rester ce qu’il était aux yeux d’Adilyn ?

Tu la regardais sans comprendre. Pourquoi s'inquiétait-elle pour toi ? Tu allais bien. En apparence, tout allait bien. Avec Aby, ça se passait bien. Tu ne pensais pas qu'Aby ait pu lui dire quelque chose de négatif sur toi, alors pourquoi ? Tu ne tardais pas à lui poser la question, ne te doutant pas que tu n'aurais jamais la réponse. « Vous vous inquiétez pour moi ? Pourquoi ? » Tout n'était qu'incompréhension, autant pour elle que pour toi. Comme si vous parliez deux langues différentes. Pour une conversation à deux, c'était plutôt compliqué si les deux ne se parlaient pas. Pourtant les choses commençaient à changer, elle se posait beaucoup trop de questions et te les posait par la même occasion. Tu ne te sentais plus à ta place d'un coup. Surtout lorsque la question tomba. Pourquoi te sentais-tu si attaché à ce mot ? Que caches-tu, Xavier ? Dis-lui et tu seras soulagé d'un poids. Dis-lui et tu perdras ta fille. Dis-lui et elle te regarderas comme un monstre. C'est vraiment ce que tu veux, Xavier ? Non, tu ne le voulais pas. Tu baissais à nouveau le regard sur tes mains, elles étaient pas si mal que ça en fait de compte. « Parce que.. » Tu sentais ta gorge se serrer. Les larmes te montaient aux yeux. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que tu t'emportes pour une stupide plaisanterie ? Ce n'était rien de plus qu'une immense farce. Elle allait te coûter la peau pourtant. Tu sentais son regard sur toi et tu étais incapable de lever les yeux. Tu restais focalisé sur les traces rouges du mot à moitié effacé et la bouche ouverte, incapable de prononcer la moindre chose. Tu fermais les yeux, laissant une larme s'échapper. Tu devais t'échapper toi aussi. Maintenant. « Je dois partir. » Dans un geste vif, tu te levais, sans plus attendre. Trop de pression autour de toi. Tu sentais que tu allais craquer. Tu ne pouvais pas lui dire. Tout simplement pas. Les choses seraient trop différentes après ça. Tu ne voulais pas qu'elles le soient et pourtant, tu sentais bien que c'était trop tard. Elle n'oublierait probablement pas cette conversation, elle pourrait fouiller dans ton passé et même si ses recherches devraient être infructueuses, tu avais peur. Alors tu prenais la fuite. La laissant derrière toi, elle et ta bouteille. Tu n'avais pas besoin de boire. Tu ne devais pas boire. Tu t'enfuyais à toute vitesse, filant dans la nuit. Sans penser que tu devrais bientôt la revoir, pour Aby.