without you, i'm nothing -r.

Tu marchais dans la nuit sombre. Tu ne dormais pas, l'insomnie te guettait à chaque seconde depuis deux jours. Tu étais épuisé, la vie ici t'avait apporté son lot quotidien de joies, et de problèmes. Et il y en avait un que tu ne saurais résoudre. Un de ceux que tu ne pourrais pas résoudre, jamais. Alors tu avançais dans la nuit essayant de trouver une solution, essayant de comprendre ce que tu pouvais essayer de faire pour changer la donne. Sans réaliser où tu allais, tu finissais par tomber sur le parc de jeux. Tout de suite, tu avais une pensée pour ton fils. Ce brave homme que tu ne verrais probablement jamais, ou alors à 18 ans, quand il viendrait te cracher son venin à la figure pour avoir été un père médiocre. Tu n'étais pas prêt à le rencontrer, tu avais longuement réfléchi et tu n'avais pas envie de le voir, tu ne voulais pas chambouler sa vie et encore moins la tienne. Elle était assez chaotique comme ça pour le moment. Tu te dirigeais vers un banc, remarquant rapidement que tu n'étais pas le seul à être venu ce soir. « Bonsoir Lou ! » Tu lui déposait un baiser sur la joue. Tu ne l'avais pas revu depuis l'autre soir. Il y a deux nuits de ça; lorsqu'elle s'est disputée avec Nevaeh. Lorsque les choses ont dégénérées. Il y avait tant de choses que tu devais lui dire aussi. Et pourtant ce soir, tu regardais le parc de jeu, d'un air triste. Une seule pensée te venait à l'esprit, celle d'un petit garçon brun aux yeux bleus. Les yeux bleus intenses, comme ça maman. Et une petite bouille à croquer. « Tu crois qu'il aurait été heureux, ici ? Avec nous ? » Tu brisais le silence qu'il y avait entre vous. Comme s'il y avait une immense barrière et ce soir, tu avais décidé de la franchir. Il y avait trop de non-dit depuis la dernière fois et ces mots oubliés, ces paroles cachées allaient mettre en péril votre amitié. Tu ne voulais plus de ça. Tu voulais avoir ton amie près de toi, ce soir plus que jamais. Ce soir, c'était le soir, il y a 7 ans, où Alioth avait été conçu. On pouvait considéré que c'était son anniversaire presque. Ou le vôtre, tu ne savais pas trop.

• 20 juin 2016. C'était la Pleine lune et pas que. Au Québec, il nommait cette soirée si spéciale la lune des Fraises.  Autre particularité, pour la première fois depuis 1948 cette journée tombait le même jour que le solstice d'été.  L'astronome en Lou était incapable de dormir beaucoup trop intéressée par l’événement qui n'avait pas eu lieu depuis 68 ans. La lune rose devait être splendide en Australie. Son regard levé vers le ciel, Lou accueillait la noirceur comme une vieille amie. Un bisou avait été posé sur sa joue. Il n'y avait qu'un homme qui pouvait bien la retrouver dans la nuit alors qu'il ne la cherchait pas. Jupiter. Leurs âmes s'appelaient alors qu'ils avaient besoin de l'autre. Une télépathie normalement réservé aux jumeaux. «  Ma planète préféré! » s'exclamait-elle doucement. La pianiste était rapidement retombé dans ses pensées alors que son ami s'installait à ses côtés. CJ brisait le silence pour parler d'un tout autre étoile. Alioth. Il posait à l'aveugle la question qu'elle s'était elle-même posée des milliard de fois. «  Je me plais à croire que oui. » Pourquoi s'infligerait-elle le contraire? « Nous étions jeunes. On aurait sûrement pataugé dans un monde inconnu, mais on s'en aurait sortie. » Ils s'en sortait toujours. «  Es ce qu'on aurait été heureux? Une autre question. De toute façon, je ne voulais pas que tu reste avec moi seulement parce que je portais ton enfant. Le faire adopter était la meilleure décision. Tu aimes les femmes, ça n'a jamais été un secret pour moi. » Lou continuait de fixer le ciel absent à ses yeux. « De plus, je me suis dit que si tu venais me chercher, nous serions capable d'en avoir d'autre enfant, alors que pour cette famille... Alioth était leur dernière tentative après plusieurs fausse-couche. On leur à fait le plus beau cadeau qui existe sur la terre. » La brune retrouvait son silence encore émotive à la pensée de leur bébé.

Tu aimais bien le penser aussi. Il aurait été heureux. Il aurait connu la plage, la mer, la maison de ton enfance, vous auriez été au zoo tous les dimanches. Tu venais même à te dire que si tu étais resté ou si elle était partie avec toi, elle n'aurait jamais été aveugle. Tu l'avais abandonné à son sort quand tu es parti et tu pouvais te considérer comme en partie responsable de son malheur aujourd'hui. Tu fixais la lune rose, elle était douce. Agréable, envoûtante. Tu pourrais l'admirer toute la nuit. Tu l'écoutais te dire qu'elle ne savait pas si vous auriez été heureux, parce qu'elle ne voulait pas t'emprisonner avec un enfant. C'était là qu'elle se trompait. « Je ne suis pas un homme à femmes. Peut-être que c'est le sentiment ou l'image que je donne. Mais j'ai juste beaucoup de mal à exprimer mes émotions. Les émotions, ça rend triste, ça rend faible et j'aime pas ça. » Tu en savais quelque chose pour en vivre plein en ce moment avec Nevaeh. Lui parler l'autre jour lors du pique-nique, ça avait ravivé les choses. De même pour Lou. Tu l'as toujours aimé, d'une manière différente, mais le soir où tu t'es perdu dans ses bras, tu l'aimais. Tu ne l'avais juste pas réalisé. Et elle était dans une autre relation. Tu devais tourner une page, peut-être la plus difficile de toute ta vie. « Mais je t'ai aimé Lou, on aurait pu avoir cette belle famille. Si je l'avais réalisé bien avant. Maintenant, c'est du passé. Et tu leur as fait le plus beau des cadeaux, c'est grâce à toi, tout ça ! » Tu sentais les larmes te monter aux yeux. Trop d'émotions encore. Tu n'aimais pas ça. Tu avais l'impression d'être un autre. D'être le petit garçon timide que tu étais il a encore dix ans de cela. Celui qui a mis 6 ans pour embrassé Sara, celui qui a disparu pendant sept pour revenir et demander la main à une femme qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. « Je crois que je suis perdu, Lou. » Elle était ta plus vieille amie, peut-être la seule dans cette ville à te soutenir malgré toutes tes erreurs, et pourtant, tu avais peur de lui parler ce soir.

• « Je ne dis pas ça méchamment CJ. Je veux dire, toute ces femmes tu les as aimé à ta façon, mais pour l'instant aucune d'elle était assez convaincante pour t'empêcher de partir. Aucune d'elle ne t'a donné envie de rester. Même pas moi. J'ose croire qu'un jour tu trouveras celle qui te donneras envie de rester. Elle te donnera envie de vivre tes émotions à cent à l'heure et non caché derrière ce sourire dragueur. Un jour, tu te mettras à genou devant une personne faible et le cœur sans défense. Et tu aimeras ça. » Lou pesait chacun de ses mots. Le bonheur passait par tout ses sentiments désagréables, elle le savait. La brune était passée par une panoplie grâce à Jupiter, mais jamais elle ne s'en était  plaint. Bien que ses sentiments ne lui retournaient pas comme elle le souhaitait chacune des sensations avec l'homme trottait comme un merveilleux souvenir. Les cœurs dans le bas de ses cahiers, les vagues de jalousie, les câlins devant des films mièvres à mourir, c'étaient des moments que Lou n'échangerait pour rien au monde même si son cœur avait été volé par Lennox. Que le veuille ou non, sa première amour gardait une place spéciale dans le cœur de la brunette. Le mot de Jupiter ne pouvait que grossir son cœur de peine. « Tu ne m'aimais pas assez pour rester avec moi. » Réfutait-elle avec la douceur d'un souvenir. « Si je te disais là, maintenant que je t'aime encore. Es ce qu'on fuirait la ville en catimini main dans la main? Il y a 7 ans j'en rêvais, mais j'y ai jamais eu le droit. » Un nouveau soupire qui lui en demandait beaucoup. « Si tu es aussi perdu, c'est que tu dois aimer une femme de la même intensité que moi j'ai pu t'aimer. Ne reste pas planté là à attendre le messie. Ne fait pas la même erreur que j'ai fait. Elle ne se réveillera pas un jour en comprenant tout miraculeusement . Bats-toi pour avoir son attention. Elle n'attend que ça de toute façon. » Lou n'était pas stupide. Elle se doutait bien que tout se bordel cachait Neveah derrière sinon CJ lui aurait déjà vanté tout les mérites de cette femme. L'aveugle l'aurait probablement même rencontrer «  Nev' t'aime aussi sauf qu'elle est incapable de se l'avouer car elle a peur. » La québécoise soupirait en secouant la tête. «  Sais-tu pourquoi je ne peux pas la sentir? » Ce n'était pas un secret pour personne qu'il y avait cette guerre entre les deux femmes.Il y avait de multiple raison à ça, mais une primait sur le reste. «  Parce qu'à l'entendre, je me revois plusieurs années en arrière. Follement amoureuse déstabilisée par une crinière en bataille et deux perles grises prêtes à tout pour te protéger. » Terminait de monologuer Lou.

« Oh, ma Lou.. » Tu te sentais coupable. Si tu avais su ces choses là, si tu avais compris plus tôt ce qu'elle attendait de toi, ce que tu attendais d'elle, les choses auraient été différentes. Tu n'aurais peut-être pas remis les pieds dans cette ville. Ou pas comme ça. Tu avais agi sur un coup de tête il y a des années de ça et tu ne pouvais pas changer le passé. Tu pouvais seulement essayer de contrôler ton futur. « Je.. Je ne crois pas.. » avouais-tu en baissant le regard. Déjà parce que tu t'étais résigné en entendant parlé de Lennox l'autre fois et parce que tu avais fait ce que tu pouvais pour lui ouvrir les yeux. Tu ne voulais pas te mettre en travers de son bonheur, surtout que tu ne serais pas capable de lui apporter tout ce que l'autre homme pouvait faire. Il l'aimait de tout son coeur et toi tu vacillait encore sur une corde, à te demander si tu aimais Nev comme tu l'avais dit l'autre soir, ou si tu t'étais laissé emporté dans le feu de l'action. « J'en ai marre de fuir. » Et pourtant, tu continuais encore de le faire, tu fuyais Nev, tu fuyais ton cœur. Tu fuyais tout ce qui s'approchait de près ou de loin à de l'amour. Comme si tu en étais allergique. Ça n'allait pas te tuer et pourtant, tu le fuyais comme la peste. « Peut-être mais elle ne t'aime pas toi. Et je ne peux pas vivre avec ça, je ne veux pas me retrouver à choisir. Et j'ai peur que ça arrive Lou. Je.. Je ne pourrais pas. » Tu ne voulais pas trancher. Jamais. C'était peut-être égoïste de ta part de vouloir les deux femmes mais tu les aimais. Peut-être pas de la même manière, mais elles faisaient partie intégrante de ta vie, que ça leur plaise ou non. Il y aurait toujours Lou et Nevaeh avec toi, dans ton cœur. « Tu crois ? » demandai-tu, curieux de connaître son avis. Elle se retrouvait en elle, mais c'était bête de ne pas l'aimer pour ça, si ? Tu ne comprenais pas les femmes et les sentiments de jalousie qui pouvaient les tirailler. Peut-être parce que tu ne sentais pas tellement jaloux. Sauf peut-être pour Alfie. « Moi je crois plutôt qu'elle a peur de moi, qu'elle me croit incapable de faire un effort, de l'aimer comme elle pourrait le faire. » ajoutais-tu doucement. Tu avais eu ce sentiment depuis l'autre soir. Peut-être même depuis le début. Si elle ne croyait pas en toi, comment toi, tu le pouvais, au fond ? Ce n'était juste pas possible. « Au fond, elle a peut-être raison, peut-être que je suis incapable de l'aimer, de changer. » Les choses ne se faisaient pas toujours en un jour, mais tu étais quand même retombé dans tes travers et pas qu'une fois. CJ, l'homme indomptable qui préférait encore une fois fuir ses sentiments parce que c'était trop compliqué.

• Leurs ententes allaient jusqu'à là. Lorsqu'un d'eux se laissaient porter par les émotions, l'autre était présent pour être un pilier. Si la dernier fois cela avait été Jupiter, cette fois-ci Lou prenait le rôle. L'homme n'avait pas seulement besoin d'une oreille sage, mais d'être secoué comme un arbre fruitier. Il se blessait avec son propre comportement depuis de nombreuse années et c'était ce soir là le moment des claques. Combien de relation avait-il jeté par peur? Beaucoup trop. CJ avait besoin de récupérer ses couilles et en faire quelque chose.  «  Si tu es tanné de fuir, relève la tête et fait quelque chose!  Tu n'obtiendras rien de bon la queue entre les jambes. » Puis suite à ces joyeux encouragement, le sujet était arrivé sur la fameuse Nevaeh. « Je t'aime assez pour ne jamais te demander de choisir. En fait, j'aurais bien trop peur de te voir disparaître dans la nature sans aucune de nous deux. Ne  t'occupe pas de nous. On va vivre notre passion derrière ton dos comme de grandes filles. Ne t'empêche pas de vivre une belle histoire à cause d'une connerie du genre. » Jamais, au plus grand jamais, Lou pourrait demander à CJ de faire un choix entre deux personnes qu'il aimait. Elle même serait incapable de choisir entre Lennox et lui donc la brune n'allait sûrement pas lui affliger cette souffrance. « L’instinct d'une femme ne se trompe jamais sur ça Jupiter. » Souriait-elle doucement en sentant son ami un peu confus. Il y avait tellement flous dans cette histoire que la pianiste se demandait comme l'homme avait pu laisser tout ça dégénérer de la sorte. Lou sentait son ami s'ouvrir un peu pour étaler ses soucis. « Prouve-lui qu'elle a tort. Ne vaut-elle pas la peine que tu te batte pour elle? Tu as tout les charmes du monde. Tu es gentil, beau, drôle, emphatique, Ne change pas, mais force-toi. Les armes pour ton combat sont déjà en ta possession. » Lou soupirait longuement. Elle n'était pas des plus douer pour convaincre. « Pour l'instant, Neveah est mon ennemi et tu sais bien que mes ennemis n'ont jamais raison. » Plaisantait la jeune femme faiblement en espérant tirer un petit sourire à Jupiter.

« Toi peut-être pas, mais si elle le fait ? Si elle me demande de choisir ? Je lui ai dit que je ne pouvais pas mais si elle me mettait au pied du mur malgré tout ça ? » demandais-tu terrifié. Tu avais prévenu Neveah à la fête l'autre soir, mais rien ne l'empêchait quand même de le faire. Il y avait des choses sur lesquelles tu n'avais aucun contrôle, comme la jalousie, la peur ou encore l'amour. Les sentiments sont si imprévisibles qu'ils nous poussent parfois à faire des choses incompréhensibles. Des choses qu'on ne ferait pas en temps normal mais qu'on fait quand même parce qu'on est poussé par une force qui nous dépasse. Tu l'écoutais te dire de prendre tes couilles dans tes mains et d'agir comme un homme. De faire ce qui devait être fait. Après tout, tu avais déjà fait quelque chose en la demandant un mariage. Tu avais juste besoin de faire ce qu'il fallait pour qu'elle puisse te dire oui, dans un avenir proche. Un oui sincère qui la poussera à ne pas douter de toi, à aucun moment. « Tu as raison. Je dois me battre pour elle. Elle en vaut vraiment la peine tu sais. Elle n'est pas qu'une folle qui t'agresse à la plage. » Non ça non. Elle était tellement plus. Elle était celle qui t'avait ouvert le coeur. La seule à avoir trouvé un passage pour se frayer un chemin jusqu'à ton petit coeur. La seule qui t'avait ouvert les yeux sur ce que tu ressentais. Tu esquissais un sourire en entendant la plaisanterie de Lou. Elle avait toujours le bon mot, au bon moment. « Comment le pourraient-ils ? Tu es la meilleure Lou, et j'espère sincèrement que ces sentiments envers toi changeront. » Tu étais prêt à faire ce qu'il fallait pour changer le regarde de Nev sur ton amie. Il était capital pour toi qu'elle arrête de la détester, peut-être pas au point de l'apprécier, mais qu'elle soit au moins neutre. Tu ne voulais pas de haine, il n'y avait pas assez de place dans ta vie pour ces sentiments là. « Merci Lou, merci pour tout. Pour être toi, pour être là, pour être ma lanterne lorsque la nuit est trop sombre. Je ne sais pas ce que je pourrais faire sans toi. Tu es mon phare, ma lumière, tu as toujours su me guider vers le bon chemin. Je regrette sincèrement de t'avoir tourné le dos il y a sept ans, surtout après cette nuit, notre nuit.. » soufflais-tu doucement. Marquant un petit temps, pour reprendre ton souffle. « Tu méritais mieux que ça. Et le fait que tu sois toujours là pour moi, me montre à quel point tu es formidable, à quel point tu es clémente. » Tu attrapais sa main, et tu posais ta tête sur son épaule. Son contact était vraiment rassurant. Tu te sentais en sécurité. Pour la première fois, depuis longtemps, tu étais paisible. « Je suis vraiment un homme chanceux de t'avoir dans ma vie. »

• Si Neveah lui demandait de choisir. Un idée qui laissait un odeur de danger sur leurs relations à tout les trois. L'image du cœur de son ami lui venait en tête. Explosé, déchiré, détruit. « Elle n'est pas assez stupide pour ça. T'imposer une telle chose, c'est prendre la chance que tu me choisis et du coup de te perdre. De plus, nous connaissons tout les deux les chances de te voir disparaître le temps de tout remettre en place dans ta tête. » Lou parlait doucement. Il n'y avait aucun reproche qui teintait sa voix. « Te faire ça, c'est prendre un trop grand risque autant pour elle que pour moi. » De plus, la brune doutait bien que malgré tous les différents qu'elle partageait avec l'amie de Jupiter, cette vision n'en faisait pas partie. Son instinct de femme lui criait les réponses en écho aux femmes qui étaient passées dans la vie de l'homme. « Mais tout de même. Fait moi une promesse. » Annonçait la jeune femme après un moment de réflexion. « Si tu dois faire un choix... » La brune dû prendre un grand respire. « Choisit-là, elle. » Un nœud se formait dans sa gorge à ses paroles. «  Nous avons passés sept années à apprendre comment vivre sans l'autre et malgré toutes les larmes du monde...On a réussi. » Un vérité qui lui brûlait la poitrine. «  Mais on ne peut pas vivre sans la deuxième moitié de notre cœur. » Soufflait l'aveugle. Les mots sonnaient comme une vérité malgré le côté affreusement niais. Il allait se battre. Jupiter méritait de trouver son astre. Si la planète en possédait deux, il était peut-être temps pour l'une d'elle de faire une plus grande place à l'une d'elle. Celle-ci serait Nevaeh. L'aveugle serait l'astéroïde de passage qui menaçait faiblement l'orbite. Un doux rappel, simplement. Les paroles de CJ touchaient Lou en plein cœur. «  Tu ne m'as pas tourné le dos. Tu nous as empêché de faire une plus gros bêtise qu'un enfant. En partant, tu m'as permis de rencontrer Lennox. Tu t'es sauvé d'une explosion qui t'aurais probablement enlever la vie. Tu nous as permis de vieillir pour reprendre notre amitié sur une base saine. Tu t'es permis d'être heureux. » Chuchotait-elle. « Je suis beaucoup plus fantastique dans tes yeux. Je suis juste Lou. Celle est toujours là pour te mettre au pied du mur, sans que tu sois capable de fuir. Un peu casse-couille, mais terriblement attachante. » Un sourire s'étirait sur ses lèvres en repassant en boucle les souvenirs qu'elle partageait avec l'homme.

Lou semblait sûre d'elle. Tu ne savais pas comment elle pouvait réaliser une telle performance, parce qu'elle ne connaissait pas Nevaeh. Pourtant elle t'affirmait que jamais ça n'arriverait. Tu étais aussi confiant qu'elle, reprenant espoir. De toute façon, elle n'avait pas tort, si tu sentais trop la pression, tu prenais tes jambes à ton cou pour te carapater presque aussi vite que t'étais arrivé. Si elle était consciente de ce risque, tu pouvais être certains que la question ne tomberait pas. Pourtant, la réponse de Lou te laissais sans voix. Elle te poussait à choisir. Elle était prête à se sacrifier pour que tu puisses vivre l'amour. Si ça ce n'était pas un acte désintéressé, alors tu ne savais pas ce que c'était. « Je ne pourrais jamais faire un choix. Jamais. Elle me prend avec toi, ou elle ne me prend pas. » affirmais-tu un fin sourire sur le visage. Si elle t'aimait, elle apprendrait à supporter Lou, tu ne lui demandais pas non plus de l'aimer comme toi tu le faisais, mais au moins, qu'elle ne la haïsse pas. Elle n'allait pas non plus la croiser tous les jours, juste quelques fois. « Tu as sûrement raison, c'est bien pour ça que tu es incroyable ! » La vision qu'elle avait des choses te pinçait le coeur, parce que tu n'imaginais pas une seule seconde que tu avais fait une erreur en couchant avec elle. Pour toi, ta seule erreur avait été de la laissé derrière toi, de t'en aller comme si elle ne comptait pas plus que les autres et qu'elle ne méritait pas de savoir tes plans. Ça, c'était ton erreur. Mais aujourd'hui, vous aviez tous les deux une vie plus saine, une relation moins ambigüe. « Tu veux qu'on aille manger une glace et après je te raccompagne chez toi ? » Tu levais une dernière fois le nez vers le ciel, pour admirer les étoiles, cherchant celle qui brillait le plus pour la nommer. Elle serait ton point de repère ici, tout comme Lou.

• Si Lou pouvait être aussi certaine dans son discours c'était parce qu'elle comprenait Nevaeh. Elle-même avait déjà été follement amoureuse de CJ. Elle avait seulement fermée les yeux pour voir ses cheveux en broussaille, ses yeux profonds et son sourire mystérieux qui était une arme de combat parfaite. De plus, la brune avait eu une démonstration féroce de l'attirance de la jeune femme envers l'homme. Sa joue allait surement s'en rappeler un petit moment encore même si Lou ne regrettait pas un seul mot. Nev avait eu besoin d'être secoué comme un cocotier et rien de mieux que la méthode forte pour arriver à ses fins. "Ce sont de beaux mots, mais ne fou pas tout en l'air mes efforts." menaçait elle faussement son ami avec le ton d'un enfant capricieux. Elle ne s'était pas coltinée les sentiments de cette peste enfin que Jupiter puisse prendre la poudre d'escampette. "Je sais. Des fois, je me réveille la nuit pour m'applaudir" dit elle taquine en rejetant sa crinière brune derrière son épaule dans un mouvement théâtrale. Ils retrouvaient enfin leurs complicités d'enfant après toutes ses conversations trop sérieuses. Avec sa planète ressource, Lou avait le sentiment de retrouver la capacité de rire. Non pas qu'elle n'avait pas été franche les dernières années, mais elle avait ce rire qu'elle réservait à Jupiter, un rire libérateur, un rire d'enfant. "Tu joues avec mes sentiments tricheur! La crème glacée c'est mon pêcher mignon et tu le sais." Lou bondit pratiquement de son banc déjà prête à partir à la recherche d'une crèmerie encore ouverte malgré l'heure avancée. " Crois-tu que j'aurais le droit à un cornet gaufré?" demandait elle en papillonnant des yeux alors qu'elle ne captait aucun mouvement du côté de l'homme. Était-il tombé dans la lune? Ce n'était pas le temps de jouer les observateurs de la nuit lorsqu'ils pouvaient manger! .

Comme promesse, tu déposais un baiser sur son front. Tu n'allais pas tout faire capoter, pas maintenant. Tu te donnais trop dedans pour tout faire foirer. Toi-même tu prendrais la poudre d'escampette pour ne pas subir le courroux de Lou si jamais ça merdait, si jamais tu merdais. Tu savais bien que tout ça lui coûtait autant qu'à toi. Elle t'aimait trop pour te laisser partir et pourtant elle était prête à se sacrifier, prête à enterrer votre amitié si tu pouvais trouver l'amour. Tu n'étais pas sûr de pouvoir t'écraser autant pour Lennox et elle. « Je crois que ce qui m'a le plus manqué chez toi, c'est ton sens de l'humour et ta modestie ! » ajoutais-tu en rigolant, elle était un vrai bout en train, c'était ce qui faisait la force de Lou. D'autant plus que maintenant elle avait perdu la vue, mais pas la vie. Elle s'accrochait, luttait et t'émerveillait encore plus qu'à l'époque. Tu étais heureux de l'avoir à nouveau dans ta vie, de pouvoir être là pour elle. « C'est ben pour ça que j'te propose. » Tu la connaissais oui, c'était un fait. Tu savais ses faiblesses, ses goûts, ses envies plus que personne. Peut-être qu'avec les années certaines choses avaient changés, comme Lennox la connaissait presque aussi bien que toi, mais tu étais sûr d'une chose. Tant que tu serais dans cette ville, tu ferais ce qu'il faut pour être un bon ami, pour être présent et disponible lorsqu'elle en aurait besoin. Tu voulais te rattraper, tu y tenais vraiment. « Tout ce que tu désires. » Et tu le pensais, tu étais prêt à faire le tour de la ville pour lui trouver la moindre chose qui pourrait faire son bonheur, la moindre chose qui pourrait faire éclore un sourire sur son visage. Tu ne voulais pas de la tristesse, tu ne voulais plus des larmes. Tu voulais des sourires, des éclats de rires et du bonheur. Peut-être que c'était un peu trop fantaisiste pour toi, mais tu voulais croire qu'après tout ça, la bonheur vous tendrait les bras, que chacun de vous pourrait avoir la vie qu'il mérite, fondant une famille, vieillissant doucement avec l'être aimé et partageant vos vies comme jamais auparavant.