bros before hoes | alfus

Alors grosse merde, t'arrives avec la bière ou quoi? Pour le faire chier en attendant qu'il revienne de chier - justement - tu reprends le jeu que vous aviez arrêté. À deux, vous avez toute une collection, une panoplie de jeux vidéos. C'est votre truc. Video games, beer and pizza. And sex. Sometimes. Pas entre vous, non, non, non. Il n'y a pas plus hétéro que toi. Enfin, mais qu'est-ce qu'on s'en fou, non? Tu continues de jouer seul en attendant qu'il revienne avec la bière. La pizza a été commandée, elle ne devrait pas tarder à arriver. Avec Alfie, ça a toujours été sans prises de tête, et c'est ça qui te plaît tant dans votre amitié. Simple, fraternelle, sincère. Nul besoin de passer par quatre chemins pour vous dire ce qu'il y a à dire. Sans les femmes dans vos pattes, il n'y en aura jamais, de vrais problèmes. Tu t'es installé comme une merde dans le divan, comme si c'était chez toi. C'est à peu près ça, pour tout dire. C'est ta deuxième maison, et inversement. À regarder autour de toi, tu peux affirmer qu'il s'agit d'un appart de mecs. Rien que de mecs. Tu rotes comme un porc en terminant le jeu. Fuck it. Dude, mais qu'est-ce qui te prend autant d'temps? T'es en train d'te toucher aux toilettes ou quoi? Que tu cries au travers de l'appartement, alors qu'il n'est toujours pas là. Pas d'Alfie. Et pas de bières. Mais c'est que t'es trop flemmard pour te lever et aller les chercher toi-même, aussi..

Il s'est ramené sans prévenir, sans toquer, Angus a poussé la porte d'entrée et a simplement installé son derrière dans le canapé d'Alfie. Ce genre de comportement ne l'a jamais dérangé, c'est même cette aisance avec l'autre qui définit leur relation, aux deux phénomènes. Alors qu'Angus est sûrement occupé à tricher comme un porc sur le jeu vidéo qu'Alfie a lancé quelques minutes plus tôt, ce dernier cherche après de quoi se déshydrater et, par la même occasion, passer une bonne soirée entre mecs. « Tu crois que j'entends pas le son de la télé, sale tricheur. » Il revient dans le salon avec deux bouteilles de bières fraîches décapsulée et se laisse tomber à coté de lui avant de boire une gorgée de la sienne. Alfie reprend la manette et, par la même occasion, donne un coup dans celle d'Angus pour la lui faire lâcher. « Ça c'est pour avoir agi comme un faible, même si ça m'étonne même pas de toi. » Il sourit, s'attendant à recevoir dix fois pire que ce simple petit coup sur cette pauvre manette. Alfie se dépêche de poser sa bière sur la table basse et s'éloigne d'une demi-fesse de son pote, comme si ça allait l'empêcher de se venger. « Et quoi, paraît que t'as rencontré une nouvelle fille toi, et tu me dis rien ? » Il a cru l'entendre une fois, mais il ne se souvient même plus de quelle bouche est sortie cette info pourtant si banale. Comme si Angus ne fréquentait pas une fille différente presque tous les jours.

«T'entends rien du tout, t'es sourd comme un pot!» C'était qu'à lui de venir poser ses fesses sur le canapé et de prendre la manette avant que tu t'emmerdes et que tu t'impatientes. Ça lui en aura pris du temps pour revenir, armé de deux bières. «Là, tu par... Fuck you!», maugrées-tu entre tes dents en te massant les côtes un bref instant, avant de reprendre le jeu. Et Alfie est pas bien mieux là-dessus, quand vous sortez les jeux vidéos, il te fait toujours des dizaines de coups bas pour que tu perdes sans plus rien comprendre à ta vie. T'es cent fois pire. Tu le vois s'éloigner et tu rigoles comme un porc, en te rapprochant de deux fesses de lui. Ben quoi? Il veut jouer à ça, hein? Il aura jamais l'esprit tranquille, avec toi comme meilleur pote. Pendant qu'vous jouez, et entre l'une des dix ou douze rots répétitifs que tu lâches sans aucune gêne, Alfie te parle d'une fille. Pas dans sa vie, mais dans la tienne. Tu roules des yeux. Quelle fille? J'en ai pas vu qu'une, les s'maines dernières. Faut qu'tu sois plus précis, mec. Et puis quelle importance? C'est pas comme si tu n'en rencontrais pas une nouvelle tous les jours ou presque. Entre autres, y'en a une qui a pas voulu aller plus loin... qu'le colle-colle sur le canapé. Une vraie Sainte-Nitouche, cette fleuriste... J'aurais dû m'attendre à ça, avec le nombre de fois où j'ai essayé d'l'inviter! Tu soupires, exaspéré. Et toi? Toujours pas casé? Tu vas finir vieux, seul et incontinent, si ça continue. C'est triste. C'est vraiment triste. Tu exploses de rire en appréciant une nouvelle fois une longue gorgée de cette délicieuse bière.

C'est ça qui est cool, avec Angus. Ils ne parlent jamais vraiment sérieusement sur quel sujet que ce soit, ils se contentent toujours de le survoler et d'en profiter pour rire dessus. Il s'approche d'Alfie, et ce dernier ne fait plus spécialement attention à la distance qui les sépare. Même si pote finissait par s'asseoir sur lui, il serait plus amusé que mal à l'aise, puisqu'Alfie n'a jamais ressenti le moindre sentiment de gêne en sa compagnie. Il rit en entendant Angus jurer et boit une nouvelle longue gorgée de sa bière avant de se concentrer sur son jeu, essayant de rattraper le retard accumulé à cause du tricheur assis à coté de lui. Sa réflexion le fait sourire, mais Alfie ne réplique pas. Il a l'habitude de ce genre de remarque machistes, et doit avouer que tous les deux sont plus ou moins dans la même situation. Même si, ces derniers temps, lui couche certainement avec beaucoup moins de filles qu'Angus. « T'as essayé de te faire Bérénice ? » Il ne connait qu'une seule fleuriste à Bowen, et sa description colle plutôt bien à la jeune fille. Alfie éclate de rire avant de reprendre son sérieux pour écouter ce qu'il a encore à lui dire. « Sérieusement, tu me vois casé ? Puis je te rassure, je ne risque pas de devenir incontinent tout de suite, l'appareil marche bien et tourne à plein régime. » Pourtant, la dernière fille avec qui il a passé la nuit, ça doit être Mary. Et cette fille, ça fait déjà un moment qu'il ne l'a plus vue. Il devrait peut-être s'y remettre tiens, si il arrive enfin à se virer Jordan de la tête.

Comment se fait-il qu'Alfie la connaisse? «D'où tu la connais? Tu te l'es tapée? On voit ses préférences à la p'tite, fuck.» Angus a bien sûr essayé à maintes reprises de la draguer, mais ses efforts n'ont jamais mené plus loin que refus par-dessus refus. La fleuriste aura peut-être finalement succombé à ses nombreuses tentatives, voire son harcèlement, pour finalement le bloquer dans ses ardeurs. Depuis cette soirée ratée, Angus n'a pas essayé une seule fois de la rappelée ou même de lui envoyer un texto. À quoi bon? La demoiselle et lui ne recherchent pas la même chose, et c'est là que s'impose le point final de votre étrange relation. Ça n'ira pas plus loin, puisque c'est comme ça qu'il vit ses relations : une après l'autre, tant pis si ça ne fonctionne pas, on passe à la prochaine. Cela lui donne peut-être les allures d'un être machiste, voire misogyne - ce qu'il n'est pas, bien entendu- mais ce n'est pas comme s'il se soucie des ouïe-dire, depuis le temps. «J'te vois pas plus casé que moi. N'empêche, j'doute que ça fonctionne encore là-dessous, j't'ai pas entendu me parler d'aucune fille depuis un bail, et ça c'est mauvais signe pour mini-Alfie.» Il éclate de rire comme un con en lui parlant de son entre-jambe. Il a pas envie d'savoir ce qui se trouve en-dessous, mais ça ne l'empêche pas d'être curieux au sujet de la vie sexuelle ou amoureuse de son meilleur pote. Après tout, Angus ne s'est jamais gêné pour lui parler de ses conquêtes - et elles sont nombreuses, c'est à n'en pas douter.

Toutes ces questions qu'il lui pose font sourire Alfie, amusé par sa réaction trop vive pour quelqu'un de non-intéressé. « Non, j'me la suis pas tapée. Mais ça te ferait clairement chier, hein ? Avoue. » Son sourire en coin grandit un peu plus. Même si il sait qu'Angus n'est pas du genre à s'attacher à une fille tout comme lui, il aime bien le taquiner de temps en temps sur certaines d'entre elles, surtout quand il la connait. Enfin, connaître est un grand mot. Il n'a fait que partagé son temps de midi, à Nice. Rien d'assez intéressant qui aurait mérité qu'il s'en vante auprès de son meilleur pote. Ce qu'Angus lâche ensuite suffit à transformer son sourire en un rire franc. Même si il plaisante sur le sujet, il n'a pas tord sur un point : Alfie ne parle plus de filles. En réalité, il n'en rencontre même plus autant qu'avant. À croire que tout charme finit par être rompu, même celui d'un espagnol sans attache qui a traversé la moitié du globe. « Je vais pas te dire que ça m'intéresse plus parce que c'est pas le cas, tu sais que j'adore les filles. Mais j'sais pas, j'ai d'autres trucs à penser en ce moment. » Il hausse les épaules et garde les yeux rivés sur l'écran. Il n'a pas plus envie que ça de s'étaler sur le sujet, Alfie ne sait de toute façon pas vraiment expliquer ce changement soudain dans sa vie. Passer d'une fille tous les soirs à... plus rien. Il jette un regard en coin à Angus. « Mais tu sais, je suis sûr que si je sors en bas de cette rue, je peux réussir à avoir au moins trois numéros en dix minutes. »

« Non, j'me la suis pas tapée. Mais ça te ferait clairement chier, hein ? Avoue. » Angus réfléchit à ce qui semble être à moitié une interrogation et à moitié une affirmation. Est-ce que ça le ferait chier, s'il savait qu'Alfie s'était tapé Bérénice, et pas lui? Ça m'ferait chier, parce que ça voudra dire que j'aurai pas été le premier. Le premier chanceux des deux à passer par le lit de la jeune femme. Ce n'est pas une course, ni une compétition, ni un objectif qu'il essaie d'atteindre: après tout, si elle ne veut pas, il y a bien d'autres femmes qui voudraient passer un bon moment avec Angus. Une fille en particulier, Alf? Évidemment, ça l'intrigue. Alfie est son meilleur pote. Angus se décide à mettre le jeu sur pause le temps de quelques instants, de sorte à ce qu'Alfie ne se défile pas devant sa question. Forcément, le mécano sait que son meilleur ami n'aura pas envie de s'étaler là-dessus. Malgré tout, Angus se sent d'humeur chiante, alors il se pourrait bien qu'il joue au curieux, ce qu'il n'a pourtant pas l'habitude de faire. Néanmoins, le jeune homme se met à rire de bon coeur en entendant ce que son pote lui balance. Tu veux parier? En dix minutes, j'crois que t'arriveras même pas à t'trouver un seul numéro. J'veux le voir pour le croire! Il dit cela sur un ton de défi, car... comment s'amuser, sans un peu de challenges dans la vie?

Si ce n'était pas à Alfie qu'il avait lâché ça, Angus aurait vraiment pu passer pour le dernier des crétins. Heureusement qu'ils se connaissent bien tous les deux, ce n'est pas Alf' qui le critiquerait pour une simple histoire de dépucelage. Contrairement à Angus, lui n'a jamais vraiment aimé l'idée d'être la première fois d'une fille. Elles ont souvent tendance à accorder trop d'importance à ce truc-là, il ne voudrait pas briser leur idée de "le faire avec la bonne personne". Lui, il se contente des filles qui ont plus tendance à se faire plus d'un homme sur le même mois. « Bérénice a l'air d'être une fille bien, tu peux pas en faire ton jouet comme ça, » dit-il sans se gêner. Il sait qu'Angus ne le prendra pas mal, c'est pas le genre à se vexer pour si peu. Par contre, il évite beaucoup moins ce genre de sujet, contrairement à Alfie. « Mais non, ça risque pas. » Après tout, c'est vrai. Il n'y a pas une fille en particulier susceptible d'enfin le faire craquer. Pas pour le moment, du moins. Le jeu mis sur pause, le voilà confronté à la réalité. Il se tourne vers son pote et le regarde droit dans les yeux pour lui prouver qu'il est sérieux. Heureusement pour lui, Angus ne peut s'empêcher de lui lancer un défi caché sous de fausses accusations. Alfie plisse les yeux et se lève du canapé en bousculant Angus sur le passage. « On parie ? Ramène-toi. » Il marche jusqu'à la fenêtre de son appart, celle qui donne sur la rue. « Tu restes là, et tu regardes le maître en action. Prends-en de la graine. » Avant de partir, il lui donne une petite frappe amicale dans le dos et s'approche de la porte, prêt à prouver à Angus qu'il est loin d'être un incapable.