sweet little town -r.

Tu trainais encore dans les rues de cette ville. Tu la parcourais de long en large à la recherche d'une idée. Tu devais faire une impression, marquer un coup en frappant fort. Lui montrer que tu ne comptais pas abandonner aussi facilement, mais tu n'arrivais à te concentrer. Un visage, sortant d'une boutique attirait ton attention. Un visage connu. Encore une. Cette ville était un vrai aimant, à croire qu'il ne pouvait y habiter que des gens que tu connaissais. C'était un peu perturbant à force mais tu prenais le pli. Tu fis un pas de plus en sa direction, avant de clamer à voix haute, pour qu'elle puisse t'entendre. « Salomé de Tissot ! » Tu esquissais un grand sourire pour t'approcher d'elle, un peu plus près encore. Tu déposais un doux baiser sur sa joue droite, la détaillant du regard. Elle n'avait pas franchement changé. Même si la dernière fois que tu l'avais vu ça devait remonter à quelques mois, à peine plus. On n'avait pas vraiment le temps de changer en ces temps là sauf si on s'coupe les cheveux ou qu'on change de couleur, mais pour ça, elle ressemblait à la fille que tu avais connu. « Quel plaisir de te voir à Bowen ! C'est ta nouvelle étape ? » demandais-tu. Tu l'avais connu au Brésil il y a quelques mois de ça, alors la voir là, en sachant qu'elle parcourait aussi le monde, te laissait supposer qu'elle avait atteint une nouvelle étape dans son périple.

Elle semblait surprise de te voir là. Tu ne lui avait pas dit que tu venais là, et elle non plus à vrai dire. C'était un peu comme une surprise, une grande surprise. Mais le genre de surprise qui te faisait plaisir. Tu l'aimais bien cette petite tête blonde, et c'était le genre de plaisir qui te rendait heureux. « Et oui ! » Tu esquissais un grand sourire, sautillant un peu sur tes pieds. Elle te demandait depuis quand tu étais là. Tu ne comptais plus le nombre de jours à force mais tu avais une vague idée. « Je me suis installé aussi depuis quelques semaines déjà, je vivais là l'été quand j'étais plus jeune. » lui-confiais-tu. Cette maison était la tienne, et tu te sentais fier de le dire à chaque fois. Comme une personne chauvine, sauf que tu te sentais juste bien d'être en parti Australien, tu ne cherchais pas à clamer haut et fort que c'était le meilleur pays du monde, que les Australiens, il n'y avait que ça de vrai. « Bien sûr, j'ai toujours du temps. Je t'offre un café ? » proposais-tu un fin sourire sur les lèvres. Sans même attendre sa réponse, tu lui attrapais le bras pour l'emmener dans un café du coin.

Elle reparlait du passé et du Brésil, vous aviez appris à vous connaître, mais laissant les questions banales derrière vous. Tu ne voulais pas parler de toi, tu ne voulais pas rentrer dans toutes ces questions à la noix, surtout si tu ne pensais pas la revoir par la suite, tu pensais juste vivre l'instant présent et profiter d'elle et du Brésil autant que tu le pouvais. « Je crois que ça a toujours été plus ma maison que le Québec, je m'y sens tellement à ma place que je ne me vois pas vivre ailleurs. » déclarais-tu un grand sourire sur le visage. C'était ici que tu t'étais senti le mieux depuis des années. Malgré les fantômes du passé, c'était ici que tu voulais passer le reste de ta vie. Ici que tu voulais vieillir en paix, aux côtés d'une petite brune. C'était maintenant une idée fixe dans ton esprit. « Je serais ravi de passer la journée entière avec toi ! » Tu lui attrapais le bras, marchant doucement dans les rues de la ville. Tu tournais à gauche, puis à droite et tu étais arrivé à l'endroit de ton choix. L'avantage de cette petite ville c'est qu'il ne fallait pas marcher des kilomètres pour trouver un petit endroit où se poser. Tu t'installais sur une table, à l'extérieur, posant ton regard sur elle. « Tu as déjà eu l'occasion de faire le tour de la ville ? » demandais-tu, curieux. Après tout, elle voulait s'y installer, c'est peut-être parce qu'elle avait eu le temps de visiter chaque parcelle de cette ville. Ou alors elle était déjà sous le charme du peu qu'elle avait vu. Ça arrivait souvent ici.

Elle avait déjà pu visiter un peu. A première vu, ça semblait lui plaire, vraiment. En même temps, tu connaissais peu de monde à qui l'air australien était déplaisant. Tu ne savais pas pourquoi, mais il y avait toujours un petit quelque chose qui rendait les gens heureux ici. « Oh je n'en doute pas, Bowen regorge de petit endroit à découvrir, et même quand tu y vis depuis des années, tu as l'impression que la ville change tous les jours ! » Bon, peut-être que tu exagérais un peu. Mais c'est vrai que cette ville avait toujours un petit côté mystérieux, comme si tous les matins, elle était différente. Et pourtant, rien ne changeait vraiment, c'était selon l'inclinaison du soleil, selon la façon dont tu observais le monde. Tu ne savais pas en fait, mais tu aimais cette ville que de toute façon, tu trouverais toujours un truc à dire pour la vendre. « Mmh.. Plutôt un punch pour moi. » Tu avais hésité un peu à prendre comme elle mais non. Tu avais eu envie d'un truc plus exotique, d'un truc plus fort. Une fois la serveuse repartie, tu reposais toute ton attention sur ton amie. « Alors, comment tu vas ? » Tu avais des questions plein la tête, tu avais l'intention de les poser une par une, et de savourer chaque réponse, mais il ne fallait pas non plus se précipiter. Tu avais prévu de passer la journée avec elle, donc tu avais le temps pour tout ça.

Tu regardais un peu autour de toi pour jeter un coup d'oeil sur ce qui vous entourez. Les rues étaient encore assez vite pour une matinée ensoleillée. C'était presque triste de se dire qu'il n'y avait personne, mais ça restait agréable. Tu pouvais l'entendre sans avoir besoin d'hausser la voix. La serveuse vous apporta vos boissons et après avoir trinquer avec elle, tu portais ton verre à tes lèvres. C'était rafraîchissant et agréable. Tu pourrais presque te croire à nouveau en Martinique, même si le soleil australien n'était pas aussi agressif. « Je vais très bien. » Tout n'était pas rose, la vie ici pouvait encore être un coup dur pour toi. Revoir tous les fantômes de ton passé, revoir des personnes que tu ne croyais jamais recroiser un jour comme elle. Salomé faisait parti de ton passé et c'était toujours une surprise de les croiser dans la ville, mais parfois elles n'étaient pas toute agréable. « Même si mon cœur est pris, je suis encore libre, et il n'y a pas de quoi être jalouse ! » Non, tu étais amoureux, mais encore libre. Les choses se faisaient toujours plus ou moins lentement, pour prendre le temps de bien les faire. Tu voulais être un compagnon à la hauteur et tu avais encore du chemin à parcourir pour ça.