thirst (cassandre)

Une nouvelle fois, August consulta l’horloge qui était suspendue sur le mur en face de lui, une horloge bien rustique qui alliait à la fois le style antique que le style marin, puisqu’elle était accrochée à la brique par des cordes dignes de celles d’un grand navire. Il soupira en constatant qu’il ne fermait pas la rhumerie avant trente minutes encore, et comme Neela avait eu une urgence et que son autre barman était malade ce soir, c’était August qui devait se charger de veiller jusqu’aux petites heures. Heureusement que l’année scolaire était terminée et qu’il n’avait pas à donner un cours demain matin. Le trentenaire adorait sa rhumerie, toutefois il préférait jouer le rôle du propriétaire plutôt que de l’employé. Il avait été serveur et barman durant ses jeunes années, maintenant, c’était derrière lui. Pour donner un coup de main à ses employés, il travaillait souvent avec eux, cependant il était rare qu’il soit tout seul pour servir et torcher les gens. Une chance que Cassandre était là ce soir. Pouvoir croiser son regard à maintes et maintes reprises durant la soirée était ce qui le motivait à retourner derrière le comptoir, à servir les clients à côté d’elle. Rien que pour pouvoir lui sourire, et voir un sourire se dessiner sur ses lèvres en retour. Il ne savait pas trop ce qui se passait entre eux, mais la chimie et l’attirance étaient indéniables. Ils se parlaient de tout et de rien, mais  tout se passait surtout dans le non-verbal. Dans ce que leurs corps s’envoyaient comme message. August devait avouer qu’une présence féminine dans ses bras lui manquait. Depuis que Willow était sa colocataire, il n’avait pas ramené de filles à la maison. Pourtant, ils avaient bien convenu que c’était acceptable et ils avaient même instauré un système pour prévenir l’autre. Toutefois, le courant passait tellement bien entre Willow et lui que, d’une certaine façon, il se serait senti mal à l’aise de ramener une autre femme. Il ne se questionnait pour le moment pas davantage sur ce que cela signifiait réellement, au fond. Et puis, ce soir, son regard était bien trop perdu dans celui de Cassandre. « Je te sers autre chose ? C’est le last call. » Lança August à la belle jeune femme alors qu’il se disait qu’il commencerait à ouvrir un peu plus les lumières et à cesser de servir de l’alcool, question de signaler à ses clients que l’heure de partir arrivait à grands pas. Ce n’était pas Cassandre qu’il désirait voir partir, mais tous les autres. Il essaierait sans doute de le lui faire comprendre, si elle ne lui mentionnait pas d’abord son envie de rester.

Même si tu apprécies de sortir en boîte de nuit, Cassandre, incontestablement, il y a un moment où ça t’énerve, de même que les bars. Trop de jeunes, trop de dragueurs. Alors, depuis que tu as découvert cette rhumerie, tu y vas souvent, passant tes soirées là bas quand tu n’as pas de rendez vous trop tôt pour le lendemain. Et pour ne pas faire exception à la règle, ce soir est une de ces soirées où tu as ton premier rendez vous assez tard le lendemain, donc tu sais que tu peux te permettre de rester jusqu’à la fermeture. Evidemment, ce que tu ne t‘avoues pas tellement, c’est que tu ne viens pas que pour éviter les lourds qui te draguent ou la sœur de ton ex copain, mais aussi parce que tu apprécies de discuter avec celui que tu sais être le patron des lieux, en plus de lui rendre ses sourires. Tu l’apprécies, suffisamment pour n’en avoir parlé à personne parce que tu as l’impression de trahir un amour désormais enfoui en ressentant cette espèce d’attirance, ce qui explique que tu sois seule. Plongée dans tes pensées, tes émeraudes suivant du regard August lorsqu’il passe devant toi, lui rendant son sourire tout en étant plongée dans tes pensées. Tu ne vois pas l’heure passer, trop occupée que tu es à boire tes verres et à réfléchir à bien trop de choses. « Je te sers autre chose ? C’est le last call. » Tu le regardes, sortie de tes pensées, et immédiatement, un sourire s’affiche sur tes lèvres, illuminant ton visage, et tes yeux se font presque suppliants. « Tu m’en mets juste un dernier, s’il te plaît ? J’suis même pas bourrée de toute façon. » Tu lui dis en lâchant un petit rire et en regardant autour. Bientôt, ça va fermer, et pourtant, la rhumerie est encore bien remplie. « Ca va bientôt fermer, non ? Tu veux peut être de l’aide ? » Tu proposes avec un sourire. Cliente habituée du lieu, tu n’en es pas une alcoolique pour autant et tu te sens capable de l’aider à en finir, surtout que tu as l’impression de ne pas avoir vu les autres employés. Une fois que l’endroit s’est vidé, tu regardes autour de toi puis regardes l’heure. « Je vais peut être y aller aussi. » Tu dis avec un sourire, déposant un énième billet sur le bar pour payer ton ultime verre que tu n’avais toujours pas réglé.

Les yeux d’August devinrent eux aussi rieurs quand Cassandre lui en redemandant un autre, prétendant ne pas être bourrée de toute façon. Tout en attrapant une bouteille de rhum derrière lui, quand il se retourna de nouveau vers la jeune femme, il déclara : « J’espère bien que tu ne l’es pas. À cette heure-ci, te laisser rentrer seule et ivre, j’n’aimerais pas trop cela. » Avoua-t-il en haussant un sourcil et en offrant un sourire en coin à Cassandre. Il ouvrit tout de même la bouteille et en versa le contenu jusqu’au tiers de la moitié du verre de la jeune femme. Du rhum, ça ne se buvait pas en énorme quantité. On ne remplissait jamais plus de la moitié d’un verre. Et là, comme Cassandre avait tout de même commandé pas mal de verres, le propriétaire se disait que c’était préférable d’y aller à petites doses. Quitte à lui en redonner, exceptionnellement, quelques minutes avant la fermeture. Regardant autour d’elle, Cassandre releva finalement le fin que l’endroit allait bientôt fermer ses portes, et lui proposa son aide. « Oh, mais non, je n’oserais jamais te demander ça. Profite des minutes qu’il te reste, détends-toi. » Lui assura August, même si honnêtement, deux mains de plus pour passer le chiffon sur les tables ne lui aurait pas déplu. Regarder Cassandre se pencher pour ramasser les verres non plus. Il chassa bien vite ces images de sa tête car de toute façon, il ne demanderait jamais à une cliente de l’aider à fermer sa rhumerie. Même si elle était mignonne et même si elle le proposait. August allait se démerder par lui-même, c’était ça aussi, être un employeur. Le professeur d’histoire laissa Cassandre un moment, le temps d’aller faire le tour des tables et d’annoncer le last call à tous ses clients. La plupart décida de régler leur facture dès maintenant et, une dizaine de minutes plus tard, la rhumerie s’était vidée. Il ne restait plus que Cassandre, toujours assise à son tabouret, accoudée au comptoir. August se demandait souvent ce qu’une magnifique et brillante jeune femme faisait seule, quelques soirs par mois, à venir ici. Il se demandait quelle était son histoire, à elle. Ce qui faisait qu’elle était là, comme ça, aujourd’hui. Il revint finalement vers elle avec les derniers verres à ramasser, et là, Cassandre lâcha qu’elle devrait y aller elle aussi, payant son verre. « Non, non, c’est pas la peine, le dernier était offert par la maison. » Dit August en souriant, repoussant le billet vers elle. « Connais-tu beaucoup le rhum, Cassandre ? J’vois bien que tu en apprécies le goût, mais est-ce que ton intérêt va plus loin que ça ? » Demanda August, qui avait visiblement une idée derrière la tête.

Bientôt, la rhumerie va fermer et pourtant, tu veux traîner, toujours un peu plus, parce que tu te rends bien compte que tu n’as pas envie de rentrer chez toi, pas tout de suite, parce que tu as peur de te retrouver face à ton frère, et que tu n’as pas envie non plus de te retrouver dans l’immeuble de Nevaeh, sur son palier parce que tu n’assumes pas de frapper chez elle pour squatter une fois de plus. Tu le remercies d’un hochement de tête et d’un sourire, prenant ton temps pour boire ton verre, savourant ce rhum que tu as à présent l’habitude de boire. Reposant le verre une fois que tu l’as fini, tranquillement, tu te lèves et proposes ton aide à August, sans trop savoir si tu vas en être capable parce que tu as malgré tout pas mal bu. Finalement, celui-ci refuse ta proposition alors tu te concentres plutôt sur ce verre vide que tu fais tourner entre tes mains alors que la rhumerie se vide autour de toi et que tu es toujours autant dans tes pensées. L’alcool ne fait pas oublier, c’est vrai. Il ne te permet même pas d’oublier pour une heure, c’est bien dommage, parce que c’est quelque chose que tu préfèrerais largement à ce qu’il se passe en ce moment. Tu ne ressens plus ce mal être que tu ressentais depuis ta rupture et depuis que tu parlais moins à ton frère Hermès, en revanche, ce vide qui est là depuis quelques temps ne t’a pas quittée. Finalement, quand August semble en avoir fini, tu te forces à sortir de tes pensées et à pousser un billet vers l’homme pour payer, souriant timidement quand il te dit que c’est cadeau de la maison. « Merci, c’est gentil… » Que tu dis en lui adressant un nouveau sourire, un peu plus timide cette fois. Finalement, l’homme pique ta curiosité et tu le regardes, un peu surprise par sa question. « Je m’y suis jamais intéressée de près mais je suis toujours curieuse d’apprendre, pourquoi ? » Tu demandes avec toujours ce sourire en coin affiché sur tes lèvres, regardant curieusement l’homme. Tu es presque sûre qu’il a une idée derrière la tête, seulement voilà, tu n’arrives pas à deviner quoi. Tu ranges finalement le billet que tu avais sorti dans ton portefeuille, presque machinalement, regardant autour. C’est vide, maintenant, même si tu ne t’en étais pas rendue compte. « T’es assez doué, pour faire partir les gens rapidement. » Tu dis en riant doucement.

Alors qu’elle reprenait entre ses fines mains le billet le remerciait, il sourit. « Ça me fait plaisir. » Après tout, Cassandre était une cliente régulière de sa rhumerie, se prêtant constamment au jeu d’essayer de nouveaux rhums, de nouveaux goûts, et même de nouvelles créations d’August. Il pouvait bien lui offrir un verre une fois de temps en temps rien que pour sa fidélité et son ouverture. Et pour son beau sourire, sans doute, un peu aussi. Le trentenaire n’était pas du type séducteur, loin de là ; il avait toujours eu du mal à savoir placer une réplique sans avoir l’air de trop vouloir, ou alors de paraître mal placé. Il n’aimait pas ce jeu de la chasse autant que certains hommes ou certaines femmes le pouvaient. Il préférait de loin agir au naturel et apprendre à connaître l’autre de fond en comble. L’histoire, du monde ou d’un humain, avait toujours été ce qui passionnait August. Dans le regard de Cassandre, on pouvait y lire une histoire, mais celle-ci ne prendrait pas son sens tant et aussi longtemps que la jeune femme ne lui en donnerait pas la clé pour ouvrir le journal. August était intrigué par ce sourire et ce regard qui à la fois témoignaient de la réciprocité de leur attirance mais aussi de ses sombres fantômes qui la hantaient. August, déterminé à percer le mystère ce soir, ou du moins à commencer à en délier quelques syllabes, vida la rhumerie de ses âmes en ivresse et revint auprès de Cassandre, lui demandant si elle s’intéressait au rhum davantage que pour son goût. Elle admit être curieuse d’apprendre, même si elle ne s’y était jamais attardée. « C’est à la cave que je procède à la distillation de mon rhum local. Si tu veux, j’te fais faire le tour et je t’explique comment ça fonctionne. » C’était une offre sans sous-entendu, malgré les doutes que pouvaient soulever l’invitation à la cave. Dans le regard d’August, on pouvait toujours y lire toute sa tendresse et son honnêteté. Certes, les plus naïfs ne se poseraient pas de question, mais là, devant lui, Cassandre n’avait rien à craindre. Elle regarda alors autour d’elle et releva le fait qu’il était doué pour vider la place en quelques minutes. « Quand j’ai mieux à faire, je ne perds pas de temps. » Répondit-il en riant tout aussi doucement qu’elle.

Il t’a offert ce verre, et tu l’en remercies bien entendu, Cassandre. Ce n’est pas une chose à laquelle tu t‘attendais, naturellement. Mais ça te fait plaisir, alors, tu es souriante, davantage encore que tu n’aurais pensé l’être en cette soirée qui devait initialement te permettre de simplement oublier tout ce qui t’entourait en ce moment. Tu te retrouves donc à patiemment attendre que l’homme revienne après avoir vidé le bar alors que tu n’en as même pas totalement conscience, plongée dans tes pensées comme tu l’es, Cassie. Finalement, August te pose une question qui te surprend un peu, mais qui attise malgré tout ta curiosité, suffisamment pour que tu te montres intéressée sans pour autant savoir ce que l’homme a derrière la tête. « C’est à la cave que je procède à la distillation de mon rhum local. Si tu veux, j’te fais faire le tour et je t’explique comment ça fonctionne. » Tu hoches la tête en regardant l’homme dans les yeux, ce même sourire toujours aussi fiché à tes lèvres. Oui, tu veux savoir comment se fait le rhum, tu en as envie maintenant, d’autant plus que cela te permet de ne pas avoir à rentrer tout de suite, toi qui veut retarder le plus possible le moment où tu devras rentrer discrètement par crainte d’affronter ton frère en état d’ébriété. Finalement, tu remarques que la rhumerie est déjà vite, et le fais remarquer en riant à l’homme : il est bien rapide. « Quand j’ai mieux à faire, je ne perds pas de temps. » Tu ris. Mieux à faire ? Comme te faire visiter le sous sol de la rhumerie ? « mieux à faire ? Ah oui ? Et tu as quoi de prévu ? » Tu demandes en te levant ; bien sûr que tu vas le suivre, tu espères juste que tu vas marcher droit, bien que tu ne sois pas si saoule que ça ; seulement éméchée. « Ca me va pour la visite guidée, c’est pas comme si j’avais un couvre feu. » Tu affirmes en posant ton sac sur le comptoir, regardant l’homme. « Je laisse là, y a personne de toute façon, si ? » Tu demandes curieusement.

L’air tout de même un peu surprise par la proposition d’August, Cassandre hocha quand même la tête, visiblement intéressée par cette idée de visiter les coulisses de la rhumerie. Là où toute la magie se déroulait, en fait. August avait passé bien des cours afin de devenir distillateur avec sa licence. Il faudrait bien qu’il sorte de l’ombre ses techniques un jour ou l’autre, pour les montrer à d’autres personnes que ses employés. Et comme Cassandre revenait souvent ici, toujours assise à ce bar, il se disait que c’était la bonne personne à qui transmettre ce savoir qui le passionnait tellement. Quand la jeune femme releva la vitesse à laquelle il avait vidé les lieux, elle le questionna quant à ce qu’il avait de mieux à faire, puisque c’était la raison qu’il avait donnée à cet empressement. August alla la rejoindre de l’autre côté du comptoir alors qu’elle se levait. Il lui sourit. « Mais je t’ai déjà tout dit, belle Cassandre. » Répondit-il avec un sourire. Elle renchérit en soutenant que cette visite guidée lui tentait bien, puisqu’elle n’avait pas d’heure pour rentrer de toute façon. « Tant mieux. Je pourrai prendre le temps de te montrer, enfin si tu le veux. » Elle regarda ensuite son sac et se demanda si elle pouvait le laisser là. August hocha la tête tout en se dirigeant vers la porte d’entrée, qu’il verrouilla à clé pour ensuite refermer une grille par-dessus la porte. « Avec ça, tu ne devrais pas avoir de problème. » Il eut un léger rire et retourna vers sa cliente. « Suis-moi, on descend. » August lui fit un signe de tête et se dirigea vers une porte vers l’arrière du bar, qu’il déverrouilla pour l’ouvrir et allumer une lumière qui donna sur un escalier sombre. « T’as pas trop peur jusqu’à maintenant ? » Il rigola et remarqua que Cassandre avait peut-être un peu trop bu pour descendre les escaliers comme ça, avec la hauteur et le manque d’éclairage. Une autre lumière se trouvait en bas, mais il fallait s’y rendre. « Tiens, donne-moi la main, je m’en voudrais si tu manquais une marche et que tu tombais. » Dit-il en tendant sa main et en aidant Cassandre, marchant à son rythme, jusqu’à la dernière marche. Là, le distillateur ouvrit la lumière qui donna d’abord sur des rangées de bouteilles de rhum, à droite les pleines, à gauche les vides. Puis, au fond, s’élevaient certaines machines. C’était humide et ça sentait la fermentation. Pour Cassandre, cela demanderait certainement une certaine adaptation. Pour lui, c’était l’odeur du paradis. « Et voilà, mon véritable lieu de travail. » Il sourit, fièrement.

Cette proposition te fait plaisir, Cassandre. Parce que tu n’aurais pas pensé qu’elle soit envisageable, parce que tu n’en aurais jamais eu l’idée. Sûrement qu’au fond, August a dû lire dans tes pensées, comprendre que tu traînais parce que tu ne voulais pas rentrer chez toi. Quoi qu’il en soit, visiblement, il préfère passer du temps avec toi plutôt qu’à servir les gens, et c’est quelque chose qui te flatte, bien que tu ne le dises pas aussi directement que cela ; tu sais te montrer bien plus subtile que ça. « Tant mieux. Je pourrai prendre le temps de te montrer, enfin si tu le veux. » Tu souris timidement et hoches la tête ; bien sûr que tu le veux, c’est d’ailleurs pour ça que tu demandes s’il est possible que tu laisses ton sac en haut, sur le comptoir, ne voulant pas t’en encombrer alors que tu n’en auras pas besoin, puisque ton téléphone n’aura aucun réseau dans la cave, étant donné que c’est en souterrain. Suivant l’homme du regard, tu le vois fermer la porte et revenir vers toi. « Avec ça, tu ne devrais pas avoir de problème. » Tu hoches la tête ; non, pas de problème certainement pas. Et puis, ce n’est pas comme si tu n’avais pas confiance, après tout, Cassandre. « Suis-moi, on descend. » Tu le suis sans la moindre hésitation, du moins jusqu’à ce qu’il ouvre une porte qui donne sur une pièce sombre, même lorsque la lumière est allumée. Même si tu es saoule, ça te rappelle un peu ces films idiots où l’héroïne, tout aussi idiote, descend et fini par se faire séquestrer parce qu’elle ne s’est pas dit que c’était dangereux. Stupide, en définitive. Et comme s’il avait lu dans tes pensées, l’homme te pose la question adéquate à la situation. « T’as pas trop peur jusqu’à maintenant ? » Tu ris et le regardes, taquine. « Ca dépend, t’es un psychopathe qui va me séquestrer ou pas ? » Tu demandes avec une fausse appréhension, ayant pleinement confiance en l’homme. « Tiens, donne-moi la main, je m’en voudrais si tu manquais une marche et que tu tombais. » Sans la moindre hésitation, tu attrapes sa main : généralement, tu as peur des escaliers quand tu ne les connais pas, maladroite que tu sais être dans ce genre de situation. Alors, descendant une à une ces marches, tu sens cette odeur entêtante que tu sais être du rhum, puisque c’est ici que l’homme fait le sien. Malgré la nouvelle lumière qu’il a allumée, il faut du temps à tes yeux pour s’acclimater à cette faible luminosité. « Et voilà, mon véritable lieu de travail. » Tu regardes autour, fronçant malgré toi le nez ; ça sent fort l’alcool, et tu n’en as pas l’habitude. Cela te rappelle quand tu visitais les caves où tes parents t’ont emmenée gamine pour que tu saches comment se faisait ce qu’ils qualifiaient de « bon alcool ». « Wow… Dis, on se fait à l’odeur ou ça te donne la migraine à force ? » Tu demandes avec une vraie curiosité tant l’odeur, sans pour autant en être gênante pour le moment, est forte. « Montres moi comment ça marche. » Tu demandes curieusement, marchant dans les pas de l’homme et regardant tout autour de toi telle une enfant le matin de Noël.

Un rire amusé s’échappa d’entre les lèvres d’August alors que Cassandre lui demanda s’il était un psychopathe sur le point de la séquestrer. « Si c’était le cas, je l’aurais fait depuis belle lurette déjà. » Après tout, ce n’était pas la première fois que Cassandre restait aussi tard, et il aurait bon nombre d’occasions pour lui jouer ce numéro. Ils descendirent finalement, et Cassandre le questionna sans surprise sur l’odeur. Le propriétaire haussa les épaules avec un rire. « Maintenant, j’apprécie l’odeur. Quand j’ai commencé, j’avoue que j’avais hâte de sortir d’ici. Si t’as la tête qui tourne, dis-le-moi avant de t’effondrer. On retournera en haut. » Après tout, même si ça faisait plaisir à August de tout montrer à Cassandre, il n’allait quand même pas risquer de lui donner la migraine. « Bon, alors, si tu savais pas, le rhum est fait à partir de la canne à sucre. » Il voulait partir de la base, parce que ce n’était pas tout le monde qui le savait. August ne pouvait d’ailleurs blâmer personne d’ignorer ce fait : il était bien plus plaisant de boire le rhum que d’apprendre à en connaître l’origine. August était seulement un grand passionné, pas pour rien qu’il s’était lancé dans les cours et dans la mise sur pied de sa propre distillerie. « J’reçois directement les cannes ici, et la première étape est de broyer les cannes pour pouvoir en extraire plus facilement le jus. Cette machine-là, qui ressemble à plusieurs moulins, fait tout le travail. Les canaux que tu vois-là filtrent le jus récolté et l’emmène aux cuves de fermentation. » Pendant ses explications, August suivait le parcours fait par les cannes, puis le jus. Ils arrivèrent donc un peu plus loin dans la cave, là où avait lieu la fermentation sur plusieurs heures. « Là-dedans, y’a des levures qui permettent au sucre de se transformer en alcool. Ça prend plus ou moins 24 heures avant d’obtenir le vin de canne. » Il fit signe de tête à Cassandre le suivre, car de toute façon cet endroit précis était bien celui qui sentait le plus fort. La fermentation était loin d’avoir bonne odeur pour les étrangers de la distillation. August arriva finalement au bout de sa chaîne de machines, et lui présenta celle ressemblant à une grosse colonne, avec un tas de plateaux qui s’élevaient l’un au-dessus de l’autre à l’intérieur. « Par le haut, c’est le vin de canne qui rentre. Par le bas, on introduit de la vapeur. Ce sont les vapeurs d’alcool qui sont récupérées, et qui font du rhum blanc. Ça, c’était la distillation. J’garde une bonne partie du rhum blanc directement, parce qu’il est bien aimé, mais je fais aussi mes rhums bruns ou ambrés. Pour ça, j’dois laisser le rhum blanc en vieillissement pendant dix-huit mois. » Eh oui, c’était aussi long que ça. « À mon ouverture, j’avais que du rhum blanc local, mon rhum brun je le commandais de l’extérieur. Mais maintenant j’produis assez pour en avoir à chaque mois qui devient prêt. » La machine restante, c’était l’embouteillage, mais Cassandre devait bien le deviner puisque même au repos, on voyait les bouteilles en attente et les bouchons pour les refermer, alignés dans la machine. « Alors, plutôt cool, non ? » Demanda August tout fier, plongeant ses mains dans ses poches, fixant le regard brillant et magnifique de Cassandre.

Un psychopathe, August ? Non. Même toi, tu n’y crois pas, ça ne fait aucun doute. Pour l’avoir bien souvent vu, tu ne peux pas te permettre de penser certainement qu’il puisse sérieusement désirer t’enfermer et te torturer, non, tu le connais trop, et puis c’est typiquement le genre de chose qui n’arrive que dans les films. « Si c’était le cas, je l’aurais fait depuis belle lurette déjà. » Tu ris et hoches la tête ; oui, il aurait eu le loisir de le faire depuis bien longtemps maintenant. Finalement, une fois que tu es descendue, ce qui te frappe, en plus du fait que ce ne soit pas assez bien éclairé pour tes yeux clairs, c’est l’odeur. Oui, ça sent l’alcool, fort. Si tu aurais été fort gênée par cette odeur il y a de cela quelques temps, à présent, ce n’est plus le cas, sauf quand l’odeur est aussi présente. Tu penses avec un sourire que la Cassandre du passé, celle qui essayait d’obéir à toutes les directives de ses parents, aurait sûrement été malade, elle. Toi, Cassandre, tu n’en es que gênée, rien de plus ; tu t’es habituée à l’odeur de l’alcool, bien qu’elle soit rarement aussi omniprésente. « Maintenant, j’apprécie l’odeur. Quand j’ai commencé, j’avoue que j’avais hâte de sortir d’ici. Si t’as la tête qui tourne, dis-le-moi avant de t’effondrer. On retournera en haut. » Tu hoches la tête et fais simplement un « Mmmh-Mmmh » Approbateur pour laisser comprendre à l’homme que oui, tu as compris ce qu’il désire te dire ; Tu es absorbée par la contemplation de tout ce monde que tu ne connais pas, désirant en savoir toujours plus sans pour autant savoir jusqu’à quel point cela va être possible. « Bon, alors, si tu savais pas, le rhum est fait à partir de la canne à sucre. » Tu le regardes, intéressée, suivant son parcours, et tu en apprends, des choses, Cassandre. Pas que tu sois à la base inculte, non, seulement voilà, tu n’es pas vraiment habituée à te balader là où l’alcool se fabrique, si ce n’est lorsque tu étais adolescente et que tes parents t’emmenaient, avec ta fratrie, visiter les caves de vin ou de cognac en France pour que vous découvriez de quelles manières ces alcools étaient faits et que vous étendiez ainsi votre culture. Finalement, tu fais de ton mieux pour retenir les différentes étapes de la création du rhum, faisant de ton mieux afin de ne surtout pas te laisser enivrer par ces vapeurs d’alcool davantage que tu ne l’es déjà. Tu as bu, tu en es bien consciente, et pourtant être au milieu de la fabrication du rhum, avoir le loisir d’en apprendre plus, ça te donne envie de goûter, pour bien différencier ces trois types de rhum dont August te parle. Parce que même si d’ordinaire tu connais la différence, tout de suite, tu sembles comme l’avoir oubliée, sûrement à cause de l’alcool. « Alors, plutôt cool, non ? » August, lui, semble tout fier de te présenter tout cela, un peu comme un enfant fier de sa surprise. Tu souris et le regardes, hochant la tête. « C’est cool ouais ! » Tu dis en riant, t’approchant de lui pour regarder ces bouteilles prêtes à recevoir le rhum que l’homme fait. « Du coup, c’est quoi la différence entre le rhum ambré et le rhum brun ? On en laisse vieillir l’un plus que l’autre ? » Tu demandes avec une lucidité qui peut être considérée comme surprenante, en vue de ton état. Tu es curieuse, Cassie, et tu espères que demain, tu te rappelleras de tout cela, parce que tu adores te cultiver. « C’est génial, tout ça. Et le plus génial, c’est quand même de voir à quel point ça te passionne, t’as de la chance d’être aussi passionné par quelque chose. » Tu lui dis en souriant, trouvant que c’est une qualité, d’être investi dans ce qu’on fait. « J’suis contente d’avoir accepté l’invitation. Et d’avoir traîné ici jusqu’à la fermeture, pour pas changer. » Tu affirmes en riant.

Cassandre n’était pas une femme de nombreux mots, comme pouvait le constater August. Soit elle était timide, soit elle était naturellement aussi silencieuse. Elle s’exprimait davantage à travers ses expressions faciales que des paroles bien choisies. Ça ne dérangeait pas du tout August. Il pouvait lire dans son regard et il y comprenait que ce n’était pas du désintéressement, et c’était honnêtement tout ce qui lui importait. Après tout, il ne voulait pas emmerder la jeune femme avec ses démonstrations et ses explications. Tout ce qu’il voulait, c’était lui partager un petit bout de son univers, si elle le voulait bien. Et comme Cassandre ne cessait de montrer son approbation malgré son silence, August continua dans son idée et montra à Cassandre tout le processus de distillation du rhum. Elle l’avait écouté, elle l’avait suivi, elle avait appris, comme une élève exemplaire. Après son exposé qui lui rappelait inévitablement son année scolaire, August se tourna vers Cassandre et lui demanda si elle trouvait cela aussi passionnant que lui. Affirmatif. Elle trouvait cela cool, elle aussi. Elle lui posa même une question sur le rhum, ce qui faisait comprendre à August non seulement qu’elle avait tout suivi, mais aussi qu’elle était curieuse. Il en fut ravi. « En fait, j’ai dit brun ou ambré parce qu’en fai, c’est la même chose. Par contre, il vrai qu’il existe deux sortes de rhum ambré. Le premier est celui dont je t’ai parlé, qui vieillit dix-huit mois. On l’appelle aussi le rhum paille. Et le rhum ambré qu’on appelle rhum vieux, celui qui vaut le plus cher, et bien on le laisse vieillir pendant trois ans … » August se tourna vers certaines bouteilles qui attendaient là, patiemment. Dans leur coin. « Il reste encore quelques mois à celles-ci. ‘ai bien hâte d’en ouvrir la première, laisse-moi te le dire … » Lâcha August en un léger rire tout en passant sa main sur l’une des bouteilles poussiéreuses. Cassandre affirma de nouveau que tout ça était génial, et que c’était chouette qu’il soit aussi passionné par quelque chose. « Oui, le rhum et l’histoire du monde, je ne pourrais vivre sans. » Avoua-t-il. Puis il regarda Cassandre. « Et toi, Cassandre, qu’est-ce qui te passionne ? » Demanda-t-il, sincèrement curieux d’apprendre à la connaître davantage. Il avait partagé une importante part de sa vie, et il espérait maintenant qu’elle se prêterait elle aussi au jeu. Ensuite, elle affirma être ravie d’avoir accepté cette invitation et d’avoir traîné jusqu’à la fermeture. August sourit. « Tu es souvent seule, au bar. J’avoue que ça m’a toujours surpris, et intrigué. Tu ne me donnes pas l’impression d’être de ces femmes à attendre le prince charmant … » Si elle le désirait, elle le trouverait, il n’en avait aucun doute.

Intéressée, tu écoutes les explications d’August. Tu n’as jamais vraiment visité de distillerie de rhum, alors pouvoir en apprendre un peu plus sur quelque chose dont tu ne savais rien il y a de cela quelques minutes, nécessairement, t’intéresse. Alors tu écoutes sagement, tâchant d’ignorer les vapeurs d’alcool que tu sens et qui risquent fort de te monter à la tête à force de les respirer. Tu ne veux pas être saoule, du moins pas au point de ne plus pouvoir marcher droit, parce que ça équivaudrait à te ridiculiser devant August, et ce n’est pas vraiment quelque chose dont tu as véritablement envie. « En fait, j’ai dit brun ou ambré parce qu’en fait, c’est la même chose. Par contre, il vrai qu’il existe deux sortes de rhum ambré. Le premier est celui dont je t’ai parlé, qui vieillit dix-huit mois. On l’appelle aussi le rhum paille. Et le rhum ambré qu’on appelle rhum vieux, celui qui vaut le plus cher, et bien on le laisse vieillir pendant trois ans … » Tu hoches la tête et suit son regard. « Il reste encore quelques mois à celles-ci. J‘ai bien hâte d’en ouvrir la première, laisse-moi te le dire … » Tu ris avec lui et le regardes. « J’veux être là pour goûter ça ! » Tu affirmes avec un grand sourire sur les lèvres. Puis, tu dis à l’homme qu’il semble passionné, ce qui est à tes yeux une qualité ; cela permet de se concentrer sur quelque chose, voire de donner un angle de vue à sa vie qu’on aurait pas eu sans la passion. « Oui, le rhum et l’histoire du monde, je ne pourrais vivre sans. Et toi, Cassandre, qu’est-ce qui te passionne ? » Des passions, toi ? Tu en avais une : le mannequinat. Tu as arrêté, maintenant, parce que tu avais perdu confiance en toi, trop pour pouvoir te permettre d’encore te faire prendre en photo pour des marques de lingerie. Tu ne veux pas parler de ça, tu ne connais pas assez l’homme, et même, en général, tu évites d’en parler, davantage encore maintenant que tu as arrêté. « Tu es souvent seule, au bar. J’avoue que ça m’a toujours surpris, et intrigué. Tu ne me donnes pas l’impression d’être de ces femmes à attendre le prince charmant … » Tu souris. Assise, seule, à un bar. Tu te demandes ce que l’homme peut bien penser de toi, sans véritablement en avoir la moindre idée. Après tout, que dire d’une femme seule, assise à un bar, plusieurs fois par semaine ? Qu’elle a raté sa vie, sûrement. Mais est-ce véritablement ton cas, Cassandre ? « Je suis passionnée par la… photographie. Sinon, je m’intéresse beaucoup aux cultures des pays que j’ai déjà visité, j’ai eu la chance de beaucoup voyager pour mon ancien travail. » Tu dis simplement avec un sourire, regardant autour. « Faut croire que j’aime bien avoir ce côté mystérieux, en restant seule. J’aime être ici, c’est calme, je… je me sens bien ici. Mieux qu’à bien des endroits. » Tu affirmes en riant doucement, regardant autour. « J’aurais droit à goûter ta première bouteille de rhum brun quand ce sera prêt ? » Tu lui demandes en lui faisant les yeux doux, comme pour le supplier du regard.

Devant l’entrain de Cassandre face à ses bonnes vieilles bouteilles qui auraient bientôt assez attendu, August ne put s’empêcher de rire. Elle avait les yeux brillants et le rire cristallin ; ça lui donnait le sentiment qu’il avait su lui transmettre sa passion et son amour pour le rhum et ça, pour lui, ça n’avait pas de prix. « T’as qu’à continuer à venir bavarder avec moi à la rhumerie de temps en temps. Comme ça tu seras là quand ce sera prêt. » Avait dit August avec un sourire. Il attendrait la soirée où elle serait là pour déclarer que c’était la grande journée, le moment tant attendu. Certes, August avait quelques personnes avec qui il voulait partager ces premières bouteilles, mais s’il s’en gardait cinq de côté, il pouvait bien mettre toutes les autres en haut, sur l’étagère, prête à être consommée. Cassandre s’était tout naturellement fait sa place dans la liste de ses amis privilégiés qui auraient un avant-goût du produit. Même s’il n’avait pas forcément envie de considérer Cassandre que comme une simple amie. Ils parlèrent finalement de cette passion qui animait August sans le moindre doute, et le professeur d’histoire s’intéressa à celle de Cassandre. Elle devait bien avoir un intérêt, elle aussi, qui la faisait vibrer de tout son être. Qui faisait en sorte que le temps passait trop rapidement lorsqu’elle s’y adonnait. La belle brune lui parla de la photographie, et August haussa les sourcils, agréablement surpris, croisant ses bras sur son torse. « Est-ce que tu exposes tes photographies, ou ce n’est que pour ton plaisir personnel ? Et, est-ce que tu les développes dans une chambre noire ? J’adorerais t’assister dans le processus, pour voir comment ça se fait exactement. » August n’avait pas ce côté artiste en lui, mais il avait toujours trouvé que la photographie était un magnifique art. Tout comme il avait montré à Cassandre comment se déroulait sa passion, il aurait bien aimé qu’elle accepte de partager un peu de la sienne avec lui. « Quel était ton ancien travail ? T’as de la chance d’avoir pu voyager, ce n’est pas donné à tout le monde. » Poursuivit August, bien franchement jaloux qu’elle ait pu goûter à autant de cultures. Lui-même ne les apprenait qu’à travers ses livres, par manque de temps surtout, mais il aurait adoré voyager davantage. Plus tard, peut-être. Elle parla finalement des raisons de sa solitude ici, à la rhumerie, et August hocha la tête. « Je suis ravi, en quelque sorte, que ma rhumerie soit un havre de paix pour toi. » Il lui sourit, tendrement, sincèrement. Cassandre lui demanda alors si elle aurait le droit à goûter à sa première bouteille de rhum brun lorsque ce serait prêt. Son sourire s’élargit, et il hocha la tête. « Avec plaisir, Cassandre. Tu seras la toute première. » Lui promit-il, plongeant son regard dans le sien, cessant de parler, préférant laisser le silence faire les choses.

Tu as hâte de pouvoir goûter ce rhum brun dont August te parle, parce qu’il semble tellement enthousiaste que cet enthousiasme est contagieux, te poussant à toi aussi avoir envie de goûter ce liquide si spécial qui met tant de temps à être prêt. « T’as qu’à continuer à venir bavarder avec moi à la rhumerie de temps en temps. Comme ça tu seras là quand ce sera prêt. » Tu hoches la tête avec un sourire. « Ca marche ! » Après tout, l’été n’est pas vraiment la période où tu as le plus de rendez vous donc tu n’as clairement pas à t’inquiéter des potentiels manques de temps que tu pourrais avoir, non, tu trouveras toujours le temps pour venir à la rhumerie, parce que tu t’y sens confortable, que cela a toujours été le cas depuis la première fois que tu es venue ici, à n’en pas douter. « Est-ce que tu exposes tes photographies, ou ce n’est que pour ton plaisir personnel ? Et, est-ce que tu les développes dans une chambre noire ? J’adorerais t’assister dans le processus, pour voir comment ça se fait exactement. » Quand tu parles de ta passion, ce n’est pas si facile puisque c’est compliqué. S’il y a eu une époque où tu faisais effectivement de la photographie avec d’anciens appareils, tu as tout laissé pour Jamie et tu n’as pas réinstallé ce que tu possédais. « Quand j’ai déménagé ici je n’en avais plus le temps, mais maintenant, oui, quand j’aurai tout bien réinstallé je te montrerais, promis ! » Tu lui dis en souriant avant de parler brièvement des voyages que ton travail de mannequin t’a permis d’avoir.  « Quel était ton ancien travail ? T’as de la chance d’avoir pu voyager, ce n’est pas donné à tout le monde. » Tu rougis. Tu aimerais ne pas lui raconter pour le mannequinat, mais tu n’as plus le choix sur ce secret maintenant. « J’étais mannequin pour quelques marques de prêt à porter, essentiellement. Je faisais des défilés aussi, ça marchait assez bien en son temps. » Tu dis en souriant doucement. Tout ça pour ne pas dire que tu posais en lingerie et que tu te retrouvais affichée dans les magasins dans la même tenue, quand ce n'est pas encore moins vêtue. Mais voilà, tu as arrêté, pour un homme qui ne t’aimait même pas vraiment, pour quelqu’un qui t’a utilisée. Maintenant, tu travailles bien moins là dedans, tu fais moins attention à toi que par le passé, faisant bien moins de sport. « Je suis ravi, en quelque sorte, que ma rhumerie soit un havre de paix pour toi. » Tu souris. Si tu considères Bowen comme chez toi, rares sont les endroits que tu n’associes pas à Jamie. Après huit ans à lui courir après, forcément, tu as beaucoup de souvenirs de lui. « J’en suis ravie aussi, surtout que le propriétaire est agréable également… » Tu affirmes en souriant doucement. « Avec plaisir, Cassandre. Tu seras la toute première. » Tu ris et lui fais ton plus beau sourire pour le remercier, t’approchant pour aller coller un baiser sur sa joue, non loin de ses lèvres, ne laissant subsister qu’un faible chuchotement qui sort de tes lèvres, pour ne pas briser le moment. « Merci… » Tu souris rapidement, regardant autour de toi. Tu la sens, cette tension, Cassandre, mais tu ne sais pas comment agir, tu ne sais plus. Alors tu le regardes, tu te mords la lèvre. Et puis, avant d’avoir le temps de penser aux conséquences de tes actes, tu vas poser tes lèvres sur celles de l’homme, glissant une main dans ses cheveux.

Ravi que Cassandre accepte leur marché – sa présence à la rhumerie contre un avant-goût VIP de son rhum ambré -, August sourit de toutes ses dents, avec son sourire si particulier plus relevé d’un côté que de l’autre. Il avait un tas de clients habitués, maintenant que sa rhumerie était ouverte depuis un moment, mais il en appréciait certains plus que d’autres. Pas forcément une question de genre ; August s’était fait un tas de bons amis en ses clients masculins. Toutefois, il ne pouvait nier que dans le cas de Cassandre, c’était autant son intellect que son physique qui l’attiraient. Finalement, plongés dans la passion d’August pendant si longtemps, ils décidèrent de retourner le miroir de côté afin que Cassandre puisse parler de ce qui la faisait briller, elle. La photographie. Piqué par la curiosité et l’intérêt pour cet art, l’historien ne tarda pas à lui poser davantage de questions sur ce sujet qu’il ne connaissait que très peu. « Ça demande beaucoup d’installation ? J’peux te donner un coup de main si tu veux, pour la chambre noire, ou j’sais pas. » Il proposait son aide alors qu’il n’avait aucune idée de ce qui devait être fait et de si ses capacités seraient utiles mais ça, c’était du August tout craché. Toujours prêt à aider les autres, même aveuglément. Personne ne s’en était jamais plaint. Au travers de ses paroles, August releva que Cassandre avait parlé de son ancien travail et, encore une fois, cela le poussa à l’interroger sur son ancien job. Tout de suite, les joues de la demoiselle tournèrent au rose, ce qui fit sourire August par le fait même. Il apprit avec surprise – ou pas tant que ça, après tout, elle avait tout ce qu’il fallait pour l’être – que la jeune femme avait été mannequin. « Oh, vraiment ? Il paraît que c’est un monde difficile. Est-ce pour cela que tu as arrêté ? » La questionna August, ne se doutant pas qu’il entrait dans un passage miné vers la connaissance de Cassandre. Tout ce qu’il désirait, c’était apprendre à la connaître, parce que l’attirance physique était indéniable mais il voulait aussi tester leur compatibilité d’expériences, d’intérêts, de vie. Ils parlèrent de nouveau furtivement de la rhumerie, le temps que Cassandre lui confie qu’elle aimait beaucoup l’endroit, et le propriétaire aussi. Cela fit sourire August, qui lui affirma qu’elle serait la toute première à goûter à son rhum. Question de réellement la privilégier. Elle s’approcha de lui, doucement, assez lentement pour que la température du corps de l’historien augmente considérablement et que les battements de son cœur se fassent en accélérés. Elle posa ses lèvres sur le coin des siennes, et lu susurra un remerciement à l’oreille. « Ce n’est rien … » Murmura-t-il à son tour alors que leurs visages étaient toujours à proximité. Le regard de Cassandre balayait le sous-sol tandis que celui d’August la regardait mordre sa lèvre inférieure, ce qui monta en lui l’excitation, le désir, l’envie de tout prendre de Cassandre. Tout ce qu’elle voulait bien lui offrir. Finalement, ses yeux revinrent sur lui et elle posa ses lèvres contre les siennes, cette fois-ci bien enlignées, ne laissant plus aucune ambiguïté dans ses intentions. Sans plus se faire prier, August posa une main sur une fesse de Cassandre pour la presser contre son bas-ventre, son autre main caressant sa nuque avec un certain empressement. « J’ai eu envie de toi dès que tu as passé la porte pour la première fois, Cassandre. » Lui dit-il à l’oreille avant de recommencer à l’embrasser avec envie.