horror movies are not for me - ft. August

Petite soirée tranquille. J'avais décidé de me rendre au cinéma voir un film d'animation. Le genre de film pour enfant, que seules les mamans vont voir pour faire plaisir à leurs gosses. Mais moi, c'est le genre de film que j'aime bien regarder, surtout en ce moment, puisque ma vie est pas des plus joyeuses, donc j'essaie d'éviter les films dramatiques. J'ai déjà mes problèmes, pas besoin de me coltiner pendant deux heures trente ceux de personnages imaginaires. J'arrive au ciné, je patiente pour mon ticket, y a une tonne de monde, mais c'est normal, parce qu'un nouveau film d'horreur vient de sortir en avant première. J'aimais bien ce genre de film, avant. Actuellement, je sais plus trop si j'ai le courage nécessaire pour regarder ça. Je patiente quasiment vingt minutes, j'en ai marre et je sens déjà la fatigue me gagner. Ca a intérêt à être cool, sinon je vais vite m'endormir.

Le ticket en main, je suis joyeusement la foule devant moi. J'ai déjà oublié dans quelle salle je dois aller, mais je suis un petit groupe de jeune de quatorze-quinze ans, je suis sure qu'ils vont voir le dessin animé eux aussi. Je m'installe tranquillement, la salle est bondée. Comme quoi, je suis pas si ridicule à aller voir un truc de gosse. Et là, désespoir, les pubs... Qui s'éternisent. Je décide de fermer les yeux le temps des pubs, comme ça je serai en forme quand le film débutera.

Je me réveille, sans trop savoir combien de temps j'ai dormi. Y a pleins de gens autour de moi, ça sent le pop corn. Et là, malheur en fixant l'écran. Une ambiance glauque, des bruits bizarres et dégueulasses, des ombres et... Un fantôme ! Je me suis gourée de salle, c'est l'enfer. Je veux pas regarder ce film, en à peine une minute j'ai déjà sursauté trois fois. "Je veux sortir d'ici." Je soupire un bon coup, cherchant du regard la sortie; c'est difficile, il fait noir. Je vais déranger tout le monde, je le sens. Y a déjà des gens qui se sont tournés vers moi quand j'ai parlé. "J'peux pas regarder ça, putain !" Ouais, je suis plus poule mouillée que je le pensais.

De son côté, August adorait les films d’horreur. Pour lui, c’était davantage une distraction qu’autre chose, puisque ça lui en prenait vraiment beaucoup pour avoir peur. La plupart du temps, il se moquait des effets spéciaux lorsqu’il y en avait et, sinon, il critiquait sans cesse ce qui ne faisait pas de sens dans le film. Alors au bout d’un moment, il avait cessé de les visionner dans l’espoir d’avoir quelques frissons, préférant apprécier le film comme si c’en était un comme un autre, sans attente précise. August s’était rendu au Summergarden dans l’espoir qu’il y ait des visionnements à l’extérieur, lui qui raffolait du cinéma en plein air, malheureusement les conditions météorologiques ne le permettaient pas pour la soirée. Cependant, tant qu’à avoir fait tout le chemin et s’être bloqué une soirée pour ça, il décida d’y aller quand même en salle. C’était mieux que de rentrer seul chez lui, à son avis. Et puis, il y avait cette file d’attente pour un film d’horreur dont la date de sortie était aujourd’hui même, alors aussi bien vivre l’excitation en même temps que tout le monde. Le professeur d’histoire alla donc se positionner à l’arrière de la file, essayant de se faire plutôt discret car il avait reconnu en avant de lui un petit groupe d’élèves qu’il avait eu cette année même. Il se fichait qu’elles viennent lui parler, mais c’était davantage pour les laisser vivre leur soirée en paix qu’August ne les salua pas. Il savait que même en vacances, il conservait toujours sa figure d’autorité à leurs yeux, alors qu’au fond August ne pouvait rien faire d’autre que les autres adultes si jamais ils mettaient leurs pieds sur les bancs ou qu’ils parlaient trop fort. Et puis, il avait mieux à faire que de les surveiller pendant son temps libre, pour tout vous dire. Bref, la salle ouvrit finalement ses portes et August alla s’installer à l’arrière complètement, à côté de la sortie. Il était seul, il n’allait donc pas aller prendre les meilleures places au milieu quand des groupes d’amis pouvaient y être. Le film débuta après quelques pubs et l’homme se cala dans le fond de son banc, appréciant jusqu’à maintenant très moyennement la trame factuelle du film. Il y avait des incohérences et des idées tirées par les cheveux, ce qui ne lui plaisait habituellement pas vraiment. Ce fut donc sans hésiter que, lorsqu’une femme sembla prise de panique à la recherche de la sortie, August se leva de son banc et alla ouvrir la porte, ce qui créa une ligne de lumière dans la salle. « Par ici ! » Chuchota-t-il assez fort pour que la femme l’entende. Elle se rua à l’extérieur et August referma la porte derrière lui, maintenant tous les deux dans le hall vide. « Est-ce que tout va bien ? Respire … » Lui conseilla August, inquiet.

Pourquoi la salle était aussi noire? Comment retrouver la sortie en cas d’urgence? Je n’en pouvais plus, la panique ne me quittait plus, mon coeur battait anormalement vite. Il n’avait fallu que de cinq minutes de films pour me mettre dans cet état. Il fallait dire que je n’étais pas vraiment préparée à me réveiller devant un fantôme glauque qui poussait des cris affreux. Si seulement je ne m'étais pas endormie, je serais sortie directement de la salle... Jamais je n’aurais pensé réagir ainsi, telle une gosse de cinq ans, effrayée par les soit disant monstres sous son lit. Mais actuellement, tout ce que je voulais, c’était sortir de la salle et oublier cet incident. J’étais donc là, à gêner tout le monde par mes plaintes, jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la porte, me criant de venir. Sans hésiter, je me rendais donc vers la sortie, guidée par la faible lumière. Le hall était éclairé, désert, silencieux. Je me sentais déjà mieux. Mon sauveur me demandait si ça allait.
- Ca va... Je crois. Je répondis en fixant le sol, essayant de reprendre mes esprits. Je respirais longuement, comme il me l’avait conseillé, avant de le regarder un peu plus en détail. Il avait posé sa main sur mon épaule, un geste qui se voulait rassurant.
- Je te remercie. Mais tu devrais y retourner, j’ai déjà gâché la séance de pas mal de monde. Je ne voudrais pas gâcher la tienne. J’avouais alors. Et puis vu le prix du cinéma, il valait mieux qu'il retourne profiter du film, au moins pour voir la fin. Surtout que le film était actuellement plongé au coeur de l’action. Les scènes les plus effrayantes et les plus intéressantes pour toutes les personnes friandes de films d’horreur, étaient surement en train de se dérouler. Mon coeur avait repris son rythme normal.
- Je me suis endormie pendant les pubs. J'étais pas censée venir voir ce film, j'ai dû me tromper de salle. Autant lui expliquer la situation. Ca avait dû lui sembler bizarre que je me mette à paniquer autant alors que le film était déjà bien avancé. Il allait surement me prendre pour une idiote, mais ça m'était égal. Il avait réussi à me sortir de là, et je lui en étais reconnaissante.

La demoiselle fixait le sol, ne prenant même pas le temps de regarder son interlocuteur. Elle était trop prise par la panique, et même si le professeur d’histoire n’arrivait pas forcément à se mettre à sa place puisque le film d’horreur en question ne lui faisait ni chaud ni froid, il était tout de même capable de comprendre que sous l’effet de la peur, la blonde perdait tout contrôle sur elle-même. Heureusement, ils s’étaient trouvé vers l’arrière de la salle et sans doute qu’une bonne partie des spectateurs n’avaient rien vu ni entendu de ce qui venait de se dérouler derrière eux, trop concentrés sur l’écran et les oreilles déjà bien occupées par le son « surround » beaucoup trop fort du film. Reprenant un peu ses esprits, la blonde releva les yeux vers August et lui dit de retourner voir le film, ne voulant pas gâcher sa séance à lui aussi. Il lui sourit, d’un sourire qui se voulait rassurant, et que le professeur maîtrisait plutôt bien. « Oh, tu sais, le film en lui-même a plutôt gâché ma séance. » Et ce n’était même pas pour la réconforter ou la déculpabiliser, puisqu’il était bien vrai qu’August était, jusqu’à maintenant, plutôt déçu de la tournure du long-métrage. Vu et revu, effets spéciaux bâclés, incohérence de l’histoire, etc. Plus les minutes passaient, plus le scénario l’agaçait. La jeune femme lui expliqua alors qu’elle s’était endormie durant les pubs et ce, dans la mauvaise salle, ce qui expliquait qu’elle n’avait jamais désiré se retrouver devant ce film. « Et quel était le film que tu devais voir ? Si ça se trouve, une autre représentation aura bientôt lieu et on pourra se faufiler dans la salle, incognitos. » Certes, August n’avait pas de billet pour ce film et celui de la blonde était expiré, mais une fois entré dans le cinéma en tant que tel, les employés vérifiaient plus ou moins les billets. « Peut-être que j’en aurai davantage pour mon argent avec ton choix. » Ajouta-t-il, comme pour la convaincre. En réalité, August se sentait déjà trop protecteur et responsable vis-à-vis d'elle pour la laisser seule alors qu’elle venait de vivre un instant de panique visiblement intense, même s’il avait été de courte durée.

Reprenant peu à peu mes esprits, je me rendais compte que j’avais fait une sacrée scène dans cette salle de cinéma. Je m’étais surement bien tapé la honte, et j’espérais qu’aucune de mes connaissances ne s’était trouvée dans cette salle, et si c’était le cas, je priais pour qu’on ne m’ait pas reconnue. Je ne pu m’empêcher de rire lorsque le jeune homme m’avoua à demi mots que le film ne lui plaisait pas. Je commençais enfin à me détendre. Et puis, j’étais plutôt heureuse de constater que je n’étais pas la seule à ne pas avoir apprécié le film - même si ça n’était pas pour les mêmes raisons. -
- C’est vrai, vraiment pas terrible ce film… Commentais-je pour plaisanter. J’étais mal placée pour juger, je n’avais vu que cinq minutes à peine. Il ne s’était pas foutu de moi pour la petite sieste dans le cinéma et l’erreur de salle, ce que j’appréciais beaucoup. Après tout, la situation était ridicule et il aurait très bien pu me taquiner là dessus. Si j’avais vu quelqu’un paniquer comme moi je l’avais fait, j’aurais surement ri. Seulement, la poule mouillée du jour, c’était moi.  Il demandait quel film je devais aller voir à la base. Là, il n’allait peut-être pas résister à l’envie de rigoler. Moi, Siam Turner, à 24 ans, j’avais prévu d’aller voir un dessin animé au cinéma. Je ne savais pas ce qu’il m’était passé par la tête, ça me paraissait être une bonne idée à la base. Une idée que je trouvais un peu difficile à assumer maintenant. Qu’allait-il en penser?
- Je ne suis pas sure que mon choix d’origine te plaise… Je devais aller voir Zootopie, tu sais le film d’animation… J’avais répondu, un peu gênée par la question que je n’avais pas vu venir, alors qu’elle semblait prévisible. Je sentais déjà mes joues rougir de honte et je n’étais même plus sure de ce que je voulais, retourner dans une salle sombre ne me tentait plus vraiment pour le moment, film d’animation ou pas.

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Un sourire des plus amusés anima le visage d’August, déjà éclairé par ses yeux rieurs et brillants. Tout se passait dans le visage de cet homme, et rien qu’en observant ses traits, on pouvait deviner toutes les émotions qui traversaient son cœur. Là, heureusement, la jeune femme pourrait constater qu’il n’était aucunement dérangé par l’interruption de son film, au contraire. Il préférait de loin transformer cette soirée au cinéma en lieu de rencontre plutôt qu’en déception à propos d’un film pourtant tant attendu et publicisé. Bref, August était amusé parce que la jeune femme prétendait que le film n’était pas terrible alors qu’elle n’en avait probablement vu que trente secondes avant de fuir la pénombre de la salle. Bon, de toute façon, comme il l’avait mentionné, ça ne valait pas la peine d’en voir davantage. August proposa donc d’aller voir le long-métrage qu’elle avait prévu voir à l’origine, se foutant un peu de ce devant quoi il devrait passer les deux prochaines heures. Il découvrirait autre chose, au pire. La blonde lui apprit avec hésitation et gêne qu’elle s’apprêtait à voir Zootopie, un film d’animation. Le visage d’August s’éclaira. « Ah mais oui que ça me plaît ! Il a presque la note parfaite sur Rotten Tomatoes, c’qui est pas rien venant d’eux. J’ai pas voulu venir seul le voir parce que bon … un homme dans la trentaine qui vient seul voir un film pour enfants, c’est louche, même si moi je trouve que non, ben c’est pas l’avis du reste de la société. » Ajouta-t-il avec un rire gêné par sa propre tirade trop enthousiaste. August commença à marcher en direction de la salle en question, espérant qu’ils ne se feraient pas repérer par des employés trop zélés, et quand ils croisèrent le stand à bouffe, il se tourna vers la jeune femme. « Tu veux qu’on se prenne popcorn, bonbons et boissons ? Question qu’on se fonde un peu mieux dans la masse. » Proposa-t-il avec un sourire. Puis, dans la file, il réalisa à quel point cette rencontre avait été rapide et inopinée, jusqu’à en oublier la base d’une rencontre. « Au fait euh, moi c’est August. » La base, oui.

J’étais rassurée de ne pas avoir gâché sa séance alors. Il riait et semblait content d’être là, au final, ma crise de panique lui avait permis de pouvoir s’échapper loin de ce navet. J’étais maintenant bien remise de mes émotions, ravie que tout ça soit derrière moi. J’étais un peu gênée à l’idée d’énoncer le film qui à la base m’intéressait. Mais c’était dit, trop tard pour faire marche arrière. Après tout, les goûts et les couleurs… Je m’attendais à le voir rire, ou quelque chose du genre. Et quelle fut ma surprise, puisque ça ne fut pas le cas. Zootopie le tentait bien, il était même allé voir la note du film sur un site. J’haussais les sourcils, totalement surprise. Il n’avait pas osé venir le voir seul. Ce que je comprenais, moi même, ça m’avait demandé du courage avant de me décider à acheter mon ticket. Puis je m’étais dit que je me foutais de l’avis des autres, je n’allais pas m’empêcher de vivre. « Je ne pensais pas que tu serais aussi enthousiaste ! Mais si ça te plait, c’est cool. Et puis tu sais quoi, on s’en fout de l’avis de la société ! » J’avais plus envie de penser aux critiques. Simplement de profiter de la soirée, de cet homme plus que sympathique et du film d’animation. Je le suivais lorsqu’il se dirigeait vers la salle. Je ne savais pas si mon ticket était encore valable, lui même n’en avait pas pour ce film, mais je trouvais ça encore plus drôle. Il proposait de prendre des boissons et des sucreries. J’hochais la tête par l’affirmative, j’avais bien envie de sucré ! Et puis j’avais encore de l’argent. « Ouais avec plaisir ! J’adore manger ce genre de truc bien degueu pour la santé ! » Avouais-je en riant. Puis comme il l’avait dit, on allait mieux se fondre dans la masse avec ça, le parfait cliché des adultes qui ne voulaient pas grandir.  Mon regard se posa avec émerveillement devant les bonbons tous plus colorés les uns que les autres. L’odeur du popcorn donnait énormément envie aussi. « J’ai l’impression de redevenir gamine là, j’adore. Tu veux prendre quoi? » je demandais. Puis il se présenta. Effectivement, on avait sauté cette étape pourtant cruciale… Mais il valait mieux tard que jamais, pas vrai? « Moi c’est Siam ! » Je lui fis un sourire, ravie de pouvoir mettre un nom sur son visage.

Sans doute s’était-elle attendu, elle aussi, à ce qu’un homme de la tranche d’âge et de l’allure d’August se moque d’un film comme Zootopie, mais visiblement, les apparences sont parfois trompeuses. Le trentenaire adorait les films d’animation comme ceux-là qui, malgré qu’ils visent une clientèle plus jeune, avaient toujours un bon message derrière. Et beaucoup de travail, aussi. La blonde haussa un sourcil quand elle l’entendit parler de la cote du film, il était beaucoup trop informé pour un homme qui avait plutôt choisi d’aller voir un film d’horreur auparavant. « T’as raison, on s’en fout royalement. » Il afficha un large sourire et suivit la jeune femme jusqu’à la salle mais, en passant devant le stand à friandises, il proposa à la demoiselle de rendre l’expérience encore plus complète. Elle hocha la tête, partageant son enthousiasme, tout d’un coup. « On ira courir quelques kilomètres demain et notre corps nous l’aura bien vite pardonné ! » Lâcha-t-il en riant. Et puis, même s’ils n’allaient pas courir, ils avaient tous les deux des corps qui semblaient bien en santé, alors une soirée d’écart ne détruirait pas tous ces efforts. August adorait l’entraînement, la course surtout, pas pour rien qu’il faisait des triathlons, mais il n’était pas maniaque au point de calculer tout ce qu’il mangeait pour être équilibré. Il savait en prendre et en laisser, dans le domaine du sport. Ils firent la queue et, en attendant, August jugea bon de se présenter. Il hocha la tête quand Siam en fit de même. « Enchanté, Siam. » Il lui sourit, courtois, et s’avança dans la file puisque c’était déjà à leur tour. Il commanda un grand popcorn, au prix c’était mieux et puis ils partageraient, ils n’étaient plus vraiment des inconnus déjà. Il commanda aussi quelques friandises ainsi qu’une bouteille de coca pour lui, laissant la blonde décider de ce qu’elle prenait et de ce qu’elle désirait ajouter à la commande. Ils se séparèrent les coûts et August attrapa un maximum de leur butin, laissant le reste à Siam, et ensemble ils se dirigèrent vers la salle correspondante. « J’ai toujours les yeux plus gros que la tête, j’espère que t’as bon appétit, parce que c’est pas moi qui terminerai tout ça. » Il rigola, puis ils entrèrent dans la salle, scannant tous les deux la salle du regard afin de trouver la meilleure place possible. Ils montèrent les escaliers vers le haut et s’installèrent en milieu de rangée. Une fois bien assis et la nourriture bien répartie, le jeune homme se tourna vers la blonde, fier qu’ils ne se soient pas fait coincer dans leur illégalité – bon, ce n’était pas le plus gros des délits, mais quand même. « Si tu t’endors encore, j’te réveille, ou j’te laisse dormir ? » Demanda-t-il avec un sourire amusé. La première fois, son sommeil l’avait sauvée de quelques images horribles, mais cette fois, elle raterait un bon film.

J’étais pas le genre de fille qui faisait attention aux calories et à ce genre de trucs. Je faisais du sport de temps en temps, mais pas tous les jours non plus. On avait qu’une vie après tout, autant manger tout ce qui nous faisait envie. C'était pas quelques écarts qui nous mettraient en danger de toute façon. « Ouais, on ira courir demain » J'hochais la tête, même si ça n'était pas sur que je le fasse vraiment, c’était surtout pour me donner bonne conscience.  Les présentations étaient maintenant faites « Enchantée » répondis-je avec le sourire moi aussi. Vint alors notre tour pour commander la nourriture : Après maintes hésitations nous avions fini par faire des choix : On avait donc commandé pas mal de friandises, coca et pop corn. On avait peut-être abusé tellement le sachet me semblait rempli, bien trop rempli pour deux. Mais tout semblait bon, impossible de me décider, alors j’avais pris un peu de tout. On avait partagé la note, puis on s’était faufilés jusque devant la salle discrètement, sans se faire prendre. Une chance, ça m’aurait embêtée de devoir repayer un ticket alors que je n’avais même pas regardé 10 minutes du film précédent. Et puis après tout, c’était bien Zootopie que j’allais voir, à la base. J’avais simplement loupé l’heure… Et la salle accessoirement. August avoua alors qu’il n’arriverait surement pas à finir toute la nourriture que l’on avait acheté. « J’avoue qu’on a un peu abusé là… Mais c’est pas grave si on finit pas, on partagera les bonbons et on terminera tout ça demain ! » Je lui fis un clin d’oeil complice alors que l’on entrait dans la salle. Il y avait déjà pas mal de monde, des gens en bas âge pour la plupart. Certains nous regardaient, mais peu importe, je me fichais bien d’avoir vingt quatre ans à ce moment là. On prit place, une bonne place d'ou l'on verrait super bien le film. J’avais hâte que ça commence. Les dessins animés, j’adorais ça. Ca me permettait d’oublier un peu la difficulté la vie, ne serait-ce qu’une heure et demi. August me taquinait, me demandant ce qu'il devait faire au cas ou je m'endormirais à nouveau. « Hé ! Je ne vais plus m’endormir ! Ou du moins… J’espère pas ! » Je me mis à rire. De toute façon, c’était impossible que je m’endorme à nouveau, vu les péripéties que ma précédente sieste m'avait causé.  

D’un hochement de tête bref et motivé, Siam approuva les propos d’August. Ce dernier était loin de se douter qu’elle ne le disait que pour les apparences, pour se donner bonne conscience ou encore pour fermer le clapet trop optimiste et axé sur la santé du professeur d’histoire. Il ne voulait pas se montrer chiant ou avoir l’air moralisateur en parlant du sport qu’ils devraient faire pour compenser, non, c’était loin d’être l’intention d’August. Mais tant pis si c’était l’impression qu’il avait laissée. Il aurait tout le temps du monde pour rétablir la vérité. Ils se rendirent à la salle et trouvèrent bien facilement des places libres au sein de toutes ces familles. August baissa les yeux sur toute la nourriture qu’il ne savait même plus où mettre. Siam se ramassa avec les bonbons sur les genoux, et lui, le popcorn. « Ouais, on fera durer le plaisir, comme ça. » Il sourit en regardant sa compagne. C’était assez inopiné comme rencontre, ça, mais c’était de cette façon qu’August aimait le plus entrer en contact avec les gens. En sortant de l’ordinaire, en sortant des sentiers battus. Pourquoi devrait-on attendre la situation parfaite pour rencontrer d’autres personnes alors qu’on pouvait aborder qui on voulait, quand on le voulait ? Certes, tout le monde n’était pas aussi ouvert que Siam, et il avait donc eu de la chance ce soir, mais il fallait toujours être prêt à d’aussi belles découvertes. Surtout à Bowen. Cette ville semblait être de celles où ses habitants sont toujours prêts à vous accueillir, à bras ouverts. Pour la plupart. Bref, peu avant que le film ne débute, August taquina Siam en lui demandant s’il devait la réveiller, advenant le cas qu’elle s’endorme de nouveau. Elle rigola, affirmant qu’elle ne s’endormirait pas. « D’accord, d’accord ! I was just checking. » Dit-il en levant les mains en l’air, comme un coupable. Il manqua d’échapper le popcorn au sol étant donné qu’il ne le tenait plus fermement, alors il s’empressa de le rattraper avec un petit rire et un air surprise. « Ouf, c’était moins une. » Et c’est alors que les lumières s’éteignirent pour les publicités. August chercha le regard de Siam dans le noir. « Bon film ! » Lança-t-il avec entrain, tandis qu’un gamin commençait déjà à frapper ses pieds contre son dossier.

On avait vraiment l’air de deux gamins, avec toutes nos sucreries et ce trop plein d’enthousiasme à aller voir ce film d’animation. Mais j’étais bien heureuse de la tournure qu’avait pris cette soirée. Je ne pensais pas faire une rencontre de la sorte ce soir. Autant dire que cette rencontre originale resterait longtemps dans ma mémoire. Et puis, sans August, je serais certainement rentrée chez moi déçue, ou alors je serais encore dans cette salle en train de me cacher les yeux…
Une fois bien installés et toute la nourriture sur les genoux, je n’avais qu’une hâte : que le film commence. « Exactement ! » Répondis-je à August à propos de la nourriture. Si il en restait demain, je finirais en souvenir de cette belle soirée.
Les pubs allaient bientôt commencer et elles allaient surement durer une bonne quinzaine de minutes. Sauf que cette fois, il était hors de question que je m’endorme à nouveau. Je n’avais absolument pas envie de rater le début du film. Mais je ne m’inquiétais pas, cette fois j’avais un acolyte près à me réveiller dès que je clignerais un peu trop fort des yeux. Je lançais un regard complice à August qui en levant les bras faillit renverser tout son pop corn. Heureusement qu’il parvint à le rattraper à temps, je n’aurais pas aimé ramasser tout ça. « Ouf ! » lâchais-je en rigolant de bon coeur moi aussi. J’ouvrais alors mon paquet de bonbons pour en prendre un et je tendis le paquet à August afin qu’il se serve à son tour. Peu de temps après, les lumières ne tardèrent pas à s’éteindre pour faire place aux publicités. « Bon film à toi aussi ! » Répondis-je à mon tour à August, surexcitée telle une enfant de cinq ans. Peut-être que cette rencontre hors du commun donnerait naissance à une belle amitié, du moins c’était ce que j’espérais.

fin