oups [Concholing]

Aisling eut un sourire quand il lui dit qu'il la trouvait courageuse. Elle était assez flattée. Elle avait l'impression qu'à présent, dans les études supérieures, un master c'était banal. La plupart des gens faisaient des études de plus en plus longues. Et pourtant, ce n'était pas pour ça que les boulots étaient payés une fortune à l'emploi.

-Docteur Aisling ça claque au moins. J'aimerais bien que les gens s'inclinent sur mon passage aussi.

Elle eut un petit sourire amusé à ses propres bêtises. Fallait pas trop rêvé non plus. Si les gens étaient respectés en fonction du nombre d'année d'étude qu'ils avaient fait, ça se saurait et ce n'était certainement pas plus mal comme ça.
En entendant son rire gêné et sa réponse, Aisling comprit qu'il devait y avoir quelque chose de particulier avec ses parents, un terrain sur lequel elle ne devrait mieux pas s'aventurer finalement.

La blonde se mit à rire quand il lui proposa de prendre Gambo' pour s'exercer. Pauvre chien, elle ne lui rendrait peut-être pas dans le même état qu'elle l'avait prit.

-Tu dois avoir drôlement confiance pour me le confier, comme ça.

Elle continua de lui grattouiller le cou, un peu rêveuse.

-J'ai déjà du mal à me nourrir moi-même alors ne pas oublier de nourrir un animal... Ou même de le faire boire ou tout le reste même. L'emmener en promenade tiens, vu comment j'ai la flemme de sortir...

Rester au fond de son lit, c'était bien plus agréable.

Pour la flatter davantage dans son égo, et surtout pour la faire rire, je mis mes mains à plat sur le comptoir de l’îlot de la cuisine et je me penchai, de façon à avoir l’air de me prosterner devant elle-même si j’étais assis. Je rigolai en me relevant vers elle, buvant les dernières gorgées de mon jus d’orange au passage. « Pour que tout le monde fasse comme moi, faudrait au moins que t’aies un sarrau, comme une vraie docteure ou chercheure, à moins de t’écrire docteur dans le front. » Quand ce fut mon tour de parler de mes études, Aisling n’insista pas sur la question des parents ; sans doute avait-elle ressenti mon malaise, et je l’en remerciais. Je n’avais pas forcément envie d’étaler mes problèmes familiaux à une inconnue. Elle semblait loin d’être le genre de fille à juger, mais tout de même, je n’étais pas forcément fier de tout ce qui se trouvait dans mon passé et dans mes gênes. C’était triste de penser ainsi, mais c’était tout de même le cas.

Je lui parlai de mon aisance à lui confier Gamborlim si elle désirait expérimenter le fai de vivre avec un animal et de s’en occuper, si elle le désirait. J’haussai les épaules. « Je me doute bien que tu ne l’empoisonneras pas. » Je souris. Bien des gens étaient complètement cons par rapport aux animaux, cruels et sans cœur, mais Aisling n’était pas comme ça. J’avais beau la connaître depuis quelques dizaines de minutes, je voyais bien qu’elle n’était pas cinglée, du moins pas en ce qui avait trait à la maltraitance animale. « Tu serais surprise de voir à quel point il est plus facile de prendre soin de ces petites bêtes que de soi-même. » Déclarais-je avec un sourire en tendant mon bras vers Gamborlim pour lui ébouriffer un peu les poils de la tête. « T’as assez mangé ? T’as besoin de quelque chose d’autre ? » Je me tournai vers la salle de bain furtivement avant de reporter mon attention sur la blonde. « Si t’as besoin d’aller sous la douche je peux te sortir le nécessaire. » À croire que c’était moi qui avais couché avec elle cette nuit, mais non, ce n’était même pas moi qui avais eu ce plaisir.

Aisling eut un sourire amusé en voyant le geste de Concho’. Il était plutôt doué pour faire le clown mais elle n’allait pas classée cela comme un défaut. Il avait raison quant au signe distinctif qu’elle devait porter pour que les gens s’inclinent sur son passage. Elle prit une mine songeuse pendant quelques secondes. Elle n’allait pas s’écrire sur la peau, et puis porter une blouse tout le temps ce n’était pas très pratique non plus, et franchement inutile même, à part pour se faire remarquer.

-Il faudrait que je mette un badge avec inscrit « Docteur Aisling ».

C’était plus discret un badge, et puis elle pouvait s’habiller comme elle voulait comme ça. En réalité, ce serait plutôt son nom de famille qui serait écrit dessus, d’ailleurs, mais elle n’avait pas particulièrement envie de le prononcer, même si c’était loin d’être top secret. Elle avait toujours un petit côté sauvage, Aisling.

Quand il lui dit se douter qu’elle ne l’empoisonnerait pas, la blonde eut tout de même une petite moue. Certes, elle n’allait pas lui donner de la mort au rat, mais elle pouvait tout de même lui donner quelque chose de non approprié par inadvertance, avec elle on ne savait jamais. Ou bien même oublier de le nourrir, mais bon elle se doutait qu’il lui rappellerait qu’il avait faim et qu’il ne se laisserait pas mourir en silence.

-Je sais qu’il ne faut pas leur donner de chocolat, mais après…

Elle fixa un instant le chien suite aux dires de son propriétaire. Plus facile de s’occuper d’eux que de soit ? Il fallait avouer qu’elle avait du mal à y croire… Mais il était certainement bien plus au courant qu’elle de la situation.

-Il faut le promener tout de même.

Ce qui l’obligeait à sortir peut-être contre son gré. Puis Concho’ se transforma en hôte attentionné, pas qu’il ne l’était pas déjà mais il semblait soudainement beaucoup s’inquiéter de ses besoins ce qui lui tira un sourire amusé.

-Oui j’ai bien assez mangé, ne t’en fais pas pour ça.

Elle avait même tellement mangé qu’il y avait des chances pour qu’elle ne mange rien ce midi. Elle secoua négativement la tête lorsqu’il lui parla de douche. Elle n’était pas obligé de la prendre ici, et puis elle était déjà habillée, elle n’avait plus envie que ça de s’immiscer davantage dans la vie d’un appartement qui n’était pas le sien. Déjà qu’elle avait passé du temps avec Concho’ alors que d’ordinaire elle se serait rapidement échapper… s’en était presque étrange.

-Non pas besoin de douche, je pense que je vais plutôt rentrer chez moi.

Aisling prenait beaucoup trop au sérieux mes commentaires quant à son signe distinctif, ce qui franchement me ravissait. Elle avait ce brin de folie que j’aimais chez les autres et ce, malgré son sérieux aux premiers abords. Je comprenais de mieux en mieux pourquoi Perry avait posé les yeux sur elle, même si je n’avais jamais douté des raisons valables de ce choix. Jusqu’à maintenant, tout roulait comme sur des roulettes durant cette première rencontre. « Ouais ! Un badge en or, ou en bronze si Perry accepte pas de payer pour. » Blague peut-être un peu trop tôt dans leur relation, et dans ma relation avec Aisling aussi, mais c’était juste pour souligner à nouveau à quel point Perry était plein aux as. « Docteur Aisling par contre on dirait le titre d’une télé-réalité pourrie qui traite des problèmes de monsieur et madame tout-le-monde. C’est pas vraiment l’image que je voudrais transmettre, à ta place. »

Trêve de plaisanteries, on parla de Gamborlim, mon carlin, qui malgré son nom était loin d’être une blague. Il avait une très grande place dans mon cœur et ce, même si j’étais prêt à le confier à une femme qui croyait dur comme fer qu’elle le tuerait. « C’est déjà un bon début ! » Lançais-je avec amusement quand Aisling déclara savoir qu’il ne fallait pas leur donner de chocolat. « Vous n’apprenez pas ça, dans vos cours ? » Demandais-je à moitié sérieux. J’ignorais simplement de quoi il était question dans ses études de zoologie, alors j’émettais des hypothèses au risque de paraître un peu imbécile. « Ah oui, c’est sûr, il faut le promener. Matin, midi, soir. À moins de vouloir un logement qui sent la pisse chaude. » La caractériser de chaude était sans doute peu nécessaire, puisque les chiens n’avaient pas le monopole de l’urine à température du corps, mais c’était plus drôle. « T’aimes pas trop les promenades, j’en conclus ? » Demandais-je alors.

Comme nous avions tous les deux terminé de piger dans nos assiettes, je demandai à mon invitée surprise si elle avait assez mangé, et si elle désirait aller se doucher. Elle secoua négativement la tête et me dit plutôt qu’elle allait plutôt rentrer chez elle. J’hochai la tête. Elle ne resterait pas ici indéfiniment, c’est sûr. « Bien. Laisse-moi tout ça, je vais m’en occuper plus tard. » Dis-je en faisant des mouvements de main pour désigner toute la vaisselle sur le comptoir et devant nous. Je la regardai avec un sourire, supposant qu’elle allait sans doute se lever pour aller s’habiller et prendre ses effets personnels avant de quitter. Je la saluerais à ce moment-là.

Aisling esquissa un sourire quand il lui donna l’idée de demander à Perry de payer pour son badge. Il était vrai que c’était plutôt une bonne idée. Il fallait bien que son argent serve à quelque chose d’utile, et le badge c’était vraiment très très très utile.

-Il acceptera, j’ai de quoi le convaincre !

Bon, elle n’était pas sûre qu’il soit très réceptif au chantage sexuel, mais tout de même, elle pouvait toujours essayer.

-Hey mais je te permets pas !

Elle émit un grognement, elle aurait préféré qu’il approuve son idée tout de même. Même si son nom de famille ferait certainement plus sérieux que son prénom sur un badge.
La blonde hocha vigoureusement la tête quand il admit que c’était déjà un bon début qu’elle sache qu’elle ne devait pas lui donner de chocolat. Faut croire qu’elle n’était pas la dernière des abruties. Bon, c’était un peu son domaine d’étude, aussi, mais chut.

-Oui et non. Disons que nos cours sont beaucoup plus axés sur les animaux sauvages que les animaux domestiques. Et puis je ne suis pas encore vraiment spécialisée dans un domaine.

Donc c’était normal.
Elle eut un léger sourire quand il lui conseilla de le promener pour ne pas que ça sente la pisse chez elle. C’est sûr que c’était logique, il n’y avait pas à dire. Elle hocha doucement la tête de haut en bas.

-Ca ne serait pas très agréable.

A sa question, elle se contenta de hausser doucement les épaules. Il n’était pas obligé de savoir qu’en temps normal elle était totalement asociale. Ce n’était pas quelque chose qu’elle cachait réellement mais puisqu’il semblait l’apprécier pour le moment…

-Pas plus que ça…

Elle hocha de nouveau la tête quand il lui dit de laisser ses affaires là. Elle ne risquait pas de lui dire qu’elle allait l’aider, ce n’était pas son genre. Elle quitta alors Concho’ pour rejoindre la chambre de Perry où elle attrapa rapidement ses affaires avant de retourner dans le salon et donc vers la sortie.

-A une prochaine fois peut-être.

S’il était là pour lui faire le petit déjeuner, elle voulait bien le revoir.

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire quand Aisling me dit qu’elle avait de quoi le convaincre. « Un vagin ? » Demandais-je, amusé, pas gêné le moins du monde. De toute façon, la blonde et moi avions rapidement eu une relation assez honnête, et propice aux blagues, alors tant pis. Si c’était le commentaire de trop, au moins j’aurais fait bonne impression auparavant. Et puis, à ma défense, son commentaire à elle était plein de sous-entendu. Si ce n’était pas ce qu’elle tentait de me dire, alors elle avait vraiment un esprit trop pur, et ça j’en doutais quand même fortement.

On parla ensuite de Gamborlim, ou plutôt de comment traiter les chiens, et Aisling m’apprit que ses cours à elle étaient plus axés sur les animaux sauvages. « Cool. » Répondis-je tout simplement. Ça devait être difficile de savoir dans quoi se spécialiser ; des animaux, il y en avait un paquet. Je me disais que moi j’aimerais travailler avec les animaux de la savane mais c’aurait pu changer si j’étudiais là-dedans. Je découvrirais d’autres animaux encore plus chouettes.

Finalement, leur conversation tira à sa fin et Aisling retourna dans la chambre de Perry, où je l’entendis fouiner – sans doute pour ramasser ses affaires. Quand elle revint, j’étais devant l’évier, passant l’eau sur nos assiettes. « Ouais, à la prochaine ! » Dis-je avec un peu plus d’optimisme qu’elle dans ma formulation. Je lui souris et la regardai disparaître derrière la porte. Si Perry la laissait aller, celle-là, il était vraiment un grand idiot.

FIN.