good kids with a devil side ↣ alfie.

Pourquoi la falaise, ou pourquoi pas. Un endroit presque trop calme, où toute âme quelque peu suicidaire pourrait facilement y trouver son compte. Lui qui n'a pas pour habitude de se rendre dans ce genre d'endroit où il n'y a ni de quoi se bourrer ni musique d'ambiance un peu trop électronique à son goût, c'est avec curiosité qu'Alfie est montée jusqu'au point le plus haut de Bowen. Il a eu envie de voir, envie de savoir pourquoi cet endroit fait tant parler de lui. Là-haut, le vent se lève. Il ébouriffe ses cheveux, se glisse sous son t-shirt blanc délavé, et caresse la peau de son visage d'une brise chaude pour la saison. Même si ça fait deux ans qu'il vit là, Alfie ne sait pas si il arrivera un jour à s'habituer à ce climat si caractéristique de l'Australie. Une fois sur place, le souffle court, il remarque qu'il n'est pas le seul à avoir eu l'idée de cette visite. Il ne tarde pas à reconnaître cette chevelure blonde et interminable qui ne peut appartenir qu'à une personne. « Inès, toi ici ? » Elle. Elle est son sourire moqueur, elle et ses yeux illuminés d'une étincelle qui parle d'elle-même. Elle le dévisage des pieds à la tête sans dire un mot, et Alfie ne peut que trop reconnaître cette habitude qui caractérise la demoiselle. Elle ne parlera pas, et ça non pas parce qu'elle n'a simplement rien à répondre. Mais parce qu'elle aime le tester, qu'elle cherche à le faire perdre pieds avant même qu'ils ne soient l'un en face de l'autre. Elle se mord la lèvre, et lui la regarde en plissant les paupières comme si ça allait suffire à la comprendre. Parce qu'Inès, elle a toujours été un trop grand mystère pour lui. Trop imprévisible, trop mystérieuse par rapport à elle-même. Il ne saurait même pas décider de si l'affection qu'il lui porte est positive ou négative. Ou peut-être un mélange des deux. « J'espère que t'as laissé un mot pour le peu de personne qui tient vaguement à toi, » lâche-t-il en désignant d'un geste de la tête la falaise à coté d'eux. Inès, c'est ce genre de fille indomptable. De celles qui ne jouent que pour le plaisir d'agacer, et non pas d'amuser. De celles qui peuvent être blessantes, cruelles, mais qui n'arrivent pas à atteindre l'Alfie sans cœur qu'il peut être. Et comme il aime jouer, il réplique à chaque fois.

Trop silencieuse. Inès l'intrigue, mais pas de cette intrigue qui donne envie de connaître un personne. De gratter pour apprendre à la connaître, d'être patient pour attendre le moment où elle se révélera à lui. Non, pas ce genre d'intrigue là. C'est plutôt une interrogation de lassitude, une sorte de jeu malsain où, même si elle arrive à l'agacer au plus haut point, il a envie de voir jusqu'où toutes ces bêtises de gamins immatures peuvent aller. Elle sait comme il est, elle sait qu'il n'est pas assez patient pour réussir à tenir une heure en se regardant droit dans les yeux, pupilles contre pupilles, sans prononcer la moindre syllabe. Alfie n'est pas de ceux qui ne parlent pas, il a même tendance à parfois trop en dire. Sauf qu'avec elle, c'est devenu un défi qu'elle lui a lancé, ou qu'il s'est lancé à lui même. Il ne sait même plus comment ça a commencé. Il sait tenir, un peu, jamais éternellement. Elle arrive souvent à ses fins car elle est comme ça, et qu'il ne saurait l'expliquer. Il ne connait rien d'elle à part qu'elle est agaçante, presque manipulatrice. Elle joue avec ses pieds, avec son cerveau qu'elle fait parfois fulminer. Et il ne sait pas comment elle fait, Inès, pour arriver à rester si impassible pendant qu'il lui lance ce genre de remarques qui pourraient en énerver plus d'un. Elle sourit, hausse un sourcil, et ça le perturbe comme à chaque fois. « Tu vas vraiment rien dire ? » demande Alfie en croisant les bras contre son torse. Car même si il a l'habitude de jouer au plus fort avec ce genre de personnalité, ce type de combat n'est pas celui qu'il mène, celui qu'il maîtrise. Lui sait jouer avec les mots, taper là où ça fait mal, trancher l'air de réflexions qui font réagir au quart de tour. Il n'est pas capable d'attendre, ça le fait se sentir inférieur. Ça le déstabilise. Elle mènera toujours la danse par rapport à ça, car elle aura toujours bien trop de patience par rapport à lui qui ne tire aucun plaisir dans ce jeu. « Parce que parler dans le vide, c'est pas vraiment ce qui m'éclate le plus. » Alfie la quitte des yeux un moment pour contempler le vide. L'horizon, le soleil qui brille haut dans le ciel bleu et sans nuage. N'aimant pas rester trop longtemps en place, il se balance d'un pied à l'autre avant d'à nouveau plonger dans les yeux impénétrables d'Inès.

Inès le pousse en pleine contradiction au plus profond de lui-même. Comment faire quand d'un coté son envie de jouer le pousse à répondre à ses provocations, mais de l'autre le silence de la blonde suffit à largement l'irriter ? Lui qui a toujours été si facilement en tête, il a l'impression de ne pas réussir à voir le bout de cette confrontation. Puis, à quoi bon après tout. Il ne sait pas pourquoi ils sont comme ça, à agir comme deux lions prêts à se bondir dessus dans le but de s'entre-tuer. Et puis, l'idée lui vient sans qu'il n'aie besoin d'y réfléchir. Elle germe dans son esprit comme une graine tombée par hasard dans un jardin desséché. Alfie est capable de jouer, il en est conscient. Avec elle comme avec qui que ce soit d'autre. Il suffit juste qu'il arrive à ajuster les règles de sorte à, cette fois, avoir l'avantage. Inès lui lâche une remarque qui ne l'atteint pas, car il sait qu'elle a tort. Il ne sait pas si elle le pense, il lui est de toute façon impossible d'avoir la moindre idée de ce qui peut traverser son esprit rempli de plus de mystères que le triangle des Bermudes. Mais il est conscient que lui, contrairement à d'autres, n'est pas une personne faible. Quand elle détache son regard de sa personne, il glisse ses mains dans les poches arrières de son jeans et fait quelques pas derrière elle. Il est prêt, maintenant. Prêt à jouer, c'est à son tour. « Je crois plutôt que c'est toi qui est faible, Inès. Parce qu'après tout, si t'étais si douée que ça, t'utiliserait autre chose qu'une simple absence de voix qui te fait sûrement passer pour inintéressante aux yeux de beaucoup de personnes. » Il est maintenant dans son dos, sa tête penchée près de la sienne. Alfie ne la craint pas, il est juste curieux de voir de quelle manière elle peut réagir face à quelque chose qu'elle n'utilise pas avec lui. Les mots. Ceux qui heurtent, qui retournent l'esprit. « Tu dois être sacrément seule pour en être arrivée à un tel besoin d'attirer l'attention. Si je partais, là maintenant, qui perdrait son temps à s'intéresser à toi ? » Il attend, même si il ne sait pas quoi. Qu'elle se retourne, lui claque sa main sur le visage dans un bruit qui résonnerait à l'horizon. Ou bien un énième silence qui lui ferait comprendre qu'elle et lui sont trop têtus pour s'aventurer sur le territoire de l'autre.