For God's sake!

Je me regarde en face du miroir et remets bien ma cravate en serrant le nœud avant de passer mes mains dans mes cheveux pour les remettre à leur place. Je sors d'un pas rapide en attrapant ma serviette et referme la porte de la maison derrière moi afin de descendre jusqu'à la voiture où Alfred, mon chauffeur m'attend les jambes écartées au repos, enlevant sa casquette pour me saluer. "Bonjour Alfred! Belle journée n'est-ce pas? lui demandais-je avant de rentrer dans à l'intérieur après que ce dernier m'ait ouvert la portière qu'il referme aussitôt. "Nous devons aller au... Elm Street?" lui dis-je en hésitant sur le nom après avoir relu le papier où j'avais écrit ce nom. "J'espère que vous savez où cela se trouve car je n'en ai aucune idée." continuais-je. Je le vois hocher la tête dans le rétroviseur et il se met à démarrer et nous sortons enfin du chemin pour nous diriger en ville.

Alors que nous roulions à une vitesse tout à fait convenable, je me sens secoué comme si nous venions de percuter quelque chose d'assez volumineux. "For God's sake!" jura le chauffeur. Il sort de la voiture pour regarder ce qui ne va pas et commence à s'embrouiller avec une femme d'après ce que j'en vois. "Non mais ça ne va pas la tête! Vous ne pouvez pas regarder où vous rouler bon sang? Je vais vous demander les réparations madame!" lui dit-il alors que je sortais de la voiture en rattachant mon bouton de veste. "Que se passe-t-il Alfred?" lui demandais-je. Il me répond par de grand geste en me montrant l'impact sur le feu avant et j'hoche la tête par signe de compréhension. Les klaxons se font entendre et nous sont adressés, je regarde la jeune femme, un sourire pincé aux lèvres. "Excusez-le pour tout ce raffut." commençais-je par lui dire en essayant de rester poli. Je regarde ma montre et respire un grand coup en réalisant que le rendez-vous ne va pas tarder à commencer, dans une bonne demi-heure. "Bon, vous voulez combien? Histoire qu'on n'en parle plus et que nous reprenons ce que nous étions en train de faire." continuais-je en prenant une liasse de billets de ma poche intérieur et de commencer à les compter.

For God's sake!

Je m'arrête de compter les billets lorsque j'aperçois qu'elle tente d'attraper une chose qui pourrait lui sembler utile. Elle ne va pas non plus braquer une arme sur moi ou quelque chose du genre. Si on en croit toutes les personnes qui font cela, c'est soit un pistolet soit un badge qu'elle s'empresserait de nous montrer mais je ne pense pas que l'arme soit la première solution qu'elle aurait trouvé pour ce petit souci. Par automatisme, mes lèvres affichent un sourire méprisant, soufflant même pour étouffer un rire avant de sourire à pleine dents et de regarder ma liasse de billets que je range doucement dans ma poche intérieure. "Si ce n'est pas ironique de me parler de sortir mes billets alors qu'à la moindre occasion vous êtes prête à montrer votre insigne." lui rétorquais-je en lui lançant un regard de défi. Elle veut se la jouer comme ça? Très bien. Jouons. J'en déduis donc qu'elle doit faire partie de la police ou d'un ordre du genre. Elle a dû finir le boulot à l'heure qu'il est, et n'est pas vraiment autorisé à ce servir de ceci quand bon l'enchante, si mon hypothèse est correcte. Je passe mes doigts le long de mon nez en fermant les yeux tout en déposant l'autre sur ma hanche, une jambe comme cassée pour me tenir en équilibre et me laisser le temps de réfléchir avant de reprendre ma posture normale. "Bon, vous voulez quoi? Je suis pressé et je n'ai pas de temps à perdre avec vous et vos histoires." lui dis-je sur un ton agacé.

Je fais un signe de la tête à mon chauffeur pour qu'il retourne à l'intérieur avant de reposer mon regard sur la femme en question. Je sens que la chose ne va pas être facile. "Vous m'enverrez la facture, je vous la payerai si vous voulez mais laissez nous passer maintenant, ne me faites pas perdre plus de temps, d'accord?" rajoutais-je avant de laisser échapper un soupir. Je pourrais en faire toute une histoire mais qu'est-ce que ça changerait? Je regarde à nouveau ma montre en me tourne légèrement en regardant la circulation qui semble s'être stoppé à cause de nos broutilles et passe ma main dans les cheveux assez nerveusement. Je sens que je suis en manque de quelque chose, une substance qui pourrait me calmer mais ce n'est pas pas vraiment l'endroit ni le moment de me repoudrer le nez. "Dans tous les cas, vous êtes en tort. C'était priorité pour nous et vous passez comme une dégénérée au risque de faire un accident. Mais que dis-je? Vous en avez fait un. C'est bien dommage. Vous vous croyez tout permis par simple prétexte que vous faites partie de la police ou quelque chose comme ça? Vous êtes autant une citoyenne que moi je suis un citoyen. Vous êtes aussi là pour faire régner l'ordre et vous êtes la première à faire des problèmes. Décidément, je ne comprendrai jamais cela!" continuais-je à débattre en regardant vers le ciel, un main en l'air que je relaisse tomber aussitôt, fronçant légèrement les sourcils.

For God's sake!

Je ne prends même pas le temps de répondre à cette demoiselle, récupérant par la même occasion sa carte. Je lui enverrai la facture, ça elle peut en être sûr bien que cela me dérange qu'une femme ait à utiliser son argent mais vu qu'elle est en tort, je ne devrais pas avoir de remord au final. Son talkie walkie se fait entendre, confirmant ainsi mes dires. Si on doit continuer? Je n'ai aucune envie de perdre mon temps avec de telles personnes. Je fronce les sourcils et lui tends la main pour la lui serrer et mettre en place notre accord, si on peut appeler ça comme ça. "Restons-en là, il vaut mieux." lui dis-je sur un ton sec avant de retourner dans la voiture et de ré-ouvrir ma veste, m'accoudant à ma jambe tout en me tenant la tête à l'aide de ma main. Je regarde la montre et laisse échapper un soupir réalisant à quel point je vais être en retard. "Pensez-vous que nous pourrions accélérer la cadence et cette fois sans colision?" demandais-je à Alfred. "Je vais faire de mon mieux Monsieur Lockwood." me répondit-il.

La voiture de la jeune femme se dégage du passage et mon chauffeur prend la relève pour me rendre au rendez-vous. Je regarde à nouveau le nom de la femme sur la carte qu'elle m'a passé. Jessalyn Lindsay. Je secoue la tête doucement de bas en haut avant de la frapper sur mon autre main comme signe de réflexion. "Pour la voiture, nous verrons après notre rendez-vous, vous voulez? On ira faire réparer cela au plus vite." dis-je en brisant ce silence. Il me remercie pour cela et continue sa route jusqu'à arriver à un feu tricolore. Je me bouge un eu pour voir ce qui se passe devant, voyant le feu passer du rouge au vert, ne comprenant pas pourquoi la voiture d'en face ne démarre pas. Mon regard sur ma montre encore une fois, sentant l'agacement de plus en plus présent. Je me recule pour m'affaler dans mon siège et attraper ma cocaïne pour créer deux bons rails et que je sniffe à l'aide d'un billet enroulé sur lui-même. Je range la drogue dans un endroit spécial de la voiture, étant le seul avec mes cousins à savoir l'emplacement. Il faudrait être tordu pour le trouver immédiatement à cet endroit d'ailleurs. Je redresse ma tête pour m'enlever la poudre qui me reste sur le nez avant de reprendre ma position initiale.

La voiture ne semble pas vouloir avancer, tellement que le feu se change à nouveau au rouge. "Monsieur? Me permettez-vous de klaxonner même si la voiture est la même que celle que nous avons percuté?" me demanda Alfred. La même voiture? Est-ce une blague? A-t-elle décidé de me faire suer jusqu'au bout? Je ferme les yeux et respire un grand coup avant de tout expirer en laissant échapper un "Mais c'est pas vrai!" d'un ton agressif. "Excusez-moi Alfred, je m'emballe. Ce n'est pas contre vous. rajoutais-je aussitôt. "Ne vous en faites pas Monsieur." me répondit-il. Alfred klaxonne deux ou trois coups en voyant le feu passer au vert et que la femme n'est pas décidé à bouger sa caisse. "Devons-nous employer les méthodes fortes et totalitaires Monsieur?" me demanda-t-il. "Explicitez." répondis-je. "Avancer la voiture un maximum en lui bottant le cul. Pardonnez moi de mon langage Monsieur." expliqua-t-il. Je regarde du côté de la fenêtre en laissant échapper un petit rire et en secouant la tête avant de reporter mon attention sur lui. "Ca ira Alfred mais merci pour cette intervention. On ne peut pas se permettre d'avoir des problèmes avec ce genre d'individus. Elle serait capable de faire un abus de pouvoir alors qu'encore une fois, elle est en tort et probablement distraite alors qu'elle devrait regarder la route et ce qui se passe autour." lui id-je.

J'attrape mon cellulaire pour les histoires personnelles et entre son numéro avant de lui envoyer un message. "Bonjour. Ce message pour vous dire que non, je n'ai pas encore la facture mais j'aimerais que vous avanciez, cela m'arrangerait énormément. Autant pour vous que pour moi. Sans faire de scandale plus gros que la dernière fois qui remonte exactement à 20 minutes. Cordialement, l'emmerdeur que vous avez percuté.". Je mets en veille mon portable avant de le poser sur le siège à mes côtés, attendant peut-être une réponse. Pas d'excuses, ni rien. Je ne veux pas non plus me mettre à genoux devant elle. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

For God's sake!

Mon portable se met à sonner et je me mets à lire le texto reçu alors qu'Alfred reprend sa conduite. Un sourire malin se colle à mon visage. Que voulez-vous que je lui réponde? "Wow vous avez fait votre travail? Pour une fois dans votre vie? Mes félicitations les plus sincères très chère! Je vous en remercie aussi d'avoir fait preuve d'autant d'efforts et de courage à déplacer une voiture, vous qui pouviez la mettre ailleurs et vous rapprocher de l'endroit qui semblait être un danger. Vous m'avez épaté. Sur ce, passez une merveilleuse soirée." mais je ne saurais dire pourquoi cela ne serait pas passé. Je ne sais qui m'a mis l'idée que toutes les personnes ici étaient aimables, bien que je ne sois pas venue sur ce continent pour me faire des relations durables si ce n'est professionnelles.

Je reste là quelques instants sans rien faire avant de reprendre mon cellulaire et de rédiger un message, n'étant pas vraiment du genre à laisser en plan une personne qui m'a contacté sauf si ma réponse n'est qu'un simple okay ridicule. "Je vous en remercie. Au plaisir de vous revoir, Edward." lui envoyais-je donc avant d'éteindre mon portable définitivement. J'arrive enfin au lieu de rendez-vous trouvant assez étrange qu'ils m'aient amené ici. Je les rejoins à leur table en leur serrant à chacun la main et en m'excusant de mon léger retard qui était inévitable sans même expliquer le pourquoi du comment, posant un dossier sur la table. "Alors. Où en étions-nous?" demandais-je. Je me sens comme détendu et en même temps si nerveux, sans vraiment savoir pourquoi. Le mélange de toutes ces émotions par lesquelles je suis passé en si peux de temps je pense. Je respire un grand coup avant de me replonger dans les dossiers et de discuter normalement avec les clients.