(elvis&manu) we are kids

« PUTAIN CA SERT A QUOI D’AVOIR UN MOBILE A JE SAIS PAS COMBIEN DE BALLES ET DE PAS LE CHECKER ! CA FAIT 47 MINUTES QUE J’ATTENDS !! LE TEMPS D’UN PUTAIN D’EPISODE DE BREAKING BAD. RAMENE VITE TA BANANE PAR ICI ELVIS  »
Envoyé. Manu soupire, lève les yeux aux ciels. Ce gars, elle ne le connait que depuis peu. Pourtant, elle n’est guère surprise. Elle ne lui en veut pas, ça lui fera une raison de le charrier. Au fond, elle jubile à l’avance. Assise au-dessus d’un banc boisé, parmi tant d’autres dans cet immense parc verdoyant, Manu piétine l’assise, signe d’impatience. Elle pianote sur son smartphone, seul indice éventuel qu’elle n’est pas la pauvre cosette qu’elle prétend être. Elle dépose son téléphone un instant pour se concentrer sur ce qu’elle tient dans l’autre main. Un joint. Elle le porte vers sa bouche, l’allume à l’aide de son briquet illustré de poulets bleus. Elle tire une taffe, elle expire comme un soupir de bien -être. Il y a quelques mois, elle avait fait cette stupide promesse d’arrêter, mais comment du jour au lendemain peut-on passer de l’excès au néant ? Impossible. Alors Manu ne se limitait qu’à un joint de temps en temps. Comme à un verre par soir. Poser ses limites. Pour ne pas aller trop loin. Pour ne plus aller trop loin. Assez paradoxale, pour une gamine qui se dit sans limite. Elle tire une nouvelle fois, et au même moment elle le voit. Enfin. Elvis. Manu le regarde, le visage empli de reproches. « Bon Poto’, la prochaine fois met un rappel où je ne sais pas quoi. Sérieux mec, tu t’frottais la nouille devant teletubbies ou quoi ?». Elle feinte la colère, qui ne peut être caché très longtemps à cause de ce sourire apparent qui orne sa bouche. Elvis. Ce gosse de riche. Elle qui pourtant prétend les haïr. Oui, elle en est une mais elle ne s’est jamais sentie à sa place. Manu, préférant fréquenter les bas quartiers, à chercher les plus infréquentables. Plus le casier judiciaire était lourd, plus ça plaisait à la Manu.  Elle ne les aime pas, les riches. Hormis son frère. Parce que c’est son frère, et qu’ils sont tout simplement pareil. Elvis aussi était une exception à sa manière. Il était bon délire, complètement fou, et avec lui elle pouvait tout dire sans filtre et surtout pouvait développer son art de la gaminerie à la perfection. « Il y a un d’ces dragueurs du dimanche qui m’lâchait plus la grappe. C’est lui qui m’a passé le joint. Une  fois que je l’ai eu, je me suis barré. Le temps qu’il comprenne que c’est sa dope qui avait du charme, pas lui»  Elle hausse les épaules avant de lui tendre l’objet « Tu veux ? » demande-t-elle. Manu reprends ensuite son smartphone allumé sur l’application ‘Pokemon Go’ et le dirige vers une vieille dame passant par là. Quand soudainement, un pokémon apparaît « ‘taaaain Elv’ matte mon écran ! Il y a un pika sur les fesses d’la vieille dame. Attrapez-les tous, hein ? » dit-elle le regard malicieux. La minute d’après elle fixe Elvis, se trouvant debout devant elle, au milieu de l’allée  Manu s’écrie, farceuse « ELVIS ATTENTION !!!!! POUSSE TOI VITE », dit-elle afin de faire paniquer son ami et qu’il s’écarte, ayant prétexté un grand danger. Au moment, où celui-ci se retourne, un petit garçon en trottinette passe sur l’allée. « Tu devrais me remercier, je t’ai sauvé la vie. Tu m'es redevable à vie, gars » insista-t-elle tout en étouffant son rire.