we were just kids • ft. romeo

Je marchai dans les rues commerçantes de Bowen comme une bien-heureuse, un sac en plastique se balançant à l’allure de mon pas, callé dans ma main droite. J’avais dénicher de nouvelles fournitures dans mon magasin d’art préféré – il n’y en avait qu’un en ville, mais il était quand même mon préféré – et j’avais hâte de tester tout ça. D’autant que l’exposition à laquelle je participai, et qui marquerait – j’en étais certaine – un grand tournant dans ma carrière d’artiste, avançait à grand pas. Certains jours, cette perspective me stressait tant que j’étais incapable de peindre, tandis que d’autres jours, je me trouvai prise dans une sorte de boulimie de création et ne pouvait faire autrement que de m’exprimer pleinement sur mes toiles. C’était assez étrange en fait, et nouveau pour moi. Je n’avais jamais vraiment peint avec une deadline à respecter, ce qui changeait la donne. Cela me plaisait assez en fait. Je m’arrêtai au café, j’avais envie de quelque chose de sucrée et profiter, en terrasse, de cette journée ensoleillée. Je commandai un milk-shake au beurre de cacahuète dont je raffolai depuis que j’étais gamine, mais au moment de boire ma première gorgée, je faillis m’étouffer avec. Romeo, mon ami d’enfance, celui avec qui j’avais  piqué des bonbons à la confiserie quand nous étions petit, le même Romeo qui s’était éloigné de moi au lycée, sans donné d’explication, était assis en face de moi et ne semblait pas m’avoir remarqué. Nous nous étions plus vraiment parlé depuis une dizaine d’année, pourtant, le voir me fit étrangement plaisir. Oserais-je seulement l’approcher ? Trop tard ! Il avait levé les yeux, il m’avait vu. Paniquée, je ne sus quoi faire d’autre que lever la main, la secouer énergiquement et lui sourire bêtement. La honte…

Romeo était pas mal entouré à l'époque, mais sa crise de schizophrénie lui avait fait perdre pas mal d'ami. Il n'avait pas essayé de reprendre contact avec eux, bien trop honteux de cette facette de lui. Du coup, il s'était habitué a la solitude, et aller prendre un café tout seul ne le dérangeait pas le moins du monde. Il était dans sa bulle, latté à la main, les yeux rivés sur son téléphone quand il leva les yeux au ciel. Son regard se fixa sur une tête qu'il connaissait plutôt bien, avant. La jeune femme lui fit coucou de la main, ce qui le fait rire. Lys avait toujours été maladroite, et il l'adorait pour ça à l'époque. Il prit son café et son téléphone pour s'installer à la table de la jeune femme. Salut, ça fait un bail. dit-il en souriant. Depuis ses fameuses crises justement. Il connaissait la jeune femme depuis les couches culottes et il l'avait abandonné elle aussi, préférant être seul et se renfermer sur lui même. Autant il n'avait aucun scrupule avec ses conquêtes, mais ses amis, c'était différent. Il avait plein de bons souvenirs avec elle. Comment va ta vie ? demanda-t-il à la jeune femme, curieux de savoir si elle était devenue la peintre dont elle rêvait d'être.

« Salut, ça fait un bail », voilà exactement ce que se disaient les inconnus. Cela me fit bizarre de l’entendre de la bouche de Romeo. Pourtant c’était bel et bien ce que nous étions, des inconnus l’un pour l’autre. Et cela malgré toutes les années où, durant notre enfance, nous avions été complices. Nos chemins avait été différents, et pourtant quand je le voyais, une certaine tendresse emplissait mon cœur. Mon sourire était instinctif, sincère. J’étais heureuse de le voir, et d’autant plus qu’il rejoigne ma table. Cela me ramenait des années en arrière, quand nous avions dix ans et que nous dépensions nos maigres argents de poches en milkshakes. Romeo avait un café aujourd’hui, mais au fond, ça ne changeait pas grand chose.
— Ca me fait plaisir de te voir, Romeo, avouai-je sincèrement, ma vie va bien, merci.
Je le regardai, essayai de retrouver le garçon qu’il était dans ses traits d’adulte. Mais lèvres s’étirèrent en coin.
— T’as toujours été beau garçon, ça n’a pas changé.

Il est vrai que revoir des visages qu'on connaissait si bien devenir des inconnus, ça faisait un petit pincement au cœur, après tout il était vraiment proche de la jeune femme avant, et il n'aurait pas du s'enfuir comme ça. Mais, ce n'était pas la seule qu'il avait repoussé de la sorte. J'suis content aussi. dit-il en plongeant ses yeux bleu dans ceux de la jeune femme, il lui sourit quand elle lui dit que tout allait bien pour elle et son sourire s’agrandit quand elle le complimenta. Merci, t'as pas trop changé non plus. dit-il en riant doucement. Ça vaut ce que ça vaut, mais j'suis désolé, de plus avoir donné signe de vie. Mieux vaut tard que jamais, il parait. Cela n'excuserait pas ses longues années d'absences, mais il n'avait jamais osé recontacter les personnes qu'il avait délaissé. Bien trop honteux de leur expliquer qu'il était devenu fou et que tout pourrait recommencer à n'importe quel moment. Les médecins l'avaient prévenu, il n'était à l'abri de rien. Même si, une petite part au fond de lui espérait qu'il avait chassé cette partie de sa vie à tout jamais. Il savait bien que quelque part caché au plus profond de lui, la maladie était encore là, attendant le bon moment pour exploser, tout simplement.

Faire le premier pas n’était jamais facile, surtout après tant d’année et je le trouvais courageux de l’avoir fait. Pour réponse, je lui offris d’abord mon sourire. Une attention franche et tendre, témoignant de ma joie sincère de le revoir, de lui parler. Il m’avait manqué.
— Ca vaut davantage que tu ne le penses, lui certifiai-je.
Je n’avais pas envie de lui poser de questions. Pas immédiatement. Cela me paraissait beaucoup trop banal, beaucoup trop convenu, et cela ne me ressemblait pas vraiment. Romeo avait sans doute eu ses raisons de s’éloigner de moi, ou peut-être pas. Cela ne changeait rien au fond. Cela ne m’importait pas vraiment.
— Est-ce qu’on va vraiment rester là, à s’échanger des banalités ?
Mon sourire s’étira en coin. Cela n’avait jamais été mon style, les banalités et encore moins avec un ami. Je me penchai alors vers lui et plissai les yeux comme pour lire en lui.
— Cap de partir sans payer ?
Ok…un café et un milshake au beurre de cacahuètes gratos ça n’avait rien d’extra-ordinaire, mais c’était surtout pour retrouver nos jeux d’enfants. Nous avions fait ça, quelques fois lorsque nous étions gosses, plus pour l’adrénaline que pour autre chose d’ailleurs. Etrangement, avec Romeo, j’avais l’impression d’avoir dix ans à nouveau. Un sourire mutin sur les lèvres, je me levai et commençai à m’éloigner doucement tout en le défiant du regard.

Il se souvient qu'ils avaient pu faire les quatre cents coups avec Lys et parfois ça lui avait manqué, il faut l'avouer. Mais le jeune homme avait eu bien trop de problèmes dans sa vie comme ça et il n'avait jamais osé revenir vers elle, bien trop honteux de la façon dont il l'avait lâchement abandonné. Pourtant, il n'avait pas honte de grand chose mais quand il s'agissait de ses amis proches, c'était différent. Autant il pouvait être un gros connard, autant il pouvait être une toute autre personne. Il sourit alors quand la jeune femme lui dit que ça valait plus que ce qu'il pouvait le penser. Il haussa les sourcils quand elle lui posa cette question. C'est vrai que ça ne nous ressemble pas. dit-il avec un sourire en coin et après tout, c'était le genre de discussion qui l'ennuyait au plus haut point. Son sourire s'agrandit à l'entente des mots de la jeune femme. Ça, au moins, ça leur ressemblait. Cap. dit-il simplement. Il jeta un coup d’œil à droite à gauche, vérifiant de ne rien oublier et partit en courant en prenant la main de la jeune femme quand il arriva a sa hauteur pour ne pas la perdre de vue. Il s'arrêta dans un coin, à bout de souffle avant de regarder Lys et de se mettre à rire.

J’adorais ces moments-là. Quand un brin de folie venait percer la coquille de cette adulte parfois raisonnable que j’étais devenue. L’adrénaline, l’euphorie faisaient autant de bien à mon corps qu’une grande bouffée de vitamines. C’était revigorant ! Pile poil ce dont j’avais besoin et je devais avouer que cela ajouter une saveur à mes retrouvaille avec mon ami d’enfance. Je courais avec Romeo, ma main dans la sienne, me ramenait plus de quinze ans en arrière. J’étais heureuse à cet instant précis. Quand nous nous arrêtâmes à l’ombre, à bout de souffle, je pouffai, accompagnant l’hilarité de mon ami.
— Bordel, ce qu’on est cons ! riais-je en prenant à articuler.
Je partis d’un fou rire. La patronne du café nous connaissait depuis que nous étions gosses, la ville était petite. La prochaine fois, elle nous tirait les oreilles sans se gêner c’était certain. Mais ça valait le cou. Le visage de mon ami d’enfance était si lumineux lorsqu’il souriait, voilà un spectacle que je n’avais pas vu depuis longtemps. Tout à coup, sans réfléchir, j’attrapai son visage dans mes mains et l’embrassai comme si c’était la chose la plus naturelle à faire. Quand je réalisai ce que j’étais en train de faire, j’écarquillai les yeux et reculai comme si ses lèvres m’avaient piquée. Plaquant une main sur sa bouche, puis sur la mienne, je pouffai.
— Pardon, je…t’as quelqu’un peut-être ? Je me suis permise mais…je…enfin…
C’est vrai, je ne savais plus rien de lui. Peut-être était-il en couple, mon geste était peut-être mal venu.

Faire des conneries, rire comme des enfants, ça faisait un moment que cela ne lui était pas arrivé. Il aimait voir que rien avait changé avec Lys. Parfois, ça faisait du bien de ne pas se prendre au sérieux. Même si, il fallait l'admettre, Romeo n'avait rien d'un gars mature et c'est pour ça que la situation l'avait autant fait rire une fois qu'il s'était calé dans un coin. Il ne s'attendait pas à voir la jeune femme plonger sur ses lèvres, mais, ce n'était pas pour lui déplaire. Il lui rendit son baiser et riait quand elle se recula et pour s'excuser. T'excuses pas, j'suis libre comme l'air. dit-il avec un sourire en coin. Il n'avait pas envie de se prendre la tête avec une copine et il ne refusait jamais une belle femme tant que ce n'était pas sérieux, puisque ça ne l'était jamais vraiment avec lui. Il se rapprocha d'elle pour reposer ses lèvres sur les siennes. Il ne pensait pas que cela prendrait cette tournure le jour ou il recroiserait la jeune femme, en fait, il ne s'était jamais vu embrassé Lys ou quoi que se soit, c'était purement platonique à l'époque. Mais maintenant que la distance c'était mise entre eux et que c'était devenue une belle jeune femme, c'était différent et lui ce fichait bien si elle avait quelqu'un. Il n'avait aucune morale et n'en avait jamais eu d'ailleurs.

Libre comme l’air. C’était exactement ce que je cherchais. Cette liberté m’était chère, en effet. J’étais même terrifiée à l’idée de la perdre, ce pourquoi je ne m’engageais jamais vraiment avec personne. Presque personne s’il fallait être précise, mais là n’était pas la question. Romeo n’était pas un inconnu, ou du moins pas totalement, puisque je ne le connaissais plus vraiment. Je savais quel garçon il était, je ne savais quasiment rien de l’adulte, mais cela ne m’importait pas. Ca ne serait pas juste une aventure, c’était sûr, mais il n’y aurait pas non plus d’idylle fantasmé, ni de promesse d’amour sur l’oreiller. Lui et moi, j’en avais le sentiment, étions sur la même longueur d’ondes. Quand il m’embrassa à son tour, je lui rendis son baiser, caressant sa langue sans retenue cette fois. Je m’adossai au mur derrière moi, l’entrainant avec moi. je n'avais jamais imaginé échanger un baiser avec mon ami d'enfance, mais qui sait, peut-être que cela aurait fini par arrivé si nous avions continué de nous fréquenter au lycée ? C'était inattendu, certes, mais pas étrange le moins du monde, c'était très agréable au contraire.

De toute sa vie sentimentale, Romeo passait son temps à jouer avec le cœur des gens. Il faisait tout pour avoir une personne et une fois qu'il l'avait, il se lassait et la jetait. Il trouvait l'amour ennuyant et sans intérêt, toutes les personnes autour de lui qui était tombés amoureuses avait souffert. Il n'avait pas envie de faire partit de cette catégorie, il préférait prendre du plaisir et fuir, tant pis pour la personne si elle était attaché à lui ou non. Il n'avait donc aucun scrupule à embrasser une personne ou a coucher avec et se barrer juste après. Il était comme ça et on ne le changerait pas. Pour une fois, ce matin, il s'était simplement levé pour aller voir un café et il se retrouvait entrain d'embrasser une de ses amies d'enfances. A croire que tout le ramenait à ses démons. Alors qu'elle s'adossait au mur une de ses mains glissèrent lentement de sa taille a ses fesses tout en se collant un peu plus à elle. Tandis que l'autre main passa dans les cheveux de la brune. Il risquait de gâcher une amitié en faisant ça, il le savait, mais, le désir était plus fort que le reste. Et puis, c'était elle qui avait commencé après tout.

Romeo n’était certes pas un étranger rencontré dans un bar, pour autant, je n’attendais pas qu’il m’offre quoique ce soit de plus qu’un moment charnel. Nous étions amis - ou du moins l’avions été - et alors ? Cela ne changeait strictement rien pour moi. Le sexe n’allait rien gâcher, au contraire, peut-être qu'il permettrait de nous rapprocher de manière beaucoup moins banale qu’une conversation du type « salut, ça va, tu deviens quoi ? ». Nous valions mieux que ça. Mes doigts caressaient sa nuque, ses joues, ses cheveux, tandis qu’il se collait à moi pour donner plus d’intensité à notre baiser, je ne me laissai pas prier non plus. J’allais à sa rencontre, me pressai aussi contre lui, le retenant pas la taille, agrippant ses cheveux de mon autre main. Lorsque nous mîmes fin au baiser, un instant, je collai mon front au sien, légèrement essoufflée. Un rire s’échappa de mes lèvres et je levai mes yeux pour rencontrer les siens.
— On est plutôt balèzes en retrouvailles, plaisantai-je en embrassant à nouveau furtivement ses lèvres.
Tout à coup plus langoureuse, mue part un désir nouveau, je fis migrer mes baisers dans son cou, puis remontai sur sa joue pour embrasser le tatouage qu’il avait sur la pommette.
— C’est sexy ça, soufflai-je en souriant, tu me montres les autres ? J’habite au bout de la rue…
Mon sourire en coin en disait long, à vrai dire, ce n'était pas vraiment les tatouage qui m'intéressaient...

Essoufflés, ils avaient mis fin au baiser et la remarque de la jeune femme le fit plutôt rire. C'est vrai qu'il avait connu des retrouvailles plus plate que ça. Mais, même si ça n'avait encore jamais été vraiment ambigu entre eux, en revanche, ça avait toujours été un peu spécial. Après tout, il y avait bien une raison si il faisait toutes les conneries inimaginables avec elle quand il était gamin, il ne le faisait pas avec n'importe qui. C'est toi aussi, tu me sautes dessus comme ça sans prévenir. dit-il avec un sourire en coin. Les baisers dans son cou de la jeune femme le fit frissonner. Si tu continue, j'vais finir par te sauter dessus. Cependant, en entendant sa phrase son sourire s'agrandit et son désir pour la jeune femme également. Il avait bien compris les sous entendu de la brune. J'en ai pas mal, ça va prendre un moment. dit-il en gardant son sourire en coin. Il se mordit les lèvres. Mais j'ai tout mon temps, alors j'te suis. C'était certainement pas lui qui refuserait une proposition de la sorte. Ça l'arrangeait bien qu'ils aillent chez elle et pas chez lui car Clara devait déjà être rentré et même si c'était déjà arrivé qu'il ramène des filles pendant qu'elle était là, il n'aimait pas trop ça au fond.

J’avais lancé les dés la première, mais Romeo jouait dans mon jeu sans se faire prier. Je n’allais pas m’en plaindre, la partie était très agréable et elle s’annonçait plus plaisante encore. Je n’avais rien prévu de tout cela, je n’y avais même pas pensé une seule seconde quand je l’avais revu, au café quelques minutes plus tôt. Je m’étais simplement laissée aller à une pulsion soudaine de l’embrasser, mais je ne le regrettai pas. Nous avions été amis, gamins, et Romeo était un beau garçon, il l’avait toujours été mais aujourd’hui, nous étions deux adultes, parfaitement conscients de ce que nous faisions. Je le désirais, c’était clair et je ne voyais aucun obstacle, devant moi, qui m’empêchait de le lui faire savoir. Je souris quand il déclara avoir beaucoup de tatouage et qu’il me faudrait sans doute beaucoup de temps pour tous les examiner. Je ne voyais rien à redire à ca, au contraire. J’étais sûr de prendre du plaisir à explorer chaque partie de son corps, tatouée ou non d’ailleurs.
— Par là, dis-je en attrapant sa main.
Je pris la direction de mon immeuble, nous ne mîmes pas longtemps à atteindre la porte d’entrée. Comme je l’avais précisé, j’habitais tout près. Mon appartement se situait au cinquième, ce qui nous laissait deux options. L’ascenseur était risqué. J’y étais récemment restée coincée avec mon voisin pendant un moment, sans compter que ce genre d’espace confiné pouvait rapidement échauffer les corps déjà au bord de la combustion. Je n’avais aucune envie de me retrouver avec les fesses collées aux parois sales de cette cage en fer qui sentait la sueur et autres odeurs non-identifiées. Puis, c’était plus excitant de se courir après dans les escaliers…
— T’es endurant, j’espère ? le défiai-je en commençant à m’écarter de lui pour accélérer jusqu’à grimper les premières marches deux par deux.

Il suivait donc la jeune femme jusqu'à chez elle, le désir grandissant au fur à mesure ou ils s'approchaient de l'immeuble de la brune. La patience c'était pas trop son truc, surtout dans ce genre de moment et il espérait arriver vite chez elle. Il haussa un sourcil quand elle lui demanda si il était endurant. T'as pas idée. dit-il en riant avant de s'élancer dans l'escalier, mettant au passage une main aux fesses de la jeune femme. Le problème, c'est qu'il était bien obligé de l'attendre, puisqu'il n'avait aucune idée d'ou habitait la jeune femme, ça pouvait être à n'importe quel étage. C'est de la triche, j'sais pas ou t'habites. dit-il en râlant, comme un enfant, alors qu'il l'attendait en haut du quatrième étage, la dévorant des yeux et l'attirant à lui quand elle était à son niveau pour l'embrasser assez sauvagement. La douceur, c'était pas trop son truc, comme la patience en fait et quand il voulait quelque chose, il le voulait dans la minute près. L'avantage c'est qu'il se lasserait probablement moins vite si elle le faisait attendre. Il était un peu spécial Romeo, il aimait les défis et plus y'en avait, plus il trouvait ça excitant.

Avec Romeo, je retrouve la légèreté, l’insouciance de nos jeux d’enfants, sauf que nous avons bien grandis depuis et que nos jeux sont un peu différents. Ce qui n’est franchement pas pour me déplaire. Romeo entre dans la partie, courant pour me devancer et monter les marches plus vite que moi, non s’en m’avoir mis un main au fesse au passage. Je n’ai pas le temps de riposter qu’il est déjà loin. Je gronde avec humour, puis me mets à sa poursuite, montant les marches deux à deux mais il est plus rapide que moi. Au quatrième étage, néanmoins, il stoppe net sa course et quand je le rejoins, plaque ses lèvres aux miennes dans un baiser brûlant, presque sauvage. Le feu grimpe dans tout mon corps tandis que j’entre dans la danse avec la même fougue que lui. La douceur c’est très bien, mais ce n’est pas vraiment ce que je souhaite dans l’instant. Romeo, à nouveau, semble sur la même longueur d’ondes. C’est parfait. Le désir pulsait au creux de mon ventre, j’avais tellement envie de lui à cet instant.
— Cinquième, soufflai-je contre ses lèvres, porte de gauche.
Je me dégageai de lui comme une anguille, et me mis à courir sur le dernier étage. J’étais complètement essoufflée quand j’arrivais devant chez moi, mais l’excitation me grisait littéralement. Dans le fouillis de mon sac, je cherchai mes clefs puis ouvris la porte et me tournai vers Romeo, un sourire taquin aux lèvres.
— Tu meurs d’envie que je te fasse visiter, j’imagine ? plaisantai-je.