Bobo le coeur (Aaron)

C'était une bonne journée de base, mon garage marche plutôt bien, j'ai ma bière, je n'ai plus mon putain de bras dans le bandeau et j'ai rencontré des gens. Ouais à ma plus grande surprise, j'ai rencontré des gens et ce n'est que des nanas. À croire qu'on est dans une ville seulement peuplée de gonzesse, canon en plus, mais ça ce n'est qu'un détail. Ce n'est pas comme si j'étais intéressé de toute façon. Nan nan nan, j'ne veux pas me faire entuber deux mois et me retrouver avec un deuxième gosse sous le bras alors que je me suis bien éloigné de Judith, ma mère. Moi chuis pour la liberté les gars ! Pour la bière et le célibat accompagné de ma main droite. C'est fidèle, propre et surtout pas prise de tête. La petite mouflette a réussi à ce faire des potes en plus, ce soir, elle est de sortie du coup... À moi, la tranquillité. Pour quoi faire du coup ? Euh... Bonne question... Faut dire qu'elle n'est plus du tout encombrante la petite, ça va faire déjà un baille que je fais de nouveau ce que je veux. C'est l'avantage des gosses ça, ça grandit pour pouvoir de débrouiller tout seul. Enfin, je pense, du moins j'espère. Parce que mine de rien, je me souviens encore de la petite dispute par rapport au fait qu'elle veut un chien.

Je passe donc ma petite soirée pépère avec la moto que je chouchoute, la bière et un film d'action choisie au pif histoire de passer un peu le temps. C'est sur le coup des 23h que la petite mouflette rentre. Je fronce les sourcils en jetant un coup d’œil à la porte d'entrer. 23H pour moi, c'est tôt... Surtout pour une soirée comme ça... Elle n'est pas restée avec ces potes après la séance de cinoche ? Je venais à peine de m’ouvrir une bière dans la cuisine et décide de ne pas trop poser de question. Si elle veut causer, elle sait très bien que se sera possible, ce n'est pas comme si je l'envoyais chier non-stop.

« Yo mouflette. »

Je la regarde fronçant encore les sourcils quand je vois la mine qu'elle tire. Avec son petit regard qui veut tout dire. Genre, ce n'était pas cool et je ne veux vraiment pas en parler. J'accepte sa décision en haussant les épaules et me mate le film en restant à la cuisine. C'est l'avantage que le salon y soit relier, on peut bouffer en se regardant des trucs. Le film se termine, j'éteins la téloche et mouflette décide de prendre la parole, toute avec cet air triste qui me donne envie de défoncer des têtes contre des murs.

« Tu crois en l'amour toi? »

…...

Quoi ?

Cette question ma instantanément fait regarder le vide, comme si j'étais un robot qu'on vient de déconnecter avec un mot de passe. Toujours avec ma bière entamée et le regarde vide rivé sur le sol, j’émets quand même un signal de vie réfléchissant à ma réponse.

« Euuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh... »

Qu'est-ce qui est le mieux Aaron ? Allez mon gars réfléchi ! C'est mieux de lui dire la vérité ? Ou je lui invente une belle phrase à l'eau de rose ? Et puis pourquoi elle me pose ce genre de question là d'un coup comme ça. Elle veut une mère et elle en a marre d'attendre ? Mais je ne veux pas me caser moi ! Puis elle a Judith comme mère, elle se comporte tout comme ! Je finis enfin par lever les yeux vers la fille et décide de lui dire ce que j'en pense vraiment.

« Bof. »

Ouais bon la vraie réponse, c'est non, mais je ne vais pas non plus me faire passer pour le père sans cœur qui n'aime personne. Elle finirait même par croire que je ne l'aime pas... Les nanas, ça se fait souvent des idées pour un rien, allez savoir pourquoi. Prise de tête non stop... Beurk.

« Tu penses que t'aurais pu aimer une femme, m'avoir, rester avec elle, te marier et tout ? Ou tu crois que c'est pas pour nous tout ça ? »

J'écarquille les yeux en la regardant reculant la tête grimaçant l'imite à l'idée de me savoir marié. Elle joue à quoi la d'un coup ? A me parler de truc dont je n'ai pas envie ? Ça ressemble clairement à une réclamation de mère ça. Mais pourquoi ? Comment ? Où ? Je me vois mal, mais alors vraiment mal en train d'aimer une nana, lui coller le fion au boit de m'imposer les menottes sous forme de bgue au doigt ! BAH QU'ELLE HORREUR ! Mais la je suis censé lui dire quoi hein ? Détourner le sujet ouais détourner le sujet pour genre faire que mon avis à moi ce n'est pas important, qu'il n'y a pas de fait pour nous ou pas. Que genre c'est nous qui choisissons quoi ! Normal !

…..

De quel manière je pourrais expliquer ce genre de truc pour que genre elle ne sache pas mon propre avis sur les relations amoureuse ?

« Je sais que je te les déjà dit mais, je me sens vraiment seule... un peu trop même. Heureusement que tu m'as appris à pas chialer n'importe quand, car je serai entrain de le faire là. »

PFIOU ! Cool ! J'ai été assez silencieux pour qu'elle-même passe à autre chose... Attends une seconde... Elle se sent seule après une sortie avec des... Potes ? Attend... Je la regarde de haut en bas, bien habillé enfin mieux que d'habitude... Coiffé... Maquillé avec du rouge à lèvres... Oh non-putain.... Elle a eu un rancard...Et avec ses questions et la tronche qu'elle tire soit ça s'est mal passé genre une blague à la con, soit elle s'est pris un râteau. Oh non-putain... Je suis censé faire quoi dans ce genre de situation ?! Ma mâchoire basse se tire sur le côté me faisant faire une grimace. Qu'est-ce que je suis censé... Foutre. Lui dire de prendre une bière ! Ah ouais, mais non... Je l'ai tellement bien éduqué qu'elle l'a déjà fait... Bordel... Euh... Ahem... C'est dans ces moments là que je regrette qu'elle ne soit pas dans les parages la vieille Judith... Je me frotte la nuque remettant ma mâchoire à sa juste place plaquant ma langue contre le palais pour pas dire de connerie. Mais je n'ai pas tenu bien longtemps.

« Bon... C'est qui que je lui pète la gueule ? »

J'lui défoncerai bien la tronche pour avoir mis à fille dans un état aussi triste que là ! Et après lui demanderai de disparaître ! SINON JE LE CREVE ! Ahem... Ouais non, c'est un peu trop extrême et ni moi ni Cosima voulons que je finisse en taule pour un truc de ce genre... Mais d'un côté pourquoi ?! Pourquoi lui avoir foutu un râteau bordel ! Cette mouflette, c'est la meilleure ! La plus belle et la plus coole ! Merde quoi ? Je soupire et pose ma bière pour écarter mes bras et lui fait un signe de tête.

« Allez mouflette... Ramènes-toi... S'pas grave si tu pleures ici avec moi va. D'après Judith, ça peut faire du bien. »

J'ne vais pas avoir l'air con si elle refuse... Heureusement qu'il n'y aura personne pour voir ça si jamais ça arrive. 

Je n'aime pas voir ma petite mouflette dans cet état. Et ce qui me rend encore plus furax, c'est de voir que je ne peux pas faire grand chose pour qu'elle aille mieux. Le sourire tristounet ? Nan ne m'en contenterais pas non ! Le seul souci, c'est que la consolation ce n'est pas du tout mon point fort. Surtout quand ça concerne un sujet qui en plus de ne pas m'y connaître, ne m’intéresse pas. Des regrets ? Moi non pas tellement chuis plus dans l'incompréhension qu'autre chose. En tout cas, la proposition de câlin ne s'est pas fait attendre ! Elle se précipite dans mes bras au point de me faire basculer en arrière. Un peu surpris sur le coup, je bug un moment avant de poser mes bras sur le haut de son dos que je tapote doucement et surtout machinalement. Puis après j'me suis dit qu'enfin de compte tapoter continuellement ce n'est pas la meilleure des idées, c'est ma fille, une nana en somme, faudrait faire un truc moins viril. Me contente du coup de lui caresser le dos sentant mon épaule être trempée peu à peu. Ce n'est pas tellement le fait que j'ai l'épaule mouillée qui me gêne, c'est plus de voir ma petite mouflette dans cet état-là, c'est une première.  

« Toi tu m'aimeras toujours hein? Tu me mettras pas dehors si je suis bizarre et pas comme les autres filles ? ... »

J'écarquille les yeux à ses dires. Pourquoi elle me pose ce genre de question ? Ma réponse est évidente pourtant !

« Bien sûr que je t'aimerai toujours ! Tu es ma mouflette à moi ! Quoi qu'il arrive ! »

Pourquoi qu'elle me pose ce genre de question débile la... Est-ce qu'elle a fait une bêtise ? Ou que genre, elle a quelque chose à se reprocher ?

« C'était pas un garçon... » 

Je tire la tête un peu en arrière pour mieux la regarder. Donc ma fille adoré aime les filles.... C'est sûr que casser la tronche à une fille, c'est un poil plus complexe. Les nanas, ça ne parle pas le langage des poings sauf ma mouflette bien sûr parce que c'est la meilleure.

« Ça n'excuse pas le fait qu'elle t'ait rendue malheureuse. »

Ouais non, je ne vois pas en quoi, c'est un problème. Ça reste un être humain donc ce n'est pas salle... beurk pourquoi je pense à de la zoophilie dans un moment pareil moi ?! C'est immonde ! Gardant ma fille contre moi pensif, je n'ai pas pu m’empêcher de sortir.

« Les filles se sont toutes des connes de toute façon ! Tu ne la méritais pas, elle ne capte franchement pas ce qu'elle a loupé ! »

Totalement révolté, j'ajoute.

« Toutes des connes ! »

Je la connais ma fille... Comme si je l'avais faite ! Ouais bon techniquement, je l'ai faite, mais vous voyez le principe ! Qu'est-ce que ça peut me faire qu'elle a aimé une fille ?! Pour moi, le résultat, il est me même et il est la présente, elle est triste et limite inconsolable. J'arrive à lui décrocher un très bref sourire. Mais ça ressemblait plus à un sourire de soulagement qu'un sourire du style ''je vais mieux merci papa t'es le meilleur''. Mais après moi, j'ne sais vraiment pas quoi faire. Me suis jamais déclarer à quelqu'un et je ne suis jamais tombé amoureux non plus... Enfin que je sache. C'est limite en fait si dans le fond, je ne sais carrément pas ce que c'est que de tomber amoureux. J'aime ma fille, mais c'est ma fille et je n'ai éprouvé d'affection que pour elle mine de rien. 

« Papaaaa ! Je suis une fille moi aussi ! Et je suis pas conne. Et mamy non plus ! »

Je hausse les sourcils

« Nan nan nan ! Toi mouflette ce n'est pas pareil ! T'es pas une femme, mais ma fille. Puis Judith... Bah... C'est Judith quoi. »

Je lance un ricanement amuse quand elle frappe sur mon bras. Par contre, j'étais un peu surpris et à la fois attendris quand elle met la tête sur mon torse. Machinalement comme quand elle était petite, je lui frotte le dos pour tenter de la rassurer, même si je me doute bien que ce ne soit sans doute pas suffisant. Je n'ai jamais ressenti ce genre de truc, mais je me doute bien que ça ne se digère pas comme ça ! 

«  De toute manière, je m'en fous. »

« Mh ? »

Je la regarde sourcils haussé trouvant ce comportement sorti de nul part. Ça sonnait faux à mes yeux. Mais je préfère ne rien dire pour le moment. 

« Je suis mieux célibataire et seule. On peut faire ce qu'on veut seul et célibataire, hein papa ? »

Je penche la tête sur le côté et croise les bras totalement septiques. Je trouve cette phrase tellement fausse de sa bouche... Ce genre de truc, c'est plutôt moi qui le dis et qui le pense. Si elle s'en moquait vraiment, je ne vois pas pourquoi ça la mettrait dans cet état. 

« De mon point de vu à moi ouais. »

« Et je t'ai menti. J'ai pas d'ami ici. Je suis toujours seule à l'école, et même en dehors... ici aussi quand t'es pas là... je me sens vraiment trop seule ici et ça me déprime grave. »

Ça ne le paraît sans doute pas physiquement, mais ce qu'elle vient de marmonner ça m'a mis un coup, mais genre bien comme il faut, genre bien placé. Dans ma tête, ma fille s'est ma meilleure du coup, c'était évident qu'elle parviendrait à ce faire des amis. Alors... Pourquoi ? Pourquoi est-ce que genre personne ne l'a veut comme bonne pote ! C'est la meilleure bordel !

« Je suis peut-être trop bizarre pour avoir des amis ou quelqu'un.. »

J'inspire un grand coup pour garder mon calme.

« Et puis quoi encore ?! Trop zarb toi ? Que dalle, c'est les autres qui sont cons, c'est tout ! T'as rien de bizarre ! Non mais je rêve... »

Je lâche un long soupir et commence à me remémorer une petite dispute. C’était avant notre accident, elle voulait un chien et moi, j'ai refusé. Je râle intérieurement, mais ça a l'air d'être vraiment le seul moyen pour lui redonner le sourire et fois en sa personne. Genre avec un clebs, il paraît que les gens viennent plus facilement vers toi. Plus qu'à espérer que se soit vrais. Je finis donc par prendre le poignet libre de ma fille.

« Bon... Tu sais quoi ? Ça va paraître sans rapport à la conversation. Mais c'est la seule soluc' que j'ai en stock. Tu vas l'avoir ton clebs. La maintenant de suite ! Comme ça, tu ne seras pas seule et tu seras trop occupé à t'en occuper pour penser à la conne qui t'a foutu un râteau. D'acc' ? »

Je n'attends même pas sa réponse que je la tire vers moi direction garage et lui fait signe d'entrer dans la voiture.

« Aller grimpe. »