Feel the breeze / Natanaël Devon

Cette nuit, j'avais rêvé que je prenais feu, enchaînée cruellement au pic du soleil, au milieu d'un désert. Prise de bonne résolution, je me réveillais donc avec une motivation soudaine pour une chose que je devais faire puis des semaines, mais que j'avais repoussé, repoussé et encore repoussé. En fait, ça m'était tombé dessus comme ça. Quand j'étais avec Caleb, nous habitions à trois rues de mon lieu de travail, du coup je ne me déplaçais qu'à pied et ma voiture restait tranquillement au garage. Mais ces temps-ci, j'en avais eu beaucoup besoin à cause du déménagement, tout ça... M'enfin bref. J'avais oublié que sa clim' ne marchait plus quand je l'ai reprise cette semaine. Depuis je m'en étais contentée, mais cette fois, ça n'était plus tenable. J'allais vraiment devoir faire quelque chose sinon j'allais finir desséchée et mon corps serait retrouvé littéralement collé au siège de ma voiture. Une suzuki vitara 92 bleue foncé, voulant manifestement ma mort. Si je voulais tenir jusqu'à la prochaine panne, il fallait absolument que je fasse faire des réparations. Après avoir pris une douche la plus froide possible et m'être armée d'eau glacée, je m'en allais, de bon matin, vers le garage de la ville, menée par la fonction GPS de mon téléphone. Une vraie touriste.
En arrivant, je vis qu'il n'y avait pas effervescence. Je me garais donc tout proche, à l'ombre d'un bâtiment, puis descendais à la rechercher d'un mécanicien qui voudrait bien se charger de mon antiquité, me préparant mentalement à aligner les billets.

« Bonjour ! Je peux vous aider ? »

Ravi de ne pas avoir du faire le tour du garage pendant de longues minutes, je regardais le présumé mécanicien qui se présentait à moi, plutôt jovial.
J'allais ouvrir la bouche pour expliquer ce qui m'emmenait ici quand il me prit de court, me clouant littéralement le bec. Scotchée et ne savant plus trop quoi dire ni quoi faire, je parvins à peine à articuler un « D'accord... » un peu gêné avant qu'il se présente dans la foulée. Déstabilisée et étonnée, je le regardais d'un air étrange, le dévisageant presque. Bloquée sur son visage, aurait pu me croire tombée en admiration ou hypnotisée.

D'un coup, me rappelant pourquoi j'étais là, je pontais du doigts ma voiture sur le parking puis me mis à marcher, presque hésitante. J'avais l'impression qu'il allait me passer devant, claquer des doigts et dire « Abracadabra ! » après que de la fumée bleue et pailletée apparaisse sur ma voiture dans un Pouf ! magique.

Mais il se contenta d'un « Vous travaillez dans quoi ? ».

« Euh... Je... En fait je suis fleuriste mais je n'ai pas encore ouvert. J'ai emménagé à Bowen cette semaine. »

J'avais envie de lui retourner la question, me rappelant ensuite que je le savais déjà. On aurait dit une gamine. C'était n'importe quoi. Tout ça parce qu'il m'avait ôter les mots de la bouche, ce qui n'était sans doute qu'une question d'habitude pour lui.
Parvenant à me ressaisir un peu, je me rendais compte de mon expression en la changeant immédiatement par un sourire cordial sans pouvoir dériver mon regard de son visage.

« Tu... euh... Vous avez su comment pour la climatisation ? »

J'étais presque gênée de demander, mais c'était plus fort que moi. Si ça se trouvait, j'étais en nage, trempée de sueur nauséabonde ! Voilà comment il aurait pu deviner !

HRP : Pas de problème pour la longueur, ça m'est égal !

Il me semblait sentir un peu de moquerie, loin d'être malveillante, dans sa réponse. Effectivement après avoir entendu les explications, cela semblait tomber sous le sens. J'avais sans doute dû lui paraître stupide. Mais sur le moment j'avais vraiment l'impression que c'était une sorte de dieu de la mécanique. Je n'aurais même pas été choquée que ses outils se mettent à léviter autour de lui, avec une auréole rayonnante derrière là tête.
Décidément ce type me faisait un drôle d'effet, et je crois que ça n'était pas que l'histoire de la climatisation...

Voilà maintenant qu'il me tendait poliment sa bouteille d'eau. Vision qui ne faisait qu'accentuer ma soif d'ailleurs. Je refusais poliment en le remerciant malgré tout. Ici, à Bowen, et ce puis mon arrivée, je n'avais croisé que des gens parfaitement adorables. A croire que je venais d'un monde affreux ! Ou c'est simplement que, appréhendant mon emménagement, je ne m'étais pas attendu à des premiers jours agréables.
Arrivés à ma voiture, j'ouvrais la portière et bu la moitié de ma bouteille d'eau où plus aucun glaçon ne flottait.  

« Je ne suis pas pressée de toute manière, je resterais le temps qu'il faudra. Du moment que c'est réparé aujourd'hui, ça me va ! » lui lançais-je avec un sourire encourageant.

S'il annonçait une réparation rapide, c'était bon signe pour mon porte monnaie ! Enfin du moins c'est ce que j'espérais ! Je n'étais pas vraiment exigeante comme cliente et puis en plus, je n'y connaissais rien. Pas que ça ne m'intéresse pas. En réalité, tout ou presque m'intéresse. Seulement j'ai l'impression que c'est quelque chose que je ne prendrais jamais le temps de voir de plus près.
M'adossant contre un mur, je l'observais remuer devant moi, sans vraiment comprendre ce qu'il faisait.

« Donc vous venez d'arriver, vous habitiez où avant ? »

J'étais contente de pouvoir parler à quelqu'un d'autre qu'à moi-même aujourd'hui. Pas que ma propre présence me déplaise, mais les conversations sont souvent... courtes. Oui bon, je suis bien obligée de compenser ma solitude soudaine non ?

« J'habitais à Ingham avant... mais bon, ça n'a rien d'intéressant. Et vous, ça fait longtemps que vous habitez ici ? »

J'éclipsais le sujet, espérant qu'il n'essaie pas de creuser davantage. Je n'avais pas envie de faire pitié ou quoi que ce soit et je savais pertinemment que s'il me posait les bonnes questions, je ne pourrais qu'y répondre. J'avais besoin de me confier mais Nate n'était pas mon psy. Quand à mes proches, mes parents avaient d'autres problèmes, les jumelles n'étaient pas disposées à écouter leur grande soeur barbante et je n'avais aucun ami qui ne le soit pas aussi avec mon Caleb, ce qui pouvait poser problème étant donné que je ne comptais lui donner aucune nouvelle et ne plus en recevoir non plus de sa part.

De la complicité... Était-ce vraiment le mot qui convenait ? Peut-être pas. Mais je sentais quelque chose. Je pense que tout simplement, nous nous aimions bien. C'était aussi simple que ça. Et s'il pouvait me réparer ma climatisation en une heure, je l'aimerais sans doute encore davantage ! Sans rire, qu'il ai pu s'occuper de moi si vite était une chance, mais qu'il soit aussi rapide allait au delà de mes espérances.
Qu'il ne connaisse pas Ingham n'est pas tellement étonnant, d'autant plus qu'il n'est pas australien. D'ailleurs je n'avais décelé aucun accent sur le moment, mais maintenant que je le savais, j'entendais effectivement un petit quelque chose. Non, je n'ai pas vraiment l'oreille fine, c'est sûr.

« C'est un long voyage... qu'est-ce qui vous a amené dans ici ? »

J'espérais ne pas être trop indiscrète et clairement, je croisais les doigts pour qu'il ne soit pas venu suite à un événement tragique ou quelque chose du même goût. Je détestais vraiment mettre les gens mal à l'aise au point que ça devenait presque pire pour moi que pour eux.

Je riais à sa blague sans retenu. C'était ironique, car je m'étais dit exactement la même chose avant de partir. Pas que la blague soit très originale, mais comme quoi je ressemblais plus à un cierge qu'à un menhir.
Les yeux écarquillés lorsqu'il m'annonçait avoir terminé, je m'exécutais, mettant la climatisation à fond pour qu'elle se refroidisse plus vite. Mais presque instantanément, je sentais l'air froid arriver à moi et avançais mon visage au plus près, fermant les yeux, les cheveux dans le vent tant elle était forte. Je la coupais puis me tournais vers lui.

« Merci beaucoup, ça va me changer la vie! »
, souriant de toutes mes dents. « Pour ce qui est de ma boutique, elle ouvre très bientôt dans la rue commerçante, juste à côté du chocolatier. J'ai hâte ! »

Et c'était le moins que l'on puisse dire ! Je n'attendais qu'une chose, reprendre le travail mais surtout réaliser l'un de mes rêve en étant ma propre patronne. J'étais peut-être jeune, mais j'avais de l'expérience et la tête sur les épaules. Et puis je n'étais pas seule, mes parents me donnaient quelques conseils avisés et répondaient toujours présents pour me donner un coup de main avec la paperasse. C'était ma chance.

Je lui répondais qu'évidemment j'avais en ligne de mire plusieurs pays pour d'éventuelles vacances, et même assez d'envies pour remplir plusieurs vies ! L'Inde m'attirait énormément. Sa société, les habitent, leur cultures, leurs religions et tout ce qui allait avec. Pour ce qui était des Etats-Unis, j'aurais bien aimé voir les canyons et découvrir la fameuse Louisiane et ses paysages particuliers. L'Italie, pour son histoire riche (et ses pizzas!). Et tout un tas d'autres.

« Par curiosité, je voudrais aller partout. Quand j'étais petite, je voulais être astronaute, c'est pour dire. Bon, j'ai aussi voulu être dresseur de fauves et détective, mais c'est une autre histoire... »

Pour ce qui était de la publicité, je ne comptais pas sur un quelconque partenariat avec le magasin d'à côté. Ça n'était pas vraiment la peine en fin de compte. Il allait de soi qu'ils s'entraideraient mutuellement, l'un allant avec l'autre, sans vraiment le vouloir. C'était presque naturel au fil d'une conversation de suggérer son voisin, plus pour paraître sympathique qu'autre chose d'ailleurs. Et rien que l'emplacement lui valait déjà des points, sans avoir à parler ou quoi que ce soit d'autre. L'effet « d'une pierre deux coups » se suffisait à lui même.

« Merci pour la proposition, mais attendez d'être venu chez moi avant ça. On ne sait jamais, peut-être que je fais des choses atroces ! »

Je riais doucement, me moquant de moi même. De vilaines choses, j'en ai faite dans ma vie. Malgré toute la bonne volonté que l'on peut avoir, parfois des clients intraitables ont des exigences qui ne riment pas avec bon goût. Malheureusement, on a rarement le luxe de choisir ses clients. L'essentiel, c'est que les personnes en face de nous soient contentes. Peu importe si ça fait tache dans l'album ou que ça brûle les yeux...

« Puisque c'est si gentiment proposé, je veux bien. En espérant qu'il n'y ai pas d'autre problème. »

Toujours adossée à mon mur frais portant l'ombre, je rêvassais en le regardant travailler, me demandant s'il s'était toujours destiné à ça ? N'avait il pas, lui aussi, rêvé d'être médecin par exemple ? Ou politicien ? Pourquoi pas facteur ou encore géologue ? Je n'étais pas de ceux qui croient au destin, une ligne toute tracée que nous finissons toujours par suivre malgré nous. J'ai plutôt tendance à croire que le hasard fait bien les choses, certes, mais que nous avons toujours le choix et que tous les détails comptent. Chaque petites choses vues, entendues, faites. Tout compte et tout peut tout engendrer.

Mon goût pour l'aventure, justement, je le vivrais bientôt avec l'ouverture de ma boutique. Je le voyais comme un défi à relever. Ça n'était pas quelque chose de facile de travailler à son compte. Personne ne sera là pour me rappeler à l'ordre si jamais je ne me lève pas le matin, je ne toucherais pas automatiquement de joli chèque à la fin du mois, si je suis malade, personne ne viendra travailler à ma place, quand à mon professionnalisme, il devait être à toute épreuve si je voulais réussir. Voilà pour l'instant à quoi je m'en tenais.

« C'est plus aventureux qu'il n'y parait de se lancer comme fleuriste... Et puis je ne suis pas non plus enchaîner à mon magasin. Rien ne m'empêche de vendre et de partir. Mais pour l'instant, je me suis lancée le défi de réussir ce que j'ai entrepris. »

J'étais enthousiaste à cette idée et ça se sentait dans mes paroles. Pour ce qui était des voyages par contre, je n'avais pas eu vraiment l'occasion d'aller bien loin.

« Quand j'étais petite, mes parents nous emmenaient en vacances, mais on restait en Australie. A part une fois où ils nous avaient emmené en Nouvelle Zélande pendant un mois. Mais je ne me rappelle pas de tout. Je sais juste que j'avais adoré être là-bas. Depuis je n'ai toujours pas quitté le pays. Peut-être que si ma boutique marche bien, je pourrais prendre quelques vacances en Inde par exemple...? »  

Tout en lui répondant, je me perdais dans mes pensées. Partir, changer de vie, je venais de le faire sans aller bien loin. Mais quitter le pays, s'adapter à une autre culture, une autre populations et leurs coutumes, leur mode de vie. Tout ça était bien différent et je ne suis pas sûre d'avoir la force de le faire seule. Être en vacance était une chose et partir seule ne me faisait absolument pas peur, mais s'installer en était une autre. Et comme j'attire les problèmes, j'étais sûre d'en avoir des tonnes. D'ailleurs c'était étonnant que tout roule pour moi ces temps-ci. Mais ça n'allait pas durer.

« Ne dites pas ça ! Je suis sur à 100% que c'est magnifique tout ce que vous faites, d'ailleurs vous n'avez pas des photos des bouquets que vous fabriquez ? »  

Il me faisait rougir avec ses flatteries. Je n'en avait pas l'habitude car habituellement, enfin en tout cas quand j'étais encore avec Caleb, personne ne s’intéressait vraiment à ce que je faisais. On me disait souvent « Ah, c'est un beau métier ! » et puis c'était tout. On passait rapidement à autre chose.  Parfois j'avais droit à des « Tu me feras un prix si je te fais faire mon mariage ? ». Comme si je pouvais répondre autre chose qu'un oui gêné. Que quelqu'un s'intéresse un peu à ce que je faisais me touchais, même si ça n'était qu'une politesse _je supposais du moins que c'en était une_.

« Non je n'en ai pas sur moi... Par contre j'ai un book au magasin... si vous voulez passer un jour, ça me ferais plaisir de vous les montrer ! »

Le narcissisme ne faisait pas parti de mes défauts _ et pourtant dieu sait combien j'en ai _, mais j'avais bien été obligée d'en prendre quelque unes pour constituer un petit livret représentatif de mon travail, histoire de donner quelques idées à mes clients lorsqu'ils n'en avaient pas eux-même. Mais en prendre ou en prendre n'était pas dans mes habitudes et encore moins pour me promener avec.

« Elle est de 92 il me semble. Pourquoi ? »

Ma vieille voiture... Mon père m'avait aidé à me la payer lorsque j'avais obtenu mon permis. Il ne me manquait pas beaucoup d'argent et quelques mois de travail en plus m'aurait permis de me l'offrir, mais il avait tenu à participer. C'était une voiture d'occasion, mais elle tenait la route et sa conduite était vive, comme j'aime !

J'étais flattée par sa réaction si enthousiaste à mon égard. Il avait l'air sincère et comme une fois n'est pas coutume, je me sentais rosir à nouveau. Je n'avais jamais su comment réagir à un compliment ou des encouragements.

« Merci, c'est gentil, ça me touche... J'espère que vous avez raison. »

Sincèrement, je l'espérais. Sinon, je ne savais pas comment ça se passerais pour moi, étant donné que j'avais placé tous mes espoirs dans ce projet. Maintenant qu'il était concrétisé, je ne pourrais plus faire marche arrière alors autant foncer tête baissé. De toute manière, ça n'était pas comme si je savais faire autrement...

« J'avais adoré le parc national des Blue Mountains. C'est en Nouvelle-Galles du Sud. Il y a beaucoup de végétation, des cascades, de beaux plateaux. C'est magnifique ! »

Des souvenirs remontaient par effluves. Ces montagnes basse recouvertes d'arbres paraissaient être d'immense vagues organiques et une légère brume enveloppait le tout. C'était comme un rêve un peu flou et en y pensant, j'avais l'impression de revivre ces balades dans la flore dense de ce parc où les eucalyptus m'avaient semblé être rois. Un vrai paradis. Je retournais la question à Nate, moi aussi de plus en plus curieuse à son égard, surtout depuis que nous nous étions trouvés quelques points communs.

« Vous dites ça pour me revoir, avouez ! »

J'avais bien senti là son ton taquin, mais au fond de moi, je sentais qu'il n'avait pas complètement tord. Je l'aimais bien, finalement, et je sentais même qu'une certaine amitié pourrait naître entre nous deux. C'était étrange comme sentiment que celui d'avoir de la sympathie certaine pour quelqu'un que l'on connaissait à peine. Je ne prenais pas la réponse de répondre à sa plaisanterie, estimant mon rire _ quoiqu'un peu gêné_ plus adéquat.
Il enchaînait sur ma voiture.

« C'est vrai qu'elle n'est pas très sophistiquée ma voiture, mais au moins elle tient la route... sans mauvaise blague. Et je sais qu'elle sera toujours réparable quoi qu'il se passe. Enfin sauf si je fonce droit dans un ravin évidemment. »

Je n'étais pas encore sénile et ma vision était parfaite, donc a priori, je ne risquais rien avec les ravins.

« J'aimerais bien savoir quelques petites choses en mécanique. Mon père m'a apprit deux trois trucs, mais c'est vrai que je trouverais ça rassurant si je tombais en rade, de pouvoir réparer une panne toute simple... Vous ne donnez pas de cours par hasard ? »

Je lançais ça un peu sur le ton de la plaisanterie, pourtant sérieuse sur mes aspirations. Il y avait tant de choses que j'aimerais savoir faire... Mais toute une vie ne me le permettrait pas. Et hélas, comme souvent, on ne prend jamais le temps de faire les choses et on se retrouve à 60 ans avec tant de regrets et si peu de temps pour y remédier.

Un road trip ? J'en avais toujours rêvé ! C'était selon moi l'un des meilleurs moyens de découvrir un pays. Les agences de voyages, les plannings, les horaires. Tout ça m'ennuyait au plus haut point et j'étais toujours dit que si j'avais à visiter une nouvelle région, je le ferais à ma manière, pour pouvoir profiter de tout aussi longtemps que je le souhaite.

« Ne vous en faites pas, avec la poisse que je me tiens, vous risquez de me voir débarquer ici plus souvent que prévu. Je risque même d'être votre poule aux œufs d'or ! »

Bon, bien entendu, je ne tenais vraiment pas à le devenir. Mais bon, pour la blague, la situation était plutôt marrante à imaginer. Quoiqu'il en soit, bien que j’appréciais vraiment Nate, je ne tenais pas à revenir au garage si vite. Mais je ne me faisais pas d'illusion pour autant, sachant très bien que d'ici quelques semaines tout au plus, j'aurai un nouveau pépin avec ma voiture et que quelque chose d'autres me lâcherai sans crier gare. Un pneu crevé, la batterie en rade ou n'importe quoi d'autre qui puisse tomber en panne.

Quand à ma suggestion que je trouvais idiote, j'étais maintenant surprise par sa réaction. Il semblait l'avoir prise au premier degrés et me proposais maintenant ses services en tant que professeur particulier ? Comment refuser ? « Nate, je ne sais pas quoi dire. Je ne pensais pas vraiment ce que je disais. Vous êtes gentil mais je n'y tiens pas plus que ça et je ne veux pas vous déranger... » Qu'elle idiotie. C'était inouï la chance que j'avais en ce moment et ça contrebalançait un peu avec tous les malheurs qui m'étaient arrivés. Autant en profiter.

« Merci énormément Nate ! C'est adorable ! Je n'aurais jamais pensé que vous accepteriez ! »

Mes yeux me picotaient de joie et je sentais au fond de moi que ces cours de mécaniques me mettraient du baume au cœur tout en me donnant cette impression d'être un peu plus sûre de moi. Que du positif.
Cependant, et je ne l'oubliais pas, il me fallait encore régler le montant des réparations, même si ça ne devait pas être faramineux. Je sortais mon porte feuilles de mon sac, trônant sur la banquette arrière.