Fly on + Chaisling

« Je veux dire que si tu ne me dis pas clairement ce que tu ne veux pas que je fasse, je te blesserais. » Cette phrase avait eu l’effet d’une gifle en plein visage malgré mon silence. Je poussais un soupir de quelques secondes. « Je peux pas te demander ça, Ais. » lui admis-je alors à mi-voix. C’était oui des conventions sociales, mais au delà de tout ça, c’était un choix et des sacrifices. Et Aisling restait Aisling. Je continuais mes caresses alors que ma voix s’éteignait, puis, elle parlait encore. Je secouais la tête et j’écrivais de nouveau. « Je comprends et j’apprécie. » J’allais écrire davantage, mais je cherchais les mots, les bons. « Tu peux pas consacrer ta vie au bonheur d’un autre. Tu dois te concentrer sur le tien aussi. » lui admis-je alors sur papier avec une mine un peu plus triste que d’ordinaire. Je la serrais néanmoins un peu plus fort. Parce que oui, j’avais envie d’un vrai bonheur avec elle. Mais au delà de tout ça, il y avait eu la saga de Perry. Il y avait eu aussi toutes ses histoires à elle, ses envies à elle... J’angoissais un peu, malgré tout ça.  

Au soupire de Chase, la blonde baissa les yeux. Est-ce qu'elle avait encore dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Pour une fois, elle avait été honnête. Et elle montrait une certaine volonté à vouloir faire les choses bien. Ses yeux finir par se tourner vers le malade, se mordant l'intérieur de la joue.

-Si, il faut que tu le fasses.

Elle avait besoin de l'entendre, de savoir ce qu'il voulait et ce qu'il ne voulait pas, ce qu'il attendait juste d'elle si elle entrait dans ce jeu.
Elle regarda Chase écrire. Ses caresses l'apaisaient un peu mais pourtant, elle sentait son cœur battre toujours aussi fort. Elle avait peur, peur de la décision qu'elle allait prendre. Peur de ce qu'elle pourrait lui faire. De ce qu'il pourrait lui faire.

-Isaiah m'a dit que si je fuyais les attaches, je ne serais jamais heureuse.

Et il avait raison. Elle savait que Chase essaierait de la rendre heureuse. Il n'avait pas besoin de lui dire, c'était le genre d'homme bien qui se couperait en quatre pour elle alors qu'elle, elle couchait avec n'importe qui sans se poser de questions.

« Si, il faut que tu le fasses. » J’écrivais encore une fois. « Je ne peux pas te contraindre dans ce contexte, ni te forcer. » Je lui montrais le tableau en soulignant les mots forts. Puis, elle me parlait d’un certain Isaiah. Fuir les attaches ne rendait pas heureux. C’était discutable, c’était une question de valeur. Maladroitement, je jouais dans mes cheveux. « Aisling... » que je soupire doucement. Je lui caresse le dos en cherchant les mots. La vie ne me semblait pas plus compliquée qu’en ce moment. « Je t’aime et ça me fout la trouille. » que j’lui confie alors d’une voix rauque qui me fait tousser. Comme si on m’empêchait de le lui dire. J’voudrais lui dire que j’aimerais que ce soit que nous deux, dans un appart, pas d’autres partenaires. Mais ça me semblait si complexe, si fort. Trop fort, même. « J’peux pas te demander de faire ça, quand même moi, j’sais moyennement ce que ça implique. » Je buvais un peu d’eau par la suite. Il y avait une voix qui se cassait, qui s’éteignait parfois même. Je me callais un peu plus dans ce lit d’hôpital, en me disant que de toute ma vie, rien n’avait été aussi complexe.  

Aisling ne put s'empêcher de lâcher un long soupire aux mots de Chase. S'il s'entêtait à ne pas vouloir lui donner de contraintes, il ne pourrait pas se plaindre qu'elle fasse n'importe quoi.

-Très bien.

La blonde se laissait papouiller sans rien dire, perdue. Elle laissa son regard se perdre dans le vide avant d'attraper la main de Chase dans la sienne. Son cœur se serra un peu à ses mots, il avait répété qu'il l'aimait et elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir quelque chose quand il lui disait ces mots.

-Si toi ça te fout la trouille, t'imagine dans quel état ça me met, moi ?

Elle avait fini par descendre son regard sur lui presque timidement. La néo-zélandaise serra les dents en l'entendant tousser. Il allait mal et elle n'améliorait pas les choses. Elle était vraiment le pire des femmes. Doucement, elle lâcha sa main, finissant par se lever pour lui laisser tout l'espace de son lit.

-Tu devrais te reposer.

« Très bien. » avait-elle finalement lâché alors que je prenais l’eau que je buvais lentement. Je voulais retrouver ma voix. Elle me remettait au visage le comment elle se sentait et je haussais vaguement les épaules. J’écrivais sur le papier rapidement. « Tu dois te sentir aimée. Même si tu n'aimes pas. » concluais-je finalement. Elle se levait alors que je ne la quittais pas des yeux. Je devrais me reposer, je hochais la tête. Elle avait raison et aucun médecin ne serait assez fou pour s’y opposer. « Je t’appelle dès que je sors d’ici? » lui dis-je à voix haute, parsemé de coupes difficiles. Lorsqu’elle serait partie, je serais dans le plus grand des silences et le plus grand des néants. J’hésitais encore à savoir si le tout était une bonne chose ou non.

Elle sentit doucement son cœur se serrer. Pensait-il qu'elle ne l'aimait pas ? Ce n'était pas le problème. Enfin peut-être que si. Peut-être que le problème c'était qu'elle ne savait pas ce que c'était qu'aimer, qu'elle ne faisait que paniquer et qu'elle ne l'aidait pas. Elle ne savait pas ce que c'était que de se sentir aimée non plus. Enfin, elle connaissait l'amour parental, fraternel, mais ce type là c'était autre chose, autre chose qui la terrifiait un peu, elle ne pouvait le nier. Elle ne sut pas quoi lui répondre alors elle se contenta de garder le silence.
Elle hocha la tête à sa question avant de se pencher vers lui, déposant un baiser sur ses lèvres. Elle ne savait pas quoi faire pour que les autres se sentent aimer, mais elle essayait de faire des efforts, pour lui.

-Je viendrais te voir.

Après une douce caresse dans ses cheveux, un peu peinée à l'idée de le laisser, même si c'était une nécessité, elle tourna les talons pour quitter l'hôpital, l'esprit tout chamboulé.