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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 Nicest thing + Woora

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Woody Rutkowski
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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyJeu 12 Jan 2017 - 2:24

Ça lui faisait mal, que Sara pense qu’elle n’était pas suffisante. Elle l’était, largement. Enfin, c’était ce que son cœur disait, criait même depuis tellement d’années. Malheureusement, Woody avait toujours eu tendance à accorder également beaucoup de crédit à ce qu’il avait entre les deux jambes et c’était ça qui le conduisait à sa perte. À leur perte. Parce que sa tête était souvent sur la même longueur d’ondes. Woody avait toujours pensé qu’il aurait l’air plus fort, plus puissant et plus viril s’il enchaînait les conquêtes, s’il faisait en sorte que tout le monde sache qu’il était capable de satisfaire toutes les femmes qu’il désirait. Certes, être malade ne pardonnait pas son insouciance et son immaturité, mais cela justifiait tout de même son comportement. Il essayait de compenser pour ce qu’il savait être en train de lui glisser d’entre les doigts. « Ce n’est pas ça … y’a qu’avec toi que je suis vraiment bien, que je peux réellement m’imaginer un avenir … c’est juste que … » Que pouvait-il lui dire de plus ? Rien qui lui ferait plaisir à entendre, rien qui expliquerait justement ce qui le poussait à agir de la sorte. Il préféra donc se taire, secouant doucement la tête pour qu’ils oublient tous les deux cette phrase à jamais inachevée. Il l’embrassa, et comme pour repousser encore plus loin ces doutes soulevés trop souvent, Woody lui fit l’amour en s’assurant de bien laisser sa trace dans la mémoire de la jeune femme. Au cas où il ne puisse plus jamais y repasser. Quand leurs souffles redevinrent normaux, quand leurs corps épuisés s’allongèrent l’un à côté de l’autre, Woody tira Sara contre lui et elle se blottit contre son torse sans hésiter. Si seulement tout pouvait être aussi simple, tout le temps. Si seulement Woody pouvait enfin accepter son sort et vivre sa vie comme il l’entendait, sans constamment regarder le temps filer devant lui. Au bout d’un long moment de silence et de contemplation de ce qu’ils avaient, de ce qui leur restait d’eux-mêmes, les jambes de Woody furent prises d’un tremblement comme elles en connaissaient bien trop ces dernières semaines. Sara le remarqua évidemment, leurs corps étant soudés l’un à l’autre, il était bien difficile d’ignorer quel que soit le mouvement de l’autre. Il baissa le regard vers elle quand elle releva le fait qu’il n’allait pas bien. « Ce n’est pas grand ch … » Mais elle le coupa bien assez vite pour lui signaler que mentir ne servirait à rien. Elle le connaissait que trop bien, elle savait quand il n’allait pas. Et son attitude de fin du monde d’un peu plus tôt trahissait la fausse assurance dans sa voix. Il soupira. « Non, je ne vais pas bien. » Affirma-t-il, pour confirmer les doutes de Sara, n’ayant pas dans ses plans d’en révéler davantage. Mais elle attendait, parce qu’après tout ce qu’ils avaient vécu, il lui devait plus que ça. Il lui devait des explications, des précisions. Il devait lui tendre la main parce qu’après tout, elle était la seule à pouvoir le sauver de lui-même. « Mes poussées sont de plus en plus fréquentes, et de plus en plus longues, aussi … Ce ne sont plus seulement mes jambes comme avant, c’est aussi mes mains, ma vue, ma force … » Et la liste continuait. La fatigue, le manque d’équilibre, les vertiges, engourdissements. Chaque jour amenait de nouvelles surprises – de bien mauvaises surprises – à Woody, parce qu’il découvrait à chaque fois l’horreur de nouveaux symptômes. Il porta sa main à son front, frottant celui-ci et ses yeux, luttant contre le chagrin, la peur, et les battements de son cœur qui s’emportaient. « J’ai vu mon neurologue la semaine dernière et … ce ne sont pas de très bonnes nouvelles. » En effet, le docteur Borden craignait que la maladie de Woody ait évoluée de la forme cyclique à la forme progressive secondaire, ce qui était dans l’ordre naturel de la sclérose en plaques chez la plupart des patients. Mais Woody avait l’impression qu’il était encore tellement trop tôt pour lui. Et pourtant …

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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyJeu 26 Jan 2017 - 18:59


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Sara connaissait la rengaine de Woody, par coeur, depuis des année, alors elle ne chercha pas à attendre la fin de sa phrase, de toute façon il n’y avait aucune façon acceptable de la ponctuer, dans tous les cas elle savait qu’il finirait par repartir seul ce soir et que l’étreinte qui allait suivre ne serait qu’un bon moment dont elle devait profiter avant qu’il ne se perde entre les jambes d’une autre. Evidemment que ça faisait mal, mais elle le savait, elle connaissait la bête et son appétit, si elle voulait qu’il arrête c’était à elle de tout arrêter, de tourner la page et d’avancer seule. Sauf qu’elle en était incapable, elle savait qu’elle retomberait toujours dans ses bras, demain ou dans quelques années, pour une heure ou pour la vie, ça c’était à lui de voir, au final il aurait toujours le dernier mot, la décision ultime. Alors elle se laissa faire parce que c'était finalement sa seule à lui de montrer à quel point il tenait à elle, mieux que des mots, la façon dont il lui faisait l'amour révélait toute la passion qu'il éprouvait pour elle. Et après leurs ébats elle savoura cet instant de pure tendresse ou seules leurs respirations qui s’accordaient parfaitement pouvaient troubler leur repos, encore une fois elle se dit qu’elle pourrait mourir là, maintenant, c’était le moment parfait, dans les bras de Woody, alors qu’elle sentait son amour la réchauffer encore un peu, mais clairement ça n’était pas son jour, le destin en avait encore en réserve pour la jolie brunette et son amant terrible. L’instant magique fut brisé de façon très étrange, lorsque ses jambes se mirent à trembler, Sara comprit tout de suite ce qu’il se passait et commença à questionner Woody, au départ il voulu minimiser la situation. Sauf qu’elle n’était pas dupe, elle le connaissait par cœur, elle voyait l’expression sur son visage et puis elle n’avait encore jamais vu de manifestation si violente de sa maladie. Et la sentence tomba, il n’allait pas bien. Le ton de sa voix était assez grave pour qu’elle sache qu’il n’exagérait pas, bien au contraire, alors elle en attendait davantage et il savait qu’elle ne le lâcherait pas avant d’avoir ses réponses. Elle déglutit doucement alors qu’il commençait sa confession, c’était dur à entendre, ça faisait mal, un frisson la parcouru sans qu’elle ne le réprime, parce que les mots de son amant lui faisaient peur. Elle eut cette pensée idiote, de se dire que finalement, il pouvait bien coucher avec toutes les femmes de la terre entière, ça n’était pas bien grave, du moment qu’il vive. Et c’est là qu’elle se souvint pourquoi elle acceptait d’être bafouée de la sorte sans rien dire. Parce qu’il était malade. Ca n’excusait rien mais c’était sa façon d’être, à Woody, il voulait vivre fort, vite, tout connaître, avant de ne plus pouvoir et elle pouvait comprendre cet état d’esprit et elle l’acceptait, c’était sa façon à elle de partager son fardeau à lui. Elle hocha la tête doucement avant de se recoucher sur son torse, de le serrer de ses bras maigrichons avec toute la force dont elle pouvait faire preuve. Il dit quoi ? Combien de temps ? Elle espérait toujours qu’il en gagne, même si elle en savait assez pour savoir qu’on n’avait pas le choix face à cette maladie, c’était elle qui vous rattrapait tôt ou tard et qui sonnait l’heure des aux revoir. Mais elle redoutait sa réponse, une date, quelques courtes années, quelques mois ? Ou bien pire… L’éternelle petite fille qui croyait aux contes de fées semblait désabusée.
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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyDim 29 Jan 2017 - 23:10

Le silence se faisait lourd après que Woody ait parlé de sa maladie, de son état qui se dégradait, des mauvaises nouvelles apportées par son neurologue. Évidemment, il n’y avait pas de bonne façon d’annoncer de telles choses, que ce soit pour Dr Borden envers Woody que pour Woody envers ses proches. C’était un sujet cruel à aborder, à tout coup, parce qu’au final même parmi les quelques rémissions passagères, il n’y aurait jamais de bonne nouvelle. Plus maintenant. Le temps avait passé, le temps avait fait son œuvre, laissant la maladie profiter de chaque heure qui s’écoulait pour mieux s’accaparer le système nerveux de l’homme en totale perte de contrôle. Il ne pouvait plus rien faire pour se sauver la peau, pour repousser l’échéance fatale. Le jeune homme aurait beau multiplier ses séances de yoga, sortir courir trois fois par jour, il n’était plus en santé et ça se voyait. Il était vrai que des manifestations aussi violentes de sa maladie n’arrivaient que très rarement. Jusqu’à maintenant, ça n’avait été que des cas isolés, dont un auquel Sara avait assisté à la patinoire, au dernier Noël. Dorénavant, il s’agissait de manifestations quotidiennes. Woody ne pouvait plus les cacher à personne, et surtout pas à la personne qu’il aimait, la personne qui le connaissait par cœur. Finalement, Sara quitta son regard afin de venir se blottir de nouveau dans ses bras. Elle brisa enfin le silence, pour mieux les replonger dedans quand il aurait répondu, sans doute. « Il dit quoi ? Combien de temps ? » Il n’y avait pas une question d’années en jeu, avec les progrès et les traitements, Woody pourrait vivre assez vieux. Trop vieux. C’était bien ça le problème, pour lui. Il continuerait de vivre, mais d’une façon cruelle, d’une manière qui ne lui semblait pas humaine. Il vivrait, mais ne jouirait plus de la vie – ne jouirait plus tout court, de quoi que ce soit. Il haussa donc doucement les épaules, glissant déjà vers l’abandon. « C’est différent pour tout le monde et c’est difficile à prévoir. Mais Dr Borden pense que d’ici deux ou trois ans, je ne pourrai plus marcher, que tous mes mouvements seront difficiles. » Qu’il ne pourrait plus faire l’amour à Sara. Enfin, ça, c’était ce que Woody s’était dit, parce que son neurologue n’avait que mentionné les dysfonctions érectiles. Mais pour lui, c’était un énorme deuil à faire. « D'ici-là, mon état va se dégrader peu à peu. J'sais pas forcément quand ni comment, mais mes symptômes vont devenir plus intenses, plus fréquents. Mais ... J’vais vivre, Sara, avec les traitements qu’il m’a proposés, j’ai encore bien des années devant moi, si je les essaie. Mais je ne serai plus moi-même, je ne pourrai plus être heureux … Et pour moi, ça, c’est pas vivre … » Il avait toujours profité de la vie à cent mille à l’heure, il avait toujours vécu au maximum toutes les opportunités qui se présentaient à lui. Alors s’il devait, dans quelques années, dire adieu à tout ce qui réveillait en lui le plaisir, l’adrénaline, l’excitation, alors il se dirait adieu à lui-même du même coup.

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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyLun 13 Fév 2017 - 18:46


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Les mots de Woody faisaient froid dans le dos, Sara espérait de bonnes nouvelles, un peu d’espoir, pourtant ce qu’il lui disait n’avait rien de rassurant, bien au contraire. Il ne parlait pas d’une mort prochaine, non, mais c’était presque pire, surtout dans sa bouche. Il était sujet de tout son corps qui allait lui faire défaut petit à petit, lentement, mais de façon inéluctable et il vivrait assez longtemps pour se rendre compte de cette dégradation, c’était certainement le pire. La jeune femme serrait son amant contre elle comme si elle pouvait prendre de sa peine, un peu de son mal, mais elle restait terriblement impuissante face à tout cela. Elle savait que Woody ne supporterait pas de se voir diminuer petit à petit et c’était effrayant parce qu’elle redoutait le pire, si la maladie mettait du temps à faire son oeuvre, lui n’attendrait pas si longtemps et il serait capable de se faire bien plus de mal, peut-être même commettre l’irréparable. Et ça elle en avait peur, peur de ne pas avoir assez de mots, assez d’amour, pour pouvoir retenir un geste de folie.  Et puis la vraie question était toute autre, d’ordre presque philosophique, même moral, si une personne ne supportait plus la vie telle qu’elle la vivait, si aucune solution ne pouvait l’apaiser, pourquoi s’opposer à son choix au final ? Qui Sara serait-elle pour l’empêcher de prendre sa décision, quelle amoureuse, si elle l’aimait vraiment, quelle amie, si elle était réellement celle qui devait le soutenir jusqu’au bout ? Ces question-là la hantaient parfois, lorsqu’elle y pensait, lorsqu’elle entendait le discours que le beau brun lui tenait et même s’il serait insupportable pour elle de vivre sans lui, ne serait-ce pas la meilleure preuve d’amour que de respecter ses décisions quelles qu’elles seraient ? Une larme coula sur sa joue, une larme douloureuse, preuve de toute sa détresse face à cette situation qui lui échappait totalement. Au final elle ne l’aurait jamais, son Woody, pas aujourd’hui et pas demain non plus, parce que demain il ne serait plus, plus lui-même ou plus là du tout, jamais elle n’aurait son happy ending avec lui, parce qu’aucune fin joyeuse ne l’attendait, la vie la lui prenait totalement. Lui vint alors en tête la question folle, celle qui faisait mal, pourquoi se battre alors, pourquoi se battre pour un Eux qui n’existerait jamais ? Parce qu’elle ne savait pas quoi faire d’autre, parce qu’elle ne savait pas être autrement que pleine d’espoir, d’un espoir fou et vain peut-être, mais de celui qui la faisait se lever chaque matin, de celui qui l’avait fait marcher à nouveau après son accident alors qu’on ne lui donnait pas beaucoup de chances de le faire, de celui qui lui faisait croire à un avenir, tout simplement. Tu ne peux pas ne pas essayer Woody. Tu ne sais pas quels effets ils auront sur toi, ces traitements, peut-être qu’ils te seront bénéfiques. Peut-être qu’ils t’offriront quelques années encore à être toi-même. Tu n’as pas le droit de baisser les bras maintenant. C’est trop tôt. Elle termina dans un souffle avant que sa gorge ne se noue totalement et que sa voix ne se brise. Elle ne pleura pas, elle ne voulait pas pleurer, elle devait être forte et ne pas lui montrer sa détresse. Ils venaient de vivre un moment de pure bonheur, de plaisir intense et voilà qu’ils retombaient lourdement dans la réalité, jamais ils ne pourraient connaître l'allégresse très longtemps, comme si elle leur était interdite, comme s’il y avait toujours quelque chose pour les rappeler à l’ordre. Sara se redressa, dans toute la splendeur de sa nudité et l’observait, lui, elle fit courir sa main sur tout son corps comme pour se rappeler de ses courbes, un sourire triste aux lèvres. Tu as encore bien assez de force, tu viens de me le prouver et je suis sur que tu pourrais encore le faire si j’en redemandais. Fut une époque encore récente où ils s'épuisaient à faire l'amour toute la nuit. Elle n’était pas contre, évidemment, sa main s’attardait d’ailleurs déjà sur son bas ventre. Alors bat-toi, encore un peu. Elle le suppliait alors qu’elle se penchait sur lui pour embrasser ce corps dont elle ne se lassait jamais, pour le couvrir de baisers comme de mille caresses.
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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyDim 19 Fév 2017 - 4:47

L’était-ce, trop tôt ? Le sablier en était-il encore réellement trop au début pour que Woody ait le droit de songer à abandonner ? À baisser les bras ? Près de dix ans maintenant, depuis son diagnostic. Près de dix ans à sentir son corps lâcher prise, peu à peu. Il s’était senti glisser, et s’il avait parfois eu la force de s’accrocher aux parois tranchantes de la longue et sournoise pente vers l’incapacité, il ne l’avait certainement plus aujourd’hui. Pourtant, quand il regardait l’espoir dans les yeux de Sara, et aussi toute la tristesse que l’attitude de Woody lui apportait, il se disait que ça en vaudrait peut-être la peine. Que les gens autour de lui attendaient de lui davantage que ce qu’il attendait de lui-même. Sa famille se rallierait sans attendre, sans hésiter, à Sara. Pour tenter de le convaincre d’essayer tout ce qui était possible, de faire tout ce qui était en son pouvoir et en celui des médecins. « Je sais bien. Mais l’idée de ne vivre qu’à travers un cocktail de médicaments, de ne vivre que grâce à ça … ça me démolit. Parce que ça voudra dire que j’ai perdu, au fond. Moi, Woody, j’aurai perdu. Et le reste sera entre les mains de ces médicaments, de la médecine … » Il aurait voulu mener son combat par lui-même jusqu’à la fin, même si c’était un peu con à penser. Accepter le traitement, c’était accepter sa propre faiblesse. Celle de ne pas avoir pu tenir tête à la sclérose en plaques sans l’aide de rien ni personne. Toutefois, il savait bien que l’acceptation du traitement était inévitable. Il se rendrait à l’évidence, lui aussi, que le contraire serait une grossière erreur. Mais il se donnait encore le temps de vivre dans l’incertitude. Sa vie n’était que ça, de toute façon.

Son ex, son amante, son amoureuse, la femme de sa vie, tout ce que Sara représentait à la fois, se redressa légèrement afin de mieux l’observer. Elle fit glissa ses doigts le long de son corps, traçant chacune des courbes de sa peau, chaque ligne de ses muscles. Quand elle lui parla de sa force, de sa capacité à lui refaire l’amour si elle le demandait, Woody la regarda tristement. Et quand elle fit courir sa main le long de son ventre pour rejoindre le bas de celui-ci, le jeune homme attrapa doucement le poignet de la belle pour l’arrêter. Elle s’arrêta à son tour dans ses baisers, et il plongea son regard dans le sien. Il secoua doucement la tête de gauche à droite. « Je ne suis pas aussi fort que tu le penses, Sara. » Il déglutit. Ravala ses larmes. Ravala sa fierté. « Au contraire, je suis fatigué, je suis faible. À bout de force, à bout de souffle. » Ses tremblements n’étaient pas inexplicables, ils provenaient justement de l’effort qu’il venait de faire. De la course pour venir jusqu’à elle, pour la sauver de ce qui aurait pu être tellement pire. De la montée de stress qui avait été une onde de choc pour le reste de son corps. Maintenant que l’adrénaline était retombée, le reste s’affaissait aussi. « Je suis désolé. » Désolé d’être une déception, désolé d’être un lâche, désolé de ne pas pouvoir lui offrir ce qu’elle voulait, et maintenant c’était plus vrai que jamais. Sans doute était-ce mieux, effectivement, que Sara tire un trait sur Woody et parte vers de nouvelles expériences, de nouveaux hommes, des vrais.

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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyMar 21 Fév 2017 - 18:14


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Woody n’avait pas trente ans, il n’avait pas vécu la moitié de sa vie, d’une vie normale, il était encore jeune, encore beau, si beau, encore plein d’avenir comme n’importe quel homme de son âge. Woody n’avait pas trente ans mais en effet, il se battait depuis déjà bien longtemps contre la maladie qui l’avait frappé trop jeune, trop tôt. Et c’était injuste et c’était impensable de se dire qu’il baissait déjà les bras, à l’aube de sa vie. Mais voilà, il était désabusé, il en avait déjà assez, assez des rendez-vous médicaux, des cachets, des peut-être, des faux espoirs, de la douleur et de voir son corps diminuer et ne plus être le même de jour en jour. Peut-être en avait-il aussi assez de se battre pour les autres, pour faire plaisir à sa famille et ses amis qui comptaient sur lui sans se rende compte de ce que ça demandait comme courage au jeune homme. Sara ne pourrait jamais le comprendre totalement, elle aurait beau essayer, elle aurait beau tenter de lui parler, de le raisonner, elle ne serait jamais dans ce corps qui trahissait son propriétaire. Alors bien-sûr qu’elle n’allait pas lui tendre la corde pour se pendre, évidemment qu’elle continuera à lui clamer son amour jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus et tentera de toutes ses forces de le soutenir. Mais elle savait qu’un jour elle le soutiendrait dans ce choix terrible qu’il finirait par faire, celui de tout arrêter, celui de se laisser mourir sans plus chercher à se battre. Mais pas encore, pas aujourd’hui, elle décrétait que c’était trop tôt, elle n’en avait pas la force. Et puis elle n’était pas vraiment d’accord avec le point de vu de son amant, vivre avec des médicaments ça n’était pas forcément avouer qu’on avait perdu, c’était accepter qu’on avait besoin d’aide, qu’on était humain, tout simplement, avec ses faiblesses, comme tout à chacun. Si les cachets, au moins au départ, pouvaient l’aider sans le diminuer, sans trop d’effets secondaires, sans le changer, alors c’était une solution recevable selon elle, c’était mieux que rien, mieux que la souffrance qu’il s’infligeait sous prétexte qu’il était trop fier. Tu ne pourras pas te battre seul indéfiniment Woody, ça serait te battre contre des moulins à vent, c’est impossible mon amour. C’est encore plus stupide et insensé que d'accepter de te faire aider… Elle ne l’incriminait pas, elle comprenait à quel point ça pouvait être difficile d’accepter de l’aider, surtout de la part de la médecine, d’accepter qu’on perdait. Mais il devait se rendre à l’évidence, petit à petit, que s’il voulait vivre correctement le plus longtemps possible alors il devrait se soigner. Mais déjà elle se radoucissait, elle tentait de le prendre d’une autre façon, par des moyens plus doux qui, elle le pensait, sauraient le convaincre et combler sa fierté d’homme, qui lui feraient du bien, à elle aussi. Pourtant il attrapa ses poignets alors qu’elle sentait que son corps appréciait la caresse, surprise, elle le regarda avec de grands yeux comme prise en faute. Elle remarqua son regard empreint de douceur et de douleur, elle en aurait pleuré, encore une fois, de le voir si triste de ne pouvoir lui offrir la seule chose qu’il pensait faire de lui un vrai homme. Fronçant les yeux pour ravaler ses larmes Sara lui offrit une moue songeuse. On aurait pu mourir aujourd’hui Woody. On aurait pu être comme tous ces autres, enfouis sous des tas de gravas. On aurait pu mourir mais on est ensemble. Toi tu as couru à travers la ville pour venir me trouver. Et je t’aime pour ça, je t’aime pour tout ce que tu fais pour moi et tellement plus encre. Et quand bien même j’essaye de te détester, je t’aime malgré tout parce que je n’ai pas le choix, c’est en moi. Et j’m’en moque pas mal que tu sois incapable de me faire l’amour, je te veux vivant, c’est tout ce que je demande. Elle reposa délicatement son corps nu contre celui de son amour, puis soupira d’aise, appréciant sa chaleur qui l’envahissait petit à petit. Elle resta sans bouger durant quelques secondes, avant de réaliser que l'érection de son amant continuait de gonfler. Elle sourit doucement, presque mutine, se demandant si elle oserait en parler ou s’il valait mieux ne pas briser le silence réparateur. Puis elle redressa la tête, passant une main sur son visage qui la fixait et chuchota comme sur le ton de la confidence. J’ai comme l’impression que tu n’as pas confiance en ton corps, parce que certaines parties cherchent à se battre encore un peu… C’est de ma faute, je sais. Peut-être que, si tu n’as pas à bouger, si je fais tout le travail… C'était une proposition osée, de la part de notre douce et sage Sara, mais elle sourit malicieusement, heureuse, au fond, de retrouver une complicité avec lui, celle qui, malgré les disputes et les nombreux au revoir, ne les quittait jamais.
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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyVen 24 Fév 2017 - 22:38

Elle avait raison sur toute la ligne, Sara, comme toujours. Elle était la voix de la raison. Des deux, elle était la plus sage – c’était une évidence pour tout le monde. C’était comme si Sara était l’ange et Woody le démon, et qu’ils se battaient sans cesse l’un contre l’autre, mais dans ce scénario l’amour l’emporterait toujours sur la haine. Sara elle-même l’avait dit. Elle lui en voulait, elle le détestait pour ce qu’il lui avait fait, pour ce qu’il lui faisait jour après jour. Et pourtant, ils étaient là, leurs corps nus l’un contre l’autre malgré la catastrophe. Ils étaient un chaos en eux-mêmes alors ce qui se passait dehors n’importait que très peu. Ça ne changeait pas de leur relation habituelle. Ils s’aimaient et se repoussaient à la fois, mais cela n’empêchait pas Sara de vouloir que Woody lutte pour survivre, peu importe le prix. Même si le prix était la fierté de Woody ; ce qu’il avait de plus cher. « Yeah, well … ». Il déglutit, ravalant ses larmes, cherchant ses mots, cherchant la réponse à toutes ses questions, alors qu’il n’y avait pas d’issu qui lui était réellement favorable. « … J’ai toujours été stupide et insensé. » La preuve, quand Sara quitterait ses bras, quand elle passerait la porte de ce café, il la laisserait partir en sachant fort bien qu’elle trouverait un homme qui saurait l’aimer mieux que lui. Pas plus, jamais plus. Mais mieux.  Cette réponse qu’il venait de donner à Sara était lâche, mais malgré les apparences, malgré sa lutte contre la maladie, c’était tout de même ce que Woody était au fin fond de lui-même. Un lâche. Il préférait tourner le dos ou baisser les bras devant chaque confrontation, sauf si ça pouvait se régler à coups de poings ou de mots tranchants. Bien sûr qu’il suivrait les traitements, au bout du compte. Pour le moment toutefois, il préférait conserver cette façade, même si c’était con de faire croire à Sara qu’il se laisserait tomber alors qu’il savait pertinemment qu’il n’arriverait pas à trouver le courage de le faire.

Sans doute dans le but de terminer ces courtes retrouvailles sur une note douce et belle, pour qu’ils s’accrochent à ce souvenir plein d’espoir, Sara tenta une seconde réconciliation de leurs corps. Woody n’en trouva pas la force, parce qu’il se perdait en lui-même. Il n’y avait pas que les circuits nerveux de son corps qui étaient endommagés. Ceux de son âme aussi. La jeune femme, contre toute attente, n’accepta pas ce refus. « Je t’aime aussi. Et je vais continuer à faire tout ce que je peux pour toi, pour te prouver que je suis pas celui que les gens pensent, que t'as eu raison de croire un peu en moi ... Je vais continuer à le faire pour le temps que je le peux ... » Même si les paroles de Sara le touchaient énormément, Woody savait qu’au fond tous ces mots ne changeraient rien. Elle partirait quand même vivre ses expériences et lui resterait seul, dans sa solitude, parce que même s’il donnait l’impression d’être entouré comme personne, ce n’était que des mensonges, une simulation. Il était complètement seul quand Sara n’était pas là. Alors il se convainquit de profiter de ce dernier moment ensemble, et ne l’arrêta pas quand elle proposa de faire tout le travail, pour son corps qui se battait encore un peu. C’est là que Woody remarqua qu’il était effectivement en érection, malgré qu’il se sentît si faible et fatigué. Sara arrivait encore à le faire vivre, à le faire vibrer. Un sourire se dessina sur les lèvres de Woody, avant de se transformer en un rire à la fois gêné et amusé de la situation. « Peut-être que … peut-être que ça peut se faire, oui … » Admit Woody, surpris par cette proposition provenant de Sara, mais agréablement surpris. La jeune femme se redressa alors et passa une jambe de l’autre côté du corps de l’homme. Il posa ses mains sur ses hanches et ferma un moment les yeux quand elle le fit rentrer en elle. Il les rouvrit toutefois bien vite afin de contempler Sara sous un angle qu’il n’avait pas forcément eu souvent l’habitude de la voir. Elle était tellement belle, en ce moment, dans ce décor post-apocalyptique, sous cette lumière poussiéreuse, dans ces adieux qui se confondaient à une réconciliation tant attendue. Elle était si belle et pourtant …


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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyMar 28 Fév 2017 - 15:24


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Sara ne put retenir un sourire face à la réponse de Woody, il avait toujours été stupide et insensé, ça oui, il pouvait le dire, elle ne le contredirait pas ! Mais c'était comme ça qu'on le connaissait le mieux, Woody, en tête brûlée qui bravait le danger au guidon de son vélo, en dragueur invétéré qui même après une gifle se retournait sur une autre et passait à la suivante. Sara le savait, mieux que quiconque. Et c'était tout cet aspect de sa personnalité qu'il allait perdre petit à petit sans rien pouvoir y faire. Et il avait de quoi être en colère, être révolté. Mais Sara serait, elle, obstinée, présente, à se battre pour lui, elle serait sa béquille s'il le fallait et au fond il le savait bien, qu'elle ne lâcherait rien, qu'elle était forte pour un bout de femme qui semblait sensible au moindre courant d'air. Parce qu'elle en avait vécu des belles, Sara, parce qu'on ne la lui faisait pas, à elle et parce qu'en vrai, le seul courant d'air qui pouvait la balayer c'était Woody, mais pour l'instant elle tenait bon. Elle tentait d'ailleurs d'utiliser ses armes à lui qu'étaient le sexe et le plaisir, bien que ça soit ephémère, qu'importe, si ça les rapprochait encore un peu, si ça prolongeait leurs retrouvailles de quelques instants de bien-être, ensemble, plutôt que séparés, plutôt que de se quitter comme deux vulgaires amants qui avaient obtenus ce qu'ils voulaient, parce que c'était ça, c'était ce que ça donnait à croire, de l'extérieur, bien qu'ils sachent tous les deux que c'était bien plus. Pourtant Woody la retint et alors en retrouvant la tristesse dans ses yeux, Sara se lança dans une déclaration enflammée qui ne devait pourtant pas en être une, ce à quoi il répondit. Et c'était beau, c'était touchant, elle reposait son corps contre le sien alors qu'il achevait son discours à lui. Il mentait, il ne s'en rendait pas compte, ou bien il se voilait la face. Parce qu'à elle aussi il montrait ce masque qu'il montrait à tout le monde, celui du coureur, celui du je-m-en-foutiste, celui du sale gosse égoïste. Il n'y avait que durant les moments suspendus comme celui qu'ils vivaient à présent que Woody montrait son vrai visage, le reste du temps il était détestable. Mais elle n'en avait que faire, elle le connaissait, elle connaissait son manège et ses mensonges, elle l’acceptait parce qu'elle savait qui il était derrière tout ça.
Oh oui, il pouvait être surpris par la proposition de Sara, il pouvait en rire, parce que ça ne lui ressemblait pas, absolument pas, habituellement elle se contentait de donner son accord pour que lui prenne le contrôle des événements, il pouvait bien faire ce qu'il voulait de son corps, durant leurs réconciliations Sara était le jouet de Woody, mais elle lui faisait confiance, il connaissait ses limites, jamais il ne l'avait obligé à faire quoi que ce soit auquel elle ne consente pas. Pourtant à présent elle prenait les devants, peut-être consciente qu'au fur et à mesure elle devait le faire de plus en plus souvent à cause du corps défaillant du malade. Ils étaient mal à l'aise tous les deux, pourtant les sourires complices ne mentaient pas et Sara prit alors son courage et et alla jusqu'au bout de sa démarche, elle avait envie, au delà de son propre désir, de faire plaisir à Woody et au moment où elle prenait les commandes elle remarqua avec quelle ferveur il la regardait, elle se sentit belle sous ses yeux, elle se sentit fortes et femme. Elle voyait à quel point il la trouvait belle et l'instant en fut d'autant plus intense, d'autant plus agréable. Et pourtant... Pourtant il y eut un craquement, au dessus de leur tête, d'abord imperceptible puis comme un grondement terrible, Sara releva la tête et remarqua cette pluie de poussière de moins en moins fine. Woody je crois qu'on... Et un nouveau craquement. Elle se releva brusquement, mettant un terme à leur corps à corps, attrapant au passage et avec autorité la main que Woody avait posé sur ses reins. Relève-toi, maintenant ! Le plafond va nous tomber dessus ! Ils se relevèrent, Sara pris le temps d'attraper dans la foulé une poignée de vêtements qu'ils avaient laissé choir tout près d'eux, sans pour autant s'occuper de ce qu'elle avait récupéré, il y avait plus important. Avec l'énergie du désespoir et sans penser que Woody ne tiendrait peut-être pas sur ses jambes, ou peut-être parce qu'elle le savait trop, elle le tira vers l'extérieur, l’entraînant avec elle avant qu'ils n'entendent un fracas horrible dans leur dos. Il n'y avait pourtant pas eu d'autre secousse. Mais les deux amants ne savaient pas qu'un bâtiment s'était écroulé sur celui de la galerie, menaçant de le faire tomber à tout moment, ce qui arrivait, en ce moment même, devant nous deux zozos nus comme des vers. Ils finirent par trouver refuge dans un petit coin à l'abris un peu plus loin. Sara en profita pour remettre sa robe, seule chose lui appartenant qu'elle avait pu prendre. Et tendit son caleçon à Woody, ainsi qu'une chaussette, maigre butin. Elle fit la moue en observant le spectacle du bâtiment qui s'effondrait, son travail, sa nouvelle vie... et ils avaient failli rester en dessous, écrasés comme des crêpes. Elle rit alors, nerveusement. On n'est pas passé loin de l'omelette !

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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyJeu 2 Mar 2017 - 15:36

Quand on les voyait, tous les deux, dans cette intimité et cette complicité que rien ni personne ne pourrait venir briser, pas même un séisme ravageur, on en venait forcément à se demander pourquoi Woody leur mettait autant d’obstacles sur leur parcours, pourquoi il n’ouvrait pas enfin les yeux sur l’évidence. Il ne serait jamais plus heureux que dans les bras de Sara. Il ne vivrait jamais sa vie à fond si ce n’était pas avec elle et pourtant, il s’entêtait à donner cette excuse à qui voulait bien l’entendre. Même à Sara. Pourtant, s’il devait être bien honnête avec lui-même, Woody comprendrait bien vite qu’il avait peur. Juste peur. Parce que le fait de ne s’attacher à personne, de ne jeter l’ancre nulle part, lui permettait de ne jamais culpabiliser face à ce qu’il deviendrait, de ne pas craindre de devoir s’en aller, de ne pas imposer sa fatalité aux autres. Pourtant, c’était de se mettre un doigt dans l’œil que de croire que le simple fait de repousser les gens qu’il aimait et qui l’aimaient allait empêcher ceux-ci de souffrir de la future condition de Woody. Qu’il soit l’homme de Sara ou non, celle-ci resterait à ses côtés quand le pire surviendrait, il le savait. Il la connaissait assez bien pour savoir que malgré tout ce qu’ils avaient traversé, malgré les nombreux coups bas qu’il lui avait faits, elle l’aimait trop pour l’abandonner à lui-même. Sauf que Woody avait quand même peur de se sentir responsable de la condamner à une vieillesse gâchée par sa maladie. S’ils n’étaient pas ensemble, elle le ferait par libre-choix. S’il lui ouvrait pleinement et complètement son cœur, s’il la laissait entrer et plus jamais ressortir, il aurait l’impression de la tirer avec lui vers le fond. Ce n’était pas juste pour elle. Ce n’était juste pour personne. Alors Woody continuait de pousser, repousser les autres.

Leur moment d’intimité renouvelé par la volonté de Sara se brisa bien rapidement, en même temps que le plafond céda lui aussi sous le poids de ce qui s’était écrasé sur le toit de la galerie. Des craquements se firent d’abord entendre, accompagnés de poussière qui s’écoulait sur eux comme le sable d’un sablier s’écraserait au fond du verre. Et ils manquaient effectivement de temps. Sara s’écria que le plafond allait leur tomber dessus. « Vite, vite, vite ! » Cria Woody alors qu’ils se relevèrent – Sara avec beaucoup plus de rapidité et d’agilité que Woody. Constatant sans doute le manque d’efficacité de l’homme dans leur fuite, Sara vint jusqu’à lui et le traîna vers l’extérieur, alors qu’il se tenait à son épaule pour permettre à ses jambes de mettre un pied devant l’autre assez rapidement sans pour autant tout lâcher. Ils s’éloignèrent alors que la galerie tombait en ruines derrière eux, là où dix minutes plus tôt ils atteignaient ensemble le septième ciel. Cet endroit n’était maintenant qu’enfer. Comme quoi Sara et Woody étaient une tornade en eux-mêmes, faisant des ravages partout où ils allaient. Leur amour était plus chaotique que tout. Le séisme n’était qu’un rappel de ça. Une fois à l’abri, Woody se laissa glisser contre un mur miraculeusement encore intact, et attrapa le caleçon et la chaussette que Sara lui tendit, incrédule. « Merci. » Il enfila au moins le caleçon et laissa la chaussette au sol, avant de se relever difficilement pour avancer de quelques pas, question de constater les dégâts. La galerie s’était effondrée sous le poids d’un bâtiment qui s’était écroulé dessus sans qu’ils en aient pris conscience à l’arrivée de Woody. « On a bien failli y rester, ouais. » Et aurait-ce été la pire des finales ? Mourir en ne faisant qu’un avec Sara ? De toutes les façons de mourir qui attendaient Woody, c’était sans doute la plus belle. Mais ils étaient encore là, debout au beau milieu des ruines, dans toute leur vulnérabilité. Woody attrapa la main de Sara et tourna la tête vers elle, plongeant son regard dans le sien, avant de la prendre dans ses bras et de rester là, enlacés, pendant que les cris, les pleurs et les sirènes d’ambulance, de police et de pompier les entouraient. Dur retour à la terrible réalité.

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MessageSujet: Re: Nicest thing + Woora   Nicest thing + Woora - Page 2 EmptyDim 19 Mar 2017 - 17:06


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Surréaliste, c'était bien le mot le plus fort pour qualifier cette journée. Une fois sortis des décombres, Sara et Woody ne pouvaient que constater l'ampleur des dégâts et combien ils étaient chanceux de s'en sortir indemne. Pourtant dans les yeux du beau brun, la jeune femme lisait comme de la déception. Elle pouvait comprendre ce sentiment qui l'envahissait, finalement aucun des deux n'avait eu l'idée de dire "on l'a échappé belle, on est en vie, quelle chance", comme si chacun d'entre eux avait cette pensée terrible qu'ils auraient très bien pu mourir ici, dans ce bâtiment qui s'écroulait sur eux, ça n'aurait pas été bien grave parce qu'ils étaient ensemble, parce qu'ils partageaient un moment délicieux, parce qu'ils étaient simplement bien, pire encore, s'aurait été une belle fin, s'aurait été acceptable. C'était si facile de penser ce genre de choses, une fois sains et saufs, parce qu'en vérité, à bien y réfléchir, quand ils avaient senti le danger arriver, tous les deux n'avaient eu qu'une seule idée s'en sortir, coûte que coûte. Parce que c'était instinctif finalement, quand on voyait une issue, on courait vers elle, on ne se laissait pas dépérir, c'était le propre de toute espèce vivante et les hommes n'y échappaient pas, même parmi les plus désespérés d'entre eux, il fallait vivre. Sara sourit doucement laissant Woody la prendre dans ses bras, elle préférait rester sur cette note d'espoir, voulant croire qu'il pourrait avoir le même cheminement d'idée qu'elle et que peut-être ça lui donnerait des idées pour la suite, pour se battre plus fort contre sa maladie, pour ne pas se laisser abattre. Ils étaient des survivants, cet nouvel épisode en témoignait très clairement et cette fois-ci ils avaient survécu ensemble, ils s'étaient soutenus l'un l'autre, Woody était venu au départ pour sauver une Sara en détresse et à la fin c'est elle qui l'avait soutenu avec ses maigres forces pour qu'ils sortent ensemble du bâtiment. Elle ne se voyait pas en héroïne ou rien de cela, elle n'y pensait pas à cet instant précis. Elle profitait de la chaleur de son amant, de la douceur de sa peau, encore un instant, avant qu'elle ne s'en sépare, parce que c'était l'issue imminente. Un pompier apparu auprès d'eux sans qu'aucun ne l'ait entendu arriver. Vous allez bien ? Vous avez besoin de quoi que ce soit ? De soins ? Une ambulance est à quelques pas d'ici, il ne faut pas rester là, de nouveaux bâtiments peuvent encore s'effondrer. Sans quitter les bras de Woody, Sara tourna la tête vers lui et lui offrit un mince sourire, elle était épuisée. Nous allons bien, merci. Il sembla rester dubitatif avant de prendre la parole. Il faut évacuer les lieux, c'est plus sûr. Elle hocha la tête doucement et l'homme s'éloigna, il avait mieux à faire de toute façon, il restait de vraies victimes à sauver des décombres. La brunette releva la tête vers Woody dans une petite moue triste. On rentre chez nous ? Par chez nous elle entendait qu'ils allaient devoir se séparer à nouveau, elle n'en avait pas envie mais chacun devait reprendre sa vie, s'occuper de ses proches. Ce qu'ils avaient eu c'était déjà bien, elle n'avait pas le droit d'en demander davantage pour aujourd'hui. Elle prit sa main et ils quittèrent la scène apocalyptique derrière eux. La maison de Woody était la première sur leur chemin, Sara le déposa donc chez lui, elle l'embrassa tendrement. Merci d'être venu aujourd'hui. Je t'aime Woody. Ce n'était pas le genre de je t'aime qui impliquait un engagement, c'était juste qu'elle l'aimait, son ami, son amant, elle l'aimait, c'est tout. Et puis elle rentra chez elle sans se presser.

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