doors unlocked and open (sacha)

La conversation entre Ally et Isaiah à propos de Sacha remontait à quelques semaines déjà, peu avant le séisme. Isaiah avait eu dans ses plans de lui téléphoner dans les jours suivant cette discussion, malheureusement le tremblement de terre en avait décidé autrement. Pris dans ce tourbillon chaotique où les mauvaises nouvelles s’étaient enchaînées les unes après les autres en apprenant le départ de certains habitants et la perte de certains endroits, Isaiah avait eu besoin d’un peu de temps pour se remettre à marcher sur le droit chemin. Il avait passé des soirées à fumer et à boire, un peu pour oublier cette catastrophe dont Bowen avait été l’épicentre. Un peu pour s’alléger la conscience, aussi, de ne pas avoir pu sauver plus de gens avec cet autre type, Oliver. Et de ne pas avoir été auprès d’Ezekielle quand le monde s’était écroulé sous leurs pieds. Trois semaines étaient maintenant passées et Isaiah était retombé sur le numéro de téléphone de Sacha, qu’Ally lui avait gribouillé sur un morceau de papier abandonné au fond de la poche d’un jeans qu’il s’apprêtait à envoyer valser dans le lave-linge. Il s’était arrêté, avait fixé le numéro un moment, et s’était décidé à téléphoner à cette jeune femme qui avait montré un intérêt pour l’ébénisterie. Pour Isaiah, le séisme avait magiquement fait sauter son nombre de commandes. Parce que des meubles détruits, il y en avait eu un paquet, en cette journée fatidique. Et les gens avaient besoin de remplacer. Les gens avaient besoin de renouveau. Beaucoup laissaient des messages sur la boîte vocale d’Isaiah, qui était le seul ébéniste en ville, afin qu’il leur fabrique une nouvelle table de tel style, une nouvelle commode pour le linge, un nouveau berceau pour bébé. Dépassé par les événements, dépassé par lui-même, Isaiah avait pris du retard dans ces contrats. L’aide de Sacha tombait bien, finalement. Même si au départ, elle aurait besoin d’aide, il pourrait lui confier les confections les plus simples, pour commencer. Elle apprendrait sur le tas, avec les quelques conseils d’Isaiah. Il avait donc téléphoné à la jeune femme afin de fixer un rendez-vous pour le soir-même, si elle était disponible. Ils pourraient ainsi discuter des intérêts de Sacha, de son expérience, de ses envies. Si le temps le permettait, ils pourraient retourner à l'atelier d'Isaiah - qui se trouvait chez lui - afin qu'il lui montre quelques-uns de ses projets en cours. Comme la caféine l’empêcherait davantage de dormir et qu’il était de base insomniaque, Isaiah opta pour l’alcool, raison pour laquelle il invita Sacha à le rejoindre au Elm Street. Une fois arrivé, il s’était directement installé à une banquette, un peu en retrait du comptoir où tout le monde gueulait, afin qu’ils aient la paix. Un minimum de paix. Le jeune homme s’était commandé une pinte de bière noire, qu’il faisait tourner entre ses mains en attendant sa nouvelle partenaire.

Aujourd'hui bonne nouvelle, Isaiah, l'amie d'Ally m'a appelé, je n'attendais plus son appelle. C'est un soulagement pour moi, mais je comprends qu'avec tout ce qui s'est passé à Bowen c'est dernier jour ai été compliquer. Même si je trouve assez surprenant qu'il me propose une rencontre sans un bar pour parler boulot, mais pourquoi pas. Avec tout ça, il y a pas de mal à se détendre un peu. De bonne humeur et tout de même un peu stressée je me suis préparée, car j'ai quelque peu l'impression d'aller à une sorte d'entretien d'embauche, même si l'idée que ce soit dans un bar enlève toute suite l'image trop stricte qu'on l'on s'imagine pour ce genre d'évènement. Dans mon sac j'embarque deux trois statuettes, vu qu'elles sont petites elles prennent pas trop de place, mais je ne sais pas du tout a quoi m'attendre, au cas où je prends mon CV, pas très garnie certes, mais je vais faire avec. Je salut Tiffany en partant et prend la voiture. Arriver aux Elm Street je regarde les personnes présentent en cherchant à deviner s'il est arrivé et de voir qui il pourrait être je remarque un homme seul à une banquette en train de jouer avec son verre, ça ne coûte rien de demander et je me sens mal à l'aise seule ai milieu de tous ces hommes, mais il ne vaut mieux pas que j'y pense. Je secoue la tête respire un coup, fais de mon mieux pour sourire et m'avance vers cette personne. Ca sert a rien de stresser c'est juste que c'est sans doute la seule chance pour moi d'apprendre un métier qui pourrait vraiment me plaire et dans lequel m'épanouir, juste ça, du moins c'est ce que je tente de me dire. Arriver à la banquette son visage me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à le situer, j'ai dû le croiser dans la rue surement. « Vous êtes bien Isaiah ? » Quand il confirme,  le stresse mon encore un peu, mais je temps la main en gardant le sourire. « Oh enchanté, je suis Sacha » Comme s'il s'en doutait pas c'est lui qui m'a appelé, nigaud. « J'espère que je ne vous ai pas fait attendre de trop. » Pour une fois que je vouvoie quelqu'un ça me fait bizarre.

Son regard était plongé dans le liquide noir qui faisait de légères vagues à chaque fois qu’il tournait un peu trop brusquement le verre dans sa main. Comme s’il cherchait à se noyer dans cette noirceur, lui qui avait toujours cherché à livrer la lumière à tous ceux qui l’avaient perdue. Il ne perdrait pas espoir bien longtemps, ce n’était qu’un mauvais passage, un chaos éphémère, mais son cœur était certainement plus lourd qu’à l’habitude. Peu à peu, jour après jour, il retrouverait ses ailes. Déjà, la voix qui se fit entendre à côté de lui suffit à le sortir de sa torpeur. Il leva les yeux vers Sacha – sans doute – quand elle lui demanda s’il était bien Isaiah. Un sourire s’installa sur ses lèvres, un sourire vrai, un sourire soulagé de ne plus être seul. Isaiah avait toujours préféré être entouré d’autres humains, c’était plus rassurant, même si sa propre présence ne l’incommodait que rarement. « Oui, oui c’est moi ! » Elle lui tendit sa main, ce qui amusa Isaiah, lui qui n’était absolument pas du genre à s’encombrer de toutes ces formalités et de toutes ces politesses. Il attrapa tout de même sa main et la secoua vigoureusement, hochant la tête. « Assieds-toi ! » Elle s’exécuta, demandant si elle l’avait fait attendre. Isaiah secoua la tête. « Non, et puis, même si ça avait le cas on s’en fout, hein, y’a pas de bombe qui allait exploser après dix minutes. » Lâcha-t-il avec un léger rire, même si c’était une mauvaise idée de parler de catastrophes du genre après celle qui s’était produite à Bowen. « Tu prends quelque chose à boire ? » Demanda-t-il, avant de poser ses yeux sur la petite enveloppe qu’elle tenait dans sa main. Isaiah arqua légèrement un sourcil avec un grand sourire. « C’est quoi ce truc ? Ne me dis pas que t’as pris la peine de m’imprimer un curriculum vitae ? » De un, c’était inutile donc c’était une feuille de papier gaspillée, de deux, Isaiah se foutait royalement de ses aptitudes, de ses expériences. Si elle avait la passion, si elle avait la patience, Isaiah n’aurait rien d’autre à demander d’elle. Ce n’était pas une entrevue, c’était une rencontre. Il aurait peut-être dû mettre ça au clair au téléphone.

Ouf au moins je ne me suis pas trompée de type, ça aurait été beau. Mais pourquoi je me sens aussi mal à l'aise, c'est pas mon genre de stresser comme ça. au non je suis sûr que je fais n'importe quoi,  j'ai mis du deo déjà ? Ah je sais plus, a en fait si je m'en souviens, oui c'est bon j'en ai mis, j'espère que j'en ai pas mis trop. Pense à autre chose tient il a rigolé mince j'ai pas écouté, je souris, oui je souris. Il va pas se rendre compte que j'étais à l'ouest au moins ? Sans doute oui, mince alors. A boire ? Oui, bonne idée, par contre pas trop fort il ne faudrait pas que j'abuse il pourrait croire que je ne suis pas sérieuse, oh merde je me souviens d'où j'ai déjà vu ce visage ! Le gars du brownie à la soirée d'anniversaire de Zach, mince je n'étais pas fameuse, oh et cette histoire de menotte j'espère qu'il ne va pas me reconnaitre. « Oh, oui je prendrais bien une bière. » Une bière c'est simple ça passe partout et un café ça ne me rendrait que plus stressée. « Ah, euh, si, je n'aurais pas dû c'est ça. » Han moi qui voulais bien faire c'est fichu me voilà dans de beau drap maintenant. Réfléchis, réfléchis. « Je croyais bien faire et je suis un peu stressée, vue tout ça me tient a coeur donc, hé bien, j'ai envie de bien faire. Mince je me répète. Fin je voulais dire merci de bien vouloir me rencontrer, quand Ally ma parler de toi, j'étais vraiment contente qu'elle me propose de te parler de moi. » Une catastrophe, j'aurais dû me taire. Je suis ridicule, mince je l'ai tutoyé, faut que je m'excuse ? Non ça serait encore plus gênant, j'ai envie de me cacher. Ah, mais faut que j'arrête avec ma main dans mes cheveux, la main sur la table c'est mieux, c'est quand qu'elle arrive cette bière j'ai besoin de m'occuper les mains... Et l'esprit.

De toute sa vie, Isaiah avait rarement croisé une personne aussi nerveuse que Sacha. Ça le faisait rire, un peu, parce que si elle s’en faisait autant pour une simple entrevue, il n’imaginait même pas comment elle gèrerait parfois la pression. Serait-ce Ally qui lui avait raconté des mensonges à propos d’Isaiah ? Si ça se trouve, elle l’avait décrit comme étant un tyran de l’ébénisterie, l’homme le plus cruel du monde, avec des idées diaboliques à la limite de la dictature. Venant de la rouquine qui lui servait de meilleure amie, tout était possible. Parfois, elle pouvait se montrer tellement vilaine. Lui, ça le faisait un peu trop rire, mais ce n’était sans doute pas le cas de tous. Pour essayer de mettre sa future collègue de travailler dans une mood un peu plus décontractée, il lui demanda si elle voulait boire quelque chose, elle aussi. Une bière, qu'elle répondit. « Coming right up ! » Lança-t-il en faisant signe au serveur de lui amener une deuxième pinte de ce qu’il buvait. C’est alors qu’Isaiah posa ses yeux sur le document qu’avait entre ses mains la jolie Sacha. Il rigola à sa réponse à la fois incohérente et répétitive. Elle était adorable, ça ne faisait aucun doute, mais il fallait qu’elle comprenne qu’avec Isaiah, elle n’avait pas à être un paquet de nerfs de la sorte. Tout était chill. Complètement chill. « Bah honnêtement j’en ai pas grand-chose à faire de ton cv, c’est tout ! » Avoua-t-il en haussant les épaules avec un sourire. « Ça me fait super plaisir de te rencontrer, Sacha, j’étais trop content quand Ally m’a parlé de toi. Des gens intéressés par l’ébénisterie, ça ne court pas les rues, tu sais. » Lui dit-il avec un mince sourire. « J’veux pas voir ton cv parce que tout ce que j’ai besoin de savoir, c’est si t’es motivée d’apprendre, et passionnée par l’art. » Il prit une gorgée de sa bière. « Et c’pas en le lisant sur un bout de papier que je vais le croire. C’est en apprenant à te connaître. » Il lui sourit, chaleureusement.

Han, je n'aurais pas dû prendre ce fichu bout de papier mais, respire un coup, ça va, il a toujours le sourire, il semble même amusée, raison de plus de vouloir me cacher dans un trou de petite souris, je dois être rouge de honte et j'ai chaud. Mais ses paroles sont loin d'être méchante même le contraire ça me rassure plus qu'autres choses. Il était content d'apprendre qu'une personne était intéressée par l'ébénisterie, je souris rassurée. Tant mieux pour moi. Je souris, ou c'est vrai que ça ne doit pas courir les rues, il faut avoir l'occasion de pouvoir d'y intéresser et après il faut que ça plaise. Et je fais partie de ces rares personne, cette pensée me fait sourire. Le stresse commence à s'en aller je ne suis pas encore totalement confiante, mais vu comment il se comporte et sa manière d'être face à moi me rassurer d'une certaine manière. Oui apprendre à me connaitre, la manière de le dire est bonne je trouve. C'est vrai que c'est avec deux trois mots écris sur un bout de papier que je vais aller loin. «   Je suis vraiment motivée, c'est un ami qui m'a glissé l'idée et depuis je n'arrive pas à m'en défaire. J'ai toujours aimer sculpter le bois je fais ça depuis que je suis jeune et jamais je n'avais pensé en faire mon métier, mais je peux passer des heures à façonner le bois pour créer ce que j'ai en tête. » Je souris quand je pense aux heures passer a sculpter dans voir le temps passer. « D'ailleurs j'ai amené quelque petite sculpture. » Dis-je en baissant la tête vers mon sac, rassuré de pouvoir a quelque chose de tangible de pouvoir lui montrer ce que je sais faire. Je suis plutôt fier de moi en les posant sur la table. Mais quand je relève la tête le serveur m'amène ma bière je le remercie avec le sourire avant de me tourner vers la personne qui quelque minute plus tôt créait un gros stresse en moi, je baisse les yeux vers les sculptures pour reprendre sinon je sens que je vais laisser le stresse monter. Il y a un ours debout, un loup et un koala, elles font la taille d'un poing, c'est celles que j'avais montrée à Ally quelque semaine plus tôt je crois. « Je les ai faites pour Ally à la base, mais je ne sais faire que de petite sculpture pour le moment, c'est pour ça que j'aimerais en apprendre plus. C'est pour cette raison que je suis heureuse d'avoir cette chance si tu veux bien de moi. » Dis-je avec un petit sourire ma main jouant avec le Koala, qui est mon avis est le moins bon des trois, je connais moins cet animal que les autres c'est sans doute pour ça.

Assez surpris d’apprendre que malgré sa passion pour la sculpture du bois, Sacha n’ait jamais songé à en faire un métier, Isaiah ne s’arrêta toutefois pas à cela. Il était vrai que dans la liste des métiers qu’on propose aux gamins du lycée, l’ébénisterie était rarement dans le top dix des meilleurs choix de carrière. Pourtant, on pouvait en vivre relativement bien, quand nos standards de vie n’étaient pas trop hauts. Et puis, Isaiah avait le temps de faire un tas d’autres trucs à côté qui pouvaient lui donner un petit revenu de plus, un bonus, quoi. Il pouvait ainsi vivre de ses nombreuses passions, prendre le temps de faire tout ce dont il avait envie. Il ne dépendait pas d’une feuille de temps électronique à remplir au quart de tour ou d’une horloge qui lui indiquait avec fermeté ses heures d’arrivée et de départ. Isaiah n’était pas fait pour vivre sur un horaire aussi fixe et permanent. Il aurait suffoqué depuis bien trop longtemps. Déjà que les échéanciers pour ses petits contrats le faisaient parfois flipper, il s’était fait à l’idée qu’il ne fallait pas trop lui en demander. Ce n’était pas de la paresse, c’était la liberté. « Tu fais surtout ce qu’on pourrait considérer de sculptures artistiques ou t’as déjà essayé de construire, par exemple, un meuble ? » Demanda-t-il, intrigué. Puis, comme pour lui donner des exemples bien plus concrets, Sacha mentionna qu’elle avait amené quelques sculptures faites par elle-même. « Oh, excellent ! » Isaiah la regarda fouiller dans son sac, attendant avec hâte de voir ce dont elle était capable. Elle posa sur la table du bar un ours, un loup et un koala, qui, malgré la petite taille des sculptures, avaient de magnifiques détails dans le bois. « Je peux ? » Demanda Isaiah en approchant sa main, dans le but de les prendre. Après l’accord de Sacha, il prit d’abord l’ours entre ses mains et le porta à ses yeux, plus près, afin de voir malgré le peu d’éclairage du bar. « Tu travailles avec une belle précision. » Il regarda les deux autres animaux de bois avec autant d’attention. « J’aime énormément, Sacha, c’est superbe. » Il reposa finalement la dernière figurine, sans pourtant les lâcher toutes les trois des yeux. « Tu t’inspires de photographies ? Parce que des loups et des ours, c’pas vraiment ici qu’on trouve des modèles vivants. » Même au zoo, ils se faisaient rares, ce n’était pas un environnement pour eux. Sacha lui expliqua que ces sculptures, pour Ally, n’étaient pour le moment tout ce qu’elle savait faire. « Bien sûr que je veux de toi. C’était pas une « entrevue d’embauche », aujourd’hui, tu sais c’était pour qu’on se parle. On commence quand tu veux. » Dit-il avec un grand sourire, alors que le serveur apporta sa bière à Sacha. Isaiah leva la sienne devant lui. « À ce nouveau partenariat ! » Lança-t-il avec enthousiasme.

« Jusque là je me suis cantonné au côté artistique de la chose, mais il n'ai jamais trop tard pour s'essayer à de nouvelles choses. » Dis-je avec un petit sourire rassuré, j'espère ne pas le décevoir en disant cela, mais ça m'étonnerait vu comment il l'aire d'être pour le moment. Il a l'air plus enthousiaste qu'autre chose, je ne ressens aucun onde négative provenant de lui. D'ailleur je lui propose même de lui montrer quelques-unes de mes sculptures, en sortant trois d'entre elles de mon sac. Il a l'air d'apprécier l'idée et me demande même s'il peut les prendre pour les regarder, je hoches de la tête sans l'ombre d'une hésitation, elles sont là pour là de toute manière ça serait bête de ma part de ma part, ça ne ferait que l'inciter à se méfier de mes capacités alors que je sais très bien que ce sont de bonne sculpture je suis fière du travail effectué sur celles-ci. Quand il dit qu'il aime ce que j'ai fait, et admet la qualité de mon travail, je fais ce qui doit ressembler à un grand sourire idiot, mais je m'en fiche bien en tendre de telles compliments sur mon travail me fait toujours cet effet. Je me sens heureuse et fière de mes mains. Je suis contente de savoir faire quelque chose que les autres puissent apprécier. « Merci, je dois dire que je ne suis pas peu fière de mon travail et je suis heureuse de voir que je ne suis pas la seule à apprécier ce que je fais de mes petites mains. » Quand il a reposé la dernière sculpture, sans les lâcher du regard il me demande si je me suis inspirée de photos. « En partie seulement, c'est vrai qu'on ne croise pas vraiment ces animaux dans le coin, mais là où je vivait avant il était plus fréquent de croiser ce genre d'animaux. Et pour le koala j'ai eu la chance d'en voir au Zoo de Bowen quand je suis arrivée donc j'ai pu les croquer avant. » Il est vrai que je préfère m'inspirer de ce que j'ai pu voir de mes propres yeux que de me contenter de simple photos. Même si pour certain détaille il est plus simple d'avoir des photos, c'est vrai que je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'observer la face d'un ourse de près et je pense même que je préférais l'éviter. Ensuite, je lui précise que j'ai fait ces sculptures pour Ally à la base et laisse aussi entendre que je suis vraiment tentée de travailler avec lui. Et je n'aurais pas pu attendre meilleure réponse de sa part. La boule au ventre j'attend sa réponse et quelle soulagement d'entendre ces mots. Je fais un immense sourire ravi. Avant même que je puisse placer un mot le serveurs arrive avec ma bière. Je le remercie rapidement avant d'entendre Isahia lever sa bière a notre nouveau partenariat je lève a mon tour mou bras avec le sourire. « Oui a ce nouveau partenariat. » Je souris de plus belle. « Merci vraiment, je suis prête à commencer dès demains s'il le faut. » C'est vrai que je n'ai pas grand-choses de prévu en ce moment et ça me manque d'avoir mes journées d'occuper et d'avoir quelque chose à faire. Je vais enfin pouvoir souffler je ne serais plus un poids pour Tiffany et ma tante, ça commençait vraiment à me peser de tourner en rond à ne rien faire de ma vie en squattant la baraque de quelqu'un d'autre et même si c'est de la famille c'est par forcément la vie de mes rêves. J'aime être autonome et pouvoir contrôler au moins une partie de ma vie.

De toute façon, il y avait un côté tout autant artistique dans la fabrication d’un meuble, surtout ceux qu’Isaiah avait la réputation de créer. Il ne restait pas dans le générique, dans l’habitude, dans le classique. Le jeune homme préférait largement rendre ses créations bien uniques, une sorte de signature personnelle. Il mettait corps et âme dans ses meubles, y mettant tout son cœur au travail, aussi. Ça se voyait sans doute dans le résultat, puisque les commandes se faisaient de plus en plus nombreuses au fil des années. Ce n’était pas pour rien que la population s’était tournée vers lui après le séisme, pour réparer les meubles cassés, réinventer les maisons, mettre le mal derrière elle. « C’est tout un art que de faire un meuble, aussi. Tu pourras y mettre toute ton imagination, j’t’assure. D’une manière différente, c’est tout … » Affirma-t-il avec un doux sourire. Et puis, à voir les petites statuettes que Sacha avaient faites, elle avait le souci du détail, ça ne faisait aucun doute. Isaiah n’avait pas de mal à l’imaginer ébéniste à ses côtés. Elle aurait quelques apprentissages du métier à faire, c’est certain, après tout Isaiah avait fait ses études en ébénisterie et avait bien compris que ça ne s’apprenait pas en un claquement de doigts. Toutefois, Sacha avait le talent et la motivation ; toutes les bonnes bases, en quelque sorte. « Ah oui ? Tu viens d’où ? Ally m’a pas dit. » Ou elle l’avait peut-être mentionné et Isaiah avait été préoccupé par autre chose, ou dans un état second, on ne sait jamais avec lui. Finalement, le jeune homme enleva toute la pression que Sacha semblait se mettre en lui affirmant qu’elle était déjà embauchée, avant même de passer le cadre de la porte, en fait. Enfin, il ne le dit pas exactement de la sorte, afin qu’elle ressente tout de même le mérite de cette première rencontre. Elle allait toutefois bien vite comprendre quel genre d’être humain était Isaiah, et comprendrait qu’il laissait sa chance à tout le monde. La bière de la demoiselle arriva pile au bon moment, pour sceller ce nouveau partenariat en trinquant. Sacha affirma être prête à commencer dès demain. Cela tombait bien puisqu’Isaiah croulait sous les contrats. Certes, ce serait plus lent au départ, puisque la jeune femme serait en formation, mais lorsqu’elle prendrait ses aises, ils feraient le travail en double-vitesse, au plus grand bonheur des clients. « J’serai à mon atelier demain, ouais, alors tu arrives quand tu veux et j’prendrai le temps de tout te montrer. » Pas d’horaire, pas de relation employeur-employé, pas de chichis. Ils allaient instaurer quelques règles non-écrites sans doute, pour le bon fonctionnement de la business, mais Isaiah ne se prenait pas trop la tête avec tout le reste. « J’vais te laisser mon adresse avant d’oublier. » Le jeune homme s’empara du cv de Sacha qui était maintenant déposé sur la table à côté d’elle et y inscrit son adresse afin qu’elle puisse passer dès le lendemain. « Mon atelier est au sous-sol, si ma copine est là elle te répondra et te fera entrer, sinon cogne plus fort, j’devrais éventuellement venir t’ouvrir … » Dit-il avec un sourire amusé. Parfois, il pouvait être bien dans sa bulle, dans son atelier.

Je souris, la manière dont il dit les choses me plait, mettre toute mon imagination dans un meuble sans qu'il finisse complètement biscornu ? J'ai envie de voir ça, je suis curieuse d'apprendre plein de nouvelle chose, une manière de perfectionner et d'étendre mon "art". Me voilà à utiliser des grands mots, rêver fait du bien de temps en temps, surement. « Je suis curieuse de voir ça. » Au fil de la conversation après lui avoir montré mes statuettes il me demande si je me base sur des photos, c'est vrai que les loups et les ours ce n'est pas très courant dans le coin je lui laisse donc entendre que je ne suis pas du coin il n'hésite pas à me demander d'où je viens. Je souris a l'idée de parler de ma terre natal. « Je viens de l'Alaska, en février ça fera un an que je suis arrivée en Australie. » Déjà neuf mois que je suis ici, neuf mois que j'ai quitté mon chez moi, ça me parait si long. Ma famille me manque tellement et je ne sais toujours pas quand est-ce que je les reverrais. Après ça vient la bonne nouvelle de la soirée, il me laisse entendre que je suis prise je saute sur l'occasion pour dire que je peux commencer dès demain. C'est ok. Je souris. « Ah merci c'est parfait. » Dire que demain enfin je commence ma vie active en Australie, il était temps. Ca me pesait depuis le temps, je suis soulagée, je vais enfin pouvoir songer à avancer un peu dans ma vie. Je le regarde prendre le cv pour écrire son adresse dessus, dans ma tête ça sonne comme officialisation, il y a une preuve ce n'est pas mon imagination. Un sous-sol ? J'aime moyen d'être enfermer toute la journée sous terre, mais ça ne doit pas être aussi glauque que je l'imagine. « Eventuellement... d'accord. » Je rigole en m'imaginant tambouriner à la porte pour pas rester enfermer. « Je préfère tout de même l'option où on vient m'ouvrir sans vouloir te vexer. » Je souris moi aussi amusée, avant de prendre une gorgée de ma bière.

Quand Sacha lui apprit qu’elle venait de l’Alaska, Isaiah siffla, visiblement impressionné. Il était vrai qu’on rencontrait plutôt rarement des américains provenant de cet État bien à part. D’ailleurs, lui-même n’avait pas eu la chance de visiter cet endroit magnifique, un paradis de neige et de glace, lors de son voyage autour du monde. Il manquait effectivement bien des morceaux à ce casse-tête de rêve, morceaux qu’Isaiah comptait bien rassembler d’ici la fin de ses jours. Qui sait, Sacha représentait peut-être une porte qui s’ouvrait sur de nouvelles opportunités de découverte du monde. En chaque être humain Isaiah voyait une façon d’explorer la Terre, que ce soit à travers ses yeux ou ses connaissances. « Wow, l’Alaska. Ça t’en as fait un bout de chemin jusqu’à ici ! Avec toi c’est tout ou rien hein ! » Plaisanta Isaiah. Le froid ou la chaleur, rester dans son confort ou partir à des kilomètres à des kilomètres de chez soi. C’était inspirant. Bref, l’artiste embaucha officiellement Sacha après leur discussion même si, à ses yeux, c’était chose faite depuis le tout début. Elle sembla ravie et soulagée. Isaiah inscrivait ses coordonnées tout en expliquant à Sacha de quelle façon se présenter. « Ça m’en prend plus que ça pour être vexé ! » Releva le jeune homme mais ça, la brunette devait bien commencer à s’en douter. Il sourit et pencha la tête vers l’avant. « J’te promets d’essayer d’être attentif aux bruits ambiants si jamais Ezekielle n’est pas là. » Puisqu’il avait parlé de sa copine un peu plus tôt, il se doutait que Sacha ferait le lien avec le prénom. Isaiah se calla légèrement sur le banc de la banquette, sa bière entre les mains pour la porter à ses lèvres plus facilement. « D’où tu connais Ally, alors ? J’ai pas l’souvenir qu’elle ait fait un crochet par l’Alaska quand elle est allée aux USA ! » S’intéressa Isaiah, toujours prêt à entendre des histoires de rencontres fortuites. Il s’agissait des plus beaux récits d’une vie.

Son sifflement me fais sourire, c'est vrai que l'Alaska ce n'est pas tout proche, donc sa réflexion me fait rire. « Oui c'est vrai, mais je suis venus rejoindre de la famille. » Oui, ça m'a permis de me rapprocher de ma cousine Tiffany, ce qui ne serait pas arrivé si j'étais restée dans mon petit cocon, avec ma petite routine bien huilé qui aurait tenu durant toute ma vie, un changement radical. Je commence à comprendre pourquoi ma mère m'a poussé à découvrir autre chose. Après ça il confirme qu'il m'embauche avant de me prévenir que si je venais demain il y avait des chances qu'il ne m'entende pas et ne vienne pas m'ouvrir si sa copine n'est pas là. Je réplique que je préférerais qu'on m'ouvre la porte sans vouloir le vexé la réponse me fait sourire. « Je pense que je l'aurais deviné. » Je suis tout de même rassurée quand il dit qu'il fera attention si Ezekielle - sa copine je suppose - n'est pas là. « J'espère bien. » Dis-je avant de boire une gorgée de ma bière. Ensuite, le sujet en vient à Ally, il me demande d'où je la connais. Je souris avant de répondre. « Oh, elle m'a aidée à réparer quand je suis tombée en rade au bord de la route. Ca devait faire à peine une semaine que j'étais arrivée en Australie c'est la première amie que je me suis faite en arrivant. » Je sourie s'amenuise en repensant a notre dernière rencontre on s'était quitté un peu froidement, car son comportement m'avait forcément mauvais, ce par quoi je lui avais répliqué que je pourrais me faire mon propre avis, car je l'aime bien, moi, Woody.

Isaiah aurait aimé avoir de la famille un peu partout à travers le monde. Ça lui aurait permis de voyager à moindre coût, encore plus que ce qu’il faisait déjà lorsqu’il partait avec son sac à dos. Malheureusement, l’artiste ne parlait plus beaucoup aux membres de sa famille et ceux-ci habitaient tous en Nouvelle-Zélande, de toute façon. Son pays natal, il le connaissait par cœur, l’ayant visité de fond en comble durant son adolescence, faute de pouvoir aller ailleurs, seul, à son âge. C’était un beau pays, mais d’autres endroits appelaient Isaiah. Toutefois, sa vie à Bowen et la routine qui l’accompagnait ne lui permettait plus de voyager autant. Sa récente escapade improvisée au Chili avec Ezekielle lui avait le plus grand bien, tout en le replongeant dans une nostalgie à laquelle il n’était pas préparé. Le retour à la réalité avait été encore plus dur que prévu, plus dur que les autres fois. Un peu de changement, l’arrivée de Sacha comme assistante par exemple, remettrait peut-être un peu de piquant à son quotidien. Après avoir convenu qu’elle viendrait chez lui demain matin, Sacha lui parla d’Ally, à la demande de l’homme. Il rigola en entendant les circonstances de leur rencontre. « Ally en train de réparer autre chose que sa propre voiture ? » Habituellement, elle ne touchait qu’à sa Beetle, et c’était bien assez. Et puis elle était la seule à avoir droit de la toucher, d’ailleurs. Mais bon, c’était bien de savoir qu’elle s’était arrêtée pour aider Sacha. La rouquine était encore plus géniale quand elle mettait de l’avant son côté altruiste. « C’est drôle, Ally a aussi été ma première amie quand je suis arrivé en Australie y’a sept ans. Faut croire qu’elle sait se montrer accueillante envers les étrangers ! » Releva-t-il avec un sourire, portant sa bière à ses lèvres pour finalement la terminer d’un trait. Il posa le verre vide sur la table. « Sinon, à part le travail du bois, t’as d’autres intérêts et passe-temps ? » Isaiah n’avait rien à foutre de sa journée, alors plutôt que de rentrer seul il préférait largement faire la conversation à Sacha. À elle de le dire si elle avait mieux à faire, même si vu sa timidité Isaiah allait peut-être devoir lui ouvrir une porte de sortie à un certain moment.

Sa réflection sur Ally me fait rire, je ne vois pas ce qui a de si extraordinaire là dedans, mais ce jour-là sur le bord de la route j'avais rencontrée une femme débrouillarde qui c'est ce qu'elle veut et ce qu'elle fait. En plus de savoir réparer une voiture elle est cultivée et ambitieuse C'est pour rien qu'elle s'est lancé dans l'ouverture d'une galerie. C'est dommage pour elle. « Oui, donc j'imagine que j'ai eu vraiment beaucoup de chance ce jour-là alors. » C'est marrant de nous trouver un point commun, comme quoi on a de la chance de connaitre Ally, surtout moi, car je serais encore en train de chercher du travail alors qu'aujourd'hui j'ai enfin trouvé ce que je vais faire de mes journées. « Oui surement, alors vous vous êtes connu comment ? » Je demande avec le sourire, maintenant je suis curieuse, je vais quand même passer mes journées avec lui maintenant, m'assurer que ce n'est pas un fou dangereux, enfin ça m'étonnerait qu'Ally soit amie avec ce type de personne. Lui aussi a l'air curieux, car il me pose une nouvelle question, je bois une gorgée de ma bière avant de lui répondre. « Oui j'aime bien me promener en forêt ou en montagnes, êtes seulement entourée de la nature ça me calm. C'est comme un refuge. » Je fais un petit sourire rêveur en repensant aux forêts de mon pays natal, elles me manquent, les étendu immenses de nature que j'avais là-bas me manque, les paysages familiers me manques. Il y a bien des forêts ici je m'y plais aussi, mais ce n'est pas pareil.

Ce fut donc au tour d’Isaiah de se faire demander comment il avait connu Ally. Il marqua une légère pause, hésitant, avant d’éclater de rire. « En fait tu sais … je … je ne me souviens pas exactement de notre toute première rencontre. » Il faut savoir que le jeune homme approchait n’importe qui, n’importe quand, et ce de façon régulière. Ses nouvelles rencontres pouvaient donc toutes se révéler très banales et hasardeuses. « Le courant est passé tellement vite entre elle et moi, notre amitié s’est juste développée toute naturellement. » Isaiah haussa les épaules. Difficile de croire, après cela, qu’Ally et lui partageaient une même demi-sœur. Que son père à lui et sa mère à elle se fréquentaient, en Nouvelle-Zélande. Comme quoi, même entre deux pays différents, le monde était tout petit. Bref, maintenant qu’ils avaient fait le tour du sujet Ally, Isaiah questionna la belle brune à propos de ses autres passions et passe-temps. Après tout, s’ils n’avaient pas que l’ébénisterie en commun, rien ne les empêchait de pratiquer d’autres activités ensemble. À force de passer des heures ensemble à l’atelier, Isaiah n’avait aucun doute qu’ils finiraient par devenir de bons amis. Après tout, ça se passait toujours comme ça, avec lui. Isaiah souriait doucement en l’écoutant parler. Elle avait visé juste, avec sa nature. « T’étais servie, en Alaska, j’imagine. Je t’emmènerai dans des parcs et des réserves naturelles à l’extérieur de la ville, si t’as envie. Pour avoir voyagé un peu partout, j’peux te dire que certains paysages australiens ne se retrouvent pas ailleurs sur le globe ! » Dit-il. Ce n’était pas pour rien qu’Isaiah avait troqué son sac à dos pour une petite routine ici. Il était tombé amoureux du pays.