I was drowning (Nolan)

Ça a été difficile pour elle. Sortir de son lit, de ce sommeil qui lui donne l'impression d'être pour une fois normale. Faire face au jour, à ce monde qu'elle ne connait pas et qui l'aveugle un peu plus à chaque pas qu'elle fait. Malgré le soleil, sa chaleur, Hazel frissonne. Elle gratte une cigarette à un passant qui la dévisage des pieds à la tête, l'allume à l'aide du briquet qui se trouve toujours dans la poche gauche de son manteau, puis tire une longue bouffée de nicotine. L'effet de la clope lui fait du bien, mais ce n'est comparé au bien être que pourrait lui procurer un peu d'herbe. Pour elle-même, elle secoue négativement la tête comme si ça allait suffire à effacer cette pensée. Elle doit être sobre. Elle marche, avance dans les rues de Bowen, se promène entre les habituations avec une idée bien précise en tête. Le trouver, le surprendre, l'embrasser, l'aimer à nouveau. C'est tout ce qu'elle veut, être avec lui. Ses talons claquent contre les pavés du sol et perturbent son équilibre. Hazel se sent faible, vidée de toute force, au bord du gouffre. Elle aimerait se perdre dans un nouveau rêve éveillé, sauf qu'elle n'a pas envie que Nolan apprenne qu'elle a replongé. Il serait déçu, il ne la regarderait peut-être même plus. Pour oublier ses doigts qui tremblent, elle se concentre sur le ciel bleu sans nuage. Elle s'imagine en train de voler, découvrant les villes du monde entier qui tiendraient toutes dans la paume dans sa main. Sans s'en rendre compte, un fin sourire étire ses lèvres peintes en rouge. Elle inspire, soupire, puis monte les marches d'un bâtiment qui lui semble être le bon. Hazel se place devant les boîtes aux lettres et pose son index sur chaque nom. Cox. Il est là. Son ventre se transforme en une tornade vivante lorsqu'elle voit un autre nom suivre celui de son Nolan. Elle prend sur elle, se mord la lèvre jusqu'à sang. Elle s'apprête à sonner sauf qu'au même moment, une personne sort du bâtiment et lui ouvre poliment la porte. En guise de remerciement, Hazel lui offre un sourire forcé comme elle en a si souvent fait. Elle avance, cherche la bonne porte, observe chaque sonnette. Il n'est qu'à quelques mètres d'elle, et cette simple pensée suffit à faire imploser son coeur dans sa poitrine. Elle finit par le trouver, l'appartement numéro treize. Toujours tremblante, sa main se transforme en un poing qui toque trois petits coups discrets.

Le soleil l'avait réveillé. Le silence aussi. Le bruit courait toujours entres les murs de leur appartement normalement, détail qui savait réconforter Nolan, le rassurer, lui rappeller que la vie existait toujours. Mais là, l'absence de son, la luminosité du jour traversant la fenêtre de sa pièce, son ardeur, le délivra de ses longs rêves sans fin. Nolan dormait terriblement mal depuis un moment. Ses nuits étaient entrcoupées de mauvais retour dans le passé, d'images fracassantes qu'ils redoutaient sans cesse et de visages qu'il ne pouvait caresser de sa main tremblante. Le sommeil était brisé, difficile, recherché davantage. La pression. Les épaules carrées, le stress, tout l'envahissait depuis un moment. Des nuits, des soirées interminables à boire, à se saouler pour cesser de penser, laisser l'ivresse l'emporter. Tuer ses démons qui revenaient à la course. C'était peut-être plus ce que Nolan désirait intérieurement, sans vraiment se l'avouer. Tout se bousculait dans sa tête. Ses parents oubliés, Hazel trop loin, Callie nouvellement débarquée dans sa vie, le Quaterly qui n'avançait à rien sous sa direction, tout semblait lui tomber des mains. Le garçon ne s'éveillait plus avec une heureuse appréhension au visage, une excition de découvrir les plaisirs qui se dégageraient de sa journée. Nolan se levait désormais avec une peur spudaine de se retrouver enveloppée par des sentiments de vide, de mélancolie et de méprise envers lui-même. C'était un matin comme celui-ci. Dans la tranquilité d'un avant-midi qui semblait imperturbable, Nolan s'aventura dans la salle de séjour avec une gueule de combattant, de soldat qui part en guerre. Ne cavait plus rien. Ses habitudes étaient déconnectés. Son humeur était changeant. Une odeur, cependant, envahissait l'appartement, une odeur agréable. Café. Il alla vers la cuisine. Son confrère, toute aménité était-il composé, lui avait laissé un peu de son stimulant. Nolan s'en servit une tasse, par pur automatisme, tout en appréciant le geste. Le travail. Il en avait énormément aujourd'hui. La simple pensée de tout ce qui l'attendait le rendit rapidement morose. Depuis un temps, léditeur souffrait dune soudaine indifférence, une fatigue qui l'empêchait d'être aussi présent, aussi conscient qu'il l'aurait désiré. En chemin vers la salle de séjour où trainait ses multiples papiers, le garçon dissimula un bruit venant de la porte. Ses yeux s'y posèrent comme un dard. Il n'attendait personne aujourd'hui. Une seconde s'écoula. Nolan dépossa sa tasse très délicatement, passa une main dans ses cheveux tout en se dirigeant à pas las vers la porte. Sale gueule, que t'as, songea ce dernier une fois arrivé devant l'énorme porte coossale de leur appartement. Sa main brûlante s'aggrippa avec une certaine présomption la poignée de porte. Avec une lenteur démesurée, Nolan ouvrit la porte vers cet inconnu soudain, bousculant son quotidien. Ses yeux brûlèrent soudain. Il ouvrit grand le regard. Son coeur s emit à trembler comme une feuille au vent. Ses bras devenaient soudainement très flasques, sa tête cognait dune force démesurée. C'était impossible. Elle était là. Sa douce. Sa terrible écrivaine dont il n'avait jamais oublié l'existence dans le ventre de l'Amérique. Une chimère d'une gracieuse beauté, elle était, tel un fantôme qui apparait vous hanter, vous mettre les pendules à l'heure. Nolan avait la bouche grande ouverte, le ventre retourné. Sa main reprit vie en effleurant sa chevelure, son visage gris pris alors une couleur plus vivante, ses sens respiraient plus facilement. Hazel. Devant lui. Tout un coup, tous les malheurs du monde s'effacaient, tout devenait si clair et si léger. Nolan était profondément blessed de la revoir ici sur le pas de sa porte. Pas d'autres sentiments qu'une extrème explosion de soulagement, les jours éloignés venaient tout juste de disparaitrent. Les espaces et le vide n'avaient plus à être. Ils étaient réunis, les deux étoiles dispersées, réunies ici sous le joug d'un soleil disjoncté. Sa voix était infiniment muette, usée. «Hazzie...c'est toi.» arriva-t-il à articuler à travers sa gorge gonflée, dissimulant faiblement une longue tristesse, une joie absolument accablante de la retrouver ici. Les yeux de Nolan s'humidifièrent malgré lui, il pouvait pas s'empêcher. Sans crier gare, le jeune homme n'eut qu'un seul envie. Doucement, tendrement, mais avec une passion circulant entre les rivières de sa peau, Nolan s'avanca vers elle et l'entoura de ses deux bras fermes. Son écrivaine. Haz'. Il la serrait contre elle, retenant une émotion forte, justement pour ne pas changer l'ambiance, l'atmosphère, la rendre trop gonflée. Son accolade était forte, inévitablement tenue par ce moment précieux. Nolan ferma doucement les yeux, une fois contre elle. Son odeur, son parfum particulier, sa chevelure dansante, son petit corps frêle. Hazel.

Son corps est gelé, pourtant Hazel se sent brûler de l'intérieur. De l'impatience, mélangée à de l'angoisse, de la peur, et au vide laissé par quelque substance illicite qui a quitté son corps depuis déjà trop longtemps. Debout devant cette porte fermée, elle tremble. Ses mâchoires dansent, ses mains sont animées de plusieurs soubresauts. Elle se sent mourir de l'intérieur à petit feu, mais elle se bat pour rester debout, là, à l'attendre. Elle a l'impression que toute une éternité s'écoule avant qu'enfin, un bruit venant de l'autre coté se fasse entendre. Soudainement, sa gorge se noue et son ventre implose. Elle n'est pas prête, elle aimerait faire demi-tour et ne jamais avoir fait le déplacement jusqu'à chez lui. Et si ce n'est pas lui qui ouvre ? Et si c'est une fille, vêtue de son t-shirt, décoiffée par ses mains ? Elle en crèverait. Les bras croisés contre la poitrine afin de se réchauffer rien qu'un minimum, Hazel fixe cette porte qui, lentement, laisse apparaître l'homme qu'elle aime et a aimé. Il lui fait face tel un ange devant un croyant après qu'il n'aie trop prié. Il est sa bouée de sauvetage, le seul à pouvoir l'empêcher de se noyer. Alors qu'elle a jusque là été capable de tenir toutes ses émotions en elle, ses bras tombent le long de son corps et ses yeux s'embuent. Des larmes de joie, ou de désespoir elle n'en sait trop rien. Elle aimerait parler, dire son prénom, n'importe quoi. Sauf qu'elle n'y arrive pas. Ses cordes vocales sont broyées dans sa gorge, un mot suffirait à faire couler ses larmes le long de ses joues en feu. Il la prend dans ses bras et elle, perdue, elle se laisse aller contre lui. Elle pose sa tête contre son torse, inspire profondément, se laisse envelopper par sa chaleur, son odeur corporelle, par cette bulle qui lui a trop manquée. Elle se sent revivre rien que de le voir, d'être près de lui, contre lui. Il est là, il est à elle. Doucement, elle entoure son torse de ses petits bras frêles et agrippe son haut de ses doigts aux ongles peints de noir. Elle renifle, mouille son t-shirt de son chagrin salé. Elle ne veut pas que cet instant se termine, elle veut être à jamais la fille que Nolan se plaît à serrer contre lui. « J'y arrive plus Nolan, » finit-elle par murmurer d'une voix brisée. Elle inspire, expire, son souffle est court et remplit d'une tristesse qu'il ne lui connait que trop bien. Elle n'a jamais aimé se montrer faible devant qui que ce soit, pourtant Nolan est celui qui a essuyé toutes ses peines, celui qui l'a vue dans les pires moments comme dans les meilleurs. « Je peux plus être loin de toi. » Ses mots sont sincères, lâchés à vif. La plaie béante qui lui déchire le cœur fait sortir en elle tout le malheur qu'elle aurait aimé lui cacher. Elle aurait préféré lui sourire, lui dire qu'elle va bien, pouvoir rire avec lui. Et pourtant elle est là, à pleurer comme une enfant en foutant en l'air son foutu t-shirt. Doucement, elle s'écarte de lui et essuie ses joues du revers de sa main. Elle a la peau pâle, les yeux rouges, d'énormes cernes sous les yeux. Curieuse et craintive, elle jette un rapide coup d'oeil à l'intérieur pour vérifier qu'il n'y a personne ayant partagé sa nuit. Même si elle ne le devrait pas, Hazel ne peut s'empêcher de se sentir possessive à l’égare de cette homme pour qui elle donnerait tout. Pour qui elle a tout quitté.

Trop de temps séparé. Loin. Les vestiges d'un temps oublié, loin, qui lui semblait presque intouchable aujourd'hui. Nolan n'avait jamais cru la revoir aussi tôt. Hazel était demeurée comme une précieuse étincelle au fond de son coeur. Tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, tout qu'elle et lui avait traversé, ça été eu la force d'une tempête l'ayant profondément marqué. Jamais il aurait pu oublier l'écrivaine de son coeur, même s'il aurait vraiment voulu nier tous les sentiments renversants qu'elle lui avait fait vivre. La puissance de son attachement pour elle était invraisemblement plus fort que le temps qui s'entasse et s'espace. Toutes ces nuits à penser à elle, à la revoir dans ses bras, son petit corps frémissant de tous ces poisons qui l'auront torturé. Nolan s'en foutait. Il avait passé des années à vivre le quotidien de Hazel sans jamais s equestionner. Un homme perdu, il l'avait été aussi. Hazel était bien trop sage, trop intelligente pour se laisser tomber. En tout cas, Nolan avait refusé, lui, de laisser se tuer. Le silence, leurs corps blottis l'un contre l'autre la joue chaude de Hazzie tremblante. Toute cette tête fourrée de mots aussi superbes les uns que les autres. Elle était un ange, son ange. Évidemment, il la prend dans ses bras, le coeur tourné à l'envers. Les yeux pleurent simplement, sans se retenir. Nolan la garde fortement entre ses bras, laissant l'émotion le traverser. Ô comme il aimait la sentir à nouveau contre lui, sentant qu'il pouvait encore la protéger, la garder cachée de toutes les intempéries de la vie. C'était un moment épiphanique, rien de moins. Nolan aurait pu demeurer des heures ainsi. Toutes ces soirées de buverie, ces longues journées de tourments, de remords, de remise en question aboutissait à cet instant : Hazel. Il lui restait elle, au bout du compte. Quand tout semble perdu, Maddie et ses parents, il y a ce petit bout de femme plus forte que jamais qui cogne comme ça sur le pas de sa porte. Elle parla. Les yeux clos et mouillés, Nolan écouta le son de sa voix, le timbre, la vibration, la douceur de ses mots.Il sentit son coeur se feindre en deux à sa parole. Lui non plus il y arrivait plus. Rien ne pourrait être sembable entre eux, mais il y avait peut-être autre chose. Une suite différente. Tout ce que l'éditeur savait en ce moment, c'est qu'il aurait aimé garder Hazel pour toujours, chez lui, dans sa chambre, le soleil contre leur visage, ensemble encore comme avant. Hazel se recula doucement. Elle avait un visage bouffi par la tristesse, image qui traversa le regard de Nolan comme un douleur sanglante. Hazzie, sa petite hazzie. Nolan la fixe comme un père, comme un protecteur éternel. Son coeur bat la chamade et les mots sont fixés dans l'oubli. Nolan attrapa, à la relâche, la main de Hazel, sa paume brûlante. Elle était magnifique. Il ne voyait que sa beauté à cet instant. Et sa voix s'éclaircit. «Ne me laisse plus, alors. Reste ici.» Nolan avait la voix coupée, les yeux rivés sur sa poète. C'était très difficile de retenir une peine depuis longtemops contenue. Il baissa les yeux en soupirant longuement. «Comment...comment tu as su que j'étais ici?» demanda-t-il d'une voix d'enfant. Il s'en fichait de comment et pourquoi, Nolan était heureux de la voir ici. De la savoir en vie, de pouvoir la toucher et la regarder. Mais le désir de savoir brûlait.

Leur relation avait été complexe, torturée. Elle, totalement perdue, qui ne cherchait pas à être aidée. Lui, seulement là pour un temps, s'attachant par elle ne sait quelle magie à cette petite chose faible et sans défense qu'elle était. Un déchet, une ratée, et pourtant il a réussi à dénicher le seul talent qu'elle avait et qui la tenait en envie. Ses mots, ceux qu'elles posait sur papier, ceux qui, pour elle, n'avaient aucune valeur. Elle ne peut oublier la douleur ressentie lorsqu'il est parti. Elle s'est sentie sombrer, elle a coulé alors qu'elle venait d'être sauvée. Elle comblait le vide créée par son absence à l'aide de quelques stupéfiants. Elle planait, elle en oubliait la réalité, qui elle était. Et puis, au réveil, la souffrance revenait encore plus vite, encore plus forte. Son coeur se broyait, son corps se rétractait, son sang se glaçait. Elle n'était plus qu'un corps sans vie, sans âme, qui pourtant continuait de fonctionner. Et en cet instant, collée contre lui, elle a l'impression que jamais elle ne s'est sentie aussi bien. Elle a l'impression de pouvoir à nouveau tenir son propre bonheur entre ses mains, de passer de l'obscurité à une clarté qui l'aveugle, la réchauffe. Elle ne veut pas partir, elle a peur qu'en le lâchant, il ne disparaisse à nouveau. C'est plus fort qu'elle, les larmes se mettent à couler et étalent sur son visage toutes ces émotions qu'elle a si longtemps gardées au plus profond d'elle-même. Hazel laisse sa main glisser dans celle de Nolan, elle plante ses pupilles brillantes dans les siennes et s'accroche à chacun de ses mots comme à une bouée de sauvetage. Elle respire, enfin. Elle ne sent plus suffoquer dans un malheur qui la tiraillait depuis trop longtemps. À ses mots, elle se contente de hocher la tête. Elle ne sait quoi répondre, et elle ne sent même pas capable de lui faire tout un discours sur les raisons de pourquoi ils ne doivent plus se quitter. Elle a la gorge nouée, chaque mot suffirait à la faire pleurer à nouveau. De sa main libre, elle essuie ses joues humides avant de la poser avec douceur sur le torse de Nolan. Le sentir lui fait du bien, et elle se plaît à s'imaginer chaque trait de son corps tels qu'ils le sont dans ses souvenirs. Face à sa question, elle fonce légèrement les sourcils. Elle n'a pas envie de parler de son voyage jusqu'en Australie, de toutes les péripéties qu'elle a vécues, ni même du fait qu'elle a pratiquement harcelé la moitié des habitants de Bowen pour connaître son adresse. Elle se mord la lèvre et finit par hausser les épaules. « Qu'importe, l'important c'est que je sois là, non ? » demande-t-elle à son tour avec un petit sourire enfantin. Elle lève vers lui un regard rempli de tendresse, d'amour. Sa respiration se fait plus calme, ses mains ne tremblent plus. Elle en oublie la drogue qu'elle a chez elle, ou même l'envie de cigarette qui la brûlait encore quelques secondes avant qu'il n'ouvre la porte. Elle est si bien près de lui, avec lui. « Embrasse-moi, » murmure Hazel en serrant un peu plus sa main dans la sienne, se redressant un peu dans l'espoir de pouvoir enfin retrouver la chaleur de ses lèvres.

Nolan vibrait. Il ignorait comment ressentir toute cette gamme d'émotions qui lui passait à travers l'échine. Hazel était de retour. Des jours et des nuits avait-il rêvé à elle, à son nouveau poste où croulait la pression, à son retour, à ses parents, au vide qui s'installait dans son petit coeur d'homme fragile. Il devenait doucement un monstre, contrôllé par l'anxiété, la peur, l'incertitude, l'impossibilité de se délivrer proprement. Lui aussi avait pensé à la drogue, certainement. L'éditeur avait passé des années la tête plongé dans les stupéfiants, dans le sang coulait encore les ravages de la grosse drogue dure qu'il avait ingéré. C'est sûr que Nolan pensait à cette option comme une tentation de derniers secours, de se calmer, de se retrouver, de la paix intérieure qu'il cherchait depuis un moment. Le Quaterly fêtait bientôt sa première édition avec lui comme éditeur en chef; c'était certain que cette situation lui créait un énorme poids sur les épaules. Et étrangement, comme l'effet d'une plume qui vole au vent, tous ses problèmes lui semblaient loin et futiles lorsqu'il aperçut le magnifique visage de jeune enfant d'Hazel, son auteur à elle. C'était sa lumière, lontemps avait-elle été la raison pour lui de ne jamais lâche prise. Comme De Niro dans Taxi Driver, No' avait su, aux USA, ce qui le retenait à elle, ce qui le tenait en vie. Hazzie, Hazel, Haz', Perez, l'enfant fragile qui vaguait sur le temps avec une force que Nolan n'avait jamais connu chez une personne. Ému, il tremblait, il admirait son visage magnifique, parfait, lisse comme si c'était la première fois qu'il la croisait. Il l'aimait d'un amour presque impossible à décrire. La distance n'avait pas été facile et il ignorait franchement ce que les deux deviendraient, mais pour cet instant de grâce, Nolan avait reçu un cadeau de la Nature, sur le pas de sa porte. Elle était belle, même couverte de larmes salées dont il aurait voulu essauyer de sa main, belle comme un ange torturé, sa petite précieuse. Les yeux brillants, une larme glissant sur sa joue à lui aussi, Nolan avait le coeur et le coeur qui tremblait doucement. Tant d'émotions indescriptibles. C'est vrai qu'il se fichait carrément de la façon dont Hazel l'avait retrouvé. Il haussa les épaules d'un sourire brisé, un sourire d'enfant. Doucement, d'un regard qui se voulait apsaisant, Nolan hocha la tête. «Je me fiche éperdument de comment ou pourquoi, en réalité. Tu sais même pas l'effet de te revoir, ici, Hazzie.» souffla-t-il d'une petite voix vibrante, soudainement emporté par le visage de tendresse qu'elle lui offrait. Belle, mystérieuse, sublime, fragile, enfant, elle pouvait retomber à tout moment. Nolan ignorait si elle avait continué de se droguer, espérant que non, mais loin d'elle, l'éditeur n'aurait pu empêcher cela. Puis, tout en continuant de l'observer d'un air complétement saisi, elle lui demanda de l'embrasser. Nolan afficha un sourire immédiat, le coeur vibrant. Doucement, tout en aspirant cet instant présent comme un douceur de la vie, Nolan approcha lentement son visage contre celui de son écrivaine. Quelques econdes s'écoulèrent pendant lesquelles celui-ci prit le temps de l'admirer, d'accepter et de réaliser qu'ils étaient dorénavant tout prêts et ensemble. Délicatement, avec l'idée de savourer ce cadeau donné, No' posa ses lèvres tremblantes sur celles de sa petite Hazel, ses lèvres délicates et douces. Leur main toujours liées, il sentit celle de Haz se serrer et il fit de plus belle. Yeux clos. La magie, l'étincelle d'avant, c'était naturel, immédia. Son coeur s'emballer. D'un geste furtif, Nolan posa sa main sur le visage de sa belle et ne put s'empêcher de prolonger son baiser doux et délicat en une embrassade plus franche, laissant le désir de tout ce temps loin d'elle prendre le dessus. Dans son corps, Nolan ressentit un élan grandiose qui se tranversa dans son baiser, fougueux, mais pas trop insistant. Dans son mouvement, son visage chaud contre elle, sa main caressa sa joue, son corps se rapprochant d'elle, Nolan était enivré. Son baiser sentait le manque, le désir, l'amour, la passion, le feui qui prenait vie à nouveau, il ne pouvait s'empêcher de l'embrasser passionnément. Sa petite Hazzie, son sang américain.

Là-bas à New-York, il a été sa lumière. Comme un phare qui guide les bateaux, comme le premier rayon de soleil qui perce les nuages après une journée d'intense pluie. Elle a fini par associer Nolan à son propre bonheur, à un point tel qu'elle a fini par devenir totalement dépendante à lui comme elle l'a été pour l'alcool, la cigarette, la drogue. Sauf que là, c'est différent. Cette dépendance ne peut pas lui faire du mal, sauf lorsque il se trouve loin d'elle. Au final, elle-même ne sait pas si tout cet amour qu'elle ressent pour lui n'est pas au final plus déchirant que rassurant. Elle n'a fait que survivre sans lui, il n'a suffi que de quelques mois avant qu'elle ne replonge. Elle est auto-destructrice, elle finirait pas se tuer si elle n'avait pas sa raison de vivre, si elle ne l'avait pas lui, Nolan. Sa voix lui enveloppe le coeur d'une chaleur qui lui a trop manquée, et son regard doux, sincère, lui rappelle tout le bien-fait qu'il lui a autrefois apporté. Avec lui, pour lui, Hazel a envie d'être quelqu'un de meilleur. Elle se sent prête à se battre, prête à arrêter d'être cette personne qu'elle est et qu'elle n'aime pas, prête à devenir aussi merveilleuse que son reflet dans les yeux de Nolan. Plus il approche son visage du sien, et plus elle peut sentir son cœur s'emballer dans sa poitrine. C'est un sentiment indescriptible qui traverse actuellement l’entièreté de son corps, une vague de joie immense mélangée à de l'impatience. Celle d'être avec lui, de partager à nouveaux des bouts de sa vie. Et enfin, leurs lèvres se retrouvent à nouveau. D'abord doucement, et puis de manière plus passionnée, plus franche, plus belle. Hazel a les yeux fermés, elle glisse ses mains autour de la nuque de Nolan, son Nolan, avant de rapprocher leurs corps. Son ventre explose comme si c'était la première fois, comme si elle n'était qu'une ado vivant son premier baiser. Tout disparaît autour d'elle, tout s'efface lentement, laissant place à une grande lumière qui la berce de sa douceur. Elle intensifie le baiser, joue avec ses cheveux du bout de ses doigts, les glissant parfois le long de sa nuque pour caresser sa peau. Elle finit cependant par reculer légèrement son visage, plongeant ses grands yeux noisettes humides dans ceux tout aussi expressifs de celui qu'elle aime. « Tu m'as tellement manqué Nolan, » souffle-t-elle pendant que ses lèvres s'étirent en un sourire sincère. Elle laisse ses mains glisser sur son torse, ne se sentant pas encore prête à rompre le contact physique entre eux-deux. « Tu me fais entrer ? » finit-elle par demander d'une voix enfantine, presque timide, comme si cette demande était déplacée. Maintenant que l'émotion se dissipe petit à petit, Hazel se sent prête à lui parler. Sa gorge se dénoue, ses mains ne tremblent plus, et sa curiosité la pousse à vouloir savoir de quoi se compose sa vie ici, à Bowen.