isabella&noah ◊ tonight's forecast: 99% chance of beer

Avec un soupir, je me laissais tomber dans un des fauteuils de la boîte de nuit, ma bière toujours entre mes mains. Par je ne sais quel miracle, je parvenais à ne pas renverser la moindre goutte, mais probablement surtout parce que j'en avais déjà bu la moitié. Je jetais un coup d’œil aux personnes environnantes, celles qui vaquaient de groupes de personnes en personnes, celles qui se déhanchaient comme si personne ne les regardaient sur la piste de danse. Je n'étais pas un grand fan de danse, il fallait que j'ai bu beaucoup d'alcool pour terminer sur cette piste. Et présentement, ce n'était pas le cas. Toutefois, je commençais à sentir l’inhibition que pouvait causer ma consommation. J'ignorais si c'était une bonne idée ou pas de rester assis dans ces cas-là, la plupart du temps je finissais encore plus K.O. si je ne demeurais pas en mouvement. Mais après tout, je n'étais pas totalement ivre non plus. J'observais les individus à côté de moi et repoussais les souvenirs de mon ex. Elle était venue ici une fois, et sincèrement, j'aurais préféré que jamais elle n'ait franchie les portes de la boîte de nuit. Dans ma tête, c'est comme si elle avait pourri l'endroit avec sa présence, avec les souvenirs qu'on avait créés en ce lieu. Toutefois, je ne pouvais pas demeurer dans le passé. Il fallait que j'aille de l'avant, que je me crée de nouveaux souvenirs, de nouveaux amis, de nouvelles aventures. C'était pour cette raison que j'étais ici. Je ne cherchais pas spécialement l'amour, je cherchais de la compagnie, à rencontrer des gens et me faire des liens. A force de me présenter tous les week-ends au Elm Street, ça commençait d'ailleurs à porter ses fruits. J'avais rencontré plusieurs personnes sympathiques - bien que d'autres beaucoup moins. Mais je parvenais toujours à en garder de bons souvenirs et à revenir.

Entre les études et les travaux, ma tête bourdonnait. C’était comme si des petites personnes jouaient du violon et de la batterie dans ma tête sans que l’un d’entre eux ait le moindre talent. Je savais que ce symptôme apparaissait seulement lorsque j’avais passé beaucoup trop de temps dans mes libres et trop peu dans l’air vivifiante de la ville. Je décidai alors d’abandonné mes bonnes volontés afin de sortir un peu. J’enfilai un jeans taille haute noir avec un haut blanc qui laissait légèrement entrevoir mon ventre. Sac à main sous le bras, je pris ma voiture et roulai jusqu’à un endroit qui m’était inconnu. Je n’avais aucune idée précise quant à ma destination, je voulais seulement me changer les idées. C’est alors que je passai devant un bar ou plusieurs voitures étaient stationnées. Cela présageait beaucoup de personne dans cet établissement ce qui me donna enfin de m’y arrêter. Je sortie et me dirigeai vers l’entré. Comme à leur habitude, l’homme à la porte me demanda mes cartes, voulant vérifier bien sur si j’avais l’âge pour boire. Je n’avais qu’un an de plus que l’âge permise donc cela ne me dérangeait nullement. Il me fit entrer, avec son visage sans émotions, comme à leurs habitudes. Je me dirigeai vers le bar enfin de me commander un truc. Beaucoup de gens étaient présents à mon plus grand plaisir. J’avais bien envie de m’amuser et d’apprendre à connaître les habitants de la ville. Après tout, cela ne faisait pas des années que j’étais arrivée. Je reçu rapidement mon verre, malgré toute attente. Un fauteuil au loin restait libre, c’était bien plus confortable que les petits tabourets devant le bar. Je me dirigeai rapidement vers celui-ci et avant même que je puisse m’asseoir, un homme me bousculai un peu et y prit place. ‘’ Non, mais ça va pas la tête !? ‘’ Dis-je en le regardant froidement. L’homme semblait sous l’effet de l’alcool et de la drogue aussi puisqu’il se contenta de rigoler de façon nonchalante. Je fronçai les sourcils. Ses amis, au loin, semblaient s'esclaffer, mais qu’elle immaturité.

Installé profondément dans un des fauteuils de la boîte de nuit, j'attendais patiemment que l'alcool qui embuait ma vision se dissipe. Je tenais toujours dans une main ma bière à demi remplie, mais je me refusais d'y poser à nouveau mes lèvres avant d'avoir récupéré de ma vision. En effet, je ne souhaitais pas finir complètement ivre et n'avoir aucun souvenir de la fin de ma nuit. Mon attention fut néanmoins attirée par un groupe de jeunes hommes qui riaient de bon cœur, ce genre de rire que je n'avais jamais réellement supporté. Le rire d'un groupe qui se sent fort car il est composé de nombreux individus et qu'il en fait pâtir les gens qui ont le courage de se montrer seul. Le rire d'adolescents dont les fonctions du cerveau sont sérieusement inhibées par le trop plein de testostérone. Je soupirais bruyamment, avant de comprendre petit à petit la scène. Manifestement, la victime était une fille qui semblait plutôt jeune. Je décidais de me lever - non sans difficultés - de mon canapé et de m'orienter vers elle, après avoir abandonné ma bière sur une des tables. Les premiers pas furent ardus, je titubais un peu, mais je finis par stabiliser mon équilibre puis lui adresser la parole, le ton plutôt fort, étant donné que je voulais couvrir la musique et les paroles des coqs. « Ils n'en valent pas la peine. » Je saisissais doucement son coude, l'alcool motivant beaucoup de mes gestes. Je n'avais pas une seule mauvaise intention, je désirais simplement la préserver des maux de ces jeunes qui pourraient facilement lui faire passer un mauvais quart d'heure. Elle ne le méritait pas, et je pensais pouvoir lui éviter ça. Je fus soulagé en voyant qu'elle consentait à m'écouter, et je me présentais : « Je m'appelle Noah. Ne fais pas attention à ces demeurés. Ils se sentent puissants parce qu'ils sont en groupe, mais t'en croises un seul dans la rue, il n'en mène pas large. » Je ris doucement, lançant un regard noir aux jeunes. Je parlais assez fort pour qu'ils entendent. « Si je peux te donner un conseil... Bien que tu fasses ce que tu veux bien entendu... Ne te prends pas la tête avec eux, ils n'en valent pas la peine. Et y'a plein de gens ici qui te feront passer une bonne soirée plus facilement. » Je conservais un doux sourire. Je savais que j'avais sans doute l'air ivre à ses yeux, j'étais conscient qu'elle pourrait facilement m'envoyer balader et je ne la blâmerais pas pour ça. Après tout, qui étais-je pour venir me mêler de ses affaires ? Seulement un type bien qui voulait bien faire, certes, mais que pouvais-je savoir de ce que pensait mon interlocutrice ?

S’il y avait bien un truc qui me répugnait, c’était bien les hommes avec leur trop plein d’immaturités. Bien qu’il y avait des exceptions, il arrivait souvent de le voir en bande, sous l’effet de l’alcool, agir comme des abrutit. C’était justement ce qu’ils avaient fait. Je ne comprenais leur logique. Que pouvait-il y avoir de glorieux sur le fait de voler une chaise à une femme… Je regardais l’homme qui se trouvait devant moi stupéfaite. Il se mit à me faire de beaux yeux et comme s’il était alimenté par les rires de ses camarades, il n’en resta pas là. À l’aide de sa main vide, il me fit signe de m’asseoir sur ses genoux. Je roulai les yeux en soupirant. ‘’ Non mais ces pas vrai… ‘’ Dis-je d’une voix complètement découragée. Il avait sincèrement osé me faire un tel signe et évidemment, ses amis s’esclaffèrent d’avantage. C’est alors que je sentis une main se poser sur mon coude et une voix qui me dit qu’ils n’en valaient pas la peine. Sursautant légèrement, je me retournai vers cette voix. Un homme me trainant gentiment plus loin de ces hommes. Lorsqu’il fût enfin arrêté, je pu me placer devant lui afin de le regarder. Il se présenta rapidement, voyant sans doute le questionnement dans mon regard. Je lui souris face à son commentaire. Il est vrai que chez l’homme, l’effet de bande augmentait la confiance en soi. ‘’ Isabella. Merci de m’avoir sortie de là’’ Dis-je d’une voix amusée. ‘’ Je crois que j’étais beaucoup trop choquée pour bouger par moi-même ‘’ Dis-je en rigolant toujours. Je regardais l’homme de haut en bas, subtilement. Il semblait lui aussi sous l’effet de l’alcool, mais de façon beaucoup plus raisonnable. Je pris une gorgée de mon verre, qui se trouvait toujours dans ma main avant de poser de nouveau mes yeux sur lui. ‘’ Contrairement à cet homme, vous êtes venu seul ce soir ? ‘’ Dis-je seulement pour faire la conversation. Quoi qu’il y ait peut-être un peu de drague dans ces paroles, après tout, il était plutôt mignon. Je n’avais jamais été douée dans ce champ d’expertise. J’étais plutôt du genre maladroite dans mon genre.

Une fois légèrement à l'écart du groupe de jeunes hommes enivrés autant d'alcool que d'immaturité, j'entendais la jeune femme se présenter à son tour. Isabella, c'était un bien joli prénom, ne pus-je m'empêcher de penser. Elle aussi était très jolie par ailleurs, possédant ce genre de beauté un peu atypique qui attire facilement l’œil et fascine. Je ris doucement lorsqu'elle me remercia de l'avoir sortie de cette situation. Je ne pensais pas avoir été d'une très grande aide en soi, elle aurait sans doute très bien pu se débarrasser de ces hommes toute seule, étant dans un lieu public. Mais j'appréciais quand même ces paroles. « Enchanté, Isabella. » articulais-je alors qu'elle m'avoua avoir été trop choquée par les agissements des autres clients pour pouvoir réellement être en capacité de réagir. J'acquiesçais, connaissant ce genre de situation. « Oui, ce n'est pas drôle. Parfois les gens agissent de manière tellement osée qu'on en reste figé. » J'aperçus mon interlocutrice m'observer de la tête aux pieds, ce que je pus m'empêcher de trouver légèrement inconfortable. Mais j'espérais surtout ne pas avoir la braguette ouverte ou la chemise tachetée, question de ne pas avoir l'air pour quelqu'un d'encore moins recommandable. Je souris doucement lorsqu'elle me demanda si j'étais venu seul, son vouvoiement m'interpellant un peu. « Oui. Mais je pense qu'on peut se tutoyer ? » demandais-je simplement, avant de lui expliquer : « J'ai tendance à sortir seul, et vu que je suis d'ici, je connais pas mal de monde donc je passe de groupes en groupes. Je trouve ça plus fun, comme ça je n'ai pas d'attache, mais j'ai aussi assez de connaissances pour pas m'ennuyer spécialement. » Je lui offris un tendre sourire, avant de lui retourner la question : « Et toi ? » Je constatais que son verre était quasiment vide, alors je l'invitais : « Je te paye un autre verre ? »