forgiveness (béré)

je me suis récemment pris le retour de volée que j'ai mérité. apres l'avoir faite souffrir par peur de trop souffrir moi-même, sans grande réussite finalement, n'ayant même pas su me préserver comme il le fallait, je me prends en pleine face le revers de ma claque. je me suis livré à elle, j'ai ouvert mon cœur, je l'ui ai dit que je l'aimais, et c'est elle qui a fui. une semaine d'ignorance la plus complète sans aucune réponse à mes messages et appels, oubliant qu'elle m'avait dit qu'on se verrait dès le lendemain. de belles foutaises. un beau ramassis de conneries. ce n'était qu'une vengeance et elle a bien marché. une semaine à laisser mon cœur déjà en miettes se faire piétiner, à déprimer complètement, à refuser même de sortir, à devenir une loque complete. il m'a fallu une semaine pour prendre mon courage à deux mains et finalement sortir de chez moi, une semaine pour me convaincre à faire une dernière tentative, autre que des appels. j'ai l'air de rien, d'un pauvre type fragile, d'un canard, devant son appartement avec un bouquet de fleurs à la main. un vrai, cette fois. et j'le jetterais pas celui-là. je sonne, tremblant, prêt à tout pour la reconquérir, la faire m'aimer, la faire me pardonner du mal que je lui ai fait, moi déjà prêt à la pardonner de ce qu'elle m'a rendu.

elle ouvre, je vous la porte à peine s'entreouvrir avec la chaînette qui nous sépare, et la porte qui claque de nouveau. aie. ça fait mal. de longues secondes passent avant que la porte s'ouvre de nouveau, de longues secondes passent durant lesquelles j'hésite en fait à fuir en courant. non, cam, t'es un grand gars et tu dois rester là, tu dois rester fort, ça va bien se passer. grande conversation de self coaching. la porte s'ouvre de nouveau, en grand cette fois. - j'suis.. venu te voir.. léger sourire. je lui tends les fleurs, un peu timidement. - tiens.. j'espère que.. t'aimes celles-là.. j'ai honte de n'avoir aucune idée de quelles fleurs elle aime ou pas, juste de savoir qu'en règle générale elle aime ça. allez bere, prends-les, s'il te plaît, ne les refuse pas.

j'angoisse, j'angoisse terriblement de sa réaction. j'ai vraiment trop peur. sa tête cogne contre la porte et je déglutis difficilement, ma main si tremblante que les fleurs tremblent elles aussi, au passage. je tombe des nues, mes genoux qui se mettent à flancher, sous sa réaction. non, non, pitié. pitié pas ça bérénice, pas ça. me fais pas ça, je t'en supplie. mes yeux sont vides, tout à coup, avec pour seule trace d'émotion, la tristesse, tout au fond. - mais.. bérénice tu.. tu.. t'as dit que.. non, t'as dit que tu m'aimais.. arrête. arrête ça, pitié, fais pas ça, te venge pas de moi comme ça. - co.. comment tu.. pourquoi?..

c'est de pire en pire, à chaque instant, à chaque mot qu'elle prononce. j'voudrais qu'elle arrête, je préférerais qu'elle se taise. je reçois des coups de couteau violents, brûlants dans l'estomac. e me retiens d'avoir les larmes aux yeux, c'est presque insupportable. j'ai énormément de peine, et les nerfs contre moi-même, qui commencent à lâcher. je me hais d'avoir été aussi con, méchant, d'avoir agi comme ça avec elle. je fulmine, j'ai le poing qui se serre, à l'entendre en rajouter une couche. tu fais exprès pas vrai béré, tu te venges? mon poing par contre le mur de la cage d'escalier tout à coup, et s'y écrase dans un bruit fracassant d'os. j'crois que je me suis pete la main. putain. j'ai envie de hurler. - ok tu sais quoi.. tu sais quoi tant mieux pour toi! tant mieux! j'suis heureux tu vois pas? félicitations! allez et laisse-moi crever dans mon coin maintenant. j'lui colle le bouquet dans les bras et redescends les marches. j'ai envie de chialer.

je m'en vais, je pars et je veux plus la voir. je vais jeter tous les souvenirs que j'ai d'elle, j'veux plus jamais tomber amoureux, plus jamais m'attacher à une fille, c'est fini tout ça. plus jamais. j'étais bien, finalement, seul, comme un salaud. c'était bien mieux avant, avant de l'embrasser, avant de tomber dans ses bras, avant de lui dire que je l'aime. au revoir bérénice, on n'a qu'à s'oublier. je m'arrête et la regarde, la colère dans les yeux, qui masque ma peine, qui me sert de bouclier, un seul poing fermé, l'autre trop abîmé et douloureux pour y arriver. j'ai une boule dans la gorge. moi aussi je peux pleurer, comme elle? - ah tu pensais pas, hein? tu pensais pas, ça t'a pas traversé l'esprit que ça allait me faire du mal, alors que je t'ai dit que je t'aimais!? je crie, je hurle dans la cage d'escalier. - tu pouvais pas essayer de me briser le cœur avant tout ça? non?

j'ai beau avoir la haine, avoir une haine inimaginable, pour moi, pour elle, pour tout ça, tout ce qu'il s'est passé, je suis quand même profondément blessé de la voir pleurer à ce point. je m'apprête à sécher ses larmes, à la prendre dans mes bras, à la consoler quitte à courir à ma perte et m'enfoncer au plus profond dans ma chute. je m'y apprête, jusqu'à ce qu'elle parle de nouveau, et mon cœur se brise, encore une fois. - tu pensais pas? d'après toi y a combien de façon d'aimer, bérénice? putain y a pas de je t'aimais à ce point, je t'aimais, c'est tout. y a pas de degré d'amour où c'est excusable de me faire du mal, de me piétiner sans états d'âmes, non. je passe ma main sur mon visage, essuie mes yeux rapidement. laisse-moi rentrer chez moi, lâche-moi.

j'vais craquer, je le jure je vais finir par pleurer. vraiment, j'en peux plus, moi. je renifle. tu crois vraiment à ce que tu dis bérénice? c'est impossible voyons. c'est absolument impossible. non. je fais non de la tête. - je passerais jamais à autre chose et t'es pas une fille parmi tant d'autres et j'en ai rien à foutre des autres parce que c'est toi que j'aime, putain, c'est si difficile à comprendre? merde à la fin, putain. je t'aime, un point c'est tout, y a pas à discuter. c'est toi que j'aime, c'est toi que je veux. mais toi tu me veux pas et t'as pas le droit de me demander de ne pas partir alors que c'est toi qui me veut pas. béré fond de nouveau en larmes et les miennes se retiennent plus, elles coulent toute seules, en silence. - moi aussi j'ai peur qu'est-ce que tu crois? j'suis pas un super héros, mais je t'aime trop pour pas prendre mon courage à deux mains. si t'y arrives pas, je peux pas te forcer, si tu m'aimes pas tant pis.. comment j'en suis arrivé à me résigner? ah oui, quand j'ai décidé de ne plus jamais aimer. de toute façon y a rien de pire qu'un humain, les animaux eux au moins ne nous laissent pas a l'abandon.

elle a peut être raison, j'en demande sans doute un peu trop, mais pour l'instant la rage et la peine m'aveuglent un peu trop pour que je m'en rende bien compte. pour l'instant tout ce que je demande, est la moindre des choses, à mes yeux. je me rendrais compte que c'etait une erreur plus tard, que j'ai merdé plus tard. pas aujourd'hui. aujourd'hui, tout ce que je vois c'est qu'il ne faut surtout pas lui faire de mal à elle, quand elle m'en fait sans aucun problème. c'est vraiment égoïste. - t'as raison ouais, j'ai sûrement la gueule du gros connard qui t'en fera voir de toute les couleurs bien sûr, t'as tellement raison de te méfier de moi. est-ce que t'as vraiment appris à me connaître en trois ans? j'suis exactement comme toi. - écoute.. je parle plus calmement, la voix plus douce. - calme-toi béré, arrête de pleurer, j'te demande plus rien. arrête de t'angoisser, je tire un trait sur tout ça.je tire un trait sur toi et moi, j'abandonne pour de bon. je passe ma main sur sa joue. - flippe plus, c'est fini.