Tragic birthday [ouvert à tous]

Aisling esquissa un sourire aux mots de Cupidon. Certes, c'était une condition nécessaire.

-J'comprendrais que tu veuilles pas me voir. J'risquerais de gâcher la fête.

Quant à Aino, elle se contenta de hausser les épaules. S'il parlait du caractère... Ouais elle ne pouvait pas nier qu'elles se ressemblaient un peu. Disons qu'elles s'étaient bien trouvées. Elle eut tout de même un sourire aux paroles d'Aino.

-Faut croire que le monde est petit.

Elle leva ensuite les yeux au ciel à la remarque de Maxine. Ca faisait bien longtemps qu'elle était déjà une grande fille contrairement à ce qu'elle semblait croire. Enfin, elle n'était pas la plus responsable des femmes, mais elle savait se débrouiller.

-C'est sûr que toi ça fait un moment que t'as arrêté de grandir.

Elle faisait référence à sa taille, moqueuse du haut de son mètre quatre-vingt et des brouettes. Elle ne fit pas attention à la conversation entre Alfie et Maxine, même si elle était du genre curieuse, elle était pour le moment plus préoccupée par l'organisation qu'autre chose. Enfin, ça ne durerait pas bien longtemps, dans quelques verres et bouteilles, ses priorités changeront du tout au tout.

La blonde esquissa un sourire quand on la traita d'impatience. Il y aurait déjà peu de suspens dans cette soirée, elle pouvait bien s'accrocher à ce qui lui restait.

-Un peu, mais c'est parce que je sais que les meilleurs sont déjà là.

Elle n'était pas du genre à faire des compliments, et ils devaient bien tous le savoir.
A la réflexion d'Aino sur les cadeaux justement, Aisling arqua un sourcil.

-J'suis pas les gens.

Puis à sa question, la blonde la regarda quelques secondes sans comprendre. Garderie ? Elle parlait d'enfants là ? Elle était un peu déboussolée.

-De quoi tu parles ?

Un anniversaire. Ce n'est pas le genre d'événements auxquels tu te rends habituellement, bien au contraire. Mais il faut croire que pour Aisling, tu es prêt à tout. Même si tu ne l'admettras jamais devant elle. Te voilà donc devant son appartement, prêt à entrer. La fête bat son plein à l'intérieur, tu peux l'entendre de l'extérieur. Il y a pas mal de gens, plus que tu ne l'aurais pensé, il faut croire qu'Aisling a beaucoup d'amis que tu ne connais pas. Mais ça, ça ne t'étonne pas. Tu préfères les moments où vous êtes tous les deux et que tu peux profiter de son corps intégralement. Mais tu ne peux pas penser à ça, pas ici, pas dans de telles circonstances. Tu décides finalement d'entrer avant qu'un voisin ne trouve ton comportement suspect. Une fois à l'intérieur tu cherches sa chevelure blonde que tu ne mets pas bien longtemps à repérer. Et même si elle discute avec pas mal de gens, tu t'en fiches. Tu l'attrapes par la taille et lui murmures à l'oreille : « Bon anniversaire, Megan. » Vous n'avez pas de surnoms débiles entre vous mais tu aimes penser que tu es le seul à l'appeler par son second prénom.

Je me demandais quand même comment ces deux là pouvait se connaître, monde petit ou non. J’aurais très bien pu me dire que la ville l’était et qu’on se réunissait tous au même endroit donc forcément on connaissait les mêmes personnes. Sauf que CJ j’l’ai connu chez moi et j’osais espérer qu’Aisling n’avait pas été ramené chez moi par CJ. Enfin qu’importe, ils foutaient ce qu’ils voulaient, finalement, j’préférais passer à autre chose. Et la tête blonde de Maxine me faisait vidait rapidement l’esprit, me faisant penser à l’île, me faisant penser à Blake. Mais j’essayais de ne pas trop être négative en la voyant, du moins, du mieux que je pouvais. Garder en semblant d’éclat dans les yeux qui remplaçait mon sourire, mais encore une fois, c’était pas gagner. Fallait faire des efforts de cohabitations pour Aisling, le temps d’une fête, après je n’aurais plus rien à voir de ma vie avec l’autre blonde. Je reprenais rapidement ma pseudo-conversation avec Ais, en la voyant partir avec son nouvel amant ou son chien. « Très bien … t’es pas les gens, t’es mieux qu’ça. » Puis je lançais une remarque sur une garderie en voyant Maxine, pas qu’elle ne devait pas être très développé dans sa tête et que sa présence me dérangeait. « Laisse, tu finiras par comprendre un jour. » Pour une fois, j’esquissais un large sourire avant de tourner ma tête vers la porte d’entrée. Ciàran. Et j’finissais par vraiment croire que le monde était petit. Qu’est-ce que mon voisin foutait là ? Quand il s’approchait d’elle pour lui prendre la taille, j’arquais d’un sourcil, me disant que j’serais p’t’être mieux ailleurs. En train de boire, par exemple. C’t’ait une bonne option.

Isaiah était resté un peu en retrait depuis que le frère d'Aisling avait qualifié son gâteau de dégoûtant. Heureusement qu'Aisling l'avait défendu un minimum. Il était allé le porter à la cuisine et, à son retour, un tas d'autres personnes s'étaient rassemblées autour de la blonde. Isaiah les rejoignit, souriant et se présentant par-ci et par-là à ceux qu'il ne connaissait pas, salua aussi la fille aux mille paires de lunettes, bref essayait de se faire sa petite place jusqu'à ce qu'un homme se faufile jusqu'à Aisling et lui murmure à l'oreille. Isaiah, qui était juste à côté, entendit plutôt clairement le murmure et fronça les sourcils avec à la fois un sourire moqueur, à la fois un regard méfiant de cet homme. « Megan !? » Se contenta-t-il de relever avec un ton dubitatif. Il toisa l'homme non pas par jalousie, mais par suspicion et défiance. Isaiah n'avait toujours pas oublié l'épisode dans la cuisine d'Aisling, où elle lui avait confié qu'un homme était revenu dans sa vie et qu'il ne l'aimerait sans doute pas, sans pour autant vouloir lui énumérer les raisons. Autant Isaiah pouvait voir le meilleur en tout le monde, autant il pouvait se montrer bien protecteur des gens qu'il aimait, une fois confronté à quelqu'un de "mauvais".

Gâcher ta fête ? Y avait pas vraiment de risque à ça sauf si elle te mettait un coup dans la gueule sans prévenir. Tu n'étais pas non plus du genre BCBG, ta fête serait sûrement moins cool que la sienne d'ailleurs. Tu doutais d'avoir autant de monde par rapport à elle. Quoiqu'il en soit tu laissais ça de côté, le jour de ton anniversaire tu serais sûrement occupé à prévoir une soirée en amoureux pour ta copine. Tu écoutais leur conversation d'une oreille assez distraite, prenant la décision de suivre Aino qui allait se prendre un verre pendant qu'un nouvel invité faisait son entrée. D'ailleurs pas n'importe lequel puisque sa tête te disait vaguement quelque chose mais tu n'étais pas encore certain. « Hé ! Ce mec, c'est pas l'voisin ? » demandais-tu discrètement à Aino. Tu étais pas mal surpris de le voir là lui aussi. D'autant plus que lui aussi semblait avoir une relation intime avec Aisling. Tu n'avais pas entendu ce qu'il avait pu lui dire mais à la tête d'Aisling tu avais dû mal à savoir si elle était contrarié ou heureuse de le voir là. S'il fallait des bras pour le mettre dehors, elle pouvait compter sur toi, ce n'était peut-être pas l'amour fou entre vous mais tu n'avais pas envie qu'elle ait une mauvaise soirée à cause d'un type. Et puis Alfie te donnerait sûrement un coup de main, tu savais ce qu'il valait quand il était question de se battre.

Aisling eut un sourire, hochant la tête pou approuver ce qu'Aino disait. Faut dire qu'elle n'avait pas un petit ego, alors elle était toujours heureuse qu'on lui dise qu'elle valait mieux que le reste du monde. Et puis faut dire qu'elle en était elle-même pas mal convaincue.

-Au moins ouais.

Au moins meilleur que tous ces gens-là qui râlaient s'ils n'avaient pas de cadeaux. La remarque et le sourire d'Aino interpellèrent sérieusement la blonde. Qu'est-ce qu'elle était entrain de lui cacher ?

-Toi t'auras des choses à me raconter.

A son tour elle lui avait adressé un grand sourire. Elle était curieuse de savoir ce à quoi elle pensait sans lui dire. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de remarquer sa présence, Ciàran s'était glissé par la porte ouverte et était venu la prendre par la taille. Relevant immédiatement son regard vers le sien, elle resta surprise quelques secondes, avant de lui esquisser un sourire, quelque part peut-être un peu forcé.

-Merci.

Elle avait soufflé sa réponse et c'était bien le premier remerciement qu'elle faisait de la soirée, à croire qu'il avait le don pour le décontenancée. A vrai dire, elle ne s'était pas attendue une seule seconde à ce qu'il vienne. Il n'était pas vraiment du genre à s'intégrer dans une foule, elle le connaissait, et leur relation n'était pas du genre de celles qu'on montre au grand jour.  Elle ne pensait pas un jour être autant troublée par la présence du grand brun, et pourtant il savait lui-même à quel point il pouvait la troubler et la faire faillir. La réflexion d'Isaiah la fit revenir à la réalité.

-Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas.

Elle avait eu presque un rire nerveux, et le regard qu'Isaiah avait à l'encontre de Ciàran ne faisait que la mettre davantage mal à l'aise. Il ne lui fallu d'ailleurs pas plus longtemps pour voir les regards de Cupidon et Aino sur le mafieux.
Soudainement, sans qu'elle ne comprenne réellement ce qui lui arrivait, quelque chose d'humide commença à glisser le long de ses jambes et elle sentit une vive douleur dans le bas de son ventre. C'était quand même pas la situation qui lui faisait cet effet là.

-Il... il faut que je revienne.

Sans plus de cérémonie elle se précipita dans la salle d'eau. Est-ce qu'elle venait de se pisser dessus ? Non ce n'était tout de même pas possible, elle n'avait pas eu si peur. Rapidement, elle retira sa culotte, essuyant ce qui avait coulé. Elle avait même dû laisser une flaque dans le salon. Qu'est-ce qui était entrain de se passer exactement ? Si elle devenait incontinente à 21 ans, elle avait de sérieux soucis à se faire. Une nouvelle fois elle sentit une douleur dans le bas de son ventre, elle grimaça, se laissant glisser le long du mur.

-Aller respire Aisling, calme toi, c'est pas le moment de faire une crise de panique.

Elle tenta d'inspirer profondément et d'expirer longuement mais elle n'avait pas l'impression que ça fonctionnait.

Lorsque tu arrives, tu vois bien que ta présence n'est pas vraiment désirée. Sans doute parce que tu ne prends pas la peine de saluer les amis d'Aisling et que tu ne leur prêtes même pas attention. Tu t'en fiches bien des autres personnes, tout ce qui t'intéresse là, c'est Aisling. Personne d'autres. Tu es venue pour elle, après tout. Si c'était une autre personne qu'elle, jamais tu ne te serais pointé à cet anniversaire. Parce que tu n'aimes pas ça et surtout pour éviter les regards insistants. Comme ce regard, par exemple, que te lance ce jeune homme aux cheveux bruns. (Isaiah) Tu ne le connais ni d'Eve ni d'Adam et tu t'en fiches pas mal. Tu préfères toiser la jolie blonde du regard. Elle qui semble si étonnée de ta présence et au fond, c'est ce que tu désirais. Tu veux qu'elle voit que, pour elle, quoi que tu en dises, tu es prêt à faire des efforts. Tu n'aimes pas l'admettre mais Aisling a un pouvoir sur toi que tu ne contrôles pas. Mais avant que tu puisses discuter davantage avec la jeune femme, tu la vois courir à la salle-de-bain, paniquée. Quelques secondes après son départ, tu vois de l'eau au sol et ton coeur rate un battement. Quelque chose ne va pas. Elle ne va pas bien. Toi qui a par le passé été ambulancier, tu ne réfléchis pas et fonces la rejoindre. Tu veux savoir ce qu'il se passe. « Aisling. » Dis-tu en entrant dans la pièce, le regard inquiet. Par chance, la jeune femme n'avait pas fermé la porte à clé ce qui te permet d'entrer rapidement et d'être à ses côtés en quelques secondes à peine. « Tu as mal où ? » Demandes-tu en t'accroupissant pour être à sa hauteur. Tu vois bien qu'elle souffre mais si elle ne te donne pas plus de détails, tu ne peux pas l'aider.

« P't'être bien. » Est-ce que j'avais vraiment envie de lui dire ce que je pensais de l'autre blonde et de Blake ? Est-ce que j'avais envie d'lui dire que j'avais été capable d'aimer un jour, mais qu'au final je m'étais totalement trompé ? Pas vraiment. Alors elle pourrait attendre un bon bout de temps. Je préférais qu'elle voit la vraie Maxine d'elle-même. Puis quand Ciàran faisait son apparition, je déguerpissais. Fallait bien laisser de l'intimité aux gens ou tout simplement fallait pas me dégoûter, donc j'préférais fuir. Parce qu'on m'avait ôté toute mignonnerie à la naissance donc ça ne faisait que me rebuter ce genre d'attention, de chuchotement aux oreilles et tout le bordel qui s'en suivait. Alors je faisais ce qu'il y avait de mieux et ce que je faisais de mieux également ; boire. Je zieutais de loin, me demandant comment ils se connaissaient les deux, me demandant aussi depuis quand ils étaient ensemble, s'ils étaient en couple. Parce que ça me semblait bizarre venant d'Aisling, d'avoir une relation. Surtout qu'il y avait un certain nombre d'écart pour l'âge — mais au fond, ça je m'en foutais, parce que je ne faisais pas mieux, moi. Je regardais CJ par la suite avant de retourner mon regard vers les deux. « M'ouais, c'est lui. » Puis je fronçais les sourcils. « Est-ce que ... elle ... hein ? » Je regardais alors mon verre, j'avais pas bu encore. J'ne pouvais pas virer folle comme ça. « Est-ce qu'elle vient de se pisser d'ssus !? » J'parlais sans doute un peu trop fort, puis quand j'voyais le voisin s'en aller dans la direction qu'elle avait prise. Je faisais de même, tenant par le bras mon colocataire. On rentrait ensuite dans la pièce, Ciàran cachait le visage d'Ais, alors je riais un peu, prenant une gorgée.« J’crois que j’ai trouvé quoi t’offrir, ma vieille. » Je m’approchais un peu plus puis distinguait un peu plus les traits du visage d’Ais. « Aisling ? Qu’est-ce t’as ? »

Entendre Aisling entrer dans son jeu le fait sourire, et il accepte avec joie la bière qu'elle lui offre. Après avoir remarqué le regard lancé par Maxine à l'intention de cette fille aux cheveux blonds presque blancs, Alfie se met en aparté avec sa pote de bar et hoche la tête en l'écoutant parler. « Ne pas approcher la Aisling géante, je retiens. » Il laisse Maxine parler à Aisling sans trop s'éloigner, elle est en réalité la seule personne qu'il connaisse - ou qu'il apprécie réellement - présente dans cette pièce à l'exception d'Aisling. Quand il voit que cette dernière est a nouveau tiraillée par plusieurs personnes, il fait un pas en direction de celle avec qui il est arrivé, buvant une nouvelle gorgée de sa bière. « Et évidemment, elle est pote avec CJ, » dit-il, assez bas pour qu'elle soit la seule à l'entendre. Alfie ne déteste pas le garçon, il lui faut seulement encore un peu de temps pour s'habituer à sa présence partout où il va. Un nouvel arrivant fait son entrer, et Alfie ne peut s'empêcher d'hausser les sourcils quand il le voit entourer la taille d'Aisling de ses bras. Sérieusement, elle a un mec ? Il n'y prête pas plus longtemps attention, jusqu'à ce qu'un bruit étrange ne l'oblige à tourner à nouveau la tête dans leur direction. Un liquide s'est mis à couler le long de sa jambe. Légèrement perturbé, Alfie s'approche du reste de la foule. « Qu'est-ce qu'elle a ? » demande-t-il, n'ayant pas vraiment suivi toutes les conversations qui ont été échangées. Sans qu'on lui réponde, voilà que la blondie aux tatouages attrape CJ par le bras et l'emmène avec elle. Alfie les suit du regard, se remémorant qu'à l'avenir, il ferait bien de les surveiller ces deux-là. Il n'a pas envie de la suivre lui aussi, jugeant qu'il doit déjà y avoir bien trop de monde autour d'elle. La pauvre, elle a peut-être juste besoin de pisser depuis trop longtemps.

C'était bien lui, le voisin. Tu n'avais pas eu l'occasion de lui parler souvent voire même de lui parler tout court. Il te paraissait un peu étrange pour tout dire, comme s'il trafiquait quelque chose de pas net. Mais ce n'était pas tes histoires, tu le laissais de côté et tu vivais ta vie sans t'en soucier. « Holy shit ! » Tu regardais la flaque au sol. Deux possibilités et tu pouvais éliminer celle que tout le monde devait avoir en tête. Ce n'était pas de l'urine, tu étais prêt à mettre ta main à couper. Aino t’entraînait dans la salle de bain en rigolant, plaisant sur le cadeau à offrir mais vu la manière dont elle se tenait, la seconde option semblait plus réelle. « Aisling, ce que je vais te dire va sûrement te faire paniquer mais il faut que tu saches que tout ça est réel. » Tu prenais un air sérieux sur le visage, pas le moment de faire une blague, pas le moment de rire. Tu t'abaissais prêt d'elle. La pièce était trop étroite pour que ça se passe ici, il fallait la mettre ailleurs. « Tu es en train d'accoucher. » Tu te relevais aussi vite pour donner deux-trois consignes à l'entrée de la pièce pour les autres invités avant de te poser à nouveau prêt d'elle.. « Tout va bien se passer ok ? Pendant mes voyages j'ai déjà assisté à des accouchements et ce n'est pas la première fois que je le fais. On va appeler les ambulances mais pour le moment il faut le faire sortir de là puisque le travail à commencé. » Avec l'aide de son - ce qui semblait être - son petit ami, tu la déplaçais dans le salon afin de l'allonger sur le canapé. Tu avais donné quelques directives avant de retourner dans la salle d'eau en demandant de poser des serviettes, de t'attraper des gants, du papier et une couverture. Tu l'installais le plus confortablement possible en laissant l'autre mec lui tenir la main. S'il y en avait un qui devait se faire démonter, c'était bien lui. Peut-être le père après tout. « Très bien, quand je te dis de pousser tu pousses de toutes tes forces, ça va faire un peu mal. » Tu installais la couverture sur ses jambes pour cacher le plus possible la scène. Tous les invités n'étaient pas obligés d'assister à ça.

Elle aurait dû s'en douter que ce serait toujours lui le premier à se précipiter, dés la première faille, dés le premier signe de faiblesse. Elle aurait voulu refuser son aide, le repousser, se convaincre qu'elle pouvait se débrouiller seule. Mais aujourd'hui elle en était incapable, là elle ne pouvait pas.

-Dans le bas du ventre mais c'est par accoue.

Elle mit sa main pour lui montrer l'endroit alors qu'elle faisait une nouvelle grimace. Ils ne restèrent seuls tous les deux pas bien longtemps, elle vit rapidement Cupidon et Aino apparaître dans l'encadrement de la porte. Aino se moquait d'elle, bon, c'était compréhensible, elle aurait sûrement fait la même chose si elle avait vu une de ses potes se pisser dessus.

-Je... j'sais pas.

Elle ne savait pas ce qu'elle avait, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle ne pouvait pas accuser ses poumons, ni une réellement une crise d'angoisse, elle ne s'était jamais pissée dessus en faisant une crise d'angoisse... C'était réellement étrange.
Puis ce fut la voix de Cupidon qu'Aisling discerna. Une voix avec des paroles qui lui plaisaient guère. La faire paniquer ? Est-ce qu'il allait lui annoncer qu'elle avait une maladie incurable et qu'elle allait bientôt mourir ?

-Et ta mère elle est entrain d'accoucher ?! J'suis pas enceinte ducon !

Déjà qu'Aisling n'était pas naturellement polie, classe et distinguée, mais sous le coup de la douleur et des absurdités que le jeune homme pouvait dire, elle ne pouvait s'empêcher de criser. Et en plus, lui, il insistait. Il parlait d'ambulances, de travail... Sérieusement il était sourd ou il le faisait exprès ?!

-J'accouche pas je te dis !

Cela dit, elle n'était pas contre les ambulances, parce qu'elle avait tout de même de plus en plus mal. Néanmoins, elle n'eut pas l'impression qu'on lui demanda son avis quand Cupidon et Ciàran la déplacèrent jusqu'au salon, apportant tout ce qui semblait nécessaire pour un... accouchement, décidément. Le brun était têtu, mais elle pouvait l'être encore plus. D'ailleurs, quand il se plaça en face d'elle, un peu à cause de la douleur, beaucoup à cause de l'énervement, elle lui envoya son pied dans la figure.

-Je pousserais pas parce que y a absolument rien qui va sortir de mon vagin, c'est comprit ?!

Cette réaction était celle que tu devais prévoir, celle à laquelle tu t'attendais. Elle n'avait rien d'une femme enceinte, elle n'agissait pas comme telle, ce qui était la preuve qu'elle faisait un déni mais le fait qu'elle parle de ta mère, tu n'avais pas apprécié. Il y a peu de choses qui pouvaient te blesser, tu laissais souvent passer pas mal de choses mais parler de tes parents, alors qu'elle ne connaissait rien de ton histoire, ça te restait en travers de la gorge. Tu serrais les dents, hésitant à lui coller une baffe. Tu ne le ferais pas parce que ce n'était pas le moment, même si pour la prise de conscience, ça aurait pu l'aider. Tu n'avais pas le temps de t'énerver contre elle. « Aisling, tu fais un déni de grossesse et si tu m'empêches de te faire sortir le bébé, c'est ta vie qui est en jeu. » Tu ignorais depuis combien de temps elle était enceinte, s'il y avait du soucis à se faire pour le bébé et surtout si tu étais le père. Tu n'avais pas le temps de calculer là, mais tu avais couché avec il y a un peu plus de 7 mois. Ce qui commençait à te faire un peu peur mais le coup de pied que tu venais de recevoir dans le visage te replaçait assez vite les idées en place. « Est-ce que tu veux mourir d'une hémorragie ? Ou du embolie amniotique ? » ajoutais-tu froidement en la regardant assez durement. Tu l'aimais bien, tu n'avais pas envie qu'il lui arrive un truc, d'autant plus que tu ne savais pas combien de temps il faudrait à l'ambulance pour arriver. On lui avait dit un quart d'heures, mais beaucoup de choses pouvaient se produire en ce court laps de temps. « Si tu veux pas m'croire, laisses-moi au moins faire ce que je penses être bien. Je t'ai jamais joué de sale tour, j'ai aucun intérêt à te mentir. » Tu n'avais aucun espoir que ce genre de réplique marche avec elle, mais fallait bien essayer ? Au pire tu finirais bien par la faire tenir d'une manière ou d'une autre, peut-être en l'attachant. C'était un accouchement qui s'annonçait mal. Tu n'avais jamais vu un tel déni.

Je riais une nouvelle fois quand CJ parlait d’accouchement, comment il pouvait dire ça ? Il avait autant bu que moi ? Ok, Aisling avait une tête bizarre, mais il faisait des conclusions un peu vite. Je prête une oreille à ce qu’ajoutait la miss-j’me-pisse-dessus puis je soupirais. « Elle est aussi plate qu’une feuille, qu’est-ce qu’tu racontes. » Je regardais une nouvelle fois CJ, comment il pouvait savoir ça ? Ok, il m’avait dit qu’il avait un fils, je ne connaissais pas sa mère, du moins, j’l’avais effacé d’ma mémoire s’il me l’avait dit. Mais j’étais presque certaine qu’elle n’avait pas fait de déni. Ou p’t’être que si. « J’savais pas que les sages femmes et les facteurs avaient les mêmes études. » Au fond, je ne savais pas les études pour devenir facteur non plus, parce qu’avant aujoud’hui ça ne m’avait pas percuté. C’était tout ce que je pouvais, me la ramener sur les connaissances de mon colocataire pendant que lui et le voisin déplaçait l’hôte de soirée jusque dans le salon. Super l’endroit. Il n’y avait pas de chambre dans ce bordel ? Elle n’allait quand même pas sortir à moitié à poil devant tout le monde. Je buvais une nouvelle gorgée de ma boisson en regardant la scène un peu en arrière. Je zieutais de nouveau Maxine qui s’exclamait après qu’Ais ait foutu son pied dans la gueule du brun. Il avait vécu bien pire que ça, j’pense. Puis je fronçais les sourcils quand il commençait à utiliser des termes plus techniques, rien que le nom de l’embolie amniotique donnait envie de vomir, j’voulais pas qu’elle souffre de ça. « Mais … comment t’sais ça, CJ ? » C’était peut-être des trucs connus, mais j’n’avais pas été loin dans mes études et les enfants n’étaient pas trop mes délires, alors moins j’en savais, mieux je me portais. « Puis toi, pousse, au pire tu lui pisseras que dans la face, mais il l’aura cherché. »

Beaucoup de choses qu’il ne savait pas, oui, visiblement. D’abord Megan, et ensuite le fait qu’elle était légèrement incontinente. Isaiah fronça les sourcils en regardant son amie partir vers les toilettes, visiblement plus troublée par son état général que par la pisse sur son pantalon et sur le plancher de l’appartement. Vu que tout le monde se rua vers la salle de bains à sa poursuite, Isaiah regarda par-dessus les épaules d’abord et, ne voulant pas étouffer davantage la blonde qui devait être furibonde d’être ainsi prise pour spectacle, il s’éloigna vers la cuisine et trouva des essuie-tout qu’il ramena au salon pour commencer à ramasser le dégât-pipi. Par contre, en se penchant et en posant la première feuille sur la flaque, celle-ci s’imbiba sans laisser aucune couleur particulière. Pas de jaune, en gros. Isaiah fronça les sourcils et leva les yeux vers le seul autre invité à être resté en retrait (Alfie). « C’était pas d’la pisse. » Il tourna la tête vers la salle de bain et c’est là qu’il entendit la voix d’Aisling crier qu’elle n’était pas enceinte, et celle d’un autre homme dire qu’elle était en train d’accoucher. Isaiah se releva, laissant le rouleau d’essuie-tout au sol. Son cœur battait sans doute un peu trop vite comparativement à la normale. « C’est la première fois de ma vie que j’arrive sobre à une fête et c’est maintenant que les hallucinations commencent ? » Il tourna la tête vers l’autre mec, qui semblait tout autant confus.