sujet commun de la salle de bain #1 ∞ blood runs thicker than water

Quand elle parlait de caméras, son regard se perdait dans chaque recoin de la pièce, peut-être qu’il y en avait vraiment une, vraiment bien caché, de la taille d’une punaise à peine. Elle n’en aurait rien à faire qu’on la film et qu’on rit d’elle à vrai dire, elle était toujours positive, justement s’il avait une caméra ça l’amuserait, mais encore faudrait-il qu’elle le sache pour faire la débile dans la pièce, mais l’homme la prendrait sans doute pour une folle, ce n’était  pas ce qu’elle voulait. Alors elle s’enlevait l’idée de la tête qu’une caméra pouvait être dans cette pièce, que les propriétaires de cette maison pouvaient rire d’eux présentement, puis peut-être diffuser ça dans toute la ville pour que tout le monde voit à combien ils galéraient. Au fond, en pensait à ça, elle sentie un malaise s’installer dans mon esprit, elle ne voulait pas que quelques personnes finissent par vraiment rire de méchanceté, elle n’était pas méchante elle, elle cherchait juste un moyen de sortir d’ici. « On aurait vu quelque chose, ne t’en fais pas ! Je raconte toujours n’importe quoi. » Elle mettait toujours des idées bizarres Andeana. Et pour en revenir sur le film qu’elle parlait, au moins il n’y aurait pas besoin de le recréer s’il y avait des caméras, parce qu’il le filmerait déjà sans vraiment le savoir. « Puis si ça venait à être vu, j’vous défendrais. » Elle lui lançait un clin d’œil, puis l’écouter parler de sang, elle ne savait pas si le faux sang était mieux que le vrai, peut-être, mais elle ne savait pas ce qu’il composait le faux sang. Puis peut-être que du vrai sang pouvait contenir des maladies, ce qui lui donnait des frissons. « Je ne sais pas … Oui je suppose ! » Puis comme un problème ne venait jamais seul, la baignoire commençait son caprice. La solution la plus simple était de chercher une bassine, pour ne pas que la pièce se retrouve avec un tapis rouge-sang, même si c’était presque que le cas et que les pieds d’Andeana pataugeaient dedans. Elle essayait de ne pas regarder le sol, ce qu’elle sentait était déjà suffisant. Mais quelle idée d’égarer ses chaussures pour des raisons tout aussi stupides. Elle soupirait d’elle-même.  Avant de se consoler en trouvant quelque chose qui ressemblait fortement à une bassine vue d’en bas, mais sa taille n’atteignait pas le plafond, loin de là et ses mains même levées en l’air ne changeait rien à la situation, elle passait juste pour une d’acharnée. En proposant à l’homme de monter sur son dos, elle était plus que sérieuse, elle trouvait ça drôle dans un sens mais essayait de ne pas le montrer, malgré son sourire qui pouvait la trahir. Et elle finissait par le faire, parce qu’à deux ils auraient la taille d’un de ces géants qu’elle parlait plus tôt. Elle essayait de bien se positionner pour ne pas lui faire trop mal. « J’suis pas trop grosse, tout va bien dans ce sens ? » Disait-elle en rigolant pour essayer de détendre l’atmosphère avec une question bien dérangeante. « Oui ! J’y arrive, je crois ! Plus que quelques centimètres, voir millimètre ! » Ses doigts tendus frôlaient la bassine avant qu’elle fasse un geste plus brusque, dans l’espoir qu’elle roule vers elle. « Oh non … oups ... je l’ai poussé accidentellement ... » Elle faisait une petite mine avant de toucher son front, remontant sa main dans ses cheveux avant de toucher du plastique qui lui servait de corne. « Attendez …Tenez bon ! » Elle détachait rapidement ce qui trônait dans sa tête depuis le début de soirée dans le but de se faire un doigt plus long. Elle ne savait pas si ça allait marcher mais elle espérait que ça fasse l’affaire, elle tentait quelques petites secondes avant de pouvoir la mettre dans la bassine, la rapportant vers elle, large sourire aux lèvres. « On a réussi ! » Sans prévenir, la blonde descendait de son dos puis portait la bassine comme un trophée avant de froncer les sourcils. « Oh, mais j’y crois pas ! Y’a vraiment tout de pourri dans cette maison ! » Mais elle ne se laissait pas abattre pour autant, même si elle pleurait intérieurement. « Si on positionne … sa main comme ça, on peut cacher le trou ... » Sans attendre, elle essayait la technique. Le liquide chatouillait la paume de sa main, mais ne coulait pas aux alentours, c’était bien le côté positif.

Elle avait sans doute senti dans le ton de voix de Lennox à quel point la simple idée qu’il puisse être filmé et ridiculisé l’angoissait. Il avait beau avoir essayé de ne pas trop laisser paraître sa panique, l’anxiété ou la timidité du trentenaire avaient toujours été faciles à déceler. C’était les sentiments positifs qui se lisaient mal sur son visage, parce qu’il ne savait pas comment exprimer l’amusement, la joie, le plaisir. Il avait trop été habitué aux traits tristes et défaitistes. Tout le contraire de la femme qui se trouvait avec lui dans cette salle de bain. Des ondes de bonheur semblaient émaner d’elles. Si seulement elles pouvaient l’atteindre. « Ouais, j’imagine qu’ils sont pas à la fine pointe de la technologie et que ça paraîtrait, c’est vrai … » Dit-il pour essayer de se rassurer lui-même plus qu’autre chose. La jeune femme ajouta qu’elle le défendrait, si jamais ils se retrouvaient sur les réseaux sociaux ou un truc du genre. Il rigola légèrement. « C’est gentil. » Dit-il par politesse et amusement, parce qu’il se doutait bien que ses mots ne vaudraient pas grand-chose face aux images. Les gens préféraient toujours juger au premier regard et ne pas chercher à comprendre davantage, à voir plus loin. La blonde aurait beau essayer de le défendre, le mal serait fait. Bref, il valait mieux ne pas y penser, car Lennox pourrait rester paralysé par la crainte jusqu’à ce qu’ils sortent d’ici. S’ils sortaient un jour.

Pour le moment, ils étaient mal barrés, parce que la baignoire faisait des siennes. Comme si ce n’était pas assez qu’ils soient enfermés ici, il fallait qu’en plus ils soient menacés de noyade dans un bain de sang – et ce n’était même pas une façon de parler. La blonde proposa de monter sur son dos pour essayer de s’emparer de ce qui semblait être une bassine tout en haut d’un meuble. Lennox, à bout de solutions, accepta. « Non, ça va, je survis ! » Dit-il en tentant d’ajouter un peu d’humour à sa voix puisqu’elle ne verrait pas son visage, mais c’était sans doute raté. Il forçait quand même un peu pour la soulever comme ça, alors sa respiration l’avait empêché de bien traduire ses intentions. « Je vais essayer de me rapprocher … » Avait dit Lennox quand la demoiselle mentionna avoir accidentellement repoussé la bassine. Il ne voyait pas ce qu’elle fabriquait, mais il sentit qu’elle tirait avec un certain objet. Après un moment, elle exclama sa joie d’avoir réussi. Elle descendit de son dos sans plus attendre, le déstabilisant légèrement. Elle se dirigea vers la baignoire pour essayer de régler le problème, ou du moins d’en repousser les conséquences. Alors que Lennox allait proposer son aide, ils entendirent des cris provenant du reste de la maison, puis les lumières s’éteignirent complètement. « Là, c’est le moment où on panique ? » Lui qui avait l’habitude de ne ressentir que des émotions bien anesthésiantes, voilà que la panique vibrait en lui. Ce n’était peut-être pas de la joie, mais au moins, il savait qu’il pouvait ressentir quelque chose d’autre.