walking disaster ► chase e. fawkes

J’étais têtu, rien de moins. Après mon accident dû au séisme, je recommençais à vivre relativement tranquillement. Je marchais souvent dans les forêts de Bowen, bien que je n’étais pas entièrement prêt à remonter un escalier. J’aurais voulu l’être, vraiment. Mais ce séisme avait crée en moi de nouveaux doutes. En fait, je passe devant un bâtiment abandonné et j’y entre en faisant attention. J’regarde autour de moi et je vois l’homme au sol. J’le reconnaitrais entre mille et je lève les yeux au ciel. « Bordel, Louka. » que j’soupire alors que ma propre jambe ne m’aide pas. J’regarde autour de nous deux respectivement et je tente de faire un levier avec les trucs présents. Parce que le médecin m’a bien dit de pas trop user de force. « J’peux pas croire. » que j’maugréais plus pour moi-même que pour lui. Parce que les ennuis me tombaient dessus davantage lorsque j’étais en arrêt maladie. J’essaye de le rattraper au mieux et je l’aide à se relever. On a l’air de deux beaux idiots avec nos jambes en piteux état. « Allez, viens qu’on s’casse d’ici. » Je tente de trouver la méthode optimale pour nous sortir. « Dis-moi c’que tu feras quand j’serai plus pompier dans un mois à peine. » Je lève les yeux au ciel, j’ai pas l’habitude d’être arrogant, mais un type qui s’fourre volontairement dans les ennuis jusqu’au cou, j’déteste ça. Pourquoi pas profiter de la vie, de l’air pur dans une forêt et pas dans un bâtiment désaffecté?! « Tu sais que tu pourrais te faire poursuivre pour traîner dans ce genre d’endroit! » lui avais-je alors rappelé avec un soupçon d'agressivité. Il doit bien s’en foutre, pas moi. Pourquoi il ferait pas du parachute? Du bungee? Ou j’sais pas quoi d’autres pour créer une détente, faire aller l’adrénaline. Même moi j’peux plus le faire...

« Mon sauveur! » « Ouais ouais... » que j’rétorque en levant les yeux au ciel de plus belle. Louka se redresse et s’aide même à ce que je le transporte. Faut dire qu’à nos deux états, ce doit être un beau merdier dans lequel on s’est foutu. On traverse l’endroit lentement avec beaucoup de difficultés, que ce soit au niveau des débris ou bien à cause de nos blessures respectives. « J’pense que j’ai pas besoin de répondre à cette question. » « Parce que tu ne te mettras plus dans les emmerdes, c’est ça? C’est ce que je veux croire. » que je rétorque alors qu’il me dit que je viendrais le secourir et que j’étais son prince charmant. Mes yeux s’arrondissent. « Dis plus jamais ça, bordel. » Pas que j’suis homophobe sur les bords, mais ouais c’est ça... Et le rôle du prince charmant, j’le laisse aux vrais gentlemen... Pas ceux qui se tappent des filles à droite et à gauche alors qu’ils en pincent pour une autre. Vous aurez compris dans quelle catégorie je me situe donc. J’suis le pire des connards en amour et plus ça va, pire que c’est. Et j’suis aussi persuadé que c’est le cas avec homme, femme, robot, chèvre. « T’auras pas le choix d’y répondre, Hawthorn. » Parce que j’allais quand même pas lui sauver l’cul jusqu’à l’hôpital, si? En attendant, il me parle de n’importe quoi. « J’te parle de caméras de surveillance, j’te parle d’humains. » D’humains idiots, mais il pouvait pas faire comme mon frère et moi, genre du bungee, parachute, BMX? Avoir la passion des risques c’est bien un truc, mais de là à trainer dans ce genre d’endroits paumés, j’y pige rien.

À la vue du jour, je le vois profiter du soleil alors qu’il tappe fort dans mes yeux. Avec mes mains, j’tente de l’éviter. « Doit vérifier... » J’flippe un peu et je le regarde alors qu’il s’installe. Je pense à des médicaments, à n’importe quoi d’autres qu’un putain d’appareil photo et j’aurais bien voulu lui casser la figure juste pour ça. « J’me rappelais pas que c’était à cause de ça que tu risquais ta vie. » J’levais les yeux au ciel. « Moi, au moins, j’le faisais pour les sensations fortes. » Et voilà que j’venais de me comparer à lui, j’étais foutu.

C’est de mal le connaître qu’il va arrêter de se mettre dans des conneries pareilles. Et j’le sais, putain que j’le sais et ça m’énerve de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit. Il fait illusion à l’autorité maternelle et je lève les yeux au ciel. « La prochaine fois, t’appellera ta maman, t’auras plus de chances qu’elle te sauve que moi. » Alors qu’il profite des rayons du soleil, j’relève mon chandail et j’observe mes plaies qui se sont réouvertes et j’soupire. Génial. Un autre après-midi à l’hôpital. « Ouais, j’suis mieux de rien savoir et de rien comprendre parce que la prochaine fois j’te laisse te démerder seul. » Je fulmine et ça me fait mal. Et j’ai rien pour me soigner. J’m’éloigne et j’tente de serrer davantage les pansements et j’me doute que c’est bien en vain. À son commentaire, j’le questionne de plus belle. « Alors pourquoi tu le fais? Parce que j’peux comprendre l’adrénaline des sports extrêmes. Mais j’comprends pas ton intérêt dans tout ça. » J’réalise que parfois, c’est mieux d’être un connard que de tout expliquer. J’m’assois dans un coin sain et sauf et j’respire doucement parce que c’est ce dont j’ai besoin actuellement. Me calmer les nerfs, qui sont en pelotte à l’heure actuelle et en calmant cette colère, mes douleurs physiques ne devraient que mieux s’en porter.

C’est lorsque Louka avait le regard rivé au sol que j’réalisais que j’avais peut-être dit quelque chose de mal, quelque chose qui lui faisait mal. Ça l’étonnerait que sa mère l’aide. Évidemment. J’me retiens pour ne pas lever les yeux au ciel parce qu’il poursuit. Son regard en disait long. Sa mère était décédée et cette fois j’allais plus le faire chier. « J’suis désolé. J’savais pas, mais j'sais ce que ça fait de perdre un parent. » admis-je alors tristement. En attendant, je m’isolais pour tenter de repanser ces plaies. Louka s’excuse. Je hausse les épaules doucement, comme si c’était déjà oublié. Je n’étais pas un être de rancune. Je croyais profondément en la bonté des gens, enfin... Dans certaines situations. Il s’ouvre et se confie à moi en me disant qu’il pouvait peut-être m’aider et je secouais la tête négativement. « T’en fais pas, ça ira. » J’aurais bien voulu avoir ma trousse de premiers soins pas trop loin, mais non. C’pas si simple. J’réalisais que malgré tout, il avait répondu à ma question. Vaguement, mais il y avait répondu. « Et t’insupporter toi-même te pousse à te mettre en danger? » J’suis pas certain d’y comprendre le lien. Quoi qu’en même temps, je cherche probablement où il n’y a rien à chercher.