Long time no see (Emby)

Emrys est extrêmement vieux jeu et aurait sûrement dû naître il y a cinquante ans, même s’il n’est absolument pas pour l’asservissement de la femme ou ce genre de choses allant à l’encontre de la liberté. Ruby lui explique que si elle veut divorcer c’est justement pour un jour pouvoir faire un vrai mariage, un mariage d’amour. Même si c’est un type borné aux principes datant de plusieurs dizaines d’années, Emrys peut tout de même se montrer compréhensif. Ce n’est pas un monstre sans cœur. Justement il a un grand cœur qui a été détruit il y a plusieurs années maintenant. Il se contente de hocher la tête, compréhensif.
Soudain, après lui avoir dit de ne pas s’en faire pour lui, Ruby s’énerve ou alors tente de se montrer dure et lui dit qu’elle s’inquiète pour lui et qu’il a intérêt à lui dire ce qu’il y a. Emrys est surpris de ce changement de comportement et fait une tête étonnée. Il n’en reste pas moins droit et calme. Il a appris à rester très calme dans la plupart des situations. Par exemple même si le mariage de Ruby ne lui plaît pas, il n’a pas haussé le ton au quoi que ce soit. Il arrive à rester très calme. « Il n’y a pas grand-chose de nouveau depuis deux ans. » ce qui est vrai. Il est toujours triste, toujours pour la même chose. La seule nouveauté est qu’il a commencé à noyer son chagrin dans l’alcool.

Avec Emrys, ça a toujours été moi qui parlait et pas l’inverse. Il se confie rarement et j’ai essayé de l’épauler comme je pouvais à la mort de sa femme. Certes, je vivais parmi les paillettes mais je restais la même. Une empotée qui aimait faire de la cuisine et une grosse timide qui ne tenait pas l’alcool. Je savais que je pouvais me confier à lui bien qu’il soit un peu trop moralisateur à mon goût. Cependant pour le faire parler, c’était une autre paire de manches. Je le fixe en fronçant les sourcils avant d’attraper ma tartelette que je fais tourner entre mes doigts. « Eh bah maintenant il y a quelque chose : moi. Et je vais te remuer un peu. Il va falloir que tu m’en apprennes un peu plus sur l’Australie histoire que je ne passe pas pour une nunuche sur le tournage. » Je lui offre mon sourire le plus éblouissant avant de passer une main dans mes longs cheveux raides comme des baguettes. Il ne voulait pas parler. J’allais le forcer. Comme d’habitude quoi.

Ruby c’est la cousine qu’il adore mais quand il la voit il ne peut pas faire comme avec ses amis, les laisser parler, écouter leur vie et lui se taire. Elle le force à parler et même si ça serait bon pour lui d’évacuer tout ça, il déteste se confier et encore moins lorsqu’on l’y oblige. Elle lui annonce qu’elle va le remuer et que maintenant qu’elle est là, elle ne compte pas le lâcher. Super ! D’un coup Emrys a envie de prendre ses jambes à son cou et de s’enfuir. Heureusement elle lui parla ensuite de quelque chose un peu plus dans ses cordes : l’histoire et la géographie. Là dessus il n’y a pas de soucis, il peut en parler. « Je te dirais tout ce qu’il faut savoir. » répondit-il avant de manger un morceau de tarte. Elle est délicieuse et il en profite pour changer de sujet. « Je crois que le talent pour la cuisine est un truc de famille. » Il adore cuisiner et n’est pas mauvais pour ça, Nev lui a même demandé de l’aider pour impressionner son copain.

Deux ans. Je n’en revenais pas qu’on ne s’était pas vus depuis deux ans. Je suis pourtant quelqu’un qui est proche de ses amis, de sa famille mais avec Emrys, ça a toujours été un peu délicat. Je savais qu’il avait perdu beaucoup et s’était pas mal renfermé sur lui-même. Ce qui est dommage car c’est vraiment quelqu’un de super. Mais après, je le comprenais. Je ne dirai pas que je vivais sa peine parce que je n’ai jamais perdu personne mais je le comprenais. Je le regarde avec un petit sourire tandis qu’il m’affirme qu’il allait me servir de guide. « Faudra que tu me fasses visiter Bowen. » J’éclate doucement de rire avant de rougir à son compliment. « Pour une fois que je n’y ai pas laissé un doigt. » Ma maladresse et moi, c’est assez étonnant même. Je regarde ma montre avant de me lever. « Bon, je dois y aller mais si tu veux on peut se revoir quand tu veux. » Je dépose un baiser sur sa joue avant de passer une main dans mes cheveux. « Tu m’as manqué. Vraiment. »