don't let this feeling fade (Chasuby)

J’étais dans la caserne à régler encore des papiers concernant le départ hâtif de mon jumeau. J’pouvais pas croire que des mois plus tard, on en parlait encore. J’ressortais du bureau plus qu’exaspéré alors qu’on m’avait encore proposé un poste à l’administration en attendant que je revienne définitivement dans la caserne. Ce n’était pas étonnant que depuis mon accident, on me laissait du côté administratif. J’allais m’installer dans la salle de repos la tête lourde où je regardais les informations sans rien écouter réellement. Je songeais à l’avenir. Je pensais à Lou, à Aisling, à Josh. Et putain que c’était le bordel. Une voix me sort de mes rêveries. « Coucou Cha... Chase... tu ... tu ... tu as deux ... deux minutes? » Je lui faisais un grand sourire à mon tour et je hochais la tête. « Oui, j’ai encore deux mois à passer dans l’administration. Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Ruby, c’est bien ça? » J’avais une mémoire eidétique et pour moi, c’était facile de me souvenir de son nom, comme de tous les noms d’ailleurs. J’invitais la rouquine à prendre place avec un signe de main.

Elle s’assoyait sagement et elle souriait timidement alors que j’ignore ce à quoi elle pense. Je lui rends néanmoins son sourire. « Exact. » avait-elle confirmé. Mais je n’avais pas eu besoin de confirmation, je le savais point à la ligne et c’était tout. Elle me disait qu’elle allait rentrer pour les fêtes, j’étais heureux pour elle. Ce n’était pas mon cas. Et un truc, un cadeau? Je ris doucement et lorsqu’elle me tend la boîte de chocolats, je lui souris de plus belle. « Tu rentres loin? » que j’demande gentiment pour la faire parler et par curiosité. « Profite-en bien, dans tous les cas. » J’ouvrais la boîte de chocolat que je lui tendais par politesse en premier parce que sans quoi j’allais tous les bouffer avant même de les avoir regardé. « C’est très gentil, merci beaucoup. Tu en veux? » Une femme n’est pas sensée résister à l’appel du chocolat, ni elle, ni une autre. En attendant, j’devais rectifier le tir sur quelques aspects. « Mais je tiens à clarifier deux choses; tu n’es pas un danger ambulant. Et tu devras faire attention en 2017, parce que je quitterai le monde des pompiers. » C’était à croire que le monde administratif ne me convenait pas, mais au-delà de tout ça, il y avait la médecine.

Elle m’annonçait qu’elle rentrait en Écosse. « Woah! » soufflais-je donc, c’était loin. La rouquine détaillait en me disant qu’elle partait au mariage de Lily. « On devrait s’y voir. » lui dis-je avec un petit sourire. Ouais, c’était moi l’idiot qui avait flashé sur elle et qui lui avait offert ma semence si jamais elle apprenait qu’elle était stérile. Enfin bon... Je tentais de chasser ce souvenir de mes pensées alors que Ruby détaillait davantage concernant sa petite sœur alors qu’elle déclinait l’offre de chocolat. « Tu prépares ton estomac des jours d’avance? » Questionnais-je avec un sourire au coin des lèvres, un sourcil arqué. Je retendais la boîte de chocolats vers elle. Puis, elle s’exclamait, me faisant presque sursauter quant à mon orientation de carrière. « Je t’aiderai à partir de l’hôpital, je veux devenir médecin. » lui confiais-je alors. Elle remarquait néanmoins ce regard triste que je portais depuis quelques temps maintenant alors qu’elle me disait que j’avais des problèmes de filles. Ça se voyait tant que ça? Je détournais le regard quelques instants en soupirant. « J’sais plus trop où j’en suis avec une fille. Elle va à gauche et à droite, alors que j’ai d’yeux que pour elle... Que j’voudrais plus et qu’elle le sait. J’vais devoir passer à autres choses et j’ai un peu l’cœur... » J’osais pas dire le mot brisé, parce que ça voulait dire que j’allais devoir l’assumer et j’étais loin d’être prêt d’admettre qu’il y avait maintenant deux filles sur cette planète qui m’avait détruit. « Enfin, c’pas dramatique et j’devrais pas te parler de ça, ça doit t'ennuyer. » Dis-je simplement en haussant les épaules. Elle avait lu en moi comme dans un livre et ça m’avait très clairement déstabilisé.

« Pourquoi on n’irait pas ensemble? » J’y songe quelques secondes et je laisse l’air sortir de mes poumons, tel un ballon. C’était si soudain et pourtant, ça me semblait être opportun. Je la regarde rougir et ça amplifie mon sourire. Elle s’assurait de m’offrir le coup et je devais y penser. Parce qu’il y avait les études de médecine aussi bientôt. Mais je me doutais que ça lui ferait du bien à elle, autant qu’à moi. Elle prend finalement un chocolat en me disant que sa mère cuisinait trop. Je fronçais les sourcils, un peu amusé. « Et tu vas me présenter comme le pompier qui bouffe sans cesse et qui te garde en vie en Australie? » Questionnais-je de plus belle avec un sourire amusé aux lèvres. Je l’ignorais encore, mais que par ces questions, j’approuvais notre départ vers l’autre continent. Ruby se surprend par mes intentions. « Pas tant que ça. » soupirais-je doucement. Je me frottais la tête. « Mais ça, c’est une longue histoire, si ça t’intéresse. » Je savais que la conversation allait se détourner vers mes capacités et ça m’angoissait légèrement. D’un côté, Ruby devrait bien le savoir un jour ou l’autre. La rouquine poursuivait en me disant que ça ne l’ennuyait pas. Elle me disait que son expérience était réduite à néant et j’arque un sourcil. « C’est naze. Et ça m’embête de te dire ça, mais j’ai été ce genre de type. Avant Aisling. » Que j’soupire doucement. Ouais, mon ex qu’elle avait effrayée, cette fille qui ne comprenait pas les signaux du : ‘C’est terminé. Get over it.’ « Mais j’suis sincèrement désolé, Ruby. Pour tous ces connards qui savent pas c’qui veulent. Et qui te donnent pas ce que tu mérites, au final. » Voilà un Mea Culpa, pas à la bonne fille. Mais laquelle était la bonne au final? La rousse me suggère de la rendre jalouse et j’esquisse un sourire qui s’agrandit alors qu’elle poursuit clairement son patinage. J’allais pas la rendre plus mal à l’aise avec ce que j’allais lui demander. Un éclair de génie me parcourait. « T’as pas envie de m’aider pour faire ça? » Questionnais-je avec un léger sourire en coin, les yeux pétillants. « On part en Écosse quand tu veux. » Voilà qui rendait le tout beaucoup plus simple.

Je ris doucement à ses mots. Sa sincérité me fait du bien et pour une fois que j’peux mettre les mots sur quelque chose, ça me fait du bien. Elle ajoute sexy pompier et j’rigole. « Attends pas que ta mère et moi finissons dans un lit. » que j’la taquine de plus belle. Ruby me confie qu’elle a du temps. Très bien, j’me doute qu’elle ne lâchera pas le morceau si facilement. J’sais pas par où commencer et j’touche mes cheveux maladroitement. « En fait... On a toujours des attentes envers les gens. Peu importe ce qu’elles sont. On attend qu’une mère prenne soin de son enfant, on s’attend à ce que les hommes soient des gentleman et fassent les premiers pas, on s’attend à ce que le Premier Ministre soit à la hauteur de sa tâche, qu’il se tienne loin des racailles. Bref... » Ok ouais, c’est un bon début d’expliquer ça de cette façon là. « Au même titre qu’on s’attend à ce qu’un enfant prodigue qui retient tout réussisse sa vie dans un métier prestigieux comme politicien, professeur d’université, ambassadeur, ingénieur, chirurgien, médecin... » Je la regarde puis je baisse le regard. « Ça s’appelle une mémoire eidétique. Et forcément, on s’attend à ce que les gens réussissent, fassent ce genre de métier. J’ai défié le destin en étant pompier. » J’ris un peu. Ruby poursuit en me disant qu’elle s’en moquait bien. Je lui faisais un demi-sourire reconnaissant.

À ma question, elle semble hésiter et me dit que personne ne me prendra au sérieux. Je ris doucement et je m’approche d’elle. Je passe mon bras autour de sa taille et je me penche lentement vers elle et je l’embrasse pour faire taire toutes ses remarques. « Tu es superbe. » Voilà la bonne façon de la faire taire, mais c’est plus fort que moi. « Et tu embrasses bien, t’as pas à t’en faire. » Je lui adresse un clin d’œil confiant. Puis, on parle de sa famille. Elle me parle de sa mère, de son père et j’souris, curieux d’en savoir plus. « Et ta petite sœur, elle? » Questionnais-je.

Elle me dit que sa mère aime son père et ça me fait sourire. Parce que ça donne l’illusion de la famille non-parfaite que j’aime. La même illusion que j’avais, il y a de cela quelques années avec ma mère, mon père, mon jumeau et ma sœur. Ça me faisait une boule chaude dans l’estomac sans même que j’puisse dire pourquoi. Ruby compare le tout avec le comment sa vie a tourné. Je secoue la tête négativement. « Initialement, je voulais pas devenir médecin. J’ai suivi mon frère, j’ai fait toutes les mêmes âneries que lui. Puis, il y a eu autre chose... Et aujourd’hui c’est différent. » Je voulais pas entrer dans cette conversation concernant Alana. « Mais quand toi-même, tu sais pas ce que tu veux, qu’est-ce que tu fais? Parce que tout le monde a brouillé les ondes radio. » J’apprécie sa présence, ses gestes.

Alors que je l’embrasse et qu’elle prolonge elle me remercie à la suite et j’y pige plus rien. Cette fille est un mystère. « Merci?! » que j’questionne de plus belle sans trop comprendre. « Inné? J’vais définitivement devoir tester ta mère. » Je lui adresse un nouveau clin d’œil, définitivement amusé. J’devine rapidement que sa sœur est un sujet tabou. Je hoche la tête, empathique. « Je suis désolé. » admis-je platement. Elle n’aimait pas en parler et c’était compréhensible, j’avais moi-même chassé le sujet d’Alana d’un revers de main quelques minutes plus tôt. « Oh tu sais, j’vais aussi devoir tester le super bon coup au lit. » Je lui adresse un clin d’œil, suivi d’une grimace. « J’sais pas, ça fait quoi des amoureux? » Questionnais-je. « Avec elle, on pratiquait les langues. J’lui apprenais la langue des signes et j’apprenais l’espagnol. On faisait autres choses aussi, mais pour tes chastes oreilles je vais t’épargner. » Je réalisais qu’on ne faisait pas grand chose d’autres avec Aisling. « J’cuisinais pour elle, j’le ferai pour toi. » commentais-je avec un petit sourire. « Mais on peut trouver nos trucs... » Je hoche la tête positivement avec un sourire.

« Tu parles par énigme, mais je vois. » « J’en ai pas l’habitude. » Admis-je alors que je croyais être plutôt clair dans mes explications. Quoi que j’devais peut-être être nébuleux pour quelqu’un qui me connaissait modérément. Elle admet alors qu’elle aurait fuit. Je me contente de hocher la tête parce que c’est exactement ça. Ça et prendre soin de mon frère, mais bon... On repassera pour le deuxième point. Ruby m’explique de plus belle ce qu’elle fait. Divorcer? Mes yeux s’agrandissent. J’allais la questionner, mais elle s’ouvre comme un livre. J’ris doucement. « J’suis surpris d’être avec une femme mariée... » En fait, oui et non. J’avais déjà eu affaire avec une MILF, mais là, la femme mariée de la vingtaine c’était très clairement une première.

« Aaahhh! Bah de rien. » dis-je simplement avec un sourire. Elle me menace avec sa mère et je ris doucement. « Essaye de m’en empêcher. » Je la taquine sans cesse et ça m’amuse. La rouquine se colle à califourchon sur moi, me retirant tous les mots de la bouche ou juste rester silencieux. « Woah. » que j’arrive à souffler. J’vais devoir faire attention parce que j’sais que j’pourrais facilement déraper avec la rousse, mais pourtant j’ai du respect pour elle. J’m’amuse à lui tendre des perches, mais j’vais devoir être responsable. Ses amants ne se sont jamais plaints, ça devient difficile là. « On verra bien. » J’lui adresse un clin d’œil, me remémorant mes épisodes Fifty Shades. « Les joies de la vie sexuelle, hein, c’est ça? » Elle perd sa timidité et ça me plaît. Elle me dit qu’elle adore le dessin et la musique. Et la danse. Je réfléchis quelques instants. « On pourra sortir en boîte même si j’danse pas si bien... Le dessin, je peux strictement rien pour toi, j’suis navré. Mais pour la musique, on trouvera quelque chose. » Ruby s’enchante alors que j’parle de lui faire à manger alors qu’elle m’explique qu’elle bouge tout le temps. « T’as déjà essayé les sports extrêmes? » que j’lui demande les yeux brillants. Elle aime les bêtes alors que j’les déteste, bordel. « Elles sont sympa les bêtes, mais dans leurs habitats naturel. C’est-à-dire, pas chez moi. » Ce que ça avait fait comme drama avec Aisling. Puis elle ne s’arrête pas en me disant qu’elle était maladroite. J’la fais vaciller de l’autre côté, lui tenant les poignets sans lui faire de mal. « Ne te fais pas trop mal, j’vais préférer m’occuper de toi d’une autre façon. » Je lui glisse un baiser furtif dans le cou pour lui mettre la puce à l’oreille. Je relâche lentement ses mains. « Mais j’vais devoir te laisser, j’ai encore un peu de boulot pour aujourd’hui. » J’grimace. Ça et j’serais dans de beaux draps de me faire coincer par les autres pompiers.