you can't constantly lie and expect people to trust you. (ft. j. callaway)

Jayson Callaway & Rosie Novas.

you can't constantly lie and expect people to trust you.

La vie est belle à proportion qu’elle est féroce. Qui que soit la personne qui a proféré ces mots, il avait du bon sens et Rosie ne pouvait que lui donner raison. Elle aurait pu prétendre à une vie stable et parfaitement conventionnelle, mais le destin s’était détraqué, crachant son lot d’incohérences au visage de la biche effarouchée. Hier, elle était encore Elvia Donovan infirmière bien sous tous rapports. Aujourd’hui, elle n’était plus qu’une ombre, assez importante pour qu’on la souhaite en vie, mais qu’est-ce que la vie lorsqu’on doit exister dans la peau de quelqu’un d’autre ? Question en suspens qu’elle se posait chaque matin.

Rosie Novas était une inconnue, un ensemble abstrait qui n’avait aucun sens. Mais au moins, elle n’avait pas de problème, pas comme cette gourde d’Elvia. Qu’est-ce qu’il lui avait pris, cette nuit-là, d’accepter de soigner ce criminel, de lui ôter avec minutie cette foutue balle enfouie dans son postérieur ? Chaque chose arrive à point nommé, il aurait dû mourir ce soir-là. Mais elle n’avait jamais pu refuser quoique ce soit à Jake et ses grands yeux océan. Il l’avait imploré d’aider cette canaille et elle l’avait fait.

Mais à en écouter les enquêteurs, son témoignage dans toutes cette affaire était une aubaine, permettant de prouver non seulement l’implication du gang dans l’assassinat de ces policiers, mais aussi de remonter un réseau important, dépassant bien le stade de la petite bourgade de Tucson où elle habitait. Et après avoir eu sa part de responsabilité à sa façon, elle voulait aider et si sa parole pouvait permettre d’éradiquer la violence et les armes, elle était prête au sacrifice. Eu a diable Jake, qu’il aille se faire voir. Elle le détestait de tous ses choix, de s’être foutu en l’air avec tant de ferveur.

Et elle avait atterri ici, à Bowen, vouée à se fondre dans la masse dans l’attente d’être auditionnée. Et après ? Rosie savait bien que cette affaire ne se terminerait pas aussi vite qu’elle avait commencé. Elle devrait trainer ses démons avec elle, aussi insidieux que cette sensation permanente d’être surveillée. Elle était désormais une cible pour quelques entités sanguinaires, un destin peu alléchant.

Son secret, Rosie le partageait avec un certain Jayson Callaway. Il était celui qui se chargeait de sa bonne intégration en ville, sa liaison entre l’ancien monde et le nouveau. Très vite, il était devenu un repaire pour elle, qui avait découvert au-delà de l’uniforme une humanité sincère qui l’animait. Ils se voyaient régulièrement, dans le plus grand secret, et c’était ces instants de vie éparses qui arrivait à garder la jeune femme maitresse d’elle-même. Vivre dans le mensonge permanent la rongeait assez pour qu’elle ait besoin de lâcher prise auprès de quelqu’un qui la voit telle qu’elle est réellement.

Ce jour-là, c’est elle qui provoque la rencontre, pour une raison bien précise qu’elle dévoilera à l’arrivée du préposé agent de police. Rosie a choisi le elm street, un bar assez fréquenté pour passer inaperçu au milieu du brouhaha. C’est là qu’elle attend, attablée au fond de la salle de l’institution de Bowen, guettant l’entrée du bar discrètement.

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Jayson Callaway & Rosie Novas.

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Rosie ne patienta pas bien longtemps. Très vite elle distingua la silhouette athlétique de Jayson qui venait de s’engouffrer dans le bar, sillonnant de ses grands yeux clairs le lieu avant de distinguer finalement celle qu’il était venu voir, s’avançant sans se faire prier vers elle. Pour sa part, la jeune femme restait stoïque, attendant qu’il arrive à sa hauteur sans un mot. Si elle l’avait dépêché de manière aussi impérative – elle s’était permise de ne pas lui laisser le choix – ce n’était pas pour un rendez-vous habituel de courtoisie. Rosie voulait aborder un sujet en particulier qui lui tenait à cœur.

Mademoiselle Novas, il vous sera formellement interdit de chercher de quelque manière que ce soit des compléments d’informations sur l’enquête en cours. Votre contact en Australie sera votre seule liaison avec nous, vous ne devez pas chercher par vous-même, vous devez oublier est-ce que je suis assez clair ? La voix de l’agent n’avait guère laissé de place à la controverse, de ce genre de timbre acéré émanant d’un homme habitué à donner des ordres respectés à la lettre. Alors Rosie avait acquiescé sans renchérir quoique ce soit. Mais c’était sans compter sur sa curiosité naturelle, qui une fois lâchée en pleine nature à Bowen n’avait pas pu s’empêcher de faire des siennes.

Ainsi avait-elle découvert au détour d’un site internet d’informations en Arizona que trois des membres du gang qu’elle allait incriminer étaient toujours en cavale et introuvables. Une information qui ne manqua pas de lui glacer le sang. Parmi eux, il y avait Jake, mais aussi l’une de ses canailles qui répondait au pseudonyme du Baron Rouge. Ce nom de scène annonçait la couleur dans tous les sens du terme, c’était bien le chasseur de primes de la bande et donc le plus dangereux de la meute. Et il était libre, et introuvable. Il y avait de quoi être profondément rassuré. Et cette information, somme toute fondamentale, personne ne la lui avait communiquée. Et maintenant elle était paniquée et très en colère.

Rosie avait minutieusement préparé l’entrevue. Quand il s’assoit, je sors l’article, je lui dis d’aller se faire foutre et je quitte le bar. Evidemment, rien ne se passa comme elle l’avait prévu. Alors que Jayson s’asseyait, lui adressant un sourire désolé et la saluant avec toute sa douceur et sa cordialité habituelle, elle n’eut plus le cran de jouer à la dure-à-cuire. Elle l’appréciait trop pour cela. « Tu es pardonné, installe-toi je t’en prie. » Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, une serveuse s’avança vers eux afin de prendre leurs commandes. Rosie demanda une bière avant de laisser la jeune femme s’éloigner, et de reporter son attention sur l’agent de police.

« Cette semaine s’est plutôt bien passée… Jusqu’à hier. » Dit-elle simplement, en sortant de sa poche l’article qu’elle avait imprimé. D’un geste discret, elle le glissa sur la table jusqu’à Jayson. « As-tu une explication ? Ok, je sais ce que tu vas dire, je n’étais pas sensé chercher par moi-même ce genre de choses. Mais tu comprendras qu’après avoir découvert qu’un quart de ceux qui me veulent mortes sont toujours dans la nature, j’ai plus envie de me lapider moi-même plutôt que d’attendre sagement ici que quelqu’un le fasse à ma place ! » Ajouta-t-elle d’une voix plus basse, mais d’un ton fiévreux, ses grands yeux sombres fixant avec intensité l’homme qui lui faisait face.

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