#39 let's dance + lorenzo

Cela faisait quelques semaines que Lorenzo avait emménagé dans le petit appartement de Callie. Enfin pas si petit que ça puisqu'ils y vivaient tous les deux, voire même presque à quatre avec son golden retriever et puis Jake qui prenait un peu plus ses aises dans l'appartement. Mais ça n'avait pas trop l'air de déranger son coloc italien. Ou alors il ne le montrait pas. Parce que Lorenzo avait l'air d'être quelqu'un de cérébral, de ne pas tout extérioriser, et de pas mal réfléchir. Mais grâce à cela, elle avait déjà eu de belles discussions avec lui, et c'est comme ça que la colocation avait vraiment débuté, avec de beaux échanges.
Ce soir, c'était Callie qui était aux fourneaux. Et elle avait vraiment envie de se dépasser niveau cuisine. Pour se faire plaisir, mais surtout pour se vider la tête et déverser toute sa frustration dans leurs assiettes. Lorenzo n'était pas encore rentré, il devait encore être à son atelier. Alors elle s'était laissé allée, le dernier album de Beyoncé en fond sonore, pied nus, se déhanchant et chantant sur la musique tout en jonglant entre les poêles et les cuillères en bois, complètement dans son monde, coupée de tout, bercée par la bonne odeur qui commencait à s'échapper de ses préparations. All night long, sweet love all night long.

Tu en avais eu marre de vivre seul, ton frère s'était envolé pour Bowen et lorsqu'il avait débarqué tu pensais qu'il resterait un moment chez toi mais au lieu de ça il avait déjà tout planifié, en ayant trouvé son logement avec une colocation. Autant dire que tu ne supportais plus de vivre seul. Tu avais hésité à inviter quelqu'un chez toi mais au fond ton logement était assez petit. Le mieux était que tu déménages, tu n'avais rien à part une valise remplie de vêtements en plus. Pour ce qui était de ton travail, tu avais tout dans ta boutique, parce que c'était toujours assez délicat et même si tu n'invitais pas souvent du monde, ça pouvait déranger. Puis un beau jour tu avais trouvé l'annonce de Callie, tu avais appelé, visité et la chambre était vite devenue la tienne. Cela faisait deux mois maintenant que vous cohabitiez. Elle était assez gentille, douce et très mignonne mais elle ne t'intéressait pas pour autant. D'autant plus qu'elle avait quelqu'un dans sa vie, il passait assez souvent mais ça t'était assez égal. Ce soir tu terminais la commande d'une cliente avant de rentrer chez toi. Ce n'était pas pressé de toute façon Callie serait sûrement avec Jake alors elle ne t'attendait pas pour dîner. Quoiqu'il en soit, après avoir travaillé une heure de plus, tu décidais de rentrer chez toi. Tu prendrais un repas rapide et tu terminerais la série policière commencé en début de semaine. « C'est que ça sent bon par ici ! » ajoutais-tu en passant la porte d'entrée. Callie avait dû passer quelques heures aux fourneaux mais ça sentait délicieusement bon, pour une fois tu avais vraiment hâte de passer à table. Tu filais dans la cuisine pour la saluer, remarquant la table dressée pour deux. « C'est pour moi ou pour l'grand brun ? » C'était une question légitime après tout.

Tellement concentrée par ce qu'elle faisait dans la cuisine histoire de ne pas recommencer de bêtises comme avec Jake, et tellement portée par la musique, Callie n'avait même pas remarqué que Lorenzo était rentré, sa voix probablement couverte par le bruit de la hotte et la musique. Alors quand il débarqua dans la cuisine elle sursauta et lâcha sa cuillière sur le sol. « Et merde, mais tu m'as fais peur ! » Elle se baisse pour ramasser ce qu'elle avait fait tomber avant de la jeter dans l'évier pour en prendre une autre. « Quand est ce que tu te décideras à ancrer son prénom dans ta tête ? » Elle secoua la tête amusée. Il n'avait pas tord, c'est vrai que Jake aurait pu être là ce soir mais il avait du boulot, surtout avec les mariages en ce moment, il était beaucoup demandé. Tout en baissant le son sur son enceinte, elle daigna enfin répondre à Lorenzo, sur un ton un peu cynique. Mais elle aimait bien le taquiner elle aussi. « Au risque de te décevoir on sera que tous les deux ce soir ! » Mais c'était pas plus mal. Parce que ça faisait un petit moment qu'elle n'avait pas passé une soirée tranquille à la maison avec lui. Et elle espérait que cela faisait autant plaisir à son coloc que cela lui faisait à elle. « Tu veux savoir ce qu'on mange ou ça sera la surprise ? » lui lança-t-elle fière de ce qu'elle avait préparé. Enfin surprise, pas forcément tant que ça vue l'odeur qui se dégageait des plats. Mais on pouvait toujours espérer.

« Pardon. » Certes tu avais souris intérieurement en la voyant sursauter ainsi mais ce n'était pas amusant d'autant plus que ça pouvait être une situation dangereuse et source d'AVC. Tu aimerais autant éviter d'en arriver là ce soir, tu n'avais pas envie de te trouver une nouvelle colocataire alors que tout roulait ici. « Je trouve que grand brun lui convient parfaitement  » Après tout ce n'était pas ton ami, tu ne le côtoyais pas plus que nécessaire, son nom n'avait donc aucune importance pour toi. Peut-être qu'à l'avenir tu changerais d'avis mais ce n'était qu'une hypothèse. Et pour peu que ça se termine entre eux ça t'aurait servi à rien de le savoir sur le bout des doigts. « Je pourrais même croire que tu m'dragues » Une situation qui paraissait moins enchanteresse pour toi. Tu aimais beaucoup Callie, dès le départ tu t'étais bien entendu avec elle. Ce n'était pas la première fille avec laquelle tu n'avais pas envie de coucher mais ça permettait d'avoir une certaine stabilité dans votre colocation. Tu étais de ceux qui ne croyaient pas vraiment à l'amitié homme-femme parce qu'il y avait toujours l'attirance au bout d'un moment. « J'adore les surprises et rien qu'à l'odeur je sais qu'on va se régaler. » Tu t'étais approché des fourneaux pour jeter un coup d’œil rapide avant de détourner les yeux. Tu ne voulais pas gâcher la surprise après tout et c'était drôle de deviner, toi qui aimait cuisiner, tu faisais travailler ton palais et en plus Callie savait y faire. « As-tu besoin d'aide pour quelque chose ? » demandais-tu simplement en jetant un coup d'oeil aux alentours où tout semblait être prêt. Elle n'avait vraiment pas fait les choses à moitié. Tu n'étais pas certain que tout le monde puisse dire pareil de son colocataire.

« Si ça te fait plaisir, continue, t'es trop têtu dans tous les cas tu sais. » Mais bien sûr qu'il le savait, elle était même sûre qu'il prenait même plaisir à l'embêter un peu sur ce point là. Mais finalement c'était ça qui faisait Lorenzo et elle l'adorait comme ça. Et sa prochaine pique ne manqua pas de faire soupirer Callie et lever les yeux au ciel. « Ouh la, aucun risque tu sais t'es bien trop italien pour moi. » Et hop, un partout. Elle avait hésité à lui envoyer un pique sur son âge mais Jake avait seulement deux ans de moins que lui et son argument serait tombé à l'eau, et elle voulait à tout prix avoir le dernier mot ! En fait, elle ne s'était jamais posé la question d'une possible ambiguïté dans leur colocation. Elle avait toujours été proche des garçons de part les potes de son frère principalement et puis, il y avait Jake en ce moment alors elle ne s'était vraiment pas posé la question. Et Lorenzo aparemment pas non plus, d'où la colocation du bonheur pour le plus longtemps possible, on espère en tout cas ! Dans tous les cas, Lorenzo avait l'air heureux d'être rentré pour manger. « Non, non c'est presque prêt, mais va t'asseoir et ferme les yeux, je t'amène le repas du coup ! » Elle avait vraiment envie de s'amuser ce soir et essayait de mettre Lorenzo dans le même mood qu'elle pour qu'ils passent une bonne soirée. « Ah si, va d'abord choisir une bonne musique pour ce soir, mais pas du jazz steuplait ! » Pas qu'elle n'aimait pas le jazz mais pas ce soir c'est tout, ça n'allait pas dans sa vision de soirée détente, c'est tout.

La soirée s'annonçait assez bien, tu venais de rentrer, Callie jonglait dans la cuisine et ça sentait vraiment bon. Tu étais vraiment impatient de passer à table, impatient de passer une soirée à parler avec elle, à l'entendre te raconter ses journées, ses anecdotes sur le boulot et peut-être un peu de Jake puisqu'il était évident que leur histoire devenait sérieuse. « Je ne suis pas têtu. » Rien qu'à l'annonce de ses quelques mots, tu semblais prouvé le contraire. Tu avais pris l'habitude de l'appeler le grand brun et tu étais quelques peu con quand il s'agissait de bousculer tes habitudes. « On est jamais trop italien. » Tu connaissais les clichés qui étaient véhiculés sur les italiens, tu t'en moquais à chaque fois. Ton père était un cliché ambulant, il avait tous les stéréotypes en lui. Mais toi, tu ne l'étais pas. Tu n'étais pas macho, tu ne mettais pas un pot entier de gel dans tes cheveux et tu ne mangeait pas que des pâtes ou des pizzas. « Très bien, chef ! »  Mais avant même que tu aies le temps de tirer ta chaise pour prendre place, elle te demandait de mettre de la musique. « Pas de jazz, c'est noté. » Tu filais dans le salon pour trouver quelque chose à mettre. Tu aimais le jazz et c'est vrai que tu en écoutais assez souvent. C'était une musique qui te relaxait mais tu étais capable d'apprécier autre chose, optant pour quelqu'un chose d'un peu rock. « Ça te convient ? » demandais-tu en revenant dans la cuisine, prêt à t'installer cette fois.

Elle savait très bien que niveau mauvaise fois, Lorenzo faisait partie des maitres en la matière. Et en même temps, cela l'amusait aussi. Comme un petit jeu entre eux, toujours celui qui aurait le dernier mot. Mais malgré tout, cela ne la dérangeait pas de la laisser avoir raison. De temps en temps bien entendu. « Bon j'avoue, tu restes quand même le plus gentil italien que je connaisse. » Et peut être un peu parce que c'était le seul. En même temps des italiens ça ne courrait pas les rues à Bowen. Tout comme les anglais en fait. Parfois son pays lui manquait. Mais Bowen avait tellement à lui offrir qu'elle oubliait bien volontiers son métro et ses immeubles londoniens. Pendant que Callie ajoutait sa touche secrète dans ses plats Lorenzo avait été mettre de la musique. Bon ce n'était pas du Beyoncé mais pas du jazz non plus ! Et cela ferait très bien l'affaire. « Nickel maestro ! Vas t'installer maintenant ! » Une fois qu'il était hors de vue, elle commenca à dresser les assiettes en donnant même une petite touche de déco. Quitte à faire les choses bien, autant y aller à fond ! Alors elle se faufile derrière la chaise de Lorenzo et vient déposer son assiette devant lui avant de venir s'installer juste en face. « Surprise du chef, j'espère que ça va te plaire ! » Parce qu'elle n'avait jamais passé autant de temps et eu autant de plaisir à cuisiner en fait. Ce n'était peut être pas des plus compliqués, mais elle avait fait au mieux et essayé de soigner les détails.

Tu n'étais absolument pas de mauvaise foi. Tu avais décidé de l'appeler d'une certaine façon et tu ne pouvais pas en démordre parce que tu étais le genre de garçon à vivre avec des habitudes de vies et qu'une fois qu'elles étaient implantées, tu ne voulais plus en changer. Tout comme l'appeler l'grand brun au lieu de Jake. Tout comme écouter un air de jazz avant de t'endormir. Tu avais forgé tout un tas d'habitude qui faisait que ta vie roulait bien. Et quand ça n'allait pas dans ton sens, tout partait en vrille et tu en perdrais presque la tête. Tu avais mis un air de rock, tu ne savais pas le danser sinon tu aurais pu le proposer à ta colocataire, mais elle t'ordonnait de t'installer à table. Tu t'y rendais sans piper mot, après tout elle avait du passer un bon moment à cuisiner, elle ne voulait sûrement pas manger froid. Tu te posais et dans la seconde qui suivait, elle était derrière toi, à poser ton assiette sous tes yeux. « En tout cas, visuellement c'est beau et ça sent bon. » Tu en avais déjà l'eau à la bouche. Vous ne preniez pas assez le temps de vous faire des repas tous les deux. En partie parce que vous emplois du temps n'étaient pas très concordants, soit elle travaillait de nuit, soit tu restais jusqu'au petit matin dans ton atelier quand tu étais lancé sur une naturalisation. Puis parfois il y avait Jake et là tu t'effaçais, pensant qu'ils seraient mieux à deux. Tu n'avais pas spécialement envie de tenir la chandelle. « Je dois deviner ce qu'il y a dedans ou tu vas me le dire ? » En tout cas, tu avais vraiment hâte de pouvoir manger la première bouchée. C'était assez épicé à l'odeur que ça dégageait, du paprika, peut-être du piment. Et sûrement un peu de cumin.

A peine Lorenzo était il arrivé à table que Callie arriva avec ses assiettes. Et l'italien avait bien enthousiaste devant la sienne. Bon, cela signifiait que ses efforts n'avaient pas été vain. Tant pour la présentation que pour l'effort de cuisine. « Oh, merci pour le compliment ! » Ce n'était pas du tout cynique, c'est juste qu'elle aimait saluer l'effort. Et puis, pour une fois qu'ils se retrouvaient seulement tout les deux, pour une fois Lorenzo avait quitté son atelier il fallait bien en profiter. Et qu'elle était là et seule, il fallait bien l'avouer, elle n'était pas innocente dans toute cette absence. Mais c'était peut être aussi grâce à cela que leur colocation fonctionnait. Parce qu'ils ne se marchaient pas dessus toute la journée par exemple. Elle s'installa en face de lui, pressée elle aussi d'y goûter. « Tu te crois capable de trouver tous les ingrédients ? » Un petit air de défi. Mais elle même ne connaissait pas vraiment ce plat avant de le trouver sur internet. « Un petit indice, c'est un plat mexicain ! » Mais comme il avait dû le voir, pas des tacos ou des fajitas tous ces plats qu'on faisait un peu plus fréquemment. C'était un vrai plat. Un boeuf mexicain plus précisemment. Elle espérait vraiment qu'il soit réussit. Mais avant de goûter elle se releva rapidement allant chercher la dernière touche du repas dans la cuisine. Elle fouilla en contrebas de son armoire et ressorti une bouteille de vin blanc, la brandissant fièrement. « Avec un plat épicé il faut bien ça pour aller avec tu crois pas ? » Elle revint enfin s'installer à table pour enfin commencer à manger. Et la première bouchée lui décrocha un sourire. Elle ne s'était pas trop ratée c'était déjà ça. « Bon et sinon ta journée ? Tu t'es occupé de quoi comme bestiole aujourd'hui ? » Elle n'avait jamais été dégoûtée ou horrifiée de son travail en tant que taxidermiste, tant qu'il ne ramenait rien à la maison. Mais cela ne l'empêchait pas d'être fascinée par la précision et l'investissement que cela pouvait demander.

« Je relève le défi. » Il ne fallait pas te le demander deux fois et puis pour toi qui aimait manger et cuisiner, ce n'allait pas être compliqué. Du moins, pas aussi compliqué pour un palet non expérimenté. Tu avais des années d'expériences derrière-toi, puisque tu avais voulu devenir goûteur de plat, ce n'était pas un métier à proprement parlé, tu voulais travailler pour le guide Michelin mais finalement c'était vers le droit que tu t'étais tourné. « Mexicain ? C'est noté ! » Tu pouvais déjà retrouver des ingrédients rien qu'à la vue. Si ça avait été des tacos, ça aurait été clairement plus facile à deviner. Mais le Mexique ne s'arrêtait pas à ça et il y avait des plats qui valaient le détour. « C'est même nécessaire. » Elle se réinstallait en face de toi et tu tendais la main pour lui prendre la bouteille afin de l'ouvrir. Elle avait déjà fait tout le repas alors tu pouvais bien t'occuper d'ouvrir la bouteille et de servir vos verres. Après quoi, tu glissais ta fourchette dans ton assiette pour enfin goûter ce repas qui te donnait envie. « Il y a des poivrons, ils sont délicieusement fondants, j'adore ! Du tabasco aussi non ? » demandais-tu une fois que tu avais fini de tout avaler. Pour un premier coup de fourchette, tu étais ravi, en plus de sentir bon, c'était délicieux. Peut-être que le boeuf avait un poil trop cuit mais ça se sentait à peine et c'était une question de goût et parfois une question de viande. « Une journée relativement calme. » Tu haussais doucement les épaules en attrapant ton verre de vin. Tu n'étais pas très bavard quand il s'agissait de raconter ta journée mais tu n'allais pas t'arrêter là parce que la connaissant, elle allait essayer de te tirer les vers du nez. « Je me suis occupé d'un petit oiseau qu'une cliente m'avait apporté quelques jours plus tôt, un loriquet de Yaamba. » Tu lui donnais les détails mais tu te doutais bien qu'elle n'allait pas savoir ce que c'était, ne pas imaginer à quoi ça pouvait ressembler. Peut-être même qu'elle poserait plus de questions sur la cliente en question que sur l'animal, tu ne savais jamais ce que Callie avait en tête.

Il était vrai qu'elle faisait face à un grand gourmet. Les italiens étaient réputés pour être de fins palais et de bons cuisiniers et Lorenzo ne faisait pas exception à la règle ! Quand il cuisinait et qu'il lui laissait une part au frigo pour le lendemain elle n'était jamais déçue ! Lorenzo attrapa la bouteille de vin pour s'en occuper, histoire de mettre un petit peu la main à la patte à son tour. « Merci ! » Et puis ils commencèrent enfin à manger, satisfaite de son travail. Et la liste des ingrédients commença à défiler dans la bouche de Lorenzo. Il s'en sortait plutôt bien pour le moment. « Exact, il y a bien tout ça. Mais c'est presque une évidence pour un plat méxicain ! » Et comme Callie n'aimait pas le silence, elle enchaina sur une question concernant la journée de Lorenzo. Ils se croisaient assez peu finalement, alors chaque instant lui permettant d'en savoir un peu plus sur ce qu'il faisait, aussi curieux soit-il l'intéressait ou au moins éveillait sa curiosité. Et cette fois si, ça ne râta pas parce qu'il lui sortit le nom étrange d'un petit oiseau. Ca restait un peu étrange d'avoir un oiseau à la maison. Et encore plus de le faire empailler. Enfin elle ne pouvait pas juger. Chacun avait une relation différente avec ses animaux, aussi étranges ou originaux soient ils. « Je te mentirais si je te disais que je savais à quoi ça ressemblait. » Bien qu'elle ait déjà entendu ce nom, probablement dans une émission animalière, ce genre d'émission qui tournait en rond à l'hopital quand elle faisait des gardes mais qui n'attiraient que moyennement son attention. La vie sexuelle des insectes, ça n'avait jamais trop été son truc. D'ailleurs, c'était le genre d'animaux avec lesquels Lorenzo ne pouvaient pas travailler. Elle savait qu'on pouvait conserver des papillons dans des espèces de cadres mais elle n'en savait pas beaucoup plus sur les autres insectes. En tout cas, cela ne devait pas être du ressort de Lorenzo. Mais ça souleva une question pour lui: « C'est quoi l'animal le plus bizarre dont tu as eu à t'occuper ? Des mygales ou des trucs comme ça ça t'es déjà arrivée ?  »

Elle marquait un point. C'était d'ailleurs même la base pour un plat mexicain ou alors ça n'en était pas un. Le poivron c'était l'aliment clé. Avec les haricots, et en parlant d'haricots, tu en sentais quelques uns fondre sous ta dent. « Il y a des haricots rouges aussi, mais ça aussi c'est une évidence. Cela ressemble assez à un Chili Con Carne mais je pense que ça va un peu plus loin que ça. » Le Chili était quand même un plat mexicain par excellence, avec les fajitas. Mais connaissant Callie, ou du moins, le peu que tu savais sur elle, te laissait penser qu'elle n'avait pas juste réaliser un chili. Aussi bon soit-il d'ailleurs. Le but était sûrement de réaliser un trompe-l'oeil pour te faire penser ainsi et te dire que non. Ou peut-être que c'est toi qui allait trop loin dans ton imagination. « Avant l'autre jour, je dois avouer que je ne savais même pas que ça existait. » Tu avais beau bien faire ton métier et le faire du mieux possible pour rendre satisfaction à tes clients, tu n'étais pas non plus un vrai bestiaire ambulant. Tu n'avais pas la moindre idée de ce que cachait la faune australienne. Certes, il y avait les plus évidents avec les koalas, les chats, les kangourous, les wapitis mais il n'y avait pas que ça. Il y avait différentes espèces d'oiseaux, de rongeurs, de félins dont tu ignorais totalement l'existence. Et ce métier permettait de te familiariser à tout ça puisque tu faisais souvent de nouvelles rencontres. « Je n'ai jamais eu de mygale. Je pense que si le spécimen est assez gros pour son espèce, ça doit être possible mais je pense que ça resterait assez complexe. Après un insecte, contrairement à un animal, ça n'a pas d'organe à proprement parler. » La composition était différente, mais de ce que tu savais, il n'y avait pas besoin de les ouvrir pour les vider et les nettoyer. Peut-être qu'injecter le produit d'embaumement suffisait.

Si elle n'avait pas déjà passé toute son après midi en cuisine, un bon Chili lui aurait bien plus aussi. Elle en ferait probablement un un de ces jours pour tester maintenant qu'elle avait des bases en plat méxicain. Mais elle attendrait quand même un peu, histoire de ne pas se faire une overdose et ne plus apprécier le plat ! « Tu t'en rapproches avec le chili mais t'as raison t'y es pas encore exactement. » Elle appréciait que Lorenzo se prenne au jeu. Après tout, il avait sa journée de boulot dans les pattes et aurait très bien pu avoir envie de manger tranquillement plutôt que de se faire assaillir de questions sur son boulot. Surtout que chaque information supplémentaire que lui donnait Lorenzo faisait surgir en elle de nouvelles questions. Un peu comme une enfant qui avait soif d'apprendre de nouvelles choses. « Et tu crois que si on t'en apporterais une tu saurais faire ? Enfin surtout t'aurais pas peur ? » Pas qu'elle mettait en doute ses capacités mais une mygale c'était pas aussi attirant qu'un chat ou un chien. L'Australie regorgeait de biens plus d'insectes qu'elle ne pouvait imaginer. En tout cas une faune beaucoup plus variée que celle à laquelle elle avait pu être confrontée à Londres. Petits écureuils mignons certes mais beaucoup trop de rats à son goût aussi. Beaucoup beaucoup trop. « Ah oui t'as raison. Je crois qu'en plus les insectes on les sèche plutôt ? Y en a bien qui encadrent des papillons morts pour en mettre dans leur bureau, ça doit être le même principe. » Elle se rappelait avoir souvent vu ça dans des films mais finalement, jamais en réalité. Mais ça devait bien exister quelque part si elle avait cette image en tête. « Enfin, en tout cas, même si j'admire ton travail, t'attends pas à avoir mon chien entre tes mains un jour ! »

Callie confirmait que ce n'était pas un simple chili. Cette idée t'emballait. Tu savais que tu te rapprochais et pourtant, tu avais l'impression d'être encore à des kilomètres de la vérité. Il y avait quelque chose que tu devais lui dire maintenant. « Même si j'ai un bon palet, je ne suis malheureusement pas assez calé en cuisine mexicaine pour te dire le nom du plat ! » Et tu aurais peut-être dû commencer par là. Même si tu adorais manger et cuisiner, tu n'étais pas un grand connaisseurs sur les recettes des autres pays. Tu avais déjà pas mal à faire avec la cuisine italienne que tu pouvais décliner à foison. Tu esquissais un léger sourire après cette remarque parce que Callie semblait avoir perdue tout son entrain pour ce petit jeu gustatif. « Je ne sais pas si j'y arriverais mais je n'aurais pas peur je pense. » Tu n'avais pas la phobie des araignées. Et même si c'était le cas, elle était morte donc il n'y avait aucun risque pour toi qu'elle te pique et que tu deviennes un espèce de mutant radioactif. « Je crois que c'est ça. On les fossilise en quelques sortes. » Mais c'était en général plus beau d'encadrer un petit papillon très coloré qu'un chat. On le trouvait plus facilement mignon, on pouvait même penser que c'était un faux. Alors qu'un chat naturalisé, en général, il était vrai et c'est là que le dégoût pouvait prendre le dessus sur tout le reste. « Mais je comprends, ne t'en fais pas. » Et ce ne serait pas le genre de personne à changer d'avis. Après tout, ce n'était pas tout le monde qui aimait son chien au point de le vouloir empailler chez soi. Et il fallait encore pour ça que l'animal ait une mort décente.

Jamais en préparant le repas Callie ne s'était dit que ça finirait en jeu de devinette, mais ça l'amusait bien et Lorenzo avait aussi l'air de se prendre au jeu. Mais il fallait avouer que ce n'était pas forcément quelque chose de facile à trouver, et Lorenzo semblait donner sa langue au chat. « Tu vas être surpris, l'intitulé est vraiment tout bête. » Elle laissa quelques secondes de suspense avant de dévoiler ce fameux nom qu'elle faisait chercher depuis toute à l'heure à son colocataire. « En fait c'est un boeuf mexicain. » En tout cas, peu importait le nom, elle restait fière de ce qu'elle avait cuisiné. Mais la conversation avait dévié sur un sujet et peu moins plaisant, en l'occurrence les araignées. Mais Callie ne pouvait s'en vouloir qu'à elle même, c'était elle qui avait commencer à parler de ça. « Au moins maintenant je sais que si une sale bestiole se promène dans l'appart je t'appelerais à la rescousse. » Parce que pour le moment, c'était son chien qu'elle envoyait s'occuper des insectes, mais ça ne marchait pas dans tous les cas, surtout quand ceux-ci étaient au plafond... Alors les gens qui aimaient garder les insectes et les mettre sous verre, mis à part s'il s'agissait de scientifiques, elle ne comprenait pas. Elle se contenta donc d'hocher la tête en entendant Lorenzo lui expliquer cela un peu plus et enchaina sur une remarque pas forcément plus joyeuse sur son chien. Même si elle l'adorait, elle n'était pas prête si un jour il devait mourir - ce qui malheureusement arrivera forcément un jour, mais le plus tard possible - à le conserver et passer devant tous les jours. Ca lui paraissait inconcevable et empêchait de passer à autre chose et aller de l'avant. Ce qu'elle avait déjà du mal à gérer avec les souvenirs sur son frère pourtant très peu présents et cachés dans l'appart. Avec toutes ces histoires un peu étranges, ils avaient fini leur plat. « Bon alors malgré tout ce suspense ça t'as quand même plu ? J'espère que t'as encore de la place pour le dessert, je me suis pas arrêtée là ! » Et cette fois, ça serait beaucoup plus simple à deviner.