mauvais endroit, mauvais moment / m&f

L'appel du frigo emmena Fleur tout droit au supermarché. Le cadi déborda de fruits, petits gâteaux, et des incontournables pâtes. Comme à son habitude Fleur fut très gênée au rayon des serviettes hygiéniques, qui était tout près des après-rasages pour hommes. Elle se faufila rapidement en caisse et au regard de la caissière elle se rendit compte qu'elle devait avoir l'air d'une plouc. Habillée d'un jean très large et d'un vieux tee-shirt, elle ne s'était pas pris la peine de se maquillé.

Elle sortit presque en trombe dans la rue et se dirigea en direction de sa voiture. Un klaxon de voiture attira son attention. Si elle n'aurait pas tourné la tête, elle n'aurait sans doute pas remarqué la présence de Marc, son ex. Immédiatement son visage se figea par surprise. Ses sacs s'échappèrent de ses doigts. Elle n'en fut que très visiblement embrassée. Son coeur se mit à se compresser, si fort qu'elle crut qu'un serpent se tortillait en son fort intérieur.  Marc était toujours aussi beau...

Marc avait ce don d'être irrestiblement séduisant. Quand Fleur croisa son regard, ses yeux bleus azurs, son coeur se ratattina. Elle se demanda même comment elle a pu lui plaire? Ce mec est top canon! Ils ne jouaient carrément pas dans la même cour.

- Oh salut... Merci... dit-elle maladroitement.

En rattrapant ses sacs elle frôla ses mains. Des mains qui l'avaient touchés autrefois. Fleur s'est toujours demander si leur relation s'étaient voué à l'échec parce qu'elle ne lui avait pas offert "sa petite fleur". Rien que d'y penser, elle en rougit de honte.

Si le syndrome de l'amour existait, pour sûr que Fleur en serait atteint. Amoureuse de chacun de ses flirts, amourettes et autres relations en tout genre, Marc fut un de ses hommes qui lui avait brisé le coeur. En le retrouvant, l'amertume revenait en elle.

- Qu'est-ce que je deviens depuis que tu m'as laissé comme une vieille chaussette ? dit-elle avec froideur.

Elle s'était redressée, fièrement, droit comme un pic. Son vilain défaut refaisait surface, une fois de plus. Faire semblant que tout allait bien, que le revoir ne lui faisait pas du mal, que LUI ne lui avait pas fait du mal, non ça elle ne savait pas faire.

Fleur l'écoutait. L'entendait. Marc semblait être désolé, mais l'était-il au fond de lui? Il lui en fallait peu pour qu'elle lui laisse le bénéfice du doute. Crédule et naïve, elle voulait croire en lui.

- Non je ne le savais pas.

Elle haussa les épaules, presque désolée à son tour. Enfin de compte, fallait-elle qu'elle se mette en garde toute seule? Avant de se mettre avec lui, Fleur n'avait pas cherché à en connaitre plus à son sujet. Elle était donc loin de s'imaginer qu'il était un coureur de jupons. Sans le savoir, elle s'investissait dans une relation à sens unique.

- Et toi tu ne savais pas que je tenais à toi? murmura t-elle tristement.

Elle se redressa et machinalement, pour éviter son regard, elle attacha ses cheveux en une longue queue de cheval.  

Sagement, naïvement, Fleur écoutait le mea culpa de son ex. Marc-Aurèle était un coureur de jupons, et elle ne pouvait rien y faire, il ne changera pas comme il ne pouvait changer ce qu’il s’était passé entre eux.  Elle soupira alors et haussa les épaules, l’air de dire « ce qui est fait, est fait ».

- T’as été nul. Mais il n’est jamais trop tard pour changer, tu sais ?

A présent elle souriait, sa mine accablée n’était plus qu’un mauvais souvenir. La rancune ne faisait pas partie de ses défauts.

- Bon, on ne va pas rester planté là comme deux idiots. Tu m’aides à monter mes courses ? Comme ça, on est quittes ! proposa t-elle ensuite, plus joyeuse.

Ils étaient un peu en plein passage d’une rue piétonne, les sacs de courses à la main. Les passants devaient les contourner pour passer leur chemin.

Oh oui, Fleur débordait de gentillesse. Une qualité qu'elle ne reconnaîtrait qu'en toute modestie. Il faut toujours donner une seconde chance aux personnes qu'on a aimé, telle était sa devise. Autant dire qu'elle netait pas rancunière.

- Tu pensais quoi, que j'allais te mordre? plaisanta t-elle.

Il aurait suffit d'un simple geste, pour ravir Fleur. D'ailleurs c'était un plaisir de voir Marc-Aurèle plus détendue à présent qu'ils avaient dévoilé le fond de leur pensée.

- Oh tu sais. La routine, répondit-elle quand il lui demanda de ses nouvelles. Je travaille toujours à la bibliothèque et euh, je suis aux fourneaux à mes heures perdues.

Elle marqua une pause pour désigner la direction de sa voiture.

- Et toi, quoi de neuf?

Zéro rancune. Ainsi repartait la relation de Fleur et Marc-Aurèle. D'ailleurs quand il lui demande quand il pourra goûter ses délices culinaires, Fleur n'y voyait aucun inconvénient. Au contraire, elle avait fait table rase du passé et elle se dit même qu'ils pourraient devenir de bons amis. Qui sait elle pourrait même le bonifier et le raisonner concernant sa polygamie.

- Si tu veux je t'invite dimanche, proposa t-elle aussitôt.

Elle lui fera un plat typiquement français. Un bœuf bourguignon, par exemple. Les hommes adorent la viande, c'est bien connu. Même si, elle, elle était plus douée dans la pâtisserie et tout ce qui concernait le sucré.

Marc-Aurèle lui apprit alors qu'il était devenu, malencontreusement le papa de quatre enfants.

- Oh Dieu... s'exclama Fleur, tristement. Emmène les manger à la maison, ça me ferait plaisir de les rencontrer.

Fleur adorait les enfants. Bien que le dernier était plus en âge d'adolescence. Elle s'imagine que la gestion du foyer devait être difficile, surtout seul et pour un homme. Cela a dû être compliqué pour un homme tel que Marc-Aurèle, lui qui était si volage, il a sûrement dû faire des concessions.

- Non, personne. soupira Fleur, tristement.

Il lui avait demandé si elle avait rencontré l'amour. Elle ne le savait pas encore, mais son admirateur secret venait très souvent l'observer à la bibliothèque. Leur histoire d'amour allait débuter bien longtemps après.

Afin d’enterrer la hache de guerre, Fleur proposa à Marc-Aurèle de l’inviter à diner lui et ses frères et sœurs. Ce à quoi il répondit qu’il n’était pas sûr que tous soient présents. Parfois quand on est adolescent on n’a pas tellement envie de se trimbaler avec ses parents et Marc en était devenu un en quelque sorte.

- Pas de problème. Tu me diras juste combien vous serez et j’aviserais, dit-elle joyeusement.

Elle se dit qu’elle fera sans doute quelque chose de simple, que tous les enfants aiment. Comme des hamburgers ou des pizzas, faits maison bien sûr.

Le sujet du grand amour vint sur le tapis. A cet instant, Fleur n’avait encore personne dans sa vie amoureuse. Il finit par lui dire qu’elle allait finir par trouver et qu’elle était la femme idéale. Fleur se mit à rire. Marc-Aurèle avait gardé son sens de la flatterie. Si elle ne le connaissait pas si bien, elle aurait pris cela pour de la drague. Mais cette fois, elle comprit qu’il était sincère et prit la chose avec légèreté.

- Ne dis pas de bêtise…

Et si elle était réellement la femme idéale, à l’heure actuelle ils seraient toujours ensemble. Puis Marc lui demanda si elle envisageait d’aller prochainement à Paris. Il la savait française et qu’elle retournait régulièrement dans son pays natal.

- Oui en effet, je vais voir ma mère le mois prochain, confirma Fleur. Elle a rencontré quelqu’un et elle souhaiterait me le présenter. rajouta t-elle sur un ton mystérieux.

Mais ce qu’elle ne savait pas encore c’est que ce quelqu’un était une femme. L’avenir lui réservait plein de surprises…