defining moments (eleanor)

Une vague d’espoir s’était affalée sur Maxence, un bonheur à portée de la main lui était apparu, après qu’Eleanor et lui aient pris le temps de s’ouvrir le cœur, de s’ouvrir la tête, de tout dire ce qu’ils avaient comme doutes, comme rêves, comme besoins. Ils avaient alors réalisé qu’ils avaient bien plus en commun qu’ils ne l’auraient cru, qu’ils étaient davantage sur la même longueur d’ondes que ce que les apparences laissaient croire. Maxence s’était longtemps réfugié derrière le mur de sa carrière, mais cette journée-là, devant un restaurant où Eleanor avait rendez-vous avec elle-même, il avait baissé ses gardes, abaissé les barrières, et avait enfin compris que c’était Eleanor qui comptait. Plus que tout, plus que n’importe qui. Certes, ils avaient reculé de quelques pas vis-à-vis de certaines révélations, par exemple l’arrivée dans la vie de Maxence de la petite Abygaël avait quelque peu refroidie Eleanor. Heureusement, ils avaient su se promettre de bien réfléchir à la situation, aux solutions qui se présentaient à eux, aux alternatives possibles. C’était aujourd’hui qu’ils faisaient le point sur leur réflexion. Maxence, de son côté, avait fait un bon bout de chemin. En plus d’un an à mettre des freins à sa relation avec Eleanor, il avait eu l’impression de passer enfin en deuxième vitesse, en quelques semaines à peine. Les vacances de Noël étaient passées, la vie reprenait son cours normal depuis le début du mois, et Maxence avait donc jugé que le moment était venu de revoir Eleanor afin de discuter de leur avenir. De ces promesses qu’ils s’étaient juré de tenir. Maxence avait donc téléphoné à la jeune femme, lui proposant de le rencontrer pour un café et pour une discussion, surtout, ce qu’elle accepta. Maxence se présenta donc sous son meilleur jour, les cheveux bien peignés, la barbe légèrement rasée, bien habillé, et se rendit au lieu du rendez-vous. Il s’assit à une table en priant le serveur de revenir dans quelques minutes, quand sa compagne arriverait. Et quand il la vit passer le pas de la porte, il se leva, un sourire aux lèvres. Il l’accueillit d’un tendre baiser sur les lèvres – n’était-ce pas là une belle preuve de son cheminement ? Il se rassit, face à elle. « Je suis content de te voir. Prendre du recul m’a fait du bien et m’a permis de bien réfléchir mais … il était plus que temps que je te revois. » Il sourit. « Et toi ? » Comme s’il avait peur de se lancer en premier, comme s’il préférait qu’elle s’ouvre la première, de peur que ce ne soit pas ce qu’il avait espéré entendre. De peur de perdre la face et de rentrer bredouille.

Quelques semaines sont passées depuis cette après-midi « révélations » avec Maxence. Ce jour-là, beaucoup de choses ont changé. Beaucoup de choses ont été dites et par-dessus tout, vous avez compris l’ampleur de vos sentiments respectifs. Cette rencontre fortuite devant ce restaurant a été bénéfique, sans aucun doute. Et pour tous les deux. Tu as compris que tu ne te battais plus seule pour votre amour et votre relation, le jeune juge étant désormais à tes côtés. Pourtant, malgré la promesse que tu as tenue à Maxence, tu n’as pas été capable de laisser tomber ta relation avec Lachlan. Au début, tu t’es montrée distante avec le directeur financier pour t’investir pleinement avec le jeune Kearse mais très vite, tes sentiments t’ont rattrapé. Car oui, avec Lachlan, tu peux désormais parler de sentiments. Tu n’as aucun doute concernant l’amour que tu portes à Maxence, là n’est pas la question, mais à force d’avoir lutté pour une relation que tu pensais impossible, tu t’es réfugiée dans une relation bien plus simple avec Lachlan. Certes, l’adultère est quelque chose que tu ne supportes pas – ou ne supportais pas il y a quelques mois encore – mais avec le jeune Murphy tu as l’impression que tout est différent, comme si malgré les circonstances, tu ne pouvais t’empêcher de retourner dans ses bras. Pourtant, tu as vraiment envie de construire une vraie histoire avec Maxence parce que tu l’aimes plus que tu n’as jamais aimé, ça ne fait aucun doute. Mais tu ne sais pas comment gérer ces deux relations ensembles et surtout, tu n’as aucune idée de comment tout cela va se terminer. Peut-être que les deux hommes vont se lasser de toi et te faciliter la tâche en choisissant pour toi ? Qui sait.  C’est pourquoi, lorsque Maxence t’invite dans un café, tu es stressée à l’idée de le revoir et d’affronter tes propres sentiments. Lorsque vous vous êtes quittés, la dernière fois, tu semblais si certaine de l’issue de votre relation et si sereine. Et maintenant… Maintenant tu ne sais plus rien, Eleanor, plus rien du tout. Enfin arrivée au Imogen, tu aperçois tout de suite le jeune juge installé à une table. En t’approchant, il dépose un doux baiser sur tes lèvres et bien que ça te surprenne, tu ne peux qu’apprécier ce geste si intime et qui veut dire tellement à tes yeux. Maxence n’a jamais été si démonstratif en public et ça prouve bien que vous êtes dans le même bateau à présent. Ce qui te met encore plus mal à l’aise vis-à-vis de lui et de ta relation « secrète » avec Lachlan. « Je suis contente d’être là, moi aussi. » Réponds-tu, sincère. Bien que la pression soit présente, ça ne t’empêche pas d’être heureuse en présence du jeune Kearse. Tu sais qu’il attend plus que ça, qu’il veut ton ressenti et tes « conclusions » mais tu ne sais pas vraiment comment formuler tout ça. Dans ta tête ça paraît si clair mais une fois sortit de ta bouche, ça ne sonne pas de la même façon. « Écoute, tout ce que tu m’as promis la dernière fois m’a réellement fait du bien. J’ai enfin senti à quel point tu voulais, toi aussi, que ça fonctionne entre nous deux et ça, Maxence, ça signifie beaucoup pour moi. Mais je me dois d’être honnête avec toi, j’ai revu Lachlan par la suite… » Et j’ai des sentiments pour lui, aurais-tu dû ajouter mais tu n’en fais rien. Cette révélation est bien assez et tu sais que ça risque de briser le cœur du juge mais tu ne peux pas lui mentir. Pas si vous voulez redémarrer sur une base saine. Tu baisses les yeux, fixant tes doigts entremêlés jouant l’un avec l’autre à cause de cette gêne immense que tu ressens. « Je te demande pardon Maxence… Je t’avais promis de ne plus le revoir mais j’en ai pas été capable… » Tu n’oses même pas relever la tête de peur d’affronter la déception dans son regard. Tu sens une énorme boule se former au plus profond de ta gorge par peur de perdre l’homme que tu aimes à cause d’une aventure sexuellement merveilleuse.

Il avait bien fait de ne pas être le premier à parler. Malgré le doux sourire d’Eleanor quand leurs regards s’étaient croisés et qu’il avait déposé un baiser sur ses lèvres devant tout ce monde – tout ce monde qui n’en avait rien à faire, d’eux -, une ombre plana dans son regard quand il la questionna sur son cheminement à elle. Sur les dernières semaines passées à réfléchir. Si lui avait fait bien du chemin dans la bonne direction, vers l’avant, il lui semblait comprendre que ce n’était pas tout à fait le cas pour Eleanor. Il redoutait les mots qui sortiraient de la bouche de la belle. S’il avait été le premier à parler, sans doute n’aurait-elle pas trouvé le courage d’être totalement honnête avec lui, pour le préserver. Sans doute aurait-elle été influencée par les paroles du juge, brouillant les cartes, brouillant la vérité. Et même si elles lui feraient mal, Maxence préférait quand même la vérité. D’où le fait qu’il se comptait chanceux, en quelque sorte, de l’avoir laissée s’exprimer la première, en parfait gentleman. Gentleman qui s’apprêtait à se prendre un énorme coup en plein visage. « Écoute, tout ce que tu m’as promis la dernière fois m’a réellement fait du bien. J’ai enfin senti à quel point tu voulais, toi aussi, que ça fonctionne entre nous deux et ça, Maxence, ça signifie beaucoup pour moi. Mais je me dois d’être honnête avec toi, j’ai revu Lachlan par la suite… » Il avait hoché la tête à chaque ponctuation d’Eleanor jusque-là, mais quand elle prononça le prénom de Lachlan, quand elle lui avoua l’avoir revu par la suite, sa tête se figea, tout comme ses yeux rivés sur Eleanor. Il la dévisagea un moment, cherchant à déceler le moindre indice, la moindre réponse. Parce qu’il ne comprenait pas vraiment où elle voulait en venir avec cette déclaration. « Tu l’as revu pour … pour lui expliquer que c’était terminé, ou tu l’as revu, revu ? » Il était persuadé d’avoir bien compris, que c’était bien la deuxième et pire option dont il était question, mais il désirait l’entendre le lui dire. Après tout ce qu’ils s’étaient dit et promis la dernière fois, Maxence voulait être bien certain que son sentiment de trahison soit justifié. Eleanor baissa ensuite les yeux. « Je te demande pardon Maxence… Je t’avais promis de ne plus le revoir mais j’en ai pas été capable… » Il déglutit, ne la lâchant pas du regard même si elle, de son côté, ne trouvait plus le courage d’affronter le sien. « Wow. » Déclara-t-il, encore ahuri. « Je ne sais pas quoi dire. » Elle n’en avait pas été capable. Ce n’était pas rien. Elle avait pu se passer de Maxence pendant toutes ces longues journées mais pas de Lachlan ? Avait-elle songé à leur relation pendant qu’elle se perdait dans les bras de cet autre homme ? Le serveur revint finalement vers eux, les minutes étant passées et sa compagne étant arrivée, il avait dû se dire que c’était le parfait moment. Maxence tenta de retrouver un air normal. Il avait peut-être cheminé assez pour pouvoir aimer Eleanor en public, mais se disputer avec elle et le laisser savoir à tous les autres ? Pas encore. Sans doute jamais. « Je vais vous prendre un café noir, s’il-vous-plaît. » Il n’avait pas vraiment envie de fantaisies, en ce moment. Quand il eut pris la commande d’Eleanor, il s’éloigna, enfin. « Mais … mais maintenant que ça se règlera entre nous, maintenant qu’on y verra plus clair, tu vas le laisser … n’est-ce pas ? » Demanda-t-il avec le peu d’espoir qu’il lui restait. Une année complète à se battre contre lui-même et voilà qu’il était trop tard au moment où il se réveillait enfin. Il la perdait, si ce n’était pas déjà fait.

Lorsque tu avoues à Maxence avoir revu Lachlan par la suite, tu décèles une certaine tristesse dans son regard et ça te fait mal de lui faire endurer ça. Tout ce que tu ne veux pas c'est justement le faire souffrir et pourtant, inconsciemment - ou pas - tu l'as fait. Et rien que pour ça, t'aurais envie de prendre tes jambes à ton cou et t'en aller en courant. Mais tu n'en fais rien, affrontant tes erreurs et consciente que tu devras les réparer. « Tu l’as revu pour … pour lui expliquer que c’était terminé, ou tu l’as revu, revu ? » Tu baisses les yeux et tu sais qu'à la seconde où tu le fais, Maxence comprendra qu'il s'agit bien de la seconde option. "Revu, revu" est le terme, oui. Tu aurais aimé pouvoir lui dire le contraire mais il est hors de question que tu lui mentes. Tu t'es promis d'être toujours honnête envers le jeune juge et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. « Je l'ai revu... revu. » Avoues-tu, finalement, sans oser le regarder. Tu baisses les yeux sur tes mains entrecroisées, honteuse. C'est en entendant Maxence reprendre la parole que tu lèves à nouveau la tête. « Wow. Je ne sais pas quoi dire. » Tu sondes son regard, cherchant une quelconque émotion, un quelconque ressenti. Mais le jeune homme est tenace et même s'il paraît abasourdit par cette nouvelle, tu ne sais pas réellement ce qu'il en pense. Alors que tu t'apprêtes à lui répondre, le serveur arrive, prêt à prendre votre commande. Tu t'arrêtes donc, laissant Maxence commander avant d'ajouter que tu prendras la même chose. Un café noir n'est pas de refus dans ce genre de situation. « Mais … mais maintenant que ça se règlera entre nous, maintenant qu’on y verra plus clair, tu vas le laisser … n’est-ce pas ? » Tu peux sentir l'espoir dans sa voix et ça te fait sourire, faiblement, du moins. Tu aimerais lui dire que tout est aussi simple mais ce n'est pas le cas. Tout dépend de ce que Maxence est prêt à t'offrir et à réaliser pour faire marcher votre relation. Au fond, tu t'es exprimée mais qu'en pense-t-il lui ? Qu'était-il prêt à te dire avant que tu ne lui avoues avoir revu ton "amant" ? Tu n'en sais rien. Mais tu es bien décidée à en savoir plus car il semble avoir pris une décision, de son côté. Et apparemment, c'est de ton côté que tout est flou à présent. « Je... Je ne sais pas, Maxence. Il m'apporte toute l'attention dont j'ai besoin et me donne l'impression d'être tellement importante. Es-tu prêt à m'apporter cela ? » Demandes-tu en sondant ses yeux, le regard intense. « Je sais que tu l'as fait à ta manière jusqu'ici mais j'ai besoin de plus que ça. Et si tu es prêt à faire tout ça pour nous alors oui, je ferai une croix sur Lachlan. » Ajoutes-tu avant de poser ton regard sur le serveur vous apportant vos cafés. Tu portes ton café à tes lèvres avant de reprendre la parole quelques secondes plus tard : « Et toi, tu as dit avoir pris du recul et avoir réfléchi ? » Oses-tu finalement demander, légèrement gênée. Tu ne sais pas s'il sera capable de te donner son ressenti à présent que tu lui as avoué tes torts mais tu l'espères plus que tout. Pour avancer.

Il avait voulu confirmation, il l’avait eue : « Je l'ai revu... revu. » Il hocha la tête, même si ce mouvement était en soi inutile puisqu’Eleanor n’osait même pas le regarder dans les yeux. Ses mains étaient refermées l’une sur l’autre sur la table, les épaules bien droites, tentant de conserver le peu de fierté qu’il lui restait alors que la femme qu’il aimait était en train de dériver vers un autre homme que lui. Le juge lui demanda alors si, maintenant que leur situation à eux deux serait mieux définie, elle cesserait de voir Lachlan. « Je... Je ne sais pas, Maxence. Il m'apporte toute l'attention dont j'ai besoin et me donne l'impression d'être tellement importante. Es-tu prêt à m'apporter cela ? » Le reste de sa phrase ne s’était pas encore rendue jusqu’à la tête de l’homme. Tout ce que Maxence entendait pour le moment, c’était son je ne sais pas qui résonnait, faisait écho, le tuant à petit feu. Le trentenaire savait qu’il avait ses torts, il savait qu’il avait mis sa carrière au même niveau qu’Eleanor, parfois, mais de là à croire qu’elle n’était pas importante pour lui, il en était blessé. Si Maxence s’accrochait à leur relation depuis plus d’un an malgré la complexité de celle-ci, ce n’était certainement pas parce qu’Eleanor ne comptait pas à ses yeux. Comprendrait-elle un jour seulement à quel point elle était tout son monde ? Comprendrait-elle qu’il était paralysé par la peur de tout perdre, elle y compris ? « Je pensais que tu savais déjà ce que tu représentais pour moi. Depuis un an, tu es la seule qui a toute mon attention … » Il avait beau avoir tenté de les sortir tous les deux de là, d’être celui à faire une croix sur leur union pour faciliter leur vie, il n’avait jamais été capable de tirer un trait sur Eleanor. Dans le regard de toutes les femmes qu’il avait rencontré, il cherchait la même flamme qu’il voyait dans les yeux de l’italienne. Sans jamais retrouver la même lueur. Sans jamais retrouver la même lumière qui l’enveloppait à chaque fois qu’ils se perdaient l’un dans l’autre. Tout comme en ce moment, alors qu’ils sondaient l’âme l’un de l’autre. « Je sais que tu l'as fait à ta manière jusqu'ici mais j'ai besoin de plus que ça. Et si tu es prêt à faire tout ça pour nous alors oui, je ferai une croix sur Lachlan. » Maxence baissa les yeux un moment, laissant le serveur déposer leurs cafés devant eux. Il souffla un « Merci » distrait à l’attention du serveur qui s’éloigna sans plus tarder. Le regard de Maxence le suivit jusqu’à ce qu’il soit retourné derrière le comptoir du café. « Je ne savais pas que notre amour était fait de ce genre de conditions, maintenant. » Avait-il déclaré lâchement, reportant son regard sur Eleanor. Il y avait toujours eu des conditions, entre eux, en quelque sorte, mais celle-ci dépassait ce que Maxence pouvait accepter. Ainsi, si Maxence n’était pas présentement dans une situation qui leur permettrait de vivre leur amour comme ils l’entendaient tous les deux, Eleanor continuerait de baiser un autre homme que lui. C’était cru mais c’était ça, au final. Et ça déteignait sur les décisions récentes qu’il avait prises. « Et toi, tu as dit avoir pris du recul et avoir réfléchi ? » Maxence avait entre-temps porté son café à ses lèvres, et il but une première chaude gorgée avant de redéposer la tasse sur la table et de se reculer pour poser son dos sur la chaise, bien droit. Il hocha d’abord la tête avant de joindre ses paroles : « Oui, oui j’ai beaucoup réfléchi. » Le trentenaire avait toujours été bien en contrôle de tout, de ses émotions, de son quotidien, de ses relations. Sauf que là, tout lui échappait. Même sa raison. « J’étais venu ici pour te partager les conclusions auxquelles j’en étais arrivé, j’étais plutôt … plutôt optimiste pour tout le reste, mais maintenant ... » Avoua-t-il, se penchant un peu plus vers la table, accoudé à celle-ci alors qu’il passait la paume de sa main sur sa bouche, puis sur son menton, son visage suivant les mouvements. « Damn it, Ele’ … je pensais vraiment que ce qu’on avait était spécial. » Lâcha-t-il en réalisant à quel point ce n’était plus le cas.

Maintenant que tu as tout avoué à Maxence, tu ne peux t'empêcher de te sentir minable. Minable, oui, c'est le mot. Tu ne comprends pas pourquoi tu t'entêtes à poursuivre une relation avec Lachlan mais c'est plus fort que toi. Après votre dernière rencontre avec le jeune juge, tu étais bien décidée à arrêter ton « autre » relation mais la vérité c'est, qu'une fois devant Lachlan, tu en as été incapable. Tu aurais aimé lui dire que tout était terminé à présent pour que tu puisses vivre une histoire d'amour intense avec Maxence mais les mots ne sortaient pas. Ou ne voulaient pas sortir. Et l'admettre est difficile mais il le faut parce que mentir au jeune Kearse ne ferait qu'empirer la situation. Et tu n'as jamais été de celles qui trompent leur copain/mari/compagnon. Enfin, vu de l'extérieur on pourrait le croire mais ton mariage arrangé n'entre pas dans l'équation. Là-dessus, il n'est pas question de sentiments donc ça ne compte pas et puis ce n'est pas comme si ton mari en souffrait, loin de là. « Je pensais que tu savais déjà ce que tu représentais pour moi. Depuis un an, tu es la seule qui a toute mon attention … » Lorsque tu as Maxence en face de toi et qu'il te dit de tels mots, tu as envie d'y croire jusqu'au plus profond de tes tripes. Mais une fois éloignée de lui, tu doutes de tout. Et ça fait un an que tu doutes de toi, de lui, de vous et ça tu ne peux plus le supporter. C'est sans doute pour cette raison que tu es tombée si « facilement » dans les bras de Lachlan. Il t'a redonné confiance en toi et ça, c'est quelque chose que tu avais perdu en présence du jeune juge. Avec lui, tu avais l'impression d'être moins importante qu'une carrière ou qu'un titre et même si tu sais que c'était plus compliqué que cela, c'était l'impression que tu avais encore quelques mois plus tôt. Mais comment expliquer tout cela à Maxence sans qu'il se sente blessé ? Tu n'en as aucune idée. Mais après tout ce que tu viens de lui dire, tu dois sans doute déjà l'avoir blessé au plus profond de lui-même. « Je ne doute pas de ça, Maxence. Je sais que je compte pour toi mais j'ai eu l'impression d'être moins importante que ta carrière et j'ai eu peur d'être toujours relayée au second plan. Mais tu sais déjà tout ça... On ne va pas revenir en arrière, si ? » Oses-tu demander. Bien sûr, ce n'est pas seulement pour cette raison que tu es tombée dans les bras du directeur financier. Bien sûr, ta situation avec Maxence n'a pas aidé mais tu es entièrement fautive dans cette histoire, tu le sais, et tu ne veux pas tout remettre sur le dos du juge. Ce serait trop facile. Une fois le serveur éloigné, tu reprends la parole suivie du jeune homme et sa réponse est sans appel. « Je ne savais pas que notre amour était fait de ce genre de conditions, maintenant. » Il est dur mais tu le mérites. Tu soupires parce que ce n'est pas ce que tu voulais dire, évidemment. Tu n'es personne pour mettre des conditions à votre amour ou à votre potentielle relation. Parce que, oui, maintenant tu ne peux plus parler que d'une potentielle relation étant donné que tu ne sais même pas si Maxence voudra encore de toi après tout ça. « Aïe. » Dis-tu simplement pour faire comprendre au jeune homme qu'il t'a piqué en plein coeur. « Je ne veux pas mettre de conditions. J'en ai marre que tout soit toujours trop réfléchit entre nous deux... Cela ne devrait pas être si compliqué. » C'est vrai, une histoire d'amour n'est pas censée être si compliquée sans même avoir commencé. Certes, vous avez déjà vécu des moments intenses, tendres et heureux mais pas en tant que couple. Ou du moins pas un couple engagé. Et quelle sera votre relation une fois débutée ? Sera-t-elle si compliquée ? Tu es bien consciente que tu fais partie du problème mais tu n'es pas la seule fautive dans l'histoire et ça, tu ne sais pas si Maxence en a conscience. Tu as l'impression, qu'à présent, il ne voit que ta « trahison » - qui n'en est pas réellement une, en soit. Finalement, tu oses lui demander à quelles conclusions il était arrivé de son côté mais visiblement, Maxence n'est pas prêt à se livrer. Pas après tout ce que tu viens d'avouer. « Oui, oui j’ai beaucoup réfléchi. J’étais venu ici pour te partager les conclusions auxquelles j’en étais arrivé, j’étais plutôt … plutôt optimiste pour tout le reste, mais maintenant ... » Il paraît si froid et distant tout d'un coup et tu détestes ça. Tu aurais bien envie de lui prendre les mains mais tu n'oses pas, par peur d'être rejetée. « Damn it, Ele’ … je pensais vraiment que ce qu’on avait était spécial. » Tu baisses à nouveau la tête, blessée que le jeune homme parle déjà au passé et qu'il pense que tu ne partages pas cet avis. Pour qui te prend t-il ? A-t-il déjà oublié à quel point tu es amoureuse de lui, envers et contre tout depuis un an ? Tu relèves la tête, plongeant ton regard dans le sien. « Tu es si froid à présent... » Dis-tu finalement en haussant les épaules avant de reprendre la parole quelques secondes plus tard. « Ne parle pas au passé, s'il te plaît... On a quelque chose de spécial. Enfin, moi j'y crois encore. » Ajoutes-tu en sentant ta gorge se nouer et en sentant tes yeux s'humidifier par des larmes qui menacent de couler. Dans cette histoire, c'est bien toi le problème mais même après tout ça, tu veux encore y croire. Et tu veux encore te battre. Mais Maxence, de son côté, au moindre petit obstacle semble déjà prêt à baisser les bras. Et ça, ça fait mal. « Tu es déjà prêt à laisser tomber ? » Demandes-tu, faiblement et en tentant de garder un certain contrôle sur ta voix tremblante.

Pendant cette année-là, passé à courir après Eleanor tout en la fuyant dès qu’ils se rapprochaient trop du dangereux feu qui brûlait entre eux, Maxence avait douté, lui aussi. Ce n’était pas pour rien qu’il ralentissait toujours le pas quand ils commençaient à aller trop vite. Ce n’était pas pour rien qu’il changeait de cap dès que le vent les poussait trop loin. Par peur de ne pas pouvoir revenir vers l’arrière au cas où ça tournerait mal. Ces doutes l’avaient même conduit à aller chercher ailleurs, lui aussi, question de vérifier s’il n’y avait pas plus simple dans les bras d’une autre. La réponse lui avait rapidement été clairement démontrée. Non, il ne trouverait pas quelqu’un d’autre qu’elle. C’était elle qu’il aimait, point final. Ses doutes à lui, avaient permis à Maxence de confirmer son amour pour l’italienne. Malheureusement, les doutes d’Eleanor avaient tout remis en question, jusqu’à en brouiller ses sentiments au point de ne plus savoir vers qui elle désirait se tourner. Cette rencontre, cette réunion, qui devait se terminer sur un nouveau départ, un envol tant attendu, venait tout d’un coup de se transformer en une sorte de sentiment d’abandon et de trahison aux yeux de Maxence. « Je ne doute pas de ça, Maxence. Je sais que je compte pour toi mais j'ai eu l'impression d'être moins importante que ta carrière et j'ai eu peur d'être toujours relayée au second plan. Mais tu sais déjà tout ça... On ne va pas revenir en arrière, si ? » Il aurait voulu y revenir, lui, pour lui faire comprendre qu’à leur dernière rencontre, ils en avaient parlé au point de faire comprendre à Eleanor que c’était elle qui était importante. Pour lui faire réaliser que bien malgré ça, elle était retournée dans les bras de Lachlan. Alors peut-être attendait-elle de lui bien plus que ce qu’elle lui demandait jusqu’à présent. Peut-être Maxence n’était-il pas en mesure de la satisfaire pleinement, peu importe ce qu’il ferait. « Non, bien sûr que non. » Mais ils n’y reviendraient pas, parce que Maxence savait que ça ne servirait à rien de se faire ce genre de reproches, au point où ils en étaient. Il préférait se concentrer sur la question qui lui brûlait les lèvres, à savoir si elle laisserait Lachlan derrière elle, derrière eux, s’ils officialisaient aujourd’hui ce qu’ils étaient. Aux dires d’Eleanor, cela dépendait de conditions, et Maxence ne tarda pas à le relever. Lui qui pensais que ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre était plus grand que ça. « Aïe (…) Je ne veux pas mettre de conditions. J'en ai marre que tout soit toujours trop réfléchit entre nous deux... Cela ne devrait pas être si compliqué. » Le juge hocha la tête. Ils se blessaient l’un après l’autre, alors qu’ils avaient convenu d’arrêter de se faire autant de mal. Leur amour n’était pas supposé les faire souffrir à ce point, et pourtant, bien malgré eux, ils continuaient à s’infliger ce mal. « Je comptais arrêter de réfléchir, arrêter de m’en faire avec des worst case scenarios qui n’arriveront peut-être jamais. Mais ce que tu viens de me dire me donne quand même matière à réflexion, Ele’, et face à ça … je peux pas me lancer dans le vide sans savoir … » Sans savoir si, une fois ensemble, elle tirerait réellement un trait sur Lachlan. Après tout, malgré la distance, malgré qu’ils ne soient pas réellement ensemble, Maxence n’avait pas cherché à remplacer Eleanor dans son lit. Il n’avait pas eu de relations avec une autre femme qu’elle. Sans doute était-ce pour cette raison qu’il voyait sa liaison avec Lachlan comme une sorte d’infidélité face à lui. Comme si elle avait trahi le lien silencieux et invisible qui les liait. Alors quand Eleanor lui demanda à quelles conclusions lui en était arrivé, Maxence n’arriva pas à lui déballer ce discours qu’il avait pourtant répété dans sa tête pendant tout le chemin jusqu’au café. « Tu es si froid à présent... Ne parle pas au passé, s'il te plaît... On a quelque chose de spécial. Enfin, moi j'y crois encore. Tu es déjà prêt à laisser tomber ? » Il releva lentement la tête vers elle, avant de soupirer tout légèrement en la regardant. La tristesse miroitait dans le regard de l’un et de l’autre. « Non. En un an je n’ai pas laissé tomber. En un an je n’ai voulu que toi, Ele’. Que toi. Je n’ai pas eu besoin d’une autre, et surtout j’en aurais été incapable, parce que face à n’importe quelle autre femme … je ne pense qu’à toi. » Il baissa les yeux sur son café. « Mais visiblement ce n’était qu’à sens unique. » Plus il parlait, plus Maxence était confus. Ses émotions allaient à contre-courant, ses idées se contredisaient. « Je ne veux pas laisser tomber parce que je t’aime … Mais si tous les sacrifices que j’étais prêt à faire ne servent qu’à me faire souffrir davantage quand tu retourneras vers lui, je … » Il secoua légèrement la tête. Il laissa sa phrase en suspens, incapable d’enligner les mots, incapable de formuler une pensée claire.

Un pas en avant, trois en arrière... c'est un peu votre crédo à Maxence et toi. Tu as l'impression qu'à chaque fois que vous êtes prêts à avancer, quelque chose vous en empêche. Un coup c'est lui, un coup c'est toi. Une fois tu apprends qu'il endosse un nouveau rôle de « père », une autre fois c'est toi qui ne peut pas te résoudre à faire un trait sur ton amant. Du moins tu as essayé, t'y étant résignée une première fois mais ce fut un échec. Contre toute attente, Lachlan a été capable de te faire changer d'avis et ça, tu ne t'y attendais pas du tout. Tu étais pourtant sûre de toi avant de croiser son regard. Tu étais prête à tout pour Maxence. Et pourtant... Tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait, malheureusement. Tu aimerais tellement que tout soit plus simple entre le jeune Kearse et toi. Tu aimerais tellement retrouver ses bras où tu te sens en parfaite sécurité. Retrouver ses lèvres dans un baiser bien moins charnel que celui que vous avez partagé à ton arrivée. Mais malgré toutes ces envies profondes, rien ne se passe comme prévu. Et plus les paroles de Maxence te parviennent et plus tu te sens minable et blessée. « Non, bien sûr que non. » Au moins là-dessus vous semblez d'accord. Cela ne sert à rien de toujours ressasser le passé, ça ne fait que reculer l'échéance. L'échéance qu'un jour, peut-être, vous serez heureux tous les deux. Juste heureux. « Je comptais arrêter de réfléchir, arrêter de m’en faire avec des worst case scenarios qui n’arriveront peut-être jamais. Mais ce que tu viens de me dire me donne quand même matière à réflexion, Ele’, et face à ça … je peux pas me lancer dans le vide sans savoir … » Il était prêt. Enfin prêt. Vous aviez tout pour enfin commencer votre histoire et tu es venue tout gâcher, Eleanor. Tout gâcher pour une histoire sans lendemain basée sur le sexe... Tu ne peux pas croire que tu te montres aussi stupide et irréfléchie. Au fond, tu sais parfaitement qu'il s'agit de bien plus que cela avec Lachlan. Mais tu ne veux pas l'admettre. Car l'admettre rendrait les choses bien trop réelles, bien trop concrètes. Mais tu sais que si tu as tant de mal à t'en détacher, c'est qu'il y a quelque chose de plus derrière tout ça. Alors, tu ne peux que comprendre le choix de Maxence... Mais alors quoi ? Où en êtes-vous à présent ? Êtes-vous revenus au même point que la dernière fois ? Tu ne veux pas partir en lui faisant la promesse que tu tireras un trait sur Lachlan parce que le jeune juge ne te croirait sans doute pas. Et ce serait plutôt légitime, d'ailleurs. Pourtant, tu veux tout faire à présent pour lui prouver que tu peux changer, que tu vas tout faire pour que ça marche entre vous. Maxence est venu sûr de lui pour une fois et tu ne veux pas briser ses rêves, vos rêves. « Je comprends... et je sais que c'est entièrement ma faute. Mais alors quoi ? On est revenu au point de départ ? » Demandes-tu, la gorge sèche. Tu ne veux pas que la réponse à cette question soit « oui » mais elle semble plutôt évidente. Finalement, tu supplies presque le jeune Kearse de ne pas abandonner, de ne pas baisser les bras. Et aux vues de sa réponse, ce n'est pas ce qu'il comptait faire. « Non. En un an je n’ai pas laissé tomber. En un an je n’ai voulu que toi, Ele’. Que toi. Je n’ai pas eu besoin d’une autre, et surtout j’en aurais été incapable, parce que face à n’importe quelle autre femme … je ne pense qu’à toi. Mais visiblement ce n’était qu’à sens unique. Je ne veux pas laisser tomber parce que je t’aime … Mais si tous les sacrifices que j’étais prêt à faire ne servent qu’à me faire souffrir davantage quand tu retourneras vers lui, je … » Il est confus et tu le vois. Pourtant, tu le sens à des milliers de kilomètres de toi. Tu le sens si distant, si froid et ça te fait mal. Tu as l'impression que vous n'avez jamais été si éloignés l'un de l'autre même lorsque vous étiez sur des continents différents. Mais tout ce qu'il dit est vrai, tout est ta faute, Eleanor. Et malgré tout ça, il parvient encore à t'aimer. A quoi pensais-tu ? Pourquoi es-tu si réticente à t'engager avec Maxence, maintenant qu'au contraire, lui est prêt ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. « Je ne sais pas quoi dire... Tu as totalement raison mais je ne sais pas ce que je dois dire ou faire pour te convaincre que je suis prête à m'engager avec toi. » Réponds-tu, l'air grave. En réalité, tu sais que tu dois tirer un trait sur Lachlan pour que ça marche mais est-ce que ce sera suffisant pour Maxence ? Tu ne sais plus à présent. « Tu sais que je suis une femme droite, tu sais que je ne serai jamais infidèle avec toi et surtout pas quand on concrétisera enfin notre relation... » Ton regard plonge dans le sien pour rendre tes paroles davantage sincères. En quelque sorte, tu as déjà été infidèle même si vous n'étiez pas vraiment en couple Maxence et toi. Alors tu ne sais pas si ces paroles seront suffisantes pour le convaincre de ta sincérité. « Mais je comprends que tu doutes... » Tu baisses les yeux sur tes mains avant d'ajouter : « J'ai merdé et je le sais... J'avais juste besoin de me sentir désirée, je crois. Et c'est dans ses bras que j'ai trouvé refuge mais il ne m'offrira jamais tout ce que toi tu m'apportes. Je t'aime tellement, Maxence... » Tu relèves légèrement la tête, à moitié prête à affronter son regard accusateur, les yeux brillants sous l'émotion.

Il était vrai que peu importe la promesse que lui ferait Eleanor à la fin de cette rencontre, Maxence partirait d’ici le cœur lourd et la tête pleine de doutes. La dernière fois aussi, il s’était laissés sur de belles promesses et pourtant, l’italienne ne les avait pas tenues. Elle avait continué de voir Lachlan, combien de fois Maxence ne le savait pas et ne voulait surtout pas le savoir. Parce qu’alors qu’elle aurait pu lui téléphoner à lui lorsqu’elle avait eu besoin d’affection et d’attention, elle l’avait appelé lui, l’autre. Certes, ils s’étaient offerts quelques semaines de réflexion, là était l’objectif de la distance qu’ils avaient prise, mais Maxence était loin d’imaginer que cette pause servirait à Eleanor de temps supplémentaire passé dans les bras de son amant. Maxence, lui, avait passé ce temps à réfléchir ou à tenter de consolider sa relation avec la petite Abygaël. Quand on mettait leurs deux situations dans la balance, elles ne faisaient pas le même poids. Pas du tout. « Je comprends... et je sais que c'est entièrement ma faute. Mais alors quoi ? On est revenu au point de départ ? » Maxence haussa les épaules. Au moins, elle reconnaissait cette fois que c’était elle qui était dans le tort. Le juge avait accepté de prendre le blâme, encore et encore, pendant tous les derniers mois et même la dernière fois en raison d’Abygaël. Il acceptait ses erreurs, il assumait le fait que c’était lui le seul responsable de l’échec continuel de leur relation. Toutefois, aujourd’hui, Maxence ne voulait plus accepter que ce cul-de-sac dans lequel ils se retrouvaient n’était que le fruit de ses actes. Malgré l’attente, Eleanor avait été prête, quelques jours plus tôt, à se lancer avec lui. Qu’est-ce qui avait bien pu changer depuis ? « Je ne sais pas. À toi de me le dire. » Avait alors ajouté Maxence, faisant suite à son haussement d’épaules impuissant. Mais qu’attendait-il réellement d’elle ? Que pourrait-elle dire qui ferait en sorte que le coup serait rattrapé ? Que cette réunion se déroulerait comme prévue ? Rien, sans doute. Quelque chose en Maxence s’était brisé. Encore. Eleanor lui demanda alors s’il allait, maintenant, tout abandonner. Les laisser tomber. Le juge lui assura que non, malgré ses doutes, malgré sa déception. Puis il parla de sacrifices. Ceux qu’il ne voulait pas faire si c’était pour voir Eleanor lui filer entre les doigts sans pouvoir la retenir. « Je ne sais pas quoi dire... Tu as totalement raison mais je ne sais pas ce que je dois dire ou faire pour te convaincre que je suis prête à m'engager avec toi. Tu sais que je suis une femme droite, tu sais que je ne serai jamais infidèle avec toi et surtout pas quand on concrétisera enfin notre relation... Mais je comprends que tu doutes … J'ai merdé et je le sais... J'avais juste besoin de me sentir désirée, je crois. Et c'est dans ses bras que j'ai trouvé refuge mais il ne m'offrira jamais tout ce que toi tu m'apportes. Je t'aime tellement, Maxence... » Il l’avait écoutée sans broncher, sans dire quoi que ce soit. Il voulait qu’elle expose sa pensée, qu’elle vide son cœur, comme ils le feraient l’un après l’autre. Cela ne servait à rien de s’emporter et de ne plus s’écouter. Ils étaient à la croisée des chemins et ils devaient prendre le temps de décider, ensemble, quelle direction prendre. Seul, ou à deux. Vers l’avant, ou vers l’arrière. « Ne te sens-tu pas désirée quand je te regarde ? Quand je te touche ? Ne te sens-tu pas désirée quand tu es le seul objet de mes désirs ? » Dit-il en baissant la voix, pour ne pas qu’on les entende, pour ne pas qu’on brise leur intimité. « Parce que je te désire, Eleanor. Et si je n’y mets pas la même passion que Lachlan, c’est peut-être parce que pour moi il y a plus … il y a la passion mais il y a aussi l’amour. Je ne te veux pas que dans mon lit mais aussi dans ma vie. » Et Maxence doutait fortement que Lachlan puisse lui offrir ces mêmes promesses, lui qui les avait déjà faites à une autre aux yeux de la loi.

« Je ne sais pas. À toi de me le dire. » Maxence hausse les épaules pour te montrer qu'il n'a bel et bien aucun avis sur la question. Et au fond, toi non plus. Tu ne sais que répondre à ça, Eleanor. Tu as l'impression que depuis le début de votre relation, vous avez évolué tous les deux - ensemble et séparément - mais on peut dire que depuis quelques semaines, vous faites marche arrière. Ou plutôt tu vous pousses à faire marche arrière. Tu es consciente qu'ici, la seule fautive, c'est toi. Et seulement toi. Ces dernières semaines, Maxence a été plutôt irréprochable malgré sa nouvelle vie avec Abygaël et il ne devait sans doute pas s'attendre à tout ce massacre en arrivant une demi-heure plus tôt. Toi, tu avais espéré que malgré tes tords, le jeune juge serait capable d'aller au-delà pour vous donner une vraie chance, pour une fois. Mais malheureusement, tu te rends compte que tu n'es pas si facilement pardonnable. Et si la situation avait été inversée, tu réagirais sans aucun doute comme lui, tu ne peux le nier. « J'espère que non, en tout cas. Car je trouve que notre relation a évolué avec nous, au fil des mois. » Réponds-tu finalement, relevant légèrement la tête vers lui pour toiser son regard. Tu es sincère mais tu ne sais pas si Maxence a encore assez confiance en toi pour te croire et pour passer au-dessus de ta "tromperie". Puis, tu décides de te laisser aller aux confidences, te disant que c'est sans doute la meilleure façon de le récupérer : en étant sincère. L'honnêteté est très importante pour Maxence et tu le sais. Alors, tu essayes de jouer sur ce point clé en espérant que ce sera suffisant. Mais encore une fois, tu te trompes Eleanor. « Ne te sens-tu pas désirée quand je te regarde ? Quand je te touche ? Ne te sens-tu pas désirée quand tu es le seul objet de mes désirs ? Parce que je te désire, Eleanor. Et si je n’y mets pas la même passion que Lachlan, c’est peut-être parce que pour moi il y a plus … il y a la passion mais il y a aussi l’amour. Je ne te veux pas que dans mon lit mais aussi dans ma vie. » C'est tellement beau ce qu'il dit que tu sens à nouveau les larmes te monter et une boule se former au plus profond de ta gorge. Tu te sens stupide, tellement stupide. N'importe quelle femme ferait tout pour garder un homme si sincère, si beau et si attentionné que Maxence et toi, tu fais n'importe quoi. Tu te sens tellement bête maintenant que tu vois la force de son amour. Un amour que Lachlan ne pourra jamais t'apporter, c'est certain. Et au fond, tu sais que le jeune juge a raison sur tout ce qu'il a dit. Mais peut-être t'en es-tu rendu compte trop tard ? Peut-être est-ce trop tard pour vous sauver tous les deux ? Pour sauver cette relation que vous construisez depuis des mois, presque même des années maintenant. Tu espères réellement que non mais tu vois, dans le regard du jeune Kearse, que quelque chose a changé. Mais quoi ? Tu ne sais pas. « Ne doute pas de toi, Maxence. Je le vois, je le sais que tu me désires et que tu m'aimes... » Tu ne veux pas qu'il se remette en question alors qu'ici, la seule fautive, c'est toi. « C'est juste qu'avec... lui je me permettais d'être une autre femme. Une femme qui s'en fiche pas mal de coucher avec un homme marié. Mais tu me connais, tu sais que ce n'est pas moi... Il n'y a qu'avec toi que je me sens libre et juste moi. Il n'y a qu'avec toi que je me sens totalement complète. » Ajoutes-tu en prenant garde de ne pas prononcer le prénom de ton amant. Tu ne veux pas envenimer davantage les choses car là, ce que tu espères avant tout, c'est que Maxence te pardonne. Et ce qu'on peut dire, c'est que ce n'est pas chose aisée. « Je te demande pardon. » Dis-tu pour la énième fois en baissant la tête, sentant les larmes rouler sur tes joues au fur et à mesure des secondes.

Après tous ces mois passés à se chercher autour, à essayer de se comprendre, à amener leur relation à un niveau plus haut que de simples échanges de texto à des kilomètres de distance, c’aurait été plutôt dommage qu’ils en soient revenus au point de départ. Pour une histoire de pseudo-infidélité et d’adoption précipitée. Certes, il s’agissait de deux gros enjeux à amener dans un couple, mais avait-il seulement déjà été un couple ? C’était bien là le nœud du problème. Ils pouvaient bien se reprocher tout ce que l’un faisait sans consulter l’autre, mais jusqu’à quel point pouvaient-ils s’en tenir responsables ? Ils n’étaient pas ensemble, pas officiellement. Techniquement, ils n’avaient aucun compte à se rendre. Et pourtant, à voir comment ça les blessait, on pouvait facilement comprendre que leur non exclusivité les dépassait. Maxence et Eleanor avaient besoin de mettre un mot sur leur relation. Maxence et Eleanor avaient besoin de clarifier ce qu’ils étaient l’un pour l’autre, au présent et à l’avenir. Sinon, ils continueraient à se faire souffrir et à se perdre. Continuellement. « J'espère que non, en tout cas. Car je trouve que notre relation a évolué avec nous, au fil des mois. » Maxence hocha la tête. Ils étaient au moins d’accord sur ce point-là. Ils réalisaient tous les deux que malgré l’impression que rien n’avait changé, au final, ils en avaient quand même fait, du chemin. « Je trouve aussi. J’ai juste l’impression que les dernières semaines se sont faites de reculons. » Ils avaient avancé pendant ces mois, oui, avant de faire marche-arrière comme s’ils avaient pris peur. Comme s’ils avaient atteint un point où ils ne savaient plus dans quelle direction aller, et que la décision la plus confortable était tout simplement de rebrousser chemin. Et pourtant, c’était plutôt lâche de penser ainsi.

Quand Eleanor lui confia qu’elle avait besoin de se sentir désirée, Maxence se vexa. Parce qu’il la désirait plus que tout au monde, plus qu’aucun homme ne pourrait jamais la désirer. Il avait eu l’impression que ça se voyait dans son regard et dans ses gestes quand ils étaient seuls. Il avait eu l’impression de la faire sentir comme la plus belle. Pourtant, Eleanor lui prouvait aujourd’hui le contraire. Ça n’était pas assez. Alors comment faire en sorte que ça le soit ? « Ne doute pas de toi, Maxence. Je le vois, je le sais que tu me désires et que tu m'aimes... C'est juste qu'avec... lui je me permettais d'être une autre femme. Une femme qui s'en fiche pas mal de coucher avec un homme marié. Mais tu me connais, tu sais que ce n'est pas moi... Il n'y a qu'avec toi que je me sens libre et juste moi. Il n'y a qu'avec toi que je me sens totalement complète. » Le regard de Maxence se figea lorsqu’elle prononça le mot marié. Lachlan était marié. Il ne répondit dit rien pour le moment, incapable d’assimiler l’information complètement. Incapable de se rendre à l’évidence que même si Eleanor disait que ce n’était pas la femme qu’elle était, elle le faisait quand même. Elle couchait avec un homme marié. « Je te demande pardon. » Elle baissa les yeux. Lui la fixait encore. Jusqu’à ce qu’il ait un rictus et détourne le regard en riant, secouant la tête, comme si tout d’un coup, Kearse avait perdu la tête. Il mit sa main devant sa bouche. « Tu risques notre relation pour un homme marié ? Un homme avec qui tu ne peux même pas envisager un futur ? » Il secoua la tête avant de se lever de sa chaise. Il ne s’attendait pas à ça de leur rencontre et, honnêtement, il en avait assez entendu pour le moment. Si ses semaines de réflexion avaient été fructueuses, là, il avait l’impression qu’Eleanor venait de le replonger dans le brouillard. « Et dire que j’étais prêt à repenser le mien pour nous. » Il déposa un billet sur la table, pour couvrir leurs consommations, et s’en alla en tentant de ne pas se retourner vers Eleanor. Grâce à la colère, grâce à la déception, il réussit à sortir de la pâtisserie sans lui adresser un dernier regard.