On doit tous faire des efforts [perring]

En ce moment Aisling réfléchissait beaucoup à ce qu'elle devait faire vis à vis de sa fille. Elle n'avait jamais eu envie d'avoir d'enfants mais Siobhan n'avait jamais demandé à naître non plus. Ce qui la tracassait le plus c'était sa relation avec Perry. Lui n'avait pas de mal à faire comme si rien ne s'était passé entre eux mais pour la blonde ce n'était pas la même chose. Il avait tourné la page, pas elle. Il fallait vraiment qu'elle ne laisse rien paraître.

La pseudo maman s'était décidé à acheter un doudou peut-être plus pour faire plaisir à Perry qu'à Siobhan. Elle avait choisi un petit chat tout doux. Elle le trouvait mignon et puis elle adorait les animaux sûrement plus que les Hommes. Elle toqua alors à la porte de Perry, le doudou à la main, espérant ne pas le déranger et surtout ne pas tomber en plein ébat.

Au final Perry se débrouillait plutôt pas mal comme père. Certes il n'était pas parfait et comme il était seul pour s'occuper de sa fille, il ne pouvait pas dire à quelqu'un de se lever en plein milieu de la nuit pour aller nourrir le bébé ou le changer. Non il n'y avait pas de « c'est ton tour. » ou faire semblant de dormir. Il se dit qu'il a bien fait de prendre des congés pour s'occuper de Siobhan sinon il n'aurait clairement pas tenu, il ne dort quasiment pas. Il espère seulement que ses colocs ne lui en veulent pas trop d'avoir un bébé qui pleure toutes les nuits. Ils ont du investir dans des boules quies, heureusement que les chambres de ses colocs ne sont pas à côté de la sienne.
Il est vraiment devenu un père qui s'occupe de son enfant, enfin de ses enfants parce qu'il en profite aussi pour passer plus de temps avec Penny. Cela fait des jours et des jours qu'il n'est pas sorti le soir faire la fête, des jours aussi qu'il n'a pas fini dans un lit avec quelqu'un. Il espère avoir un peu de temps pour sortir ensuite car il n'est clairement pas prêt à passer de chaud lapin à père de famille célibataire qui sort un samedi par moi.
Tandis que Perry tient Siobhan dans ses bras pour lui donner son biberon, quelqu'un frappe à la porte. Il va ouvrir sans se demander qui ça peut être. Pour une fois il n'est pas en caleçon pour ouvrir la porte. Il est habillé avec un t-shirt, décoiffé et cerné à force de ne pas dormir. Pourtant il est heureux.
C'est Aisling, il devait bien se douter qu'elle passerait à un moment. « Hey ! » dit-il en souriant. Il se pousse de la porte pour la laisser rentrer. Le jeune homme espère que ce ne sera pas le parcours du combattant pour qu'elle prenne sa fille dans ses bras ou juste la regarde.

Aisling était un peu nerveuse. Elle ne voulait pas faire un pas de travers vis à vis de Siobhan et de Perry. Elle ne voulait pas qu'il la déteste. Quand il ouvrit la porte, la première chose qu'elle remarqua fut ses cernes. Outch. Elle n'imaginait pas l'état dans lequel elle serait à sa place. A bout de nerfs sans aucun doute. Non, décidément, heureusement que c'était lui qui gardait Siobhan. Elle ça n'aurait, dans tous les cas, pas été envisageable. Par réflexe, sans réfléchir, elle leva sa main, venant poser un doigt sur sa joue.

-Tu as l'air fatigué...

Elle retira précipitamment sa main, baissant les yeux.

-Mh, désolée.

Elle  n'était pas sûre que Perry apprécie vraiment qu'elle l'approche de si prés. Elle secoua la tête, se rappelant la raison de sa visite. Elle brandit la peluche qu'elle avait dans le main droite, se forçant à lui sourire.

-J'ai acheté ça pour Siobhan, tu penses que ça lui plaira ?

Elle avait du mal à fixer la petite chose dans les bras de Perry. Il lui fallait toujours une certaine préparation psychologique à chaque fois qu'elle la voyait.

En voyant sa tête de père fatigué par le bébé, Aisling vint caresser la joue du jeune homme dans un geste qu'il jugea naturel, elle lui dit ensuite qu'il avait l'air fatigué. Il ne put s'empêcher de sourire. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont plus ensemble que Perry ne peut pas apprécier ces petites attentions, qu'il jugeait plutôt rare du temps où ils étaient « en couple ». Enfin lui n'est pas romantique ni quoi que ce soit, il aime juste prendre soin des gens et être sympa avec eux.
Elle s'excusa avant qu'il ne dise quoi que ce soit. Son geste ne le dérangeait pas. « C'est rien. » dit-il pour la rassurer. Il ne voulait pas qu'une relation malaisante s'installe entre eux. Ils forment en quelque sorte une famille et sont liés qu'ils le veuillent ou non alors autant faire pour que tout se passe pour le mieux.
La jeune femme lui montra une peluche qu'elle avait acheté pour Siobhan. Perry ne pensait pas qu'elle l'écouterait et achèterait vraiment une peluche mais il faut croire qu'il s'est trompé. Aisling lui demanda s'il pensait que ça plairait à leur fille. Il attrapa la peluche pour la présenter à Siobhan. Il lui retira son biberon de la bouche et lui toucha le bout du nez avec la peluche qu'il lui donna pour qu'elle joue un peu avec. « Je crois qu'elle l'aime bien, t'as fait un bon choix ! » répondit-il en souriant. « Tu veux la prendre ? » demanda-t-il alors. « Elle est assez calme, profite en. » ajouta-t-il pour la convaincre.

Elle esquissa un petit sourire quand elle vit Perry prendre la peluche pour la montrer à leur fille. Elle semblait être heureuse. Enfin, elle ne savait pas évaluer le bonheur d'un bébé, elle ne savait déjà pas évaluer le sien, mais elle souriait alors ça devait ressembler à ça.

-Je suis contente si ça lui fait plaisir.

Elle aurait certainement beaucoup de mal à se l'avouer mais si Siobhan n'avait pas aimé la peluche, elle se serait certainement sentie rejetée, une fois encore.
Voilà que venait le moment fatidique où il lui demandait de la prendre. Elle n'était toujours pas 100% à l'aise mais elle pouvait se faire un peu violence. Elle mit ses bras en-dessus de ceux de Perry comme lui il lui avait demandé la dernière fois et la prit, tentant de la bercer doucement, priant silencieusement pour qu'elle ne pleure pas. Elle la fixait, plus par concentration qu'en la regardant réellement.

-Si elle se met à pleurer tu la reprends hein...

La blonde se mordit doucement la lèvre, la gardant un peu dans ses bras, posant cette fois son regard sur ses yeux bleus pétillants. Est-ce qu'elle allait les garder bleus ? Sa propre question la surpris et elle redressa son regard vers Perry.

-Est-ce que tu es déçu que je sois la mère de ta fille ?

Cette question lui trottait un peu dans la tête depuis son entrevue avec Chase. Elle avait réalisé qu'il était le seul homme à qui elle devait réellement quelque chose, le seul homme qui avait le droit de se fâcher contre elle, et pourtant ça n'avait pas été le cas. Est-ce qu'il refoulait juste l'intense envie qu'il avait de la tuer ?

Perry était content qu'elle accepte de la prendre dans ses bras. Petit à petit elle acceptait d'être sa mère. Il savait que ça prendrait du temps avant que ce soit « normal » mais il est persuadé qu'un jour, ils formeront quelque chose qui se rapproche d'une famille, même s'ils ne sont pas ensemble. Aisling passa ses bras au dessus de ceux du jeune homme pour l'attraper avant de lui dire que si jamais Siobhan se met à pleurer, il la reprend. Le jeune homme sait qu'il ne faut pas trop lui en demander, ce n'est pas maintenant qu'elle la consolera lorsqu'elle pleurera. « oui. » répondit-il simplement. De toute façon il ne la laissera pas comme ça, il faudra bien que quelqu'un s'occupe d'elle.
Il ne put s'empêcher de sourire en voyant la jeune femme regarder leur bébé. Elle lui demanda ensuite quelque chose qui étonna Perry. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui demande ça, il était un peu pris de cours. Est-ce qu'il était déçu ? « J'm'attendais pas à avoir un bébé en fait donc j'avais pas franchement imaginé de mère t'vois. Alors nan j'suis pas déçu. Et puis j'suis sûr que tu feras une bonne mère. » répondit-il alors, honnêtement. Elle n'est peut-être pas parfaite mais au final il ne sait pas s'il aurait préféré une gentille mère qui fait des gâteaux et qui joue avec le bébé. Il veut juste que Siobhan soit heureuse et il pense sincèrement qu'Aisling peut la rendre heureuse même si pour l'instant elle n'agit pas de la meilleure des manières. « J'sais que toi tu aurais préféré que ce soit pas moi. » ajouta-t-il pour il ne sait trop quelle raison.

Il ne s'attendait pas à avoir un bébé, oui évidemment, ça allait de soit. Mais il aurait tout de même pu être déçu d'avoir un bébé avec elle. De se retrouver coincé, en quelques sortes. C'était les mots que Chase avait employé.

-Tu ne t'ai jamais dit qu'un jour tu aurais un autre enfant ?

Il avait l'air de tellement les aimer qu'Aisling trouvait improbable qu'il n'ait jamais imaginé fonder une famille. Ou plutôt agrandir celle qu'il formait déjà avec Penny. Enfin, il lui avait dit un jour qu'il préférait les hommes aux femmes alors peut-être que ça venait de là, aussi.

-Arrête, on sait tous les deux que je ne suis pas une bonne mère, j'essaye juste de sauver les meubles.

Alors qu'elle parlait, ses yeux étaient posés sur Siobhan. Elle ne l'avait jamais regardé aussi longtemps. Elle découvrait la couleur de ses yeux, du peu de cheveux qu'elle avait, la forme de son nez, de son visage. Elle ne savait pas si elle lui ressemblait, ou si elle ressemblait à Perry mais elle était belle. Elle n'était plus une petite chose toute fripée comme à la maternité.
A la remarque de Perry, elle releva subitement la tête, surprise. Elle fronça les sourcils en le fixant quelques instants, essayant de comprendre ce qui se passait dans sa tête.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

Les pères potentiels c'était lui, Chase et puis Cupidon. Pourquoi pensait-il qu'elle aurait préféré que ce soit un des deux autres ?

-C'est faux. Enfin si c'est vrai au début j'avais peur à cause de notre passé et je t'en voulais et...

Elle secoua doucement la tête.

-Maintenant ça va mieux et je suis vraiment heureuse que ce soit toi en fait.

Parce que ça aurait certainement mit Cupidon dans une situation vraiment indélicate et que Chase était un connard fini.

Perry ne pense jamais vraiment au futur. Avant il pensait passer sa vie à boire des mojitos au bar de la plage, à bronzer et à aller nager dans la mer avant d'aller draguer tout ce qui bouge. Puis il a eu Penny et il s'est dit qu'il ferait tout ça toute sa vie et qu'en plus il aurait un enfant. Il n'avait absolument pas prévu tout ce qu'il lui est arrivé. Il n'avait pas prévu d'être père, de devoir diriger une entreprise, d'être quelqu'un de responsable.
Il sait bien que certaines personnes rêves depuis qu'elles sont toutes petites de vivre dans une maison en banlieue avec un mari ou une femme, des enfants, un chien et des barbecues le dimanche. Mais lui n'a jamais vraiment pensé à son futur en temps qu'adulte. Perry ne pensait pas pouvoir devenir adulte de toute façon, il laisse la vie suivre son cours et voit bien là où ça le mène. « nan. Tu sais j'prévois pas trop les choses. » répondit-il simplement. Cependant ce n'est pas parce qu'il ne prévoit pas qu'il n'est pas heureux. Siobhan lui est tombée dessus sans qu'il s'y attende, pourtant il est heureux qu'elle soit là même si ce n'était pas prévu.
Aisling ne voulait pas accepter ce que lui disait le jeune homme alors qu'il pensait sincèrement qu'elle puisse être une bonne mère. « J'suis passé par là aussi. Tu verras avec le temps ça ira mieux. » dit-il pour la rassurer. Peut-être que là elle essaie de sauver les meubles mais il se dit que peut-être un jour elle fera des gâteaux avec sa fille. En tout cas ce n'est pas avec lui qu'elle en fera, à moins que le but soit de tout brûler.
Lorsque Perry lui dit qu'elle aurait préféré que le père ne soit pas lui, il la vit froncer les sourcils, elle ne comprenait pas pourquoi il disait ça. Elle lui expliqua qu'au début peut-être elle n'était pas contente que ce soit lui parce que leur relation est plutôt compliqué mais qu'au final elle est heureuse que ce soit lui le père, peut-être parce qu'il s'en occupe. « C'est gentil. » dit-il un peu étonné par la gentillesse d'Aisling, il n'y a pas vraiment été habitué. Il regarda le bébé et dit, avant de la prendre des bras d'Aisling « je crois qu'elle veut dormir. » en effet, après avoir mangé et grâce aux bercements de la jeune femme, le bébé commençait à s'endormir. Il la prit délicatement avant d'aller la poser dans son petit lit. Il laissa la porte ouverte, au cas où.

Aisling esquissa un sourire quand il lui dit ne pas trop prévoir. Ce n'était pas vraiment étonnant quand on le connaissait. Et puis après tout, elle non plus n'avait jamais imaginé sa vie dans le futur. Mais elle avait 21 ans aujourd'hui, peut être que c'était plus normal. 21 ans, et même si elle était mature sur certains points, sur d'autres c'était purement et simplement une catastrophe, comme les relations amoureuses ou les enfants.

-Ouais, je sais.

Avec le temps... Oui après tout, maintenant, ils avaient toute la vie pour s'occuper de Siobhan. Elle serait toute sa vie responsable de cette petite chose, qu'elle le veuille ou non. Et Dieu sait à quel point elle ne l'avait pas voulu. Elle ne voulait pas détruire son existence, elle quoi ne lui avait encore rien fait, c'était pour cela qu'elle voulait la faire adopter. Mais visiblement, on ne faisait pas toujours ce qu'on voulait dans la vie.

-J'espère.

Alors qu'Aisling défendait qu'elle était contente que ce soit lui le père, il lui répondit simplement qu'elle était gentille. La blonde fut un peu déstabilisée par ce qualificatif, déjà parce qu'on lui disait rarement, et ensuite parce qu'elle était seulement honnête.

-Non c'est... honnête.

Elle hocha seulement la tête alors qu'il lui disait que Siobhan voulait sûrement dormir et le laissa l'emmener dans sa chambre sans bouger de là où elle était. La situation aurait dû lui sembler simple à présent, tout était à sa place mais Aisling ressentait toujours quelque chose d'étrange quand elle était en présence de Perry. Elle était fragile. Elle qui, pourtant, avait toujours mis un point d'honneur à être la plus forte, à crier le plus fort, à surplomber ceux qui ne l'appréciaient pas avec une indifférence superbe. Mais elle ne savait plus être indifférente avec lui. Et elle ne savait plus quel sujet banal abordé juste histoire de ne pas être venue cinq minutes rien que pour apporter une peluche et prendre sa fille dans ses bras.

-Est-ce que tu veux que je te laisse pour que tu dormes aussi ?

Ils n'ont jamais vraiment eu de grandes conversations, à part peut-être pour comprendre ce qu'il y avait entre eux. Mais globalement, ils couchaient ensemble plus qu'ils ne discutaient. Et maintenant qu'ils ne couchent plus ensemble, ils ne discutent pas franchement plus, ce qui mène à des conversations où chacun dit trois mots.
Dans tous les cas Perry se doutait qu'elle était honnête. Il la connaît et sait bien qu'elle ne dira pas quelque chose juste pour lui faire plaisir. Cependant il a comprit que c'est assez dur pour elle d'accepter la situation. Il ne sait pas trop ce que ça aurait donné si le père n'avait pas été lui. Il sait que Cupidon pouvait l'être et qu'il a même eu un test positif qui ne l'était pas vraiment en fait. Mais il ne le connaît pas alors il ne sait pas comment il se serait occupé du bébé. Sinon il suppose que Chase peut aussi être le père. Lui non plus ne l'a jamais rencontré. Pourtant il ne le porte pas vraiment dans son cœur, peut-être que parce que du temps où ils étaient ensemble il lui faisait concurrence. Enfin Perry n'en a pas grand chose à faire de la concurrence mais quand il a découvert qu'il voulait un peu plus qu'une relation libre, il était jaloux de lui. Il se trouvait débile d'être ainsi, c'est peut-être pour ça qu'il l'a quitté aussi. Parce qu'il ne se sentait pas vraiment prêt à être en couple et à rentrer dans ce genre de relation.
Aisling lui demanda s'il voulait qu'elle parte pour qu'il puisse se reposer. « Nan ça va t'inquiète. » répondit-il. Certes il est fatigué et ce n'est pas franchement la même fatigue que de rentrer tard de soirée, mais il s'y fait et il arrive à tenir debout. « Tu peux y'aller si t'as des trucs à faire. » lui va sûrement regarder un dessin animé ou faire une sieste ou s'allonger sur le canapé et finir par s'endormir. « J'voulais qu'tu saches. Tu peux passer quand tu veux et si jamais tu veux qu'on aille quelque part avec Siobhan tu peux m'le dire. » il ne sait pas vraiment si elle est prête pour ça mais il veut qu'elle sache que le jour où elle voudra aller au parc avec sa fille, il lui suffira de le dire au jeune homme.

Il lui disait de ne pas s'inquiéter mais Aisling se doutait que c'était tout de même plus par politesse qu'autre chose. Elle haussa doucement les épaules quand il lui dit que si elle avait des choses à faire elle pouvait partir. Elle ne débordait pas vraiment de choses à faire pour le moment. Même si elle avait reprit les cours et qu'elle allait se chercher un nouveau boulot.

-Je ne suis pas une femme d'affaire comme toi, moi.

Elle lui avait dit ça avec un petit sourire, taquine. Elle se souvenait que Perry avait dit qu'il se mettrait en congé pour s'occuper de sa fille et c'est effectivement ce qu'il semblait faire. Elle espérait que l'entreprise, son père, ses employés ou elle ne savait pas trop qui n'en pâtissait pas trop. Elle avait du mal à imaginer le jeune homme comme indispensable mais peut-être que c'était tout de même le cas.

Enfin, il lui dit qu'elle pouvait passer quand elle voulait, chose qu'elle savait déjà, et que si elle voulait qu'ils emmènent Siobhan quelque part, ils pourraient lui dire. Sur le coup, la blonde n'eut pas à réfléchir ne serait-ce qu'une minute pour lui répondre.

-Au zoo. On pourra l'emmener au zoo ?

Elle baissa quelques secondes les yeux, se demandant comment il allait prendre sa soudaine demande. Elle ne savait pas elle-même pourquoi c'était la première chose qui lui était venue en tête. Enfin si, elle savait. Elle se souvenait que quand elle était petite ses parents l'emmenaient souvent au zoo parce qu'elle adorait ça. Mais elle n'était pas sûre que ce soit une bonne motivation.
La blonde se mordit l'intérieur de la joue avant de relever les yeux vers lui.

-Moi je voulais que tu saches que je suis désolée pour... tout ce qui est arrivé. Et que je regrette aussi.

Elle avait du mal de s'ouvrir aux autres alors à Perry qui la rendait encore plus fragile que quiconque c'était vraiment un exploit. Mais elle savait que si elle devait continuer à le voir pour leur fille, il fallait que les choses soient claires. Elle n'était pas capable de prendre sur elle aussi longtemps, elle risquait de craquer un jour et ça finirait comme toutes les précédentes fois : avec la porte dans la figure d'un des deux.

Perry ne se considère pas comme un homme d'affaire ou même un patron. Il a toujours du mal à se dire qu'il dirige une entreprise, même si c'est la réalité, bien qu'il soit aidé. Alors entendre Aisling dire qu'elle n'est pas une femme d'affaires comme lui, ça le fait sourire. Surtout qu'elle s'est déjà moqué de son travail puisqu'à la base il n'était pas emballé et surtout pas vraiment sérieux. La preuve il a fait semblant d'être malade pour rester avec elle une journée. Depuis il s'est amélioré et n'arrive quasiment plus jamais en retard et il reste même parfois plus tard que ses employés. Bon maintenant il ne va plus au travail mais s'occupe de Siobhan et c'est vraiment un emploi à plein temps. Il ne pensait pas qu'un aussi petit bébé puisse lui prendre autant d'énergie et de temps mais il fait avec parce qu'il veut bien l'élever et au moins réussir un truc dans sa vie.
Il lui dit que si elle voulait, ils pourraient aller se promener tous les trois quelque part un jour, comme une famille même s'ils n'en sont pas vraiment une. Aisling proposa le zoo. Ce choix ne surprit pas vraiment le jeune homme. Il sait qu'elle adore les animaux et il est persuadé que même si Siobhan n'est encore qu'un bébé, ça pourrait lui plaire. « Oui si tu veux, ça pourra être sympa ! Faut juste que tu m'dises quand tu veux faire ça. » concrètement lui n'a pas des masses d'obligations en ce moment donc c'est plutôt à elle de lui dire ses disponibilités.
Aisling s'aventura sur un terrain un peu plus périlleux que les sujets précédents. Ce n'était plus à propos de leur fille mais d'eux. Elle s'excusa pour ce qui c'était passé entre eux, elle regrettait même. Perry ne comprenait pas trop pourquoi elle s'excusait. Concrètement il n'a pas grand chose à lui reprocher. Il aurait aimé qu'elle soit plus sympa avec Siobhan à l'hôpital et qu'elle l'accepte mais ça n'a rien à voir avec lui. « Bah t'inquiète pas, tu sais j't'en veux pas. » Ce n'est pas comme ci elle lui avait fait quelque chose de mal au final. Il ne pouvait pas lui dire qu'elle l'avait trompé puisque précisément ils n'étaient pas dans une relation que l'on pourrait qualifier d'exclusive. « Tu veux quoi ? » demanda-t-il alors. L'autre fois elle lui a dit qu'elle l'avait aimé, maintenant elle s'excuse. Il ne comprend pas vraiment ce dont elle a envie. Si seulement les choses étaient plus simples.

Aisling hocha doucement la tête. Il fallait qu'elle trouve un moment oui, un moment elle n'avait pas simplement envie de faire la loque sur son lit, ce qu'elle faisait déjà depuis beaucoup trop de semaines. Mais bon, elle avait refusé de voir un psychologue alors sûrement qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.

-Oui je te dirais ça.


Il ne lui en voulait pas... Oui peut-être qu'elle s'en voulait plus à elle-même qu'autre chose. Elle s'en voulait de l'avoir perdu, d'avoir raté une expérience de vivre quelque chose qui, peut-être, l'aurait comblée. Ou juste elle regrettait qu'il ait brisé son cœur par sa faute. Elle ne savait pas exprimer ce qu'elle ressentait avec des mots, elle pensait d'ailleurs que toute sa peine était passée, mais quand elle l'avait vu à la maternité elle s'était rendu à l'évidence, ce n'était pas le cas. Peut-être qu'il lui fallait juste un peu plus de temps.

-Ce que je veux... J'en sais rien. Généralement je sais ce que je veux après l'avoir perdu alors c'est un peu handicapant dans la vie.

Elle détourna le regard avant de hausser doucement les épaules. Elle était perturbée, mais elle n'était pas obligée de troubler Perry pour autant, il n'avait rien demandé.

-Je voudrais ne plus rien ressentir. Je crois que ça me rendrait les choses beaucoup plus faciles.

Elle aurait réellement préféré être une pute sans cœur.

Perry tentait d’avoir l’air cool et détendu comme à son habitude mais dans sa tête il avait plutôt envie de partir en courant. Les choses devenaient un peu trop sérieuses pour lui. Et surtout il n’avait absolument aucune idée de ce qu’il pouvait bien lui répondre. Même s’il n’est pas une flèche il se rend bien compte qu’Aisling parle de lui et de leur relation pour le moins compliquée. Elle ajouta ensuite qu’elle aimerait ne plus rien ressentir pour que les choses soient plus simples. « Tu veux dire pour moi ? » oui il est un con sur les bords et pas que. Enfin c’est surtout dû au fait que la dernière fois elle lui a dit qu’elle l’aimait, ce qui en gros voulait dire que maintenant elle ne l’aime plus. Et maintenant ça veut dire quoi ce qu’elle lui dit ? Elle l’aime encore ? Décidément il est paumé et comprend pas grand-chose à tout ce qu’elle lui raconte. « Mais tu sais c’est normal de ressentir des trucs, c’est humain en fait. » ajouta-t-il, il ne sait pas trop pourquoi.

A sa question, Aisling sursauta presque, surprise. Elle n'avait pas l'impression que Perry captait quoique ce soit depuis qu'ils se parlaient de nouveau, depuis la naissance de Siobhan. Pour elle, elle parlait à un mur. Elle leva les yeux vers lui, légèrement déstabilisée, avant de hausser les épaules en esquissant un sourire.

-Oui, entre autre.

Elle savait bien qu'il se foutait de ses sentiments, qu'il était passé à autre chose et au fond elle n'avait pas envie de l'emmerder avec ça. Elle ne voulait pas être prise en pitié, pas par lui. Et pourtant, elle ne savait pas se montrer forte et froide fasse à lui comme elle pourrait le faire avec Chase. Elle ne le détestait pas.

-Je n'ai jamais beaucoup apprécier faire parti de l'espère humaine.

Non, clairement, Perry ne tenait pas là un bon argument. Elle savait que c'était humain et c'était bien pour cette raison qu'elle exécrait le fait de ressentir des choses.
Elle secoua doucement la tête avant de faire un pas en arrière.

-Désolée, j'ai pas l'intention de t'emmerder avec ça.