after all this time (perring's wedding) (ouvert à tous ceux qui veulent)

Un dernier coup d’œil dans la glace pour remettre bien en place son nœud papillon. Il est nerveux, d’habitude il ne l’est jamais. Perry est toujours le genre d’homme à être détendu, à ne pas se prendre la tête. Mais aujourd’hui c’est différent, ce n’est pas un jour comme un autre, loin de là. Jamais il n’aurait pensé faire ça de sa vie, il y a quelques années il aurait sûrement ri. Parler de couple était déjà pour lui une chose impensable, alors de mariage, certainement pas. Pourtant il est là, aujourd’hui, bien habillé, les cheveux bien coiffés et un sourire sur les lèvres depuis le début de la journée. Il a hâte réellement alors que durant toute sa vie les mariages et les cérémonies l’ont ennuyé. Sa fille court vers lui dans sa petite robe blanche il la trouve adorable. Dire qu’elle a cinq ans à présent et que Penny en a quinze. Le jeune homme l’attrape dans ses bras pour lui faire un baiser sur la joue, il fait attention à ne pas abîmer sa robe, connaissant ses talents de boulet, il pourrait. « Au final tes parents vont se marier. » dit-il plus pour lui que pour elle. Leur relation a toujours été complexe mais aujourd’hui il se marie avec Aisling, après plusieurs années passées à se tourner autour, à se chamailler, se disputer, se réconcilier. Ils ont bien fini par se remettre ensemble, pour de bon et à avoir une relation à peu près normale. A peu près car rien ne le sera jamais vraiment entre eux, ils auront toujours cette relation complexe ponctuée de hauts et de bas mais aujourd’hui est un haut. Finalement, après qu’on lui ait fait signe, il sort de la pièce pour traverser l’allée jusqu’à l’ordonnateur. Il y a un peu de vent, les vagues se font entendre, il trouve ça apaisant. Bien sûr il fait beau, comme toujours à Bowen. La plage est le lieu qu’il voulait absolument pour la cérémonie, il aime tellement y venir, il trouve ça beau. Perry croise les mains pour cacher sa nervosité. Il tente de rester en place et de ne pas avoir l’air trop nerveux en attendant de la voir arriver.

Ses parents étaient arrivé la veille, avec son frère, son oncle et sa tante, parce qu'évidemment, ils ne rateraient ça pour rien au monde. Ses parents l'avait serrés dans leur bras, après tout, ils ne se voyaient pas souvent. Et puis, son père lui avait lancé qu'elle faisait les choses encore plus dans le désordre que lui, ce qui n'était pas entièrement faux. Par contre, elle marchait sur les pas de ses parents avec une certaine dextérité. Si elle n'avait pas été désirée, Siobhan non plus. Et s'ils s'étaient mariés après sa naissance, elle était en bonne passe de le faire. Mais au moins, quand sa mère avait accouché, ses parents étaient amoureux et ensembles. Une différence notable entre sa situation et celle de sa fille. Situation qui tendait à se normaliser au fur et à mesure que les années passaient.

Aisling était partagée entre l'idée de le faire entre quatre témoins et celle d'une grande fête qui ferait, sans doute, plaisir à tout le monde. Perry avait choisi. L'idée du mariage lui faisait un peu peur, et pour ce que ça représentait, et pour la cérémonie en soit. Être le centre d'attention pour une journée n'était pas vraiment quelque chose qui l'excitait. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Aisling Megan Callaghan n'aimait pas spécialement être le centre du monde, surtout pour être adulé. Être détestée mettait beaucoup moins la pression. Aujourd'hui elle n'avait pas le droit à l'erreur. Enfin, dans un certain sens. Parce que dans un autre, elle n'avait pas l'intention de respecter à la lettre les codes et coutumes du mariage.
Et ça, même Perry n'était pas forcément au courant. Disons qu'elle lui a fait la surprise pour beaucoup de choses. A commencer par la robe. Qu'elle s'est d'ailleurs bien gardé d'acheter avec la carte de crédit de Perry. Du haut de ses 26 ans, Aisling avait obtenu son doctorat en zoologie l'année dernière. Elle avait alors démissionné du cabinet de Lennox pour commencer à travailler dans le domaine dans lequel elle étudiait depuis si longtemps. Elle avait gardé de l'argent de côté et maintenant gagnait presque honorablement sa vie. Et tout cet argent était sur son petit compte qui suffisait à ses besoins. Aisling n'était pas prête de vivre au crochet de son mari, aussi riche soit-il, en lui faisant les yeux doux pour avoir le droit à un petit extra. Elle était bien trop indépendante pour ça.
Elle avait donc fait croire à Perry qu'elle arriverait en robe rouge pour rappeler la luxure mais elle était soudainement tombée amoureuse d'une autre robe, blanche immaculée, avec une traîne d'une longueur affolante. Ca ressemblait presque à une robe de princesse, loin du genre d'Aisling et pourtant, elle se sentait presque jolie dedans.

Alors que quelques heures plus tôt, elle essayait de mettre sa robe avec sa mère, Siobhan était venue leur traîner dans les pattes.

-Maman, pourquoi les robes de mariées sont toujours blanches ?

Un enfant, ça avait toujours des milliards de questions, ça elle l'avait très vite comprit, dés que sa fille avait commencé à parler correctement.

-Parce qu'avant les femmes devaient se marier vierges, mais bon, j't'avoue que ça fait bien longtemps que je ne suis plus, sinon, tu ne serais pas là.

-Aisling !

Sa mère l'avait réprimandée, comme si elle avait encore quinze ans.

-C'est quoi vierge ?

-Tu comprendras quand tu seras plus grande ma puce.

Pour Aisling, il ne lui faudrait pas encore beaucoup d'années avant de comprendre.

-Bon je vais voir papa alors !

-Dis lui de te donner ton médicament.

-Mais j'ai pas école aujourd'hui !

Non, effectivement, elle n'avait pas école aujourd'hui, et pourtant Aisling aurait apprécié qu'elle soit un peu plus calme, enfin, concentrée, il paraît que c'était ça qu'il faisait le médicament. Parce que oui, beau cadeau de sa mère, si les poumons de Siobhan allaient bien, elle était cependant hyperactive. Une des conséquences de fait qu'elle avait fumé, bu et prit de la drogue pendant sa grossesse. Un des trois, elle ne se souvenait plus vraiment. Elle se sentait coupable tous les jours.

-Et ne lui dis pas comment maman est habillée.

-Promis !

Cette connerie aussi, ne pas voir la robe de la mariée avant le mariage parce que ça portait malheur, ou une connerie du même genre, ça lui faisait lever les yeux au ciel. Mais sa mère était bien une des seules personnes dans ce monde à qui elle voulait encore faire plaisir. Et puis, l'effet de surprise lui plaisait aussi.

Une fois sa chevelure parfaitement retenue à l'aide d'épingles et sa robe enfilée et parfaite lissée, pas forcément dans cet ordre, elle laissa sa mère gagner la plage où la cérémonie allait se dérouler.
A présent, c'était à elle de faire son entrée. De l'autre côté de la plage, à l'abri des regards, l'attendait son magnifique hongre, pur sang réformé des courses qu'elle avait sauvé deux ans plus tôt. Ca non plus, Perry ne le savait pas. Enfin, qu'elle avait un cheval, si, mais qu'elle allait venir avec, non. Son cheval était simplement harnaché d'un filet et d'un tapis immaculé, parce qu'elle allait tout de même porter sa robe toute la journée, donc la salir d'entrée de jeu avec des poils foncé de cheval ne l'enchantait guerre. Grâce à son téléphone relié à une enceinte bluetooth posée au pied de l'ordonnateur, elle enclencha la musique d'entrée. Celle-là aussi elle l'avait choisie toute seule, enfin, pas tout à fait, son père l'avait aidée. L'air fière, sur son cheval au pas, alors qu'elle traversait les quelques mètres qui la séparait encore de Perry, elle se récitait ses vœux dans sa tête, incroyablement stressée à l'idée de bafouiller ou d'en oublier un bout. A croire qu'elle passait un examen. Puis, ses yeux finirent par se poser sur Perry, elle non plus ne savait pas comment il viendrait à leur mariage, et un sourire se dessina sur son visage froid et concentré alors qu'elle se disait qu'il aurait été capable de venir en short et tongs. Elle arrêta sa monture à un mètre de l'ordonnateur, glissant souplement de son dos avant de se tenir devant l'ordonnateur, posant son téléphone sur celui-ci, l'air de rien. Un mariage avec autant de surprise, c'était forcément un peu law-cost, même quand le marié était riche.

Cinq années venaient de s'écouler en un clin, ta vie avait beaucoup bougé depuis, partagé entre le ballet et les répétitions pour divers spectacles, tu prenais tout ce que tu trouvais et tu profitais de la vie. Parfois à Sydney, à Perth, à Adelaïde aussi ! Tu avais beaucoup voyagé, gagnant assez d'argent pour mettre de côté ta carrière de facteur. Côté cœur, tu ne préférais pas en parler c'était bien pour cette raison que tu n'étais pas venu accompagné au mariage d'Aisling. Tu avais appris ça il y a quelques jours, tu étais ravi parce que tu savais que tu rentrerais à temps. Tu avais enfilé un beau smoking, tes lunettes sur le nez, tu filais à la plage. Tu ne pensais pas voir ce jour arriver, celui où Aisling épouserait quelqu'un. Pas n'importe qui, c'était Perry, tu ne le connaissais que comme ça, sans plus mais tu savais que c'était un bon parti, d'après les ouïe-dires. Tu étais heureux de savoir qu'elle avait réussi là où toi tu avais échoué. Tu n'étais toujours pas marié, tu approchais les 35 ans et tu n'étais pas non plus papa. Tu l'étais, mais puisque tu n'avais pas la garde de ton enfant, tu avais parfois le sentiment qu'il n'était pas le tien. Il t'avait rendu visite qu'une seule fois en cinq ans. Tu avais été heureux, le sourire fixée sur le visage. Tu irais sûrement lui rendre visite bientôt, il fallait que tu demande l'accord à ses parents. Tu t'installais sur une des chaises libres, pas très loin du rang d'honneur, à côté d'Aisling, tu pouvais apercevoir Isaiah, sûrement en temps que témoin. Tu apercevais aussi Siobhan qui gravitait autour de son père. Elle avait bien grandi, une jolie blonde aux yeux d'un bleu hypnotisant. Comme tout le monde, tu attendais avec impatience l'arrivée de la mariée. Et elle ne se fit pas attendre, arrivant sur un grand cheval. De toute les femmes que tu connaissais, tu pensais bien qu'elle serait la dernière à faire cette folie, mais si c'était son rêve, alors qu'elle en profite à fond, aujourd'hui, c'était leur jour, rien qu'à eux.

Quelle surprise quand, à son arrivée à l'auberge située Tombouctou, sa plus récente destination, Isaiah avait du courrier qui l'attendait. Une lettre, d'Aisling. Mais ce n'était pas ça le plus surprenant. Depuis deux années maintenant, deux années depuis qu'Isaiah avait définitivement quitté Bowen, sa meilleure amie et lui correspondaient principalement par lettre, et par téléphone de temps en temps pour prendre des nouvelles plus rapidement. Isaiah prenait toujours soin de refiler à Aisling la prochaine adresse où il se trouverait. C'était donc plus organisé que ses escapades de jeunesse, il restait aussi pas mal plus longtemps au même endroit, mais c'était tout aussi enrichissant. Il prenait le temps de connaître les gens, construisait des meubles et des maisons pour les gens qui en avaient besoin, en échange d'un peu de nourriture et d'un endroit où dormir, peu importe les conditions. Bref, ce courrier n'était pas étonnant, c'était surtout le contenu de celui-ci qui l'était. D'une calligraphie un peu plus tremblante qu'à l'habitude, Aisling lui annonçait son union à Perry. Elle allait se marier au père de sa fille, enfin. En consultant la date prévue pour le mariage, Isaiah constata que c'était ... dans trois jours. Il avait mis plus de temps que prévu à rejoindre le Mali, et la lettre l'attendait donc déjà depuis un bon moment. Il ne posa donc même pas bagage, annula ses réservations pour les nuits suivantes et retourna directement se quêter un trajet jusqu'à l'aéroport locale. Après ça, ce serait transfert après transfert, jusqu'à se trouver un vol qui se rendrait enfin jusqu'à Brisbane. De peine et de misère, Isaiah réussit à se réserver des places dans tous ces avions, dépensa un peu plus d'argent que prévu dans son budget de transport, passa des heures à attendre les escales, mais arriva au moins à temps pour la cérémonie. Le jour-même. Les préparatifs étaient déjà presque terminés, l'heure approchait, et il n'avait même pas eu le temps de voir Aisling avant le début. Il s'était directement rendu à la plage, fraîchement débarqué de son bus en provenance de Brisbane, et avait vite repéré le regroupement de gens tous bien habillés, et lui, le témoin, qui arrivait dans ses vêtements portés depuis trois jours, avec des pantalons qu'il s'était fait offrir au Kenya et qui étaient donc très colorés et dans le vent. Fidèle à lui-même, même à trente-deux ans, il ne changeait pas. Il alla se placer tout près du maître de cérémonie, qui n'était nul autre que l'ancien colocataire de Perry - ou peut-être qu'il l'était encore, qui sait (pas lui en tout cas). Perry aussi ne tarda pas à arriver, et se positionna de son côté, en attente de sa future mariée. Isaiah croisa ses mains devant lui, pour avoir l'air un minimum sérieux dans son rôle malgré son accoutrement original pour l'occasion. Quelques minutes plus tard, Aisling arrivait, au loin, sur son grand cheval. Comme quoi, elle avait peut-être un peu de sang royal malgré ce qu'ils avaient pu en dire cinq ans auparavant. Sa belle princesse, sa meilleure amie, qui se mariait aujourd'hui. La surprise. Isaiah avait beau ne pas croire en l'institution du mariage, il savait qu'un amour comme le leur, ça ne courrait pas les rues, et que ça méritait d'être souligné devant tout ce beau monde. Avec un sourire plus grand que nature, il croisa le regard de sa meilleure amie, magnifique, sereine, alors qu'elle descendait de son cheval. Il se recula légèrement, laissant tout l'espace aux futurs mariés, et assista à la cérémonie en ne les quittant pas des yeux.

Cinq ans plus tard, dans la trentaine, j'étais toujours là, à Bowen. Toujours à la même place, mais heureux. J'avais trouvé mon équilibre, ma paix intérieure, malgré les grands défis que la vie avaient mis devant moi. Et rien au monde ne me faisait plus plaisir, aujourd'hui, que de marier deux personnes qui étaient des amis, des gens importants. D'abord Perry, avec qui j'avais partagé l'appartement pendant plusieurs années avec nos deux autres belles joyeuses luronnes, puis Aisling, qui n'avait pas mis de temps à rejoindre, à gagner une place dans mon cœur, et dans celui de Gamborlim aussi. Malheureusement, Gambo n'était plus de ce monde maintenant, mais en ce jour merveilleux, je savais qu'il nous regardait d'en haut, du paradis des chiens. C'était le jour du mariage, le mariage d'Aisling et de Perry, le Perring, ce couple que j'avais toujours encouragé, plus que n'importe quel autre prétendant qui aurait pu tourner autour d'eux. Et c'était moi qui avais l'honneur de les unir. Perry m'en avait fait la demande quelques jours après avoir obtenu la réponse d'Aisling. J'avais passé tous les examens et rempli tous les formulaires nécessaires afin de pouvoir les marier officiellement, j'avais ce permis temporaire, quelques heures durant lesquelles j'avais le pouvoir de marier les gens. J'étais l'un des premiers arrivés, j'avais aidé à préparer les allées sur la plage, et je me plaçai finalement à ma place, tout au bout de l'allée, au centre, au moment venu. Le futur marié était là, les témoins aussi, et la future mariée fit son entrée spectaculaire, à cheval. Je souris, tout au long du processus, et quand ils furent face à moi, j'ouvris mon petit livre avec les lois à lire, et mon discours qui y était aussi glissé. J'attendis que les futurs mariés se soient assez échangés de paroles télépathiques, et que les invités se taisent complètement. Puis, la cérémonie pourrait débuter.

Ils étaient tous là, devant lui. Sa famille, ses amis ainsi que ceux de sa future femme. Et oui future femme, quelque part il n’en revenait pas vraiment. Il était là en costume à son mariage, sur la plage. Tout était parfait. Et s’il merdait ? Qu’il foutait tout en l’air ? Si, pris de panique, il s’enfuit sur la plage et s’arrête au bout de dix mètres trop essoufflé. Ou si c’est elle qui s’enfuit ? D’un coup il avait des doutes. Bien sûr qu’il veut se marier, en plus ça ferait plaisir à tout le monde, mais il a toujours merdé avec elle et il ne voit pas pourquoi aujourd’hui ferait exception. Il ressent le trac qu’il a ressenti lorsqu’il a fait se demande. Rien de grandiose ni de réellement préparé. Perry n’est pas le genre à échafauder dix mille plans avec un milliard de personnes pour que la demande soit grandiose. Non, il s’est seulement dit un jour qu’il était dans un couple stable, qui le rendait heureux et que la prochaine étape après ça c’est le mariage. Enfin ils n’étaient pas obligés, beaucoup de gens vivent ensemble sans être mariés. Il s’est seulement dit qu’avec une bague au doigt les choses seraient un peu plus officielle, comme-ci grâce à ça ils ne pourraient rien leur arriver. A y repenser sa demande était plutôt ridicule mais elle était sincère. Ils étaient tous les deux en train de parler un soir dans leur lit, Perry ruminant ses pensées de mariage, lorsqu’il lui avait attrapé la main pour qu’elle se redresse. Ils s’étaient assis et c’est alors qu’il lui a demandé, dans les yeux et dans le presque noir de la nuit, si elle voulait devenir sa femme, officiellement et pourquoi pas jusqu’à ce que la mort les séparent, si elle voulait bien. Il avait eu peur qu’elle dise non, qu’elle fuit, mais non, elle avait accepté. C’est alors que la machine s’est lancée. Il fallait prévenir tout le monde et commencer à tout organiser. Le budget ne posait pas de problème, tout était permis mais ce n’est pas pour autant qu’ils allaient faire quelque chose de fastueux. Le jeune homme a présent trentenaire a toujours été quelqu’un de simple et l’idée d’avoir douze plats pour le repas lui faisait faire les gros yeux. Il voulait juste quelque chose d’inoubliable et de simple, sans prise de tête à propos de la couleur des fleurs. Ce n’est pas comme s’ils avaient été romantiques tous les deux de toute façon. Isaiah, le témoin d’Aisling, son meilleur ami et le parrain plus ou moins officiel de Siobhan, arriva quelques minutes à peine avant le début de la cérémonie dans une tenue qu’une personne normale aurait qualifiée de peu appropriée pour un mariage mais dont Perry n’en avait rien à faire. Sa devise de toute façon c’est un peu comme celle de McDo : venez comme vous êtes ! Pas besoin d’en faire des caisses, il veut juste que les gens s’habillent comme ils ont envie. Même Penny et Siobhan ont eu le choix sur leur tenues, c’est elles qui les ont choisis. Voyant la tenue colorée du jeune homme, le futur marié lui adressa un sourire. Il se retourna ensuite vers l’allée pour attendre l’arrivée d’Aisling. Son attente ne dura pas bien longtemps. En la voyant arriver sur son cheval, une musique de métal en fond avec une grande robe blanche, il retint un rire et se pinça les lèvres pour ne pas éclater de rire à son propre mariage. Il était partagé entre le rire, la joie, l’étonnement et l’admiration. Elle ne cessera jamais de l’étonner. C’est elle qui avait tout choisi et elle ne lui avait rien dit. Enfin elle avait vendu la mèche pour la robe mais il semblerait qu’elle ait changé d’idée sur la question puisqu’elle n’était absolument pas rouge mais plutôt blanche et extrêmement imposante. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle en choisirait une de ce style. Mais après tout il connaît son goût pour les sorties remarquées et dramatiques alors pourquoi pas les entrées. En jetant un coup d’œil à ses filles, il voit qu’elle ont la même réaction que lui. En s’apercevant qu’il les regarde elles lui font des signes d’encouragement en levant leurs pouces. En la voyant descendre de son cheval, Perry se dit qu’à sa place il serait sûrement tombé et se serait étalé de tout son long par terre mais elle non, elle gère vraiment. Lorsqu’elle arrive à lui, il lui attrape la main et lui adresse un sourire qui veut tout dire. Il se tourne ensuite vers Concho, le maître de cérémonie aujourd’hui. C’est son ancien colocataire et un de ses meilleurs amis. Aujourd’hui il se retrouve seul au 17, tous les autres ayant changés d’endroit. Enfin seul, avec toute sa petite famille quand même. Bien que l’appartement ne soit plus réellement adapté pour eux, Perry n’en démord pas, il ne veut pas déménager. Le 17 c’est chez lui, il est hors de question que quelqu’un y vive à sa place. Son autre meilleur ami, Oscar est son témoin, lorsqu’il a accepté de l’être Perry fut tellement content car jamais il ne pensait avoir à lui demander ça un jour.

Le jour est arrivé et pourtant, Oscar a encore du mal à y croire. Aisling et Perry, sur le point de se marier dans cette ville où tous se sont connus. Oscar revient de loin pour assister à la cérémonie où il a l'honneur d'avoir été choisi comme témoin. Il a fait Broadway, New York, les grandes scènes d'Amérique en plus de la cérémonie des Tony Awards. Un moment fort en émotion où il a été félicité pour ce travail qu'il a fourni sur plusieurs années, moment où il s'est d'ailleurs arrêté pour citer un discours en grande partie adressé à Perry, présent ce jour-là. Comment pourrait-il donc ne pas l'être aujourd'hui ? Son meilleur ami a toujours été là à ses cotés, dans les bons comme dans les mauvais jours même si ceux-ci étaient beaucoup plus rares. Il était et est encore son pilier. Confident, parrain de sa fille, probablement sa personne préférée. Et même si il n'appréciait pas particulièrement sa relation avec Aisling au début à cause de sa fichue tendance trop protectrice, Oscar ne peut qu'être heureux si Perry l'est aussi. Sa voiture garée sur le parking, il regarde sa montre et réalise qu'il est en retard. « Tu retrouves Penny dans la foule et surtout, tu ne la lâches pas d'accord ? » dit-il à Luce, sa fille de maintenant onze ans. Elle a grandit si vite, est devenue une jeune adolescente à la longue crinière blonde et aux yeux d'un bleu intense. Mais malgré cet air angélique, sa fille a développé un caractère de feu qu'elle ne peut tenir que de sa mère. Grâce à une marche accélérée, Oscar et Luce ne tardent pas à faire leur entrée sur la plage, là où se trouvent déjà les invités, Perry, Concho, et... Aisling sur un cheval ? Décidément, cette fille ne finira jamais de l'impressionner. Ou de le perturber, il n'est pas certain du bon terme à choisir. Luce va s'asseoir aux cotés de son amie et fille de Perry tandis qu'Oscar se faufile jusqu'aux cotés du futur marié. Dans la poche de son pantalon, une boîte renferme deux alliances qui ne tarderont pas à trôner fièrement aux doigts d'Aisling et de Perry. Heureusement, Oscar arrive à rejoindre Perry avant qu'Aisling ne finisse de remonter l'allée. Il pose sa main sur son épaule et la presse doucement pour lui dire qu'il est là et que, quoi qu'il arrive, il le sera toujours. Aisling s'approche après être descendue de son monstre géant et Oscar se recule avant de lancer un regard en coin à Concho. Perry n'aurait clairement pas pu choisir un meilleur homme pour les marier.

Elle posait pied sur le sol australien après avoir passé quelques mois en Suède. Son amie allait se marier, elle allait devenir la madame de quelqu’un. Ça lui donnait un vrai sourire, même si le concept d’amour pour Aino restait très compliqué à comprendre, elle ne pouvait que se réjouir quand deux personnes décidaient de s’unir. Peut-être qu’un jour ça serait son jour à elle aussi, même si elle doutait fortement, parce que rien que l’idée lui donnait la nausée. La blonde avait enfilée une belle robe pour l’occasion, après tout, elle espérait n’allait qu’une fois dans sa vie à un mariage d’Aisling. Achetée spécialement pour l’occasion, alors qu’elle devait être la plus grande radine de ce territoire, pourtant ce n’était pas l’argent qui lui manquait avec ce qu’elle avait retrouvée dans le plancher d’une des chambres de sa maison de Bowen. Arrivant sur les lieux, ses yeux azurés ciblaient les gens présents et elle était ravie de revoir certaines personnes qu’elle avait perdue de vue ces dernières années. Son sourire ne se décrochait pas, chose étrange pour elle qui avait l’habitude d’offrir la même tête du matin jusqu’au soir. La blonde s’immisçait entre les gens, rapidement, parce qu’avec les années, elle ne changeait pas. La parole n’était pas son point fort, elle détestait ça même. Aino allait s’installer dans une chaise libre, observant le marié, Perry avec non loin de lui Siobhan qui bougeait toujours autant. Même au mariage de ses parents, elle ne se calmait pas, mais elle n’en restait que plus mignonne. Elle mélangeait son sourire amusé par la musique et l’entrée à celui qui occupait l’espace sur son visage depuis des minutes déjà. Son amie était sublime, bien la plus belle des mariées qu’elle avait vu dans sa vie, peut-être parce qu’elle n’avait pas été à un grand nombre de mariage. Puis elle avait une sacré allure sur son cheval, comme si elle avait tout prévu pour que ses invités ne l’oublient jamais, ce jour-ci. Ses yeux sont rivés sur les deux mariés, impatiente de voir la suite, de les entendre échanger leurs vœux.

Alors qu'elle remontait l'allée sur son cheval, elle repéra quelques visages qu'elle connaissait. Aino dans la foule assise, la marraine officieuse de sa fille. Et puis Cupidon, que tu appelais et appellerais toujours Cupidon, et non pas CJ comme tu avais entendu tout le monde le faire. Les deux témoins venaient d'arriver alors qu'elle remontait juste l'allée, à la bourre. Ce mariage ne ressemblait vraiment à rien, et on pouvait dire qu'elle n'y mettait pas du sien. Son entrée semblait d'ailleurs faire son effet, et elle en était très fière. Elle n'avait pas vocation de clown, et elle voyait bien que Perry se retenait de rire, mais montrer qu'elle pouvait encore faire ce qu'elle voulait, peu importe les circonstances, lui plaisait. En descendant, elle sentit Perry lui prendre la main et elle ne put retenir un sourire heureux.

-J'espère que tu apprécies l'entrée.

Elle n'avait pu s'empêcher de souffler ça à son intention. Comme une enfant fière de sa bêtise. Puis son regard se tourna vers Isaiah, son témoin. Elle n'avait pas attendu sa réponse quand elle lui avait envoyé une lettre lui demandant d'être son témoin. Elle avait juste compté sur lui. Et il était là aujourd'hui, dans une tenue qui le représentait parfaitement bien. Lui globe trotteur, lui qui parcourait le monde et se fondait dans les autres cultures en mangeant des graines.
Elle savait Oscar à côté de Perry, son meilleur ami. Elle savait aussi qu'il n'avait pas toujours adulé leur couple mais... Qui pourrait bien le lui reprocher ? Sûrement pas elle.
Finalement, elle tourna la tête vers Conchobahr, lui faisant un léger signe de tête pour lui signifier qu'il pouvait commencer.

Les deux futurs mariés se trouvaient l’un devant l’autre, les témoins se trouvaient de chaque côté, et les invités étaient tous bien en place. La cérémonie pouvait débuter. Je me raclai la gorge et, sortant ma voix de ténor pour être bien certain que tout le monde entendrait, je commençai : « J’ai d’abord connu Perry et Aisling séparément, avant de voir leur amour enfin s’articuler d’abord à travers un non-verbal non assumé par eux mais compris de tous, ensuite à travers l’évidence qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. C’est sous le toit du #17 que je les ai rencontrés, tous les deux, ce même toit où ils vivent maintenant en tant que famille. Il y a d’abord eu Perry, qui m’a ouvert sa porte et ses bras, puis plus tard Aisling, alors qu’elle était en petite culotte, et moi en caleçon. J’vous rassure, elle ne m’a rien ouvert d’autre que la porte du frigo. » Je retenais un rire, comme un enfant qui doit se mordre l’intérieur des joues pour ne pas éclater de rire au risque de se faire gronder. Ce petit rictus m’empêcha de continuer un moment, mais je retrouvai le contrôle et continuai : « Puis Siobhan est arrivée, et j’ai appris à les connaître en tant que parents, et enfin, oui enfin, en tant qu’amants. La route aura été longue, le sentier pas toujours facile, mais c’est bien la preuve que l’amour est plus fort que tout. Aujourd’hui, nous nous retrouvons ici pour célébrer leur union, leur amour, devant tous ceux qui comptent dans leurs cœurs, devant tous ceux qui ont vu leur amour naître et grandir. » Je relevai la tête vers les gens assis devant les futurs mariés, et puis vers ces derniers. « Avant de débuter, les futurs mariés ont préparé quelques mots à s’échanger. » Et à partir de là, c’était à eux de prendre la parole, du moins pour le temps des vœux. Après, le blabla officiel viendrait.

En voyant Oscar se dépêcher d’arriver et se placer derrière lui, Perry se dit que ses amis sont bien comme lui, toujours en retard. Enfin pour l’occasion il a fait un effort et est arrivé bien en avance, c’est son mariage quand même, il n’allait pas arriver en retard. Depuis le matin, à une heure beaucoup trop matinale pour lui, il se prépare même si honnêtement ce doit être rien comparé à ce que Aisling a dû endurer. Rien que pour enfiler cette robe, il se demande comment elle a fait, il se demande aussi comment elle va faire pour la garder toute la journée et également comment il va faire pour la retirer. Oui ce dernier point est très important pour lui. Le jeune homme se tourne un bref instant vers son meilleur ami et témoin et lui lâche un sourire, avant de se tourner à nouveau vers l’allée pour voir sa future femme finir son entrée. La blonde se tourna vers lui, lui demandant s’il avait apprécié son entrée, toute fière d’elle. « J’ai trouvé ça un peu trop simple. » souffla-t-il en retenant une fois de plus un rire. Décidément même lors d’un jour aussi important il n’est pas capable de garder son sérieux deux minutes. Le maître de cérémonie n’aide pas non plus car évidemment avec Concho il ne fallait pas s’attendre à quelque chose de sérieux. N’empêche que grâce à sa petite histoire, Perry apprend comment lui et Aisling se sot rencontrés car il ne s’était jamais posé la question. Lui en caleçon et elle en petit culotte ça n’a rien pour l’étonner, au 17 c’était plutôt commun ce genre de rencontre, vu que tout le monde est plutôt à l’aise avec son corps. Enfin, il ne fallait pas non plus se balader tout nu car un enfant encore innocent pouvait débarquer à tout moment. Lorsque Concho suggéra qu’il n’avait pas couché avec la future femme de Perry, ce dernier se mordit la joue et pinça ses lèvres pour ne pas éclater de rire. Il détourna également le regard car il sait que s’il regarde son ami, ils vont probablement éclater de rire tous les deux. Si lors d’une journée normale ça ne l’aurait pas dérangé, là il essaie un minimum de garder son sérieux. Il parla ensuite plus tendrement de leur relation, Perry trouvait ça touchant que ses amis aient fini par accepter qu’ils soient ensemble et même parfois qu’ils les aient un peu poussés à l’être. Finalement en entendant la dernière phrase, son cœur fit un bond. C’est le moment des vœux, il doit commencer. Perry est nerveux mais il se concentre et se tourne vers Aisling pour la regarder dans les yeux. « Tu sais bien que je n’ai jamais été doué pour faire de grands discours, ni même de petits d’ailleurs mais cette fois je vais essayer de faire les choses bien. Il y a tellement à dire que je ne sais pas par où commencer. Cela fait à présent sept ans que je te connais, si on m’avait ce soir-là, quand je t’ai rencontré, que j’allais me marier avec toi, je n’y aurais pas cru une seconde. Et pourtant c’est en train d’arriver. Je pense qu’avant même d’être marié on a connu plus d’aventures que la plupart des couples, que la plupart des gens. Tu es une femme extraordinaire, forte, indépendante. Le genre qui m’a toujours fait peur mais aujourd’hui me rend heureux. Tu as réussi à me faire croire en l’amour, à réveiller en moi des sentiments que je ne pensais pas un jour avoir. Tu m’as fait comprendre que l’on peut donner son cœur et sa confiance à quelqu’un. J’ai l’impression de te connaître par cœur mais de te découvrir chaque jour, et je veux continuer à te découvrir, à ce que tu me surprennes pour la fin de ma vie. » Il fit une pause avant d’ajouter, presque dans un souffle. « Je t’aime. » Ces trois mots qu’il ne dit jamais, qu’il n’a du lui dire que deux fois depuis qu’ils se connaissent. Mais aujourd’hui c’est le jour. Il a mis un temps à écrire ses vœux, il en a froissé des feuilles pour arriver à ce qu’il voulait. Perry n’est pas le genre d’homme romantique, qui parle d’amour mais pour l’occasion il a fait une exception en expliquant tout ce qu’il ressent lorsqu’elle est là, depuis qu’ils sont ensemble.

Aisling fit les gros yeux à Perry lorsqu'il trouva son entrée trop simple. Elle savait qu'il plaisantait, enfin, il lui semblait mais ça ne l'empêchait pas d'être un poil vexée.
Le discours de Concho' commençait et elle esquissa un léger sourire au souvenir de leur rencontre puis leva les yeux au ciel au sous-entendu sexuel.

-Tout ça pour dire que t'as vu la marié à poils.

Elle avait soufflé sa remarque pour qu'il n'y aient qu'eux qui l'entendent alors que Perry et Concho' se retenaient de rire.
La suite du discours lui fit baisser les yeux. C'était quelque chose d'assez juste, même si le fait qu'on parle d'elle et à fortiori, du sa relation avec Perry devant tout le monde la mettait quelque peu mal à l'aise. Mais, qu'était un mariage si on ne parlait pas des mariés en tant que "nous" ? Alors que l'étape des vœux arrivait, le cœur d'Aisling battait plus fort. Elle avait peur du moment où elle devrait se lancer mais elle n'avait pas pensé une seconde à ce qu'elle ressentirait lors des vœux de Perry. Son regard bleu s'était perdu dans le sien pendant les quelques minutes qu'avaient duré son discours. Et ses paroles touchaient son cœur comme en résonance. A la fin, alors qu'il prononçait finalement ces trois mots, ces trois mots qu'ils ne se disaient jamais, Aisling se sentit craquer et une larme glissa la long de sa joue. Aisling qui ne montrait jamais sa sensibilité, Aisling qui avait toujours exécrer de pleurer en public, elle, pleurer le jour de son mariage ?! Elle se sentait ridicule. Mais quel jour aurait-elle pleuré si ce n'était pas celui-là ? Elle laissa quelques secondes de silence s'écouler pour que son cœur reprenne un rythme plus normal et qu'elle ne risque pas la crise d'angoisse, parce que ça aussi ça aurait été ridicule. A force de ne jamais être romantique, les seules fois où ils se l'autorisaient avait une saveur bien particulière.

-C'est pas facile de faire aussi bien que ça.

Elle eut un léger sourire en jetant un rapide coup d’œil à ses parents avant de regarder de nouveau Perry.

-Moi, Aisling Megan Callaghan, j'ai, depuis mon enfance, tout fait pour rester seule. J'ai rejeté l'amour sous toutes ses formes, par choix. Je me suis forgée une carapace pour devenir intouchable. Et pourtant nous sommes tous réunis aujourd'hui pour célébrer mon mariage. Notre mariage. Parce que depuis ce fameux jour je me suis attachée, parce que tu as brisé ma carapace avec une facilité déconcertante, parce que je suis tombée amoureuse de toi. Pas parce que je suis tombée enceinte, pas parce que tu es riche et encore moins pour ta musculature impressionnante mais parce que tu es sensible, persévérant, drôle, maladroit, attentionné et bon amant. Cette qualité aurait dû venir en premier mais elle aurait éclipsé les autres.

Aisling s'arrêta une seconde, comme reprenant son souffle.

-Il y a plusieurs d'hommes qui ont été important pour moi, mais tu es le seul à qui j'ai avoué un jour que je l'aimais et tu es le seul à qui j'ai voulu promettre de faire l'impossible pour le rendre heureux. Pas parce que je suis altruiste, parce que la quasi entièreté de cette assemblée sait à quel point mon égoïsme est exemplaire, mais parce que j'ai besoin de ton bonheur pour construire le mien.

Il était difficile pour la néo-zélandaise de faire de longs discours passionnés, de dire ainsi devant tout le monde, ou même devant personne d'ailleurs, qu'elle aimait Perry à la folie parce que ses émotions ne se manifestaient jamais avec autant d'ardeur quand il s'agissait de joie. Mais, elle avait écrit ses vœux en y mettant toute la meilleure volonté du monde pour faire comprendre qu'elle l'aimait, lui plus que quiconque.

Naïa remit une dernière fois sa robe en place. « Tu es sur que je suis bien comme ça ? » Demanda t’elle une nouvelle fois à Ciàran, son petit ami. Il acquiesça une énième fois, regardant l’heure. « Ouh merde ! Il faut vraiment qu’on y aille ! » Naïa avait mis tellement de temps à se préparer qu’ils ne seraient pas réellement en avance. Elle espérait que Ciàran ne lui en voudrait pas pour ça.  Ils montèrent en trombe dans la voiture et l’italien démarra en vitesse. Le vent détruisait un peu la coiffure de Naïa mais au final, cela lui était égal : le mariage se déroulait sur la plage. Le vent soufflerait toute la journée. La blonde trouvait ça terriblement romantique, un mariage sur la plage, sous le soleil australien. En observant Ciàran dans son smoking, Naïa se demanda si un jour ils allaient se marier eux aussi. Elle l’espérait, en tout cas, elle se sentait si bien avec lui. Leur couple ne durait pas depuis des années, mais leur rencontre remontait à loin. Ils avaient appris à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer... Ils arrivèrent juste avant l’échange des voeux et allèrent s’installer discrètement sur les chaises vides. Naïa fit quelques signes de la main discrètement aux personnes qu’elle connaissait pour les saluer. Puis elle prit le temps d’observer Aisling. Bien qu’elles ne soient pas les meilleures amies du monde, elle devait reconnaitre que cette dernière était tout simplement sublime dans sa robe. Une vraie princesse, avec une longue traine comme elle pouvait en rêver parfois. Perry était très élégant, comme à son habitude. Naïa ne put s’empêcher de sourire. L’échange des voeux démarra. Naïa était émue, parce que c’est beau, l’union de deux personnes qui s’aiment.

Lorsqu'il a reçu l'invitation à ce mariage, Alfie venait à peine de rentrer. Il n'avait passé qu'un an en Espagne, loin de Bowen et de ses habitants, pourtant tout lui paraissait aujourd'hui différent. Différent, mais en même temps si familier. Il n'a pas eu l'occasion de revoir Aisling ou Perry entre son retour et le grand jour, mais il ne peut que se réjouir de les voir s'unir après des années à s'être tournés autour. Alfie ne l'a su que tard, contrairement à probablement la population entière de la ville. Il n'a jamais lu les rumeurs, articles, s'est amusé pendant un moment à les commenter sans vraiment les lire et c'était tout. La vie privée d'Aisling a longtemps été un mystère pour lui, tout comme le reste de sa personne. Elle a toujours été discrète par rapport à elle-même, préférant divaguer sur d'autres sujets que sur sa propre vie. Et ça n'a jamais dérangé Alfie, lui qui était à l'époque entièrement sur la même longueur d'onde qu'elle. Elle était particulière Aisling, parfois surprenante et parfois agaçante. Pourtant, ça n'a jamais empêché Alfie de tenir à elle. Il ne lui a jamais dit, ne le dira probablement jamais, mais cette blondie au caractère de feu a toujours occupé une place de choix dans sa vie. Elle fait partie de ceux qu'il était pressé de revoir, de ceux aussi à qui il a eu du mal à dire au revoir. Et même si Perry a rapidement fini par devenir un ami lui aussi, son lien avec la future mariée a toujours été plus complexe. Inégalable. À ce mariage, Alfie ne vient pas seul. Il est accompagné par Freja car après tout, quitte à être seuls tous les deux, autant y aller ensemble. Avant d'aller s'installer aux cotés des autres invités, Alfie se tourne vers son amie et la détaille des pieds à la tête avant de plonger son regard dans le sien. « Je crois que je ne me lasserai jamais de te voir en robe, » dit-il alors qu'un sourire naît petit à petit sur ses lèvres. Il se dirige ensuite vers un des bancs et, surprise, il n'est pas en retard. Il assiste à tout, que ce soit l'arrivée de Perry ou celle d'Aisling. Il écoute les mots prononcés par Concho, désigné pour célébrer leur union, ainsi que les voeux de Perry et ensuite d'Ais. Ces mots qu'elle prononcent lui font réaliser à quel point ils ont grandis, tous. Grandis, changés, mûris. La voir sur le point de se marier, elle qui a toujours eu une dent contre les sentiments amoureux, ça lui fait réaliser à quel point ce qu'ils jugeaient impossible autrefois n'était finalement qu'une barrière provisoire. Car au final, rien ne l'est vraiment.

Nombreuses ont été les fois où tu as pu lire des rumeurs ou encore des articles au sujet d'Aisling et Perry. Mais comme beaucoup d'habitants de la ville, tu sais pertinemment que toutes ces choses sont purement inventées dans le but de faire du buzz. Toi, tu n'as jamais voulu te mêler de la vie amoureuse de ton colocataire, préférant le laisser gérer parce qu'il est doué pour ça. D'abord, tu l'as vu s'occuper de Penny et ensuite, Siobhan est arrivée parmi vous et ça n'a fait qu'augmenter l'admiration que tu portes au jeune Peach. Perry est ton ami et tu es persuadée que ce sera comme cela jusqu'à la fin de vos jours. Vous aviez blagué sur le fait que vous habiteriez encore ensemble à 80 ans avec vos chats mais il faut croire que cet avenir n'est réservé qu'à toi. Le jeune homme semble avoir trouvé la femme de sa vie et tu n'es pas fort étonnée qu'il s'agisse d'Aisling. Tu as la ferme impression qu'ils se sont bien trouvés et qu'ils sont chanceux d'être ensemble. Il n'y a rien de plus beau que d'avoir quelqu'un qui compte et pour qui on compte autant dans sa vie. Tu as fait cette expérience il y a quelques années et même si la fin a été assez difficile, tu en gardes un bon souvenir. Bref, étant une amie proche du jeune marié, tu ne pouvais pas ne pas venir au mariage. L'invitation était arrivée bien vite et ta réponse ne tarda pas. Bien sûr que tu voulais être aux côtés de Perry pour unir sa vie à celle d'Aisling. Et plutôt que d'assister à ce mariage seule, vous avez décidé, avec Alfie, d'y aller ensemble. Il est revenu dans ta vie très récemment - même s'il ne l'avait pas réellement quittée - et ça a été comme une évidence. Tu as besoin de l'avoir à tes côtés. Une fois à la plage, vous trouvez très vite une place dans l'assemblée pour assister aux festivités. Alfie complimente ta tenue ce qui ne fait qu'agrandir le sourire déjà présent sur ton visage. « Mais cette fois, je compte la garder. » Réponds-tu, taquine. Tu fais référence à votre voyage à Las Vegas où tu avais fait tomber ta robe devant les yeux ébahis d'Alfie, ne gardant que tes sous-vêtements. Du moins, jusqu'à ce que le jeune Bartholomew décide de les enlever. « Du moins, pour l'instant. » Ajoutes-tu, l'air malicieux. Pour ton plus grand plaisir, vous assistez à la cérémonie du début à la fin. Tu souris lorsque Concho' réalise son premier discours, c'est assez drôle de le voir dans ce rôle mais il faut l'avouer, il lui va parfaitement bien. Tu sens l'émotion monter en entendant Perry décrire l'amour qu'il ressent pour Aisling mais tu retiens tes larmes ne voulant pas passer pour une pleurnicheuse. Tu es émue parce que Perry est ton ami et que tu es très heureuse pour lui mais également parce que tu espères qu'un jour, quelqu'un ressentira la même chose à ton égard. En tout cas, personne ne pourra le nier, c'est une cérémonie magnifique.