Dans mes bras! (Lily et Lilas)

Tu t'étais mariée, tu avais filé au Japon pour un voyage de noces magnifique et tu étais revenue à Bowen. Les travaux étaient bientôt finis, il ne restait que deux-trois jours pour des petites bricoles afin de renforcer la structure si jamais un nouveau séisme devait frapper. Tout ce que tu aurais à faire bientôt ce serait d'organiser la position des livres, de réagencer l'endroit, de remettre en place le coin lecture et tout serait bon. Mais tu avais reçu un appel qui te ferait remettre à plus tard tes projets. Lilas était rentrée à Bowen. Tu lui avais donné rendez-vous dans la boutique puisque tu devais être présente pour signer quelques bons. La porte s'ouvrait derrière toi et tu n'avais pas besoin de te retourner pour savoir que c'était elle, sa voix l'avait fait pour toi. « Lilas ! » Tu te jettes dans ses bras à peine avait-elle tout posé. Tu étais vraiment ravie de la retrouver. Lilas t'avait vraiment manqué au mariage, tu t'étais rapidement liée d'amitié avec elle lors de son arrivée en ville l'année passée, mais elle était enceinte et ne pouvais pas prendre l'avion, ce que tu comprenais parfaitement. « Et moi dont ! Tu vas bien ? » demandais-tu alors que tu relâchais ton étreinte, tu n'allais pas la garder dans tes bras tout le temps de vos retrouvailles. D'une, ce serait étrange et de deux, tu avais aussi de voir la magnifique petit bout qu'elle avait apporté avec elle. Quand elle t'en avais parlé, tu n'avais eu qu'une envie, la rencontrer. Tu t'agenouillais devant le cosy, approchant ton doigt de sa petite main pour qu'elle te l'attrape. « Bonjour Mélodie ! » Tu esquissais un grand sourire en la regardant . Elle avait de grand yeux marrons, très peu de cheveux et une peau assez claire mais des joues bien roses. Tu avais clairement envie de la prendre dans tes bras, de la bercer, de la pouponner. Cette rencontre faisait ressortir ton instinct maternel et te donnais vraiment envie de fonder ta famille. C'était le projet en cours mais pour le moment, ça n'avait pas encore donné de résultats. « Elle est magnifique, toutes mes félicitations. » ajoutais-tu en te redressant pour attraper ton café. Tu proposais à Lilas de s'asseoir, tout en faisant de même.

Elle allait bien, du moins en apparence, en réalité elle était épuisée. Elle avait tout de même fait un long voyage pour arriver jusqu'ici et le décalage horaire était quelque chose de fatiguant, tu le savais puisque tu avais mis une bonne semaine à te remettre de ton retour d'Angleterre. Mais tu savais aussi que ça passerait, qu'elle reprendrait ses habitudes de vies ici, d'autant plus qu'elle n'était pas seule maintenant. Si elle avait besoin de toi pour jouer les nounous, tu serais ravie de lui venir en aide. « Les petits plaisirs d'une mère.. » avais-tu dis doucement. Tu ne connaissais pas tout ça, tu n'en avais pas la moindre idée. Ta connaissance de mère se résumait à tous les films que tu regardais où les mères râlaient parce qu'il fallait encore se lever, qu'elle avait mangé il y a à peine une heure et que c'était un calvaire. Mais à côté de ça, il y avait les bons moments, les sourires, les câlins et plus tard les instants complices. « Moi je l'ai toujours su, tu es une bonne personne, tu as toujours fait une bonne mère dans mon esprit et pour le prince charmant, je peux te dire aujourd'hui qu'il n'existe pas et qu'il faut se battre pour le trouver ! » Tu ne perdais pas ton âme de grande romantique, mais tu avais appris que le prince ne débarquerais pas sur son grand cheval blanc, qui ne t’enlèverais pas à la vie que tu mènes et que vous ne vivrez pas d'un happy ending pour la fin de vos jours. Maintenant tu avais retrouvé Nelligan, tu étais heureuse mais tu savais aussi que ce bonheur pourrait s'écailler un jour ou l'autre. Tu aimais penser que non, que vos voeux étaient magiques, comme une protection mais tu n'étais à l'abris de rien et tu devais rester lucide sur tout ça. « Je peux ? » demandais-tu bêtement alors qu'elle venait de te le proposer. Très vite, tu posais tes mains sous les siennes pour l'attraper et tu la posais contre ton torse, la regardant un long moment. « Elle est si petite, si légère.. » Elle était magnifique. Tout ce que tu voulais maintenant c'est d'avoir ton bébé à toi, de la tenir comme tu la tenais elle, de te lever dans le milieu de la nuit, de râler, d'être à bout de nerfs parce que ce n'était pas toujours facile mais d'être heureuse parce que tu désirais plus que tout être mère.  « Concho est un idiot, je l'aime mais il ne comprend pas tout parfois ! » Tu regardais à nouveau ton amie en souriant. Ce n'était pas évident d'être une femme, pas évident de tomber enceinte et de ne pas savoir quoi faire. De toute façon, en Australie, l'avortement est interdit alors se retrouver dans cette situation implique soit la fuite pour avorter soit l'assumer. Concho était aussi le genre de mec qui aurait assumé son rôle, mais aujourd'hui, beaucoup prenaient la fuite, malheureusement. « Tadaaaam ! » Tu lui tendais la main, faisant attention de bien garder Mélodie contre toi.

Lily-Anaëlle c'était la jeune mariée. Le sujet un peu faiblard parce qu'elle était tout à son bonheur nouveau avec sa belle bague, son beau mari, son retour de lune de miel. En gros rien de super croustillant à se mettre sous la dent. Mais on savait qu'elle était en ville en ce moment, à priori en train de prendre un café avec son ancienne amie Lilas alors autant sauter sur l'occasion pour la déranger un peu et puis, qui sait, elle allait peut-être devenir intéressante, la petite Lily !

Bonjour chers téléspectateurs, on vous entraîne aujourd'hui dans le dédale des rues de Bowen, regardez comme cette ville est belle ! On a rendez-vous avec Lily-Anaëlle, enfin, elle ne le sait pas encore vous vous en doutez, la douce, la pétillante Lily. Il parait qu'elle est en plein rendez-vous avec une ancienne connaissances, autant assister à leurs retrouvailles touchantes, allez, suivez-nous !

La petite équipe entra dans le café en question, c'était le propriétaire du café lui-même qui avait appelé la production pour dire que Lily était là, quel bel esprit dans cette belle ville de Bowen ! La caméra se braque sur Lily qui semble exhiber fièrement son alliance à la rousse.

Lily ! Bonjour Lily comment tu vas ?! C'est une très jolie bague, ça oui, vous en pensez quoi derrière votre écran ? Vous pouvez tweeter votre réaction en direct ! Et ce bébé est adorable. Ca donne envie d'en avoir un à soi, non ?!

La caméra se tourne sur la rousse qui l'accompagne.

J'ai failli être impoli, dis-nous Lily, qui est ton amie ?!

La tequila. Tu pouvais toujours le noter dans un coin de ton esprit, enfin même si ça ne serait pas pour toi. Tu avais horreur de la tequila, s'il y avait bien un alcool que tu ne pouvais pas boire, c'était ça. Tu n'aimais pas le goût, tu trouvais ça infecte et ça te faisait vomir dès la première gorgée. Autant dire que tu ne voulais pas concevoir un bébé dans cet état mais pour Nelligan, ça pourrait peut-être marcher. « J'en prends note. » Tu esquissais un grand sourire. Tous les moyens étaient bons à prendre de toute façon. Pour le moment, il fallait déjà essayé de façon classique, ce qui voulait dire sans contraception. Une fois que vous en auriez parlé. « Elle sera magnifique, je n'en doute pas une seule seconde. » Tu te rêvais à imaginer la tête qu'elle aurait plus grande, à imaginer ses beaux cheveux roux, ses grands yeux marrons, ses longues jambes, son air de petite princesse qui allait être dure en affaire. Une vraie Lilas version miniature. Peut-être un peu différente puisqu'elle avait tout de même 23 chromosomes qu'elle tenait de son père mais la génétique ne faisait pas tout parfois. « Il a besoin de ça, Lilas, de toucher le fond. C'est Concho, il est comme ça, une fois au fond du gouffre il remonte la pente plus féroce que jamais. Il lui faut juste du temps. » C'était déjà comme ça à l'époque. Tu lui étais venue en aide dans un coup dur et il s'était porté mieux. Après quoi, il était parti. Tu espérais juste que cette fois il ne quitterait pas la ville, ou au moins que tu aurais le droit d'être tenue informée de ses projets. Tu ne t'imaginais pas le perdre une nouvelle fois. C'était son droit de prendre le large, mais aussi d'en informer ses proches, pour ne pas te faire de soucis, comme c'était le cas à l'époque. « Et toi, tu ne devrais pas continuer d'agir sur des coups de têtes ! » Au moment où tu t’apprêtais à lui montrer ta bague, deux personnes entraient dans ta boutique. S'approchant de toi en premier sans que tu ne puisse dire quoique ce soit. On filmait ta bague et tu les regardais, abasourdie. Que se passait-il là ? Que faisaient-ils là ? Qui étaient-ils ? Que vous voulez t'ils ? Tant de question et si peux de réponse. En partie parce que tu étais incapable de les poser. « Je.. Euh.. » C'était tout ce que tu pouvais dire sur le moment. Tu étais incapable de répondre à la question. Incapable de comprendre ce qui se passait actuellement. Heureusement Lilas était là. Elle semblait avoir le contrôle sur la situation en se présentant et en sortant ses griffes. Ce qui te fit esquisser un sourire, t'aidant à reprendre tes esprits. Une fois qu'elle avait fini, tu levais le visage vers celui qui portait le micro. « Vous êtes qui ? Pourquoi vous nous filmez ? » finissais-tu par demander à l'attention des deux personnes qui venaient de s'approcher de toi. L'un tenant une caméra et l'autre un micro. Un micro portant un logo de télévision australienne. Tu avais bien suivi qu'une équipe allait débarquer en ville, mais tu ne pensais pas être la cible de tout ce cirque.

On avait fait mouche là ! Lily-Anaëlle semblait surprise et perdue en nous voyant arriver. Pourtant elle devait savoir qu'elle serait suivie, ou si elle ne s'était pas inscrite quelqu'un avait dû le faire pour elle... Son amie, Amélia, commençait à nous piquer une colère. Mon cameraman se pencha sur la rousse histoire de la calmer un peu.

On va flouter votre bébé, madame, ne vous en faites pas.

Oui elle serait floutée au montage la petite. On n'allait pas risquer un procès. A moi d'entrer en scène.

Enchanté Amélia !
Je suis la Voix de l'amour, Lily, je suis là pour que tu entres dans la lumière, tous les habitants de Bowen veulent de tes nouvelles ! Alors le bébé, c'est pour bientôt ?! Ton mari est d'accord ?

Je commence à donner de petites astuces à Lily car je ne doutais pas qu’un bébé soit vite en route. En effet maintenant, qu’elle était mariée, elle allait vouloir pouponner ce qui n’était pas mon cas. Jamais, je ne me serai imaginer mère et pourtant regardez-moi. Je suis une maman à plein temps. Parce que bon, pour le peu que je bosse. Mais de temps en temps, je vide un compte bancaire ce qui me permet de renflouer les caisses et d’aller acheter des couches. A vivre dans l’illégalité quel bonheur ! Lorsqu’elle me dit que Mélodie sera magnifique, ma fille ouvre les yeux et regarde Lily intensément. Comme si elle comprenait qu’on parlait d’elle. « Elle est géniale, dis-je attendrie en la regardant. » Je ne pouvais plus m’imaginer une seule seconde sans elle. Raison pour laquelle son père n’existait pas dans sa vie et n’existerait jamais. JAMAIS. J’étais catégorique là-dessus. On en vient à parler de Concho. La raison de ma venue en ville et je secouai la tête. « Jamais je ne le laisserai toucher le fond. Je l’ai fait et vu où j’ai fini. » Je me masse les tempes pour inspirer doucement. « Tu sais que j’ai pas encore fait l’annonce en mode « Hé Salut, j’suis Amélia et j’suis vivante. » Légalement, je suis toujours Lilas. » Comme si elles étaient deux entités bien distinctes alors que non. Lilas et Amélia ne sont qu’une seule et même personne mais j’avais pris peur et je m’étais barrée. Pourtant devant les caméras ou pour la plupart des gens, je donnais mon véritable prénom. C’était à ne rien y comprendre. Je lève les yeux au ciel lorsqu’elle me dit que je ne devrais pas agir sur des coups de tête. Je m’apprête à lui répondre lorsque tout d’un coup, la porte s’ouvre et des caméras font irruption dans la boutique en travaux. Je ne laisse même pas Lily en placer une que je commence à gueuler sur le caméraman qui a la caméra braquée sur ma fille. On va flouter le bébé. « Connerie, vous dégagez de là avant que j’vous colle un procès au cul pour irruption dans un lieu privé. Et atteinte à la vie privée d’autrui bande de connards. » La voix de l’Amour. Bande de conneries. J’attrape alors violemment le journaliste que je colle dehors. « La Voix de l’Amour peut aller se faire foutre. Et vous dégagez avant que j’vous botte le cul tellement fort que vous allez atterrir au Chili. » Puis, je leur claque la porte au nez avant de me tourner vers mon amie. Mélodie se met à pleurer. Génial. Alors, je la prends dans mes bras pour la bercer doucement et mettre mon doigt dans sa bouche. Qu’elle tète. Elle a faim. Super. « Non mais quelle bande d’abrutis, je te jure. » Je fouille dans le sac à langer pour en sortir le biberon que j’agite de toutes mes forces. « Allez ma belle, biberonne moi ça à la Grec, je colle la tétine dans la bouche pour relever la tête vers Lily, félicitations t’es devenue une star. »

Tu n'ajoutais rien de plus en ce qui concernait Concho. Tu ne voulais pas le voir toucher le fond, mais peut-être que c'était de ça qu'il avait besoin et tu ne voulais pas être étouffante, comme tu avais pu l'être avec Liam après son accident. « Je pense que ça se prépare, tu ne vas pas aller le crier dans les rues non plus. » Certains pourraient n'en avoir rien à foutre qu'elle fasse ça et d'autres pourraient la prendre pour une folle. C'était déjà dur pour elle de se reconstruire en sachant que toute sa vie a été un mensonge. Elle devait repartir à zéro, sûrement essayer de se reconstruire. Déjà toi, tu avais eu beaucoup de remise en question quand tu avais appris que ta mère t'avait menti sur ton origine et sur ton père. Après, vous n'étiez pas non plus pareils dans vos façons d'encaisser le coup et de rebondir. Lilas pouvait rebondir plus facilement que toi. Du moins, c'est ce que tu pensais puisque tu voyais toujours une image de femme forte se dégageant d'elle. Rien qu'à voir comment elle parlait aux journalistes qui étaient entrés dans la boutique. Tu te sentais même un peu mal à l'aise pour eux qu'ils soient virés ainsi. Ils ne faisaient que leur boulot après tout. « Oh ! » Un cercle se dessinait sur tes lèvres en la voyant jeter comme ça le pauvre cameraman. Tu n'avais pas pu bouger, tu n'avais pu rien dire non plus. Même lorsque Mélodie s'était mise à pleurer. Tu avais regardé l'enfant sans savoir quoi faire. « Pourquoi voudrait-on de mes nouvelles ? Je ne suis qu'une femme banale. » Tu haussais doucement les épaules. Tu ne savais pas vraiment quoi penser à tout ça. Certes, tu avais eu un beau mariage et la ville avait pu venir y assister parce que tu avais beaucoup d'amis et de connaissances ici. Mais qu'est-ce que ça pouvait bien faire aux autres de savoir comment était la bague, de savoir si vous alliez avoir des enfants, si tout se passait bien dans le mariage.

Me faire friendzone. J’aime pas tellement ça mais je pouvais concevoir que Concho et moi, ça ne collerait jamais. « Ouais mais j’ai fui la conférence de presse donc… » Devenir Amélia me faisait peur. J’ai tellement été habituée à être une malade mentale. Ça m’étonnait même que j’ai des amis. Quand j’étais au lycée à cause de mon cerveau et de mon égocentrisme surdéveloppés, je n’ai pas pu me lier avec des gens. Jeanne y était pour beaucoup d’ailleurs. J’ai cru que la terre allait se dérober sous mes pieds lorsque j’ai appris qu’elle m’avait enlevée. Puis, on m’a montrée les photos de moi, jeune. Et pour la première fois depuis longtemps, j’ai fondu en larmes. « Si ça peut te rassurer, je n’ai pas enlevée Mélodie. J’étais grosse et moche. » Très grosse. Moche, jamais. Je suis exceptionnelle. Je regarde doucement Lily qui je pense me suivra bientôt sur le chemin de la maternité lorsque des photographes font irruption dans la boutique. Ou plutôt la télé. Sans vraiment demander son avis à la prorpriétaire, je les colle dehors sans ménagement avant de me tourner vers mon amie. « Tu es super belle et en plus mariée à l’amour de ta vie avec qui tu es d’une niaiserie sans vergogne. Dois-je continuer ? » Je fronce un peu les sourcils avant d’éclater de rire. « On va y aller. Elle est fatiguée et on se revoit bientôt d’accord ? Quand tu seras grosse comme une baudruche. » J’éclate de rire avant de lui faire un clin d’œil. Mariage, bébé, boulot légal. Bref la vie parfaite.