i will never let you down (teddy)

C'est vêtue d'un training et d'un t-shirt blanc, ses longs cheveux châtains attachés en une queue de cheval qui rebondit sur son dos à chacun de ses pas, que Théia rejoint le complexe sportif avec un sac de sport à l'épaule. Elle le dépose dans les vestiaires, rejoint la piste à l'extérieur, et la regarde un instant avant de démarrer sa première course à pieds. Une chanson d'Imagine Dragons résonne dans ses écouteurs, ses mains appuient sur ses hanches, et ses poumons se remplissent d'air à mesure qu'elle inspire. Puis, elle court. Ses petites baskets tapent contre le sol de la piste, ses mains sont serrées en deux poings, et la musique sonne à ses oreilles comme des paroles d'encouragement. Elle inspire, expire, et continue sur cinq-cent mètres sans faire attention aux autres personnes présentes. Théia se sent bien, vivante, même si pas aussi endurante qu'elle le voudrait. Après vingt minutes sans s'arrêter, elle reprend une allure de marche et souffle une longue bouffée d'air. Son front perle de sueur et même si elle a le visage rouge et boursouflé, ce moment sport lui a fait énormément de bien. Elle marche quelques tours, puis quitte la piste afin de retourner en direction des vestiaires. Là, elle entend plusieurs voix. Un homme, une fille. La voix féminine lui est familière, et Théia ne tarde pas à reconnaître Candy. Elle ne dit d'abord rien pour ne pas la déranger, sauf que le ton finit par augmenter et un bruit violent de métal, comme si quelque chose avait cogné contre un casier, la fait sursauter. Immédiatement, la brunette se faufile à travers les casiers à la recherche de son amie. Elle l'aperçoit finalement en compagnie d'un type qu'elle n'a jamais vu de sa vie. « Candy ? Tu vas bien ? » Elle la regarde elle, puis lui, et sent son sang ne faire qu'un tour. Théia n'a jamais supporté qu'on puisse blesser les personnes qu'elle aime, surtout celles aussi importantes que Candy. Elle voit rouge, et elle n'a pas peur de devoir faire face à un crétin de plus. Sa mâchoire se serre pendant qu'elle attend une récidive, ou un signe de la part de son amie.

Lorsqu’elle n’est pas en cours ou chez le fleuriste pour travailler, Candy passe une grande partie de son temps au gymnase de Bowen pour pratiquer son sport favori : la gymnastique. C’est une vraie passionnée et elle la pratique depuis qu’elle est toute petite et ça ne l’a jamais quitté. Lorsqu’elle est en train de faire ses figures, ses traversées, elle ne pense qu’à l’atterrissage, à la vrille qu’elle est en train de faire, ça lui vide réellement l’esprit. Elle peut canaliser toute son énergie pour sauter un peu plus haut, s’étirer encore plus.
Après un peu plus d’une heure d’effort il est temps pour elle se rentrer chez elle, prendre une douche et se remettre au travail pour les cours du lendemain. Le vestiaire est désert lorsqu’elle y rentre. Elle n’a pas le temps d’ouvrir son casier qu’un homme arrive derrière elle et la plaque contre le mur. « Alors comme ça on veut faire bander les mecs en portant des tenues qui moulent le cul ? » lance-t-il d’une façon qui fait froid dans le dos à la jeune femme. Elle ne pense même pas à répondre, à se défendre, elle baisse simplement la tête. Elle sait ce qui va arriver et elle ne veut pas non. Et ça son cerveau sait bien qu’elle est incapable de repousser ce mec même en plaquant ses mains contre son torse, il est trop fort. Alors son cerveau passe en mode défense, en mode automatique, elle ne contrôle plus rien. Candy ressent ce moment où elle part, où elle n’est plus elle-même. Elle n’arrive toujours pas à l’empêcher mais grâce aux nombreuses séances de psy, elle arrive à identifier ce moment où Alice prend le dessus.
Ses lèvres ne laissent plus apparaître le sourire qu’elle a habituellement mais un air de dégoût et de rage mélangé. « Casse toi connard ! J’te jure tu me touches et tu pourras plus jamais baiser ! » cri-t-elle alors au type qui l’a plaqué contre le casier. Alors de toutes ses forces, elle frappe. Coup de poing, coup de pied, elle ne vise pas. Jusqu’à ce qu’il s’écroule par terre. C’est alors qu’elle entend une voix. Une fille l’interpelle. Le type qui est par terre et qui à présent à l’air terrifié ne sait plus quoi faire. « J’te jure dégage ou alors tu sortiras pas vivant d’là ! » lui dit-elle avant de se rapprocher de lui pour l’effrayer un peu plus. Le type part sans demander son reste. Au moins il ne recommencera pas de si tôt. Alice se retourne alors vers l’inconnu qui semble la connaître mais l’a pourtant appelée par un prénom qui n’est pas le sien. « Si j’avais b’soin d’aide j’te l’aurais dit. » dit-elle de manière beaucoup moins amicale que l’aurait fait Candy.

Elle l'a d'abord fusillé du regard car elle n'avait fait qu'entendre sa voix, sans voir son visage. Sauf que quand Théia voit ce type, à moitié couché et le visage roué de coups, ses traits se transforment en une expression d'incompréhension. Elle ne dit rien, garde la bouche entre-ouverte pendant plusieurs secondes, puis baisse les yeux vers la main de Candy qui est elle aussi rougie. C'est elle qui l'a frappé, pas le contraire. Elle n'a pas le temps de dire quoi que ce soit que Candy s'énerve encore plus, s'avançant vers lui de manière plus que menaçante, et Théia n'a pas le temps de la retenir. Le gars s'en va, et son amie lui fait enfin face avant de prononcer des mots qui lui font froid dans le dos. « Je voulais juste... » aider, être la pour toi, te soutenir, l'empêcher de te blesser. Elle ne finit pas sa phrase, encore sous le choc. Et puis, sortant de sa torpeur, elle se rappelle de ce que Candy lui avait dit par rapport à sa maladie. Cette conversation date, mais Théia ne l'a certainement pas oubliée. « Il faut que tu te calmes, viens. » Avec toute la douceur du monde, elle pose une mains sur son épaule et tente de la guider jusqu'à un des bancs des vestiaires. « Je sais que t'es en colère mais c'est moi, c'est Théia. Et je te laisserai pas même si tu me repousses. » Sa voix est mi-douce mi-ferme afin d'avoir l'air convaincante plutôt que de ressembler à une conseillère de lycée, le genre de femme qui dit comprendre sans même essayer. Théia doit bien l'avouer, elle n'est pas particulièrement rassurée. Elle n'a jamais vu Candy dans cet état, elle ne sait pas de quoi elle est capable, mais il est hors de question qu'elle la laisse toute seule dans cette situation. Quitte à se prendre elle aussi un coup, jamais elle ne délaissera sa plus proche amie.

Candy ou plutôt Alice voyait bien que la jeune femme qui venait d’arriver n’était pas une menace, qu’elle ne comptait pas lui faire du mal. Malgré tout elle ne voulait pas non plus d’elle ici. Elle pourrait très bien aller voir la police et rapporter qu’elle a frappé un homme. Même si dans son casier judiciaire figure déjà des actes de violences expliquées par sa maladie, il ne faudrait pas les multiplier inconsciemment. La blonde jeta un coup d’elle à la fameuse Théia. Il lui sembla qu’elle avait un peu peur pourtant contrairement à toute personne normalement constituée, elle ne s’était pas enfuit et tentait même de lui parler, elle faisait preuve de courage.
Alice en déduit qu’elles devaient se connaître mais qu’elle n’avait aucun souvenir d’elle. Elle l’attrapa par l’épaule pour qu’elles aillent s’asseoir sur le banc. Elle se dégagea d’un coup d’épaule mais la suivit tout de même jusqu’au banc. Même si elle n’a rien à voir avec Candy, Alice ne tape pas sur tout ce qui bouge et la demoiselle en face d’elle ne mérite pas qu’elle la tape. Ce n’est pas pour autant qu’elle va se montrer amicale avec elle. « Tu veux quoi ? » demanda-t-elle d’un ton assez agressif. « J’vais rentrer chez moi d’toute façon. » ajouta-t-elle même si elle n’a pas de chez elle. Elle n’a jamais eu à en trouver un puisqu’Alice n’est jamais restée assez longtemps pour que la question ne se pose. Le temps que Candy redevienne elle-même varie suivant les situations mais Alice n’est jamais restée plus que quelques heures et quelques heures c’est déjà énorme ! Car pendant tout ce temps, la blonde ne contrôle plus rien et peut faire absolument n’importe quoi. En plus elle ne se souvient que très peu ce qui lui arrive lorsqu’elle est Alice, ce qui l’effraie beaucoup.

Dès l'instant où Candy s'est montrée froide envers elle, Théia a hésité entre rester pour elle ou s'en aller. Elle ne sait pas de quoi son amie est capable lorsqu'elle se trouve dans cet état, ni même ce qu'il est conseillé de faire face à sa deuxième personnalité.Sauf qu'elle ne peut pas se résigner à la laisser seule, craignant qu'elle ne blesse une personne supplémentaire comme elle l'a fait avec ce type. Et dans le pire des cas, Théia préfère être celle qui encaisse les coups plutôt qu'un ou une inconnue qui aurait fait un pas de travers en trop. Elle ne sait pas si Candy irait jusqu'à se montrer violente envers elle, ni même si il reste encore un peu d'elle dans cette fille qu'elle a à ses cotés et qu'elle ne connait pas. Elle tente un geste amical, mais Candy s'empresse de balayer sa main de son épaule d'un mouvement de bras qui l'oblige à reculer d'un pas sur le coté. Au fond d'elle, Théia est nerveuse. Elle aimerait que Candy soit là, quelque part, et qu'elle lui dise quoi faire. « Je voudrais parler à mon amie, Candy. » Car Théia l'a bien compris, elle et Candy sont deux personnalités totalement différentes qui vivent dans un même corps. Elle ne sait pas comment ça se passe, si l'une ou l'autre peut avoir le contrôle quand elle le veut. En rentrant chez elle, elle s'empressera de se renseigner un peu plus sur ce genre de pathologie histoire de savoir quoi faire la prochaine fois. « On peut discuter un peu sinon, t'as pas envie d'aller quelque part ? » Elle ne sait pas pourquoi elle propose encore son aide, bien qu'elle sache très bien que l'autre Candy risque certainement de l'envoyer bouler. Au moins, elle aura essayer. Théia sert les poings pour ne pas montrer le tremblement de ses doigts et son regard, voulu le plus doux possible, se pose sur son "amie".

Alice écoute la fille parler, essayer d’être gentille avec elle. Elle n’aime pas qu’on veuille être gentil avec elle, qu’on veuille l’aider, qu’on ait pitié. Elle sait très bien se débrouiller toute seule, elle n’a besoin de personne. Elle écoute la fille lui dire qu’elle veut parler à son amie Candy, la fille avec qui elle l’a confondue. En attendant ça, elle a comme un pincement dans le bas du ventre, une sensation inconnue l’envahie, comme ci elle ressentait de l’amitié pour cette inconnue. Alice décide de ne pas se préoccuper de ce sentiment étrange et effrayant. Elle n’a pas de sentiments amicaux, elle ne connaît pas ce genre de choses. Elle lui proposa ensuite de discuter ou même d’aller quelque part. Elle ne voulait pas bouger, juste rester là. La blonde posa sa main sur son poignet et sentie un bracelet, elle le regarda. Tout d’un coup les choses devinrent bien plus claires. Elle ferma les yeux et lorsqu’elle les rouvrit elle n’était plus la même. Candy était revenue et Alice était partie en un laps de temps qui peut se résumer à un battement de cils.
La demoiselle regarda autour d’elle, un peu perdue. Son dernier souvenir était son étirement de fin de séances. Elle ne se souvenait ni de l’agression, ni de Théia, ni de tout le reste qui était arrivé une fois qu’elle était rentrée dans les vestiaires. Elle tourna la tête vers son amie et dit en bafouillant « Je...je suis désolée. » elle sentie les larmes lui venir. Elle ne savait pas ce qui c’était passé mais elle savait qu’Alice avait pris possession de son corps et que ce n’était jamais bon. Elle espérait n’avoir blessé personne et surtout pas son amie. Candy se sent tellement mal, elle a envie de se recroqueviller sur elle-même pour se cacher dans un coin et pleurer. Elle déteste cette sensation de l’après. Cette sensation qui fait qu’elle ne se souvient de rien mais sait que des choses mauvaises sont arrivées. Si seulement elle était normale.

Rien, elle ne lui dit absolument plus rien. Pas de réponse à sa remarque, ou même à sa question. Intérieurement, Théia soupire et extérieurement, elle se contente de dévier le regard vers ses pieds. Ses petites baskets rouges usagées attirent son attention pendant un moment et elle, elle se perd dans ses pensées le temps que Candy ouvre enfin la bouche. D'un coté, elle est soulagée d'avoir été là. Elle se dit que son amie aurait pu faire bien pire que de simplement blesser ce type, sans vraiment savoir jusqu'où elle aurait pu aller. Aurait-elle pu le tuer ? Sa double-personnalité en aurait-elle été capable ? Mais d'un autre coté, elle doit bien avouer qu'elle est un peu effrayée par la tournure que pourraient un jour prendre les événements. Candy qui se retourne contre elle, Théia qui finit par être celle qu'on frappe. La petite voix triste de son amie la tire de ses pensées et décroche son regard de ses baskets afin de venir se poser sur elle. Son coeur se serre quand elle discerne toute la tristesse de ses yeux. « C'est pas grave, » lui dit-elle en lui souriant avant de l'entourer de ses bras avec l'impression qu'ainsi, elle est capable de la protéger du monde entier. Quoi qu'elle lui demande, Théia ne lui parlera du gars. Elle préfère porter cette responsabilité sur ses épaules, car elle connait assez Candy pour savoir qu'elle gérerait très mal ce genre de situation. Doucement, elle caresse son dos de sa main puis se recule pour pouvoir la regarder. « Hey, ça te dit pas de passer chez moi ? Regarder un film, jouer à bête jeu de société, n'importe quoi pour nous changer les idées à toutes les deux. » Un sourire vient étirer ses lèvres pendant que son regard se plonge dans celui de Candy.

A présent Candy est persuadée que son amie a peur d’elle, qu’elle lui a fait du mal et qu’elle ne voudra plus jamais la revoir. Voilà pourquoi elle se déteste, pourquoi elle aimerait avoir une vie plus simple. A chaque fois qu’elle change de personnalité une personne proche la quitte ou alors lorsqu’elle en parle. Même si Théia lui dit que ce n’est pas grave, la blonde ne veut pas y croire. Elle sait qu’elle a fait du mal à quelqu’un, sans doute pour une bonne raison mais elle a quand même blessé quelqu’un. Elle ne sait pas qui ni comment mais elle le sait. La douleur qu’elle ressent sur sa main lui indique qu’elle a probablement mis un coup de poing à quelqu’un. Lorsque son amie la prend dans ses bras elle fond en larmes. C’est toujours comme ça et elle en a marre, marre que depuis ses quinze ans elle mène une vie pas possible jalonnée par des agressions, des passages chez la police, des entretiens avec le psy. C’est trop demandé d’être normale pour une fois ? Finalement elle s’écarte un peu et lui demande « Je...je t’ai fait mal ? » elle ne voulait pas l’avoir blessée mais elle sait qu’elle en est capable, même si Alice ne frappe pas sans raison.
Théia lui propose de venir chez elle pour se changer les idées, Candy sèche ses larmes d’un revers de manche et acquiesce d’un signe de tête. « Tu dois...me détester... » dit-elle en baissant la tête. C’est ce que ressentent les gens en général, ça et de la peur.

De la voir si mal, son adorable Candy, ça suffit à lui briser le cœur. Théia voudrait la rassurer, lui promettre de toujours être là quoi qu'il arrive, cependant elle a l'impression que son amie n'est pour le moment pas en état de l'écouter. Elle la sent fondre en larmes entre ses bras et pousse un léger soupir pendant que ses mains frottent doucement son dos. Elles se sont bien trouvées toutes les deux, ces deux filles un peu cassées qui aimeraient avoir une vie semblable à celle que mènent n'importe quelle personne normale. Sauf que c'est comme ça qu'elles sont et qu'à part avec un traitement sur le long terme, rien ne pourra les changer. Alors Candy, Théia la prend comme elle est, et l'aime tout autant. Qu'elle soit elle-même, Alice, qu'elle l'accepte ou la déteste. Jamais son avis ne changera sur cette fille qui est une des personnes qui comptent le plus pour elle. « Non, tu ne m'as pas fait mal, » dit-elle simplement en la gardant contre elle, sa joue posée contre sa tête, les cheveux de Candy venant chatouiller sa peau. Après lui avoir proposé de passer chez elle pour passer un peu de temps à deux, au calme, Théia se lève mais fait vite à nouveau face à Candy lorsqu'elle lui dit qu'elle doit la détester. « Te détester ? Tu plaisantes j'espère ! » Elle se place devant elle et prend ses deux mains. « Candy, je n'ai pas accepté un serment d'amitié pour te laisser tomber au moindre pépin. Je t'aime tu sais, et rien ne pourra changer ça. Rien ni personne. » Elle lui sourit avec toute la douceur du monde dans les yeux, deux pupilles brunes qui scintillent et que plus rien ne peut éteindre.

Candy était tellement contente et heureuse d’avoir une amie comme Théia, qui l’accepte, qui ne s’enfuit pas en courant, qui la réconforte. Au final, même si la blonde est assez sociable, elle n’a pas réellement de vrais amis, enfin des gens qui la connaissent entièrement. Beaucoup ne voient d’elle que la fille toujours joyeuse et souriante, là pour mettre de la bonne humeur et illuminer la journée des gens. Mais non, elle n’est pas que ça, elle est aussi la fille qui a des crises d’angoisse, une famille qui la déteste, une double personnalité, une vie pas vraiment simple. Au final, personne n’a une vie parfaite, en creusant un peu, on finit toujours par trouver quelque chose, un secret inavouable.
Théia prend soin d’elle, la rassure, elle ne lui a pas fait mal, elle ne la déteste pas. Candy essuie ses larmes et dans cinq minutes elle aura retrouvé son sourire habituel et la vie repartira comme-ci de rien n’était, comme à chaque fois. Même si sa double personnalité l’angoisse énormément, le seul moyen pour elle pour surmonter ce traumatisme c’est de passer à autre chose, revenir à une vie à peu près normale.
Elle trouvait son amie tellement gentille et leur amitié renforcé. Candy la prit dans ses bras avant de lui dire « Je t’aime aussi. » Parce qu’au final Théia est sans doute la personne qui en sait le plus à propos d’elle et qui est toujours là. « Comme amie hein ! » dit-elle en riant, parce qu’avec le temps, sa capacité à passer à autre chose est devenue impressionnante. « Tu veux voir quoi comme film ? » dit-elle en ayant presque retrouvée sa joie habituelle. Elle doit faire un peu peur à réussir à changer d’émotion en deux secondes.

Candy a été une de ses premières amies ici, à Bowen, qui n'ait pas fini par la laisser tomber. Théia s'est toujours bien plus facilement entendues avec les garçons qu'avec les filles justement car elle n'a jamais aimé jouer les commères, ou parler de sujets comme le maquillage, les garçons, et tous ces topics qui amusent les filles de son âge. Mais Candy, elle la considère un peu comme son âme-soeur au féminin. Elle est celle que Théia veut aider quand ça ne va pas, celle qu'elle veut voir quand elle-même n'a pas le moral. Ce qui est d'ailleurs le cas, mais elle ne se sent pas d'humeur à parler d'Oliver tout de suite. Les quelques mots prononcés par Candy en réponse à son je t'aime réussissent à lui réchauffer le coeur et à lui faire oublier pendant quelques instants qu'elles sont toujours dans les vestiaires d'un gymnase. La suite de ses paroles fait rire Théia. « Tu m'attristes là, » répond-elle pour plaisanter avec un sourire au coin des lèvres et un regard complice à l'intention de son amie. Quand elle lui demande ce qu'elle veut voir comme film, Théia se lève et se dirige vers son casier. « Bonne question ! On pourrait louer un truc bien guimauve et manger du chocolat comme des clichées célibataires. » Elle rit doucement pendant qu'elle retire son t-shirt de sport, finissant quelques secondes en soutien-gorge avant d'enfiler un top moulant. Même si elle va chez elle, elle préfère des habits de tous les jours à sa tenue de sport dans laquelle elle a transpiré et qui à présent lui donne des sueurs froides.

Théia compte énormément pour la blonde car elle sait qui elle est vraiment et ne la juge pas pour ça, tout comme Candy connaît les problèmes de son ami. Un bracelet symbolise même cette amitié si forte qui les unies toutes les deux, pour le meilleur et pour le pire. Lorsque la blonde lui dit qu’elle l’aime mais comme une amie, Théia répond que cette nouvelle l’attriste. « J’ai déjà des problèmes avec les hommes alors en plus si je devais aimer les femmes, j’aurais pas fini ! » dit-elle en souriant. Si cette phrase semble être banale, elle est en réalité bien plus lourde de sens pour la demoiselle qui ne souffre pas de TDI sans raison et qui n’a pas peur qu’un homme lui fasse du mal sans raison non plus. C’est pour ça qu’elle a tant de mal à garder une relation plus que quelques semaines. Car il y a toujours un moment où les choses doivent devenir sérieuses et aller plus loin que de simples baisers, c’est à ce moment là qu’elle se fige, n’arrivant pas à franchir le cap.
Elles discutèrent par la suite du choix du film à voir. Théia proposant d’en louer un qui soit plutôt romantique à l’extrême et de manger de la glace en le regardant pour être dans un gros cliché. Candy aime beaucoup cette idée. « Oh oui ! Un film un peu pourri où on sait direct qu’ils vont finir ensemble mais que c’est quand même marrant et où à la fin on a envie de se marier avec le premier mec qu’on trouve pour vivre heureux pour toujours ! » Oui elle réagit parfois bizarrement aux films. La jeune femme en profite elle aussi pour se changer, elle prendra une douche un peu plus tard, chez elle.

La réponse de Candy fait doucement rire Théia qui se contente ensuite de hocher la tête. « Je te comprends tellement sur ce point. » Car clairement, elle non plus n'a pas toujours été très chanceuse au niveau de ses relations amoureuses. Il suffit de voir où elle en est aujourd'hui. Cependant, contrairement à son amie, elle ne s'est jamais limitée aux hommes et a toujours dit qu'elle tombait sous le charme d'une personnalité et non d'un sexe. Elle n'a évidemment jamais eu la moindre attirance pour Candy, elle est pour elle une très bonne amie et leur relation en restera toujours à ce stade. Après lui avoir proposé son idée, un grand sourire vient étirer ses lèvres face à la réaction de la blondinette. Elle est carrément emballée, ce qui fait tellement plaisir à Théia quand elle vient à oublier l'incident qui s'est déroulé quelques minutes plus tôt. « Je vois qu'on est totalement sur la même longueur d'onde ! » s'exclame-t-elle avant de quitter le banc, se changeant sans se soucier de si ça dérangerait Candy de faire face à Théia en sous-vêtements. Cette dernière n'a jamais vraiment eu de complexes avec son corps peut-être un peu trop maigre à cause de sa santé, et puis elle n'a jamais été assez pudique que pour vouloir cacher n'importe quel bout de peau. Une fois ses vêtements propres enfilés, elle se tourne vers son amie. « Tu sais, je suis contente qu'on puisse passer un peu de temps ensemble, » dit-elle avant de passer une main dans ses cheveux. Entre son opération, ses études, son boulot, les tensions avec Oliver et son besoin de sport, Théia n'a plus vraiment eu autant à accorder à Candy comme elle en avait autrefois.

D’après la réponse de son amie, Candy se dit qu’elle non plus ne doit pas avoir beaucoup de chance en amour. Pourtant elle la trouve géniale, elle ne comprend pas que d’autres personnes ne la trouve pas aussi géniale. Peut-être qu’elle aussi a un côté caché qui fait fuir les gens mais elle en doute, la blonde pense que son amie lui en aurait parlé, tout comme elle lui a avoué pour ses troubles psychologiques.
L’idée de film proposée par Candy convient à Théia, il suffira juste de choisir au hasard dans la catégorie comédie romantique, en éliminant bien sûr les films déjà vu, et hop le tour est joué ! Parfois elle regarde à nouveau certains films, les classiques, pour noël ou alors lorsqu’elle sort d’une rupture, comme par exemple l’indémodable Love Actually.
Après s’être changée, Théia lui avoue être contente de passer un peu de temps avec elle. C’est vrai que ses derniers temps elle ne se sont pas beaucoup vues, étant toutes les deux occupées avec leurs études, leurs problèmes respectifs. Candy a toujours un emploi du temps assez serrées qui ne lui laisse pas beaucoup de temps libre, en tout cas moins que ce qu’elle souhaiterait. « Moi aussi, comme ça tu pourras me raconter toute ta vie ! » répondit-elle toute contente. Elle a envie de connaître les petits potins de la vie de son amie, tout comme elle pourra raconter les petits potins de sa vie. Même si concrètement en ce moment elle ne vit rien de bien excitant. « On y va ? » demanda-t-elle après avoir rangée ses affaires.

Il y a certaines choses qu'elle ne dit pas, quelques secrets et autres hontes que Théia préfère garder enfouis au fond d'elle car les dire tout haut, ça les rend trop réel. Il n'y a pas qu'à Candy qu'elle fait ce genre de cachotteries, mais à absolument tout le monde y compris elle-même. Beaucoup trop de "ce n'est pas grave", "ça passera", ou "n'y pense plus". Elle les accumule jusqu'à imploser en silence, seule, pour ensuite retrouver son habituel sourire le lendemain. Théia n'oubliera jamais les semaines qui ont suivi la mort de son meilleur ami, semaines où sa santé n'a fait qu'empirer et où elle s'est fermée au monde jusqu'à perdre pratiquement tous ceux qu'il lui restaient. Elle était elle-même morte, mais juste de l'intérieur. Après s'être débarrassée de sa tenue de sport, elle rejoint Candy et passe un bras autour de ses épaules. « Oh tu sais, elle n'est pas si passionnante, » répond-elle avec un simple sourire en coin. Elle la lâche ensuite, la laissant terminer de ranger ses affaires, puis fait un bond en avant pour pouvoir lui faire face. « Yep, en avant ! » s'exclame Théia.

fin ?