way down we go -r

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lorenzo ∞ devan

« Je suis pas contre le verre, seulement s’il ne finit pas sur ma tête. » Simple plaisanterie. Il ne se méfiait plus vraiment de Lorenzo. Si ce dernier avait vraiment voulu le frapper alors il l’aurait fait. A la place il s’était infligé de la souffrance à lui-même, parce que c’était contre lui qu’il était en rogne. Alors qu’il devrait haïr la société, les gens qui le forçaient à rentrer dans un moule, il s’autoflagellait. Se mettait tout sur la tronche. Se voyait en tant que seul coupable, et non comme la victime qu’il était en réalité. Il attrapa la trousse de premiers secours et regagna le comptoir avec Lorenzo. Il rendit le matériel au barman et le remercia, le rassurant quant à l’état du garçon. Et quant à l’avenir de ses verres aussi, lui assurant qu’ils ne risquaient plus rien entre les mains de Lorenzo. « J’vais prendre une vodka, je pense que ça me fera du bien. Tu prends quoi, toi ? » Devan était bien conscient qu’il faudrait peut-être le ramener chez lui, après. Il avait déjà pas mal bu visiblement et à vrai dire, il n’était pas certain de vouloir le laisser partir tout seul. C’était comme un mauvais pressentiment. « J’ai une petite question assez indiscrète. Mais on n’est plus à ça près hein… Ca marche comment, avec les filles ? J’veux dire… Elles te plaisent ? » Il avait failli ajouter aussi mais Devan s’était finalement abstenu.

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Sa remarque te fait sourire. Un sourire franc, brut et net. Le genre de sourire que tu avais rarement dans la vie, mais là, il était venu comme ça, même toi tu t'étais surpris en le sentant se dessiner et prendre place sur ton visage. Assez vite, il se dissipait, mais il serait l'un des rares à le connaître. « Tu n'as rien à craindre, je sais que j'ai été un peu fort dans mes propos tout à l'heure mais je suis calmé. » Tu l'avais menacé et tu avais été assez virulent, fâché par ce qu'il insinuait. Entre temps, tu avais eu le temps de discuter un peu avec lui et de te reconnecter à la réalité. La réalité c'était que tu étais un homme fragilisé par ses croyances et ses envies. Ta colère était redescendue depuis, tout comme l'envie de l'amocher jusqu'à ce qu'il ne puisse plus parler. « La même chose. » demandais-tu au barman qui se trouvait encore à côté de vous, tu attrapais un billet dans ton portefeuille pour le payer. Reposant ton regard ensuite sur Devan, qui se lançait dans un sujet peut-être épineux. « Je les aimes. Je veux dire, elles me plaisent. Et ça marche bien. » Mais il y avait un mais. Un de ceux que tu ne pourrais jamais avouer. Mais tu avais encore le souvenir douloureux de ta relation avec Pablo, de ta débauche avec Perry. Tu avais l'impression d'être plus vivant quand tu passais de l'autre côté.

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Devan remercia le barman pour le verre, ainsi que Lorenzo, puis en but quelques gorgées. Il fut étonné de voir que sa question était bien reçue, mais pas surpris de la réponse. Dans son malheur Lorenzo avait de la chance. Il aimait aussi les femmes et pouvait trouver du réconfort chez elles, sans se forcer. S’il n’avait aimé que les hommes la frustration aurait rejoint tout l’amas de colère qu’il avait en lui, de quoi rendre les choses encore plus difficilement gérables. Et puis, si on reprenait sa manière de penser, le fait d’aimer les filles lui donnait une part de normalité. Il n’était donc pas totalement un monstre. Cela dit, malgré l’absence d’un mais, Devan sentit qu’il y en avait un. Parce qu’il y en avait toujours un. Il regarda Lorenzo avec un petit sourire. « Promis, c’est ma dernière question. Est-ce que tu te vois sincèrement finir ta vie avec une femme ? Elles te comblent ? Si tu me réponds oui, je n’insisterais pas. » Il essayait juste de le comprendre. Et d’obtenir un avoeu, peut-être. Si Lorenzo parvenait à avouer à voix haute qu’il avait besoin d’un homme dans sa vie, peut-être qu’il se rendrait compte tout seul que ça ne servait plus à rien de lutter. Forcément que ça devait foutre la trouille, l’enfer, le paradis, le jugement de Dieu, ce genre de conneries… Mais de là à vivre toute sa vie dans la peau d’une autre personne ? Ca lui semblait impensable. « Je suis passé par une période comme la tienne. Enfin… c’était probablement moins violent. Mais un peu avant de faire mon coming-out, parce que j’avais peur, je suis sorti avec une fille. Pour avoir un alibi, pour faire comme tout le monde. Au final je n’étais pas heureux et elle non plus. »

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Tu te laissais aller facilement aux confidences, tu n'aimais pas tellement parler de toi, mais il était évident que tu en avais vraiment besoin. Tu n'avais même pas envie de montrer la moindre résistance, peut-être qu'il pourrait vraiment te permettre d'y voir plus clair, de comprendre le joyeux bordel que tu avais installé dans ta vie depuis ces dernières années en venant t'installer à Bowen. Il hésitait même à t'en demander plus, te promettant de ne plus t'embêter en fonction de ta réponse. Peut-être qu'au début, tu aurais dit oui pour avoir la paix mais plus là. Tu prenais vraiment le temps d'y réfléchir. « Je ne sais pas. Je crois que je suis heureux, mais peut-être que je me mens à moi-même. » Après tout, peut-être que tu n'aimais pas vraiment les femmes, peut-être que tout ça était dans ta tête, pour t'obliger à être "normal", pour pouvoir être comme tout le monde. Tu l'écoutais d'ailleurs parler de sa couverture, esquissant un léger sourire à ses paroles. Contrairement à lui, Charley n'avait pas été malheureuse de la situation, c'était même son idée de base et tu avais accepté pensant que c'était la meilleure chose à faire. « J’en ai eu une. Pour prouver à mon père que je pouvais avoir une femme dans ma vie. Et j’ai rencontré une autre femme, mais j’ai jamais pu me lancer avec elle. » Au final, c'est Ruby qui avait le plus souffert de ton état à toi, incapable de lui offrir ce qu'elle voulait : le bonheur. Tu lui avais vendu du rêve, pour ensuite le lui reprendre, t'éloignant d'elle petit à petit. Et tu avais fini par te retrouver dans ce bar, à boire sans vergogne, pour oublier. « Je crois que aujourd’hui, je suis bloqué. Je ne peux pas avancer avec une femme et je ne me vois pas me jeter dans la gueule d’un homme. » ajoutais-tu doucement pour finir sur ce sujet. Tu ne savais pas encore ce que tu devais faire, ni comment, mais ce n'était pas ta préoccupation première.

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« Tu te poses trop de question Lorenzo. Ca te prend beaucoup d’énergie, ça te fait perdre un temps énorme et tu passes à côtés d’occasions en or. » A combien d’hommes avait-il cassé la gueule parce qu’ils avaient eu le malheur de le regarder d’un peu trop près ? Et s’il avait déjà rencontré l’homme de sa vie mais que, aveuglé par la religion et ses obligations, il ne l’avait pas vu ? Devan était bien pessimiste à propos de l’amour. A cause de Daemon, d’Ezra. Mais il ne doutait pas que les autres puissent y avoir le droit. Sauf Lorenzo, qui se retirait lui-même ce droit parce qu’il avait peur des autres. Ou de lui-même. « T’as l’air de comparer les hommes à des prédateurs. Alors c’est vrai, sortir avec un homme c’est pas la même chose que sortir avec une femme, mais tu vas pas tomber forcément que sur des sauvages. Tu peux avoir quelque chose de profond, de doux, avec un homme. Y’a de tout, faut juste trouver la bonne personne. Mais si tu te sens pas prêt, ça sert à rien de te forcer. C’est peut-être juste pas le moment pour toi de trouver quelqu’un avec qui partager ta vie. En fait, faudrait juste travailler sur ton agressivité. Parce que ça, ça va te poser des problèmes plus tard. Tu sais que tu peux prendre cher pour avoir tabassé un homosexuel ? C’est assez mal vu. » Il termina son verre. « T’as déjà pensé à faire de la boxe ? C’est moins dangereux que de péter des verres dans des bars. »

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Peut-être qu'il avait raison, que tu te prenais trop la tête pour pas grand chose mais c'était que ces petites choses te travaillaient plus que jamais. Tu ne pouvais pas t'empêcher de te dire que lorsqu'un homme te regardait, c'était pour te draguer et cette pensée aurait tendance à te faire sortir de tes gongs. « Peut-être parce qu’elle me font peur.. » C'était assez délicat comme situation pour toi. Tu te savais incapable de faire en sorte que ça se passe bien, la preuve encore ce soir parce que tu avais menacé Devan avant de te défoncer la main avec ton propre verre, éveillant la peur chez l'homme assis en face de toi. « C’est assez difficile de cacher son homophobie quand elle est présente et ancrée dans les mœurs. Mais ce n’est pas une raison pour se comporter comme un gros con, je suis d’accord » soufflais-tu doucement. C'était un côté de toi que tu n'aimais pas vraiment. Tu n'offrais pas le meilleur côté de toi lorsqu'il prenait le dessus, cependant, tu n'avais pas le contrôle non plus. Après un nouveau soupire, tu terminais ton verre, posant ton regard sur Devan. « En général, je prends la fuite pour ne pas déborder mais je devrais y songer. » Un sourire franc, c'était toujours plus facile de prendre la fuite que d'affronter la réalité en face. Le plus simple pour toi c'était de faire l'autruche, de faire comme si le monde n'était pas comme tu le voulais. « Merci Devan pour tout ce que tu m’as dit. » Tu avais encore un très long chemin à parcourir, il faudrait laisser du temps au temps, voir ce qu'il adviendrait dans l'avenir.

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lorenzo ∞ devan

« C’est bien la fuite, mais ça ne marche pas toujours. La preuve ce soir… T’aurais vraiment été capable de me frapper avec ton verre, je pense. Tu le voulais. Et pourtant, je t’ai à peine dragué. T’aurais juste pu dire au revoir, te casser, fuir quoi. Tu prends tellement sur toi dans ce genre de situation que tôt ou tard ça explose. » Et c’était tombé sur Devan. Mais il avait malgré tout eu beaucoup de chance, Lorenzo n’avait pas été au bout de son geste. Il s’était même fait plus de mal à lui-même qu’au cuisinier. « T’es pas seulement dangereux pour les autres. T’es dangereux pour toi-même parce que tu détestes ce côté de toi. Manque de bol, on s’en débarrasse pas comme ça. Faut apprendre à l’accepter… Je sais que c’est pas évident. » Mais c’était probablement trop demandé en une soirée. Alors Devan eut une idée. Bonne ou mauvaise, ce serait à Lorenzo de choisir. Il sortit un bout de papier de son portefeuille et demanda un stylo au barman. Dessus il inscrivit son numéro et tendit le papier à Lorenzo. « Si tu changes d’avis pour la boxe, appelle-moi. J’serai ravi d’y aller avec toi, ça me ferait du bien à moi aussi. Passe une bonne fin de soirée Lorenzo, n’hésite pas à appeler si… tu veux parler. Ou autre chose, peu importe. »

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