all that I hope, is it just smoke and mirrors ? (olivia & lily-anaëlle)

Lily-Anaëlle lui donna finalement raison quant au fait qu’un séisme n’était pas un événement banal et qu’il était donc important d’en parler. Ce n’était pas un fait divers, une situation comme une autre. Bien des gens avaient perdu quelque chose ce jour-là, que ce soit une personne ou que ce soit matériel. Nelligan était le premier en liste, avec le décès de sa sœur et son propre coma. Puis Lily-Anaëlle qui avait perdu sa librairie, qui avait dû tout recommencer. Disons que cette catastrophe avait été un point tournant dans leur vie et, si une chose de positive en était ressortie, c’était bien leur union. Sans doute que leurs retrouvailles amoureuses se seraient produites même sans le chaos causé par le séisme, mais une chose était sûre, ça les avait propulsés plus rapidement que prévu dans leur vie commune. Lily-Anaëlle renvoya alors la question à Olivia, à savoir où elle se trouvait au moment du séisme, si elle en avait été victime aussi. Elle s’y trouvait. Nelligan la regarda avec surprise, réalisant qu’elle avait peut-être perdu quelqu’un, ou été elle-même blessée, et qu’il n’avait même pas pris la peine de l’appeler. C’était triste de voir à quel point ils étaient partis à la dérive. Olivia les rassura quant au fait qu’elle n’avait rien. « T’as eu de la chance. Enfin, on a tous été plus ou moins chanceux, je dirais … C’aurait pu être bien pire. On a tous nos morceaux … » Enfin, Nelligan disait cela en laissant de côté certains détails qu’il n’avait pas forcément envie de ressortir ce soir. Si l’ambiance était déjà un peu tendue, elle serait carrément plombée si Nelligan apprenait à Olivia qu’il avait failli perdre la vie et que sa sœur, elle, n’avait pas eu la chance de s’en sortir. Les trois adultes se levèrent finalement pour passer à la cuisine, où le repas fut expliqué à l’invitée. Elle semblait affamée, mais aussi assoiffée, alors Nelligan s’occupa de leur servir à nouveau des verres de vin. Verre qu’il s’empressa de porter à ses lèvres. « En ce moment ? Dans mes souvenirs, t’as toujours eu un appétit d’ogre. » La nargua Nelligan avec un sourire. Il espérait que ses piques passeraient aussi doucement qu’autrefois, du temps où ils se permettaient tous les petits coups. Amicalement, bien sûr. Lily-Anaëlle, les voyant ainsi boire à une telle allure, assura à Olivia qu’elle pourrait rester à dormir au besoin. Nelligan hocha la tête pour acquiescer à ces paroles, tout en continuant à préparer les plats. Son amie demanda si elle pouvait les aider. « Non, non, ce sera vite fait, merci. Va t’installer à table, on arrive. » Comme de fait, deux minutes plus tard, tout était posé sur la table et le couple rejoignait Olivia pour s’asseoir. « Bon appétit ! » Ils s’attaquèrent tous à leurs assiettes, jusqu’à ce que Nelligan pose sa fourchette, prenne une gorgée de vin, et pose ses coudes sur la table. « Je suis désolé. » Lâcha-t-il, regardant à la fois Olivia et Lily-Anaëlle, parce qu’il était désolé pour toutes les deux. Désolé de peut-être être sur le point de gâcher la soirée. Il regarda son amie. « J’ai juste l’impression qu’il y a un éléphant dans la pièce, enfin, c’est peut-être que de mon côté … Mais faut que j’sache … » Il hésita un moment, soupira discrètement, et demanda : « Comment ça s’est passé … Avec Asriel ? »  

Olivia affirmait être présenté en ville ce jour là mais de ne pas avoir blessée. Un soulagement pour toi. Tu écoutais ton mari parler, perdant l'éclat dans tes yeux. Savait-elle pour Lexi ? Savait-elle pour lui ? Au fond meme si maintenant Nelligan et toi menez la belle vie, il y a encore quelques mois, il se trouvait dans le coma et après il a connu le deuil. Deuil qu'il n'a pas tellement marqué parce qu'il y avait le mariage à préparer mais à chaque fois que le sujet Lexi etait présent, tu voyais bien la peine envahir son visage, bien qu'il la chassait un peu trop rapidement. Tu ne pouvais t'empêcher de t'inquiéter pour lui, avoir peur qu'un jour il sombre dans une dépression. Mais ce n'était pas le moment idéal pour sombrer à ton tour à tes idées noires. Tu t'installais à table presque en même temps qu'Olivia après avoir apporté deux des quartes plats que vous avez préparé. Tu souhaitais un bon appétit à l'assemblée mais tu n'eus pas le temps de profiter de la première bouchée que Nelligan reprit la parole. Finalement la curiosité qui l'avait envahie tout au début de la soiree etait toujours là, comme s'il était incapable de passer à autre chose tant que ça ne serait pas réglé mais de toute façon soit elle prenait la fuite, soit elle acceptait de lui parler. Il semblait qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Tu posais ton regard sur Nelligan, puis sur Olivia. « Je crois que vous devriez crever l'abcès avant qu'il ne soit trop tard, et je peux vous laisser si vous avez besoin d'intimité. » Après tout c'était quelque chose lié à leur histoire commune, à leur passe, et qui le serait sûrement à leur futur. Et même si Nelligan t'avais partage pas mal de choses par rapport à Olivia, a Asriel, tu savais aussi qu'il y avait des choses que tu n'avais pas connaissances parce que ce n'était pas ton histoire. Et tu ne voulais pas mettre mal à l'aise Olivia, l'obligeant à parler devant toi, alors qu'elle ne te connait pas vraiment. Elle n'avait rien à craindre puisque tu n'étais pas du genre commère mais tu sais que dans sa position, tu aurais sûrement du mal à parler.

À son réveil de coma, Nelligan avait vécu une montagne russe d’émotions, alors qu’il se trouvait encore sur le lit qui aurait très bien pu être son lit de mort. Ça avait été des mois éprouvants, par la suite, mais le jeune homme avait mis toute son énergie sur les préparatifs du mariage, sur son rétablissement et sur sa relation florissante avec Lily-Anaëlle. Il avait tenté de taire la tristesse dans sa tête, celle liée au décès de Lexi, parce qu’il ne pouvait être à la fois heureux de se marier et chagriné d’avoir perdu sa sœur. Il ne savait pas comment gérer, comment jongler entre les deux. Alors il avait mis en sourdine son deuil et avait décidé de le mettre de côté. Toutefois, il faudrait bien qu’un jour il y fasse face. Qu’il se rende sur la tombe de sa sœur et qu’il la pleure, véritablement cette fois, sans retenue, sans culpabilité. C’était comme si Nelligan était dans le déni, qu’il espérait encore la voir revenir, qu’elle n’était pas décédée, qu’elle était juste partie. Mais elle ne reviendrait pas, et ça, Nelligan ne semblait pas encore le comprendre. Un jour, ça éclaterait, très probablement oui. Mais sa vie allait à cent milles à l’heure et il ne prenait pas le temps de s’arrêter pour réaliser ce qui se passait vraiment autour de lui. Ce repas allait faire exception à la règle, toutefois. Parce que Nelligan s’arrêta de manger, posa sa fourchette devant lui, et posa enfin la question qui lui brûlait les lèvres et l’empêchait d’aller plus loin, au-delà de cette barrière de glace entre Olivia et lui. Asriel. Il sentit le regard de sa femme se poser sur lui, et il n’osa pas la regarder en retour, parce qu’elle était sans doute en train de le maudire intérieurement de s’accrocher ainsi à ce qui ne le regardait même pas. Son épouse déclara finalement qu’ils feraient sans doute mieux d’en parler maintenant, de crever l’abcès et de passer à autre chose. Elle proposa de les laisser seuls, tous les deux, s’ils voulaient un peu d’intimité. Olivia refusa la première, ce qui soulagea Nelligan. Il ne voulait pas laisser Lily-Anaëlle de côté, pas après qu’ils aient préparé ensemble cette soirée. Déjà qu’il s’apprêtait à tout gâcher, il ne voulait pas en plus la chasser de sa propre salle à manger. Après sa grimace, sans doute peu encline à en parler, Olivia afficha finalement un mince sourire en regardant Nelligan et en lui parlant du séisme, où elle avait revu Asriel. « Non, je n’ai pas revu Asriel depuis des mois, moi non plus … Il ne m’a rien dit, ne m’a rien raconté. J’n’ai aucune idée de ce qu’il pense de toute la situation. Vous en avez parlé ? De ce qu’il adviendrait de vous ? » Demanda Nelligan, avant d’ajouter : « J’veux pas avoir l’air … insistant, ou d’quoi. C’est juste … Asriel et toi, vous comptez énormément pour moi … Et tout ce qui s’est passé, ça m’a affecté aussi, d’une certaine manière. Et je me fais du souci pour vous deux. » Avoua-t-il, essayant de se rattraper un peu, ne voulant pas passer pour celui qui se fout le nez dans les affaires des autres sans justification, sans permission.