Allons chopper de la gazelle (Persgrid)

Je me débattais avec ma robe tandis que Constance avait couché les petits. Je les regarde qui sont endormis. On dirait des anges. On dirait seulement. Je fixe mon reflet dans le miroir et mes cicatrices me rappellent que je suis un monstre. Je me rappelle encore le texto d’Ingrid qui me sort « viens on va pécho. » Je ne veux pas pécho comme elle dit. Je veux juste rester derrière mon piano et jouer. Ou alors corriger les partitions atroces que m’ont rendu mes élèves mais je ne voulais pas que mes oreilles saignent. J’applique le rouge à lèvres rouge façon tepu pour sortir. Je m’apprête à enfiler les escarpins lorsque j’entends qu’on klaxonne. Elle ne pouvait pas venir sonner comme tout le monde. Grosse biatch ! Je descends à toute allure avant de rappeler à Constance que s’il y avait un problème, je restai joignale sur mon téléphone. Je monte dans la voiture d’Ingrid pour la saluer. « Tu fais chier, les petits dormaient. T’as eu de la chance de pas les réveiller ! Bref tu m’emmènes où ? » Avec elle, je pouvais parler sans détour. C’est mon amie biatch. A côté, je suis la gentille et adorable Perséphone tandis qu’elle… Elle c’est Ingrid.

Je pense qu’Ingrid est la seule personne avec laquelle je suis un peu bitch sur les bords. Avec les autres, je suis toujours gentille, toujours simple mais son caractère devait déteindre sur moi. Seulement, je n’étais pas trop d’humeur à aller dans un bar pour draguer. Déjà parce que j’ai peur des mecs, et ensuite, parce que je n’arrive pas à me sortir Oscar de la tête. Je sais que je ne devrais pas. Que c’est l’ami d’Ezekiel. Je ne dis pas que je suis amoureuse de lui mais disons que je me sens dangereusement attirée par le brun aux yeux sombres. D’où comme j’avais senti une sorte de connexion avec lui. Après c’est sans doute que dans un sens donc je ne devais pas me mettre martel en tête mais je suis mal à l’aise dans ce genre de soirées. Je monte donc dans la voiture d’Ingrid pour voir qu’elle est très belle. Comme d’habitude, j’allais avoir des allures de freak. Je lève les yeux au ciel avant de la fixer. « Bon si tu m’invites. Nan mais tu sais qu’ils sont impossibles. Hier, on a bien mis deux heures à les coucher. » Deux petits monstres. « T’as bien de la chance. Moi j’ai du mal à joindre les deux bouts. Parce que je dépense une fortune en truc de Toy Story ». Les jumeaux s’étant pris de passion pour le dessin-animé. Ils avaient été over gâtés à leur anniversaire. Ça me permettait d’économiser un peu pour les vacances. « Toi, tu vas pécho. Moi le premier qui me touche, je lui crève l’œil. » Ingrid savait tout de ma tendance à repousser les hommes. « Va pour ton plan, grosse ! Mais si on me met une main au cul, je réponds plus de moi. »

Perchée sur mes talons et vêtue d’une robe trop courte, je n’étais pas très à l’aise. Comme d’habitude Ingrid est sublime et j’ai l’impression d’être un énorme cageot à ses côtés. On commence à parler de mes petits démons et je souris. J’ai l’impression d’être ce genre de mère qui parle tout le temps de ses marmots alors que j’évite souvent le sujet. « Ils tiennent de mon frère, Jeremy. Moi j’étais plutôt sage. Enfin dès l’instant qu’on m’a mise derrière un piano. » Et j’avais quatre ans. Ingrid savait que je ne vivais que pour mes gamins, mon violoncelle et mon piano. Elle savait que j’aimais ma vie comme elle était et que je ne voulais pas la changer. Cependant, je lui avais confié avec un trop plein de tequila que j’avais envie de me retrouver quelqu’un. Et la voilà qui s’était mise en tête de me caser. « C’est un peu compliqué quand on ressemble à la fiancée de Frankenstein. » Je prends cependant une profonde inspiration pour parler d’Oscar. Après tout, je n’aimais pas avoir des secrets pour elle. « J’ai laissé un homme m’approcher. Enfin, il m’a pris dans ses bras, on a joué au piano… C’est… Je sais pas. Je me sens bizarre. » Comme si mon tout petit cœur qui avait souffert était réveillé. Je ne savais plus trop comment me comporter maintenant. C’est comme si Oscar avait éveillé quelque chose en moi et que je ne savais plus comment m’y prendre. « J’ai perdu le mode d’emploi pour pécho. » On arrive au restaurant et je manque de me casser la figure au moins trois fois à cause de ses foutus assassins pédestres. On s’asseoit et je regarde la carte. « Une salade grecque comme d’hab et toi ? » Le serveur la mange des yeux et je suis déjà ennuyée comme si le restant de la soirée était tout tracé. « Et pour répondre à ta question : non pas de rencontre de groupes. Berk berk. »

Je me tourne vers Ingrid et sa franchise. Elle me fait sourire. Si elle m’avait connu avant. J’étais cent fois plus jolie. En venant ici, j’avais décidé de changer de style vestimentaire, de couleur de cheveux en devenant blonde. Mais cette balafre sur ma joue continuait de me faire mal et de me rappeler tous les jours que je n’étais plus qu’un monstre. Un vulgaire monstre. Je lui souris faiblement. « Merci ma belle. Mais toi tu as cette innocence dans ton physique qui fait que les hommes se rapprochent de toi parce que tu fais femme fragile tandis qu’au fond tu es une vraie lionne. Et tu sais… » Je hausse les sourcils de manière aguicheur. « Y’a des moyens de remédier au fait que tu ais un vagin. On appelle ça un vibromasseur. » C’est ce que j’aimais avec Ingrid. Je parlais sans penser qu’on pouvait me juger. Je me confiais à elle car elle était mon amie et s’en foutait que je sois une maman et une prof. Avec elle, je me sentais juste libre. Comme un petit oiseau. Je commence donc à parler d’Oscar, le cœur léger. J’avais senti une certaine chaleur avec lui. Mais je ne voulais pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuer. « Oui, on va se revoir. On était amis dans mon ancienne vie et disons… que c’est pas un homme dégueu à regarder. Mais tu sais, quand j’étais près de lui, j’ai senti… comme si mon cœur s’était dégelé. Je ne dis pas que je suis amoureuse ou autre. Mais que je suis intriguée par ce qu’il me fait ressentir. » On arrive au restaurant et j’ôte mon manteau pour voir que le bar-resto est plein. Heureusement un serveur assez mignon nous trouve une table et vient rapidement avec des boissons. J’ai bien l’intention de prendre une petite cuite ce soir. Autant en profiter. « La viande et toi, grande histoire d’amour. » Je lui souris tandis qu’elle me sort qu’un mec me mate depuis un certain temps. Je me retourne alors pour regarder et il n’est pas moche. Mais trop juvénile pour moi. « Pas mon type, je les aime avec de la barbe. C’est sexy et ça fait des sensations quand ça t’embrasse dans le cou. » Et puis, je me rappelle Stanislav et je frémis en grinçant des dents. Je prends une gorgée de ma boisson pour m’éclaircir la gorge. « Y’a un mec qui me suit partout depuis quelques temps. Un créateur de mode. Stanislav truc nuche. Il me fait peur tu peux pas savoir. »

On commence à siroter nos cocktails tandis qu’elle me parle du mec derrière moi. Je le regarde mais je n’arrive pas à me sortir Oscar de la tête. Sans doute que si nous avions été un peu plus jeunes, que je n’étais pas maman de deux adorables chérubins, je pense que j’aurai pu me lancer. Mais cette audace, je l’ai perdu lorsque j’étais jeune. Je soupirai. « Ouais il est pas mal mais pas mon type. » Je ne voulais pas qu’elle insiste sur le sujet. Le serveur vint nous apporter nos plats et je me rendis compte que je mourrais de faim. Alors, je commençai à manger avant de lui parler de Stanislav. Je ne savais pas trop comment réagir. Lorsqu’elle me demanda ce qu’il me voulait, je relevai la tête. « Il me veut moi et me fout une trouille bleue. J’en ai parlé à Jeremy. Je pense qu’il va s’en occuper mais si jamais il n’y parvient pas, j’irai à la police. »

Je me baisse un peu plus pour parler à Ingrid bien que je n’aimais pas parler de Stanislav. « Le mec, il a trouvé mon adresse et ne cesse de m’envoyer des cadeaux, des invitations. Il me stalke. Et j’ai horreur de ça. En plus, il ressemble à mon ex. Donc non. » Je croise les bras sur ma poitrine tandis que le serveur vint nous servir des boissons. Je le fixe sans être réellement intéressée tandis que mon amie épilogue sur un garçon qu’elle a rencontré sur la plage. Je fronce un moment les sourcils. Ça ne ressemblait pas à Ingrid de donner son numéro à quelqu’un. « Il s’appelle comment ? Attends qu’il rappelle et s’il le fait pas dans deux jours tu lui envoies un texto en mode « oh mince je me suis trompée de numéro. » » La bonne vieille technique qu’on utilisait depuis cent ans et qui n’avait pas vraiment de faille.

Parler de Stanislav me rend nerveuse. Je sens le picotement de la transpiration sur mon visage ce qui me fait grimacer. Je fixe Ingrid et je sais qu’elle a raison. Je devrais aller aux flics. Mais Jeremy avait insisté. « Je crois que tu ignores de quoi Jeremy est capable. Il a le bras très long. » Je n’avais jamais parlé à Ingrid de mon frère excepté le fait qu’il m’énervait parfois et lui avoir montré une photo. Je l’avais défendu de coucher avec lui, ne voulant pas avoir ma meilleure amie et mon frangin dans le même lit. Berk berk. C’est dégoutant. Je la regarde tandis qu’elle mange son plat et moi le mien. Elle me parle de son dernier plan cul et je hausse un sourcil avant d’éclater de rire. « Woody ? Genre comme le cow-boy que t’as offert aux jumeaux ? » Ah mes enfants et leur fanatisme de Toy Story. « Il t’a monté en hurlant « au galop pile poil » ? » J’éclate de rire avant de reprendre mon sérieux. Je fronçai les sourcils. « Pourquoi tu veux le rappeler ? C’est pas ton genre de coucher deux fois avec la même personne. » Nan ça c’est le mien. Avec le romantisme, les fleurs, tout ça. Je devais voir Oscar demain et ça me rendait nerveuse putain. Genre une ado quoi. En entendant Ingrid me parler de son coup de cœur pour ce Woody, je recrache ma boisson manquant de m’étouffer avec. « Bah écoute, dis-je d’une voix enrouée, pourquoi pas ? Sinon organise une rencontre imprévue. Genre il fait quoi dans la vie ? » Ah les filles et leur plan. « Demain, j’ai rencard avec Oscar. Et j’ai une peur bleue parce qu’il me plait bien mais j’ai peur que si je lui saute dessus, je passe pour une fille facile. »

Je lève le regard vers mon amie qui est tout l’opposé de moi. Elle est tellement franche et rentre-dedans comparée à moi. « Et tu comptes le revoir c’est ça ? J’espère qu’il est beau gosse au moins ? » Entendre Ingrid me parler d’un mec comme ça, c’était une première pour moi. « Une amitié améliorée quoi. Avec du sexe. » Avec elle, je vivais une vie sexuelle par intermittence géniale. Moi qui suis chaste depuis très longtemps. « Lui cours pas après. Laisse le destin s’en charger car sinon tu vas passer pour une nana collante ! » j’éclate de rire tandis que je me mets à lui parler de mon rencard avec Oscar. J’étais tellement nerveuse car je l’aimais bien. Même plus que bien. « Je sais pas si je vais pécho mais j’arrive pas à me le sortir de la tête. » Je pensais sans arrêt à son sourire, à l’envie de l’embrasser avant d’être interrompue par mes élèves. Elle me fait rougir par ses compliments. « Tu vois, c’est pour ça que t’es ma meilleure amie. Parce que tu me remonte le moral à mort ! »