Sorry for party rocking (alfmilla)

Ça faisait un moment que je n’avais pas vu Alfie, mon meilleur pote. Avec mon boulot, ma maladie et le fait que Kris était de retour dans ma vie, je n’avais pas eu de temps à lui consacrer. C’est pour cette raison que vêtue d’une petite robe, j’étais devant chez mon ami pour le sortir un peu. Pour une fois que j’étais celle qui voudrait sortir mais après le rejet de Kris suite à la nuit passée ensembles, je devais avoir les lumières de mon ami. J’avais rassemblé mes cheveux en une queue de cheval, m’étais maquillée pour une fois. Je lui envoie un texto pour lui dire que je suis en bas. Magne-toi de descendre, je suis garée en double file. Merci à ma sœur de m’avoir prêté son bolide. Il faut dire que mes fonds passant dans mes frais à l’hosto, je n’avais pas le temps de m’en acheter une. Sans doute irai-je faire culpabiliser ma mère pour qu’elle m’en achète une ? Après tout, cette garce me devait bien ça. Lorsque le beau brun arrive à ma hauteur, je le regarde avec un sourire en coin. « Salut beau gosse, j’t’emmène faire un tour ? » J’avais entendu dire qu’il y avait une fête de fraternité. Je déteste les fraternités mais j’avais dit à l’autre con de slovène que j’allais profiter de ma jeunesse et j’allais le faire. On ne me saute pas pour mieux me repousser. Sale con. « Alors les nouvelles ? Désolée d’avoir fait la morte mais entre le boulot et le retour de l’autre con de Kristofer, je n’ai pas trop eu le temps. » Forcément que j’en avais parlé à Alfie. Mon amour de jeunesse. Comme je savais ses déboires avec la blonde, Jordan, que je ne connaissais pas personnellement. J’espérai juste qu’elle ne lui avait pas une fois de plus brisée le cœur ou j’allais devoir intervenir. Et je détestais ça. Me mêler de la vie des gens.

Cela fait trop longtemps qu'il n'est plus sorti. Qu'il ne s'est plus désaltéré avec une bière fraîche, qu'il n'a plus relooké le boule d'une serveuse après avoir commandé, et qu'il n'a tout simplement plus eu l'occasion de se vider la tête comme il aime pourtant tant le faire. Quand Ludmilla lui a proposé d'aller à cette fête de fraternité, Alfie doit bien avouer qu'il a d'abord été un peu sceptique. Il n'a jamais mis les pieds à l'Université et a l'impression qu'il est maintenant trop vieux pour ce genre de soirée, sauf qu'il s'est rapidement souvenu que ces gamins savent plutôt bien comment s'amuser. Il a donc vite dit oui, par curiosité, mais aussi par envie de redécouvrir les soirées et leurs précieux alcools à prix parfois trop élevés. Après avoir enfilé une chemise blanche -chose rare pour Alfie qui ne porte généralement que des t-shirts unis- avec seulement un des boutons du dessus détaché, il descend deux à deux les marches de son immeuble avant d'ouvrir la porte d'entrée. Ludmilla l'attend, postée devant une voiture qui n'équivaut clairement pas son bébé. « Si tu me ramènes avant minuit, » plaisante-t-il, alors qu'il est clairement la dernière personne à y aller molo sur les heures de sortie. Alors qu'elle s'excuse de ne pas avoir donné de nouvelles, il s'installe sur le siège passager et clape la portière. « T'excuse pas, je suis pas le plus doué non plus quand il s'agit de tenir les autres au courant des nouveautés de ma vie. » Surtout qu'Alfie, il n'aime pas parler de lui. Très peu de personnes sont au courant pour lui et son père, lui et ses soeurs, lui et ses foutues origines de bourges qui ne transparaissent clairement pas dans son mode de vie. « Mais sinon, y a rien à dire. J'ai une vie tranquille, trop tranquille. Ça me manque presque l'époque où je me tapais drama sur drama. » Il laisse s'échapper un rire avant de tourner la tête vers la rouquine. « Et tu l'as revu, l'autre con ? » demande-t-il, un peu curieux.

Je ne suis pas du genre à me confier. Je déteste ça. Entre mes soucis de cœur, ma mère qui est une salope, ma sœur qui fait des siennes, je me retrouvai entourée de crétins. Sans compter sur Kris qui a eu la bonne idée de revenir dans ma vie et de foutre en l’air le peu de stabilité que j’avais en couchant avec moi pour mieux me rétracter. Détail que je n’avais pas encore fourni à mon meilleur ami. C’est amusant de voir comme nous étions différents Alfie et moi. Que je me plaisais à appeler Alf comme l’extraterrestre qui bouffe des chats. Je le fixe, un petit sourire sur mon visage. « La classe Alf ! T’es trop bien sapé pour une fête de fraternité, princesse. » Je passe derrière le volant pour nous conduire jusqu’à l’université. J’aurai pu lui demander de me rejoindre là-bas mais je ne voulais pas qu’il prenne sa voiture. Je voulais qu’il s’amuse un peu ce soir. Qu’on s’amuse un peu. « Pourquoi ? Tu vas te transformer en citrouille ? » J’éclate de rire à ma boutade et mon humour de merde. J’appuie un peu plus sur l’accélérateur tandis qu’on se met à parler de nos vies. Forcément. J’aimais bien tirer les vers du nez à Alfie parce qu’il n’est pas très loquace. Un peu comme moi. Mon tempérament slovénien. « Dis comme ça on dirait un présentateur de télévision. » Les nouveautés. N’importe quoi. On dirait un écriteau dans un supermarché. « Si tu veux, j’te file ma vie. T’auras du drama ! » C’est clair que la mienne, on dirait une télénovelas mexicaine. Il ne se passe pas un jour sans que j’ai une connerie qui me tombe sur le coin du nez. « Euh… » Je pique un fard avant de jeter un coup d’œil à la dérobée sur mon meilleur pote. « Il se pourrait que j’ai couché avec lui et qu’il… bref, il a pas assumé quoi. Du Kris tout craché. »

Suite à ce surnom qu'elle lui afflige, Alfie hausse les sourcils, mimant un air choqué. « Arrête, j'ai l'impression que cette chemise est aussi utile qu'un putain de string, je gagnerais facilement un concours de miss t-shirt mouillé. » C'est vrai, ils sont différents tous les deux, pourtant Alfie a bien rapidement apprécié Ludmilla et son répondant. Elle est différente des autres filles, elle a ce truc qui la rend plus intéressante. Installé sur le siège passager, il en profite pour remonter les manches de cette foutue chemise. « Nan, en ogre. » Il rit aussi, deux gamins qui s'amusent de leurs propres blagues, peut-être pas si différents que ça au final. Alors que son attention se perd sur la route qui défile devant ses yeux, la remarque lancée par Ludmilla lui tire un sourire en coin amusé. « Je pensais justement à me reconvertir en présentatrice météo. » Ouais, bien sûr Alfie, continue avec tes blagues plus pourries les unes que les autres. Il ne réplique cependant pas quand elle propose de prendre sa vie, sachant très bien que celle-ci n'est pas si rose que ça avec tous les problèmes de santé qu'elle se trimbale. Et comme Alfie n'est pas doué quand il s'agit de parler des sujets sérieux, il préfère ne rien dire. Par contre, son simple "euh" le fait tiquer. Curieux, il tourne la tête vers elle et remarque son coup d'oeil furtif. « Damn, t'es sérieuse ? » Bien qu'il donne souvent l'impression de se foutre de tout, Alfie a un défaut qu'il traîne depuis la naissance de sa première petite soeur. Il est protecteur, très protecteur. Cependant pas assez que pour aller casser le nez au premier connard venu. « Bah,au moins maintenant tu sais qu'il en vaut pas la peine, et tu t'accroches plus. » Facile à dire pour un type qui n'a jamais été amoureux, qui a pendant toute sa vie jonglé avec toutes ces filles déjà passées dans son lit. Quoi que, voilà un moment déjà qu'il n'a plus eu de liaison avec quelqu'un d'autre que Jordan. Nan, ça fait un moment qu'il n'a plus eu de liaison tout court, en fait.

J'eclate de rire quant à sa remarque. Je finis par lever les yeux au ciel avant de reporter mon attention sur la route. Je ne peux pas te dire, je ne porte pas de string. Je suis plus culotte en dentelle car avec un string j'aurai l'impression d'être un filet mignon. Et en plus ce n'est pas hyper sexy. De mon point de vue. Je conduis assez vite ce soir. Non pas parce que je suis pressée d'arriver à la fête mais parce que je déteste les endroits clots. Ça me stresse. De nouveau Alfie me fait rire et je soupire. Il a de l'humour, il est beau alors je ne comprenais pas pourquoi il était toujours célibataire. Sors de ce corps Fiona! Je suis celle qui est rousse et qui a des boobs. Je ris à ma blague comme un bossu alors que je sais qu'elle est douteuse. Mais Alfie me comprenait. Nous étions très différents sur certains points mais c'est ce qui faisait notre force. C'est pour cette raison que je ne cautionnai pas sa réputation sur The Writers. Parce que certes il avait quelques aventures mais n'était pas le connard sans cœur qu'on décrivait. Je ne dirai pas que je connaissais le vrai Alfie mais je sais que ce n'est pas un connard. Comme mon ex par exemple. Je me suis toujours dit que ça t'irait bien les cheveux longs. Et on peut s'arranger pour le côté féminin. Je souris tandis qu'on aborde le sujet de Kris. J'avais le cœur brisé clairement. Je ne dirai pas que je regrette mon geste mais je pense que j'aurai tout fait autrement. Je ne réponds pas sa question purement rhétorique. Je me pince la lèvre doucement tandis que je me gare à une place libre. Tu verras quand tu seras entiché de quelqu'un... C'est... je ne peux pas décrire. Je me tourne alors vers lui pour me retenir de fondre en larmes. Alors je baisse le regard pour déglutir. Je l'aime depuis que j'ai seize ans. Donc c'est compliqué. Je savais que je ne pouvais pas lutter contre. Mais à ce qu'Alfie comprenne... c'était autre chose.

Il ne répond pas à son affirmation, se fichant un peu des sous-vêtements que peut bien porter Ludmilla. Après tout, elle n'est pas comme ces filles avec qui il a pu coucher, et il n'y aura jamais le moindre écart avec elle. Il la voit trop comme une amie, une petite soeur même, et jamais il ne penserait à aller plus loin avec elle. Ce qu'elle répond après qu'il ne lui ait annoncé être plutôt un ogre qu'une citrouille le fait rire. « Y a pas que Fiona dans l'histoire, c'est très sexiste ce que tu dis là. » Il plaisante, encore, comme bien souvent quand ils se retrouvent tous les deux. Alors que Ludmilla continue de rouler, Alfie en profite pour détacher un bouton de sa chemise car il a l'impression qu'il est en train d'étouffer. Il secoue négativement la tête quand elle lui dit que les longs cheveux lui iraient bien. « Jamais tu ne me verras avec les cheveux longs. Je veux pas ressembler à un chanteur de métal. » Et pour ce qui est du côté féminin, hors de question qu'elle arrange quoi que ce soit. Alfie est ravi d'être un homme, et jamais il ne voudra virer de l'autre coté. Lorsqu'ils parlent de Kristofer, il remarque bien qu'évoquer ce sujet lui fait de la peine. Il a fini par la connaître Ludmilla, il sait quand elle n'a pas le moral. Il voudrait la contre-dire, lui dire que ce ne sera clairement pas lui qui un jour sera entiché de quelqu'un, mais à la place il hoche la tête d'un air compréhensif. Ça lui fait mal au coeur de la voir comme ça, même si il ne se l'avouera pas à lui-même. Foutu blocage émotionnel. « Je te propose de ne plus penser à lui et de profiter de ta soirée comme toute étudiante qui le mérite. » Une fois la voiture arrêtée, il sort de la voiture et se dirige vers le sentier menant à la salle, s'arrêtant ensuite pour attendre Ludmilla en lui tendant son bras tel un parfait gentleman.