| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
|
| (alfmilla) i've an elastic heart | |
| | Auteur | Message |
---|
Invité | Sujet: (alfmilla) i've an elastic heart Jeu 1 Juin 2017 - 18:57 | |
| J’étais tombée d’un coup. Alors que j’étais en plein shooting, j’ai commencé à me sentir mal pour finalement m’écrouler au sol. J’ai essayé de vivre mais je n’en avais plus la force. Je ne voulais même pas me battre pour ma survie. Je ne voulais même pas m’en sortir. Je voulais m’endormir et ne plus me réveiller. Un sommeil éternel, paisible. Oublier les mots qu’il avait laissés devant ma porte. Il n’a même pas eu le courage de me dire de vive voix que tout était fini. Qu’il ne voulait pas de ce bébé qui selon lui venait trop tôt. Que j’étais trop jeune. Lorsque je me suis réveillée, quatre jours s’étaient écoulés. J’étais branchée à des machines. Une main caressait mes cheveux avec extrême douceur et je devinais le geste de ma petite sœur. Mercy. Elle essaya de me sourire mais je voyais à ses yeux bouffis, à son visage crispé que j’avais perdu dans ce malaise. Je suis désolée, Ludmilla mais le bébé n’a pas survécu. Ainsi va la vie. Le père m’a quitté et l’enfant n’a fait que l’imiter. J’ai appelé un de tes amis. Je ne voulais voir personne. Je voulais juste demeurer dans ma solitude. Je voulais juste tout débrancher et m’endormir. Je voulais qu’on me laisse partir. Pourquoi m’a-t-on réanimé ? Pourquoi est-ce qu’on me maintient en vie ? Je ne suis pas Théia. Je n’ai pas sa force, ni sa beauté, ni sa fraicheur. Je suis Ludmilla, une fille renfermée sur elle-même, que tout le monde abandonnait. Mon père et mon enfant sont morts, ma mère ne voulait pas me voir et mon compagnon m’a abandonné. La journée passe et les visites se succèdent. Ma colocataire de chambre, ma mère, quelques filles de ma promo mais je reste dos à eux. Je ne lâche pas un seul mot. Je n’en suis pas capable. Ma sœur revient aussi, elle essaye de me prendre dans ses bras, elle essaye de me faire manger mais je refuse. Je secoue la tête, les yeux toujours perdus dans le vague. Lorsqu’elle quitte la pièce, je continue de fixer le plateau sans rien dire. Puis d’un revers de la main, j’envoie balader la nourriture. La perfusion me gêne alors je l’arrache. Je serre les dents sous le coup de la douleur avant de me lever. J’étais en pyjama. Dans mon propre pyjama. Mais je m’en foutais. Je voulais partir. Alors, j’enfile un espèce de chandail affreux pour quitter ma chambre au pas de course. J’arrive dans le couloir principal et je me fige en voyant la personne en face de moi. Alors comme submergée par l’émotion, je me laisse tomber au sol, le corps pris de sanglot, incapable de m’arrêter. |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Jeu 1 Juin 2017 - 21:54 | |
| C'est sa soeur qui l'a contacté par téléphone pour le prévenir de l'état de Ludmilla. Il la savait malade, il savait qu'un jour ou l'autre il allait devoir rouler jusqu'à l'hôpital sans avoir idée de si elle avait survécu ou non pendant son trajet de chez lui à là-bas. Et pourtant, maintenant que tout est si réel, trop réel, Alfie a du mal à se faire à l'image de sa petite rouquine maintenue en vie grâce à quelques tubes. Il en est nerveux. Ses doigts tapotent rapidement contre le volant, son regard jongle sans arrêt entre la route et l'écran de son portable posé sur le siège passager. Pour la première fois depuis longtemps, depuis l'Espagne, il panique. Il voudrait arrêter le temps, ou même carrément le reculer jusqu'à l'époque où Ludmilla n'était pas malade. Lorsque enfin la route se dégage, il appuie sur l'accélérateur et rejoint l'hôpital en seulement quelques minutes. Son moteur à peine coupé, il sort du véhicule et clape la portière derrière lui sans même prendre la peine de vérifier qu'elle s'est bien fermée. Chaque minute qui passe est une minute où il a l'impression de la perdre un peu plus. Le temps passe comme du sable qui file entre ses doigts. Trop rapidement, sans qu'il n'arrive à le stopper. Après s'être renseigné auprès de la réceptionniste, Alfie prend le chemin qu'elle vient de lui indiquer et grimpe les marches de l'escalier car même l'ascenseur lui paraît trop lent. Les autres visiteurs sont trop envahissants, si bien qu'il finit par les bousculer sans s'excuser à mesure que sa patience se meurt lentement. Il débouche sur un couloir, deux murs interminables qui gardent entre eux le corps faible de Ludmilla. Il la voit, marchant dans sa direction, s'arrêtant ensuite. Ne s'attendant pas à la voir là, Alfie s'arrête et la regarde avec le coeur au bout des lèvres. Il ne sait plus quoi dire, quoi penser, il est tétanisé pendant une seule et unique seconde qui lui semble durer une éternité. Elle le voit, le regarde pendant cette seconde gelée dans le temps. Et puis le temps reprend, et elle s'écroule à seulement quelques pas de lui. après avoir retrouvé le contrôle de son corps, Alfie se précipite jusqu'à elle. « Qu'est-ce que tu fiches hors de ta chambre ? » s'exclame-t-il, d'abord en colère de la voir défaite de tout ce qui est censé la maintenir en vie. Puis il se ressaisit, lentement, alors que ses bras entourent encore et toujours le corps frêle de Ludmilla. « Tu sais marcher ou je me la joue Prince Charmant ? » Il a prononcé ces mots si bas sans même savoir si elle l'entendra, mais dans l'espoir que si c'est le cas, il n'y a qu'elle qui puisse les comprendre. |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Jeu 1 Juin 2017 - 22:15 | |
| Respirer. Pour tout le monde, la chose est simple, mécanique. Mais on a le cœur cassé, quand les engrenages se stoppent tout seul, on se sent… comme un pantin. Comme l’un de ses petits robots qu’on faisait pour les enfants. J’ai lu un livre intéressant sur le fonctionnement du cœur. Sur un homme qui avait le cœur mécanique. Un livre français. J’étais jeune à l’époque et certainement plus autodidacte que maintenant mais ce livre m’a marquée. Tandis que je reprends connaissance et que ma sœur se jette sur moi, je comprends. Mon état s’est empiré. La grossesse l’a empirée. Ainsi je n’aurai pas survécu finalement. J’essaie d’assimiler plusieurs données en même temps. Le fait que mon cœur se soit stoppé pendant trois minutes. Pendant trois minutes, tu étais morte. Assez de temps pour que le bébé s’en aille, pour que lui meurt. Mercy a cherché à me prendre la main mais son contact me brûlait et je ramenai mes doigts vers moi sans la regarder. Geste mécanique. Je n’étais plus qu’un pantin désarticulé. J’essayai de faire comme tous les autres robots. Je voulais respirer. Mais mon cœur n’était pas seulement déficient, il était brisé, anéanti. Il ne restait rien si ce n’était qu’un tas de cendres. Je me fichai pas mal d’avoir perdu Kristofer dans le fond. Je savais que j’aurai pu élever notre enfant seul et il était déjà parti une fois. Mais le bébé. Il représentait tous mes espoirs d’avoir une vie meilleure, une vie normale, d’être enfin complète. Mais cet échec montrait clairement comment ma vie allait se dérouler. Je ne pourrais jamais avoir d’enfant et je ne pourrais jamais être auprès de quelqu’un. Les hommes veulent tous des enfants tôt ou tard et être au côté d’une femme… d’une défaillance. Je sors de la chambre en titubant. Je sais que ma respiration n’est rien qu’un sifflement, que mon teint est sans doute trop pâle et que je n’irai sans doute pas au bout de mon idée. Me jeter du sommet de cet hôpital maudit. Je maudissais mon existence, ma venue à Bowen et ma vie si pathétique. Je tourne au bout d’un couloir pour relever la tête. Mon regard accroche automatiquement les contours d’une silhouette familière. Alfie ? Je penche doucement la tête sur le côté, plissant les yeux. Encore une autre défaillance. Ma vue. Je ne voyais pas de loin. Le temps s’arrête, comme dans Big Fish quand Edward croise sa femme mais il reprend à vive allure si bien que comme une poupée de chiffons, je finis au sol. Mon cœur se serre tandis que je tousse un peu. Je commence à craquer, je ne devrais pas. Je devrais me contenir. Tout va bien. Je vais bien. « J’ai… j’ai mal, arrivai-je à articuler à bout de souffle. » Je pourrais limite le sentir battre. Je sens le corps chaud de mon ami se mettre autour de moi comme un étau salvateur. Le contact du chaud avec mon corps toujours si froid me fait frissonner. Je laisse ma tête aller contre lui, le corps pris de soubresaut à cause des larmes qui se font plus abondantes à mesure que le temps passe. Je pourrais limite entendre le vacarme dans le couloir. Ma respiration sifflante, mes yeux perdus dans le vague à nouveau, je reste contre mon ami comme s’il était le dernier rempart me protégeant d’un grand fléau. La réalité. |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Jeu 1 Juin 2017 - 22:49 | |
| Des flashs lui brouillent la vue. Des souvenirs, quelques bribes de conversations qu'il a eues avec Ludmilla et où il essaie de se souvenir de tout ce qu'elle a pu lui dire à propos d'elle. Kristofer, revenu puis reparti. Son coeur, cassé. Et puis ? Alfie n'a jamais été l'ami présent, soutenant, qu'il aurait dû être. Il ne prenait pas vraiment de nouvelles, n'en donnait pas non plus. Il a toujours fonctionné comme ça car en surface, il se fiche de pratiquement tout et a même bien du mal à s'intéresser aux histoires des autres. En surface, seulement. Alfie et sa foutue carapace, Alfie et cette habitude qu'il a pris d'agir comme si tout lui passait royalement au-dessus de la tête. Mais là, sa carapace se brise. Son coeur se serre quand il la voit s'écrouler au ralentit, sa respiration s'arrête au contact de sa peau gelée contre la sienne. Elle ne peut pas mourir, elle n'a pas le droit. Qu'ils prennent n'importe qui, n'importe quel crétin de la ville ou de la Terre entière. Mais pas elle. « Je suis là, » lui souffle-t-il dans une voix anormalement sérieuse pour le Alfie qu'il est d'ordinaire. Lui qui a toujours le sourire, le mot pour rire, il a l'impression de voir le monde s'écrouler morceau par morceau autour d'eux. Le sol se dérobe sous ses pieds, les murs se volatilisent, il n'y a que la noirceur des ténèbres qui les englobent au son de sa respiration sifflante. Je suis là. Il se répète mentalement ses propres mots pour leur donner du sens, pour s'aider à lui-même à trouver la force pour la porter jusqu'à sa chambre. Ludmilla dans ses bras, Alfie se redresse et fais attention de ne pas la briser plus qu'elle ne l'est déjà. Il cherche des yeux le numéro de chambre indiqué par l'infirmière de l'accueil, remonte le couloir, tourne dans un autre puis fait finalement face à une pièce dont la porte est ouverte et le lit vide, aux couvertures défaites. Sans réfléchir plus loin, il va la déposer par-dessus les draps puis s'affale sur une chaise posée à coté. « Faut qu'on appelle une infirmière pour qu'elle te remette ce truc, » dit-il en prenant entre ses doigts l'embout d'une perfusion, n'ayant pas la moindre idée de comment fonctionne cette poche qui semble n'être que remplie d'eau. Après avoir appuyé sur le bouton pour appeler une infirmière, il se laisse une nouvelle fois tomber sur la chaise et sert le barreau de son lit dans une main. L'autre glisse le long des couvertures défaites pour trouver celle de Ludmilla. « Je sais que t'es une fille forte, que tu t'en sortiras. C'est obligé, tu peux pas me laisser tomber. » Cette fois, il se fiche bien que qui que ce soit ait pu l'entendre. En prononçant ces quelques mots, Alfie réalise qu'il a la gorge nouée. Il se sent impuissant, inutile, tellement à bout de nerfs que si il était seul, il aurait certainement déjà envoyé cette foutue chaise à travers la fenêtre. |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Jeu 1 Juin 2017 - 23:13 | |
| Quelle est la scène la plus douloureuse que vous ayez vue au cinéma de toute votre vie ? Tandis que je sens mes jambes se dérober sous mon corps, que ma tête cogne lourdement contre le sol, je me pose cette question. J’ai vécu cette scène trop souvent. Celle où notre cœur s’arrête. On dit souvent lorsqu’il est parti, ou elle est partie, mon cœur s’est arrêté. Sauf que comment réagir quand notre organe indispensable à notre survie s’arrête vraiment ? Vous voulez savoir quelle est la scène la plus triste que j’ai vu ? Celle où Severus tient Lily dans ses bras, celle où il la pleure et se rend compte qu’elle ne respire. Je suis rousse comme elle, à terre. Je sens les bras d’Alfie me soulever de sol mais je ne parviens pas à bouger. Je suis comme inerte. Peut-on voir la mort s’approcher ? Venir vers nous bienveillante ? Verrai-je mon père ? Je me souvenais de ce jour où j’étais debout dans la morgue, où le médecin a soulevé les draps. J’ai reconnu les trois corps. Ceux des parents de Kris et de mon père. J’étais si jeune et pourtant déjà brisée. Je pense que ma vie s’est arrêtée où l’être le plus cher que j’avais est décédé. Comme si la mort s’approchait de moi à grandes enjambées, fauchant tous mes proches au passage. Je me suis mise à prier sur cette plage pour qu’elle me tende la main et qu’elle m’emporte. Mais la vie avait décidée de s’imposer comme une garce et de me tirer de ma torpeur. Je sens qu’on me dépose sur le lit. Je sens les larmes qui continuent de couler tandis qu’Alfie me parle. Sa voix est fantomatique. On pourrait se croire dans un mauvais film d’horreur. Sa main se met dans la mienne et je tousse à nouveau. Je sais que t'es une fille forte, que tu t'en sortiras. C'est obligé, tu peux pas me laisser tomber. Tu ne peux pas me laisser tomber. Tu ne peux pas me laisser tomber. J’aimerai dire que cette phrase a constitué un déclic en moi mais non. Je pourrais dire que j’ai serré sa main. Mais non. L’infirmière ne tarde pas. Et elle gueule. Qu’est-ce que vous avez foutu ? Et blablabla. Je sens la perfusion qui s’immisce dans ma main. La piqûre qu’elle me fait dans le bras. De l’adrénaline. Pour relancer mon cœur. Je me redresse d’un coup sur le lit, portant la main à ma poitrine. La vieille dame me regarde avec un air mauvais. Je fais de même. Enfin, elle quitte la chambre tandis que je retourne à ma léthargie. Seul rappel : cette main qui serre la mienne. Je voudrais la lâcher, je voudrais regarder Alfie mais non. Je ne parviens qu’à l’aide de ma main valide, la porter au sommet de ma tête. L’infirmière sans doute bienveillante revient dans la chambre pour poser un nouveau plateau de nourriture sur la table. Vous devriez manger. Vous avez perdu beaucoup de sang avec votre… Je sens qu’elle marque un temps d’arrêt. Je déglutis pour prendre finalement la parole. Ma gorge est sèche, ma voix sans doute éraillée. « … Votre fausse couche, vous pouvez le dire. Ce n’est pas un gros mot. » Je déglutis. Pendant un quart de seconde, j’ai oublié la présence d’Alfie dans la chambre. Je reste dans ma bulle avec mes larmes, mon chagrin, mon envie de me jeter du haut du toit. J’ai de nouveau l’envie de balayer cette table d’un revers de la main, de rage, de fureur. J’entends les pas de la dame qui s’éloigne. Je me pousse alors sur le lit pour laisser une place à Alfie. « Viens t’asseoir près de moi, s’il te plait, chuchotai-je sans le regarder. » Je pourrais ajouter comme dernière volonté mais à quoi bon ? ils semblaient résolus à me maintenir en vie dans ses murs fades et sans vie. Je relève la tête pour fixer un point fixe au mur. Je me remets à tousser. Pendant quelques secondes, seul le bruit des moniteurs rythme cette pièce. Pendant un instant, je suis de nouveau cette funambule dansant sur le fil qu’est ma vie. Jusqu’à ce qu’on le coupe à nouveau et que je tombe dans l’abime, que j’atterrisse dans le styx pour m’y noyer et ne plus jamais revenir. |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Lun 5 Juin 2017 - 21:45 | |
| C'est pour des moments comme ça qu'il s'est toujours promis de ne pas s'attacher. Pour ne pas sentir son coeur se déchirer au son d'une voix brisée, pour ne pas avoir à dire adieu quand on veut juste dire au revoir. Et pourtant le voilà, en panique, plus anxieux qu'il ne l'a jamais été. C'est peut-être le fait de la savoir mourante qui a suffi à briser entièrement sa carapace, la voir déambuler dans le couloir comme une âme perdue qui a réveillé toutes ces émotions qu'Alfie préfère toujours garder enfouies au fond de lui. Il ne peut plus faire semblant, pas maintenant. Impossible de rester impassible, de jouer à celui qui s'en fiche, impossible d'enfiler encore une fois ce masque qui pourtant ne le quitte jamais. Il se sent faible, impuissant, totalement démuni devant cette scène qu'il vit, mais qu'il a pourtant l'impression de regarder de loin, hors de son corps. Il ne contrôle pas ses gestes, pas même les mots qui franchissent le seuil de ses lèvres. Tout est automatique, impulsif, maladroit, effrayé. Et pendant que l'infirmière prend soin de cette Ludmilla qui tangue entre la vie et la mort, lui sert sa main en espérant que ça suffira pour qu'elle ne s'envole pas. Il a l'impression d'entendre son coeur à elle, défaillant, qui résonne à ses oreilles pour lui rappeler à quel point elle est malade et qu'il ne pourra rien faire pour l'aider. Sauf que ce doit être le sien, son poul trop rapide qui bat trop vite pour lui remémorer que oui, Alfie est doté de foutues émotions. Des émotions trop fortes que pour être libérées, le genre qu'il enfouit parce que justement, il sait que les libérer pourrait causer d'irréversibles dégâts. Quand il ne se prive pas de ressentir, il ressent trop fort. L'infirmière revient avec un plateau, lui conseillant de manger à cause de... de quoi bordel ?! Son regard passe de la professionnelle à Ludmilla et, quand les mots sortent enfin, il lâche la main de son amie et se redresse sur sa chaise. « Ta quoi ? » demande-t-il même si il a parfaitement compris, voulant simplement qu'elle s'explique sur ce sujet. Sauf que ce n'est pas le moment, qu'ils pourront en discuter plus tard. Mais quand ? Ne sachant plus comment il est censé réagir face à ce trop plein d'informations, Alfie se lève et prend sa tête entre ses mains. « Je vais l'exploser ce type, si je le retrouve je lui fais avaler son putain d'appareil. » Il parle plus pour lui-même que pour se faire entendre, murmurant ces mots entre ces dents alors qu'il fait les cent pas dans un mètre carré de surface. La voix de Ludmilla le ramène à la réalité et il se tourne vers elle pour découvrir qu'elle vient de lui faire une place sur son lit, à coté d'elle. Après avoir poussé un soupir, il s'avance et s'assied sur le bout de matelas. Alors qu'elle tousse, il commence à jouer machinalement avec une de ses longues mèches rousses d'un air songeur. « Quand t'iras mieux, » commence-t-il d'une voix beaucoup plus calme, semblable à un murmure. « On se fera la meilleure soirée pizza/films que t'auras connue de toute ta longue, très longue vie. » |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Lun 5 Juin 2017 - 22:12 | |
| J’ai l’impression d’être déjà morte. On dit souvent que l’amour fait mal. Que ce sentiment est un poison qui s’insinuait en nous et qui nous bouffait de l’intérieur. Seulement comment aimer quelqu’un qu’on n’a jamais vu ? Tandis que je n’étais plus qu’une marionnette entre les mains de ma maladie, je me posai cette question. Comment faire ? Mon enfant. Mon tout-petit. A jamais disparu. Les plus rationnels seraient capables de me dire va t’en faire faire un autre. Mais à quoi bon ? Je ne suis qu’une coquille vide parmi les humains. Je ne cessai de me dire que ma mère aurait dû avorter. Et elle-même me le rappelait constamment. Ludmilla, tu es un fardeau. Atteinte d’une forme très rare d’insuffisance cardiaque, pourvu d’un groupe sanguin très rare. J’étais morte. Je le savais et tout le monde aussi. Je ne voulais pas parler ouvertement de ma maladie. Mais comment faire quand on est spectateur de sa propre vie ? Je n’ai jamais pu faire de sport, je regardai les autres courir tandis que je demeurai dans les gradins. Je n’ai jamais pu jouer à des jeux normaux, rire avec mes pairs de leurs bêtises. Je ne comprenais pas les êtres humains et ils ne me comprenaient pas. Toute ma vie, je fus rejetée. Et j’ai pensé qu’en déménageant de ma Slovénie natale, je réussirai à me faire accepter. Fadaises. J’admirai les gens qui attendaient dans le couloir l’annonce évidente de leur mort prochaine. J’admirai Théia avec sa force et sa constante bonne humeur. Tandis que je suis dans les bras de mon meilleur ami, je sais que je suis sur le point d’abandonner. Je regarde le plafond changeant d’une pièce à une autre tandis que l’infirmière s’évertue à me maintenir en vie. Car on ne peut pas me sauver. J’ai vécu une vie sans goût, sans joie et d’une monotonie évidente. Je mourrais de la même façon. Je pourrais le faire avec panache comme Hannah dans Thirteen Reasons Why. Laisser des cassettes. Mais à qui ? Tandis que la dame me met la perfusion en me hurlant dessus, j’énumère les personnes qui pourraient être la cause de ma mort. Et je n’en ai qu’une seule. Moi. Je savais que tomber dans les bras d’un homme plus âgé était risqué. Je savais qu’il me quitterait tôt ou tard pour retourner vers une femme qu’il a aimé pendant quinze ans. Je savais que coucher sans préservatif comportait un risque. Je savais que mener à bien cette grossesse me tuerait. Je ne pensais pas que cet être mort avant sa naissance serait l’arme qui m’achèverait. Tandis que ma voix s’élève dans la pièce, je sais dans le fond que ce n’est que de la façade. Le dire. Alfie lâche ma main et je fixe cette dernière désespéramment vide. Il s’énerve. « ça ne servirait à rien, dis-je d’une voix dénuée d’émotions. » C’est vrai. Tout comme j’essayai de faire comprendre aux médecins que s’acharner à me maintenir vivante était perdu d’avance. Mon ami s’approche de moi et commence à jouer avec mes cheveux. Je retiens mes larmes tandis qu’il parle d’une soirée. Oh mon dieu, Alfie si tu savais comme j’aimerai la faire cette soirée. Oh Alfie si tu pouvais comprendre, si tu pouvais te faire une idée. L’idée que quelqu’un doit mourir pour me sauver. Que quelqu’un doit perdre la vie et dire adieu à tout ce qu’il a vécu. Ma voix est enrouée. Je serre les dents pour ne pas fondre en larmes. Oh Alfie que tu es mignon. Je lève doucement la main pour caresser sa joue. Si seulement, tout le monde pouvait être comme lui. « J’aimerai beaucoup, oui. » Je savais que je lui mentais mais je lisais dans son regard qu’il en avait besoin. Qu’il m’en empêcherait. Je m’approche doucement pour me soulever légèrement. D’un geste symbolique, je pose mes lèvres sur son front avant de venir y coller le mien. « Tu veux bien vivre pour nous deux en attendant ? » Car Alfie, une morte prochaine m’attend. Jamais je n’irai mieux. Alors, je veux que tu vives ta vie. Que tu ailles trouver cette fille, que tu la mettes au pied du mur. Que tu adoptes un chien. Que tu te saoules pour moi. Que tu marches pieds nus dans l’eau. Que tu savoures la caresse du soleil sur ta peau. Alors, Alfie est-ce que tu veux bien faire ça pour moi ? |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Sam 10 Juin 2017 - 21:37 | |
| Y a une putain de tornade dans sa tête, un ouragan qui ravage chaque pensée rationnelle, qui avale chacune de ses connexions neuronales et qui lui donne l'impression de perdre les pédales. T'as déjà vécu ça. Il le sait, il s'en souvient, même si il s'est empressé d'enfuir ce souvenir quelque part entre les autres et de ne plus jamais se le remémorer. Il a ressenti ça une fois, à cause de Jordan. Naxa, ou wathever. Cette impression de tourni, ces nausées, cette envie de tout balancer hors des meubles d'un geste brusque de la main. Jordan aura été sa première tornade, Ludmilla la deuxième. Sauf que cette fois-ci, tout est différent. Des mois plus tôt, il n'a pas eu peur de perdre Jordan. Il ne faisait que lui cracher son ego en pleine face, se plaignait qu'elle ose lui faire ressentir la moindre émotion, le moindre sentiment. Là, ce n'est pas de la colère. C'est une foutue tristesse qui lui prend aux tripes, au cœur, à chaque parcelle de son corps. Il ne se savait pas capable de se sentir aussi effrayé pour quelqu'un d'autre que lui-même. Pour une fois dans sa vie, il repousse cet ego qui lui a si souvent barré la route. Il met à plat ses barrières, brise sa carapace, se permet de se sentir humain rien que pour une fois. Quelques heures, et puis Alfie redeviendra Alfie. Debout devant ce bout de mur, il tente de contrôler ses pulsions même si ses poings forment déjà deux boules de nerfs prêtes à s'abattre sur le premier venu. Elle dit que ça ne servirait à rien alors il la croit, parce que c'est la seule chose à laquelle il peut se raccrocher pour le moment. Des mots, des paroles en l'air, des promesses qui ne seront sûrement pas tenues. Il fait demi-tour sur lui même pour faire face à Ludmilla, le visage totalement impassible. Ni haine, ni tristesse, encore moins de la joie. Des traits seulement durs, froids, une colère passive qui n'a jusqu'à là affronté que son paternel. T'étais pas censé laisser tes émotions reprendre le contrôle. Il pousse un long soupir et, lentement, comme si il craignait de la casser, il vient prendre place près d'elle. Il lui propose une soirée tout en jouant avec ses cheveux, des mots symboliques pour lui promettre à elle comme à lui-même que oui, elle s'en sortira. Qu'elle ne mourra pas dans cet hôpital. Il la laisse lui embrasser le front, le regard perdu dans le vide, maintenant affalé sur un matelas qu'il ne lui semble pas confortable. En réaction à ses dernières paroles, Alfie se redresse et s'appuie sur son flanc afin de pouvoir regarder Ludmilla droit dans les yeux. « Je veux pas vivre pour toi. Tu vas t'en sortir, dans quelques jours tu seras totalement remise et tu reviendras, quitte à devoir vivre comme si t'avais le coeur d'une vieille de quatre-vingts ans. Je vivrai pas pour toi Ludmilla, je vivrai avec toi. À tes cotés. » Il pose une main sur sa joue et, dans un mouvement répétitif, la caresse à l'aide de son pouce. « Je suis peut-être pas le meilleur des amis qui soit, mais sache au moins une chose. Avec moi dans ta vie, t'as interdiction de baisser les bras. » |
| | | Invité | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart Lun 19 Juin 2017 - 1:59 | |
| La mort est capricieuse. Lorsque tu ne la désires pas, elle te fauche mais quand tu es comme moi et que tu l’attends, elle se fait désirer. J’avais attendu patiemment dans mon lit lorsque j’ai appris que j’avais perdu ce qui comptait le plus pour moi. La mort était mon amie la plus proche. Elle avait fauchée mon père, mon enfant, et elle s’apprêtait à me faucher moi. Tandis je suis dans les bras d’Alfie, une poupée, je pense au fait que je ne devrais pas être là. Si je n’avais pas existé mon père n’aurait pas été forcé de travailler dans cette usine. Je ne serai pas tombée enceinte. Je n’aurai jamais rencontré Kris. J’avais mis du temps à l’admettre mais mon cœur était plus felé. Il n’existait plus. Je savais qu’en arrachant ce qui me reliait à ses machines, je risquai une mort douloureuse et lente. N’est-ce pas ce que je méritai ? Je voulais abandonner. I give up ! Je n’en pouvais plus. Je n’en pouvais plus de mentir aux gens. De leur dire que tout allait bien alors que non. De faire croire à mes amis que je pouvais faire la fête avec eux, boire, rire. J’étais condamnée. Mes pensées se tournèrent automatiquement vers ma sœur. Mercy. Ma mère avait eu une fille de substitution. Ma mère avait eu ce qu’elle voulait. Un enfant en parfaite santé, à la psyché solide. Ce qui n’était pas mon cas. J’avais le cerveau en vrac, le cœur pété, le cœur arraché. L’infirmière me rebrancha mais je lus dans son regard une putain de tristesse, de pitié. Je ne voulais pas que les autres me prennent en pitié. Je ne voulais pas qu’on me regarde tout simplement. Je voulais disparaitre. J’avais tout donné à tout le monde. A Kris, à Jade, à Théia qui était sans aucun doute celle qui me comprendrait le mieux. J’abandonnai. Alfie grimpe sur le lit et joue avec mes mèches de cheveux. Je ne voulais pas lui dire. Je le savais fragile. Je savais qu’il ne supporterait pas. Alors, je lui demandai de vivre pour moi. De m’oublier. Mais il ne comprenait pas. Une larme solitaire coula sur ma joue. « Je… » Devais-je tout lui lâcher ? Devais-je tout lui dire ? « Alfie, je veux mourir, avouai-je alors en proie à mes larmes. » Il ne comprenait pas qu’on me maintenait en vie. « Les gens font du forcing. Je suis O négatif. Un groupe sanguin rare. On s’acharne sur moi depuis vingt ans. Depuis ma naissance. Je ne veux pas rester branchée à des machines. » Je sens que je m’affole. Sans doute en proie à une crise de nerfs ? J’avais tellement refoulé ses quatre dernières années. « J’avais seize ans et j’ai dû aller à la morgue reconnaitre les corps de mon père et des parents de Kris. Lui n’était pas en état. Ça aurait dû être moi, tu comprends. Je suis condamnée. Mon père n’avait pas mérité ça. » Je marque une pause, essuyant rageusement mes yeux. « Je fais comme si tout allait bien mais combien de fois me suis-je retrouvée ici sans qu’on te le dise ? Je l’ai dit à Mercy de pas t’appeler parce que tu ne supporterais pas. Mais je suis mourante. On n’y peut rien. Ça fait mal. Mon cœur me fait atrocement mal. » Je tousse un bon coup comme si j’allais sans doute faire sortir un de mes poumons pour renifler. « Ça va être quoi ma vie ? Quelle fille ou quel mec voudrait d’un cadavre dans sa vie ? j’ai toujours voulu une vie tranquille. Le chien, la maison, les enfants. Je suis juste bonne à faire la pute devant l’objectif. » Je baisse le regard, jouant nerveusement avec mes draps. « J’en ai rien à foutre qu’il se soit tiré. On ne peut pas aimer un mort-vivant c’est impossible. Mais je voulais cet enfant. Et même ça, je l’ai perdu. » Je fonds de nouveau en larmes tandis que les moniteurs s’affolent, tout comme mon cœur. J’avais mal. Tout mon être me brûlait. J’attrape la main de mon ami pour la serrer doucement. « Je suis désolée. Si tu savais comme je regrette mais j’ai plus la force. J’y arrive plus. Et je suis désolée d’être entrée dans ta vie et de devoir te faire souffrir ainsi. Je suis désolée. » Les larmes coulaient à grosses goûts sur les draps, mon corps était remué de soubresauts mais je n’y parvenais plus. Say something, Say something, I'm giving up on you. And I... will swallow my pride. You're the one that I love. And I'm saying goodbye. |
| | | Contenu sponsorisé | Sujet: Re: (alfmilla) i've an elastic heart | |
| |
| | | | (alfmilla) i've an elastic heart | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|