JOYEUX ANNIVERSAIRE (Perscar & les gamins)

C’était l’anniversaire d’Oscar et je lui en voulais de ne rien m’avoir dit. Heureusement, que j’avais des contacts –dans l’établissement où l’on bossait et pas mal de ses élèves étaient aussi les miens- donc j’avais passé l’après-midi à faire un gâteau avec les jumeaux. Constance était repartie quelques jours dans son pays d’origine pour les congés de pâques et pour ma part, je le passais avec les garçons. Jeremy passerait sans doute un peu plus tard mais nous n’étions pas très portés sur les fêtes familiales dans la famille Strauss. Alors que Sam était assis sur le comptoir, la bouche barbouillée de chocolat, Dean était parti chercher le « cadeau » des jumeaux. Ils avaient demandé à Constance d’aller le chercher si bien que même moi je ne savais pas ce que c’était. Enfin j’avais une brève idée mais je ne voulais même pas savoir. Tandis que le gamin revient avec son paquet cadeau, j’achève le cadeau avant d’aller les débarbouiller et de les habiller. Un de mes élèves devait me prévenir s’il quittait l’auditorium trop précipitamment. Je savais qu’il passait toutes ses journées là-bas. Comme je les passais dans ma salle de musique. « On voir ‘Scar, demande Sam tandis que je passe le gant sur son visage. » Mes gamins étaient un véritable mystère pour moi mais j’étais contente qu’ils apprécient Oscar. Après les avoir habillés, on grimpe dans la voiture pour aller jusqu’à l’endroit où se planquait mon copain. Je les descends et comme d’habitude, Sam s’accroche à mon cou comme un koala. Heureusement que j’ai une main vacante pour tenir le sac dans lequel est mon gâteau. On entre doucement et je fais signe à Dean de ne pas faire aucun bruit tandis que je m’approche d’Oscar en catimini. Les gamins ont dû partir quelques minutes avant moi mais on m’avait dit qu’il comptait s’y planquer toute la journée. Je passe dans la rangée derrière lui pour cacher ses yeux de mes mains. « Qui c’est ? demande Dean content de sa surprise en sautant partout. » Je lève les yeux au ciel tandis que je fixe le dramaturge d’un œil mauvais. « Alors, je sais pas si j’dois être en colère que tu m’as rien dit ou… » Je me prends pour l’embrasser doucement sur la joue avant de coller Sam sur le siège à côté de lui et de me placer de l’autre côté, Dean sur les genoux. « Tu comptais te planquer là jusque demain matin ? » Dean se tourne vers Oscar pour lui servir son sourire de petit gars content de lui. « On t’a fait un ‘deau ‘Scar. Moi et Sam. Maman sait pas. »

Voilà déjà plusieurs années qu'Oscar a arrêté de fêter son anniversaire. Ça ne l'intéresse plus de savoir qu'il vieillit, qu'il approche lentement de la trentaine et que, pour de vrai, il devient adulte. Il n'en a parlé à personne tout simplement parce que pour lui, il n'y a rien fêter. Ce n'est qu'un jour comme un autre, juste un stupide nombre dans un stupide mois qui souligne une année de plus sur cette Terre. Et pourtant, même si il s'était toujours tenu de garder la date de son anniversaire secrète, ses gamins s'étaient mis à lui crier "bon anniversaire" alors qu'il avait à peine mis un pied dans l'auditorium. Il ne sait pas comment ils ont su, mais il espère qu'ils sont les seuls et que ses collègues ne lui ont pas prévu le genre de fête surprise qui le mettrait plus mal à l'aise qu'autre chose. Assis dans un des sièges de son endroit préférée, Oscar relit ses propres notes rédigées à la main sur des feuilles qu'il tient entre ses mains. Il n'entend pas la porte s'ouvrir, ni même les bruits de pas, il est trop plongé dans sa lecture que pour remarquer quoi que ce soit. Deux mains plaquées contre son visage le font cependant se redresser et, surpris, il manque d'en faire tomber ses papiers. Immédiatement, Oscar reconnait la petite voix de Dean et ne peut s'empêcher de sourire. Vu que ces mains sont bien trop grandes pour être au petit et qu'il se doute qu'il n'est pas venu seul, il sait très bien qui se trouve actuellement derrière lui. « Mmh, L'Empereur Zurg ? » dit-il pour plaisanter, se rappelant que les jumeaux avaient tous deux des peignoirs Toy Story et qu'ils comprendront ainsi certainement sa référence. Il se tourne pour faire face à Percy, puis baisse honteusement les yeux face à son regard accusateur. « Ce n'est pas comme si c'était si important, » dit-il pour se défendre avant de relever les yeux, un sourire innocent se dessinant lentement sur ses lèvres qui s'agrandit quand elle embrasse sa joue. Sa question le fait ensuite rire. « Peut-être bien, je développe toujours une phobie sociale le jour de mon anniversaire. » Et pourtant, voir Percy avec les enfants, ça lui bien plus plaisir que de rester seul dans son auditorium avec pour seule compagnie le bruit de ses feuilles qu'il tourne. Les paroles de Dean l'intriguent et le font hausser un sourcil interrogateur. « Un cadeau pour moi ? » demande-t-il en regardant et Dean, et Sam. « J'adore les cadeaux ! » ment-il avec un immense sourire, les yeux brillants.

Ayant appris que récemment que c’était l’anniversaire d’Oscar, je n’ai pas eu le temps de chercher un cadeau digne de ce nom. Donc, je m’étais contentée d’aller dans une boutique de lingerie –sans les enfants- et d’acheter un peu de fanfreluches extrêmement osés. Genre le porte machin chose, le corset qui ne me permet pas de respirer en toute liberté et des talons hauts. Pour une fois que je mets des talons hauts. Un gamin sur le dos, des bas qui sont bien attachés sous ma jupe, on pénètre dans l’auditorium. Lorsque je repère la nuque d’Oscar, je souris. De ce sourire pseudo-débile qu’ont toutes les femmes en voyant leurs compagnons. Je m’approche à pas feutrés tandis que je colle mes mains sur ses yeux. Je le sens se raidir tandis que Dean commence à parler et Sam se marre, hilare. « Ouiiiiii, répondit Dean en sautillant sur place. » Je retire Sam de sur mon dos pour le poser à terre. « Et moi, Buzzbuzz. » Non juste Buzz mon chéri mais ce n’est pas grave. Je pose Dean à la droite d’Oscar qui tient fermement son paquet cadeau, je prends place à sa gauche, attrapant Sam et le sac. Je pose le sac sur la table avant d’enguirlander gentiment Oscar. « Mais si c’est important, voyons. » Je me penche pour déposer mes lèvres sur sa joue de manière très naturelle. Sam se cache les oreilles tandis que Dean fait la grimace. Des petits garçons, c’est normal. « Tant que tu seras avec moi, on fêtera ton anniversaire. Pas de discussions possibles. Je suis certaine que les enfants, la tienne comme les miens adorent les gâteaux. » Sam sourit et tape dans ses mains tandis qu’il entend le mot gâteau. « On a fait un a’c mamaaaaan. » Puis Dean ajoute qu’il a un cadeau pour Oscar qui semble intrigué. Mon petit garçon lui tend le paquet. « Ouiiiiii par on t’aime ‘Scar. Maman est contente a’c toi. » Je lève les yeux au ciel en secouant ma tête tandis que j’attrape la main du roi de la fête improvisée pour la poser contre ma taille. « Le mien est un peu plus adulte. Mais déballe celui des garçons, tu déballeras le mien, toute à l’heure. » Sam glisse de mon dos pour aller sur le dos d’Oscar et entourer le cou d’Oscar de ses petites mains, regardant par-dessus son épaule. « Ouv’ ouv’ ouv’. » Il tapote doucement son épaule, impatient tandis que je continue à rire de plus belle.

Il ne peut s'empêcher de sourire en voyant Dean sauter partout, pendant que Sam clame fièrement son nouveau nom d'une manière si attachante qu'il est impossible de ne pas être attendri par lui. Dans ses souvenirs, Luce était beaucoup plus calme à cet âge, mais il n'a jamais su si c'était parce que c'était une fille ou juste parce qu'elle était comme ça, naturellement plus posée que n'importe quel enfant normal. Et puis, pour Oscar qui secrètement s'est toujours dit qu'il aurait plus tard un garçon, en voir deux lui sourire avec toute la sincérité dont peut être pourvu un enfant suffit à réchauffer son coeur autrefois délaissé. Rapidement, il porte son attention sur celle qui est la cause de cette vague de bonne humeur qui est actuellement en train de se propager dans tout son corps. « D'accord, on fêtera mon anniversaire, et toutes les fêtes que tu voudras célébrer. » Ça lui fait bizarre de dire ça, c'est comme déjà se projeter vers un avenir où ils seront ensemble pour Noël, Thanksgiving, et toutes ces fêtes qu'il ne fête plus ou pratiquement pas. Mais Oscar réalise que ça lui plairait bien, changer ses plans pour pouvoir partager ces moments avec elle. Avec les enfants. « Dommage que Luce ne soit pas là, elle raffole vraiment des gâteaux. » Mais Sam est là lui, et son enthousiasme pour le gâteau empêche à Oscar de dire qu'ils n'auraient pas dû, que tout ça c'est trop d'effort pour lui. Alors qu'il prend le paquet tendu par Dean, il se met à sourire comme un abruti lorsque ce dernier prononce les mots que n'importe quel intrus dans une famille avec enfants rêve d'entendre. « Moi aussi je vous aime, toi et Sam.» Il garde son paquet entre les mains sans l'ouvrir tout de suite, et son sourire gamin se transforme en un rictus plus sincère, touché. Heureux. « C'est vrai ça, que maman est contente ? » demande-t-il en tournant la tête vers Percy. Alors qu'elle prend sa main, il n'arrive plus à contrôler l'étirement de ses lèvres quand elle sous-entend le cadeau qui l'attend sous cette couche de vêtements. « Je me réjouis de l'avoir, mon cadeau. » Sam vient se glisser sur son dos, et Oscar en vient à se demander si il s'est déjà senti plus heureux qu'en cet instant. Il regarde Percy, Dean, Sam en se tortillant le cou, et il se dit qu'avec Luce en plus cette scène aurait été juste... parfaite. « J'ouvre ! » s'empresse-t-il de dire avant de commencer à déballer le cadeau des petits, déchirant le papier sans le moindre scrupule. En découvrant la poupée Woody, Oscar écarquille grand les yeux et ouvre la bouche en regard Sam et Dean à tour de rôle. « Comment est-ce que vous saviez que j'en avais toujours rêvé ? » demande-t-il avec un air de surprise mélangé à de la joie.

Je souris tendrement en regardant mes enfants qui sautillent chacun de leurs côtés, content de voir ‘Scar comme ils l’appelaient. Ni l’un ni l’autre n’arrivait encore à prononcer les mots correctement. Ce n’était pas faute de leur faire leurs exercices mais ils s’en fichaient, préférant faire les quatre cents coups. Tandis que je pose les enfants à leur place, je prends la mienne. Sam grimpe sur mes genoux comme il le fait toujours. Je tourne ma tête vers Oscar, un franc sourire sur le visage. Mes yeux pétillent tandis que je constate qu’il a envie de faire des projets. Avec moi. Alors, je me penche doucement pour déposer mes lèvres sur les siennes. Doucement. « Alors joyeux anniversaire, babe. » Je battis des cils tandis que les garçons commençaient à s’impatienter. Ils tiennent ça du côté Strauss. J’en suis certaine. Sam est le plus gourmand des deux. Je passe ma main dans la nuque d’Oscar pour la caresser distraitement. « Bah on en refera un quand elle sera là. Faudra que tu me dises si elle préfère le chocolat ou les fruits comme les fraises. » Alors là, le plus jeune des jumeaux en entendant parler de son parfum préféré sautille carrément sur mes genoux. J’essaie de le calmer mais Dean me prend de court en tirant Oscar par la manche pour lui tendre son cadeau. J’éclate de rire. A la réponse d’Oscar, Dean lui fait un franc sourire avant de se coller contre lui. C’est assez déroutant de voir à quel point les garçons s’attachent vite. « Tu vois, je t’avais dit qu’ils t’aimeraient bien. Ils t’apprécient quasiment autant que leur mère. » J’ai un petit sourire en coin tandis que Sam pousse un petit cri d’impatience. « Maman est très contente, répondis-je à la place des jumeaux en me penchant vers Dean. » Je ne peux m’empêcher de rougir en disant ça parce que c’est une première pour moi. Ou du moins, ça fait si longtemps que je n’ai pas été avec quelqu’un. Je m’étais presque habituée à mon rôle de maman. « Bah ouv’ alors, le presse Dean en répondant à Oscar » Son jumeau passe dans son dos pour coller Oscar et mettre sa tête sur son épaule. Il le pousse quasiment pour qu’il ouvre le paquet. Les gamins sautent de joie en le voyant déballer le cadeau tandis que je sors le téléphone pour filmer la scène. La réaction d’Oscar a le don de me faire rire de plus belle. « J’ai un se’pent dans ma botte, chantonne Sam. » Là, je n’y peux plus, j’ai un fou rire. « Bah, Sam est Buzzbuzz, moi Zurg, donc toi Woody. » Sam rigole tout content de lui. « Maman dit que t’avais une fiiiille donc Jessie. » Sam revient sur mes genoux pour commencer à fouiller dans mon sac. « Hé on fouille pas dans le sac de maman, tu le sais. » Il relève la tête mais s’en fout et continue à fouiller pour en sortir le marqueur que je trimballai toujours sur moi. « ‘Scar sur la botte, ‘Scar sur la botte, dit le cadet en agitant le stylo sous le nez du dramaturge.»

Il répond à son baiser avec la même douceur comme si ce geste était tout naturel, habituel entre eux deux alors qu'il ne sait même pas encore si ils peuvent se considérer comme un couple elle et lui. Pas qu'il n'en a pas envie, mais ils n'ont pas vraiment eu l'occasion d'en reparler depuis la dernière fois où ils se sont vus. Enfin, qu'est-ce qui les différencie d'un couple après tout ? Ils agissent comme deux amants, et Oscar a déjà vu ses enfants. D'ailleurs, il s'impatiente de présenter Perséphone à Luce, il sait pertinemment que toutes les deux ne pourraient que bien s'entendre. Il hoche la tête quand elle lui parle du gâteau mais n'a pas le temps de répondre que Sam s'impatiente sur ses genoux, visiblement pressé de pouvoir avoir sa part. De l'autre coté, Dean attire son attention mais ce n'est pas pour autant qu'il n'écoute pas Percy lorsqu'elle lui dit que ses enfants l'apprécie. Il sourit, encore, tellement qu'il en a mal aux joues. Oscar met visiblement trop longtemps avant d'ouvrir son fameux cadeau car Dean comme Sam semblent s'impatienter chacun à leur tour, le tirant de tous les cotés pour qu'il se débarrasse de l'emballage. Réellement touché que les enfants aient pensé à son anniversaire et à lui faire un cadeau, il ne peut cacher cet enthousiasme qui illumine son visage et lui donne un air de gamin devant le Père Noël. Son rire se joint à celui de Percy en écoutant Sam lister les nouveaux noms de tout le monde. « C'est vrai, j'ai une fille, et elle serait super contente de pouvoir être Jessie ! » Il lève ensuite les yeux vers Perséphone. « Et Maman, c'est Pile-Poil ? » demande-t-il d'un air taquin juste avant que Sam se mette à fouiller dans le sac de sa mère. Lorsqu'il sort un marqueur, Oscar fronce dans un premier temps les sourcils sans comprendre ce qu'il est censé faire. Il regarde son Woody, ses bottes, et se rappelle qu'il y a normalement le nom d'Andy écrit sous un de ses pieds. Il déballe alors la poupée, la sort de son plastique, et prend le marqueur tendu par Sam. « O-Scar, » dit-il pendant qu'il écrit en grosses lettres son prénom sous la botte de Woody. Il ferme le marqueur, le rend à Sam, puis s'attarde sur le gâteau. « Bon, j'en ai envie maintenant de ce gâteau ! » s'exclame-t-il avant que, dans sa poche de pantalon, son portable ne se mette à vibrer. Il le sort rien que pour regarder l'écran et fronce légèrement les sourcils en voyant le nom de la mère de Luce écrit. « Ça ne te dérange pas si je réponds ? J'en ai pour deux minutes. » Car les conversations téléphoniques avec cette fille duraient rarement plus de deux minutes, de toute façon.

Bien qu’avec Oscar nous n’ayons rien décidé quant à notre relation, je le considérai plus ou moins comme mon compagnon. Et puis nous avions passé l’âge de se demander d’être petit-copain et petite copine. Nous nous étions mis d’accord sur la monogamie ce qui constituait à être ensembles. J’espère juste que je me trompe pas. Je l’embrasse doucement devant les enfants qui se cachent les yeux. Je me recule en rigolant et en rougissant comme une adolescente, battant des cils comme une biche. Tandis qu’il déballe son cadeau, je fixe moi aussi, curieuse. Je savais que les garçons avaient passé une grosse commande Toy Story uniquement pour me ruiner. Mais j’étais contente qu’ils aient pris celui-là. Et à en croire leurs dires, ils avaient pris Jessie pour la fillette d’Oscar. Je secoue la tête tandis que les garçons sont contents. Je croise les bras sur ma poitrine, les prenant de court. Forcément puisque j’ai déjà acheté le chiot que je dois aller chercher bientôt avec Ingrid. « Non maman, c’est la bergère. L’amoureuse de Woody. » J’ai un petit clin d’œil en regardant Oscar. Sam me passe dessus pour fouiller dans le sac et sortir le marqueur qu’il tend à Oscar. Bienvenue dans la famille. Je vois qu’il met du temps à comprendre et j’éclate de rire tandis qu’il épelle son nom aux garçons qui le fixent ravis. « OOOOO-SCAR, répètent-ils à l’unisson. » Je passe une main dans mes cheveux, plus que ravie. Ou radieuse. Au choix. Je me relève maintenant pour me mettre face à eux et prendre une photo tandis qu’ils se regardent tous les trois. « Hop nouveau fond d’écran. » Je vois d’ailleurs mon compagnon sortir le sien et froncer les sourcils. « Nan vas-y. On va te laisser ton intimité, venez les garçons maman va vous montrer le piano qu’il y a dans les coulisses. » Sam tend les bras tandis que Dean se met à nous suivre docilement pour moi. Une fois dans les coulisses, je leur montre le vieux piano qui ressemble à celui de la maison. « Maman, A’stochats. » Je lève les yeux au ciel. Les gamins et leur passion des Disney. Je m’assois donc avec Sam sur les genoux tandis que Dean se met à mes côtés. C’est le seul morceau qu’ils connaissent. Je suis Marie dans l’histoire et eux les deux frangins. J’envoie donc la sauce comme au début de la chanson. Puis on commence à jouer tous les trois. Les notes sont forcément moins assurées chez les garçons. « Do mi sol do do sol mi do do mi sol do do sol mi do Ce travail fastidieux qu'on fait sans effort, commençons-nous à chanter tous en cœur. Un beau jour, pourra valoir son pesant d'or. Et vous permettra de jouer de ravissants accords. Apprenons nos gammes et nos arpèges. » Puis, je me recule en les laissant faire n’importe quoi avec la musique comme à chaque fois. « Bravo les garçons, de vrais petits Mozart. »

Il lève les yeux vers elle, sourire aux lèvres, quand elle lui annonce être la bergère. Il avait presque oublié ce personnage, et pourtant maintenant il arrive presque à la visualiser vêtue de la même tenue avec tous ses moutons autour d'elle. L'image le fait doucement rire avant qu'il n'attarde à nouveau son attention sur le Woody. Comme demandé, il écrit son nom au marqueur sous l'une de ses semelles et cite son nom tout haut avant que les garçons ne fassent de même. Oscar aurait aimé rester avec eux dans cette bulle qui les coupe du monde, mais son portable vibrant dans sa poche ne tarde pas à le ramener à la réalité. Il sourit d'un air désolé à Percy avant qu'elle ne s'éloigne, puis se lève de son siège et porte son téléphone à son oreille. « Ophelia. » Juste un mot, quelques lettres pour dire son prénom, lâché d'une voix qui trahit le peu de plaisir qu'il a d'entendre la voix de son ex. Il l'écoute parler en faisant les quatre cents pas dans la salle, la remercie pour son 'joyeux anniversaire'. Ce n'est que lorsqu'elle en vient à lui parler de Luce et de son envie de passer l'après-midi avec son papa pour son anniversaire qu'il peut enfin ouvrir la bouche. « T'aurais pu me prévenir avant, j'avais peut-être des projets moi. » « Tu refuserais de voir ta fille pour de stupides projets d'anniversaire ? » Il soupire. C'est vrai qu'il ne peut pas dire non à Luce qui demande à le voir, mais la façon dont Ophelia aborde le sujet lui donne presque envie de lui raccrocher au nez. « Merci d'avoir appelé, » sont ces derniers mots avant qu'il ne mette fin à la conversation. Une fois son portable rangé, il se dirige vers Perséphone et les petits, occupés à jouer du piano. Décidément, il faut croire qu'ils sont tous artistes dans la famille. « C'était pour Luce, elle a un cadeau fait-maison à m'offrir et je dois aller la chercher.» Il baisse un instant les yeux, regarde le piano et les touches qu'écrasent Dean et son frère, puis reporte son attention sur Percy. « Ça te va si on se retrouve tous les cinq ? Je te promets qu'elle est adorable et qu'elle fera une très bonne mini-baby-sitter. » Un sourire innocent vient étirer ses lèvres.

Alors que nous sommes tous les trois posés devant le piano, je fixe Dean qui commence à donner les accords. En même temps, il se contente d’appuyer sur deux touches tandis que Sam l’imite. Alors on commence à chanter et je fais glisser mes doigts sur les touches. « MAMAN ARRETEUUUUH. » J’éclate de rire pour commencer à jouer, les petits faisant sans doute semblant. Certains enfants réclament des histoires pour dormir, les miens se contentent de me demander des chansons. Ils me regardent jouer avant de m’imiter. On en oublierait presque Oscar alors que c’est son anniversaire. Bien entendu, j’avais entendu le nom de la femme à qui il avait répondu. Mon amie, la jalousie s’est insinuée en moi et j’ai serré les dents. Comme toujours. On enchaine sur l’autre chanson des Aristochats lorsque je remarque qu’Oscar nous regarde. « Stop les garçons. » Mais Dean n’en fait qu’à sa tête comme d’habitude. Au moins, je sais qu’il tient de moi. Je croise les bras sur ma poitrine, pinçant une de mes lèvres. « Et Ophélia, c’est sa mère, c’est ça ? » Je plisse les yeux un moment avant de me lever tandis que les gamins continuent de s’amuser massacrant la musique. « Nan bien sûr que nan, tu peux l’amener. Je vais rentrer avec les garçons et on va préparer la maison. » Je passe mes bras autour de ma poitrine, me retenant de le mettre en garde mais après tout, c’était son anniversaire. Je me mets sur la pointe des pieds pour l’embrasser délicatement. « Joyeux anniversaire encore une fois. » Je taquine son nez du mien avant de sourire. « Et si tu touches cette Ophélia, je te les broies avec une spatule à cuisine. » Nouveau sourire innocent, ultra bright. Après tout, autant être claire et ça démontrait que je tenais à lui, non ?

Oscar se sent presque coupable d'interrompre leur moment à trois, à tel point qu'il en oublie lui-même qu'il est censé être le roi de cette journée. La question que lui pose Percy le fait hocher la tête sans qu'il ne dise quoi que ce soit d'autre, jugeant qu'il n'y a de toute façon rien à dire de plus sur cette femme. Avec Ophelia, ça a vite été conflictuel. Elle lui en a toujours voulu d'être parti alors qu'elle était enceinte, et il lui en toujours voulu de faire défiler des dizaines de mecs sous les yeux de Luce qui ne devait sûrement rien comprendre. Il la regarde se lever, un peu effrayé à l'idée de la vexer, mais ce qu'elle lui dit suffit à le rassurer et il soupire intérieurement. « Génial, on aidera dès qu'on sera là. » Percy sera la toute première femme que Luce verra. Il ne sait pas encore vraiment comment il la lui présentera, mais il sait cependant qu'elle est déjà grande et en plus assez mature pour comprendre que Perséphone n'est pas qu'une simple "amie à papa". Ça l'a toujours étonné d'ailleurs, cette capacité qu'a la petite à raisonner sur des sujets parfois trop matures pour des enfants de son âge. Il sourit quand elle l'embrasse, rit légèrement quand elle fait aller son nez contre le sien, puis s'empresse de hocher la tête face à son avertissement. « Je la verrai pas et même si ça devait être le cas, c'est à minimum deux mètres de distance. » Il hausse les sourcils, une moue remplaçant son habituel sourire. Avant qu'elle ne parte, Oscar attrape sa main et plonge son regard dans le sien. « T'es extraordinaire, » lâche-t-il soudainement, sans raison ou sans contexte pour l'expliquer. Il se penche vers elle pour embrasser sa joue puis s'écarte et fait face aux garçons. « Je vous ramène une copine de jeux, et elle adooore Toy Story ! » Un immense sourire étire ses lèvres avant qu'il n'adresse un dernier coup d'oeil à Percy, le dernier avant de s'en aller. Après avoir rassemblé ses affaires, il marche d'un pas pressé jusqu'au parking et s'empresse d'aller chercher Luce pour lui présenter cette fille qui le rend heureux.