Soirée mec [CJel]

Karel était dans cette ville à cause, ou grâce, selon le point de vue, de la maison familiale. Ancestrale on pourrait même dire tellement elle commençait à dater. Mais dans cette maison, il n’était pas tout seul, il la partageait avec CJ, son cousin. Il s’était d’ailleurs toujours beaucoup moqué de son prénom. Entre cousins, fallait bien trouver le moyen de se faire chier après tout.
Le néerlandais avait emménagé il y a peu de temps et tentait encore de prendre ses marques. Il ne voulait pas être envahissant dans la vie de son cousin, et d’un autre côté il avait l’impression qu’il était le seul avec qui il pouvait se permettre d’être amical sans que ça ait des retombées catastrophiques. En tout cas pas plus que s’il ne le faisait pas.
Du coup, quand le brun passa le pas de la porte, Karel, allongé sur le canapé, se leva et se dirigea vers le réfrigérateur.

-Hey ! CJ, ça te dit soirée bière et télé ?

Depuis peu, tu ne vivais plus seul, il y avait quelques jours tu avais reçu la visite de ton cousin. Tu avais pensé que ça serait qu'un jour ou deux mais il avait demandé à squatter dans la maison de famille. C'était peut-être celle de ton grand-père mais c'était ton cousin et vous aviez déjà passé de nombreuses soirées ensembles plus jeunes. En poussant la porte d'entrée, tu le voyais se redresser dans le canapé. Un sourire se dessinait sur ton visage. « Salut ! » Cette maison t'avait semblé bien vide les derniers mois avec le départ en voyage de Nevaeh. Tu avais un peu déserté les lieux en vivant plus chez Aino mais depuis que Karel était là, tu profitais de sa présence. D'ailleurs, tu n'avais toujours pas averti Nevaeh de sa présence. Pas qu'elle le prenne pour un fou ou pour un cambrioleur. « Y a un match ce soir ? » demandais-tu légèrement. Tu ne dirais pas que tu t'y connaissais beaucoup dans le sport mais ça ne te dérangeait pas d'en regarder. C'était juste que tu ne comprenais pas vraiment les actions ou le vocabulaire. Peut-être que Karel pourrait t'aider pour ce point là. « Mais sinon pourquoi pas. » Tu filais vers la cuisine pour attraper deux bières comme il l'avait si gentiment proposé, avant de retourner dans le salon. « Tiens ! »  Tu lui tendais la sienne et tu décapsulais la tienne. Tu lui filais la télécommande pour le laisser mettre ce qu'il voulait. Tu ne regardais pas spécialement la télé alors tu ne savais pas trop.

A la question de son cousin, Karel réfléchit quelques secondes. C'était un grand sportif mais il ne regardait pas tant que ça les sports à la télé.

-Je crois qu'en zappant j'ai vu qu'il y avait du rugby ou quelque chose comme ça, si ça te dit !

Il avait remarqué qu'en Australie c'était un sport plutôt populaire. Il prit la bière que CJ lui tendait et ils s’installèrent tous les deux sur le canapé. En possession de la télécommande, le tueur à gage zappa jusqu'à tombé sur un match de rugby féminin.

-Ta journée s'est bien passée ? T'as fait quoi ?

Ils ressemblaient un peu à un couple comme ça mais Karel voulait juste qu'ils s'entendent bien.

Tu lui proposais de mettre quelque chose en rapport avec le sport et tu le voyais déjà te parler de quelque chose qu'il avait vu quelques temps avant que tu rentres. Tu hochais la tête pour approuver. « Très bien ! » Tu abordais un grand sourire franc en le regardant. Un match de rugby, c'était parfait. Même si tu ne comprenais pas encore comment fonctionner les points, les fautes, et tout le tralala sportif qui en découlait. D'ailleurs, c'était un match féminin. « Assez bonne journée oui ! » Tu hochais la tête avec un léger sourire en coin. Tu approchais ta bière de tes lèvres pour en prendre quelques gorgées. « Mais tu sais, la vie d'un facteur n'est pas très trépidante ! Je me lève aux aurores, je fais le tour de la ville en vélo et je m'assure que chaque lettre arrive à bonne destination, après je rentre. » Parfois, il se passait d'autres choses, comme lorsque tu travaillais avec Tamsin, ou lorsque tu dansais. Et les jours où tu décidais de travailler un peu sur les travaux de la maison. Tu n'étais pas très manuel, mais au moins tu essayais et puis si vraiment tu n'y arrivais pas, tu demandais de l'aide à de vrais professionnels. « Et ta journée alors ? » demandais-tu à ton tour. C'est vrai que Karel avait appelé pour demander pour loger dans la maison de famille, mais à part ça, tu en ignorais beaucoup sur le fait de sa présence ici. Tu ne savais même pas ce qu'il faisait en ville.

Karel se contenta de hocher la tête quand il lui dit avoir passé une excellente journée. Il n’était pas très doué pour faire la conversation, il n’avait pas vraiment l’habitude non plus. C’est vrai que le métier de CJ ne semblait pas des plus… passionnant, mais c’était sans doute pas plus mal. Enfin c’était une autre vie.

-Je suis sûr que c’est pas si banal que t’essaye de me faire croire. Tu dois avoir plein d’anecdotes, de gens qui t’engueulent parce que t’es trompé de courrier, de chien qui t’attaque, ou de moments gênant pendant lesquels t’as dû livrer un coli.

Quand il lui demanda comment avait été sa journée à lui, par contre, il eut un petit moment de silence. Il n’avait pas vraiment l’habitude d’être dans cette situation. Sa famille connaissait très bien son métier et il n’avait pas besoin de mentir, sauf pour les autorités mais ça c’était un autre problème. Et d’ailleurs il n’avait absolument pas l’intention de mettre CJ dans la confidence, il était bien trop innocent pour ça, et ce serait le mettre en danger inutilement.

-Oh bah, bien. J’ai vendu quelques armes à des stands de tirs. Ils renouvelaient un peu leur stock. Je crois qu’ils ont de plus en plus de clients. Tu en as déjà fait, toi ?

Il prit une nouvelle gorgée de sa bière avant de river son regard sur la télé. Il n’était pas mauvais menteur cela dit, dans son métier valait mieux.

Tu pensais toujours qu'être facteur c'était quelque chose de barbant, qu'il y avait des métiers bien plus intéressant, comme vendeur d'armes. Mais tu oubliais toujours le côté amusant de ton métier et il ne manquait pas de te le rappeler. « Sache d'abord que je ne me suis pas encore trompé une seule fois depuis que je suis en ville et c'est un exploit a priori ! » Tu étais le seul à tenir un score aussi beau. Tu avais meme la pression de tes collègues, qui attendaient avec impatience le jour où tu ferais l'erreur. Sûrement pour se dire que tu étais aussi humain qu'eux et que toi aussi tu pouvais te tromper. Mais tu avais un toc, tu vérifiais à deux reprises que l'adresse était la bonne. « Mais en effet, il y a eu des moments étranges, des chiens fous et des personnes folles aussi. » Certaines situations que tu aimerais oublier, celle qui te venait en tête t'amusait et tu t'empresser de la lui raconter. « Hier encore, une dame m'enguelait en refusant de vouloir signer mon bon de livraison parce qu'elle me soutenait ne rien avoir commandé et quand elle l'a ouvert, elle s'est rappelé qu'elle avait fait un achat il y a quelques jours de ça ! » La mauvaise foi des gens, tu la découvrais un peu plus chaque jour qui passait et c'était parfois désagréable sur le coup, surtout quand on s'en prenait à toi. Mais tu finissais toujours par en rire parce que l'erreur était humaine. Tu étais peut-être trop compréhensif pour le monde qui t'entourait. « Tu vends quel genre d'armes en général ? » Tu imaginais les petits pistolets qu'avaient les flics, mais tu imaginais aussi des mitraillettes, des gros fusils d'assauts et ça te donnait un frisson d'effroi. « Non, malgré tous mes voyages, c'est bien une chose que je n'ai jamais essayé et j'en ai vu des stands de tirs improvisés. » Une poutre, des canettes et une distance faite avec les jambes, pas toujours réglementaire parce qu'il n'y avait rien pour se protéger les yeux ou les oreilles, mais parfois, on avait pas le choix.

Karel esquissa un sourire quand CJ se vanta de ne jamais s'être trompé d'adresse. Un exploit, oui sans aucun doute. Il avait déjà reçu tellement de courrier qui ne lui était pas adressa, enfin, à son adresse civil si on peut dire.

-Eh bien ! Tu dois avoir le premier prix des facteurs, non ?

Le tueur à gage gloussa presque à l'entente de "personnes folles". Il devait tomber sur des cas... Il était bien heureux de ne pas fréquenter autant les gens que lui. Il ne détestait pas tout le monde, mais il n'était pas particulièrement à l'aise avec le contact humain. Sans doute parce qu'il devait en permanence cacher ce qu'il était, ce qu'il faisait.

-Eh bien ! C'était une vieille ? Parce que tu sais, les vieux, parfois ils déraillent, mais ils peuvent être attachant.

Il s'en était rendu compte aux cours de danse.
A sa question, il crispa la mâchoire quelques secondes.

-De tout, faut se diversifier pour survivre. J'ai souvent des contrats avec l'armée.

Il hocha la tête quand il lui dit qu'il n'avait jamais essayé. Ce n'était pas quelque chose qu'il allait spécialement encourager. Et puis CJ était un agneau, il le voyait mal avec une arme à la main.

-Ca ne m'étonne pas.

A croire qu'il lisait dans tes pensées, puisque c'était l'idée que tu t'étais fait dans l'instant. Mais tu savais que ça n'existait pas donc ce ne serait jamais un prix pour toi. Ce n'était pas grave, tu n'allais pas en faire une montagne, tant que tu étais payé et que tu avais une couverture santé, tu avais ce qu'il te fallait. « Si ça existait, peut-être. » ajoutais-tu pour plaisanter. Il te demandait alors si la personne en question était âgée, signe de sa démence. Ce n'était pas le cas. Tu te rappelais encore du visage de la jeune femme, si doux, délicat. « Non, c'est une jeune femme d'à peine vingt ans. » Tu étirais un léger sourire, laissant à présent ce souvenir derrière toi pour te concentrer sur ce que t'apprenais ton cousin. La façon dont il le disait, ça t'intriguait mais tu ne saurais dire si c'était son ton ou ses mots. Sûrement les deux ensemble. « Il y a tant de concurrence que ça ? » demandais-tu un peu curieux d'en apprendre plus. Tu était relativement contre le port d'armes, mais il fallait aussi que le peuple soit protégé. Mais il avait tout de même dit "souvent" ce qui voulait dire qu'il fournissait des armes à d'autres. Peut-être au stand de tir, aux services de privés, et peut-être à des particuliers. Il y avait peu de doute qu'il t'en dise autant sur lui un jour. « Tu veux m'apprendre ? » Tu esquissais un léger sourire, avant de terminer ta bière et de jeter un coup d'oeil pour voir où en était le match.

Karel esquissa un sourire. Visiblement, il n'y avait pas de prix du meilleur facteur, tout comme il n'existait pas de prix du meilleur tueur à gages. Il fallait croire qu'ils avaient tous deux des professions bien ingrates.

-Même pas d'employé du mois ou quelque chose comme ça ?

Karel avait alors plus de mal à trouver des circonstances atténuantes à une jeune femme. Mais vu le sourire de son cousin, elle devait être plutôt jolie.
A sa question, Karel hocha doucement la tête, hésitant un peu. Il savait bien des choses sur les armes, alors, heureusement, il pouvait répondre sans paraître stupide. Il n'avait pas choisi cette couverture au hasard.

-Ouais, pas mal. Mais une fois qu'on s'est fait un nom, on est plutôt tranquille. Il est assez dur pour les clients de savoir à qui ils peuvent faire confiance. Y a des fabricants qui vendent de sacrées merdes, c'est super dangereux.

Les armes qui s'enraillent, qui explosent dans les mains de ceux qui les utilisent. Bref, on en voyait tous les jours des choses de ce genre.

Lui apprendre ? Le Néerlandais haussa doucement les épaules. Il ne voulait pas attirer CJ dans son monde. Il avait fait un choix qui ne devait concerné que lui. Au fond, la majeur partie de son boulot consistait à ne pas éclabousser les autres de sa noirceur et de ses ennuis.

-Je peux, mais je t'oblige pas.

Karel prit une nouvelle gorgée de sa bière, reposant son attention sur le match à son tour.

-Joli essai.

A défaut d'avoir un titre du meilleur facteur, tu pourrais avoir une prime de meilleur employé mais ça non plus, ce n'était pas le cas. Tu n'avais aucun avantage à avoir autant de perfections et à t'assurer de jamais te tromper. On pourrait alors te demander pourquoi tu te casses le cul à faire un travail aussi parfait sans la moindre reconnaissance derrière. Tu répondrais tout simplement que tu aimais ce que tu faisais et quand c'est le cas, tu tenais à tout bien faire. « Non plus. » Tu secouais la tête en rigolant. Tu essayais de comprendre ce qu'il te disait, ce n'était pas un domaine où tu étais qualifié, s'il voulait se jouer de toi, il pouvait te raconter n'importe quoi. Même si ce n'était pas trop son genre, plus le tien. Tu étais un sacré farceur et ce n'était pas toujours une bonne chose pour ton entourages. « Vous avez une sorte de certification qui prouvent que vos armes sont bien ? » demandais-tu légèrement, curieux de savoir comment il pouvait prouver que ce n'était pas un vulgaire trafiquant d'armes. Tu ne venais pas à te demander une seule fois si c'était pas un menteur et qu'il était du côté obscur de la force. Cette idée ne t’effleurerait jamais l'esprit, tu étais beaucoup trop utopiste pour voir la vérité. « Je crois que j'aimerais bien essayé. » Tu n'avais jamais tenu d'armes entre les mains mais pendant tes divers voyages, tu n'avais jamais eu envie d'y toucher. On t'avait proposer plusieurs fois et tu avais toujours refusé. Peut-être qu'avec Karel, tu pourrais dépasser ça. A sa remarque tu tournais le regard vers la télé, observant rapidement le score et le temps de jeu restant. « Oui, ils assurent la victoire là. » ajoutais-tu avant de boire un coup.

Dommage. Une petite prime à la fin du mois parce qu'on était minutieux ça faisait toujours plaisir, enfin, il le supposait, il n'avait pas vraiment ce genre de prime non plus dans son travail.

-Tant pis. Au moins tu as la reconnaissance des gens.

Et ça, mine de rien, ça devait être quelque chose de fort. C'était tellement agréable d'avoir toujours le bon courrier dans sa boîte aux lettres, et de recevoir tout son courrier, aussi, accessoirement. La poste n'était pas un service que Karel utilisait beaucoup, du fait de son métier, mais il entendait toujours des histoires de colis livrés à la mauvaise adresse ou bien pas livrés du tout, et il ne regrettait pas d'être un peu en marge de la société pour ça.

Karel prenait soin de répondre à ses questions, après tout il s'y connaissait tout de même pas mal.

-Pas vraiment. Ca marche à la confiance. Il y a des marques, et des vendeurs, en lesquelles les clients ont plus confiance que d'autres. Parce qu'après tout on peut toujours bidouiller une arme derrière. Evidemment il y a des contrôles de temps en temps, comme pour tout.

L'assassin eut un léger sourire aux dires de son cousin. S'il voulait essayer il pouvait compter sur lui pour lui apprendre, tant qu'il s'agissait seulement de tirer. Le moins qu'on puisse dire c'est que ça pouvait toujours servir.

-Et bien il faudra se programmer ça alors.

Karel acquiesça d'un signe de tête avant de poser sa bouteille de bière terminée sur la table basse.

-Tu fais du sport toi ? En dehors du vélo.

« Ouais ! » Et encore, tu n’imaginais pas une seule seconde que les personnes récupérant leurs courriers aient une pensée pour toi, l’homme qui avait permis de rendre ça possible. C'était plutôt dans l'inverse, quand il y avait une erreur et que tu te faisais maudire pour les bêtises des autres. En général, tu hochais la tête en t'excusant au nom de la poste mais tu n'aimais pas ça. Ce n'était pas une façon agréable d'être accueilli dans son métier. Toi tu n'allais pas agresser les autres. Mais bon, c'était tout autre chose et maintenant tu clôturais ce sujet. « On peut bidouiller une arme ? Mais pour quoi faire ? » Tu avais l'air si naïf en parlant avec ton cousin, comme si tu apprenais des choses. C'était le cas, tu ne connaissais pas grand chose sur la vente d'armes et le trafique que ça pouvait engendrer.  « Je te laisserais faire alors, je n’y connais rien ! » Tu ne savais même pas s'il y avait un stand de tir à Bowen, sûrement puisqu'il y avait des policiers et qu'il fallait bien qu'ils s’entraînent mais ils pouvaient aussi suivre un entrainement à Adélaïde, à Sydney. Bien que ça faisait un peu loin tout ça, surtout pour tirer avec une arme à feu. « Tu sais bien qu’avec mon TOC, ça a jamais été très évident, le seul sport qui me permet de le dépasser, ça a toujours été la danse. Et je m’y suis remis. » Tu affichais un léger sourire, tu avais eu des petites moqueries dans ta famille, rien de méchant, si ce n'est que la danse n'était pas un sport très viril. Certes, tu ne le nierais pas, mais c'était ce que tu aimais alors tu l'avais toujours pris sur le ton de la plaisanterie.

Karel esquissa un sourire devant la naïveté de son cousin. Il ne voulait pas qu'il pense qu'il se moquait de lui, mais il avait tout de même l'allure d'un agneau.

-Pour différentes raisons. Mais je pense que la principale est de la rendre plus ou moins inutilisable, d'augmenter les risques d'enrayement. Il y a des fournisseurs qui vendent des armes aux deux côtés pendant une guerre, mais un des côtés va payer un peu plus cher pour que l'autre côté reçoive du matériel défectueux.

La politique et les armes, une grande histoire d'amour. Mais peut être fallait-il baigner dans le milieu pour se rendre compte de l'immense magouille que c'était.
Il eut un sourire et acquiesça alors qu'il lui disait qu'il le laisserait faire. C'est sûr qu'il était plus expérimenté que lui, même sous couverture.

-J'avais bien compris, ne t'en fais, tu es entre de bonnes mains !

Sans se vanter.
Alors qu'il le questionnait sur le sport, CJ lui rappela son TOC. Karel hocha la tête, effectivement, s'il l'avait temporairement oublié, ça lui revenait en mémoire. Lui qui comptait toujours ses pas pour en faire un nombre pair. Il se souvenait s'être moqué de lui, enfant. Et maintenant qu'il y pensait, ce n'était vraiment pas la réaction la plus intelligente du monde.
[b]
-Oui c'est vrai, ton TOC. Bah tant mieux si tu t'y es remis ! Faut toujours faire ce qui nous passionne. Et pas écouter les commentaires des petits cons de 10 ans.[/b]

Ou 12 ou 15. Et là il parlait de lui, bien sûr. Même s'il n'avait pas été le seul, il ne trouvait pas que ça justifiait quoique ce soit.

Tu l’écoutais te raconter ce qui pouvait se cacher derrière un traficage d’armes à feu, tu imaginais alors quelqu’un en trafiquer pour augmenter les risques de tuer la personne. Mais ce n’était pas vraiment le plus effrayant dant tout ça, le pire c’est que quelqu’un payait pour que ça se passe comme ça. « Le monde de la guerre est vraiment effrayant. » Un frisson te parcourais, tu secouais doucement les épaules essayant de chasser ses mauvaises idées de ton esprit. A vrai dire, tu aimais bien l’idée d’être naïf et de vivre dans un monde de bisounours où règne la paix et l’harmonie. « Peut-être que les petits cons de 10 ans n’ont pas toujours tort. » Au fond, ils n’avaient pas tort sur le fait que c’était pas du tout un sport viril. Tu ne faisais pas de la danse pour développer du muscle et avoir un corps d’athlète, tu le faisais pour développer de la grâce, un sens du rythme. « Et toi, du sport en perspective ? » demandais-tu à ton tour, tu ne le voyais pas souvent dehors et d’ailleurs cette question te faisait penser à autre chose. « D’ailleurs, pas trop difficile l’intégration en ville ? » Il était installé depuis quelques semaines et même si tu le voyais souvent à la maison, ça ne voulait pas dire qu’il y était tout le temps. Après tout tu vivais encore à cheval entre chez toi et chez Aino, pas encore décidé à vraiment laisser ta place mais il le faudrait bien. Tu n’allais pas pouvoir continuer de vivre à deux endroits. Ce logement était destiné pour Nevaeh et toi à la base, même si pour le moment, votre relation n’avançait pas dans ce sens.

Karel ne put d'acquiescer d'un signe de tête, effrayant, c'était le mot. Malheureusement, personne ne pouvait rien y faire, c'était ainsi. Et ça l'avait sans doute toujours été. Des magouilles, des conflits, des alliances.

Il leva les yeux vers lui, fronçant légèrement les sourcils. Pas toujours tort ? Si. Indéniablement, ce jour-là, il avait eu tort. Un sport ça n'avait pas de sexe. Et un TOC, ça ne se contrôlait pas non plus. Il l'avait appris au fil des années seulement.

-Ils n'ont sans doute pas tous tort, mais j'avais tort.

A sa question, Karel eut un léger sourire. Il détourna son regars vers la télé un instant.

-Tu vas rire.

Et le petit garçon de dix ans aurait sans doute rit aussi.

-Je fais de la danse.

Il croisa finalement le regard bleu de son cousin.

-Mais pas la même que toi.

Il esquissa un léger sourire, l'ironie du sort, comme on dit. A sa question, Karel prit le temps de réfléchir quelques secondes avant de hausser simplement les épaules.

-Tu sais, je ne suis pas un grand sociable. Mais je me suis fait quelques connaissances, alors ne te fais pas trop de soucis pour moi.

CJ restait son point d'ancrage dans cette ville, sans aucun doute la personne la plus importante dans sa nouvelle vie. Mais il ne voulait pas qu'il se sente responsable de lui ou quelque chose comme ça.